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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 07:17
L'Autre Quotidien a pour vocation essentielle de démontrer qu'il est extrêmement difficile d'accorder sa confiance aux médias actuels. Leur pouvoir, particulièrement prégnant en ce qui concerne les supports télévisuels, est en effet conditionné par leur souci de maintenir une opinion dominante, qu'ils entretiennent en lui présentant les faits qu'elle veut entendre. Hier, par exemple, à 19 heures, il était extrêmement intéressant d'écouter les informations sur les grandes radios nationales. La hiérarchie que France Infos, RTL, Europe 1 ou RMC a développé était en effet extrêmement édifiante. Une seule station a ainsi rendu compte sous forme de reportage de deux événements significatifs sur le mépris dont font preuve actuellement des chefs d'entreprise à l'égard de leurs employés. France Infos bien évidemment est au garde à vous, et ne signalait aucun des deux faits qui pourtant illustrent à merveille le déclin des libertés individuelles dans notre pays. Un phénomène qui n'inquiète toujours personne car, dans la société actuelle, il faut être concerné directement pour enfin croire à une autre information, à une autre éthique de son traitement, à une autre manière de la présenter ou de l'assembler.
Après le client de Bouygues Télécom placé en garde à vue sur dénonciation de son opérateur, pour un SMS, certes de mauvais goût,... reçu à l'insu de son plein gré, il y a aussi le cas du salarié de TF1, licencié (pas encore placé en garde à vue mais ça ne saurait tarder !) pour avoir expédié un mail sur la loi Hadopi à sa députée UMP ! Bien évidemment, sur TF1 et LCI on a fait l'impasse absolue sur ce sujet. Les radios « officielles », comme France Infos, ont eu un trou noir et ont occulté cette information, car elle risque d'ouvrir le débat sur les liens entre l'empire... Bouygues et le gouvernement Sarkozy ! Bizarre que dans les deux cas on retrouve,  au cœur de pratiques douteuses, cette entreprise exemplaire qui informe majoritairement les foyers français chaque soir !
Jérôme Bourreau-Guggenheim, trentenaire, responsable stratégique de TF1, décide un jour d'exprimer son mécontentement face à la loi Hadopi. Le rebelle écrit alors un e-mail, depuis sa boite personnelle, pour y confier son accord avec la lutte contre le piratage mais aussi son désaccord avec le dispositif de sanction mis en place contre les pirates. Le fameux mail est destiné - à l'origine - à sa députée UMP, Françoise de Panafieu... candidate contre Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. Cette gente dame utilise une pratique courante chez les députés de la majorité : elle appelle au secours le Ministère et tous ses conseillers pour répondre du tac au tac à l'internaute contestataire... qui, il faut le souligner, n'avait nullement rendu public sa prise de position. Las ! Il ne savait pas que nous avions changé de république et que désormais tout est contrôlé et... sanctionné directement ou indirectement.

MAIL MEURTRIER
Christine Albanel, illustrissime Ministre de la Communication, et fervente défenseur de la loi « création et Internet », reçoit alors le mail et s'étonne d'une telle divergence d'opinion venant d'un employé de la... chaine privée, proche du gouvernement, dont le propriétaire a été le témoin du second hymen de Nicolas Sarkozy et le parrain de son fils Louis ! Un directeur de Paris Match avait été viré pour une photo, un propriétaire de téléphone mobile placé en garde à vus pour un SMS imbécile et le cadre de TF1 serait sanctionné ! Jean-Michel Counillon, secrétaire général et directeur des affaires juridiques de TF1 est alerté par le Ministère de la Culture, garant de la liberté d'expression, et reçoit également le mail « scandaleux ». La chaine continue à se mettre en route : Arnaud Bosom, patron de la filiale Internet du groupe, est aussi prévenu de l'acte "simplement citoyen" de rébellion. Le brave trentenaire fait alors face à sa hiérarchie. Il précise qu'il s'agit bien d'un e-mail privé et qu'aucune communication officielle de la chaîne sur le projet Hadopi n'est passée. Bref, on ne plaisante pas avec Hadopi, Jérôme Bourreau-Guggenheim a été licencié et a échappé de justesse au Goulag... via la garde à vue, pour avoir écrit à une député, elle aussi garante des droits du citoyen !
Un nouvel exemple de censure peu rassurant... Mais Madame la Ministre regrette aussitôt cette décision, à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle compte bien réparer les dégâts par un bon plan média, et des communiqués publiés par tous les supports, même  si ces derniers n'ont pas évoqué dans le détail cette affaire révélatrice des rapports  au sein du système médiatique dominant, où il est même interdit d'exercer ses droits fondamentaux. On ne trouvera plus de responsables et encore moins de coupables d'une telle atteinte aux libertés individuelles..., au moment précis où le parlement débat avec acharnement de la confidentialité des mails. En fait, tout le monde explique que c'est de la faute de cet employé qui n'aurait pas dû avoir la lumineuse idée de construire une argumentation contre une loi allant bien au-delà du piratage !

