Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 septembre 2006 4 28 /09 /septembre /2006 07:17
Si l’on en croit le Canard enchaîné, il y aurait une sacrée envolée lyrique de Nicolas Sarkozy. Lors d’un énième déplacement "télé réalité", il y a une semaine, en Seine-Saint-Denis il aurait réuni à huis clos l’ensemble des responsables départementaux ayant en charge la sécurité. Certes, il s’était légèrement défoulé devant les stylos, les micros et les caméras, aimablement conviés à venir entendre la bonne parole, et surtout à la diffuser. Sa diatribe contre les magistrats du 93 restera comme un grand moment professionnel car elle dénote, de la part de celui qui brigue une place de " maître du monde ", un sens aigu du dialogue et de la démagogie triomphante.
Le " ministre-candidat-président " de l’UMP aurait secoué son auditoire médusé, puis accablé, après avoir reçu " un savon" destiné aux malheureux présents. Eux, qui se faisaient une joie d’accueillir le chantre de la Police répressive, en ont été pour leurs frais. D 'après des policiers, un peu secoués mais tout de même soucieux de conserver l’anonymat, Nicolas Sarkozy a piqué une somptueuse colère, à Bobigny, face à un parterre de cadres de l’Etat, dont le Préfet, ravi de se voir sérieusement tancé devant ses subordonnés. Le ministre de l'Intérieur les avait réunis après la divulgation d'une note courageuse de son représentant dans l’un des départements les plus sensibles de France, sur une délinquance non maîtrisée dénotant la possibilité de voir la crise des banlieues reprendre à tout moment.

"CRETINS, CONARDS, INCAPABLES..."
Le Canard enchaîné rapporte également les propos d'un des fonctionnaires présents à cette réunion : "Nicolas Sarkozy a invectivé à coup de "crétins !", "connards", "incapables"' les… personnalités présentes. Il était intenable", poursuit le fonctionnaire au Canard, "il s'est mis à hurler, à prononcer des mots très durs et blessants". Un autre policier rapporte à l'AFP : "C'était assez hard. Nicolas Sarkozy était très excité et énervé par la publication de la note du préfet. Il a eu des mots durs, moralisateurs, mais il n'a pas été grossier".Un collaborateur du ministre parle même de traitement "comme des gardés à vue".
Selon le récit du Canard, le ministre a repris le thème de la "parano" … qui semble être son leitmotiv dès que les faits ne sont pas conformes à ses souhaits. "Il nous a sorti la grande thèse du complot", explique un chef de service présent à la réunion. "A savoir que ses ennemis (…) cherchaient à s'en prendre au candidat à l'Elysée", poursuit-il dans les colonnes du Canard. "Ce sont des choses qu'il faut se dire entre nous, mais pas écrire", a-t-il ajouté, faisant allusion à la note du préfet Jean-François Cordet qui dénonçait notamment une recrudescence de la délinquance dans le département. Il a dû avaler sa casquette, ce pauvre fonctionnaire aux ordres, d’avoir été assez idiot pour porter sur un document… la réalité des choses. Il a d’ailleurs, selon ce policier, "a accusé le coup, puis a dû lui réaffirmer sa loyauté".
LE SYSTEME DU TRIBUNAL POPULAIRE
Voici une toute nouvelle méthode de gouvernement, qui n’est autre qu’une transposition des méthodes marxistes léninistes : on convoque le coupable devant ses pairs et on l’oblige à effectuer son autocritique que l’on accompagne d’un acte d’allégeance. Le système du tribunal populaire a toujours été le meilleur moyen de broyer les consciences et de les inféoder à des personnes.
Nicolas Sarkozy a dévoilé une face de sa personnalité qui, de temps en temps, de manière récurrente le conduit à déraper. Cette " racaille " policière aurait mérité d’être karchérisée, mais dans le fond, mieux vaut lui montrer qui est le véritable patron du pays en frappant fort sur la tête de ceux qui… en doutent ! La personnalité d’un chef d’état compte au moins autant que ses idées.
Dans ce marathon qui doit conduire vers l’Elysée, chaque concurrent doit tenir la distance, et démontrer une parfaite maîtrise de soi, du temps, et de l’espace politique. Incontestablement, les deux premiers dans les sondages manquent singulièrement de recul. Ils tirent quasiment à la mitraillette sur tout ce qui bouge, au prétexte qu’ils sont en situation de légitime défense. Impossible de les attaquer sur quoi que ce soit : ils ont décrété qu’ils jouissent d’une immunité spéciale. Nul ne peut douter de leur action, tant ils se montrent agressifs. Mieux ils accusent les autres de malveillance ou d’agressivité coupable à la moindre critique.
UN SERIEUX ATOUT
Nicolas Sarkozy, " ministre-candidat-président de l’UMP " possède une parade importante, qui calme toute velléité offensive à son égard : il nomme ou destitue les principaux fonctionnaires d’autorité. Or, quand on est candidat à l’élection présidentielle, c’est un sérieux atout. Il possède également le pouvoir régalien d’attribuer les subsides aux partis politiques et, ce qui est plus paradoxal, d’en contrôler l’utilisation. Il peut aussi susciter des candidatures, obtenir des renseignements sur les uns ou les autres, monter des opérations discrètes sur le compte de tout le monde, mettre l’appareil de l’Etat à son service. Au moindre bruissement ou pour un brin de contestation on agite le spectre de la répression potentielle.
La séance musclée de Bobigny va constituer une référence pour les prochaines semaines : le prochain qui bronche paiera l’addition ! " Sarko la Menace " pèse sur le pays de manière indirecte, et c’est extrêmement inquiétant pour la démocratie. Alors que, depuis le mois de juin, tout candidat potentiel aux législatives doit réfléchir au moindre des ses actes par crainte de les voir imputés à ses comptes de campagne dans un an, le " Ministre candidat président " sillonne l’Hexagone, déplace des meutes de caméras, utilise le personnel de son ministère, pour construire l’image qui lui servira dans maintenant 6 mois ! Heureusement qu’il dérape dans cet exercice et que, par souci de trop plaire à l’opinion dominante, il en oublie que l’exagération fait davantage peur qu’elle ne rassure.

