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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 00:17
La rentrée sera marquée par le départ de la course aux présidentielles. Une sorte de Palio comme à Sienne où, dans un espace réduit, les participants s’efforceront, par tous les moyens, de prendre la tête. Pas un instant d’hésitation : l’essentiel consiste à déstabiliser ses adversaires  au péril de sa vie politique, en portant les couleurs de son quartier (contrada) le plus longtemps possible.
La place de Sienne, où se déroule cette explication extraordinaire, constitue pour moi un lieu mythique par sa luminosité, son écrin de briques rouge rosé et son caractère paisible en temps ordinaires. On sait que la compétition met le " feu " à cet espace en forme d’immense réceptacle, le "Campo", pour foule touristique languissante.
C’est à une fête violente et aussi vraie que la vie, loin de tout folklore, que les Siennois ont confié le mythe de la grandeur d’un Etat qui n’est pas tout à fait mort. dans lequel ils constituaient en milice leurs habitants aptes su service armé. Les fameuses " Contradas ", au nombre de dix sept, représentent des organismes territoriaux démocratiques, nés en même temps que la ville, réunissant les citoyens d’un quartier.
 
LES CONTRADAS
Elles ont des noms symboliques et pittoresques: Tartuca (Tortue), Onda (Onde), Lupa (Louve), Nicchio (Coquille), Oca (Oie), Istrice (Hérisson), Drago (Dragon), Civetta (Chouette), Chiocciola (Escargot), Pantera (Panthère), Aquila (Aigle), Bruco (Chenille), Leocorno (Licorne), Valdimontone (Mouton), Giraffa (Girafe), Selva (Forêt), Torre (Tour). Amusez-vous donc à trouver quel(le) candidat(e) aux présidentielles françaises vous pourriez mettre sous ses " contradas ".
En vous promenant à pied dans la cité de Sienne ce serait plus facile, car vous découvririez aisément, grâce à des bannières, des écussons, le secteur dans lequel vous vous trouveriez. Sienne respire la compétition, l’esprit clanique, la vie sécrète, les affrontements ancestraux. La cité se trouve sans cesse en campagne et, dès que la première fabuleuse course du palio se termine (2 février) on pense à la prochaine (16 août) avec le sentiment, qu’un jour ou l’autre, justice vous sera rendue. Il suffit de se préparer, de trouver les coups tordus les meilleurs, de laisser les poursuivants s’échauffer, se balancer hors de la piste pour gagner. Rien ne sert de filer vite en tête, car les pièges sont aussi nombreux qu’au milieu du peloton !
Chez nous, il en sera de même, dès cette semaine, car malgré les vacances, chacun se prépare aux premiers "tours groupés" où les chutes provoquent le désespoir des supporteurs citoyens. Une glissade dans un virage à gauche, un rapproché trop serré à droite vous faisant franchir les limites, une attitude trop attentiste, et la catastrophe peut survenir à tout moment. C’est cette incertitude qui donne toute son attractivité à une compétition sans véritables règles autres que celles de la jungle.

LA VERTU ET LA RUSE
Les jockeys sont censés être, pour leur camp, la vertu et la ruse, alors que les chevaux les portant vers le succès illustrent la chance et le destin. Le plus souvent, ces premiers représentent les espoirs d’un clan et ne sont pas d’ailleurs… du peuple siennois. Ce sont des "butteri" (gardiens des bestiaux en Maremme) et des campagnes du Latium, ou des "vaqueros" sardes et siciliens. Héros de la course dont on se souvient de génération en génération, comme dans une légende de paladins glorieux et de traîtres perfides, ils ne jouissent pas actuellement d’une bonne réputation. Quand les Siennois veulent dire de quelqu'un qu'on ne peut pas se fier à lui, ils disent avec désinvolture qu’il est comme… un " jockey du Palio ".
ls établissent, le plus souvent entre eux, des pactes d'intérêt, s'aident, s’entravent les uns les autres, sans même tenir compte des consignes du " Capitaine de la Contrada ". Les citoyens des quartiers les surveillent avec méfiance et sont prêts, aussi bien à les exalter qu’à les battre, à les combler autant d’estime que de coups. Il y a toujours des accords secrets, des rapprochements contre nature ou historiques dont on ne connaît les dessous que quand le signal du départ est donné ! Il existe, en effet, entre les " contradas ", un jeu complexe d’alliances et de rivalités. Des quartiers supposés proches (Tartuca et Chiocciola, Onda et Torre etc.) sont souvent des ennemis irréconciliables. Il n’est pas rare que les alliances soient oubliées, face à l'ambition de la victoire. En attendant, chaque camp affûte ses armes, persuadé qu’il aura, le moment venu, la peau de l’ami ou de l’adversaire.

TARTUCA ET LA LUPA
D’abord, vous avez les partisans de la " Tartuca ", qui commencent à s'impatienter. Ils comptent sur une sortie d’hibernation de leur favori qui, lentement mais sûrement, revient dans le jeu. On les raille car on les voit arriver de loin, sans se presser, pour revendiquer une première place revenant de droit à leur " poulain ", en raison de sa capacité à rassembler, à devancer finalement les " trop pressés ". On prétend à Sienne que, pour donner davantage de sérénité à celui qui a déjà perdu l’édition antérieure, et qui était parti défénitivement, ils lui ont imposé une retraite loin de l’agitation de la collectivité. Une " mise à l'écart " que la " Tartuca " ne supporte plus et qu’elle voudrait voir cesser dès le début septembre, pour entrer dans l’arène où elle estime avoir, cette fois, rang de favori.
Le problème c’est que la " Lupa " a  déjà montré ses crocs acérés en son absence. Elle a vu grossir le nombre de ses fans et sa cote atteint des sommets, dont rêvent ses adversaires. Ce quartier, intellectuel par excellence, se présente comme celui de l’avenir et de la victoire assurés. Il a accompli, lors des dernières compétitions, des exploits interprétés comme des gages d’efficacité prometteurs, et s’est installé au cœur de l’événement, sans rien demander à personne.
A l’entraînement, la " Lupa " soulève l’enthousiasme, draine les foules, effectue des apparitions dans le camp des autres, histoire de démontrer qu’elle n’a peur de rien. Elle a récolté des alliés précieux, malgré son caractère déplorable, si l’on se fie aux écrits qui arrivent. On lui donne désormais, sauf accident grave, de bonnes chances de terminer les deux premiers tours d’échauffement en tête.

DRAGO ET LEOCORNO
" Drago " effarouche apparemment bien des gens, mais parvient finalement à en séduire beaucoup. Son agitation permanente, son souci de préserver son quartier de tous les étrangers, le soutien médiatique dont il bénéficie, l’ont rangé parmi les plus solides favoris. Il dévore les kilomètres dans la campagne pour se préparer à la lutte finale, comme pour décourager tous les autres prétendants. On vient de l'expédier au bord de la mer afin qu'il soit en pleine forme.
" Drago " crache le feu de Dieu, expédie des coups de pattes mortels, échappe à tous les guets-apens, piaffe d’impatience et défie surtout " Leocorno " a la crinière blanche qu’il a réussi à mettre à distance respectable dans les paris institutionnels.
Les partisans de cette " contrada " désespèrent, depuis plusieurs mois, car leur "cheval" vient d’être sérieusement secoué par une fièvre mystérieuse. Certains ont même prétendu qu’il avait manigancé une sombre affaire de dopage à l’eau claire de " Drago "… Une enquête rapide a permis d’identifier les coupables expiatoires dont on a du mal à croire qu’ils aient été totalement étrangers au camp de " Leocorno ".
Il y a aussi " Chiocciola " qui sort de son "palais coquille" de temps à autre pour s’intéresser à ce qui se passe chez les autres. Il a connu un triomphe inattendu lors du dernier palio. Il est vrai que l’élimination inattendue de " Tartuca " l’avait laissé dans l’ultime ligne droite avec " Pantera " blotti au cœur du peloton, attendant  patiemment son heure, pour finir par passer la ligne en vainqueur. La victoire fut facile car aucune " contrada " ne voulait du succés de " Pantera " et la foule approuva largement l’envolée historique de cet " escargot " pointant toujours ses cornes au bon moment.
Les milieux bien informés bruissent d’une rumeur sur le prochain Palio français : le défi entre " Chiocciola " et " Pantera " serait à nouveau programmé pour l’épreuve prochaine… car " Civetta " revient en pleine lumière pour porter les couleurs de la lutte ouvrière, " Istrice " déploie ses piquants révolutionnaires, " Buco " rêve de voir un jour l’éclosion du papillon rouge de son idéal et " Valdimontone " bêle en béarnais qu’il doit être rangé parmi les plus redoutables prédateurs
Le " Palio " siennois est impitoyable et nul ne saurait en prévoir l’issue. Et croyez-moi on est loin de la politique…
Mais je déblogue…
Retour sur chronique (articles publiés après cette chronqiue) : 
 
