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30 juillet 2007 1 30 /07 /juillet /2007 08:19
Les vraies vacances sont celles qui donnent enfin une dimension correcte au temps ordinaire. Celui que l’on ne voit jamais passer quand il vous conduit de rendez-vous en rendez-vous, de souci en souci, de rencontre en rencontre mais qui du jour au lendemain n’a plus la même vitesse. Celui que l’on vous impose sur un rythme ne tenant jamais compte de vos envies, de vos forces et de votre rythme n’existe plus. Je ne connais pas d’autre valeur réelle à ces périodes où l’on est censé récupérer de semaines et de semaines de contraintes diverses et variées. J’ai du mal à admettre que l’on puisse réellement profiter des congés payés quand on y vit sur des bases extrêmement rigides ou permettant d’oublier celles que l’on doit imposer aux autres le reste de l’année. Les vraies vacances ne peuvent être que celles de l’improvisation permanente, de l’humeur changeante, de la paresse thérapeutique, des décisions illogiques, des approfondissements indispensables.
Les vraies vacances ne peuvent se concevoir que dans la liberté retrouvée avec un détachement réel du regard que peuvent poser les autres sur les décisions prises puisqu’elles ne les concernent plus nécessairement. Il faut donner du temps à ses passions.
Durant une petite dizaine de jours, je me suis offert ce luxe de devenir entomologiste de la vie sociale. Certains aspirent à la sérénité dans l’isolement absolu et se prévalent de leu capacité à faire le vide en coupant tout lien avec les soubresauts quotidiens de la société. Cette cure de silence doit leur permettre de décompresser en passant de tout à rien. Ils choisissent un ermitage destiné à nier leur implication dans le devenir d’une période pourtant réputée paisible. Cette fuite des réalités ne correspond pas à ma vision des vacances car justement j’apprécie par dessus tout avoir le temps de décoder ce que le reste de l’année je ne peux que survoler à la hâte. Récupérer le maximum de journaux locaux, régionaux, nationaux pour tenter de percer les mystères de l’opinion dominante a, pour moi, durant les vacances, autant de valeur que tout séjour dans un monastère loin de l’actualité. J’adore faire une cure médiatique intense à l’inverse de tout ce que l’on recommande en pareille période car elle prend toute sa valeur quand elle repose sur la comparaison et surtout sur l’obtention du temps nécessaire à sa réalisation.
Mon véritable plaisir de vacances consiste donc à… scruter les insectes de la plume, du micro ou de la caméra ayant en charge l’information des autres ! Les voir transporter ces bribes d’actualité, les triturer, les présenter, les installer dans les greniers des mémoires vaut bien tous les autres plaisirs habituels des vacances. Plus que jamais il serait nécessaire que la vie permette à chaque citoyen de s’offrir ce luxe véritable consistant à ne mesurer la différence entre les vessies médiatiques et les lanternes démocratiques. Plus que jamais je rentre convaincu que la situation s’aggrave de jour en jour et que demain la République des apparences balaiera toutes les convictions profondes.
LA REALITE LOCALE
En Aveyron, demeure, un merveilleux département aux multiples facettes climatiques, économiques, sociales. Des gigantesques exploitations agricoles tenues par des empereurs terriens sacralisés par le type de leur 4x4 aux anciens mineurs prolétaires du bassin de Decazeville accrochés à ce socialisme historique qui les a toujours défendus en passant par ces éleveurs préoccupés par la santé de leur troupeau de brebis rasées sur un Larzac toujours aussi émouvant dans sa rudesse ou par celle de leurs paisibles vaches sur les riants monts d’Aubrac on trouve le panel complet d’une France sarkoziste épanouie. Le Midi Libre, Centre Presse font chaque jour cause commune et quasiment contenu commun face à La Dépêche pour donner une information dite locale qui tourne autour d’un lien social en voie de disparition car sans grand retentissement en dehors des villages. Impossible de ne pas ressentir en se penchant sur cette lecture le formidable décalage existant entre cette traduction de la réalité locale et le besoin de sensationnel qui alimente les étranges lucarnes télévisuelles.
La véritable fracture politique se situe dans ce précipice séparant désormais deux sociétés portées réciproquement par une télé approximative, tapageuse, racoleuse, partisane et une presse de la micro information concrète, modeste, ordinaire, sans ambition. Celles et ceux qui tirent les grosses ficelles de l’une se moquent comme de leur première trahison de ces efforts consentis par des centaines de personnes qui font l’autre dans le moindre recoin du territoire pour faire vivre le partage, la rencontre, la différence. Le décalage devient angoissant avec une constante : les élus locaux de tous les bords demeurent la cible favorite de cet étage médiatique. Il n’y a aucune alternative car soit ils en font trop, soit pas assez et de toutes les manières ils sont quasiment sans défense face aux événements qu’ils sont réputés devoir maîtriser en toutes circonstances.
L’impossibilité croissante de nouer une communication authentique avec les gens, de les intéresser aux " choses ordinaires de la vie ", de les mobiliser dans une autre perspective que " je suis contre… " transparaît fortement dans la presse quotidienne départementale qui ne prospère désormais que sur l’opposition. Centre presse a publié un excellent éditorial à ce sujet sur l’avenir de la démocratie représentative face à la contestation croissante de son efficacité par la montée des associations " anti ". A quoi bon élire des représentants à quelque échelon que ce soit quand on sait que leur pouvoir de décision sera fatalement remis en cause à tout moment au nom d’un égoïsme coordonné par un groupuscule sans aucune autre légitimité que celle qu’il s’est auto-accordée ?
