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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 07:17

Quoi de neuf ce premier jour de l'an ? L'année d'abord, qui sera placée sous ce chiffre, et qui pourtant ne vaudra pas un sou, tellement elle s'annonce désastreuse ! Ensuite, aux galeries Lafayette du pouvoir, il y aura chaque jour une nouveauté : c'est la seule certitude que nous ayons ! Elles dureront ce que durent les promesses sarkozystes, l'espace d'un discours. Elles disparaîtront, comme ces mirages qui trompent les voyageurs errant dans le désert des valeurs, et qui se raccrochent à la vision évanescente d'une oasis de l'espoir.
Les propos de hier soir, tenus par le président de la République bling-bling, ne sont guère rassurants, car ils sont bien en-deçà de la vérité. Vous avez peut-être manqué une description apocalyptique de la réalité, avec l'utilisation de mots à contre sens, puisqu'ils ne s'adressent absolument pas à ceux qui devraient les entendre. Faire du neuf avec de l'usagé c'est tout bonnement mettre des rustines sur une chambre à air, artificiellement gonflée depuis des mois et qui ne cesse de se percer. Or, pour 2009, nous n'avons que des rustines dans les poches, mais aucun moyen pour acheter des chambres à air !
Comment ne pas être révolté, quand on entend ce type de phrase : « les difficultés, mes chers compatriotes, nous avons les moyens de les affronter ». Comment ? « A condition d'être solidaires les uns des autres ». Notamment grâce au RSA, qui doit permettre de « revaloriser le travail ». Cependant, le chef de l'Etat estime que « chacun devra faire des efforts. Car de cette crise va naître un monde nouveau auquel nous devons nous préparer en travaillant plus, en investissant davantage, en poursuivant les réformes ». Il  n'y a rien de neuf ! Pire, c'est de la publicité mensongère. D'abord, en expliquant que la France « a les moyens de les affronter ». Quelle France ? Celle des fonctionnaires attaqués de tous cotés ? Celles des ouvriers licenciés, des employés renvoyés, des commerçants dont le chiffre d' affaires plonge, celle des artisans sans carnet de commandes, celle des viticulteurs au bord du dépôt de bilan, celle des étudiants sans débouchés malgré des niveaux de plus en plus élevés, celle des vendeuses de grandes surfaces en temps partiel non volontaire, celle des enfants qui ne mangent pas à leur faim, celle qui emprunte chaque seconde pour simplement assurer ses dépenses de fonctionnement ? Quelle France a les « moyens » d'affronter la crise ? Celle du paquet fiscal ? Celle qui se refait la santé au gré des variations du cours de la Bourse, celle qui possède les outils de travail, celle qui améliore ses profits par des licenciements, celle qui parvient à ne pas contribuer à l'effort commun en se faisant exonérer via les niches fiscales, celle des copains, celle des dirigeants des banques prêts à se refaire une virginité en sucrant tous les crédits ? Quelle France peut affronter sans crainte les semaines de l'an neuf ? Quelle France a encore les forces nécessaires pour combattre ce qu'on lui impose ? Quelle France souffre en constatant que celles et ceux qui l'ont plongée dans l'eau glacée de la récession sont encore présents au pouvoir ? Quelle France joue au poker menteur avec des milliards qu'elle n'a pas ?
Nicolas Sarkozy ose même piquer une valeur de gauche pour la brandir comme un mouchoir susceptible d'éponger le sang et les larmes. Il a en effet lancé une seule idée neuve : la solidarité ! Il y a là matière à s'étouffer, à s'étrangler, à se jeter par une fenêtre. En 2009, il faudra être « solidaires » ! Mais qui doit être solidaire et solidaire vis-à-vis de qui ? Solidaire d'un gouvernement qui ne pose jamais la question fondamentale au moment du bilan 2008 : qui nous a conduit au point où nous en sommes ? La Gauche ? Les syndicats ? Les ouvriers ? Les agriculteurs, les petits commerçants, les travailleurs ? Devrons nous maintenant payer l'addition pour celles et ceux qui se sont durant des années vautrés dans des profits faramineux ? Est-ce véritablement sincère d'appeler à la solidarité des gens qui ont délocalisé leurs activités, qui ont délocalisé leur résidence, qui ont délocalisé leurs fortune ? Est-ce crédible d'imposer aux autres une solidarité que l'on ne s'impose pas à soi ? Est-ce un acte fondateur d'une découverte politique voulant que le Conseil National de la Résistance ait eu une vision juste de la vie française en imposant la sécurité sociale, les allocations familiales, les services publics, l'école publique laïque et obligatoire ? Extraordinaire utilisation d'un mot, par le Président d'une République qui ne croit plus du tout en sa devise, et qui prétend que ses réformes vont renforcer la solidarité ? Pas une seule réforme en 2008 qui n'ait pas généré une dérive vers moins de solidarité, vers plus de chacun pour soi, de concurrence déloyale, de refus de participation à l'effort commun, au nom d'un seul principe : réaliser le plus de profits possible!
A cet égard, il faut extraire d'une longue diatribe autosatisfaite, la seule véritable promesse qui sera tenue : « chacun devra faire des efforts ! » C'est un véritable engagement qu'il faudra tenir : chacun devra faire des efforts, mais ceux qui en feront le plus sont forcément ceux qui ont le moins les moyens d' en faire ! Et dans ce domaine, les idées ne manquent pas pour 2009 : un système éducatif à deux vitesses, les franchises médicales qui pèsent sur les mutuelles, l'accès aux soins de plus en plus difficile, le logement à des prix abordables inexistant, les impôts totalement inégalitaires, la disparition des départements, seule collectivité consacrant plus de 50 % de ses moyens aux volets sociaux, la privation d'emplois stables pour tenir le Peuple par l'angoisse... Devinez qui fait des efforts ? L'Elysée qui a encore accru son budget ? L'Etat qui creuse les déficits ? Les banquiers qui augmentent leurs rémunérations sur un crédit rare pour reconstituer leurs réserves ? Les capitalistes dont la seule obsession est de nier la valeur de l'Homme pour ne voir l'avenir qu'en termes de ratios financiers ?
Ces vœux constituent un aveu terrible d'échec, compensé par des louanges autoproclamées partant du principe que rien ne vous interdit de dire du bien de vous quand les autres pensent le contraire ! En fait, il y avait quelque chose de pathétique dans cette mise en scène bling-bling, dans ce décorum décalé des réalités sociales, dans ces propos dignes de Clémenceau appelant le Peuple en entrer dans un effort de guerre ! En 2009, la France sera gouvernée à vue, dans le brouillard, avec devant le navire, des hommes liges testant la profondeur disponible pour éviter que le navire s'échoue totalement et soit cloué au sol. Si gouverner, selon le principe célèbre, c'est prévoir, préparez vos mouchoirs pour 2009, car il y aura du sang social et des larmes de crocodile à essuyer sur le carrelage du quotidien !
Je forme seulement le voeu sincère qu'en 2009 vous ayez le courage et la ténacité nécessaires pour résister et ne pas vous laisser laminer pour l'idéologie culpablisatrice voulant que nous soyons collectivement responsables des échecs d'un système social devenu fou! Et si vous devez être solidaires, respectez le voeu présidentiel, en l'étant de ceux qui luttent parce que ce sont eux qui nous permettront de survivre!
Mais je déblogue...

