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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 11:57

Il va falloir s'y habituer car autrement, la vie deviendra vite impossible : la Sarkozysme a imprégné la préparation sportive en France. Chaque apparition du Président de la République auprès des porteurs d'un maillot bleu conduit, en effet, à une véritable débâcle. Les rugbymen peuvent en témoigner, les footballeurs l'ont constaté et la délégation française à Pékin, dès le premier jour, se pose des questions. En fait, les athlètes en tous genres semblent avoir eu une formation accélérée au Sarkozysme, consistant à transformer...toute défaite en une victoire médiatique. La recette est simple : il suffit de faire une déclaration affirmant que l'on a gagné pour en persuader le Peuple. En politique, ça marche depuis quelques mois et on va avoir droit à une sempiternelle ritournelle expliquant que « perdre  beaucoup c'est gagner un peu!". Il est vrai que cette spécialité a déteint sur certains socialistes qui, lors des élections présidentielles, avaient réussi à persuader leur camp que l'on pouvait faire une grande fête populaire autour d'une défaite considérée comme méritoire. Une forme de "bravitude" que nos représentants aux J.O. vont avoir le loisir de cultiver !
Il suffit, par exemple, de se retourner sur la semaine écoulée pour constater qu'il n'y a pas eu un seul jour sans que les échecs soient, par l'alchimie complice du système médiatique, transformés en succès honorables. Pour cela, il suffit d'expliquer doctement que les causes d'une catastrophe sont indépendantes de votre volonté, que vous faites ou que vous avez fait le maximum, mais que certains paramètres échappent à votre responsabilité.  Par exemple, prenez le résultat de la balance commerciale. Il est historiquement désastreux... il faut triompher. Il s'élève certes à 24,4 milliards d'euros au premier semestre 2008, contre... 15,8 au premier semestre 2007. Sur les douze derniers mois, le déséquilibre importations-exportations dépasse les 48 milliards d'euros. Un record. Pour le seul mois de juin, ce déficit affiche 5,64 milliards d'euros. Un autre record ! De quoi affoler le gouvernement ? Et bien, pas vraiment. Les résultats trimestriels sont perçus comme une «légère détérioration », due à « une facture énergétique en forte augmentation ». Mieux, il y aurait même des motifs de satisfaction. « Je constate, et c'est plutôt une bonne nouvelle que, hors énergie, nos entreprises continuent de tirer leur épingle du jeu », soutient la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. Elle a certainement participé à la formation des représentants de la France aux J.O., car dès cette nuit, ils ont multiplié des ratés avec, pour chacun, une explication fournie par ses soins ou par des commentateurs complices. Du Sarkozysme pur sucre !
DOPAGE LIBERAL
Le procédé s'avère rentable, puisque la France vit toujours sous le syndrome de Poulidor. Les malheurs nous vont bien au teint et nous dopent et il y a fort à parier qu'une pénurie de médailles permettrait à la Présidence de la République d'annoncer une réforme profonde de la politique sportive. Elle a d'ailleurs débuté avec une annonce de coupe sombre de 30 % dans les crédits 2009 de la Jeunesse et des Sports, budget le plus ridicule de l'Etat, dopé artificiellement par la contribution volontaire des Françaises et des Français via le loto sportif ! C'est la seule véritable modification qui interviendra, quels que soient les résultats ramenés de Chine. Bernard Laporte puis Raymond Domenech, après deux échecs retentissants, ont échappé à leur responsabilité, puis ont été promus ou confirmés dans leurs fonctions. La valeur de l'exemple, comme en politique.
Xavier Bertrand est « lou ravi permanent » de la crèche gouvernementale. Il avait chargé en EPO libérale son texte de recul social sur les 35 heures, et un premier avertissement avait été donné par le Conseil constitutionnel chargé de veiller au respect des règles. Il avait, en effet, convié les représentants des syndicats à une audition, destinée à présenter aux Sages, leur avis sur une loi idéologique et surtout symbolique, dans le contexte social actuel. Il a reçu tous les partenaires sociaux, syndicalistes et patronat. Chacun a eu droit à une demi-heure : vingt minutes d'exposé et dix de questions-réponses.
« Les questions ont été d'ordre juridique et non politique », assurent les syndicalistes qui ont tous apporté une note de plusieurs pages aux Sages. Jean-Louis Debré « buvait du petit-lait pendant notre exposé », affirme l'un des participants. Avec du « petit lait », lui ne risque pas d'être pris par la patrouille ! Habitué à distribuer des cartons jaunes au gouvernement, il « recevait cinq sur cinq » les remarques des syndicats, et il estimait «que ce que nous disions était parfaitement pertinent. Certains Sages étaient contents de pouvoir tacler le gouvernement ». Des tacles qui n'ont pas touché les chevilles de Xavier Bertrand !