RIEN VU ET RIEN ENTENDU
La ministre de la Culture a tout d'abord expliqué ne pas avoir été... au courant des faits avant que ces derniers aient été rendu publics. Tiens donc, voici une Ministre qui avoue publiquement qu'elle se moque totalement des courriels qui lui sont transmis par une députée de son propre camp. La députée du XVIIe arrondissement a, quant à elle, affirmé que l'intéressé n'avait pas expressément demandé que sa correspondance reste confidentielle (retrouvez la séquence en vidéo). Dans un bref communiqué, le groupe TF1 confirme de son côté le renvoi de l'intéressé, mais parle de prises de position publiques.
« Renseignement pris, il s'avère qu'un mail a été adressé à Madame de Panafieu qui, donc, l'a adressé au ministère pour avoir des éléments techniques. Ce qui a été fait. Mais, à ma connaissance, il n'y a eu rien de plus », a expliqué Christine Albanel. Plus tôt dans la journée, son cabinet a pourtant tenu un son de cloche différent, reconnaissant avoir transmis le courrier concerné à la rue de Valois. « On n'a jamais réclamé la tête de ce salarié. La réaction de TF1 est très exagérée ! Cette décision est vraiment regrettable », indiquait en fin de matinée le cabinet de la ministre... qui pourtant ne savait rien, alors que c'est elle qui a la tutelle des télévisions ! Enfin elle le croit encore. « Ce que je veux dire solennellement, c'est que je n'ai jamais demandé à personne la tête de qui que ce soit. Ce n'est vraiment pas dans mes habitudes. Ce n'est pas dans ma nature. Je ne suis jamais intervenue dans les programmes ou dans la gestion des chaînes. Ça ne me viendrait même pas à l'esprit. Je ne suis pour rien dans cette affaire. Ce sont des décisions internes à la société TF1 », a ajouté Christine Albanel, que personne n'accuse d'ailleurs de ces pratiques. En fait c'est pire, car c'est l'évidence qui transparaît!
Il est vrai que dans les médias, on devance actuellement les désirs du Président. On évite d'avoir un téléphone : on publie ou on ne publie pas sur la base de ce qu'aimeraient ou n'aimeraient pas le Président et son entourage ! Chez TF1 on est habitué. Un cadre qui conteste, on sait qu'il faut s'en débarrasser, quel qu'en soit le prix !

LA ROUTE DES INDES
Silence radio et télé hier, sur une autre historiette exceptionnelle. A Castres, des patrons ont proposé à des salariés de partir en Inde pour un salaire de 3500 à 4500 roupies par mois, soit de 53 à 69 € mensuels. Eux n'ont pas le statut de grands patrons, et leur stock-options sont à la hauteur de leur statut. C'est la proposition faite par l'usine Carreman de Castres à ses neuf prochains employés licenciés, dans le cadre d'un plan de reclassement. Les deux patrons, Eric Baïsse et François Morel, du groupe textile castrais, présentent l'unique solution de reclassement proposée à ces neuf malheureux, qui vont perdre leur emploi le mois prochain : un travail d'opérateur de couture sur machine dans une usine en Inde, située à Bangalore exactement, dans l'une des unités du groupe Carreman. Salaire brut : 69 € avec un... treizième mois, une assurance médicale, et une caisse de prévoyance pour 8 h de travail par jour, 6 jours sur 7, en application de la législation locale du travail. Les salariés concernés sont restés sans voix, presque résignés. On leur a même indiqué oralement que l'usine participerait au déménagement pour ceux qui étaient intéressés.
Carreman dispose d'un établissement à New York. Mais ce ne sera pas pour eux. L'Inde, il y en a bien qui y vont en vacances, alors pourquoi ne pas y demeurer pour 69 euros par mois, salaire qui permet de se payer un bol de riz par membre de la famille ! Il est vrai qu'avec un seul jour de repos par semaine, ils ne dépenseront pas grand-chose pour les loisirs ! Ils sont donc neuf concernés par cette proposition véritablement révélatrice du mépris que le patronat manifeste, dans les faits, pour les emplois et ceux qui les occupent : quatre femmes et cinq hommes, qui vont prochainement recevoir leur lettre de licenciement économique, après avoir pris connaissance de la proposition de reclassement en Inde.
Peut-être que TF1 proposera à son licencié pour mail trop parfaitement argumenté, un poste au Tibet ou au Sri Lanka ? Que ce soit pour celles et ceux qui iront en Inde ou lui qui ira au Tibet, ils auront intérêt à surveiller leurs SMS et leur mails, surtout s'ils ont pris Bouygues comme opérateur. Ecoutez bien la radio, soyez attentifs à votre télé, et lisez votre quotidien régional demain : vous verrez qu'il y bien des sujets plus importants et moins dangereux à traiter !
Mais je déblogue...
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commentaires

A
Oui, je suis complètement d'accord.. il devient dangereux de dire ce que l'on pense.. bientôt, il sera dangereux de penser ! ce qui m'affole encore plus, c'est que cela se décline dans toutes les strates de l'Etat, Je vous écris de Nice, vous comprendrez ce que je veux dire !! et le comble est que cela commence à déteindre même et y compris dans les lieux militants, lieux démocratiques par excellence (du moins il me semblait !!)Je ne suis généralement pas alarmiste mais cette conformité des opinions et cette bienséance des idées me fait douter de notre avenir même, nous qui ne sommes ni amis de NS, ni élus, ni connus.
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D
c'est certain que nous sommes assomés des nouvelles que les médias... veulent bien nous donner!mais vous aussi vous devriez faire attention à la censure monsieur le blogueur car vous êtes sur l'empire TF1 (overblog lui appartient)
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