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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 07:17

Pourquoi modifier une recette qui perd ? Ce sera la leçon du mouvement social de la Guadeloupe, et plus largement des DOM ! Depuis des semaines, les économistes les plus impartiaux (si, si il en existe) ne cessent de ressasser les méfaits de l'obstination présidentielle. Elle repose sur un système libéral de pensée pavlovien qui consiste à prescrire des remèdes identiques quel que soit le diagnostic ! Inutile de chercher : l'imagination n'a jamais été au pouvoir, comme si les résultats des procédés maintes fois appliqués étaient positifs.
Le premier principe essentiel pour résoudre un problème qui est face à vous consiste à d'abord nier toute responsabilité dans la recherche d'une solution. On laisse allègrement pourrir la situation en expliquant que la maladie est purement psychosomatique et qu'elle ne relève pas d'un traitement de fond. En Guadeloupe, il a fallu une véritable hémorragie de violence pour que le gouvernement prenne la mesure de la situation. Trop tard, comme sur beaucoup de sujets. La crise n'a pas été traitée massivement dès le début et donc les dégâts seront irrémédiables, puisque l'île est entrée dans une sorte de coma social, avec des convulsions qui ne se résorberont pas du jour au lendemain.
Même un bon bonimenteur, arrivant après l'épidémie, ne parviendra pas à résorber les destructions du tissu vital de l'île. Il ne fallait pas attendre autre chose d'une président de la République refusant d'accepter ses responsabilités dans les erreurs de diagnostic. Il n'a pas voulu pour la France d'un plan cohérent pour enrayer, dès le début, les effets de la crise mondiale et il est, maintenant, quotidiennement contraint à recoudre les plaies béantes d'une économie en perdition. Il y a eu une première ordonnance, purement théorique, puis une seconde, avec un cachet d'aspirine pour la fièvre qui couve chez les moins immunisés, et personne n'en doute, il y en aura dans quelques semaines une troisième quand la France sera moribonde ! C'est inévitable, et c'est la pure illustration du phénomène de l'agitation autour de l'appareil de perfusion, dans lequel on oublie de mettre les bonnes doses de produits pourtant indispensables. Nicolas Sarkozy a cru que la Guadeloupe se faisait porter pâle par pure opposition, alors qu'elle souffrait profondément et qu'elle relevait des urgences. Pour la métropole, il n'a pas encore compris que l'homéopathie avait ses limites, tout comme le goutte à goutte, avec une dilution très forte.
Le second principe repose sur une idée déjà ancienne, mais qui marche toujours. Il s'agit purement et simplement du dédoublement des responsabilités. En effet, il s'agit de transférer financièrement sur tout le système externe à celui de l'Etat les dépenses de « santé sociale ». En Guadeloupe, on va tenter d'éteindre la fièvre avec l'argent des autres. Il promet des primes venues du RSA, alors qu'il oublie de préciser que l'attribution de cette allocation dépendra du département... qui peut se faire du mauvais sang, beaucoup de mauvais sang, sur les transferts financiers qui lui permettront de payer les promesses présidentielles. Il pose du mercurochrome sur les fractures sociales, avec l'espoir que les plaies se refermeront d'elles-mêmes, s'il arrive à mettre l'opinion sous morphine médiatique. Il y ajoute une pincée d'exonération de charges afin de répéter l'éternelle potion magique.
On distribue l'argent collectif de la solidarité en expliquant que la crise nécessite que l'on ne s'en prenne pas aux responsables de la crise. En Guadeloupe, il est en effet certain que les paradis fiscaux des Caraïbes n'ont jamais accueilli les profits considérables réalisés au détriment des salariés par des patrons de combat. Du moins, on peut le faire croire : pas un euro n'a fui vers Saint Martin ! Alors pour satisfaire une revendication quelle qu'elle soit on se contente de répondre : exonération ! Exonération des contributions à la sécurité sociale, aux URSSAF, aux Assedic, aux caisses de retraite... enfin, de mettre à mal tout le système actuel par répartition solidaire des participations ! En fait, Nicolas Sarkozy se contente de piquer aux uns ce qu'il accorde aux autres !