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3 août 2006 4 03 /08 /août /2006 07:17
Gabriel Garcia Marquez s’est retiré de la vie publique à Mexico, pour raisons de santé, il souffre d’un cancer lymphatique. Son état s’aggrave de jour en jour. Il a adressé cette lettre d’adieu à ses amis que je trouve tellement belle et émouvante que je voudrais vous la confier, selon le souhait de son auteur.
Un incident technique d'informatique ayant effacé, hier soir, très tard, le texte que je venais d'écrire je vous livre ce matin celui-ci, récent, exceptionnel de l'un des plus grands écrivains d'Amérique du Sud !
‘Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m’offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais.
Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais.
Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu’elles valent, mais pour ce qu’elles représentent.
Je dormirais peu, je rêverais plus, sachant qu’en fermant les yeux, à chaque minute nous perdons 60 secondes de lumière.
Je marcherais quand les autres s’arrêteraient, je me réveillerais quand les autres dormiraient.
 
Si Dieu me faisait cadeau d’un morceau de vie, je m’habillerais simplement, je me coucherais à plat ventre au soleil, laissant à découvert pas seulement mon corps, mais aussi mon âme.
Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu’ils cessent d’être amoureux parce qu’ils vieillissent, sans savoir qu’ils vieillissent quand ils cessent d’être amoureux ! A l’enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre à voler tout seul.
Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l’oubli.
J’ai appris tant de choses de vous, les hommes… J’ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la manière d’y arriver.
J’ai appris que lorsqu’un nouveau né serre pour la première fois, le doigt de son père, avec son petit poing, il le tient pour toujours.
J’ai appris qu’un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables à se relever.
 
J’ai appris tant de choses de vous, mais à la vérité cela ne me servira pas à grand chose, si cela devait rester en moi, c’est que malheureusement je serais en train de mourir.
Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses.
Si je savais que c’est peut être aujourd’hui la dernière fois que je te vois dormir, je t’embrasserais très fort et je prierais pour pouvoir être le gardien de ton âme.
Si je savais que ce sont les derniers moments où je te vois, je te dirais ‘je t’aime’ sans stupidement penser que tu le sais déjà.
Il y a toujours un lendemain, et la vie nous donne souvent une autre possibilité pour faire les choses bien, mais au cas où elle se tromperait et  si c’est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t’aime, que jamais je ne t’oublierai.
Le lendemain n’est sûr pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux.
 
C’est peut être aujourd’hui que tu vois pour la dernière fois ceux que tu aimes. Pour cela, n’attends pas, ne perds pas de temps, fais le aujourd’hui, car peut être demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n’avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu étais trop occupé pour accéder à un de leur dernier désir.
Garde ceux que tu aimes prés de toi, dis leur à l’oreille combien tu as besoin d’eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire ‘je regrette’ ‘pardonne-moi’ ‘s’il te plait’ ‘merci’ et tous les mots d’amour que tu connais.
Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer.
Dis à tes amis et à ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi.
 
Envoie cette lettre à tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd’hui. Et si tu ne le fais pas cela n’a pas d’importance. Le moment sera passé.
 
Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse".
 
