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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 07:17

Les milliards d'euros, trouvés on ne sait pas trop où par le Président de la République, pleuvent chaque jour sur le milieu économique hexagonal, pour tenter de combler les brèches ouvertes par le culte du profit financier. Chaque fois qu'un chèque sans provisions est signé, il s'accompagne d'assurances officielles sur les retombées positives qu'il aura sur les finances de l'Etat. Quand on sauve les banques, on explique que nous ne faisons que leur prêter des fonds empruntés ailleurs et que la République les récupèrera un jour par les intérêts qu'elles auront à régler. D'ailleurs, on a même déjà distribué ces sommes que l'ont n'a pas encore touchées ou évaluées. Personne ne se pose lucidement la question de savoir comment ces banquiers, sauvés par des fonds publics, vont faire pour prêter à des taux compétitifs aux entreprises quand ils auront eux-mêmes des intérêts à verser à l'Etat. Il y a fort à parier que des moratoires seront sollicités, et que Bercy n'aura pas les rentrées promises sur ces sommes virtuelles prises sur un déficit budgétaire croissant. Mais comme il ne faut surtout pas que ces aides apparaissent comme des « cadeaux », on continuera à affirmer que les responsables seront sanctionnés, que des garanties ont été prises, et qu'il n'est absolument pas question de pénaliser le contribuable pour sauvegarder les actionnaires. Du moins, il faut le croire... car derrière chaque annonce se dissimule une supercherie reposant sur un non-dit ! Autre cas : celui des constructeurs automobiles. On les soutenaient avec des milliards qui devaient sauvegarder l'emploi; en empêchant les licenciements par les délocalisations. Croix de bois, croix de fer, on vous le jure. Ni Renault, ni Peugeot n'iront voir ailleurs.
Nicolas Sarkozy avait en effet posé une condition majeure aux prêts que le gouvernement accorderait au secteur automobile : que les entreprises aidées s'engagent à ne pas délocaliser leurs activités en dehors de l'Hexagone. Accusé de protectionnisme par plusieurs voisins européens, Paris a revu sa copie, sans pour autant renoncer à exiger des engagements de non-délocalisation de la part des constructeurs aidés, mais sans, surtout, l'officialiser pour obtenir l'aval de Bruxelles. Hier, la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, s'est dite satisfaite des « garanties présentées » par les autorités françaises sur « l'absence de caractère protectionniste » du plan français. Bruxelles et Paris désamorcent ainsi l'un des principaux éléments de la querelle sur le protectionnisme, qui menaçait de gâcher le sommet européen de dimanche. Et Neelie Kroes d'insister : « il était important que la Commission lève toute ambiguïté », car « l'Europe ne peut se permettre un retour au protectionnisme et ses conséquences négatives sur l'emploi au niveau européen ». C'est net et sans concession, en cette période où l'Europe se met surtout d'accord pour faire respecter le principe de la libre concurrence qui a conduit le monde à sa perte.

INACCEPTABLES ET PROTECTIONNISTES
Le plan français, annoncé le 9 février, prévoit pourtant d'accorder 7,8 milliards d'euros d'aides au secteur, dont 6 milliards de prêts à taux préférentiels pour les constructeurs français Renault et PSA Peugeot Citroën. Intolérable dans le temps pour Bruxelles. Si tout le monde en Europe dit vouloir s'efforcer de préserver les 12 millions d'emplois qu'elle représente, personne n'est d'accord sur la solution. La polémique venait des conditions que le président Nicolas Sarkozy avait posées pour que les entreprises  bénéficient des aides gouvernementales, et tout particulièrement celles qui engageaient les constructeurs à maintenir leurs usines en France et à ne pas délocaliser « en Tchéquie ou ailleurs ». Encore des paroles imprudentes et surtout des paroles de Matamore, comme le fait en permanence le Président de la République. Le premier ministre libéral tchèque Mirek Topolanek, dont le pays est le premier producteur d'automobiles à l'est de l'Europe, avait qualifié ces mesures « protectionnistes » d' « inacceptables ». Il avait recueilli l'appui de nombreux pays de l'UE face à la France... ce qui risquait de mettre la zizanie dans le sommet d'aujourd'hui !
Afin de mettre un terme à la polémique, la France s'est notamment engagée à ce que « les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l'approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France », a précisé l'exécutif européen. Il faut donc reconnaître que les conditions initiales annoncées avec fracas et certitude pour rassurer les salariés des deux constructeurs, et surtout pour laisser accroire à l'opinion que ces fonds ont une utilité sociale forte, ne sont plus du tout d'actualité. Peu importe d'ailleurs, Nicolas Sarkozy s'en moque comme du faux avis, jamais donné par la commission d'éthique, sur la nomination du nouveau grand maître du trésor des Caisses d'Epargne et des banques qui furent populaires. Ce qui compte, c'est qu'on le croie sur l'instant, quitte à ce que quelques jours après la vérité soit différente !

