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5 juin 2008 4 05 /06 /juin /2008 07:51
Barack Obama a gagné le droit de participer au scrutin pour occuper la maison Blanche, le 4 novembre prochain - même si cela n'était pas officiel hier soir, Hillary Clinton n'ayant toujours pas reconnu sa défaite il a la certitude d'être désigné par la convention démocrate. Le plus dur reste à faire pour celui qui n'avait aucune chance au départ face à Hilary Clinton. De quoi faire rêver bien des candidats actuels du PS au poste de premier secrétaire!
Pour un géographe qui a analysé les primaires du parti, comté par comté, le problème d'Obama tient au fait que son électorat se restreint au noyau dur de l'électorat traditionnel démocrate. Le sénateur de l'Illinois l'emporte dans les comtés universitaires, ceux majoritairement noirs, ou encore dans les Etats traditionnellement démocrates, comme l'Oregon. Ce n'est pas forcément un signe positif pour celui qui devra convaincre les soutiens de sa concurrente de le rejoindre. En effet à l'inverse, Hillary Clinton s'arroge les votes des retraités et les comtés à forte population ouvrière blanche, deux catégories susceptibles, comme lors des scrutins de 2000 et 2004 perdus par les Démocrates, d'échapper au parti. Evidemment, la résistance de l'électorat ouvrier blanc à l'endroit du candidat métis (père kenyan noir, mère américaine blanche) pose la question du facteur racial.
D'après Anne Toulouse, de l'Ifri, qui prend l'exemple de la Virginie occidentale, où Clinton a recueilli 67 % des voix contre 26 % pour Obama, « parmi les électeurs qui n'ont pas voté pour lui, un sur deux reconnaît que le facteur racial a joué un rôle ». Il ne faut donc pas rêver le parcours du vainqueur des seules primaires démocrates sera encore très difficile dans un pays de plus en plus conservateur. La rancœur de cet électorat à l'endroit des minorités - les Noirs et les Hispaniques - dont il croit qu'elles l'ont supplanté dans l'échelle des priorités du parti et la méfiance à l'encontre d'un candidat considéré comme trop conceptuel constitueront les points faibles d'un candidat qui ne partira pas absolument favori.
George W. Bush, bien conseillé, a immédiatement félicité, le sénateur démocrate pour être devenu le premier Noir d'un grand parti candidat à la Maison Blanche. Pour le président américain, cette victoire historique démontre que les Etats-Unis ont "beaucoup évolué". En surface peut-être. En profondeur il faut attendre ! « Le fait que le démocrate Barack Obama devienne le premier candidat noir d'un parti à la présidentielle américaine montre que les Etats-Unis sont "un pays extraordinaire », a surenchéri la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui est elle-même noire. La ministre, membre du parti républicain et la femme noire la plus haut placée dans l'administration Bush, a ajouté de pas vouloir intervenir plus en avant dans la campagne électorale. Ces félicitations sont peut-être inquiétantes pour celui que les Républicains voulaient comme adversaire de leur vénérable champio John McCain !
L'ASCENSEUR SOCIAL
Il est vrai que celui qui porte en plus de Barack le prénom « délicat » dans un pays conservateur de Hussein est le seul Noir à siéger au Sénat américain. Une particularité oubliée dans notre pays qui se plaint souvent de la non présence des « minorités visibles » dans les assemblées nationales. Il a 46 ans et est né le 4 août 1961 à Hawaï d'une mère américaine blanche du Kansas et d'un père noir du Kenya. Il a passé une partie de son enfance en Indonésie, un pays musulman. Sur le site Internet du candidat, on peut lire que son père, qui s'appelait également Barack Obama, a grandi dans un petit village kenyan où il gardait des chèvres avec son propre père... Il est donc véritablement un fils d'immigrés. En effet les parents de Barack Obama se sont rencontrés à l'université d'Hawaï. Son père, qui avait obtenu une bourse pour aller étudier aux Etats-Unis, a ensuite regagné le Kenya, quittant sa famille alors que son fils était âgé de deux ans. Le jeune Barack est resté vivre à Hawaï avec sa mère, Stanley Ann Dunham, qui s'est remariée avec un étudiant indonésien. Il a ensuite passé quelques années en Indonésie où il a été scolarisé dans un établissement laïque et public, ouvert à toutes les confessions, avant de s'installer à New York où il a étudié à l'université de Columbia.
En 1985, il déménage à Chicago pour travailler avec une organisation affiliée à une église cherchant à améliorer les conditions de vie dans les quartiers pauvres ravagés par la criminalité et le chômage. Il reprend ses études et sort diplômé de droit de la prestigieuse université de Harvard en 1991. Peu après, il retourne à Chicago pour exercer comme avocat spécialisé dans les droits civiques et enseigner le droit constitutionnel.
En 1996, il est élu au Sénat de l'Illinois, où il siégera huit ans, entamant ainsi une brillante carrière politique. Il franchit un palier supplémentaire en remportant en 2004 le siège de l'Illinois au Sénat des Etats-Unis, devenant le cinquième Afro-Américain de l'histoire à siéger à la chambre haute du Congrès.

En février 2007, il déclare sa candidature à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2008. Il remporte le premier rendez-vous des primaires, les caucus de l'Iowa le 3 janvier et malgré la résistance d'Hillary Clinton, qui avait longtemps fait figure de favorite de la course à la nomination, finit progressivement par prendre l'avantage.
