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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 07:17

Le mot « jeunesse » a bien du mal à cohabiter avec le mot « commissaire »… il faut bien avouer qu’ils n’ont jamais fait bon ménage, et même, il est impensable qu’ils puissent se retrouver du même côté de la barrière. Et pourtant, afin de masquer son incapacité à comprendre l’angoisse réelle qu’éprouvent actuellement les jeunes, Nicolas Sarkozy vient de les réconcilier. C’est probablement sa plus grande réforme, car elle ne rime à rien, sauf à masquer une fois encore les véritables problèmes. Et il a trouvé l’idée géniale, celle qui va effacer toutes les difficultés que rencontrent les collégiens, les apprentis, les lycéens et les étudiants pour boucler leurs études dans de bonnes conditions ou, plus encore, pour dénicher un boulot fiable et durable. Elle n’est pas neuve, puisqu' elle a été portée en des temps véritablement noirs. En effet, on retrouve à l’époque de l’Etat Français un commissaire aux chantiers de jeunesse ! Voilà une idée qu’elle était bonne et qu’il fallait absolument réhabiliter.

Une Ministre de la santé, de la jeunesse et du sport dépassée par les événements, un secrétaire d’Etat des sports et de la vie associative, dépassé par tout ce qui ne relève pas de la lapalissade politique, et un Ministre de l’Education désavoué en permanence par son propre "patron",  ne suffisent plus à masquer les réalités d’un échec patent. Alors, on ressort les belles recettes d’antan, celles qui font croire que l’on peut traiter les jeunes en dehors des réalités sociales globales. Qu’il soit « haut » ou « bas » commissaire, Martin Hirsch ne résoudra rien, car il n’aura aucun pouvoir réel sur les « chantiers » ouverts par ses pairs. En fait, il a échappé de peu au titre peu honorable de « commissaire aux chantiers de jeunesse ». Tous les gouvernements, allant de ceux de Staline à ceux de Pétain, en passant par celui de Mao, ont affublé les moins âgés d’un « commissaire ». Il ne manquait que le nôtre pour trouver que cette dénomination va rendre crédible une politique destructrice de l’avenir de celles et ceux auxquels elle est destinée.

On détruit tout sous leurs yeux, et on les assure qu’une simple modification des titres, au sein d’un gouvernement n’ayant pour eux aucune considération, suffira à modifier leur sort. Il suffit d’une annonce faite à Saint Lô, superbe capitale provinciale qui apportait trois symboles forts au Président de la République. D’abord elle est tenue par un maire UMP (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Speedy Sarko ne va jamais dans une autre ville qu’UMP canal Sarkozy) qui a trahi son ex-premier adjoint, vieil ami de trente ans, en le destituant le jour de l'élection. Ensuite, cette ville prospéra durant le XIX° siècle dans la fabrication des… bas de laine, dits « d’estame », et par les temps qui courent, c’est inappréciable ! Enfin, elle fut un « champ de ruines », tellement elle fut bombardée durant la dernière guerre, comme l’est actuellement la France. En s’y rendant pour réconforter les Normands et en y effectuant une déclaration aussi importante que celle de la nomination d’un Haut commissaire aux « chantiers de jeunesse », il a de nouveau inscrit la ville dans l’Histoire : l’appel de Saint Lô à la jeunesse !  Les réactions n’ont pas tardé !
BELLE JAMBE

La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a immédiatement salué comme « une initiative forte et heureuse » la création d'un Haut commissariat à la Jeunesse, confié à Martin Hirsch. Un soulagement surtout, car elle n’aura plus à se coltiner les problèmes sociaux s’accumulant pour les étudiants.

« Elle est révélatrice de l'engagement du président de la République en faveur de la jeunesse qui s'était déjà traduite par la priorité donnée à l'amélioration des conditions de vie étudiante depuis mai 2007 », a-t-elle dit. Au moins, elle manie à la perfection la brosse à reluire ! Dans le fond, il faut bien le reconnaître, c’est encore François Bayrou qui a eu les mots les plus justes pour qualifier cette nouveauté à deux sous ! Le président a ironisé en déclarant : « J'ai l'impression que ça va faire une belle jambe aux jeunes. Je ne suis pas sûr que ça change quoi que ce soit d'avoir un haut-commissaire de plus. Généralement, quand on crée des fonctions ministérielles, ça ne garantit pas que les problèmes vont avancer, surtout lorsqu'ils sont aussi larges que cet intitulé le suppose, c'est-à-dire la jeunesse », a-t-il dit.
Commentant la création d'une mission de concertation pour la réforme des lycées, confiée au directeur de l'Institut d'études politiques de Paris (IEP) Richard Descoings, 50 ans, il a estimé: « Comme toujours, lorsque l'on veut se débarrasser d'un problème, on crée une commission. Ce doit être la 23ème, 24ème, 28ème, je ne sais pas combien, commission de plus. Généralement, ça a une signification directe: c'est que le ministre n'est plus en charge du dossier », a-t-il poursuivi. Et il en connaît un rayon en la matière, car quand il fut au pouvoir… il n’a jamais constitué des commissions débouchant sur un rapport déposé sur une étagère d’un ministère.
En fait, rien ne sera donc véritablement changé dans une société qui ne considère plus que sa première priorité est celle de l’éducation, de la formation, de la recherche. Il fallait nommer un Haut Commissaire à la destruction du service public d’éducation pour les jeunes… car les résultats auraient été plus rapides et plus spectaculaires, tant les avancées sont efficaces dans ce domaine.
LA CATASTROPHE MENACE

