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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 07:17
Jamais il n'y aura eu autant de bougies sur un gâteau d'anniversaire... Il aurait dû y en avoir deux ce matin pour fêter l'élection de Nicolas Sarkozy lorsqu'il a pris son déjeuner en compagnie de Carla. En fait on aurait pu en placer environ 7,9 millions ! toutes n'auraient pas illuminé l'environnement car elles n'auraient été qu'une petite flamme sans trop de vivacité, perdue dans la nuit d'un avenir incertain. En fait, chacune d'entre elles aurait symbolisé la réussite de ces deux années somptuaires passées par le Président du pouvoir d'achat à l'Elysée. Celui qui s'est copieusement augmenté son indemnité, qui a accru sans vergogne les frais de fonctionnement de la Présidence, qui a pris des vacances aux frais de ses amis milliardaires, qui a soupé au Fouquet's (mais c'est oublié depuis belle lurette) a en effet battu tous les records en matière d'accroissement de la pauvreté en France. En 2004, rappelle l'Institut, ce taux était de 11,7%, soit près de sept millions de personnes et... 2 ans plus tard on est arrivé à 13,2 %. Ouf! enfin un pourcentage en progression dans le palmarès sarkozyste. Il est vrai que cette publication tombe bien mal, car on imagine qu'actuellement on doit en être à 9 ou 10 millions, soit plus de 15 % de la population d'un pays réputé « riche ». Enfin il l'est, mais pas pour tout le monde ! On imagine qu'en 2012, quand l'Insee publiera son étude relative aux résultats de 2009, les médias qui répercuteront le chiffre ne seront plus légion. Ils préfèreront s'intéresser aux mensurations de Carla !
L'Insee rappelle en ce jour de gloire très discrète qu'en 2006, une personne vivant seule était qualifiée de pauvre quand son revenu disponible était inférieur à 880 euros par mois et à 1.320 euros pour un couple sans enfant. Près d'un tiers des personnes vivant au sein d'une famille monoparentale (30,3%) était confrontée à la pauvreté, soit une proportion 2,3 fois plus importante que dans l'ensemble de la population. Cela représentait plus de 1,6 million de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. A noter que les familles monoparentales sont le plus souvent constituées d'une mère et de ses enfants (85% des cas).
A l'inverse, les ménages les moins touchés par la pauvreté étaient les couples sans enfant: seuls 6,4% des personnes en couple sans enfant étaient dans ce cas. Dans cette étude intitulée « Inégalités de niveau de vie et mesures de pauvreté en 2006 », l'Insee note qu'au cours des dix dernières années, la baisse de la pauvreté a plutôt bénéficié aux familles nombreuses (couples ayant trois enfants ou plus), dont le taux de pauvreté a diminué environ de cinq points, alors que la situation des personnes seules et des familles monoparentales a peu évolué.
L'emploi reste une protection contre la pauvreté, observe aussi l'Insee. Ainsi, en 2006, 9,8% des personnes actives, au sens du Bureau international du travail (BIT), c'est-à-dire occupant un emploi ou en cherchant un, avaient un niveau inférieur au seuil de pauvreté, alors que 15% des inactifs étaient dans cette situation.
Près d'un retraité sur dix (9,6%) avait un niveau inférieur au seuil de pauvreté, ce qui représentait 1,2 million de personnes. Les taux de pauvreté des enfants et des étudiants vivant chez leurs parents étaient élevés, respectivement 17,7% et 18,2%.

DES ACTES PARLANTS
De toutes les manières, les réformes sarkozystes ne peuvent qu'avoir amélioré les choses, car tout le monde l'a appris aujourd'hui cet homme fait des miracles, car il parle au monde ! Le porte-parole du gouvernement a vanté, lors du compte-rendu devant la presse hier, le bilan de « deux années d'action au service des Français » de Nicolas Sarkozy. Les deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy ont été marquées par le redémarrage de la « pensée universelle française », a-t-il affirmé. Rien que ça... Notre Président est donc désormais « universel », et surtout, il va exporter ses réformes géniales qui ont en fait paupérisé le pays dont il est responsable !
« Avec Nicolas Sarkozy, la politique est passée des paroles aux actes », a-t-il estimé sans aucune honte, et surtout sans faire référence aux repères socio-économiques de la France. Mais pour une fois, on ne peut qu' être d'accord avec un ministre de cette trempe : il y a eu de belles paroles (« pouvoir d'achat amélioré » et « plein emploi en 2013) et des actes : 800 000 chômeurs de plus prévus en 2009 et près de 2 millions de pauvres de plus !
« Pendant des années, nous avons eu des engagements dans les campagnes électorales, des engagements forts pris devant les Français, devant nos militants, sur des sujets de la vie quotidienne, je pense au service minimum dans les transports, à la réforme des régimes spéciaux de retraite, à l'autonomie des universités, qui étaient les marronniers de la vie politique française à droite dans les campagnes, mais qui n'étaient jamais mis en œuvre. Ce sont désormais des réformes qui sont derrière nous », selon lui. Il est vrai que ce sont des réussites qui ont changé totalement le quotidien des Françaises et des Français ! Le Service minimum dans les écoles a amélioré la réussite scolaire, comme c'est le cas dans les transports, les travailleurs peuvent aller jusqu'à... 70 ans pour toucher une retraite, les universités sont secouées par d'interminables soubresauts, ce qui les rend plus autonomes... Enfin, rien que des réussites ! Dommage que ces statistiques sur la pauvreté aient été publiées le jour où justement Nicolas Sarkozy devient « penseur universel », lui qui durant deux ans a eu pour « amis », George W. Bush, Kadhafi, Poutine, de grands philosophes planétaires.

