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22 avril 2007 7 22 /04 /avril /2007 12:11
Le 21 avril 2002 avait débuté comme un dimanche pas tout à fait comme les autres qui s’était terminé, pour moi, en désastre. Pas de soirée électorale collective mais un repli frileux dans un espace restreint comme ces escargots qui se replient dans leur coquille quand le danger menace. Il me restera de cette journée électorale parmi d’autres peu de souvenirs réels car je n’aime pas toujours partager les instants heureux ou malheureux. Je sais qu’il faut les mémoriser pour éviter que, dans un cas comme dans l’autre, ils prennent une importance trop grande dans une vie. La syndrome du repli dans le " désert " me touche parfois car je n’aime ni les exultations démonstratrices, ni les lamentations compatissantes. Tout aujourd’hui j’essaierai donc de récupérer dans le contact direct des bureaux de vote le maximum d’indices pour que la surprise soit la moins forte possible le soir.
En général, avant l’afflux des inscrits de cette année sur les listes électorales, Créon offrait des repères fiables qui donnaient en général 2 à 3 points de plus à la gauche et 2 à 3 points de moins à la droite. Le résultat national était donc aisé à prévoir.
Ainsi en ce 22 avril 2002, Jospin était ainsi arrivé… en tête avec seulement 18,57 % des suffrages exprimés ce qui, sur la base des scores habituels d’un candidat du PS, était manifestement insuffisant. Il sauvait donc l’honneur mais il ne pouvait pas résister nationalement quand on sait qu’en 81 Mitterrand avait réalisé 35,36 % et en 88 il était à 39,91 % pour être ensuite élu au second tour. L’écart était trop important pour ne pas annoncer une déroute car ce fut le plus faible score jamais réalisé depuis plus de trente ans par un candidat du PS. Comme Le Pen avait établi sa meilleure performance de tous les temps avec 14,33 % il y avait un signe interprétable comme avant-coureur de la " tornade ". Vers 20 heures j’avoue que j’aurai ces repères en tête de telle manière que je sois lucide sur la suite car il y a cinq ans j’ai été singulièrement pris au dépourvu.
L’ambiance globale du vote témoigne également du futur résultat. Quand les gens ne prennent pas le temps de discuter, d’échanger mais qu’il disparaissent vite sans aucune volonté de dialogue, on sait qu’ils viennent d’accomplir une tâche dont ils ne sont pas nécessairement très fiers. Le silence absolue, l’absence de sourires complices, la froideur mesurée, une certaine crispation annoncent que des lendemains qui déchantent. En observant attentivement durant quatre ou cinq heures de présidence d’un bureau qui vient voter et qui ne vient pas on possédait également un indice supplémentaire. Le problème c’est qu’aujourd’hui il y aura plus de 600 nouvelles électrices et nouveaux électeurs créonnais dont la très grande majorité ne s’est jamais exprimée localement. Comme dans la totalité du pays ils appartiennent à l’inconnue de l’équation du premier tour… dont on n’a pas mesuré l’impact !
UN VOTE REELLEMENT POLITIQUE
La mutation sociologique d’une ville n’est reflétée que par un vote réellement politique comme celui des présidentielles. Elle se traduit par des changements dans les options prises dans les " grands " scrutins nationaux puisque les interférences de personnes n’interviennent pas. Deux réalités vont donc probablement se conjuguer pour la première fois : le noyau dur qui globalement reste stable dans ses opinions et le témoigne ostensiblement et celui beaucoup plus mouvant des nouveaux arrivants sur lequel les aléas quotidiens pèsent davantage. Toutes les enquêtes réalisées sur Créon démontrent que ce sont les quartiers les plus récents qui cristallisent le plus de mécontentement en raison de leur manque de recul par rapport à leur ville d’accueil et à ses modes de fonctionnement.