Si un jour la vie ne vous convient plus lisez donc ce texte car il n'y a pas plus bel hymne à l'avenir!
Désolé pour cette chronqiue splendide empruntée à un autre, mais je n'ai pas eu le courage de me remettre à créer la vie par l'écriture cette nuit...
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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 07:17
Le château de Pitray sur les hauteurs de Gardegan et Tourtirac, près de Castillon la Bataille, a des allures des vastes bâtisses royales écossaises. Il accueillait hier les Princes de la Grande Boucle et leurs invités pour la 33° édition du Critérium d’après Tour de France, sous les frondaisons d’arbres séculaires. Un cadre à la Cecil B. De Mille pour une manifestation surtout destinée à favoriser la rencontre entre des " héros " et leur public.
Le repas d’avant " match " qui rassemble traditionnellement toutes les générations et tout ce que le monde régional de la Petite Reine compte comme personnalités, a au moins autant d’importance pour analyser l’un des sports les plus populaires que tous les reportages de France Télévision. Il suffit d’écouter, d’observer, pour mesurer l’évolution en cours. Depuis maintenant trois décennies, soit professionnellement, soit amicalement, je participe à ces agapes post déchaînement médiatique de Juillet.
Les lieux ont changé, tous plus prestigieux les uns que les autres, sans que leur influence soit réelle sur l’appréciation que l’on peut porter sur le cyclisme spectacle. Point n’est besoin d’avoir un grand sens de l’analyse pour savoir où en est la fameuse légende des cycles. L’épilogue castillonnais du Tour résume à la perfection les épisodes précédents.
Georges Barrière, l’irremplaçable organisateur de cette épreuve, réputée comme l’une des plus exigeantes du genre, accueillait hier ses invités avec la gueule des très mauvais jours. C’était déjà un signe avant coureur de la catastrophe en cours. Passionné, redoutable connaisseur des us et coutumes du milieu, ami discret des plus célèbres fugueurs du peloton, sans illusion réelle sur le système actuel et passé, il ne pouvait cacher son désespoir. Lui qui apportait, au début de sa carrière bénévole d’organisateur, du rêve à des milliers de spectateurs ne pouvait que constater que, désormais, il a du mal à ne pas vivre dans le cauchemar. Constituer un plateau de participants crédibles et accessibles relève depuis quelques années du même genre d’exploit que de monter vers l’Alpe d’Huez en moins de 35 minutes ! " Je ne suis certain de la présence des coureurs prévus que quand ils descendent de leur voiture devant l’hôtel " avouait-il au milieu de plusieurs centaines de convives, visiblement peu préoccupés par la liste des engagés.
UN NOM POUR QUE LA FOULE COURE
En effet, il fut une époque où il suffisait d’un nom pour que la foule coure vers la côte de Belvés. Et son seul souci consistait à avoir les moyens financiers de s'assurer la présence de celui que les frustrés du contact direct avec les archanges du petit écran, voulaient approcher. Arracher un autographe à celui que l’on avait vu passer comme une fusée au bord d’une route ensoleillée, se faire photographier avec une gueule d’ange aux pois rouges, pouvoir simplement toucher la tunique de l’idole suffisait au bonheur des gamins et des dames. D’ailleurs, j’ai le souvenir, lors d’un reportage m’ayant permis de suivre, pas à pas, pour Sud-Ouest, avant le rendez-vous de Castillon, Richard Virenque durant trois jours, d’avoir été ébahi par la folie populaire qui entourait chacune de ses apparitions. Extravaguant, délirant, démoralisant ensuite... quand on eut connaissance de la suite, mais tellement révélateur d’une société avide de toujours plus d’exploits pour se sortir de la grisaille dévastatrice du quotidien. Les " anciens " regardaient cette " Virencomania " avec étonnement, et même avec une pointe de dérision.
Hier, on se bousculait davantage au repas pour s’installer à la table de Miss France et de ses dauphines qu’à celle de Moreau, Dessel ou Calzati et consorts. Autre signe des temps ! Il régnait, dans le cadre bucolique de Pitray, une évidente indifférence. Applaudissements polis lors de la présentation, au dessert, des " vedettes " par Daniel Mangeas, une seule caméra présente et des photographes se comptant sur les doigts d’une seule main, des tables qui se vidaient rapidement, aucune furia pour approcher de ceux qui roulent pour une caisse de retraite ou pour un vendeur d’abonnement téléphonique.
Raymond Poulidor lui-même paraissait absent. Lui, le philosophe des vérités toutes faites, semblait étrangement ignoré par les habitués, comme si un doute général planait sur ces retrouvailles. Les "anciens" présents, même sans aucune illusion sur les obligations connues, générées par la notion de résultat, ne pavoisaient pas. La crédibilité de la passion qui fut leur métier a pris un sérieux coup de pompe !
JAMAIS LE MILIEU NE PARDONNERA
La fringale " tostéronique " de Landis avait " repoulidorisé " le cyclisme. Paradoxalement, l’envie de voir les idoles réaliser des miracles quotidiens s’accommodait mal de la domination suspecte du pote inconditionnel de " dobliou Buche ". Poulidor ne pouvait plus raconter la malchance qui fit sa notoriété, et les défaillances malvenues qui le transformèrent en admirable victime. Elles ne correspondaient plus, depuis des années, à la réalité du terrain. Jamais le milieu (coureurs, sponsors, médias, supporteurs, grand public…) ne pardonnera au transfuge de la religion mennonite sa résurrection mal dosée, qui a suivi sa montée poussive aux enfers!
Personne, autour des tables rondes où le vin des Côtes de Castillon coulait à flots, ne pipait mot sur le sujet. Landis n'était pas là. Inutile de réveiller les morts! D’abord par peur d’être rangé au rayon des gens qui s’acharnent lâchement sur un sport professionnel moribond. Toutes les rustines médiatiques n’empêcheront  probablement pas, en effet, le vélo de crever tout seul !
Ensuite, parce qu'à chacune d’entre elles, se trouvait forcément une personne qui, de près ou de plus loin, se nourrissait à la mamelle de cette activité devenue surnaturelle. L’inquiétude de la " tribu " sur son sort, probablement scellé, samedi soir, avec le verdict qui démentira le principe voulant que, peu importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse, était palpable. Mieux valait donc ne pas en rajouter. Les esprits étaient échauffés. Heuruesement qu'un athlète alméricain a été pris la seringue dans la peau!  Et, le seul micro radiophonique présent, semblait égaré au milieu d’un bassin de carpes.
Enfin et surtout, il n’est pas bien venu de faire perdre leurs illusions de pureté aux croyants encore présents. Ils ne supportent pas, un peu comme les adeptes des sectes, que vous les rameniez à la raison, car ils perdraient la face, et surtout l’estime qu’ils avaient pour leur foi dans l’autre. En terme d’image, le vélo, pourtant tellement populaire, tellement ancré dans la société, tellement démultiplié par la télé, ressemble désormais à celle de Canal + sans décodeur. Il faudra une passion décuplée pour y trouver un intérêt…
ETONNANT ESPRIT COCARDIER
Le verdict se trouvait sur le circuit. Moins de monde, bien moins de monde aux guichets. L’ambiance familiale habituelle, la ferveur militante, la confiance aveugle n’étaient plus de mise. Bizarrement, il y régnait un étonnant esprit cocardier, comme si les erreurs des Américains, des Italiens, des Espagnols, des Allemands avaient redonné des couleurs à Moreau, Dessel, Calzati, Fédrigo, Jalabert, Pineau, Portal et consorts. Des noms qui, parfois, appartenaient au peloton des… etc et qui, maintenant trouvent un courant de sympathie compréhensif. Leur faiblesse antérieure, dont on se moquait, est devenue un gage de sincérité provisoire. Si, par malheur, ils venaient à " trahir ", ils couperaient définitivement le fil de plus en plus mince qui relie encore le Peuple à un sport qui l’a fait rêver.
Au fait j’ai oublié de vous le confier : il y a eu une course sous les encouragements de milliers d’inconditionnels. Le vainqueur ? Ah ! Oui ! Ca vous intéresse encore ?… Consultez donc votre quotidien, et regardez un peu la place qu’il réservera à ce Critérium, et vous aurez une idée précise du principe voulant que l’on vous oublie d’autant plus vite que l’on vous a beaucoup encensé à tort ! Les journalistes n’aiment pas beaucoup se tromper. Alors, le vainqueur… On le désignera par un sondage !
Mais je déblogue…
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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 07:17
L’été apporte son lot, de plus en plus considérable, d’animations. Quand la vie sociale s'endormait en juillet et août, elle se déchaine maintenant. Une profonde mutation des habitudes relatives aux vacances nécessite en effet une adaptation des structures, des propositions. Inutile désormais d’espérer attirer sur un territoire des visiteurs, sans que leur soient proposées des activités très diverses. Dans un minimum de temps (pouvoir d’achat oblige) certains souhaitent en effet " goûter " au maximum de distractions, à des prix non prohibitifs. Le touriste dépense de moins en moins : c’est la certitude à laquelle il faudra s’habituer. La chasse aux touristes est devenue européenne et même mondiale. J’ai été frappé, en Aveyron, par l’énergie déployée dans les moindres villages pour répondre à l’attente des visiteurs. Des efforts désespérés !
Parmi les Français partis en vacances en 2004, près de la moitié (46%) ne sont partis qu'une seule fois, 25% deux fois et 29% au moins trois fois. La hausse des taux de départ concerne surtout les vacances d'hiver.
En 2004 toujours, 32% des Français sont partis en hiver (19 millions), soit quatre points de plus qu'en 1999, alors que dans le même temps, la proportion de Français partis en été a baissé de 59% à… 57%. La proportion de vacanciers chanceux partant à la fois l'été et l'hiver est en revanche passée de 23% en 1999 à 27% en 2004. Il faut donc absolument être percutant et original pour attirer les " actifs " désireux de se dépayser car, d’un autre côté, les " retraités " principaux consommateurs de vacances étalent de plus en plus les périodes qu’ils consacrent au dépaysement.
En revanche, "par choix ou par contrainte, 21 millions de personnes (35,4%) ne sont pas parties, en 2004, en vacances (séjour d'au moins quatre jours), parmi lesquelles plus d'un quart de la population (26,4%) "n'est pas parti du tout, ni en court séjour, ni en week-end", note l'enquête statistique. Parmi les raisons de ne pas partir, arrive en premier "le manque d'argent" (37%), puis "le choix délibéré" (20%), "les raisons de santé" (15%) et "les raisons professionnelles ou d'études" (10%). Il y a aussi ceux qui consacrent tous leurs congés à leur maison… pour achever des travaux coûteux ou pour l’entretenir. Si l’on ajoute les fans de la piscine, qu’il devient obligatoire de " rentabiliser " on assiste à un réel tassement de la fréquentation estivale !

ON REAGIT AU COUP DE COEUR
Ensuite, il n’y a plus de certitudes, et de moins en moins d’habitudes immuables. Le choix du lieu et de la durée est effectué à la dernière minute. On ne retient plus des mois à l’avance, mais on réagit sur un coup de cœur ou à la suite d’une opportunité financièrement intéressante. Selon une enquête 33% des vacanciers ont pris une décision "à moins d'un mois du départ", contre 30% l'an dernier. Quand 70% des Français affirment utiliser internet pour faire leurs recherches et se préparer, 35% réservent sur le web (et 10% du volume d'affaires touristiques est payé par ce biais, contre 2% il y a quatre ans), on peut s’inquiéter sur le sort à réserver aux fameux dépliants dont regorgent tous les offices de tourisme.
Enfin, il devient extrêmement dangereux de tabler sur le seul farniente lié au soleil. Les campagnes nationales entamées contre les dangers d’expositions exagérées, et notamment celui du cancer de la peau, mettent en péril le tourisme " statique " qui n’attire plus que les jeunes dont le pouvoir d’achat n’est pas considérable. Les autres générations consomment à contre temps cet élément naturel référencé comme indispensable à une éternelle jeunesse. Le problème c’est qu’elles vont le chercher à bas prix dans des pays " spécialisés ", sans retombées économiques réelles pour la France.
Autre tendance des vacances à la française : on voyage moins. Seul un Français sur deux partira cet été pour un séjour de quatre nuitées et plus, contre 60% il y a cinq ans. Et ce, plus volontiers à la mer ou la campagne qu'à la montagne, qui enregistre un recul de 8% de ses réservations en un an. Seulement 15% iront à l'étranger, principalement dans les pays limitrophes (Espagne, Italie). D'ailleurs, les Français évitent de plus en plus de payer leur hébergement. Plus d'un séjour sur deux se fait en famille, chez des amis, en résidence secondaire ou dans un camping-car prêté, contre 48% de vacances en hébergement marchand (ils représentaient près de 60% il y a cinq ans).

