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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 07:17

Incroyable démagogie que celle qui a déferlé hier, une fois encore, sur la France. Ce pauvre Mendés-France, pour qui j'ai encore et toujours plus d'admiration, aurait été révulsé par ces annonces inconsidérées, qui asphyxient chaque jour un peu plus ce qui reste de démocratie dans notre pays. Profitant de l'absence de culture politique ambiante,
on fait passer tous les effets d'annonce pour des vérités, alors que le moindre journaliste objectif ne peut que convenir de l'impossibilité matérielle de transformer les promesses en réalités. La France ressemble à ces vieilles voitures de luxe qui ont eu leur heure de gloire, mais qui ne peuvent plus aller de l'avant car elles ont les pneus crevés ! Nicolas Sarkozy en VRP bateleur de foire, va de pays en pays, ou de ville en ville, pour vendre des rustines qui devraient permettre de relancer la machine, alors que plus rien ne fonctionne dans le véhicule. Il promet de l'essence en quantité, alors qu'il n'a plus un fifrelin pour en acheter un bidon ! Il repart exactement dans la même direction que celle qui a conduit à la catastrophe.
La seule différence, c'est que ce ne sont plus les banques qui déraillent et vivent sur des crédits virtuels, mais bel et bien l'Etat. Pas un seul jour sans l'annonce d'une aide providentielle, sans une exonération quelconque, sans une ouverture de cautions, sans un fonds de garantie... Pas une heure sans qu'une dépêche vienne relayer un engagement, impossible à tenir sans creuser un abîme financier dont nous ne nous relèverons pas. Des rustines... des rustines... des rustines, mais jamais une solution réelle pour boucher les trous dans la chambre à air des profits libéraux. Jamais un seul mot sur les responsabilités dans cette triste réalité. Quand va-t-on enfin expliquer le mécanisme qui a conduit le monde à sa perte ? Quels sont ces « banquiers » ou « spéculateurs » qui ont abusé de leur position ? Quels ministres ont couvert ce système ? Mais bon sang, quelle source miraculeuse alimente cette corne d'abondance, permettant à un Président de la République de distribuer à tout va ?
Hier encore, ce fut exceptionnel. On n'a pas lésiné dans la distribution des cadeaux en tous genres. Au moment où les craintes d'une récession généralisée (sauf en France car Madame Lagarde ne l'a pas encore officiellement admis) dans les économies occidentales commencent à prendre le pas sur celles liées à la crise financière, Nicolas Sarkozy a annoncé une série de mesures de soutien à l'économie, notamment en faveur des PME et des secteurs les plus touchés par la crise, comme l'automobile et l'immobilier.
Le chef de l'Etat a annoncé qu'en trois ans, « 175 milliards d'euros d'investissements directs » seront injectés par l'Etat dans l'activité économique. Pas question d'expliquer un instant d'où allaient venir ces milliards qui s'empilent sur les 360 autres, dévolus à sécuriser les échanges bancaires. D'ailleurs, tout le monde en est bien incapable, mais seule l'annonce compte car... dans trois ans, au moment du bilan, plus personne ne se souviendra de la promesse !
Aucune des mesures annoncées n'aura de « conséquences budgétaires », a assuré Nicolas Sarkozy. Même pas sur le niveau de la dette ? Même pas sur les suppressions d'emplois dans la fonction publique ? Même pas dans l'aide aux collectivités locales ?