Des querelles de voisinage, des conflits d’association de co-lotis, des constructions nouvelles, des nuisances occasionnelles incontrôlables, des enfants un peu trop turbulents, des usagers irrespectueux et Le Pen gagne des voix… au nom du principe voulant que l’enfer ce soit les autres et qu’il faille les éliminer ou au moins les écarter. Je suis désolé de répéter qu’une bonne part de l’horizon politique s’arrête souvent aux limites du pavillon dans lequel on a mis une grande partie de ce qui devait assurer le bien vivre et qui finit par faire que la préoccupation essentielle soit financière. Elle se double souvent d’un culte sécuritaire qui accentue la prise de position à cause de l’isolement social qu’il engendre. Les gens dans la difficulté ne sont pas seulement celles et ceux qui s’accrochent au RMI. On règle ses comptes par un vote protestataire ou extrémistes pour soulager son angoisse et se rassurer. Avec le recul des consultations électorales et une connaissance convenable du terrain social on arrive à radiographier les enveloppes déposées dans l’urne. Même si c’est impossible je rêve parfois de vérifier si mon pressentiment est exact afin de mesurer l’adéquation entre mes espoirs et la réalité. Il n’y a aucune curiosité malsaine mais simplement une soif de comprendre comment fonctionne un angement en favuer d’une personne ou d’une autre.
TENDANCE GENERALE
A partir de 7 hures 30 nous aurons installé, avec l’équipe des fidèles du petit matin, les bureaux de vote afin qu’à 8 heures soient accueillis les plus déterminés à exprimer leur vote. La première heure donne d’ailleurs la tendance générale de la journée. On sait par avance que, jusqu’à présent, le bureau 2, vote davantage et globalement plus à droite que le bureau 1 (+5 %) et si sa mobilisation s’affirme vite on a une certaine idée de la fin de journée. Lentement le processus va se mettre en route et aux habitués succèderont pas strates horaires des classes sociales différentes.
Dans la matinée nous avons vu beaucoup des jeunes inscrits ou les familles avec enfant qui avaient renoncé à une grasse matinée pour venir voter. Souvent le niveau de la participation repose sur leur venue ou leur absence. Et ils étaient là en très grand nombre puisqu’à 13 heures la barre des 50 % de votants aura été atteinte sans problème, ce qui constitue un événement unique dans la vie publique locale.
Il aura fallu également essuyer la colère de celles et ceux qui viendront voter alors qu’ils ne sont plus inscrits sur les listes électorales. En effet, bien des gens quittent la commune sans penser à aller s’inscrire dans celle qui les accueille et surtout sans trop se préoccuper de savoir s’ils ont été radiés… Ce sont des discussions sans fin quand parfois ces oublieux véhéments veulent imposer leur soif de démocratie alors qu’ils ne sont pas venus depuis deux ou trois ans. Encore une fois les règles devraient s’adapter aux individus mais parfois la situation est difficile à assumer car j’ai vu une dame pleurer de ne pas pouvoir exercer son pouvoir citoyen…
Cette réaction confirme l’immense sursaut de citoyenneté qui s’est emparé de la France. On aura certainement ce soir le plus fort taux de participation depuis bien des années. Créon dépassera les 80 % de votants (60 % à 13 heures!) ce qui serait un record absolu. C’est l’inconnu réelle que les sondeurs n’ont jamais évalué et qui bouleversera leurs pronostics car ces oubliés habituels de leurs panels feront certainement la décision et j’ai ressenti une forte envie de s’exprimer pour démontrer qu’à force de votre à leur place on les avait singulièrement agacés. La citoyenneté à Créon est impressionnante!
Les images ressemblaient étonnamment à la journée du référendum sur le traité constitutionnel européen. Une fronde était perceptible dans les regards et dans les attitudes. Le vote " utile " a joué à plein. C’est ma certitude tirée de ces 4 heures passées dans des bureaux de vote bondés. Reste à savoir maintenant à qui profitera réellement cet engouement… Et je suis certain que dans les états-majors des instituts de sondage on doit se faire du souci car on pourrait friser, une fois encore, le ridicule ce soir vers 20 heures.
Mais je déblogue…
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commentaires

J
il est un peu plus de 20 h aujourd hui  les ffrancais sont revenus dans des esprits politiques plus coherents et avec pres de 84% de participation je vois que nos consignes sont suivis meme arlette designe sego a l instant meme alors allez sego et si le ps creonnais a besoin d aide n hesitez pas nous sommes la . 
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Y
Ouf !!!
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P
depuis 17 Heures impossibilité totale de se connecter sur les sites des journaux belges LE SOIR et LA LIBRE BELGIQUE ......étonnant non?????   
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P
60% sur ma colline à 13 heures
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Y
Quel que soit le résultat, au moins on pourra dire que cette journée a marqué le retour de l'intéressement des français à la politique.
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