LA MASSE ET L’UNIFORMITE
L’adaptation ne passera plus par la mise en œuvre de " macro-politiques " touristiques reposant sur l’installation de complexes, où la masse ne rencontre que l’uniformité. Les stratégies de " villages vacances " inhumains, de villes " surbookées " vont disparaître au profit d’unités beaucoup plus réduites procurant l’impression d’un traitement personnalisé de l’attente de distraction. La base de toute initiative doit désormais reposer sur deux principes clairs et complémentaires : liberté et diversité.
Le "touriste" ne souhaite rien de particulier mais veut tout. Il aime pouvoir choisir entre un panel complet d’activités pour, au moment où il le veut, pratqiuer ou aler vers celle qui convient à son humeur. Si la randonnée pédestre lui plait, il est maintenant indispensable de proposer plusieurs circuits adaptables aux " humeurs " au " climat " ou aux " ambitions ". Il en va de même pour les distractions culturelles ou sportives.
Impossible de compter sur une réussite automatique de manifestations qui ne sont pas basées sur la passion (festivals de tous genres) ou la détente pure (musique et bouffe sous les étoiles). L’idéal consiste même à conjuguer les deux facettes, afin que les personnes intéressées puissent " entrer " et " sortir " de la manifestation ou de l’activité sans aucune contrainte particulière.
Cette évolution profite actuellement à des départements beaucoup moins figés que la Gironde. Il manque singulièrement de réactivité dans un milieu où durant les trois dernières décennies tout a été bâti sur l’attractivité de la côte atlantique, et dans lequel le milieu viticole a snobé ces touristes de passage qui l’ennuyaient en sollicitant une ouverture réelle et permanente,   jugée non rentable. Il en va autrement dans les territoires qui ont traversé des crises économiques graves et qui ont vu dans la fréquentation touristique une planche de salut.
NOUVELLE DONNE TOURISTIQUE
Le réseau girondin des pistes cyclables (le premier de France par sa longueur : 500 km de pistes en site propre, 435 km de pistes et bandes cyclables en milieu urbain, 2000 km de sentiers de randonnée balisés pour la plupart ouverts aux VTT) constitue le moteur d’une adaptation partielle exemplaire à cette nouvelle donne touristique (Lire Sud Ouest ce matin sur la "Lapébie"). Ce n’est que dans quelques années, à travers l’impact de cette politique de diversification, sur la " génération " suivante de touristes, que l’on jugera de la véracité de ce constat.
En effet le besoin d’itinérance, le " zapping " culturel, la parcellisation des séjours, la nécessité d’avoir une activité physique, l’augmentation du coût des transports vont peser durablement sur les orientations en matière de développement de la fréquentation. L'avenir est probablement à la proximité très épisodique ! Et là,
la nécessité d’innover va devenir urgente car l’accueil en France, contrairement à l’opinion dominante, laisse encore beaucoup à désirer. On rêve de cars de Japonais ou de voyages organisés pour retraités américains. Or, nous devrions travailler sur un environnement social plus proche !
La note à payer sera tôt ou tard présentée par ces " touristes " exigeants que nous devenons, près de chez nous. Et elle risque d’être aussi salée que celle de certains lieux, où il ne fait pas bon passer avec sa carte bleue.
Mais je déblogue…
 
 
 
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31 juillet 2006 1 31 /07 /juillet /2006 07:17
En baissant pavillon devant l’économique, le monde politique actuel aura tout bonnement laissé s’installer la mondialisation. Les enjeux du plein emploi font que plus personne n’ose élever la voix quand tousse le PDG d’une multinationale. Ainsi, les médias attendent avec au moins autant d’impatience une déclaration de Carlos Gosnh sur les accords éventuels entre Renault, Nissan et General Motors qu’un entretien de Droopy Chirac avec PPDA et Pujadas. Le contenu a des conséquences autrement supérieures aux facettes de la rentrée… politique, réputée politicienne. Les universités d’été seront vite éclipsées, les programmes mis à mal ,par les débats qui se préparent sur un sujet emblématique du renoncement des élus à réguler un système qui les effraie. Un " patron " d’un certain niveau a, en effet, désormais beaucoup plus d’impact sur le territoire qu’un élu national. La tendance ambiguë consiste donc à laisser  les PDG d’importance revendiquer la liberté absolue d’agir, mais de leur accorder, sur les fonds publics, le maximum d’aides, sans contre partie. Comme les décisions sont supposées plomber l’efficacité économique, des réglementations sociales dénoncées comme trop contraignantes, des décisions réputées inapplicables, circulent dans la société et accréditent l’idée selon laquelle le libéralisme constituerait la seule panacée aux difficultés évidentes. Ainsi, l'enjeu de la fusion entre Gaz de France et Suez va d’ailleurs vite prendre le pas sur tous les autres problèmes de la rentrée.
 
