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29 décembre 2008 1 29 /12 /décembre /2008 07:17

Vous n'avez plus que deux journées complètes pour respirer. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais nous venons d'avoir deux ou trois jours de vacances... présidentielles. Une sorte de paix médiatique inespérée qui a fait qu'il a été possible de ne pas avoir un, deux ou trois reportages sur la vie et l'œuvre du Président de la République. Hier soir, même pas une seconde dans les journaux télévisés... une véritable trêve dans le bombardement quotidien. Il est vrai que c'est tellement inhabituel que personne n'a relevé cette absence notoire au menu de la période postérieure au jour de Noël ! Attention, ce n'est qu'une pause dans une profusion quotidienne du sarkozysme médiatique. D'ailleurs, dès mercredi soir, le show reprend pour celles et ceux qui, manquant de conversation, regarderont la télé durant l'apéritif précédant le réveillon. En effet, toutes les chaines qui comptent, préparent « Sarkozy, le retour ! »... avec des vœux comme on ne les a jamais vus, car tout a été pensé depuis des mois par la cellule « communication » de l'Elysée, pour qu'on ne parle que du flacon, mais pas du contenu ! On a donc cherché à innover pour démontrer qu'il y a toujours du nouveau dans la forme, puisqu'il ne pourra pas y en avoir sur le fond. On le sait, il y aura le mot « réforme », le mot « crise », le mot « confiance »... et pour le reste, il faudra se contenter des promesses habituelles.
Elles seront plus belles, car mieux empaquetées. Si l'on en croit les oracles, Nicolas Sarkozy prononcera, à sa demande, son allocution debout ! Il y en a qui jouaient du piano debout, et ils ont connu le succès, donc désormais, plus question de s'asseoir derrière un bureau de style. Il faut faire moderne et direct ! « Il préfère cette position. C'est celle qu'il adopte tout au long de l'année derrière ses pupitres. Il est plus à l'aise », explique un de ses conseillers. Il devrait finalement aussi avoir recours à un prompteur pour lire son message, prévu pour durer moins de dix minutes, car au-delà, il sait que les cacahuètes, le saumon fumé et les toasts deviennent plus importants dans les foyers que les propos du président de la République, fût-il debout dans sa bibliothèque ! L'autre grande modification concernera le générique. Ce sera du grand spectacle, dit-on, façon Guerre des étoiles, au minimum ! Sur fond de Marseillaise, les vœux télévisés devraient s'ouvrir avec un travelling sur la tour Eiffel revêtue, encore pour quelques heures, du bleu de l'Europe. L'image d'un drapeau tricolore surgira ensuite dans la bibliothèque de l'Élysée, d'où Nicolas Sarkozy, rentré aujourd'hui du Brésil délivrera son message subliminal : « ayez confiance. Je suis là. Tout va pour le mieux ! ».
C'est le réalisateur Yves Barbara, qui officie sur l'émission Thalassa, qui installera sa caméra en ce lieu exceptionnel. Située au rez-de-chaussée, près du bureau de Carla Bruni-Sarkozy, cette pièce est celle où a été immortalisée la photo officielle de la présidence. Comme le général de Gaulle et François Mitterrand avant lui, il choisira le symbole de la culture pour asseoir son autorité. Accessoirement, cette petite salle rectangulaire est parfaitement adaptée pour retransmettre des images au format 16/9, produites par les caméras que les foyers français les plus aisés ou les plus accros du crédit, ont acquis ces dernières semaines. Ils en auront donc pour leur argent, avec un spectacle à la hauteur de leur investissement ! «Po-si-ti-ver !» Les communicants de l'Élysée ont trouvé la tonalité des vœux aux Français que prépare le patron. Il veut envoyer un message positif, il veut adresser des vœux concrets. Son intention est de dire aux Français qu'après avoir changé l'Europe, il est en train de changer la France, et que 2009 sera l'année des réformes les plus difficiles, celles auxquelles les « forces du mal » vont s'opposer !

QUI A PAYE ?
Le Président nous manque déjà. Il n'est plus en voyage dans la France d'en bas, puisqu'il rentrera du Brésil d'en haut ! Il va donc nous rentrer bronzé et détendu comme jamais. Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy sont en effet passés par l'aéroport d'Ilheus, dans l'Etat de Bahia, à bord d'un Falcon 900 (de la république Française ou d'un ami privé ?), avant de prendre un hélicoptère de la Marine brésilienne, jusqu'à l'hôtel Txai Resort d'Itacaré. L'ensemble hôtelier, qui est composé de plusieurs bungalows, fait face à la mer.
Un lieu paridisiaque, mais surtout très protégé. Les bungalows, éloignés les uns des autres, sont implantés dans une cocoteraie, à l'abri des regards indiscrets... mais, comme toujours, sur le mode ostentatoire. Les images étaient forcément interdites, mais elles ont tout de même été possibles, malgré un déploiement impressionnant de forces de sécurité. Personne ne sait si le séjour était... gratuit, et donc qui a payé ou contribué aux frais des intéressés.
L'Elysée, dont le budget a considérablement enflé, se refuse à tout commentaire sur le sujet. La délégation française occupe une dizaine de bungalows, à plus de 800 euros la nuit, dans cet hôtel isolé de la côte brésilienne, mais on ne va pas en faire une histoire en France, d'autant que, selon les journalistes du pays d'accueil, la société du père de Carla Bruni-Sarkozy, l'entrepreneur italien Maurizio Remmert, possède une maison de villégiature dans le condominium de la branche Resort.
Le couple profiterait donc, en compagnie du fils de l'ex-top model, Aurélien, et de sa belle-mère, de vacances gratuites. La sécurité rapprochée du couple tente pourtant de tenir les journalistes à l'écart. Un incident aurait d'ailleurs opposé des agents chargés de la sécurité de la délégation française, à des journalistes, comme cela s'est déjà produit ailleurs, en d'autres circonstances. Pour assurer la protection de la délégation française, un navire de la Marine nationale brésilienne interdit aux bateaux d'approcher. C'est donc volontairement que l'Elysée a sevré les médias français d'images, pour que le retour soit plus... alléchant !