ANNONCES PERMANENTES
Le troisième principe réside dans l'hypnose collective. Facile quand on a les moyens d'intervenir à loisirs sur les écrans cathodiques qui fascinent les ménagères de 50 ans et leurs familles bien pensantes. Nicolas Sarkozy ne soigne pas encore par l'imposition des mains, mais par celle des mots ! Il noie son auditoire sous un flot de chiffres, sortis du chapeau de Bercy, mais dont personne ne connaît l'origine. On est dans l'illusion permanente, et il rajoute dans le pathos pour fasciner les retraités apeurés ou les gogos bienveillants. Il pratique le bonneteau avec une exceptionnelle dextérité, raflant les mises, en promettant des gains extraordinaires... le diable se niche dans les détails, mais dans le fond, qu' importe le flacon pourvu qu'il distille l'ivresse !
Montant en première ligne dans le conflit social avéré ou latent d'Outre-mer, Nicolas Sarkozy a promis de se rendre « dès le calme revenu » en Guadeloupe, à l'occasion d'états généraux qui se dérouleront dans tous les départements d'outre-mer. Outre un « effort supplémentaire » de 580 millions d'euros, il a également annoncé que l'Etat était prêt à exonérer de charges sociales une prime mensuelle que les entreprises voudraient bien verser aux plus bas salaires... On prend les mêmes principes, et on continue !
Le chef de l'Etat « a pris des engagements forts devant nous. J'espère que tout cela sera respecté dans des délais raisonnables », a réagi le président du conseil régional de Guadeloupe Victorin Lurel, reçu en compagnie des autres élus ultramarins à l'Elysée. Il a notamment estimé que la prime que l'Etat s'est engagé à exonérer de charges était une « proposition raisonnable. C'est sur la table. On aura à l'évaluer, à la soupeser. En tout cas, ça me semble personnellement aller dans le bon sens », a-t-il jugé... comme si l'on pouvait avoir confiance dans un effet d'annonce répétitif : on exonère à tout va, sans expliquer que l'on ne fait que repousser la faillite d'un pays, privé en permanence de ses ressources de solidarité. Le Medef rêve car il peut espérer maintenir ses profits, comme pour le CAC 40, en faisant payer aux générations futures le manque de recettes pour assurer son avenir dans le domaine des retraites, de la santé, de la dépendance...

DANS LA POCHE DES AUTRES
De même, il a encore promis un « effort supplémentaire de l'Etat au profit des quatre DOM », d'un montant total de 580 millions d'euros, dont 280 millions au titre du Revenu de solidarité active (RSA), et 150 millions d'euros supplémentaires dans le cadre de la loi pour le développement de l'outre-mer, qui sera examinée en première lecture au Sénat à partir du 10 mars. Allons-y gaiement, avec une décroissance probable en 2009 de près de 3 % !
Face aux vives revendications sur le pouvoir d'achat, à l'origine de la crise en Guadeloupe, Nicolas Sarkozy a annoncé que l'Etat était en effet « prêt à exonérer de toute cotisation sociale (patronale ou salariale) l'augmentation qu'accorderaient les entreprises des DOM à leurs employés, sous la forme d'une prime », pendant une durée maximale de deux ans... Le montant de cette prime, qui pourrait être versée à 45.000 salariés touchant 1 à 1,3 SMIC, sera à négocier par les partenaires sociaux dans le cadre de discussions par branches.
L'Etat accompagnera cette prime avec une application anticipée du RSA, de la prime pour l'emploi, « et l'en exonérant de toute cotisation » (hormis CSG et CRDS, qui devraient toujours être acquittées), précisait-on à l'Elysée. Au total, « nous pouvons, ainsi, arriver très près de la demande initiale de 200 euros supplémentaires », a déclaré Nicolas Sarkozy. Il oublie de conclure : ces 200 euros seront en fait donnés par les... contribuables et pas par les entreprises excédentaires ! Absurde, délirant, irresponsable, mais on en arrive à ce que l'Etat paye à la place des entrepreneurs une partie du salaire de base!
Enfin, il a réédité sa proposition immuable : diluer le problème concret immédiat dans des commissions, des Grenelle, des médiateurs, et des études. En initiant selon lui « la plus grande consultation jamais réalisée en outre-mer », le chef de l'Etat a souhaité l'organisation, dans chaque collectivité, d'états généraux « avec tous les acteurs sociaux, économiques et politiques pour débattre des grands enjeux de l'outre-mer ».
Le président a identifié cinq sujets à aborder lors de ce processus: « la formation des prix, les circuits de distribution et le pouvoir d'achat, les productions locales et les conditions d'un développement endogène au bénéfice des ultramarins, les évolutions institutionnelles locales et l'adaptation des administrations centrales, les chantiers de la relance et les grands projets structurants en outre-mer » et enfin « la rénovation du dialogue social ». Franchement, on croirait un programme d'élections présidentielles. Comment peut-on affirmer que tous ces sujets ne seraient pas utiles à évoquer en Métropole ? Qui ne rêverait d'Etats Généraux sociaux sur ces réalités qui sont soi-disant résolues chez nous par un tsunami de réformes !