FORTES DISPARITES
Les inégalités de niveaux de vie se creusent, la pauvreté s'accroît. Recouvrant les salaires, les retraites et les prestations sociales, et calculé après paiement des impôts directs, le niveau de vie médian s'établissait, en 2006, à 1 470 euros mensuels. En progression de 1,3 % en moyenne, sur 2005. Cette évolution recèle de fortes disparités. Le niveau de vie s'est en effet accru d'au moins 10 % pour un tiers des personnes, mais il a reculé d'autant pour un autre tiers. Plus précisément, on trouve en haut du tableau les chefs d'entreprise et les professions libérales, avec un niveau de vie en croissance de 8,3 %, suivis par les cadres du secteur privé, tandis que les employés et les ouvriers non qualifiés du privé connaissent l'évolution la plus défavorable (moins 2,2 %).
Selon l'INSEE, la pauvreté monétaire (définie par un revenu disponible inférieur à 60 % du revenu médian, soit 880 euros par mois) frappe près de 8 millions de Français, soit 13,2 % de la population, un pourcentage en progression depuis 2002.
Sans surprise, l'enquête indique que le taux de pauvreté est beaucoup plus fort chez les chômeurs (plus d'un tiers). Il atteint presque 10 % chez les retraités, soit 1,2 million de personnes. Et deux fois plus nombreux sont les enfants vivant dans un ménage pauvre : 2,4 millions, soit 30 % de la population totale en état de pauvreté. Autre trait marquant de cette photographie des inégalités, les familles monoparentales sont beaucoup plus sévèrement frappées que les autres : 30,3 %, soit 1,6 million de personnes, sont confrontées à la pauvreté, 2,3 fois plus que l'ensemble de la population.
L'enquête met enfin en relief un décalage entre la croissance du niveau de vie et celle du seul revenu salarial : entre 1996 et 2002, le premier a augmenté en moyenne de 12 %, le second de 6 %. L'évolution plus favorable du niveau de vie s'explique, d'une part, par « l'augmentation du nombre d'apporteurs de ressources » - conjoints et enfants de salariés contribuent plus souvent -, d'autre part, par la diminution de l'effectif des ménages. Phénomènes qui ont donc pu amortir quelque peu l'impact des politiques de « modération » salariales. C'est donc une réussite générale pour celles et ceux qui ont cru que l'agitation, les affirmations péremptoires, les apparences, les approximations suffisaient à changer une donne sociale justifiant de plus en plus la lutte des classes !

JEUNES ET VIEUX A TABLE
Les « bougies » ne prennent pas en compte les conséquences d'un partage totalement inéquitable du gâteau d'anniversaire. Elles regardent celles et ceux qui sont à table et continuent plus discrètement qu'avant à se goinfrer de stock-options, de retraites chapeaux, de profits considérables... Un chef d'entreprise, hier, rappelait que l'économie commençait à se redresser en faisant ce constat : « ça va mieux puisque les banques recommencent à inventer des produits toxiques ». C'est de l'humour mais c'est exact. La seule nouveauté, c'est que Pérol attaque "Médiapart" pour tuer un outil d'information doté de peu de moyens financiers, et le faire taire, en le faisant condamner par un tribunal dont le jugement sera rendu au nom du peuple français.
En définitive le « langage universel » c'est peut être celui qui consiste à maintenir les principes immuables, voulant que, dans le fond, il y a toujours eu ceux qui fabriquent le gâteau, et qui le servent sur un plateau pour que d'autres s'en régalent. Il est difficile à digérer... pour celles et ceux qui attendent encore des miettes.
Ce pavé indigeste dans la mare est passé quasi-inaperçu : depuis 1945, le niveau de vie par générations décroit en France ! Et schématiquement, 2009 oppose deux France. L'une âgée et aisée, celle des grands-parents. Et une "autre" appauvrie, celle des parents et enfants. L'information est officialisée du bout des lèvres par l'INSEE. Un cinquième de 18-24 ans sous le seuil de pauvreté; des familles monoparentales (mère-enfant) massivement dans la misère; 8 millions de pauvres en tout, désormais. Bref... il fallait naitre en 1945 ! Des jeunes pauvres dans un pays de vieux aisés ? Inutile d'ajouter que le nombre des ménages surendettés explose... de redire que tout le monde (et beaucoup d'enfants) ne mange pas à sa faim chaque jour, de préciser que se faire soigner devient impossible si on ne se présente qu'avec sa carte Vitale, car de plus en plus, dans les cabinets médicaux, on préfère la carte bleue, que les loyers restent impayés comme les factures d'eau et d'électricité... Bref que tout va pour le mieux dans ce monde subjugué par la « pensée universelle » de notre Président.
Mais je déblogue...
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