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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 08:15

 

 

Durant les vacances présidentielles, tous les voyants se mettent au rouge, les uns après les autres. Le retour au pays risque d’être douloureux pour le Président aux amis qui ne comptent pas, car il faut prévoir une véritable crise économique, que les effets d’annonce ne suffiront pas à résoudre. Les seules statistiques positives sont celle qui permettent de jubiler sur la chute du nombre des chômeurs que l’on n’arrive pas à expulser des listes officielles de l’ANPE. Pour le reste, il faudra se pencher sérieusement sur une inquiétante évolution des paramètres standardisés, qui ont la particularité de n’intéresser absolument personne tant ils sont discrètement commentés.
Par exemple, hier, on a appris que le déficit commercial français a continué de se creuser au premier semestre, selon les chiffres publiés par les Douanes. Un véritable gouffre de 15 milliards d'€ contre 13 un an plus tôt et 13,7 au second semestre 2006. Le déficit commercial s'est même élevé à 3 milliards d'€ (somme quasiment historique) pour le seul mois de juin. Cet aveu atteste que les mesures annoncées sur le bouclier fiscal, les heures supplémentaires, les diminutions des charges ne changeront absolument rien à la réalité. En fait, tout dépend des origines de l'ardoise commerciale. Quand elle est provoquée par une forte chute des exportations, il convient de s'inquiéter, car cela signifie que la qualité des produits nationaux baisse ou qu'ils deviennent trop chers. C'est un vrai déficit de crise. Or même si les causes sont multiples : un euro fort et du pétrole cher, mais aussi et surtout, selon le gouvernement, un problème de compétitivité et de dynamisme à l'export des PME françaises, auquel il promet de s'attaquer. Après une année 2006 qui s'était soldée par un déficit record de 26,8 milliards d'€, 2007 n'annonce donc rien de meilleur, bien au contraire.
Une contre-performance due, et c’est là le plus gros problème, justement à des exportations flageolantes, notamment dans le secteur automobile. Au total, les ventes françaises n'ont augmenté que de 1,3% par rapport au second semestre 2006, à 198,9 milliards d'€, malgré la livraison de 145 avions Airbus, un record semestriel, et une nette progression des ventes de produits agricoles et agroalimentaires. Dans le même temps les importations ont progressé de 2%, à 214,1 milliards d'€ ce qui démontre l’incapacité de notre pays à faire face aux demandes réelles du pays dans certains domaines.
MANQUE DE COMPETITIVITE COMMERCIALE
Pour expliquer le fait que, depuis trois ans, la France voit son déficit commercial se creuser assez nettement, on avance généralement deux raisons principales. La première est l'augmentation des coûts de l'énergie, et donc du transport et de la production en règle générale. Il y a aussi l'euro fort qui décourage les investissements et freine énormément le tourisme. Mais si ces deux variantes ne sont pas négligeables, elles ne peuvent expliquer à elles seules la hausse du déficit commercial français. Une multitude d'autres facteurs interviennent.
Le plus important d'entre eux est sans nul doute la faiblesse de la France en terme de compétitivité, et pas tellement du coté des prix mais plutôt du coté de la…qualité des produits exportés. Par exemple, elle est trop peu présente sur le marché mondial du luxe. De plus, les délocalisations font perdre au pays de nombreuses exportations. Ce qui, par conséquent, augmente les besoins d'importations. Chaque fois qu’une entreprise française va fabriquer à l’extérieur le produit qu’elle revendra en France, ou même dans un autre pays, elle s’enrichit en plombant la balance commerciale. Par ailleurs, l'habitude de maintenir les marges lorsqu'il y a des difficultés pèse énormément sur ce déficit commercial. Ce sont donc tous ces facteurs, plus d'autres de moindre importance, qui pèsent dans la balance.
Et actuellement, il est vrai que la France est dans le rouge. Heureusement que Sarkozy n’a pas payé son séjour aux Etats Unis, car il aurait aggravé la situation. Il publiera un énième communiqué de l’Elysée qui se voudra incisif et rassurant, dans le genre : " vous allez voir ce que vous allez voir, dès que je suis de retour je prends ma carte de VRP ! "
Hervé Novelli, le secrétaire d’Etat qui présentait, hier, pour la première fois ces chiffres devant la presse, en a profité pour livrer sa vision pessimiste du commerce extérieur. La " variable " euro "n'est pas, à elle seule, susceptible d'expliquer nos difficultés ", a-t-il estimé. Quant à l'énergie, sa facture a diminué de 9,5%, et le solde, hors énergie, accuse pour la première fois un déficit (-2,6 milliards), ce qui est jugé " préoccupant " par le ministre.
Si la France " perd des parts de marché ", c'est surtout le fait de " facteurs structurels ", a-t-il expliqué, prenant pour " référence " l'Allemagne, premier exportateur mondial, qui a annoncé pour sa part, hier, un nouvel excédent commercial de 16,5 milliards d'€ en juin.
UN GROS PROBLEME DE QUALITE
Hervé Novelli a pointé le faible nombre d'entreprises moyennes en France (elles sont deux fois plus nombreuses outre-Rhin), susceptibles d'exporter. Pour le ministre, leur présence insuffisante sur les marchés porteurs (Europe centrale, Chine, Russie) et leur compétitivité " dégradée " entament les marges des entreprises. On laisse une grande part des marchés émergeants à nos rivaux beaucoup plus offensifs et surtout moins frileux vis à vis des risques. Et ce n’est pas nécessairement un problème structurel, comme le prétend Hervé Novelli, mais un problème de culture et d’éducation. Et ce n’est pas demain qu’il sera résolu : on préfère fabriquer moins cher ailleurs, que de qualité avec de la main d’œuvre qualifiée chez nous (textile, chaussures, automobiles…)