LE DEPECAGE CONTINUEL
Dans un tel contexte, la révolte des députés UMP les plus influents devient plutôt atypique et comique. Ils se rendent bien compte que le dépeçage continuel des grandes entreprises, de ce qui fut le service public, n’a pas été, à ce jour, très rentable pour l’emploi. Aucune privatisation imposée par l’Europe ou consentie pour des pures raisons idéologiques n’a généré d’autres profits que pour le capital. La précarité s’est installée pour les salariés et les usagers vérifient chaque jour que le service n’est plus ce qu’il était.
Un exemple : une entreprise coupe accidentellement, sur Créon, un câble téléphonique  desservant huit abonnés dont une personne âgée seule. France Télécom demande au minimum huit jours pour réparer, ce qui constitue une interruption manifeste du service… Les câbles électriques ne supportent pas la chaleur au centre de Bordeaux, à Ambés ou dans le Blayais, et EDF met des dizaines d’heures à rétablir la distribution aux abonnés. Et partout, les mêmes insatisfactions montent. Au nom de la rentabilité et de la concurrence obligatoires, des réseaux solides se délitent ou disparaissent. Des pages entières de publicité ont été déployées dans les grands quotidiens, pour vanter les vertus de la fusion GDF-Suez. Ce n'est pas un hasard : l'enjeu idéologique est de taille ! 
Et, par ailleurs, l’UMP, tout de même inquiète sur les conséquences de cette décision, se veut plus de gauche que la gauche (c’est parfois assez facile !) et tente de sauver les meubles. Des plans B (Villepénistes) ou C (Sarkozistes) fleurissent afin de tenter de contourner l’obstacle, mais il est certain que ce ne sera pas la pression populaire sur ce sujet qui fera reculer les " ayatollahs " libéraux. En renonçant à contrôler le secteur de plus en plus sensible de l’énergie, les " politiques " jouent véritablement l’avenir du pays à quitte ou double. Les générations futures règleront la note !
EFFICACITE DE LA GESTION LIBERALE
Le contexte général devrait pourtant donner à réfléchir aux citoyens sur l’efficacité de la gestion libérale, réputée responsable. Les stocks options sur lesquelles peu de monde au sein du PS n'a la conscience tranquille ont provoqué quelques larmes de crocodile, mais pas une réponse à la hauteur du scandale. Si la bonne gestion d’une entreprise se juge au montant de ce que l’on emporte lorsque l’on est viré, les indemnités des députés et des ministres relèvent du SMIG. Peut-on considérer que le PDG du futur groupe " GDF-Suez " sera plus efficace que celui dont le salaire et les indemnités sont plafonnés au sein de Gaz de France ? La démesure n’a jamais constitué un gage de réussite.
Quant à l’honnêteté dans la gestion privée, il faut bien convenir qu’elle mériterait d’être examinée de plus près. La récente affaire Faurecia vient de mettre en lumière des pratiques que l’on ne prête, selon la rumeur populaire, qu’aux… politiques. L’entreprise française, dont Peugeot et Citroën possèdent plus de 71 % des parts, devait être parfaitement contrôlée par les… commissaires aux comptes, les administrateurs, les experts en gestion, puisqu’elle est en train de se noyer sous… les pots de vin ! Un " système de distribution " en tous genres qui touche essentiellement les constructeurs allemands. Il est vrai que cette brillante entreprise, qui avait déjà licencié…7 000 personnes sur ses sites d’Europe de l’Ouest afin de délocaliser à l’Est et en Asie, affichait une perte nette de 182,5 millions d’€ et pour les 6 premiers mois de 2006 seulement 48,2 millions d’€ de trou.
Faurecia aurait distribué parfois, pour une seule marque, plus de 800 000 € de cadeaux, de voyages, d’avantages divers pour obtenir la fourniture en équipements pour les automobiles Audi, BMW, Volkswagen, Ford et Opel. Excusez du peu ! Un exemple de gestion transparente qui avait donné lieu à la publication d’un code d’éthique interne à l’entreprise pour rassurer les actionnaires qui, d’ailleurs, ne faisaient guère confiance à leur filiale puisque les constructeurs français qui passaient pour 40 % de commandes, étaient tombés à 10 % ! Il est certain que cette situation, mise  au grand jour de l’autre coté du Rhin, ne peut avoir cours ailleurs dans cette Europe du libre échange, de la concurrence frénétique et surtout de la recherche permanente du profit maximum, au détriment de toute considération humaniste.
LE PIEGE DE L’ACTIONNARIAT OUVRIER
La grande braderie va donc reprendre. Elle finira par concerner finalement tous les secteurs de l’activité économique, et plus particulièrement ceux qui seront fondamentaux dans l’avenir proche. Comment ne pas trouver sous le conflit en cours de généralisation au Moyen Orient les enjeux de l’énergie ? Comment ne pas être préoccupé par ceux à venir autour des ressources en eau potable ? Qui peut rester indifférent au pillage des forêts amazoniennes ou des ressources en matières premières des pays africains ? Dans tous les cas, le politique court après des puissances économiques colossales qui peuvent faire et défaire les gouvernements, les régimes, les carrières. 
Les enjeux financiers sont tels que la démocratie devient souvent un handicap pour les développer, les faire prospérer. Il faut donc, par tous les moyens, interférer dans des débats qui n’ont plus rien d’idéologiques. En prenant le contrôle de quasiment toute la presse écrite, en s’accaparant le monde de la radio puis celui de la télévision, le milieu économique a stérilisé le monde politique, en développant le principe de l’opinion dominante et de la pensée unique, avec droit à des marges réduites de 5 à 10 % ,abandonnées à l'extrême gauche!
Son prochain objectif en France s’affirme chaque jour d’avantage : éviter une confrontation trop forte aux présidentielles. Il faut arriver à ce que l’erreur du traité constitutionnel européen ne se reproduise pas et, pour cela, on va éviter un choix alternatif trop fort. On fera référence au coût des programmes, aux dégâts éventuels sur l’emploi, au désastre pour l’entrepreneur, aux nécessités de s’adapter à la mondialisation et ainsi,  on rognera les ailes gauches les plus affirmées.
Droopy Chirac l’a d’ailleurs compris en proposant de  lier rapidement le sort des ouvriers à celui du capital, vieux rêve gaullien. Le serpent de mer du donnant donnant, annulant la différence, a ressurgi ! Lors de sa traditionnelle conférence de presse du 14 juillet, il a fait l’éloge de l’actionnariat ouvrier, à développer, selon lui, au sein des entreprises . Il remet par là au goût du jour la participation pour tous, initiée par le général de Gaulle, il y a près de quarante ans... La participation, créée en 1967 et mise en place par accord collectif, est obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés et facultative pour les autres, avec l’objectif ,diversement atteint ,de redistribuer une partie des bénéfices aux salariés... Quand il y en a ! Tous les PDG l’ont bien compris avec… les stock options, et chez Faurecia, ils ont même fait mieux , en les distribuant avant même de connaître le résultat du travail.
Mais je déblogue…
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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 07:17
Je devrais pourtant y être habitué : il n’y a rien de pire que les retours. Je suis certain que ça vous est arrivé de vous dire que, dans le fond, si vous aviez su, vous ne seriez pas parti afin d’éviter d’affronter ce sentiment douloureux de devoir reprendre des repères dont vous vouliez absolument vous débarrasser. Le propre des vacances c’est justement de permettre à la fois de ressentir le plaisir de " l’ailleurs " mais, aussi et surtout, de vous altérer le moral car elles vous ramènent tôt ou tard à " ici et maintenant ". Et plus vous avez rompu avec la pression sociale habituelle, et plus vous avez envie d’y échapper.
Me voici donc dans l’antichambre de la rentrée, ne connaissant pas encore tous les soucis spécifiques qui m’assailleront demain matin. En attendant, depuis Canet de Salars, sans télé, avec seulement le matin, le silence impressionnant d’un coin de nature près du Lac de Pareloup, j'ai vite eu l’impression de me prendre la tête, toute l'année, pour des faits dont les autres pourraient s’occuper avec plus de motivation et de talent que moi. Seule la revue de presse quotidienne, partant du local ou du régional (Centre Presse ou le Midi Libre), au national ou à l’international (Libé et L’Equipe), me permettait d’observer un monde qui me semblait ne plus me concerner.
Etrange sensation que celle qui vous déconnecte des malheurs des autres, qui vous rend indifférent à ce qui passionne ou inquiète la planète entière, mais que vous n’arrivez pas à prendre en compte. Le poids des mots ne compense pas le choc des images. Leur absence relativise tout : les " exploits " du Tour de France, les gesticulations du Roquet de Neuilly, les déclarations solennelles de Droopy Chirac, les événements pourtant dramatiques du Liban, les cris de vierges effarouchées du monde sportif, affolé par un dopage omniprésent. Plus rien ne vous paraît dramatique, car vous avez le recul du temps, et du récit effectué par d’autres… ce qui vous permet de ne plus devenir un témoin direct, impliqué dans l’événement. L’intensité de la dépression du retour repose sur cette brutale confrontation directe avec l’actualité illustrée. Il faut se faire violence pour ne pas reconnaître que l’indifférence ne constitue pas la solution à tous les problèmes de conscience. En effet, le propre des vacances c’est de vous rendre égoïste, préoccupé parfois uniquement par votre corps, vos proches, vos repas, vos sorties… Plus, d’ailleurs, vous effectuez ce transfert égocentrique, et plus votre réadaptation collective deviendra douloureuse. Aoûtiennes et aoûtiens, autant vous prévenir : gardez le contact avec le monde réel car, en septembre, vous allez souffrir!
LA CONSTANCE DES PROBLEMES
La lecture de la presse aveyronnaise m’aura permis de ne pas me transformer en Robinson potentiel. En effet, elle m'a aidé à me ressourcer, à me reconstituer un moral, car paradoxalement, elle témoigne de la constance des problèmes rencontrés par toutes les collectivités. J'ai eu, durant 15 jours la détestable impression qu'il y avait une justice, et que les emmerdements n'étaient pas que pour moi. Ca fait un bien immense !
Appel du Président du Syndicat départemental de traitement des déchets pour qu’un élu courageux accepte de … proposer un espace utilisable pour le stockage des produits ultimes non dangereux venant des ordures ménagères. Personne n’en veut, et la moindre esquisse de projet dans un département peu peuplé suscite immédiatement une mobilisation locale hostile. Et pourtant, personne ne sait qu’en faire !
A Barraqueville, des panonceaux, des banderoles appellent à manifester contre un centre privé de collecte des boues des stations d’épuration… Il ne se fera pas ici, mais les " écolos locaux " n’ont pas d’ailleurs à proposer. En attendant, personne ne sait qu'en faire!
 En revanche, à Millau, on oublie avec ferveur les oppositions forcenées à la construction du viaduc réunissant les falaises du Causse par un trait faisant la fierté de l’Aveyron. Les comités contestataires d’antan se sont dissous dans la nature…et les recours multiples et variés sont classés dans les greffes des tribunaux administratifs.
Personne ne se plaignait en Aveyron de la canicule, dont on sait là-bas dompter les effets pervers par une solidarité familiale encore forte.  En revanche, Rodez grognait amèrement de la non prévision du phénomène global "troisième âge", en sollicitant des aides de l’Etat pour construire les places d’accueil manquant cruellement pour les personnes âgées dépendantes.
 Et  partout, la notion de fêtes, de culture estivale, de rencontre entre producteurs et consommateurs, de valorisation des loisirs, pour espérer recueillir une part des retombées d’une saison touristique de plus en plus courte, et surtout marquée par les difficultés économiques réelles de ceux qui passent par là. La tentation est grande de faire le maximum de fric sur les touristes... et on y cède volontiers! Les agriculteurs tirent la langue comme leurs troupeaux. Les rares PME se délocalisent vers des cieux plus aidés en termes de reconversion, et les élus en appellent à Saint Sarkozy qui est passé signer son bouqin écrit au black, à Palavas devant des foules enthousiastes!
Le ministre de la culture est, lui aussi,  passé au retour d'Avignon où il avait collecté les tomates, pour promettre des millions et des millions d’Euros pour un musée du peintre Soulages, et il est reparti, car le dossier ne verra le jour qu’en 2010 ! Alors d’ici là… il passera des bulletins dans les urnes !
Le club de football ruthénois va mettre la clé sous la porte, victime des errances d’une Fédération , préoccupée par le cas Zidane, mais oublieuse des difficultés des structures de base.
Ah! j’allais oublier l’essentiel : la constitution d’un comité de soutien à une candidature royale et les Montebourriens, aussi rares que les maisons dans le Larzac ! Chaque jour, je me disais que le retour ne serait pas trop délicat car mon bain d’actualité quotidienne ne m’éloignait guère de ce qui m’attendait à Créon.
MA CURE DE DESINTOXICATION
En ouvrant l’Equipe, j’entamai, en revanche, ma cure de désintoxication. L’exploit, à la force saine du mollet, nécessitait un regard critique que je ne trouvai pas dans celui du grand quotidien sportif… Les journalistes présents sur le Tour ne subodoraient absolument rien. Ils ressemblaient , quotidiennement, à ces apôtres qui ont raconté avoir vu Jésus marcher sur l’eau, multiplier les pains et les poissons ou faire se lever et marcher Lazarre Landis. N’ayant pas vu les images probablement hallucinantes de l’Américain grimpant les cols à l’allure d’un TGV , je me suis converti, en croyant non pratiquant… par la seule puissance de cet Evangile quotidien qu’est l’Equipe.
 Au moins, du temps d’Antoine Blondin, on savait que, dans son billet du jour, le dopage était présent. Il le trouvait au comptoir d’un bistrot, et s’il devenait dithyrambique, il le faisait avec tellement de dérision que personne ne pouvait le prendre au sérieux. Ses successeurs pratiquent,  eux, avec une telle avidité le journalisme alimentaire, qu’ils finiraient par donner, à un menu cancérigène, le label bio. Le problème, c’est qu’à force de superlatifs, d’absence d’esprit critique, de louanges télévisuelles constantes, il n'est plus du tout possible de croire dans le moindre exploit. Le monde du sport est infiniment plus pourri que celui de la politique. Depuis, la fameuse loi des séries a focalisé sur des pratiques identiques dans l’athlétisme, et… c’est véritablement un miracle que le Mondial de football n’ait pas encore été entaché d’une tricherie de ce genre. D’ailleurs, c’est être bien naïf que croire que les Bleus et les autres ont fonctionné à l’eau claire. Il y a eu des résurrections suspectes, et des énervements ambigus.

