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12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 07:31
Comment peut-on, quand on a été passionné comme je le fus, de sport en général et de football en particulier, ne pas être désespéré, une fois encore par les événements intervenus hier en Italie ? Sauf à être d’une totale inconscience il est difficile d’admettre que le jour de la fin de cette boucherie que fut la première guerre mondiale on puisse mourir pour une rencontre sportive. Absurde. Epouvantable. Inconcevable. Mais pourtant bien réel dans une société où le football est devenu une exutoire à cette soif dominatrice qui anime parfois les meutes. Les stades ressemblent en effet de plus en plus aux jeux du cirque romains dans lesquels les excités réclament non seulement du jeu mais surtout des victoires claniques. En fait nous en sommes revenus à ces affrontements ancestraux reposant sur l’irrationnel pour refoulés de la notoriété.
Hier donc à la suite de la mort d'un supporter de la Lazio, tué par balle par un policier sur une aire d'autoroute des événements terribless se sont déroulés sur dans de nombreuses villes. La victime, Gabriele Sandri, était âgé d'une vingtaine d'années. 
Selon plusieurs témoignages relayés par les médias italiens, il se rendait avec plusieurs autres tifosi à Milan en voiture pour assister au match Inter-Lazio lorsqu'ils se sont arrêtés sur l'aire d'autoroute de Badia al Pino, non loin d'Arezzo. Ils se seraient alors trouvés face à un groupe de supporteurs de la Juventus et un affrontement aurait éclaté. Un agent de la police routière, qui se trouvait dans la zone, serait alors intervenu et aurait fait usage de son arme de service. Gabriele Sandri aurait été mortellement touché au cou alors qu'il se trouvait dans sa voiture, selon l'agence italienne Ansa. Le préfet de la ville a indiqué qu'il s'agissait d'une " tragique erreur ".
La rencontre entre l'Atalanta et l'AC Milan a été arrêtée après des incidents initiés par des supporters de Bergame. Ces derniers se sont acharnés contre une épaisse vitre de protection qui les séparait du terrain, et ont réussi à la briser en deux endroits. Malgré l'intervention de quelques joueurs du club, qui ont tenté de les dissuader - sans succès -, l'arbitre a été contraint de renvoyer les deux formations au vestiaire.
A Milan, quelque 400 manifestants ont lancé des pierres sur un commissariat, tandis qu'aux abords du stade, tifosi de la Lazio comme de l'Inter ont entonné des chants violemment hostiles aux forces de l'ordre.
A Sienne où se jouait Sienne-Livourne, des supporters ont longuement hurlé " assassins " aux carabiniers et policiers qui assurent la sécurité du stade. La même scène s'est également reproduite dans d'autres stades, y compris à Rome où des heurts ont opposé quelque 200 tifosi de l'AS Roma aux forces de l'ordre près du stade Olympique. Une chaîne de " solidarité " qui révèle la nature réelle du mal. Ce n’est que la résultante d’un long processus dans lequel les instances du football peuvent être considérées comme " complices passifs "
On me dit qu'il s'agit d'un épisode isolé et qu'un policier aurait tiré ", avait déclaré un peu plus tôt le président de la Lazio, Claudio Lotito. " Selon ce que je sais, cinq jeunes étaient dans une voiture et il y a eu un affrontement avec d'autres. Un policier est accouru pour tenter d'apaiser la rixe et un coup de feu accidentel est parti ". Le problème c’est qu’aussitôt connue cette information a déchaîné encore plus de violences.La nouvelle a immédiatement provoqué la colère des supporteurs dans plusieurs stades où devaient se dérouler les matches.
DU BRESIL A LA YOUGOSLAVIE
En fait tout le monde sait que le football sert de dérivatif à des hordes ou à des groupes plus ou moins organisés qui confondent le sport et les guerres qu’ils ne feront jamais. Ils s’organisent en bataillons, derrière des banderoles, se gavent de slogans et se donnent l’impression de dominer les autres par procuration. La grande majorité d’entre eux se rassemble dans une entité appelée d’une manière ou d’une autre " ultras ". Ce phénomène n’est pas nouveau. 
Le mouvement ultra naît au Brésil dès les années 40 avec la mise en place de Torcida. Ces groupes de supporters n'ont rien à voir avec les organisations existantes jusque-là au Brésil comme ailleurs. Le mouvement ultra débarque en Europe via la Yougoslavie d'alors, ou plutôt la Croatie. Les actualités cinématographiques yougoslaves diffusent des images de la Coupe du monde de 1950, avec déjà de nombreux plans de foules exubérantes : les fameuses Torcida.
Les premiers supporters européens à avoir bouleversé les rapports entre un match et son environnement furent ceux du club de l’Hadjuck Split qui ont adopté cette attitude à l'occasion d'un match contre l'Etoile rouge de Belgrade. L'intensité de la partie face au grand rival et le but victorieux inscrit à la 87e minute aide à la naissance du mouvement. Les Ultras envahissent le terrain au coup de sifflet final, et portent en triomphe le buteur jusqu'au centre de la ville. Les " exploits " des Ultras de l’Hadjuck Split seront suivis pas bien d’autres.
