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30 avril 2006 7 30 /04 /avril /2006 07:17
La France va entrer dans une phase qui ne va surtout pas arranger son sort. En effet, la seule usine qui va embaucher sera celle des " coups tordus ". Elle vient d’ailleurs, durant la semaine écoulée, de créer des emplois de haut niveau à temps plein. Les meilleurs techniciens, les cadres d’élite, les spécialistes éminents n’ont plus besoin de pointer à l’ANPE, ils ont eu (et auront) du boulot. La fin de 2006 et le premier trimestre 2007 devraient même être extrêmement prometteurs. Et, pour une fois, ce ne seront pas seulement les officines parisiennes qui profiteront de cette embellie.
Les élections présidentielles génèrent, bien entendu, des embauches anticipées pour constituer des " staffs " ou des " écuries ". Pour recruter, le salaire n’a pas d’importance car il s’agit surtout d’un investissement potentiellement rentable qu’espèrent celles et ceux qui se présentent au guichet. Ils se retrouvent dans la situation des représentants ayant un " produit nouveau " à vendre et dans lequel ils croient pour obtenir, une fois le succès assuré, une " rémunération " convenable ou une promotion intéressante. Lentement les offres des services arrivent donc chez Sarkozy et chez Royal. Ils n’auront bientôt que l’embarras du choix.
A l’échelon départemental le cheminement devient le même. Pas un seul d’entre eux n’échappe à l’ambiance spécifique aux périodes préélectorales. Il faut avancer prudemment, en pensant que toute circonscription est minée, qu’il y a derrière tous les isoloirs un comploteur tapi dans l’ombre, que désormais à la nuit tombée il est fortement déconseillé de se promener seul. Le principe libéral de la concurrence frappe dans toutes les familles politiques, car désormais la règle veut que le plus performant soit celui qui peut gagner.
LE GENIE FRANÇAIS DES AFFAIRES LOUCHES
A l’échelon national, les services secrets ont ainsi été mis à contribution pour expédier dans le décor les adversaires potentiels. Dans notre pays, on a pu, ces derniers jours, constater que, s’ils sont associés à des manœuvres aussi fortes, il doit leur être aisé de couler n’importe quel élu de base ou n’importe quel citoyen dérangeant. Cependant, notre fierté nationale ne sort pas grandie de cette cuisine épicée par des haines personnelles, surtout quand, il y a quelques jours sur Canal +, il était possible de découvrir les tristes réalités rétrospectives de l’opération du Rainbow Warrior.
Celle de Clearstream relève de la même veine… Un réel triomphe du génie français des affaires louches. Un loupé monumental qui, dans bien des pays, provoquerait un séisme politique comme ce fut le cas, en Espagne, avec les fausses accusations sur les auteurs des attentats. Et nous, qui avons cette détestable habitude de donner des leçons au monde, il faut bien convenir que nous aurons désormais bien du mal à redorer une image pathétique.
Croire que nous échapperions, " à la base ", à ces tristes réalités, serait purement angélique. La France d’en bas, est également entrée dans la période des… services secrets (ou discrets) que l’on se rend entre amis ou même, le plus souvent, lors d’entrevues ou de coups de téléphone discrets, entre ennemis supposés. La machine à prendre " les pouvoirs " est en route. Elle fonctionne sur des principes enfantins dont je suis certain que vous vous souvenez : celui du jeu des chaises musicales. L’adaptation politique de cet amusement de fin de repas de mariage ou de communion est légèrement plus sophistiquée, car elle introduit depuis peu la parité, mais elle devient un sport national.
BIEN VISER LE SIEGE QUE VOUS SOUHAITEZ
Il faut exactement les mêmes qualités que dans les salles des fêtes en fin de soirée: bien viser le siège que vous souhaitez, ralentir ou accélérer la course selon la distance qui vous en sépare, et bondir au signal pour écarter les rivaux potentiels. Tout est plus facile quand vous avez détecté à l’avance les habitudes de l’arbitre, que vous savez bien observer tout à la fois le lieu que vous guignez et la réaction potentielle de l’organisateur.
En général, vous avez deux " écoles " pour réussir : celle basique qui consiste à tout faire soi-même, le moment venu, et l’autre, plus sophistiquée, reposant sur des partenariats ou des échanges de services. En général, plus on surveille un poste élevé et plus cette solution devient indispensable. Les bases de cette combine n’ont rien de très compliqué. Il suffit d’un brin d’esprit de complot et d’un état d’esprit audacieux.
