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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 07:52
La bataille fait rage autour du texte d'un badge. Elle est symbolique de l'état réel du monde même si on essaye de vous persuader du contraire. Depuis des années, le « politique » a été rogné, effacé, dégradé, dénaturé par la pression d'un milieu économique détenant les véritables leviers des pouvoirs. Plus d'opinion, plus d'idéal, plus de confrontation et toujours le même verdict : directement ou indirectement le monde des « affaires » apparaît comme le seul pouvant faire sa loi. On ne parle surtout plus de choix politiques mais de ratios de gestion, plus de progrès pour l'homme mais de courbes des profits, jamais d'égalité mais de rentabilité. L'utopie a cédé le pas au matérialisme absolu. Comme selon un concept « Bayrouiste » on a fait « bouger les frontières », elles n'existent plus et on assiste à des concurrences dans tous les pays entre l'original flamboyant et une pâle copie.
Les électrices et les électeurs, comme en Italie, ont démontré qu'ils espéraient tirer davantage de « l'original » que de la « copie » ! D'ailleurs ils campent encore longtemps en France sur ce sentiment et ne se déjugent qu'après avoir constaté qu'ils se sont également faits bernés par le premier. Ils ne croient pas encore nécessairement aux résultats du « copiste » mais ils refusent leur confiance à l'auteur de l'œuvre jugée finalement imbuvable. Tout tourne autour de ce constat. Plus rien n'entre dans le champ des politiques qui croient gouverner le monde. Il leur échappe de plus en plus avec les poids du système financier mondial qu'ils n'ont pas su moduler, maîtriser ou contrôler. Le « monstre » leur a échappé !
On vit exactement cette réalité dans le milieu de l'olympisme. Qui peut encore croire à l'indépendance et à l'éthique de ce mouvement se prenant pour le chevalier blanc de la planète ? C'est véritablement être d'une crédulité enfantine que de penser qu'Henri Sérandour, grand maître du CNOSF, a pris des positions d'un indépendance totale à l'égard de la Chine. Noël Mamère, qui a la louable habitude de dire très haut ce que tout le monde pense tout bas a simplement accusé le Président de l'olympisme hexagonal de s'être « couché » devant les autorités chinoises en refusant aux sportifs la possibilité de porter leur badge « pour un monde meilleur » aux J.O. de Pékin.
« Le CIO est dans la ligne de la position qu'avaient tenue  les responsables de l'olympisme au moment des JO de 1936, où ils avaient accepté l'inacceptable à Munich avec le régime nazi », a accusé Noël Mamère sur Canal+.
Il rappelle qu'en Chine, « on exécute des syndicalistes, on enferme, on emprisonne, on torture des gens qui réclament simplement la liberté d'expression ». Quant à l'association Reporters sans frontières, très en pointe pour dénoncer l'organisation des J.O. par la Chine, elle s'est dite « consternée » par cette position. « C'est une capitulation en rase campagne, sacrifiant la liberté d'expression des athlètes au profit des exigences des organisateurs chinois ». La vérité qui tue encore en Chine ne cause pas beaucoup de ravages chez nous !
« J'attends que Nicolas Sarkozy nous dise 'je n'irai pas aux jeux'. J'attends aussi qu'il dise qu'il n'est pas d'accord avec les positions qui sont exprimées à la fois par le président du CIO et par M. Sérandour, parce que ce qu'il vient de faire ça porte un nom, c'est se coucher » a ajouté Noël Mamère certain que personne ne bougera !. Pour moi c'est une remarquable synthèse des positions actuelles d'un pays présidé par le « caniche de George Bush » ou par un coolie chinois mais on expliquera que le caractère immaculé de l'olympisme mérite ces sacrifices ! Une virginité ressemblant à celle d'une fille de joie précoce à l'aube de sa retraite.
LAPORTE FERME LA PORTE
En fait il faut que les JO aient lieu pour que le CIO ait les moyens de continuer à dépenser des sommes folles pour « nourrir » son fonctionnement fastueux et totalement disproportionné dans la période actuel : palaces pour ses dirigeants, voyages fastueux, communication dispendieuse...