ARTICLES SOBRES, CLAIRS… INCONTESTABLES
" Libé " avait en revanche un excellent chroniqueur quotidien, qui n’a cessé d’écrire qu’il était humainement impossible, sans dopage, d’accomplir les ascensions au rythme où elles l’ont été (notamment l’Alpe d’Huez), car scientifiquement, un homme ne peut pas développer naturellement une force suffisante pour sprinter dans des montées de ce type. Toute performance peut être mathématiquement évaluée, Professeur de sport et ancien entraîneur de Festina, Antoine Vayer dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance, à Laval, et il n’a pas cessé un instant de remettre en cause lucidement les "exploits" de Landis. Des articles sobres, clairs et…incontestables, car reposant sur la raison et pas la passion, sur la science et pas la croyance ! Du vrai journalisme, fait par un non journaliste, et c’est là qu’est le problème. Dommage que Holtz ne l’ait jamais invité sur son plateau d’après étape… Il aurait décoiffé !
Personne n’a voulu l’entendre, car les images de gloire se vendent bien, et France Télévision (avec votre argent de contribuable), pilier du système, avait besoin de sensationnel pour redresser des audiences de plus en plus faibles. Car dans le fond, si la télé ne pervertissait pas le système en achetant à prix d’or des courses de dupes, des sprints de météores, des matches d’excités (au moins, en Ligue 1, en France on ne risque rien au vu des prestations diffusées !), des confrontations de géants, il serait inutile de se doper…
En fait, en vivant durant quatorze petits jours sans images, je me suis offert des vacances dangereuses ,car je me retrouve en état de manque. Oui, je l’avoue, j’ai vite voulu voir la télé. Pour me rassurer, et vérifier qu’elle était bien devenue l’opium du Peuple. Et là, j'ai vu l'horreur de la mort anonyme sous les bombes ou les roquettes au Liban, le Roquet de Neuilly accueillant des enfants souriants en vacances, des coureurs supersoniques de 100 mètres... Enfin de quoi me redonner le moral !
Mais je déblogue…
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29 juillet 2006 6 29 /07 /juillet /2006 07:17

La valeur éducative du sport de compétition s’éteint peu à peu pour devenir le fidèle reflet d’une société en décomposition. Marchandisation outrancière, négation de la notion de plaisir pour la remplacer par celle de record, tricherie plus ou moins organisée pour dépasser les limites du corps humain, comportement raciste autour des pelouses, violence exacerbée sans aucun rapport avec les enjeux sportifs : les dérives deviennent tellement préoccupantes que le Roquet de Neuilly, à l’affût de tout ce qui peut le rendre populaire, s’en est emparé. Lui qui pédale, lors de ses vacances à La Teste de Buch, est un expert en matière de hooligans et, il l’a affirmé, il va karchériser, dans le monde du ballon rond, le Kop de Boulogne au Parc des Princes et ailleurs. Il est vrai que, s’il attend que les clubs et la Ligue Nationale de Football fassent le ménage, il lui faudra au moins un ou deux morts.
On ne chassera pas, en effet, les « clients abonnés » car ce serait se priver d’un revenu substantiel et, plus encore, générer la menace de voir CANAL +, extrêmement discret sur le sujet, diffuser des matchs de "haut niveau" devant des travées vides. Il a bien fallu attendre que quelques cyclistes ou athlètes meurent sur le bord d’une route pour que la lutte anti-dopage bouge un peu. La chute du nombre des licenciés chez les 14-18 ans constatée dans toutes les disciplines va détruire la pyramide sportive mais on continuera à pratiquer des spécialisations précoces destructrices de la motivation durable. Et tout est ainsi. la planète du sports ne tourne plus rond !