Vous réunissez , dans un endroit confidentiel, (chasse privée, bergerie, restaurant éloigné ou carrément chez vous) un certain nombre de joueurs (amis ou adversaires), vous effectuez une juste répartition préalable des " fauteuils " avec comme discours : " je te laisse celui là, quand je serai arrivé ici. En échange, tu t’engages à ne pas y aller ou mieux, à m’aider. Et si je fais un croc en jambe à mes rivaux pour y parvenir, tu ne vois rien… ". Les plus habiles dans cet art de la distribution anticipée sont celles et ceux qui visent le plus haut, au nom d’une ambition planifiée. Ils calculent toutes les conséquences de leurs actes. Pour eux, ce qui est un jeu pour les autres, devient une occupation permanente et quasiment professionnelle. Ils sont devenus des stars des " fauteuils électoraux ", et n’hésitent absolument plus à afficher leurs ambitions. Prenons des exemples concrets.
SIX FAUTEUILS SENATORIAUX
En Gironde, au sein de l’UMP, les six fauteuils sénatoriaux sont disposés dans l’un des salons du Palais Rohan. Ce sont de beaux fauteuils, dont l’électeur moyen ne sait pas qu’il sont confectionnés sur mesure lors de l’entrée sous les ors du Palais du Luxembourg. Ils sont donc enviés. Dans la salle, en 2008, on laissera entrer, malgré leurs âges très différents : Jacques Valade, Gérard César, Xavier Pintat, Hugues Martin… qui disputeront la première manche réservée aux hommes. Enjeu : deux fauteuils avec, à chaque tour, un éliminé de poids ! Ils le savent et s’observent désormais du coin de l’œil.
Le duo César-Martin va tout tenter de faire glisser sur le parquet ciré, les deux autres… Et d’ailleurs Xavier Pintat voyant le danger venir multiplie les fêtes, voyages, repas et cérémonies, vis à vis d’éventuels supporteurs, grâce aux moyens que lui confèrent les présidence du Syndicat Départemental d’Energie Electrique de la Gironde (SDEEG), ou mieux encore la Fédération nationale de ces mêmes syndicats… La lutte sera chaude, mais dépendra en grande partie des résultats de 2007. Même si le départ n’a pas été officiellement donné, toutes les décisions actuelles tiennent compte de cette " partie " en cours. En tous cas il y a fort à parier que les " coups tordus " se préparent entre amis, avec ou sans l’aide de petits services discrets voire secrets  !
On trouve à l’UMP un autre volet original de ce jeu à la mode : le fauteuil tournant réservé . La technique en est beaucoup plus sommaire, mais pas forcément aussi aisée à pratiquer qu’on le croit. On doit, en effet, entrer dans la ronde des prétendants au moment opportun, sans donner l’impression que le retour s’effectue en brimant l’un ou l’autre. Très délicat, quand il faut le décider à des milliers de kilomètres de la salle retenue pour l’action. D’autant que vous ne maîtrisez pas les paramètres nationaux.
En acceptant que les journalistes locaux (France 3 d’abord, Sud Ouest ensuite) viennent dans les prochains jours recueillir au Canada ses intentions, Alain Juppé va… décider du lieu, de l’heure et des modalités de cette pièce, prévue à l’origine en deux actes mais réduite (effet CPE oblige) à un seul !
DROIT D’ENTRER DANS LA SALLE
A gauche, rien n’est plus simple. En effet, il faut dans les deux semaines qui s’ouvrent, obtenir le droit d’entrer dans la salle des " fauteuils électoraux ". Et là, il faut, une carte à jour et un sens inné de l’anticipation car normalement, si les propriétaires actuels ne se lèvent pas volontairement de leur siège, il leur demeure acquis. Mardi soir, au bureau national du PS, on pourrait en décider autrement…et ouvrir la " salle aux exceptions ".
En effet, il avait été convenu antérieurement que si un " sortant " abandonnait sciemment son poste il serait proposé à une femme…Comme ce soir-là seront définitivement réglés les cas litigieux de parité, place sera faite aux dérogations permettant d’éjecter " manu militanti " un homme et de le remplacer, par la force des " baïonnettes ", par un concurrent qui piaffe d’impatience dans l’antichambre depuis longtemps. Si le principe était retenu pour une circonscription (par exemple et à tout hasard la 5° en Gironde) il ferait éventuellement jurisprudence, sur la Blayais, ou à Mérignac, ainsi que dans de nombreux autres lieux, ce qui arrangerait tout le monde.
Au P.S., il faut avoir, en plus des qualités requises pour les chaises musicales, le don du joueur de billard à trois bandes et toujours chercher à qui va profiter le " crime " organisé. Réfléchissez chaque fois : si un tel obtient satisfaction, il libère une chaise ou un strapontin… donc, il peut le promettre à un autre, déçu de ne pas avoir pu participer au jeu ailleurs.  En tentant sa chance, un joueur contente parfois en cascade trois adversaires et s’en fait des alliés… Observez bien les 15 prochains jours, et vous allez vérifier que les effets collatéraux d’une seule décision ne seront pas tous négatifs pour tout le monde. Et si vous êtes élu, surveillez votre… siège !
Mais je déblogue…
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