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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 08:11
Dans la même journée deux " affaires " viennent " endeuiller " la Droite. Elles illustrent à merveille les rapports qu’entretiennent les médias avec le pouvoir. Les silences, les oublis, les absences demeurent beaucoup plus significatives que tous les éditoriaux. Et actuellement il y aurait pourtant beaucoup à dire au moment où les électrices et les électeurs vont avoir à se prononcer sur la gestion de leur commune ou de leur département. Ils ne se rendent pas encore compte que les cadavres jonchent le bas-côté droit de la route après avoir été l’apanage de celui de la gauche.
Pas question de nier les difficultés qu’ont représenté pour les idées que je défends des comportements discutables de celles (rares) ou ceux qui étaient chargés de les mettre en œuvre. Que n’ai-je vu, entendu, lu sur des faits difficiles à supporter ! Le temps n’a pas encore eu le temps de couvrir de la poussière de l’oubli ces tristes réalités. Hier pourtant on a eu l’occasion d’effectuer une autopsie en règle des " morts " au front dans la campagne présidentielle. Ils ont un couteau entre les omoplates ou une balle dans le dos. En fait ils ont été abattus par un ami qui ne leur voulait surtout pas de bien. Mais tout le monde n’a pas droit au même sort. Et ce constat conjugué avec le comportement présidentiel allant même jusqu’à désormais contester les avis défavorables du conseil constitutionnel sur un texte de loi au minimum discutable devient extrêmement préoccupant pour la démocratie.
Par exemple les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons ont notifié la fin de leur enquête sur l'affaire de dénonciation calomnieuse dite affaire " Clearstream " dans laquelle l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est notamment mis en examen. Le dossier est bouclé et on va enfin connaître les dessous de ce complot boomerang qui est revenu en pleine poire de ceux qui l’avaient monté. Les cinq mis en examen et la trentaine de parties civiles disposent désormais de trois mois pour demander d'éventuels actes complémentaires aux juges avant que le parquet n'entame la synthèse des… 40 tomes du dossier et ne prenne ses réquisitions. Les juges se prononceront ensuite sur un éventuel renvoi des mis en cause devant le tribunal correctionnel. On n’est donc pas encore sorti de l’auberge judiciaire du moins officiellement comme dans bien d’autres affaires mises au funérarium en attendant le moment de les ensevelir.
UN COURANT TOUJOURS PAS CLAIR
Les magistrats soupçonnent encore Dominique de Villepin d'avoir participé à une tentative de déstabilisation en 2004 de l'actuel chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, partie civile dans le dossier. Rappelons que la manipulation consistait à dénoncer la présence de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, sur un faux listing bancaire de la chambre de compensation financière luxembourgeoise Clearstream où elles étaient censées détenir des comptes occultes. Dans ce dossier sont également poursuivis l'informaticien Imad Lahoud, soupçonné d'avoir falsifié ces listings, et l'ancien vice-président du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, Jean-Louis Gergorin, soupçonné de les avoir transmis à la justice. Sont aussi mis en examen un ex-auditeur d'Arthur Andersen, Florian Bourges, et un journaliste, Denis Robert, suspectés d'avoir fourni les outils de la machination, des listings comptables authentiques de Clearstream… Une chaîne qui n’a pas conduit au véritable commanditaire de cette machination complexe qui ressemble à une séquence de vidéo gag pour services secrets.
Corbeau, faux listing, maître-espion, notes secrètes, Premier ministre... L'affaire Clearstream, débutée dans la torpeur automnale de 2004 comporte tous les ingrédients d'un roman d'espionnage trop classique pour être intéressant. Sa première phase judiciaire a pris fin hier après trois ans et demi d'une enquête ponctuée de nombreux rebondissements, de mises en cause des plus hauts responsables de l'Etat. On en est donc qu’au tout début des révélations car il est impensable que l’on s’arrête en si bon chemin. Quand on voit le tohu-bohu que fait un malheureux SMS réputé secret et confidentiel et le déchaînement politique qu’il déchaîne à l’égard du journalisme et des journalistes on peut s’attendre à un séisme puissant plutôt qu’un courant clair qui se transformerait en eau de boudin.
Il est cependant assez étonnant de constater que dans ces deux affaires si différentes dans leur importance et leurs conséquences on trouve le même plaignant : Nicolas Sarkozy ! Voici donc pour la première fois dans l’histoire de la République un Président qui règle ses comptes dans les prétoires alors qu’il ne peut pas, lui même, être mis en cause devant cette même justice! Quand certains parle de monarchie élective il ne sont pas très éloigné de la triste vérité. Il nous reste donc à vérifier le degré d’indépendance de la justice. On risque d’attendre encore plusieurs mois. Quand on voit le cheminement de la seconde affaire il y a lieu de s’inquiéter !