IMPOSSIBLE D'ESQUISSER LE MOINDRE DEBAT
Dans l’autre cas, l’immunité est conférée d’une manière beaucoup plus subtile. La " zappaterreur " de Poitou Charente utilise en effet la protection que lui confère sa féminité. Grâce à une hallucinante série people du style Martine (Martine à la maison, Martine à la plage, Martine en bateau, Martine sur son lieu de naissance…) elle cherche à se construire un blockhaus féminin ! Impossible d’esquisser le moindre débat d’idée, car il est écourté par une réplique cinglante que j’ai déjà entendue : " vous dites cela parce que c’est une femme !… " ou alors formulée dans la forme interrogative : " est-ce que vous diriez cela à un homme ? ". Impossible d’oser la moindre critique sans recevoir une sanction suprême, pire que celle de naître en Inde dans la caste des intouchables : " misogyne, tu es misogyne ! ". C’est le bouclier absolu.
Par ailleurs, en criant assez fort que l’on vous assassine et que l’on vous malmène en profitant de votre faiblesse physique, vous recueillez la sympathie du plus grand nombre car votre courage face à ces " éléphants " vaut bien toutes les preuves de solidité. Elle ose leur répondre, leur résister, les agacer pour ensuite battre en retraite quand le ton monte. C’est bien connu, David a toujours été plus populaire que Goliath !
En tous cas, lorsque ce matin sur RTL, Lionel Jospin aura annoncé sa non-candidature, que dimanche à Fleurance Laurent Fabius aura confirmé officiellement la sienne, que lundi Jack Lang aura une fois encore changé de camp, en rejoignant sa concurrente, que mardi la volonté de DSK d’aller jusqu’au bout aura été entérinée, il faudra avoir une autre carapace que celle de la féminité outragée pour détourner les balles mortelles des réalités. Mais l’image aura été construite et ne s’effacera pas aisément... C'est tout bénéfice! 
Mais je déblogue…
Partager cet article
Repost0

commentaires

R
Mysogine Eric ! ;-) En tous cas sa toilette va bien dans son cabinet.
Répondre
E
Elle est jolie la photo de la dame avec son Mac ! ;-)
Répondre
A
Quelques chrysanthèmes de Vilvoorde<br />  <br />  <br /> <br /> Nous, les centaines de kleenex avons bouffé de la vache enragée, à devenir fous. Certains le sont devenus vraiment, d'autres ont sombré dans la rue, dans l'alcool, dans le vol et la prostitution.<br />  <br />  <br /> <br /> Sans travail, la vie n'a plus de forces pour se tenir droite, sans travail la vie n'a plus de sel pour sentir qu'elle existe encore.<br />  <br /> Un retraité de palaces dorés, penseur tranquille en maison cossue de vieux jours, vient de comprendre que ses tourments confortables ne pouvaient nous intéresser. <br />  <br />  <br /> <br /> Nous n'avons même plus de forces pour la rancune contre celui qui a jeté ses convictions à la poubelle et laissé nos existences à vau-l’eau. <br />  <br />  <br /> <br /> Un puissant vient de réaliser que plus personne ne lui tendra de miroir et qu'en exil doré il s'en va, sous les lazzis susurrés par ses pairs. <br />  <br />  <br /> <br /> Nous errons dans les combes avec les machines cassées, les espoirs volées et les mensonges gluants. Notre estomac fait mal, nos vêtements puent et nous tapons du pied contre ces baraquements moisis et clos qui devaient nous vendre à un autre patron. Jospin a tué nos enfants, les enfants de notre énergie, de notre jeunesse, il leur a roulé dessus avec le carrosse du pouvoir en criant qu'il ne pouvait s'écarter.<br />  <br />  <br /> <br /> Nous n'avons même plus assez de cervelle pour le mépriser, nous n'avons que quelques pièces dans nos poches.<br />  <br />  <br /> <br /> Pas assez pour acheter un bouquet de chrysanthèmes. De toute façon, nous lui en avons offert un plein parterre en pensée, à Jospin.<br />  
Répondre