TOUJOURS PLUS DE PROFITS
Les seuls qui se sont ouvertement fait voler hier restent les maires et les présidents des intercommunalités à Taxe Professionnelle Unique (la fameuse TPU), ainsi que les présidents de conseils généraux. En fait, ceux sur qui on va reporter les promesses nationales intenables. Première annonce : tous les nouveaux investissements des entreprises en France seront en effet « exonérés à 100% de la taxe professionnelle jusqu'au 1er janvier 2010 ». Cette taxe, établie dans chaque commune où le redevable dispose de locaux ou de terrains, sert à financer le budget des communes, des départements et des régions, ainsi que d'autres organismes, tels que les chambres de commerce et d'industrie. Ils s'en passeront, et devront augmenter les impôts sur les ménages pour seulement maintenir en activité les services actuels. Or, comme on va leur en transférer de plus en plus (mercredi au sénat a ainsi été présentée en commission éducation la première étape de la mort accélérée des écoles maternelles, avec la création de « jardins d'éveil » financés par les communes), ils ne pourront pas faire autrement que d'augmenter les impôts sur les ménages (taxes foncières et taxe d'habitation).
Cette exonération va seulement permettre aux entreprises de "se fabriquer" de la valeur ajoutée et un profit artificiel, alors que l'on sait très bien qu'aucun entrepreneur ne prend sur ses bénéfices le montant de la TP. Il se contente de l'intégrer dans son prix de vente, et donc de la faire supporter par le consommateur. Si on supprime la Taxe Professionnelle, le commerçant ou l'entrepreneur ne diminuera absolument pas les prix mais, en revanche, il accroîtra sa marge... Personne ne peut croire que l'Etat, en faillite depuis plus d'un an, compensera le manque à gagner pour les collectivités locales. A moins qu'une fois encore on aille à la fontaine miraculeuse... pour dénicher des milliards virtuels que nous n'aurons pas dans le budget. Et le pire, c'est que ça marche ! Enfin presque. Les plus concernés ne sont même pas béats d'admiration.
La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a certes approuvé les nouvelles annonces du Président prodigue en faveur des entreprises, tout en affirmant qu'elle restera vigilante pour qu'elles ne se traduisent pas par... des hausses d'impôts. Cette confédération très UMP ou plus, se méfie : elle voit venir le piège ! Les ordinateurs de Bercy ont tourné, car en supprimant cette part de Taxe Professionnelle, on augmentera le profit et donc les impôts sur les sociétés ou sur les propriétaires. En fait, l'Etat reprend d'une main ce qu'il fait semblant de donner de l'autre aux uns (entreprises), en spoliant les autres (collectivités) ! c'est tout bénéfice pour 2010 !

TOUJOURS PLUS DE MILLIARDS
Autre mesure sans financement réel : la création d'un « fonds public d'intervention » qui pourra « intervenir massivement » (sic) en faveur des « entreprises stratégiques » en difficulté. Nicolas Sarkozy a précisé que ce fonds serait créé « avant la fin de l'année » (sur quel budget et avec quel financement ?) et il a souligné qu'une « entreprise jugée stratégique » pourrait être aidée « quelle que soit sa taille ».
La mesure sera financée par des emprunts. Nicolas Sarkozy a enfin annoncé hier la création d'un poste de « médiateur du crédit qui sera à la disposition des entreprises françaises qui auront des difficultés pour accéder au crédit », mais pas à la disposition des collectivités, auxquelles plus une banque n'a les moyens de prêter. Alors que « l'Etat est venu puissamment en appui des banques », a lancé le chef de l'Etat, « on fera de l'opinion publique le juge du comportement des banques (...) ceux qui ne joueront pas le jeu assumeront leurs responsabilités, et assumer ses responsabilités, c'est partir et partir tout de suite ». Chiche : n'allons pas de suite vers les banquiers, mais cherchons qui, depuis 10 ans, a cautionné le comportement des banques françaises! Enumérons tous les Ministres de l'Economie et des Finances qui se sont succédés au cours de cette décennie ! Demandons-leur des explications publiques !
En justifiant les politiques engagées sur le temps de travail, les heures supplémentaires, le travail du dimanche, la baisse des prix pour relancer le pouvoir d'achat, le président de la République persiste à considérer comme pertinente une politique en décalage avec la situation des entreprises et la demande sociale. Il couvre ses erreurs par un flot d'annonces successives, non financées, et totalement utopiques. C'est aussi simple que ça !
Je vous invite donc à aller voir votre banquier en fin de mois, et à lui expliquer que vous appliquez la politique sarkozyste à la lettre : vous entrez avec un ticket de la Française des Jeux, et vous affirmez qu'il vous sert de caution, car il vaut 3 millions d'euros. Affirmez lui que cette somme n'est pas virtuelle, et que, du moment que vous l'annoncez, il doit vous croire ! Et s'il refuse, appelez le médiateur du crédit pour protester, ou attendez devant votre poste de télé, car il y aura bien un Ministre pour vous promettre de vous aider. Si vous êtes au SMIG (au fait quand est-ce que toutes les catégories seront harmonisées comme prévu ?), on ne va pas tarder à vous répéter que, pour gagner plus, il faudra travailler plus... Attendez tout de même un peu : dans deux mois, jour pour jour, vous pourrez vérifier si le Père Noël existe !
Mais je déblogue...