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commentaires

A
Oui, c'est un très bel article qui mériterait d'être lu par le plus grand nombre de nos concitoyens, et tout particulièrement par nos responsables politiques en général, et encore davantage par les nouveaux dirigeants du Parti Socialiste ! On n'a pas lu beaucoup de réactions à ces voeux d'un Président de la République qui n'avait manifestement pas grand chose à dire aux français qui puisse les réconforter, en ce début d'année 2009! Et bien peu de responsables, à gauche, ont eu le courage de répondre avec autant de conviction et de lucidité que toi, Jean-Marie.Encore bravo, et merci.<br />  
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L
Un très bel article. Je l'ai adressé à tous mes amis qui ont les pieds sur terre.....pour qu'ils profitent de cette excellente analyse.Meilleurs voeux pour 2009 quand même !
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Y
évidemment cette analyse est implacable de bon sens et de justesse. certains ténors parisiens feraient bien de lire l'autre quotidien avant leurs points presse, leurs communiqués ou d'aller sur les plateaux télé, ça leur donnerait un certain accent de vérité, un côté en phase avec le citoyen moyen qui connait et ressent la vie (la vraie)... merci JMD
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C
Tu pousses vraiemnt de très beaux coups de gueule.Merci et bravo
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N
Magnifique! C'est bête à dire, mais c'est le premier mot qui me viens à l'esprit...Comme vous, j'ai été révoltée par les "voeux" de Sarkosy; vous, vous m'avez galvanisée!Ah, si le Parti Socialiste pouvait reprendre ces accents Jaurassiens pour enfin éclairer une autre voie...Encore merci et...bonne année!Nadine
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