« C'est vraiment logique, avec ce que je défendais », a affirmé hier dans l'après-midi le Haut commissaire aux Solidarités actives, à l'occasion de la visite d'un centre de formation d'apprentis à Paris, ajoutant qu'il était content de cette décision. « On manque de réponses pour les 16-25 ans » (la faute à qui ?), a-t-il dit, précisant qu'il allait « s'occuper de tous les jeunes, pas seulement de ceux qui sont en difficulté », évoquant des questions comme celle du logement, de la santé, de l'emploi ou de la formation (dommage que ses collègues, dans ce gouvernement à géométrie variable, n’en aient jamais eu conscience !).
A cet égard le RSA, qui apportera une aide supplémentaire d'en moyenne 100 euros aux travailleurs pauvres et à ceux qui reprennent un emploi, s'est trouvé justifié, de façon imprévue, par la crise économique, mais les jeunes de moins de 25 ans en sont exclus, alors que les associations d'insertion mettent en avant, depuis plusieurs années, la situation particulièrement difficile de cette tranche d'âge, dont les quelque 160.000 jeunes sortant sans qualification du système scolaire.

Selon les indicateurs de la pauvreté, publiés par le Haut commissariat aux Solidarités actives, la proportion de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, a augmenté de 9% de 2003 à 2006 pour s'établir à 14,5%. On règlera tout cela en supprimant 13 000 postes dans l’éducation, et on affame les organismes de formation et les associations d’insertion ! Alors que la proportion de personnes pauvres en France (revenu inférieur à 60% du revenu médian, soit 817 euros par mois) s'élève à 12,1% de la population en 2006, elle grimpe à 21% chez les 18 à 25 ans . Ce qui justifie la nomination de « l’héritier » de l’abbé Pierre ! La situation n'est donc pas nouvelle, mais elle ne peut que s'aggraver. En temps de crise économique, ce sont les salariés jeunes, souvent en intérim ou en CDD, qui sont les premiers concernés par les suppressions d'emplois.
UN OUBLI INQUIETANT

Hier Martin Hirsch a réaffirmé, pour qu’on ne se méprenne pas sur son rôle, qu'il n'avait pas l'intention de proposer d'étendre le RSA aux moins de 25 ans, car il ne sait pas encore comment il va réellement financer le dispositif actuel ! « Il faut penser des mesures spécifiques, inventer quelque chose qui réponde mieux aux spécificités des jeunes. On va mettre autre chose en œuvre », a affirmé le Haut Commissaire.

Il avait été interpellé sur cette question par les associations, mais aussi par les jeunes eux-mêmes, étudiants ou chômeurs, lors des assises de la Jeunesse qui se sont tenues le 17 octobre, à l'occasion de la journée du refus de la misère. Il avait alors proposé la « même démarche que pour les adultes avec le RSA », c'est-à-dire le lancement d'expérimentations pour répondre « aux besoins de revenus, d'emploi et de formation » des jeunes, et annoncé la création d'un « fonds d'expérimentation », doté alors de 10 millions d'euros. Il croit qu’il a véritablement un pouvoir en la matière.
Dans la cité du bas de laine et des ruines, Nicolas Sarkozy devait annoncer (c’était écrit dans son projet de discours) que ce fonds serait doté de 150 millions d'euros, mais le chef de l'Etat ne l'a pas fait … oralement. Un oubli révélateur des pouvoirs qu’aura le Haut Commissaire. D’ailleurs, il a donné peu d'indications sur cette « politique de la jeunesse » confiée à Martin Hirsch, affirmant simplement qu'elle devait « être tournée autour de l'idée de renforcer l'autonomie ». C’est plus joli et ça ne coûte pas cher !
En fait, ses vœux se succèdent et se ressemblent. Ils se résument en un slogan, comme vendredi lors de ceux dédiés aux personnels hospitaliers : « la solution n'était pas plus d'argent, plus de postes ». On s’en serait douté, et on aurait pu économiser un déplacement onéreux à Saint Lô, pour entendre pareille sornette. Mais dans le fond, qui écoute désormais ce type de déclaration à part les apôtres, les fidèles et les croyants ?

Mais je déblogue…

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commentaires

J
Commissaire, nous voilà  ....Quels doux souvenirs !
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P
 Qu'est-ce qu'un Commissaire à la Jeunesse peut bien inventerde nouveau qui puisse apporter quelqu' espoir à la jeunesse de ce pays, qu'elle soit étudiante ou au travail? Des mots, toujours des mots, toujours des câlineries sarkoziennes vides de sens, toujours des discours qui semblent davantage s'adresser à des simples d'esprit, qu'à des citoyens responsables, conscients que des promesses lénifiantes ne changeront rien à leur situation actuelle, dès lors que ceux qui nous gouvernent ne disposent d'aucun crédit autre que ceux qui peuvent enrichir les banquiers et les possédants....Alors, la jeunesse, même confiée aux bons soins d'un quelconque "commissaire" n'a guère d'espoir de voir son sort s'améliorer et on est en train de tout faire pour la conduire à la révolte, que l'on réprimera bien sûr avec toute "l'autorité" que méritera l'attitude de ces chenapans qui ne comprennent rien aux dures réalités de la crise que seul, notre guide suprême, dans sa sagesse agitée et désordonnée, est capable de maîtriser, et, qui sait, de résoudre...on peut toujours rêver !!!
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