DU LOCAL AU GLOBAL
La campagne présidentielle a visiblement fait des ravages car il existe une perception du concept de la démocratie participative bien différente ce qu’elle doit être. On tombe dans la caricature et dans la rivalité destructrice. Un exemple : le parc d’éoliennes installé au Nord de Millau… menacé par un groupe prétendant le faire " sauter " au nom de son opposition à ce qu’il considère être une agression à " son " paysage ! Opposition également à l’installation d’un établissement de traitement des boues des stations d’épuration venant de leur propre mode de vie. Opposition aux antennes de téléphonie alors que maintenant plus personne ne souffre une " zone blanche " dans sa commune rurale isolée… La lecture minutieuse des quotidiens sur une période pourtant restreinte permet de mesurer ce phénomène ou participation rime essentiellement avec opposition.
Ensuite il faut bien convenir que Nicolas Sarkozy, parfaitement conseillé, a bien senti qu’entre le local et le global il n’y avait plus aucun lien. Il exploite férocement cette séparation en occupant sans défaillance le créneau offert par un système médiatique national ravi de meubler ses antennes et ses pages avec les multiples opérations montées par un Président de la République ayant compris que la nature journalistique a horreur du vide. Il est certain que chaque lundi matin lors des réunions du gouvernement bis constitué autour de lui il planifie ses activités non pas en fonction des besoins réels du pays mais des retombées qu’il est en droit d’attendre. Pas un seul jour sans que la manne Sarko offre de belles histoires à cette France qui ne rêve plus depuis longtemps mais qui se fait plaisir avec de belles histoires, du genre de celles qui permettent de s’endormir heureux.
D’ailleurs le besoin de surnaturel est devenu tellement fort que même les comportements les plus condamnables n’entachent pas ce besoin inextinguible de vedettariat. Si l’Elysée en doutait les péripéties du Tour de France sont venues le rassurer : le spectacle prime sur toutes autres considérations !
UNIQUEMENT DU PAIN, DES JEUX ET DES IMAGES
Les millions de spectatrices et de spectateurs massés le long du parcours où est censée se dérouler la légende des cycles prouvent à l’évidence que la société a besoin de pain, de jeux et d’images. Le concept TF1 porté désormais avec empressement et opiniâtreté par ce que plus personne ne peut appeler le service public de télévision a gangrené les esprits. Il constitue le fondement idéologique du système Sarkoziste basé sur le culte de la victoire par l’image, par l’apparence, par le trucage. Il faut l’emporter à tout prix et il faut surtout devenir riche par sa notoriété acquise via la télé. Le tour n’a été que le reflet désastreux de la campagne présidentielle française.
Les pisse froids antidopage ont, pour le peuple, des urines écrites détestables dans la mesure où elles contiennent que des produits non hallucinogènes pour fans de l’Île de la Tentation, les Experts, Heroes, Intervilles, Fort Boyard, Secret Story… et la montée vers Beille ou le sommet de l’Aubisque ! Dans Libé durant 15 jours un scientifique a démontré chaque jour que les performances des vainqueurs d’étapes de montagne étaient humainement impossible sans dopage. Nul ne l’a cru car rares sont celles et ceux qui l’ont lu ! Qu’il aille écrire ailleurs puisqu’on ne l’a pas vu à la… télé. La Ligue 1 de foot va reprendre ses droits et là, c’est sûr quand on regardera les exploits de Valenciennes-Strasbourg, le rêve sera assuré car si les acteurs sont dopés à l’insu de leur plein gré, ce ne peut être qu’au Whisky, à la Vodka ou à la Tequila avant les matches !
La télé dégouline de vérités préfabriquées, de manipulations idéologiques, de désastres éthiques mais comme on peut y vendre sans vergogne des images frelatées autant en profiter. L’affaire des otages odieusement condamnés par le plus contestables de dictateurs de la planète échangés en fait contre une centrale nucléaire qui ne fera pas que traiter l’eau de mer sans que le moindre nuage envahisse les images idylliques pour Paris Match donne raison à tous les tricheurs de la planète.
Qui lira dans Le Monde, Libé ou Marianne la face cachée d’une négociation que personne n’osera contester dans la mesure où il est impossible de regretter l’issue qu’elle a eue ? Qui osera dénoncer cette opinion dominante qui refuse qu’on la prive de ce qui la nourrit et donc la fait vivre et prospérer ? Peu de monde… car la mauvaise foi ne se détecte pas à l’analyse d’urine ! Sur les plages, au bord des piscines privées, dans les campings ou les refuges on se contentera des certitudes de l’instant même si les lendemains déchantent.
Sarko l’a compris : il en profite avec un plaisir non dissimulé et il ne laissera personne lui voler une part du pactole qu’il s’est patiemment créé. Il invitera au festin, ses pseudos ennemis bien conscients que pour continuer à exister il leur faut se placer dans le sillage de celui qui exploite la complaisance des médias décisifs comme dans le peloton il est indispensable d’être dans l’équipe du leader.
Au fait encore une fois je me suis distingué durant cette coupure estivale puisque je n’ai pas amélioré les ventes de Voici, Gala, Closer, VSD qui ont atteint des records historiques cette semaine approchant pour certains d’entre eux les… 800 000 exemplaires. Si vous passez par une Maison de la Presse jetez donc un œil pour savoir qui était en couverture ? Vous serez surpris.
Mais je déblogue…
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