DE LA PUB A GOGO
Le rythme habituel va vite reprendre ! Et d'ailleurs, dès le premier jour de l'an neuf, vous aurez droit sur France 2, en deuxième partie de soirée, à un documentaire sur Carla Bruni-Sarkozy, tourné à l'occasion de l'enregistrement de son troisième album « Comme si de rien n'était ! » Cette programmation est faite... avant que la publicité ne soit interdite, le soir, sur les chaînes dites publiques. Contribuables, vous aurez, je l'espère, une pensée émue, en constatant que dès le 1er janvier votre redevance sera bien utilisée ! Dans ce documentaire de 69 minutes, le réalisateur George Scott revient sur la carrière musicale de l'épouse du président de la République : ses premières collaborations avec Julien Clerc, pour qui elle a écrit plusieurs textes, son premier album « Quelqu'un m'a dit », puis son deuxième « No promises ». Carla Bruni-Sarkozy s'y « dévoilera », selon le communiqué de la chaîne, à travers ses confidences et celles de ses proches, mais aussi grâce à de nombreuses images d'archives qui retraceront sa vie d'artiste. Mais, bien entendu, ce n'est que purement fortuit ! Tout aussi fortuit que le grand numéro de Bernard Tapie, sur la même chaine, qui vivra bientôt avec le fruit de vos impôts.
Non content de s'offrir un joli cadeau de Noël, avec la diffusion de la pièce de théâtre dont il était le héros en prime-time le soir de Noël, Bernard Tapie en a aussi profité pour offrir un beau cadeau à sa fille adorée, Sophie. A la fin de la pièce, après que les comédiens ont salué un public visiblement enchanté par cette pièce de boulevard comme il y en a tant, Sophie Tapie s'est installée sur scène avec un tabouret et un guitariste, et a poussé la chansonnette pour faire la promotion de son premier album. Il n'y a pas de raison : prise d'otage de la télévision publique pour publicité détournée, à deux reprises, ce n'est pas puni par la loi, et on a vu ce que pèse le CSA dans le paysage politique ! Si j'étais à la place du fils du Président, je protesterais, car lui-aussi mériterait une émission spéciale pour promouvoir les disques de ses chanteurs sous contrat !

LES COPAINS SE PLANTENT
Peut-être, donc, qu'aujourd'hui vous n'aurez droit qu'à des images publicitaires muettes sur le couple présidentiel rentrant dans la froidure de la crise après avoir fréquenté le paradis de l'opulence dont il rêve. Pour le reste, on attendra la ronde des vœux à l'Elysée pour faire défiler sur les écrans les mille et une réformes présidentielles. Le feuilleton du remaniement ministériel va débuter, avec son casting à droite et ses traitres à gauche, les épisodes judiciaires seront minutieusement agencés afin que de Villepin cuise à petit feu, et chaque jour, un voyage auprès du Peuple sera programmé, le désir d'avenir de la moitié du PS affrontera le désir de rester de l'autre moitié, les parlementaires UMP avaleront couleuvre sur couleuvre, avec l'appétit de ceux qui veulent se prémunir d'une famine de circonscriptions... La routine. Ou presque. Le nouvel ancien directeur de France Télévision, désigné en toute équité par le Président, modifiera la grille des programmes, pour pouvoir accueillir les amis des amis de celui à qui il vouera une reconnaissance éternelle ! Ils seront toujours les bienvenus, même si Tapie n'a pas véritablement convaincu, puisque le soir de Noël, sur TF1, « Robin des Bois, prince des voleurs » toujours aussi populaire a réuni 5.810.000 de téléspectateurs (29.3 % de part d'Audience) et que, sur la seconde marche du podium, et c'est une surprise, on trouve un autre héros populaire, Astérix. Sur M6 le Gaulois récalcitrant a attiré 3.809.000 de téléspectateurs (17.7 % de PDA).
L "Oscar" de Bernard Tapie n'a rassemblé que 3.473.000  téléspectateurs (16.4 % de PDA). Une misère, quand on sait les efforts déployés par de Carolis pour vendre sa nouvelle « vedette », qui d'ailleurs a été extrêmement satisfaite de ce résultat. Il est vrai que Tapie, devancé par le « Prince des voleurs » qui prenait aux puissants injustes, et tyranneaux de basse cour, pour distribuer aux pauvres, c'est réconfortant. D'autant qu'Astérix, petit agité parcourant le monde pour défaire les légions de César est aussi dans le coup... D'ici à ce que ce soit un bon signe pour 2009, et que ces deux « résistants » historiques prennent le dessus sur les courtisans, je n'en serais pas étonné. Allez, profitez bien de votre journée sans Sarkozy. C'est la dernière de l'année !
Mais je déblogue...

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