Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 07:17

Mais qui peut donc bien faire encore un tant soit peu confiance au gouvernement actuel ? C'est tellement problématique que des rumeurs de chute du « collaborateur » présidentiel bruissent dans le Paris politique. On parle du retour de de Villepin (sic) de Juppé (re-sic) et de Raffarin (re-re-sic), comme si ce trio allait sauver "la Patrie du profit en danger". C'est incroyable qu'autour d'un Premier Ministre, qui en a visiblement plein le dos, ce soit la panique générale. Déclarations contradictoires. Appréciations fallacieuses de la situation. Mensonges d'Etat. Annonces totalement absurdes. Réalités niées. Réformes critiquées en sourdine par les « amis » qui vous veulent du bien. Appels au secours, via un pseudo discours guerrier, pour réaliser l'union sacrée. Bref, le navire ressemble au Titanic quelques heures après avoir heurté un iceberg. On lance des SOS et on tente de mobiliser tous les canots de sauvetage, pendant que l'orchestre UMP joue sur le pont, et coule avec le navire.
Cette situation, en pleine présidence française de l'union européenne, a des effets pervers extraordinairement visibles. Par exemple, comment justifier que Nicolas Sarkozy soit le chantre de la solidarité sur le continent, et qu'il laisse ses conseillers, sans aucune légitimité démocratique, annoncer que la France ne respectera pas les directives économiques de Maastricht. Même si on peut douter de l'efficacité, en période de crise, de ces critères qui corsètent les Etats, il est extraordinaire de constater qu'Henri Guaino, le chantre de la laïcité positive, l'auteur du discours du chanoine de Latran, se permet de fusiller les partisans UMP du respect de ces principes.
Les critères de Maastricht « ne sont pas la priorité des priorités ». « Ce n'est pas le temps du débat. L'exécutif est en charge de prendre ses responsabilités ». Les propos de cet écrivain des discours présidentiels, alors que la gauche réclame un débat parlementaire, ont choqué jusque dans les rangs de l'UMP. « Ballon d'essai » pour les uns, «vrai dérapage » pour les autres, la sortie du conseiller spécial de Sarkozy à l'Élysée n'est, en tout cas, pas passée inaperçue aux journées parlementaires de l'UMP, qui s'ouvraient hier à Antibes.
Le patron des députés UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé, a immédiatement réagi :
« Je ne partage pas les propos d'Henri Guaino », a-t-il affirmé, refusant de se faire tancer par un simple conseiller sans légitimité, alors qu'il s'efforçait de convaincre les parlementaires de son camp, déjà dépités, du « renforcement du rôle des députés » depuis les modifications constitutionnelles votées en juillet dernier. Le pauvre Copé! il croyait que Nicolas Sarkozy allait appliquer, sur le fond, une réforme qui n'a été strictement que formelle, puisque l'on sait que c'est la majorité sous une forme ou une autre qui maîtrisera l'ordre du jour parlementaire. L'Elysée ne laissera pas des Députés s'emparer de sujets qui ne lui conviennent pas. Nous sommes entrés dans un régime présidentiel absolu ! Si Copé ne le savait pas, il va l'apprendre.

RECESSION VOUS AVEZ DIT RECESSION ?
Le conseiller de Nicolas Sarkozy a simplement rappelé que le Généralissime, en période difficile, est le seul habilité à prendre les décisions. La chair à canon économique va servir à boucher les défaillances des grands tacticiens du monde de l'argent-roi. La France est en « récession technique » a enfin reconnu, avec un doux euphémisme, Eric Woerth. Mais le ministre du budget a dénoncé le « jeu de chasse (sic) et de la souris ridicule » entre la presse et le gouvernement, pour savoir qui dira « le mot qu'il ne faut pas dire ». Car depuis que sont connues les prévisions de l'Insee, qui table sur une nouvelle baisse de l'activité de 0,1% au troisième et quatrième trimestres 2008, faisant « techniquement » entrer la France en récession, ministres et membres de la majorité s'efforcent de les minimiser ou de les esquiver. La veille pourtant, Eric Woerth avait affirmé que « par nature, la France n'est pas en récession ». 1% de croissance « sur l'ensemble de l'année », « ce n'est pas une récession, c'est une très faible croissance », avait-il fait valoir. Son discours lénifiant et approximatif vient après des déclarations fausses, contradictoires et décalées du Ministre de l'Economie. Celle-ci a néanmoins reconnu que « le risque de croissance négative » pendant deux trimestres consécutifs est « réel », se refusant toutefois à employer le terme « récession », comme si, encore une fois, elle pouvait nier la réalité.
Du côté de l'Insee également, on sait ce qui arrive aux fonctionnaires qui s'éloignent trop des dogmes sarkozystes. On a donc jugé pour l'instant prématuré d'employer le terme de récession, même si la croissance... s'effrite à cause de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance. Après avoir progressé de 2,5% ces deux dernières années, elle resterait "encore étale au deuxième semestre", ne gagnant que 0,8% sur l'ensemble de 2008. En fait, les ménages consomment moins parce que leur pouvoir d'achat est en baisse. Selon l'Insee, il devrait accuser encore une baisse de 0,4% au deuxième semestre. Au total, il ne progresserait que de 0,7% cette année, contre 3,3% l'an dernier. Selon un autre mode de calcul, non plus par ménage mais par « unité de consommation », il diminuerait même de 0,2% en 2008. On va finir par retirer des promesses présidentielles celles du « pouvoir d'achat », et c'est Henri Guaino qui... écrira le discours après avoir décidé de laisser filer tous les critères de Maastricht auxquels, jusque-là, la Droite vouait un respect absolu !

