Le mensonge a été érigé par le gouvernement actuel en principe permanent de gestion de sa communication avec le grand public. On affirme péremptoirement devant des journalistes, sous forme de communiqué, une pseudo information, formatée selon les souhaits du maître de l'Elysée, et ainsi on créée une vérité provisoire. Il suffit d'un défilé permanent sur France-Infos, d'une reprise au Jité de 20 heures (service public compris) et d'une dépêche AFP bien tournée, pour accréditer le fondement sérieux de la mesure. Ainsi, chaque jour émerge une irréalité politique qui gave la France de « nouvelles » rassurantes. Plus question de revenir sur des certitudes présumées, ou alors des semaines plus tard, de manière que les auditeurs ou les lecteurs ne puissent pas faire le lien entre l'affirmation antérieure et le démenti plus ou moins avoué. Les exemples ne manquent pas, et s'est même terrifiant pour le système médiatique d'un pays réputé démocratique. La machine à broyer le doute, qui doit absolument être celui du citoyen face à des déclarations trop belles pour être authentiques, est en marche.
Qui a pu croire au déroulé de l'embuscade ayant coûté la vie aux soldats français lâchés en Afghanistan sans les moyens matériels indispensables à l'exercice de leur mission ? On sait bien qu'en pareil cas, le « camouflage » des erreurs éventuelles reste un art militaire très répandu. Or, on a bel et bien tenté de noyer les douloureux « loupés » sous le pathos du sacrifice au service des valeurs de l'Occident. Les cérémonies n'ont été véritablement émouvantes et culpabilisatrices que pour celles et ceux qui n'admettaient pas une version trop imprécise pour être crédible. On a multiplié les communiqués ou les explications en muselant tous les témoignages directs éventuels.
Or, selon le site Libération.fr, plusieurs journalistes couvrant l'Afghanistan ont reçu, par courrier électronique, quelques pages d'un document rédigé en anglais, en provenance d'une source à l'intérieur du quartier général de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité) à Kaboul. Le journal canadien, The Globe and Mail, affirme s'être procuré une copie d'un document confidentiel donnant plus de détails sur les circonstances de l'embuscade au cours de laquelle dix soldats de l'armée française ont trouvé la mort.
D'après le quotidien, les soldats ont manqué de munitions après seulement... 90 minutes de combat, alors que les affrontements auraient duré près de deux jours, ce que des rescapés avaient déjà évoqué publiquement. Le journal canadien poursuit en écrivant que les Français engagés dans ces affrontements ont rapidement perdu tout moyen de communication avec leur commandement, devant attendre de longues heures avant l'arrivée de renforts. « Ceci est probablement dû au fait que la section française ne disposait que d'une radio », peut-on lire dans un extrait du texte, qui précise que l'appareil est tombé en panne peu après le début des combats. Selon The Globe and Mail, le document souligne que les soldats ont été tués « lors de combats rapprochés », ce que l'armée française avait déjà confirmé, précisant -après l'avoir caché - que seulement l'un d'entre eux avait été tué à l'arme blanche !
Le rapport mentionne également la présence de « tireurs d'élite » dans les rangs des talibans, dont la précision était excellente. Le document souligne, par ailleurs, l'attitude des forces gouvernementales afghanes, qui se sont enfuies à pied peu après le début des combats, « laissant sur place leur équipement militaire, en proie à l'ennemi ». Bien évidemment, ces affirmations ont été immédiatement démenties par le Ministère des Armées et par l'OTAN qui ne peuvent pas, et c'est normal, reconnaître que leurs écrits sont diffusés vers les médias, et qu'ils contredisent les vérités officielles. C'est le contraire qui serait étonnant !
A L'INSU DE SON PLEIN GRE
Selon le site Mediapart, la ministre des Finances, Christine Lagarde, aurait... menti dans le dossier Tapie alors qu'elle ne cesse de voir des éléphants roses dans les chiffres, pourtant catastrophiques, de l'économie nationale et des finances de l'Etat. En effet, le 28 juillet, la ministre a publié un communiqué de presse, annonçant que, selon les avis juridiques recueillis par le Consortium de réalisation (CDR), adversaire de Bernard Tapie dans l'affaire Adidas, un recours contre la sentence des arbitres aurait peu de chance d'aboutir. Les chances de succès d'une telle action auraient été "très faibles", selon le communiqué. L'information de Bercy a été prise pour... argent comptant par des journalistes dénués de tout esprit critique.