Les athlètes français ne seront pas autorisés à porter le badge « Pour un monde meilleur » destiné à montrer leur attachement aux droits de l'Homme lors des JO de Pékin, a donc annoncé, le courageux Henri Sérandour. « On ne peut pas mettre un badge pour la cause d'untel, un badge pour une autre cause. On va respecter la charte qui est : aucune manifestation tangible de quoi que ce soit pendant les manifestations sportives et pendant le défilé des cérémonies d'ouverture et de clôture », a-t-il ajouté d'un ton sentencieux démontrant que lui il savait ce qu'étaient les Droits de l'Homme et les devoirs des organisateurs ! Il en a tellement fait qu'il a même désespéré Bernard Laporte qui du coup a repris son vocabulaire en parlant de « retour nécessaire aux fondamentaux ». Il a jugé la décision du CNOSF « regrettable.»
« Moi, je trouvais ce badge pas très agressif, il n'attaquait ni la Chine, ni rien, il reprenait une phrase de l'olympisme 'pour un monde meilleur' et les anneaux" . Il a tout de même trouvé une excuse de poids pour celui avec lequel il doit travailler dans son Ministère : ce n'est pas de sa faute mais c'est celle des membres du Comité international Olympique qui sont extrêmement susceptibles. Il a en effet estimé « qu'il aurait été préférable de demander l'avis du CIO avant » de lancer l'idée?« C'est peut-être cela qui les a un petit... peu vexés. ». Il a bien senti que nous ne devions pas contrarier ceux qui se servent avant de servir l'olympisme. Du coup il n'a pas fait dans le détail : « Faut pas aller aux JO, pour ceux qui veulent vraiment porter le badge » invitant « à ne pas en faire des tonnes et des tonnes avec cette histoire » et « à arrêter de se servir » des athlètes (sic). Soyez-en certains, lui, comme Sarkozy, ne se serviront pas des médaillés pour leur pub personnelle, qu'ils aient ou qu'ils n'aient pas un badge !
DOUILLET RIT JAUNE
Les athlètes français maintiennent leur souhait de « s'exprimer » lors des Jeux olympiques de Pékin par un badge portant un message « international », a répété, hier, l'ancien champion olympique de judo, roi des pièces jaunes, David Douillet, s'opposant ainsi à la position exprimée par le Comité national olympique et sportif français.
« Ce qu'on veut porter, c'est un badge qui serait porté par un Américain, par un Ethiopien, par un Libanais, par n'importe quelle nation, un badge international », a expliqué le frustré parisien de la flamme . « Ca sera quelque chose d'international qui est acceptable pour tout le monde, qui est accepté, qui donne le sentiment de s'exprimer et une vraie tranquillité » aux athlètes a ajouté le roi du ippon ! Je résume : il cherche pour Nicolas Sarkozy un moyen de s'en tirer avec les honneurs. Un badge du genre « vive le CIO » pourrait être envisagé afin que les Françaises et les Français n'aient aucun problème.
« Je suis extrêmement déçu », a réagi le perchiste Romain Mesnil, vice-champion du monde 2007 et président du Syndicat des athlètes français. « Notre message, avec en plus 'un monde meilleur', qui est tiré de la charte olympique, que tout le monde avait trouvé peut-être un peu trop consensuel, c'est prôner les valeurs de l'olympisme, dont les droits de l'Homme », a-t-il défendu avec conviction. C'est inutile : il aura vite le choix entre insister ou rester à la maison ! Il aura le badge possible suivant que je lui conseille de faire vite créer : « je suis exclus pour avoir cherché des chinoiseries au CIO. »
Rappelons que cette docte assemblée réunit 115 membres cooptés, tient entre ses mains les rênes de la procédure d'attribution des Jeux olympiques. C'est donc le CIO qui a décidé en juillet 2001 d'attribuer les Jeux à la Chine. C'est le Comité international olympique, formé pourtant de 60% de membres rompus à la politique nationale ou internationale, qui a choisi de laisser à chacun le droit de se forger une opinion personnelle sur la situation des droits de l'homme dans les pays candidats. C'est donc le « Conseil d'administration » de la gigantesque multinationale olympique qui a pris le risque de ne pas ouvrir les yeux sur la situation des droits de l'homme en Chine pour permettre à sa marmite de bouillir en paix dans ce qu'il est convenu d'appeler un pays émergeant de 1,5 milliards d'âmes. C'est le CIO qui s'est risqué à désigner un état qui va dépenser plus de trente milliard d'euros, dont deux pour les installations sportives, pour organiser les Jeux dans un pays où beaucoup d'humains manquent de tout. C'est le président actuel du CIO, a remis, le 17 mai 2001, les clés de la ville à l'ancien président du CIO, devenu président d'honneur à vie, également ancien ministre de Franco et membre de l'Opus Dei...le marquis Juan Antonio Samaranch. Et ça pas un badge l'effacera !