LA CHUTE DE L'EMPLOI
Déjà préoccupés depuis des mois par cette érosion grandissante de leur pouvoir d'achat, les Français vont ainsi subir de plein fouet les conséquences de la crise financière internationale, et sont, selon un sondage publié hier, 86% à redouter ses effets sur le chômage. Quand il ne sont pas anesthésiés par les vapeurs de l'opinion dominante, les gens finissent par se réveiller et comprendre que l'opération va être douloureuse ! Selon les chiffres de l'Insee (décidément !), 52.000 emplois seront détruits pendant la seconde moitié de l'année et le taux de chômage s'établira à 7,4% contre 7,2% au deuxième trimestre.
De grands noms de l'industrie française ont annoncé récemment de douloureux plans sociaux. Le constructeur automobile Renault a annoncé le mois dernier la suppression de 6 000 emplois en Europe, le géant pharmaceutique Sanofi-Aventis a indiqué jeudi qu'il se séparait de 927 salariés et la Gironde manifestera aujourd'hui à Paris pour tenter de sauver les 3 000 emplois de chez Ford Blanquefort ! Et les effondrements vont se succéder. Pour l'Insee, le principal responsable de la baisse de croissance est celle du pouvoir d'achat des ménages, qui accuse encore une chute de 0,4% au deuxième semestre. Il s'ajoute au durcissement des conditions de crédit, lié à la crise financière internationale, et aux difficultés sur le marché immobilier. Autre facteur, le commerce extérieur de la France : déjà moribond, avec un déficit volant de record en record (près de 50 milliards d'euros attendus cette année), il devrait lui aussi pâtir du ralentissement de l'économie mondiale et de la demande extérieure. Mais il est fort probable qu'aux journées parlementaires UMP, on n'abordera pas ces réalités pourtant incontournables.

FUSILLE POUR L'EXEMPLE
En fait, le principe appliqué par le gouvernement devient simple. D'abord, tout ce qui arrive n'est que la conséquence des errements des mentors du capitalisme, c'est-à-dire ceux qui ont toujours soutenu la Droite et qui ont toujours été soutenus par la Droite. Les « amis » fortunés du Président seront donc vite dans la tourmente et pendus, selon le vœu d'Arlette Laguiller, aux « crocs de boucher ! » Vous pouvez y compter. Il y a même un pauvre PDG qui a été pris par la patrouille et pendu pour l'exemple. Le patron de Dexia, Axel Miller, a « renoncé », à l'insu de son plein gré, à une indemnité de départ de 3,7 millions d'euros, sous la pression du gouvernement français, qui a menacé de ne pas débloquer l'argent nécessaire au sauvetage de la banque franco-belge, face au tollé suscité par ce « parachute doré ». Un porte-parole de Bercy a fait savoir, hier, que M. Miller, qui a présenté sa démission mardi après l'annonce d'un plan de sauvetage de 6,4 milliards d'euros de l'établissement, avait « accepté de renoncer aux indemnités de départ auxquelles il avait droit contractuellement ».
Le gouvernement français a demandé à la Caisse des Dépôts de s'opposer, en tant qu'administrateur de Dexia, au versement de ces indemnités, tandis que le Premier ministre belge, Yves Leterme, a fait savoir qu'il réprouvait cette pratique. Ouf ! On a échappé au scandale, mais rassurez-vous, on trouvera bien un moyen pour récompenser ce fidèle serviteur de la banqueroute profitable. En obtenant de M. Miller qu'il renonce à son parachute doré, le gouvernement français a pris de court le comité des rémunérations de Dexia qui devait décider lundi d'attribuer ou non cette indemnité à M. Miller. De fait, une incertitude planait sur le droit de ce dernier à la percevoir car, selon les termes de son contrat, elle ne pouvait être versée qu'en cas de départ forcé du dirigeant.
Or, si M. Miller a indiqué avoir présenté sa démission au conseil d'administration, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a affirmé, pour sa part, que les dirigeants de la banque étaient partis sur décision des gouvernements. Sans attendre la réunion de lundi, le gouvernement français a donc imposé à M. Miller qu'il renonce à son parachute doré, menaçant, dans le cas contraire, de ne pas participer à la recapitalisation de la banque. Encore une fois, cafouillage général et effets d'annonce, qui masquent une incapacité à estomper les erreurs du temps de la splendeur sarkozyste oubliée, du Fouquet's, du yacht, des vacances dorées, des cadeaux aux potes du CAC 40. Le gouvernement avance à tâtons et cherche, comme Soubise, une armée de soutien avec une lanterne frappée du sceau du libéralisme.
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Je ne veux pas relancer la polémique sur la grossièreté de certaines réponses, je me contente de refuser ce commentaire et son caractère inutilement agressif.
Répondre
E
@ MarcLes idées sont parfois plus "grossières " que les mots ! 
Répondre
M
Ils le seront moins...En tous cas, franchement, jamais ils n'ont approché de la grossièreté et de l'agressivité de certains ou certaines...Tu en conviendras.
Répondre
E
@ MarcLe problème, cher Marc, c'est que tes commentaires sont également très agressifs !Contrairement à ce que tu sembles penser, tu es agressif !Nos réponses sont certes très agressives également, mais elles sont surtout proportionnellement agressives aux tiennes ! 
Répondre
M
On peut vraiment regretter la grossièreté et la violence de certains commentaires. On n'est pas en guerre civile et la critique d'un article, quand elle est argumentée, devrait être possible sur ce blog comme sur d'autres. Cette attitude est vraiment regrettable et bien peu démocratique. Mais sans doute aurons-nous d'autres occasions de débat.
Répondre