PSA SE MOQUE DES RECOMMANDATIONS
Christian Streiff, président de PSA Peugeot Citroën, avait fait valoir que « les conditions de la compétitivité en France » passaient par une baisse des coûts salariaux, préconisant d'alléger « les taxes typiquement françaises comme la taxe professionnelle ». Il a donc obtenu satisfaction, et ce cadeau s'ajoute aux milliards accordés antérieurement. Concernant les engagements réclamés par l'Etat, en échange d'une aide gouvernementale, Streiff avait souligné la nécessité de suivre les évolutions du marché. « Nous redimensionnons les sites industriels français, nous l'avons fait et nous continuons à le faire », avait-il déclaré, ajoutant qu'il évaluait les surcapacités de production en Europe de l'Ouest à « 4 à 5 millions de voitures ». Autant avouer qu'il s'asseyait sur les recommandations de l'Etat en matière d'emploi. D'ailleurs, deux jours après l'annonce du plan de soutien aux constructeurs automobiles français, PSA Peugeot Citroën annonçait en effet le départ de 11.000 personnes en Europe en 2009, dont 6.000 à 7.000 en France. Selon le deal passé avec l'Etat, PSA ne devait pourtant pas procéder à des licenciements en 2009 dans l'Hexagone, et ne devait pas fermer d'usines pendant la durée du prêt (évaluée à cinq ans). Les suppressions de postes prendront donc la forme de «départs volontaires» et de départs en retraite... Maintenant, Bruxelles confirme qu'il a raison et que les fonds alloués ne procureront aucune sécurité aux salariés, contrairement à ce qui a été ostensiblement annoncé !
Pendant ce temps, confronté aux difficultés du marché de l'automobile, le fabricant allemand de pneumatiques Continental, pourrait fermer son usine de Clairoix dans l'Oise. Selon le directeur de l'usine, « c'est une éventualité qui doit être prise au sérieux, puisque le niveau de demande de nos clients est très faible par rapport à l'année dernière ». Si la condamnation du site est confirmée lors du comité central d'entreprise extraordinaire du 16 mars, elle signerait la plus importante vague de licenciements en France depuis le début de la crise dans le secteur automobile. En effet, l'usine emploie environ 1 100 personnes... qui doivent passer un mauvais dimanche !

RETOUR DANS LE CAPITAL
Les difficultés que connait l'Allemagne, notamment, ne manqueront pas de relancer le débat sur les nécessités d'une intervention de l'Etat, qui pourrait aller jusqu'à une renationalisation masquée. Volkswagen va en effet supprimer tous ses emplois intérimaires d'ici la fin 2009, a annoncé hier son patron. Au total, ce sont 16 500 emplois qui sont concernés, 4500 en Allemagne, et beaucoup d'autres en Europe de l'Est ou au Brésil.
La marque allemande Opel, qui emploie 26 000 personnes outre-Rhin, est aussi sur la mauvaise pente. Sa maison-mère, General Motors, qui a perdu 31 milliards de dollars en 2008, a présenté un plan de sauvetage de sa filiale, réclamant une aide des pouvoirs publics de 3 milliards d'euros.
Selon un journal allemand, le gouvernement serait disposé à apporter jusqu'à 5 milliards d'euros au constructeur automobile. Cette aide pourrait prendre la forme de garanties publiques et de crédits, et en ultime recours d'une participation « temporaire », allant jusqu'à 20% du capital par le biais des quatre länder où sont implantées des usines d'Opel.
Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy devrait demander aujourd'hui la mise en place d'un plan de relance au niveau européen, lors du sommet spécial consacré à la crise qui se tient à Bruxelles. Cette idée n'a pas la faveur de la Commission. « Si le président Sarkozy pouvait me dire où il voit des moyens disponibles dans le budget communautaire, que nous pourrions injecter dans l'industrie automobile, je lui en serais très reconnaissant », a ironisé hier le commissaire européen à l'Industrie. La réponse est facile : il suffit de les promettre au cours de la conférence de presse qui suivra le sommet, et de laisser à Nicolas Sarkozy le soin de présenter ces aides comme des victoires personnelles obtenues grâce à sa pugnacité. Il sera toujours temps, la semaine prochaine, d'expliquer qu'on ne pourra pas le faire... On y est habitué et ça aurait de la gueule dans les journaux télévisés de ce soir. Pour le reste, il faudra attendre qu'il soit trop tard pour relancer la consommation.
Mais je déblogue...

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commentaires

P
Mensonges et poudre aux yeux, sont devenues les deux mamelles de la France... Et en plus, nous sommes la risée des autres nations européennes qui se moquent bien des affirmations et des promesses des soi-disant gouvernants français.Ridicules. Nous sommes de plus en plus ridicules. Les rodomontades de notre Président indisposent tout le monde, y compris nos partenaires européens....Cela ne peut plus durer. Nos concitoyens, même de droite , en ont par-dessus la tête d'être traités comme des débiles, par un agité hyperactif.... Nous ne pouvons plus attendre : il nous faut réagir.
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