Les clubs italiens découvrent les us et coutumes ultras dans les années 1960 et de nombreux groupes se constituent en Italie et ils ont subsisté jusqu’à maintenant avec la complicité des dirigeants de plus grands clubs qui recherchent leur soutien. Le mouvement ultra atteint la France au milieu des années 80. Le premier groupe ultra est le Commando Ultra de l'Olympique de Marseille fondé en 1984. Viennent ensuite les Boulogne Boys du P.S-G. et la Brigade Sud Nice de l'OGC Nice tous les deux fondés un an plus tard. Cette forme de supporters laisse froid les îles britanniques dont les supporters préfèrent avoir une relation directe et personnelle avec " leur " club plutôt que de passer par un groupe de supporters. C'est la base même du conflit qui oppose l'école dite italienne (Ultras) et l'école dite britannique.
DES RAPPORTS AMBIGUS
Les groupes ultras sont théoriquement financièrement indépendants du club qu'ils soutiennent. Ils s'autofinancent par différents moyens, chaque groupe ayant son style de financement. Parmi ces moyens on trouve les déplacements pour suivre le club à l'extérieur au cours desquels nourriture et boissons peuvent être vendues, des quêtes en tribune, la vente de gadgets portant le nom du groupe ou de la ville, la vente d'un journal édité par le groupe, etc... Cependant, des dérives mercantiles existent lorsqu'un groupe produit des gadgets en très grande quantité pour les vendre à un maximum de personne, même extérieures au groupe.
Les Irreducibilli (Lazio de Rome, Italie) possèdent même plusieurs boutiques officielles où ils vendent billets et matériels divers. Une partie de la mouvance Ultra estime que ces groupes s'éloignent de la mentalité originelle et de l'opposition au "Foot Buisness" .E
n plus de ça, certains groupes obtiennent des subventions directes des clubs, ou parviennent à détourner d'importants flux financiers en prenant en charge, par exemple, la commercialisation des abonnements comme à Marseille. En fait il existe une forte ambiguïté sur le rôle que jouent les instances officielles du football dans le développement de ce qui ne s’apparente pas à du hooliganisme mais qui y ressemble quand il dérape. En fait la seule véritable différence repose sur l’exploitation organisée du supporteur alors que les hooligans sont ingérables.
RACISME ET PROFITS
Les débordements continuent donc dans les stades italiens. Après le coup du scooter lancé depuis les tribunes, après le coup du pétard sur l'arbitre, après le coup des saluts fascistes de Di Canio, c'est au tour des supporters de faire n'importe quoi. Le Calcio fait beaucoup parler, mais pour de mauvaises raisons et depuis très longtemps. Déjà en 2006 on avait vu une banderole nazie avec l'inscription "Gott Mit Uns" (dieu est avec nous) déroulée dimanche dans les tribunes du stadio Olimpico de Rome, lors du match opposant l'AS Rome à Livourne.
La banderole portant l'inscription " Lazio-Livourne, mêmes initiales, même four, Gott mit uns (la devise qu'on retrouve sur les ceinturons des SS) ", adressée aux tifosi toscans, était apparue dans le virage sud réservé aux ultras de la Roma. Des drapeaux avec des croix celtiques et des croix gammées avaient été également exposés au cours de la partie. La Lazio se retrouve citée sur cette banderole car c'est l'ennemi intime de la Roma. Mais même entre eux, les fascistes en Italie sont racistes. C'est dire leur niveau intellectuel.
Les supporters de Livourne se retrouve en si mauvaise compagnie pour une seule raison. Leur soutien inconditionnel à une politique sociale et humaine. 
Pour simplifier, Livourne est de gauche donc il faudrait les brûler. Rome, autrefois foyer d'une civilisation si brillante, est tombé bien bas. Mais faisons aussi le ménage devant notre porte et n'oublions pas comment Boulogne avait fêté le départ de George Weah au Milan AC ( "Casse toi, on n'a pas besoin de toi - Dégage, pas besoin de noirs dans l'équipe"). en France aussi, le phénomène existe. Dans l'ombre, il gagne du terrain, jusqu'au prochain incident.
Les sociétés "sportives" qui contrôlent des clubs vont vite vouloir à tous prix que le championnat italien reprenne malgré la gravité de ce qui vient une fois encore de se produire. Le calcio affiche à l’heure actuelle son vingt-troisième mort. Deux équipes de football. Ne l'oublions pas. Quand Jean-Michel Aulas le PDG de l’Olympique Lyonnais annonce que selon lui les droits télévisés valent … au minimum 750 millions d’euros il dévoile la véritable facette de ce qu’il ne faut plus appeler du sport mais du spectacle sportif.
Les intérêts en jeu représentent des sommes astronomiques et c'est l'argument financier qu'avanceront sans vergogne les dirigeants pour que l’on oublie vite toutes les outrances. Les profits n’ont que faire de la mort d’un malheureux qui ne savait pas que le 11 novembre était la journée commémorative de la fin de la pire connerie humaine : la guerre !
Mais je déblogue…
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