NON LIEU PARTIEL OU PARTIAL
En effet le juge d'instruction Alain Philibeaux a notifié une ordonnance au parquet de Nanterre pour que l'un des volets de l'instruction sur les emplois fictifs du RPR visant Jacques Chirac soit joint à l'instruction sur les chargés de mission de la ville de Paris. Le parquet a fait appel de cette ordonnance dès hier. " Ce dessaisissement n'est pas fondé, car le lien entre les deux dossiers n'existe pas ", a expliqué le procureur de Nanterre, Philippe Courroye.Le cas sera tranché par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles. Le juge bien intentionné a en effet subtilement inventé une entourloupe judiciaire qui peut " sauver "… l’ex-Président de la République.
Selon cette ordonnance, le juge se dessaisit du volet concernant les emplois du RPR financés par la mairie de Paris pour qu'il soit transmis à la juge parisienne Xavière Simeoni, en charge de l'instruction sur les chargés de mission de la ville de Paris. S’il parvenait à obtenir ce qu'il souhaite, le dossier Chirac restant entre ses mains pourrait trouver une issue rapide avec… un non lieu. Et dans cette hypothèse, le volet le plus délicat pour l'ancien chef de l'Etat, qui était géré à Nanterre, serait confié à la juge Simeoni et devrait nécessiter une instruction encore longue ce qui permettrait de jouer la montre.
En décembre, le juge Philibeaux avait déjà tenté de se dessaisir du volet des emplois RPR financés par la mairie de Paris. Il avait transmis au procureur Courroye une ordonnance pour solliciter cette fois des réquisitions du parquet en ce sens. Il avait également demandé que le parquet se prononce en faveur d'un non lieu sur le volet des emplois financés par le privé. Le parquet s'était dit défavorable au dessaisissement et ne s'était pas prononcé sur le non lieu. Dans l'affaire instruite par la juge Simeoni portant sur les chargés de mission, l'ancien président de la République (1995-2007), protégé pendant 12 ans par sa fonction à la tête de l'Etat, avait été mis en examen le 21 novembre dernier pour "détournement de fonds publics". On voit bien que le temps ne compte pas (près de 20 ans) dans ce type d’affaire et qu’avec des scénarii judiciaires sophistiqués on peut finir par échapper à ses responsabilités ou au minimum aux poursuites qui sont engagées. Soyons certains que dans l’affaire Cleartream le même sort favorable sera pas réservé à de Villepin qui n’avait pas à signer cet appel honteux dans Marianne ! Il faudrait aussi rapprocher ces réalités des derniers événements de Villiers le Bel… où tout est allé plus vite, plus fort et avec beaucoup moins de précautions oratoires.
DONNER DU TEMPS A LA JUSTICE
Quatre personnes ont été mises en examen et trois d'entre elles écrouées, hier, dans le volet de l'enquête portant sur les tirs contre les forces de l'ordre à Villiers-Le-Bel. Cela fait dix-neuf personnes déférées devant la justice au total, après la vaste opération de police menée lundi à Villiers-Le-Bel, selon le bilan dressé par la procureure. Onze d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt et deux sont toujours en garde à vue. L'opération menée lundi avait pour but de retrouver les auteurs des violences survenues les 25 et 26 novembre à la suite de la mort de deux adolescents dans la collision de leur mini-moto avec un véhicule de police.
Selon la procureure, en plus des quatre mises en examen intervenues hier, trois personnes ont été mises en examen et écrouées dans le cadre d'un autre volet de l'enquête : la tentative de meurtre d'un commissaire de police. Cinq personnes ont été mises en examen, dont trois écrouées, pour le caillassage des forces de l'ordre. Quatre ont été mises en examen et deux d'entre elles écrouées pour les incendies d'une bibliothèque et d'une école de Villiers. Par ailleurs, deux personnes ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire pour l'incendie du véhicule du commissaire de Sarcelles, dont le frère de Lakamy, l'un des deux adolescents morts.
Une troisième personne déférée dans ce dossier a été entendue sous le régime de témoin assisté, à mi-chemin entre le statut de mis examen et celui de simple témoin. Rien d’anormal dans ces décisions qui reposent cependant pour certaines sur des témoignages rémunérés anonymes.
Lors d'une conférence de presse au palais de justice de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry a estimé que le nombre de personnes écrouées démontrait que, pour le parquet, " la liberté est la règle et la détention l'exception. "
La magistrate a été interrompue par des jeunes présents dans la salle aux cris de " Donnez-nous des preuves ", par allusion à l'absence d'éléments matériels dans le dossier évoquée par des avocats de la défense.
Marie-Thérèse de Givry leur a répondu que l'instruction était toujours en cours et que la justice avait " besoin de temps. " C’est probablement ce que pensent aussi Dominique de Villepin et Jacques Chirac… Bon courage tout de même aux professeurs des écoles de Villiers le Bel qui devront à la prochaine rentrée l’expliquer aux enfants lors d’une superbe leçon de morale. Républicaine la morale ?
Mais je déblogue…
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commentaires

F
L'enquête sur une possible manipulation ayant visé Nicolas Sarkozy à l'aide de fausses listes de comptes de la société Clearstream en 2004 a été refermée en février après trois ans et demi d'investigations, mais le procès de l'affaire semble encore loin
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