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commentaires

M
<br /> Je constate une chose, c’est que jamais il n’est fait allusion à la Banque Postale. Pourrions-nous en déduire qu’elle seule a échappé à la tourmente ? S’il en était ainsi, serait-ce parce ce qu’elle n’a pas encore été privatisée ? Dès lors ce serait une excellente nouvelle et l’on comprendrait qu’elle ne soit pas « trompettée ». <br /> Autre hypothèse moins réjouissante : je « crois savoir » (mais je peux me tromper !)  qu’elle est -par statut- adossée à la CDC « la Caisse des Dépôts et Consignation », cette dernière jouant le rôle d’assureur. Si elle avait besoin d’aide, pas besoin de le crier sur les toits : cela se règle en douceur et dans l’ombre, histoire de ne pas affoler les petits épargnants. <br /> Mais parlons-en de la CDC ! Sarko y puise à tour de bras et a en projet de la transformer en « fond souverain ». Or  rien ne l’empêche : "La Caisse des dépôts et consignations et ses filiales constituent un groupe public au service de l’intérêt général et du développement économique du pays. Ce groupe remplit des missions d’intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités locales et peut exercer des activités concurrentielles."<br /> Vigilance, vigilance donc. La CDC, c’est là que sont entreposées l’épargne de beaucoup de français mais aussi les économies (la fameuse « cagnotte » dont les media se demandaient ce qu’il allait en faire) faites par Jospin, destinées aux retraites. Il semblerait que la somme versée soit restée en l’état, la droite revenue au pouvoir se gardant bien de l’augmenter. Il serait nécessaire de suivre de très près les décisions que prend notre  « sauveur » national. La CDC est en danger d’être pillée au profit de qui  à votre avis ? Imaginez un peu, l’argent des retraites allant renflouer Renault qui ferme les usines françaises pour les délocaliser ? Cela vous dit ?<br />
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P
Eh oui, c'est l'incoyable démagogie qui continue! pas si incroyable que cela, d'ailleurs, car elle est bien dans la "tradition" sarkozyste. Demain, on rase gratis, et après demain, on rasera encore et toujours gratis! Et personne pour s'étonner de tous ces milliards que l'on a miraculeusement retrouvés.....sous le sabot d'un cheval, peut-être?Et il y a fort à parier, que dans deux mois, la hotte du Pére Noël ne sera pas bien pleine....
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J
Pourqouoi ne ferait pas mumuse avec l'argent virtuel, c'est un beau jeu de rôle multimédia et interactif ! Et c'est très tendance.Comme dit la ministre de la culture du Québec : il est "épars".Quant à l'effet sur l'économie et le pouvoir d'achat, ou même la survie des citoyens dans l'avenir qui s'annonce, on ne va quand même pas s'abaisser à des considérations aussi bassement terre à terre. Vous savez ce que l'on répond aux gens qui n'ont plus de pain à manger ?Il y a de quoi en perdre la tête....
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