DEUX TACLES APPUYES
Le contrôle EPO a, en effet, fait apparaître dans le texte des relents d'anticonstitutionnalité. Ces traces ne permettent pas de condamner la loi, mais la met dans la catégorie des suspectes. Les spécialistes ont en effet déclaré « partiellement contraire à la Constitution » l'article 18, et ainsi donné raison aux auteurs de la saisine. Les membres du Conseil ont censuré « faute de tout encadrement, le renvoi aux accords collectifs de la fixation de la "durée" du repos ». Autrement dit, c'est au législateur et non aux entreprises de définir le repos compensateur. Les Sages ont ainsi voulu donner « un signal important » au législateur pour qu'il fixe un cadre aux négociations. Autre disposition de l'article 18 retoquée, celle qui concerne les accords d'entreprise en cours. Si les Sages n'ont pas été saisis de la question relative au passage de 218 à 235 jours annuels travaillés pour les cadres, ils y ont tout de même répondu indirectement. La suppression automatique des accords en cours, qui devait prendre effet à partir du 31 décembre 2009, ne sera plus obligatoire. Ce qui signifie que les accords d'entreprise actuellement en vigueur, portant notamment sur la durée du travail, ne seront pas remis en cause de manière systématique. Ce sera donc aux entreprises de décider si elles souhaitent, ou non, ouvrir de nouvelles négociations.
Xavier Bertrand, grand perdant dans ce verdict, n'a rien vu, rien entendu et surtout n'a rien pu faire d'autre que s'estimer satisfait et heureux. Il a fait part de sa « satisfaction », jugeant que « ces modalités correspondent à celles que le gouvernement entendait fixer par voie réglementaire ». C'est-à-dire qu'on va contourner les règles en utilisant non plus la voie parlementaire, mais celle des décrets et des circulaires d'application. Une manière de signifier aux « contrôleurs constitutionnels » qu'il se moque bel et bien de leurs remarques !
DES ECHECS PROMETTEURS
Dans le même genre, à Pékin, on commence la sérénade. Arnaud Romera et Marie-Claire Restoux sur France 3 sont restés médusés, perdant leur voix, sous le choc d'une élimination inconcevable de la Française, favorite du jour, en judo. De même, chez leurs confrères de Canal+, où les anciens champions olympiques Thierry Rey et David Douillet ont qualifié d' « inadmissible » la performance de Jossinet face « à une faire-valoir ». En gymnastique on chute, au vélo on manque le coche, en aviron on rame, en voile on coule, en boxe on cogne dans le vide... mais la « bravitude » nous sauvera de la déroute. Nous serons les champions olympiques de la bravitude !
Les tapes amicales distribuées par le Speedy Gonzalez de l'Elysée n'ont pas été efficaces. On les oubliera vite, et on cachera des clichés qui auraient pu être glorieux. Dans le fond, on fait la nique aux Chinois en leur démontrant qu'à notre manière on boycotte déjà leurs Jeux. D'ailleurs, ils sont terminés depuis hier, puisque l'essentiel a été fait : Nicolas Sarkozy a serré la paluche au gratin du monde et il a laissé aux bons soins des responsables chinois une liste de prisonniers politiques à sortir des geôles. Il pourra, dans quelques jours, faire le même genre de déclaration que la double championne du monde de sabre qui a échoué d'entrée de jeu au premier combat : « Sur ce match-là, je n'ai pas grand-chose à me reprocher. Tactiquement et techniquement, j'ai fait tout ce qu'il fallait, mais il y a eu, aussi, une part de chance.» C'est ce qui fait le charme du sport et de la politique, et surtout qui réhabilite cette « bravitude » bien française qui nous permet d'être les champions toutes catégories du qui perd gagne !
Mais je déblogue...

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commentaires

A
Si les malheurs vont bien au teint des français, qu'est-ce qu'on va avoir bonne mine.....A l'instant, Daguin vient de fournir sa contribution.....Pauvre Roselyne, elle ne les a pas encore, les médailles qu'elle espérait ! C'est vraiment mal parti.....
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E
Même François Hollande dans sa contribution explique que la droite n’est pas responsable de nos maux : “Soyons lucides. La mondialisation en cours produit un risque de déclassement des économies les plus développées sur fond d’intensification et de durcissement de la compétition internationale. Nous vivons, parallèlement, une mutation énergétique brutale qui renchérit tous les prix et rend caduc notre mode actuel de croissance. Par ailleurs, le temps de la vie s’allonge et les fondements de notre protection sociale sont menacés. Dans ce contexte, l’on sait d’ores et déjà que la droite va nous laisser une France en mauvais état...”<br /> Voilà, ce n’est pas la faute à notre gouvernement !<br /> On se demande même si c’est la peine d’essayer de proposer une autre politique !??! François devrait partir en retraite, ou faire comme Jack, il ne sert plus la cause de notre gauche !
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