Ce même jour, Christine Lagarde a donc averti qu'aucun recours contre la décision des arbitres allouant 390 millions d'euros à Bernard Tapie ne serait introduit. Or, deux des quatre avocats qui ont été consultés ont jugé que le CDR avait à sa disposition un « moyen d'annulation qui peut être qualifié de sérieux ». Cette affaire, révélée par Mediapart, éclate alors que Christine Lagarde doit être entendue demain devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale sur ce sujet, et qu'elle affirmera, sans aucun risque, que ce cadeau des contribuables français fait à celui qui a soutenu Nicolas Sarkhozy, reste une « bonne affaire » pour le budget de l'Etat. Elle sait que la majorité de la commission est Ump, et qu'il n'y a aucun risque qu'elle soit contredite ! Elle a pourtant bel et bien donné instruction aux représentants de l'Etat, siégeant au sein de l'EPFR, l'établissement public qui contrôle le Consortium de réalisation, de voter en faveur de l'arbitrage, lors d'un conseil qui s'était tenu un an plus tard, en octobre 2007.
Selon le site Bakchich.info, Bernard Tapie aurait été reçu vendredi après-midi par le secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérolin, ce que l'ancien homme d'affaires dément, ce qui suffit à effacer cette information, puisque personne ne s'émeut véritablement de cet affront fait à l'équité républicaine ! De partout les constats pleuvent : on dissimule, on travestit les faits, on les parcellise, on les triture ou on les ampute, en sachant que personne ne remettra le tout en ordre pour en faire un dossier complet. Tapie peut dormir tranquille : on se contentera de ses affirmations pour masquer les réalités de ce qui serait, dans certains pays, un monumental scandale d'Etat, pouvant générer la chute d'un gouvernement.
EDVIGE TOUJOURS DANGEREUX
Sur Edvige... mensonge quand le gouvernement affirme qu'il a entendu les protestations des défenseurs des libertés individuelles. Michèle Alliot-Marie, qui a achevé sa concertation avec les associations, les syndicats et le patronat, a transmis dans la foulée à l'Elysée le texte d'un nouveau décret sur l'ex-fichier des Renseignements généraux (RG). Le ministère de l'intérieur en a soupé de ces petits noms, savamment mis au point par ses services, mais qui ont, tels ceux donnés aux ouragans, marqué les esprits, et facilité la mobilisation. Avant, fait-on remarquer dans l'entourage de la ministre, le fichier des RG "ne s'appelait pas".... On a donc supprimé Edvige, ce qui prive les opposants de référence précise. Tout devait être toiletté et véritablement clair et sans bavure.
Las ! Les informations glanées quelques jours après, démontrent exactement le contraire. Le projet de décret, préparé par la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère, - au grand dam des opposants qui dénoncent le peu de cas de la concertation -, maintient... l'introduction dans le fichier des mineurs, à partir de 13 ans. Mais il limite à cinq ans la durée de leur présence, s'ils ne sont pas encore considérés comme une menace potentielle pour l'ordre public. Ce "droit à l'oubli" avait déjà été évoqué par Mme Alliot-Marie, alors que la polémique grandissante avait contraint Nicolas Sarkozy à intervenir et le gouvernement à revoir sa copie. L'article 1 mentionne aussi un principe général d'interdiction de collecte de ces données personnelles. Sauf que l'objet du décret n'est pas de rappeler simplement la loi Informatique et Liberté, en effet fort contraignante, mais bien de fixer les conditions dans lesquelles il est possible d'y déroger, ce qui est quand même plus amusant.
Dans l'ancien fichier des Renseignements généraux, il était ainsi possible de collecter les signes particuliers et les activités politiques, philosophiques, religieuses et syndicales des personnes fichées, à l'exclusion de toutes autres données. Edvige prévoyait aussi ce type de dérogation, mais de façon bien plus large, en permettant dans certains cas le renseignement sur la santé et sur la vie sexuelle, selon le même principe que plus la loi protège, plus il faut se donner les moyens d'y déroger. D'où la mobilisation que l'on sait. Edvige, nouvelle formule, dispose à son tour d'un article 2, qui déroge au principe général d'interdiction de collecte des données personnelles mentionnées à l'article 1, avec cette précision que cette dérogation ne vaut que pour celles «qui ne sont pas relatives à la santé ou à la vie sexuelle des personnes.» Ce qui signifie que les autres données à caractère personnel citées à l'article 1 peuvent l'être, et notamment «les origines raciales ou ethniques». C'est écrit, il suffit de lire mais qui le lira ! On nous aurait encore menti ?
Mais je déblogue...