5 BLESSES ET 22 INTERPELLATIONS


La récente mise à sac d’un relais d’autoroute a légèrement ému les responsables du PSG. Lors d'une conférence de presse, son président Pierre Blayau a une nouvelle fois dénoncé l'attitude absurde d'une partie des supporters parisiens, qui se sont violemment affrontés lors du déplacement du PSG à Nantes, samedi, en championnat, occasionnant… le seul score positif de la soirée : 5 blessés et 22 interpellations. "Je voudrais présenter mon indignation et ma consternation devant ces actes d'une extrême gravité, qui ne sont pas le fait de vrais supporters du club (sic) mais qui relèvent de délinquants de droit commun", a déclaré le président de la formation parisienne. Ajoutant que le PSG "est pris en otage de cela", Blayau a tenu à présenter ses excuses aux victimes de ces pseudo supporters. Tout en réaffirmant que le club et les pouvoirs publics "continuent de lutter" contre ces débordements, Sarko a donc été contacté !
Blayau, en attendant le sauveur Sarko et sa loi de karchérisation, a tenu à hausser le ton, à moins d'une semaine de la réception de l'OM au Parc des Princes, dont on sait qu’il constitue le moment le plus dangereux de la saison. Le parc des Prince sera transformé en forteresse avec des centaines de CRS et de gardes mobiles, des centaines de « stadiers », des véhicules anti-émeutes, des murailles pour séparer les belligérants : une véritable vision de la fraternité du sport.

 Les forces de l’ordre deviendront peut être, un soir, supérieures au nombre de spectateurs. Ainsi, pour le choc PSG-OM de vendredi soir, pas moins de 1.100 fonctionnaires de police  seront réquisitionnés, en tenue ou en civil. Soit le double de l’an passé, pour la même confrontation...
 

PREVOIR … CE QUI EST INEVITABLE


Les renseignements généraux, désormais plus préoccupés par les matchs de foot que les meetings politiques, craignent deux phénomènes explosifs. Ils auraient travaillé depuis plusieurs jours pour tenter de prévoir… ce qui paraît inévitable ! Leur première crainte a trait à la mobilisation secrète des « habitués » des affrontements violents. Au sein des groupes de supporters parisiens, on préparerait un accueil sans concession aux Phocéens. Une bande « commando », triée sur le volet parmi les plus excités, se prépare à chasser le Marseillais dès aujourd’hui en gare de Lyon. Dans les associations très proches des milieux d’extrême droite, on va tenter de pratiquer la technique de l’essaimage en sortant du Kop de Boulogne pour semer la panique dans d’autres lieux et casser du supporter phocéen.
Leur seconde inquiétude est liée au refus des responsables du PSG d’attribuer des billets aux… supporters Ultras marseillais. Ces derniers auraient contourné cette interdiction de vente et possèderaient plusieurs centaines de billets achetés sur le marché parallèle. Au lieu d’être visibles, repérables, « surveillables », « encadrables » ils profiteront de cette exclusion de fait pour se répartir dans tout le Parc. La pire des situations.
Hier, toute la journée, dans le secret, les services officiels auraient planché sur un schéma tactique. Pas celui des deux équipes en présence mais sur celui qui éviterait un affrontement sanglant et dévastateur dont on craint qu’il soit inévitable ! Ils ont prévu toutes les évolutions possibles, avant, pendant et après le match. Bientôt, on enverra les CRS à l’entraînement, tous les jours, pour permettre à 22 mecs de gagner sur un seul match ce que la compagnie entière ne gagne pas en un mois ! Mieux, on leur fait faire du sport pour qu’ils soient aptes à courir après un… hooligan !

9000 € D’AMENDE
Le pire, c’est que le racisme le plus abject s’est invité désormais autour des rectangles verts, en Italie, en Angleterre, en France et même en Espagne. L’autre soir je regardais la rencontre Réal Saragosse- Barcelone. Insulté, le brillant joueur camerounais Samuel Eto'o a souhaité quitter la pelouse, devant les propos et les gestes haineux des supporters adverses. Il a longtemps hésité, avant de contribuer aux buts victorieux de son club, ce qui n’a pas arrangé la folie ambiante, car il ne s'agissait pas que de quelques spectateurs, mais pratiquement de l'ensemble du stade. « J'ai décidé d'arrêter de jouer, car ils s'en sont pris à ma couleur de peau, a-t-il expliqué, mais je suis resté, parce que le boss m'a dit que la meilleure façon de les faire taire était de rester et de les battre. C'était la seule chose qui pouvait me faire changer d'avis."
La sanction… impitoyable est tombée sur le Réal Saragosse : une amende de 9.000 €, même pas la consommation en eau minérale d'un mois par le club,  par la Fédération espagnole de football pour ces incidents, mais Eto'o estime que les pénalités financières ne sont pas suffisantes. Il faut frapper plus fort. Cause toujours, tu m'intéresses. Qui songerait honnêtement à lui donner tort ?
Le seul endroit peu recommandable où il ne faut pas envoyer son enfant, actuellement, c’est un stade de Ligue 1 de football. Tout ce qu’il ne faut pas voir ou entendre du sport lui sera montré en exemple.
Un soir, au moment où partait l’autobus des gamins créonnais, auxquels on offrait un déplacement pour une rencontre de ces Girondins qu’ils vénèrent, je suis allé dilaoguer avec eux.

« Tu aimes aller voir les Girondins ? ai-je demandé à un gamin connu pour son caractère turbulent
- Oui ,
- Et pourquoi ?
- Je peux crier "enculé l’arbitre!" sans me faire engueuler ! ». J’en suis resté scotché.
Bientôt, il me dira simplement qu'il peut prendre toutes les drogues possibles et devenir célèbre, gagner beaucoup d'argent, pour n'être sansctionné que quand il sera trop tard!
Alors, pensez, le sport et son image dans tout cela !
Mais je déblogue…

Chronique publiée le 2 mars 2006
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28 juillet 2006 5 28 /07 /juillet /2006 07:17
 