LE PRECEDENT QUI FAIT REFELECHIR
Rappelons que quand s'ouvrent à Berlin, le 1er Août 1936, les Xème Jeux Olympiques, on est à 15 mois de l'Anscluss, à un peu plus de 2 ans de l'affaire des Sudètes et de l'annexion de la Tchécoslovaquie et à 3 ans du conflit continental. On aura cependant l'impression que la paix est sauvée en cet été 1936 au cours duquel Hitler fait patte de velours. En effet, il maintient à la tête du Comité Olympique allemand le secrétaire d'Etat Théodore Lewald, dont le père est pourtant d'origine israélite. Il laisse également sélectionner la célèbre fleurettiste Helena Mayer, championne olympique en 1928 à Amsterdam et qui, après s'être exilée aux Etats-Unis, revient à Berlin pour participer aux Jeux.
La paix préservée par l'Olympisme ? Trop beau hélas pour être vrai. Pendant le durée des Jeux de Berlin, il n'y aura pas ouvertement de discrimination raciale ou religieuse. Cependant, dès 1933, le CIO avait failli remettre tout en question. En effet, de nombreux comité nationaux, notamment ceux des Etats-Unis et de la France, s'étaient émus du développement des idées nationales-socialistes et se montraient désireux de confier l'organisation des Jeux à une autre ville, non allemande.
Le comte de Baillet-Latour, président du CIO, obtient une audience d'Adolf Hitler qui lui promet solennellement le respect de la charte olympique dès avant les Jeux. En juillet 1935 s'élève la voix de l'entraîneur d'athlétisme américain Dirk Templeton : "La plus confiante des âmes se refuse à croire désormais que les promesses faites par les Allemands au sujet de la non-discrimination seront tenues. La sagesse voudrait que la Fédération Internationale d'athlétisme interdise à ses ressortissants l'accès aux Jeux Olympiques de Berlin, ou mieux encore que ceux-ci soient confiés à une autre ville. Si l'Allemagne devait conserver la privilège d'organiser les Jeux, c'est l'oeuvre entière de Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux modernes, qui serait remise en question et même ruinée." Là-dessus, Monsieur Avery Brundage, président du Comité Olympique américain, se rend en Allemagne pour se livrer à une enquête personnelle. Il revient en déclarant :"Il faut participer aux Jeux."
Il faut, une fois encore, que le comte de Baillet-Latour revienne à la charge pour que la vague de protestation s'apaise.Ainsi avant même que les Jeux ne commencent, le IIIème Reich annexe l'olympisme comme il le fera bientôt de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie. En ce 1er Août 1936, le temps est triste sur Berlin où toute la jeunesse du monde s'est donné rendez-vous. Goebels déclare aux journalistes étrangers présents à Berlin : "L'Allemagne ne nourrit que des intentions paisibles." A 14h, le stade olympique avait déjà fait son plein de spectateurs, figés, disciplinés, abusés. Rassurez vous ce sera la cas à Pékin... car les sponsors et les télés en ont besoin. Le spectacle continue !
Mais je déblogue...