Dans bien des domaines, la qualité des produits français n'atteint pas celle de ses concurrents. L'industrie automobile est très révélatrice de ce phénomène, puisqu' aujourd'hui, les firmes japonaises vont bien au-delà des sociétés françaises. Là où on tente d’économiser sur le confort, la consommation, les alternatives énergétiques, les autres cherchent à les valoriser. A défaut de pouvoir être compétitive sur les prix, car il est bien évident que les coûts de production d'une firme française ne peuvent rivaliser avec une firme chinoise, les entreprises françaises doivent donc impérativement mener une croisade sur la qualité afin de s’installer sur d’autres créneaux que ceux des pays à bas prix. Les coupes sombres effectuées dans les budgets de la recherche, de l’éducation vont finir par coûter très cher. Si l’on veut redresser, dans plusieurs années, la situation, il faudra d’urgence accorder plus de place aux formations, mais on n'en prend pas le chemin…
Par ailleurs, l'une des choses dont on ne parle jamais dans les exportations, c'est de la créativité et des ressources culturelles des entreprises. Cela est paradoxal puisque la France se targue souvent d'avoir un patrimoine culturel important. Or, la balance extérieure dans le domaine culturel est quasiment déficitaire (cinéma, télévision, mode, arts…), ce qui dénote une crise profonde dont on évite soigneusement de parler. Bientôt on parviendra à ne plus avoir aucune exception française dans ce domaine. Il suffit d’ailleurs de constater la quantité de films américains sur les écrans de télévision pour s’inquiéter pour l’avenir !
Les services sont aussi, peu analysés. On continue, à tort, de croire que les exportations ne touchent que les autres secteurs, notamment celui des matières premières. C'était vrai hier, mais ça ne l'est plus aujourd'hui. De nos jours, les services tels que la téléphonie, l’informatique, par exemple, sont ce qui s'exporte le mieux. C'est donc pour cela que l'on doit orienter nos capacités d'exportation vers ce secteur, où nous sommes distancés dans tous les domaines. Par exemple, lors d’une voyage au Chili, j’ai personnellement constaté que, sur une propriété exemplaire de plusieurs centaines d’hectares, on ne trouvait que les barriques qui étaient françaises. Dans tout le chai, il n’y avait que du matériel allemand ou italien… alors que nous pourrions trouver des débouchés pour des technologies françaises performantes. La seule réponse que j’ai obtenue, c’est que les Français ne souhaitaient pas favoriser la concurrence des vins chiliens et ne diffusaient donc pas les outils permettant de les améliorer (pressoir, cuves inox, robinetterie…). Du moins le croient-ils !
LES ALLEMANDS EN FLECHE
Les exportations allemandes ont, par contre, progressé à un rythme soutenu au premier semestre, même si l'euro fort commence à peser. Une performance qui contraste avec les statistiques piteuses du commerce extérieur français. A mi-parcours, la première économie de la zone euro a dégagé un excédent commercial record de 73 milliards d'€, contre… 51 milliards un an plus tôt. L'Allemagne est en bonne voie pour défendre son titre de championne du monde des exportations, car pour la cinquième année consécutive, ses exportations ont bondi de 11,2% à 478,5 milliards d'€.
Ces chiffres contrastent cruellement avec ceux exposés ci-dessus. Comme par ailleurs la consommation des ménages, traditionnel talon d'Achille de la première économie de la zone euro, commence à décoller, le PIB a vraisemblablement progressé plus que prévu au deuxième trimestre, malgré un ralentissement de l'activité dans certains secteurs comme le bâtiment.
Pour l'instant, les entreprises allemandes résistent plutôt bien à l'euro fort. Ces dernières semaines, les poids lourds de l'économie allemande ont quasiment tous fait état de carnets de commandes pleins, à l'instar du conglomérat MAN. La monnaie unique européenne a pourtant inscrit fin juillet un nouveau record face au yen et au billet vert à 1,3852 dollar. Peu importe : commercialement les Allemands sont partout. En tant que président de la commission d’appel d’offres des Services d’Incendie et de Secours de la Gironde, lors d’un appel d’offres européen, j’ai été obligé de constater que les futures ambulances de la Gironde seront fabriquées chez Viesmann et expédiées depuis… Stuttgart. Elles sont d’excellente qualité, livrées dans les délais et… moins chères que celles de France ! L'Allemagne résiste donc mieux que la France pour plusieurs raisons. Les trois quarts des exportations de l'économie allemande se font à l'intérieur de l'Union européenne, et quasiment pour moitié dans la zone euro, où les effets de change ne jouent pas. Les industriels allemands sont par ailleurs très présents en Chine, actuellement en plein boum… où les Français hésitent beaucoup à tenter l’aventure.
Heureusement que la Libye va sauver les meubles avec ces contrats négociés depuis des mois et qui viennent miraculeusement de se concrétiser. Si en plus, Clavier refait un tabac avec " Les Visiteurs ", si Johnny revient avec son argent, si Doc’ Gynéco arrive à se sortir mieux de ses concerts en Suisse, et si tous les Ministres prennent leurs prochaines vacances en France, on peut espérer compenser les dégâts et améliorer la situation. La balance ne penchera plus à… gauche car bien évidemment tout ceci est de la faute des 35 heures, des charges sociales, des contrats de travail et du nombre de fonctionnaires. Les acteurs économiques et la droite n’y sont pour rien.
Mais je déblogue…
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