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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 08:36

Les frais de fonctionnement de l'Elysée exploseront, une fois encore, en 2009. Personne ne s'en est trop offusqué, car toute critique du Sarkozysme a du mal à passer le mur médiatique. Les Françaises et les Français, malgré les sondages plus ou moins biaisés et ajustés, n'ont plus confiance dans le système actuel. Ils vivent recroquevillés sur leurs certitudes et subissent les réformes en courbant l'échine. Comment voulez-vous que les millions d'euros dépensés pour un lieu symbolique du pouvoir les préoccupent, alors qu'ils ne comprennent pas encore que leur quotidien ne sera bientôt fait que de restrictions sur absolument tous les postes ? Ils renoncent. Et rien n'est pire que le renoncement, même si, une fois encore, la jeunesse tente de se rebeller face à des mesures qui pèseront fortement sur son avenir immédiat et plus lointain.
Il est vrai que l'on a une explication de l'accroissement des dépenses du « château » comme disent les Ministres les plus soucieux de préserver... leur portefeuille. Le Président reçoit ! Il ne cesse de recevoir. Tenez hier, après le conseil de celles et ceux qui devraient se méfier des bons vœux que l'on va leur adresser pour 2009, il a accueilli à buffet ouvert les parlementaires UMP. Une petite bouffe, entre amis de longue date, aux frais du contribuable, qui a désengorgé la « cantine » de l'Assemblée. Recevant ses amis, autour de moins de trente ans pour la plupart d'entre eux, Nicolas Sarkozy a clairement affiché son intention de maintenir le cap sur le travail dominical, sans toutefois fixer de calendrier, et s'est défendu de vouloir mettre la télévision « à sa botte ». Et ils l'ont presque tous cru. Exactement comme quand un prédicateur américain s'adresse à ses disciples.
« Il y a une possibilité de libéraliser le travail du dimanche et je le ferai. C'est un marqueur. Si je ne le fais pas, je serai comme tous les présidents qui ont cessé les réformes au bout de deux ans », a-t-il prévenu, selon certains participants, chargés de faire passer le message. Un aveu implicite que le gouvernement, sous ses ordres, est véritablement dans le symbolisme réformateur, et surtout pas dans l'efficacité. Toutes les réformes, sans aucune exception, se soldent par des échecs, mais... du moment que c'est bon pour son image il faut persévérer dans l'erreur. Cet entêtement apparent ne vise qu'à conforter une image, comme celle des généraux de 14-18 qui, à Verdun, démontraient leur poigne en envoyant des soldats à l'échec et à la mort, mais qui ne voulaient pas démordre du bien fondé de leurs ordres. Ce n'est pas pour rien qu'au tout début de son mandat, Nicolas Sarkozy était allé déposer une gerbe au pied de la statue de Clémenceau. Il nous joue en permanence le rôle du « Tigre », imperturbable et solide, dans une guerre contre un ennemi invisible. Il sait qu'il envoie des milliers de personnes à la mort sociale probable, mais « il n'y aurait pas d'autre choix possible ».

SOCIAL LIBERAL
Le gouvernement a annoncé mardi le report sine die de l'examen de la proposition de loi controversée du député UMP Richard Mallié, officiellement en raison de « l'obstruction » de la gauche contre le projet de loi sur l'audiovisuel. Peu importe, on ira vers un décret qui sera lu sur le front, et proclamé comme étant un acte de bravoure à l'égard de l'ennemi de l'intérieur, vous savez, celui qui refuse de se draper dans la nécessité des réformes. Et surtout, il n'y a pas que les socialistes dans cette catégorie des défaitistes qui ne peuvent se rallier aux concepts purement idéologiques du Président. Il existe aussi des traitres parmi les parlementaires UMP !
Tout en jugeant naturel qu'il y ait un « débat en famille » sur ce sujet, le chef de l'Etat s'en est pris à la soixantaine de députés UMP - certains présents -, qui ont publié deux tribunes contre le travail dominical. « Ce n'est pas très malin », car « votre tribune a été utilisée par nos adversaires », a-t-il lancé en citant la presse et la gauche. Le pire des crimes, celui de la collaboration avec l'ennemi !
A l'un des signataires, le vice-président de l'Assemblée Marc Le Fur, qui faisait valoir que « la politique, c'est aussi la gestion des symboles » (aveu peu repris par la presse, mais pourtant maintes fois décortiqué dans ces chroniques), il a rétorqué: « j'ai été élu sur la valeur travail. Notre recul sur le travail du dimanche serait aussi un symbole (...). Je suis social quand je fais le RSA, mais je suis aussi libéral ». Ce constat, c'est au cas où ses copains en douteraient...: « il est libéral ». Personne ne s'en était encore aperçu dans son propre camp ! Ceux qui en douteraient seront inscrits au fichier Edvige "spécial parlementaires", et attendront sagement le redécoupage de leur circonscription ! « Mais je ne veux pas généraliser le travail du dimanche. Bientôt, on va nous faire croire qu'on veut faire travailler les enfants de 12 ans le dimanche, qu'on est des esclavagistes », a-t-il ironisé. Non, mais il voulait, sur les conseils avisés de sa Ministre favorite (du moins au temps des vacances de milliardaire aux Etats-Unis), les mettre en taule, ce qui relève de la même finalité : le symbole de fermeté en période de guerre économique.