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commentaires

A
Il était pourtant bien anodin, ce badge. Il n'était agressif à l'égard de personne, et il n'insultait ni même ne critiquait la Chine. Il n'annonçait même pas clairement ses objectifs en matière de Droits de l'Homme....Quoi de plus insipide que cette petite phrase "Pour un monde meilleur"? Qui peut critiquer ce slogan, qui - que ce soient les chinois eux-mêmes, ou tout autre peuple - peut contester ces quatre mots et ne pas souhaiter un monde meilleur? Ceux qui ont fait figurer cette petite phrase sur un badge ne pensaient certes pas provoquer une telle tempête! Et qui est à l'origine de cette tempête? Le Président du Comité Olympique français ! En quoi cette petite phrase peut-elle être interprétée comme l'expression d'une opinion politique? Et même si on y voyait l'affirmation  de la défense des droits de l'Homme - ce qui n'est pas exprimé clairement- qu'y aurait-il de choquant à cela, venant de la France qui est et demeure, aux yeux du monde,  le pays des Droits de l'Homme,...même si c'est de moins en moins le cas...?Oui, souvenons - nous des jeux olympiques de Munich, des promesses qui avaient été faites avant, et de ce qu'elles sont devenues dans les années qui ont suivi. Là c'est, si l'on peut dire, pire encore, puisqu'on exige de tous ceux qui iront dans ce pays capable de toutes les atteintes aux libertés, de se taire, et de s'abstenir d'informer.....On peut se souvenir aussi de cet athlète noir américain, John Carlos, vainqueur du 200 mètres aux jeux de Mexico, il y a 40 ans, qui avait, sur le podium, levé un poing ganté de noir vers le ciel, pour protester contre les discriminations raciales dans son pays : ce geste  était bien un geste politique..., et il a osé, sans craindre les représailles.Qu'est donc devenu l'olympisme aujourd'hui? Je ne veux pas parler des athlètes, qui ont passé des mois et des mois à s'y préparer en espérant une victoire ou une performance. Non, je veux parler des responsables de l'olympisme, de ceux qui en vivent, et pour qui c'est un métier. Pour eux, aux Jeux Olympiques, on ne sprinte pas, on y manoeuvre. On n'y parle pas relais et records, mais ralliements et compromis, rapports de force et non esprit d'équipe. Il faut surtout ne pas déplaire aux responsables chinois, même s'ils viennent faire la loi là où il n'y ont aucun droit , même s'ils viennent "faire la police" sur le sol français, même s'ils se comportent en grossiers personnages qu'ils sont !Il ne faut pas, non plus, mettre en péril les intérêts des sponsors qui financent en grande partie cette "fête du sport"...Le gouvernement français a peur de perdre quelques contrats avec la Chine? les chinois menacent de boycotter les produits et les magasins français, comme Carrefour, qui se sont installés là-bas. Je ne sais pas quel est l'état de la balance cmmerciale avec la Chine, mais le souci de l'améliorer justifie-t-il que nous acceptions n'importe quelle vexation, et que nous fassions une croix sur les principes fondamentaux auxquels nous sommes tellement attachés. Je ne peux pas l'admettre.Alors, que les athlètes participent aux épreuves sportives puisqu'ils s'y sont préparés, avec ou sans badge - je ne vois vraiment pas quel signe plus insignifiant que celui qu'ils avaient prévu ils pourraient porter - Mais rien n'oblige nos gouvernants à assister à la cérémonie d'ouverture, pas plus qu'aux épreuves. Ce serait leur honneur que de ne pas se plier aux hypocrisies et aux mensonges des dirigeants chinois.Et cela présenterait, en plus, l'avantage d'être économique pour les finances françaises...Je vous livre , enfin, ce commentaire d'un internaute, à la suite d'un article du Monde: "comme c'est beau, ce grand élan de compassion (des chinois) envers la pauvre petite handicapée. A côté de ça, je me demande combien de mineurs de fond, combien d'ouvriers perdent des membres dans les mines de l'Ouest de la Chine, combien d'ouvriers chinois crèvent de misère..." Mais de cela, il ne faut pas en parler, et les journalistes présents en Chine pendant ces JO seront, n'en doutons pas invités à ne pas y faire la moindre allusion.Et sourions à l'idée qu'encore un de nos ministres va se faire taper sur les doigts. Bernard Laporte, bien connu pour la grande finesse qui caractérise ses interventions, avait hier courageusement  appelé les médias à prendre leurs responsabilités et à s'engager dans la polémique sur les JO de Pékin, manifestant le souhait que "tout le monde boycotte la cérémonie d'ouverture".Et bien, c'était une boutade...a-t-il affirmé quelques heures plus tard! Oui, oui, ne souriez pas, ce type est capable de faire des boutades ! Espérons pour lui que le Président de la République aura suffisamment de sens de l'humour pour apprécier cette boutade-là à sa juste valeur.
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