Faisant campagne sur le thème du changement, et ayant pour slogan de campagne "Yes we can" ("oui, nous le pouvons"), il est soutenu par de nombreuses personnalités, dont l'influent sénateur Edward Kennedy, frère de l'ancien président assassiné John F. Kennedy, la populaire animatrice noire de télévision Oprah Winfrey ou encore le cinéaste Michael Moore.
Il est connu pour son opposition farouche à la guerre en Irak : il propose d'ouvrir un dialogue direct avec des pays "ennemis" des Etats-Unis comme l'Iran et Cuba. Mais il n'a pas exclu de recourir à la force contre Téhéran si nécessaire sur le dossier du programme nucléaire. Il a d'ailleurs renouvelé ces positions hier pour sa première déclaration de candidat démocrate à la Présidence.
L'élection opposera donc un jeune sénateur noir de 46 ans, totalement inconnu hors de Chicago il y a encore 4 ans, à un héros de la guerre du Vietnam âgé... de 71 ans, vétéran du Sénat où il siège depuis 21 ans et où il s'est forgé une réputation de franc-tireur à l'humour facile. C'est un duel totalement surprenant dont l'issue est très indécise sur le papier. John McCain devra faire campagne malgré George W. Bush, qui est pour lui un désastre, qui a empoisonné le terrain pour tous les Républicains, la guerre en Irak est une catastrophe, l'économie est au plus bas, les prix de l'essence, les prix de l'alimentation, s'envolent. Ces réalités économiques vont peser sur l'élection puisque McCain est probablement le plus ultra libéral des candidats qu'aient connu les Etats Unis. L'affrontement sera musclé et surtout placé sur une opposition frontale de deux hommes que tout oppose sur le plan idéologique. Il n'y aura pas de consensus mou sur les thèmes essentiels.
Le débat qui a commencé requiert l'attention des Américains et de beaucoup de citoyens du monde. Le démocrate et le républicain, candidats présomptifs jusqu'aux conventions de leurs partis, sont certes tous deux des réformateurs. Ils promettent de régénérer un système politique à bien des égards usé. Mais leurs options économiques, sociales et de politique étrangère sont radicalement différentes. McCain se situe dans la continuité des choix faits par Bush, tandis que Obama entend rompre avec les dogmes économiques néolibéraux et avec la vision du monde néoconservatrice. On croît rêver quand on constate que c'est aux USA où l'on s'oppose davantage sur le fond davantage que sur la forme !
UNE REVOLUTION NON TERMINEE
Le chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade a estimé à Dakar le choix du sénateur métis de l'Illinois Barack Obama comme candidat du parti Démocrate à l'élection présidentielle américaine de novembre prochain est « une révolution ». Il s'est exprimé en marge d'une réunion sur les changements climatiques en Afrique organisée par la Banque mondiale et le Banque africaine de développement . « Je pense que le fait qu'aujourd'hui des Blancs puissent choisir un candidat noir, c'est une bonne chose », a réagi le président Wade qui ajoute que « c'est une révolution dans les mentalités aux Etats-Unis ».
Le chef de l'Etat sénégalais a invité les autres pays occidentaux à regarder ce qui se passe aux Etats-Unis. « Un Américain, c'est un Américain », a dit Abdoulaye Wade, qui précise que Barack Obama n'est pas le seul à avoir ses racines en dehors des Etats-unis et « c'est pourquoi d'ailleurs, il a un si grand succès ». En fait le Président sénégalais sous entend que le candidat démocrate aurait rassemblé sur son nom tous les suffrages des immigrés de toutes les confessions et de toutes les races comme s'il leur fallait un symbole pour « s'intégrer » définitivement dans la vie américaine. Que l'un d'entre eux puisse parvenir au sommet de l'Etat qui les a accueillis constitue un moment important. Reste à savoir s'il n'y aura pas des crispations fortes dans cette Amérique profonde encore raciste et sécuritaire. Jusqu'à présent le « mâle blanc » puissant, ayant réussi par l'argent ou les médias constituait en effet le modèle auquel s'identifiait des millions de « cow-boys » potentiels. Obama n'a pas de ranch. Obama n'est pas couvert de médailles. Obama n'a pas fréquenté Hollywood. Obama a réussi ses études. Obama n'appartient pas aux extrémistes religieux. QUELLE AMERIQUE ?
La partie la plus importante de cette histoire, pourtant, reste encore à être écrite. « Ce soir, nous marquons la fin d'un voyage historique et le début d'un autre. Un voyage qui va amener une nouvelle et une meilleure Amérique », affirmait Barack Obama devant des milliers de partisans en liesse. Mais ce voyage, qui consiste à installer le premier président noir à la Maison-Blanche quarante ans à peine après la lutte pour la conquête des droits civiques des Noirs américains, est encore plein d'inconnues. La population noire? Pas assez nombreuse pour lui garantir la victoire. Les jeunes? Trop imprévisibles. Les démocrates instruits et aisés des grandes villes américaines? Ils sont eux-mêmes un peu déconnectés de la réalité profonde du pays. Les indépendants, enfin, dont la part grandit au sein de l'électorat américain? Ce sont eux que John McCain vise précisément en priorité. Les élections à venir sont encore une bouteille d'encre. Tout reste possible. Ce n'est pas en France que l'on prétendra le contraire car on sait qu'être brillamment désigné ne signifie pas être finalement élu. Le rêve américain que génère... la candidature d'Obama risque bien de s'évanouir rapidement devant les réalités américaines.
Mais je déblogue...

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