L'AVENIR EST DANS LA POLICE
En mai prochain, les propositions soumises dans le cadre de ces états généraux seraient rassemblées en une synthèse à Paris. Et, avant la fin mai, un premier conseil interministériel de l'outre-mer pourrait alors se réunir sous la présidence du chef de l'Etat « pour arrêter un ensemble de décisions qui constitueraient un vaste plan de modernisation de l'outre-mer et de sa relation avec la métropole »... Mais diable, pourquoi impose-t-on chez nous des solutions absurdes sur tous ces points, alors qu'il est admis après un mois de grève générale qu'elles ne sont pas valables pour la Guadeloupe ? Pour François Fillon « on est en train de creuser la dette dans notre pays, il ne faut pas se raconter d'histoires ». C'est ce qu'a déclaré le Premier ministre hier sur RTL, alors qu'on lui demandait comment le gouvernement allait financer les 2,6 milliards d'euros de mesures sociales annoncées la veille par Nicolas Sarkozy. En fait, on pompe le sang du malade et on va acheter ailleurs les poches de sang pour les lui réinjecter. Tout ce qui a été décidé, et qui a conduit à l'anémie générale, est maintenu avec un entêtement coupable. En fait, depuis son déplacement à Saint Lô, et avant celui de Guadeloupe, les seuls qui sont assurés de ne pas pâtir de la crise sont les... forces de police.
Près de 700 gendarmes et policiers ont été mobilisés hier pour assurer la sécurité de la visite de Nicolas Sarkozy à Daumeray, un village de 1.600 habitants au nord d'Angers. Un mois après le déplacement du président de la République à Saint-Lô, émaillé de manifestations, et suivi par une mutation du préfet et du directeur de la sécurité publique de la Manche, des moyens exceptionnels avaient été mis en œuvre jeudi pour éviter tout incident. En première ligne, le groupement départemental de gendarmerie chargé de sécuriser le trajet présidentiel, les accès au village et à l'exploitation agricole visitée par le président, a réuni tous ses effectifs disponibles, soit 230 hommes, dont plusieurs réservistes.
Il a été appuyé par quatre escadrons de gendarmes mobiles (venus de Pontivy, Châteauroux, Le Havre et Vannes), et par un escadron de CRS qui a été affecté à la surveillance de l'aérodrome d'Angers-Marcé où a atterri et décollé Nicolas Sarkozy, soit au total près de 400 personnes. Des hommes du Raid (Unité d'élite de la police nationale), du GIPN (Groupement d'intervention de la police nationale), une quinzaine de fonctionnaires de police en civil et un hélicoptère de surveillance ont aussi participé aux opérations, sans compter le GSPR (Groupe de Sécurité du Président de la République), selon les mêmes sources.
Plus de mille invités triés sur le volet ont pu assister à l'intervention du Président dans la salle des sports de Daumeray. Comme quoi il existe encore des privilégiés en période de crise.
Mais je déblogue...

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commentaires

P
Rien que des solutions faciles, de nature à tromper les "gogos" qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Le malheur, c'est que cela marche! Enfin, ça a marché jusqu'à présent...On peut peut-être espérer que le subterfuge va finir par exaspérer nos concitoyens, et leur ouvrir les yeux.Et quand on est obligé, pour se déplacer et visiter une paisible contrée où règne "la douceur angevine....", chère à Joachim Du Bellay, de s'entourer d'une armée de gendarmes, d'hélicoptères et de services spéciaux divers, chargés d'assurer sa sécurité, c'est bien que l'on a peur...Non ?Quand à aller se montrer en Guadeloupe ou à la Martinique....même quand on a la bougeotte, il n'y faut pas songer. Courageux, mais pas téméraire, notre président....Alors, s'il a peur, profitons-en pour mettre la pression. C'est sans doute là que se trouve le défaut de la cuirasse.....
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