UN BLANC BEC ISOLE
Nicolas Sarkozy serait aussi longuement revenu, devant les députés UMP, sur le texte sur l'audiovisuel, quitte à couper l'appétit de ses hôtes. A la surprise générale, il a été interpellé par le chiraquien François Baroin, ex-journaliste, qui a dénoncé une réforme « qui te reviendra comme un boomerang » et dont « tu n'avais pas besoin ». Le blanc-bec oublié dans les chaises musicales ministérielles en préparation, a gâché la réception puisqu'il a osé dire tout haut ce que bon nombre des présents pensaient tout bas, eux qui, au quotidien, négocient des reportages avec leurs stations régionales de France Télévision. Le blanc bec, qui se prend pour un donneur de leçons, alors qu'il traverse la rue en donnant encore la main à papi Chirac, a été cloué sur place : « c'est un procès d'intention que tu me fais sur la liberté de la presse (...). Je ne veux évidemment pas contrôler la presse, mais personne après moi ne reviendra sur la suppression de la publicité, et sur la société unique », a-t-il répliqué avec le ton du général demandant à un subalterne de rester à sa place. Personne ne saurait douter de la grande volonté du président de libéraliser la presse en général, et la télévision en particulier. Tout concourt, chaque jour, à le démontrer. Et pour démontrer sa volonté d'aller de l'avant, il a également égrené les dossiers prioritaires de 2009 : collectivités territoriales, formation professionnelle, justice et diversité ! Il n'a surtout pas encore annoncé quels sont ceux, parmi eux, qui auront peut-être en charge ces dossiers, puisqu'ils concernent quatre thèmes sur lesquels Michèle Alliot-Marie, Xavier Bertrand, Rachida Dati et... Rama Yade ne seront plus là ! Il va manier la carotte et le bâton, vieux principe qui permet souvent de faire avancer les récalcitrants !

CURE SYMBOLIQUE
Le buffet aura été inutile, car les parlementaires ont eu du mal à digérer, sauf bien évidemment ceux qui ont une longue habitude d'avaler des couleuvres. C'est un menu que bien des membres d'une majorité politique connaissent parfaitement. Si l'on se réfère au Figaro, un convive a été sèchement repris quand il a proposé, après Bernard Accoyer, une « amnistie fiscale » pour rapatrier de l'étranger des capitaux. Résolument hostile à la suggestion de l'aile la plus libérale de sa majorité, Sarkozy a rétorqué : « Si j'étais assez dingue pour proposer à François Fillon une amnistie fiscale, on verrait ce qu'on verrait. Au nom du symbole, les Français peuvent renverser le pays. Regardez ce qui se passe en Grèce ». L'Elysée est, en effet, extrêmement pessimiste et donc inquiet sur le début 2009. On ne veut que des symboles « positifs » : détermination, courage, pragmatisme. Pour le reste, on fait toujours confiance.
Utilisant la métaphore royaliste, il a conclu sur ce point : « Les Français adorent quand je suis avec Carla dans le carrosse, mais en même temps, ils ont guillotiné le roi". Ouf ! il y a eu, enfin, une parole politique forte lors de ce buffet débat ! Le constat est affligeant : les parlementaires ont été avertis de leur rôle essentiel. Il leur faut désormais lire Gala, Voici, Closer, VSD, Paris Match Pravda, le JDD, regarder TF1 et bientôt, plus encore, France Télévision, pour adorer Nico et Carlita. S'ils sont sages, ils recevront même un CD soldé pour le premier de l'An, et il faut qu'ils se préparent à jouer aux suisses de la garde. Si, pendant ce temps, les Françaises et les Français manquent de pain... on leur promettra de la brioche. Ça les changera des couleuvres sur le pouvoir d'achat, l'égalité des chances, la justice, la diversité, la laïcité. Des principes dépassés : c'est la crise. Mais surtout, pas la crise de confiance présidentielle ! Le symbole, vous dis-je. Le symbole... rien que le symbole !
Mais je déblogue...

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commentaires

P
Ce ne sont pas des couleuvres que le chef de l'Etat fait avaler aux membres du gouvernement et aux élus de sa majorité, ce sont des barres de plomb! Des couleuvres, cela doit encore pouvoir se cuisiner, en temps de crise, bien assaisonné, bien relevé, et même si ce n'est pas très appêtissant, cela doit pouvoir atteindre l'estomac..mais des barres de plomb, cela conduit nécessairement à l'indigestion, voire à la mort brutale. Et pourtant, ils encaissent.... Un bon petit "buffet" élyséen fait passer la purge! c'est le contribuable exsangue qui régale, mais qu'importe. Tout ce qui compte, c'est que les troupes comprennent bien qu'il n'y a qu'un chef, qu'ils doivent obéir sans barguigner, s'aligner sans broncher derrière le Chef, le doigt sur la couture du pantalon et ne jamais élever la voix, encore moins contredire, pas même suggérer une objection. Rien! Seulement se souvenir que "le chef a toujours raison ".Qu'est-ce qu'on n'accepterait pas pour avoir seulement le droit d'être vu aux côtés de l'Etre Suprème....Demandez donc à Kouchner !
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