Le développement durable a fait une entrée fracassante dans la gestion locale. Il est vrai qu’il faut réagir encore plus vite qu’on ne le pense tant la situation empire de jour en jour. La planète, dans sa globalité, étouffe, s’use, se débat mais meurt lentement sans affoler outre mesure la très grande majorité des gens qui la conduisent à sa perte. Chacune et chacun d’entre eux et donc forcément quasiment toutes et tous pensent que les efforts sont à effectuer par les autres mais qu’ils ne sauraient remettre en cause leur propre comportement. Chaque geste du quotidien (ouvrir un robinet, se déplacer vers l’école, choisir des produits ménagers, allumer un appareil ou un bouton électrique, trier ses papiers, sortir sa voiture du garage…) devient désormais un véritable acte citoyen. Le principal problème vient du fait que les consciences ne sont pas encore prêtes à le considérer comme tel, et un fossé se creuse sur la base de la dose de l’égoïsme coulant dans les veines des uns ou des autres.
Le message global a du mal à passer car les arguments ne mettent pas encore assez en évidence la responsabilité individuelle par rapport à un problème présenté comme lointain, ésotérique et destiné à des peuples oubliés. La trouée de la couche d’ozone, la fonte de la banquise, la déforestation en Amazonie, la pollution des rivières sibériennes, les fuites radio-actives de Tchernobyl, la dispersion des pollens OGM dans les grandes plaines américaines, l’avancée du Sahel n’empêchent pas  les Européens de dormir car il leur semble qu’ils n’ont pas de conséquences sur leur avenir proche. Tout homme se sent désormais invulnérable individuellement mais fragile collectivement, sans pour autant remettre en cause ses attitudes personnelles. Les cityens sont prêts à se mobiliser avec véhémence contre un grand contournement de Bordeaux, un centre de stockage de déchets ménagers, une antenne de téléphonie, un forage d’eau potable, sans se rendre compte que ce qu’ils vivent comme des atteintes à leur environnement ne sont que les conséquences d’attitudes collectives coupables.
Le développement de la planète n’a en effet, depuis des décennies, de durable que les atteintes qu’il lui cause. Axé sur le profit, il ne résiste pas à la pression de lobbies terriblement présents. Les rares accords mondiaux sont détournés, abandonnés ou parfois lentement, trop lentement, appliqués. Le fossé se creuse et risque de se transformer en abîme si par malheur la Chine et l’Inde manifeste le même dédain que les Etats Unis sur les conséquences de leur passage à la société de consommation.
CHANGEMENT RADICAL DES MENTALITES
On ne souligne pas assez que l’avenir passera par un changement radical des mentalités. Et dans ce secteur il y a encore 99 % du chemin à accomplir car la parcellisation des programmes conduit à en nier l’obligatoire transversalité. Ainsi il est vain d’imposer aux aménageurs des normes de construction dites Haute Qualité Environnementale (H.Q.E.) quand il n’y a pas sur le marché d’entreprises prêtes à les mettre en œuvre ou que leur nombre très restreint interdit la concurrence. Le système éducatif prend du temps à prendre le virage des énergies nouvelles et les ouvriers qualifiés manquent singulièrement dans ce domaine. Quand ils arriveront le retard sera probablement déjà conséquent.
Comment inciter les gens à passer au solaire quand trop peu d’artisans ont le label nécessaire à l’installation des équipements ? Est-il utile de prôner le système du puits canadien quand peu de monde en connaît le principe ? Peut on continuer à inciter à acquérir des véhicules électriques quand on voit les frais induits de la moindre réparation ? Les maisons bois sont demandées mais les concepteurs fiables ne sont pas nombreux…et aucun " pavillonneur " n’en propose. Une bonne part de la mutation passera par une forte réorientation des formations initiales et continues. Les filières actuelles figées et standardisées ne préparent pas nécessairement à une révolution culturelle. L’avenir va vite pourtant dépendre de la vitesse à laquelle on saura répondre à ce défi.
LES CONSTRUCTEURS, LES EXPLOITANTS NE SE FORCENT PAS TROP
Par ailleurs le profit reposant sur la consommation ou même dans certains cas sur la surconsommation il est patent que les constructeurs, les exploitants ne se forcent pas trop pour mettre en œuvre des principes du développement durable. Il en va ainsi dans le domaine du pétrole, de l’eau ou de l’électricité. Chaque goutte, chaque m3, chaque Kw épargné constituent un manque à gagner défavorable aux actionnaires qui sont aussi quelques fois des consommateurs révoltés. Le chantage à l’emploi menace. Des filières entières sont en cause. Elles sont bien installées. Elles tiennent le marché. Elles maîtrisent la recherche. Elles constituent de gigantesques groupes de pression. Leur poids n’est pas apparent mais n’empêche qu’il s’exerce sur des chois essentiels.
L’Assemblée nationale après avoir examiné la motion de censure " courant clair " va, bizarrement poursuivre l’examen de la nouvelle loi sur l’eau. Le projet actuellement en débat est loin de faire l'unanimité. Un an après son adoption au Sénat, agriculteurs, écologistes et consommateurs s'affrontent sur le principe du "pollueur-payeur". Ce dispositif a été écarté du texte présenté la semaine dernière par la ministre de l'Ecologie Nelly Olin. Le projet dont l'objectif est de parvenir à "un bon état écologique" de l'eau d'ici 2015 doit être voté le 30 mai par les députés. On verra quels sont les élus de la majorité UMP actuelle qui appliqueront ce principe sur un problème concret qui est au cœur des préoccupations planétaires.
Dix ans de tergiversations pour aboutir à la version finale du texte et deux ans de débats publics n'ont pas suffi à concilier les positions des protagonistes, ni sur le prix de l'eau ni sur la répartition des taxes ou les moyens de réduire les pollutions. Seul point de consensus: la nécessité de réaliser des économies d'eau en France après trois années de sécheresse consécutives. Pour le reste aucun consensus n’est en vue.
Mais l'enjeu pour les associations de défense des consommateurs ne se limite pas au seul retour à un "bon état écologique", conformément à une directive européenne datant d'octobre 2000. La facture a en effet plus que doublé en quinze ans et varie du simple au double selon les départements.
Une étude de l'Institut français de l'environnement menée entre 1998 et 2001 montre que le coût de l'eau a progressé en moyenne en France de 8% entre 1998 et 2001 en raison essentiellement du coût de l'assainissement des eaux polluées.
PRIX ABUSIFS, PAYSANS MÉNAGÉS
Côté qualité, des experts du Muséum d'Histoire naturelle jugent "inquiétant" l'état sanitaire de 50% à 75% des eaux françaises. Seules 25% parviendront à un "bon état" écologique en 2015, estiment-ils. La Bretagne, importante région agricole, est dans la ligne de mire. En 2004, la pollution de ses eaux par les nitrates avait valu à la France d'être condamnée par la Cour de justice européenne pour non-respect de la directive sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.
Les pesticides, les herbicides et les engrais sont directement incriminés. Le projet de loi prévoit de taxer les gros pollueurs comme les agriculteurs, préconisant un classement de leurs produits en catégories "dangereux" et "très dangereux". Ils seront taxés à hauteur de 1,2 € à 3 € par kilo. Insuffisant, répondent écologistes et consommateurs qui réclament l'application du principe "pollueur-payeur" et dénoncent un texte qui ménage les paysans au détriment des particuliers. En effet en période estivale, les agriculteurs utilisent 79% de l'eau consommée en France contre 10% pour les particuliers. Or, le budget des agences de traitement de l'eau est financé à hauteur de 85% par les particuliers contre 1% pour les agriculteurs et 15% pour les industriels.
Le projet de loi propose de relever la part des paysans à 4%, un niveau jugé insuffisant par l'UFC qui se demande si "les consommateurs vont continuer à payer pour dépolluer une eau essentiellement souillée par les autres".
Dans le concert de protestations du monde paysan, seule la Confédération paysanne prône "la mise en place de redevances selon le principe "pollueur-payeur", de façon proportionnée".
Le développement durable est bien loin de ce débat essentiellement économique. Il durera probablement beaucoup moins longtemps que celui lié aux économies d’eau car l’affaire paraît réglée d’avance. L’électorat des maïsiculteurs ou des céréaliers n’est pas prêt à accepter de payer pour une ressource qu’il considère comme sa propriété et inépuisable.
Mais je déblogue…
Ecrit et publié avec Reuters le 22 mai 2006
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27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 07:17

Je vais, exceptionnellement, vous proposer un scénario de « politique… friction ». Je sais, vous n’allez pas y croire, car  tout ce qui donne un caractère irrationnel à l’avenir n’a aucun intérêt, à part distraire quelques instants aux tristes réalités. Vous conviendrez cependant que, quand Jules Vernes parle de voyage sur la Lune, d’exploration 20 000 lieues sous les mers, personne n’est convaincu qu’un jour la réalité dépassera ses rêves. Et pourtant…

La politique est moins enthousiasmante que l’aventure,  et j’aurai beaucoup de chance si vous ne m’abandonnez pas avant la fin du film que je me projette sur l’écran noir de mes nuits blanches. Tenez bon, si vous le pouvez, et cramponnez vous aux repères que je vais vous donner, afin de franchir sans trop de désespoir la ligne d’arrivée.

D’abord vous devez,, comme dans les grandes œuvres du répertoire, admettre l’unité de temps, de lieu et d’action, afin de vérifier que tout relève, dans les « classiques », du théâtre démocratique.

Cette saga des temps modernes se déroule donc durant les prochains douze mois, en France, et pour les élections présidentielles. Tous les éléments sont réunis pour que les actes successifs tiennent les spectatrices et spectateurs potentiels en haleine, sur fond de petits assassinats entre amis…et d’une intrigue savamment ficelée !

ACTE 1 : Jacques Chirac, retrouvant ses esprits, sait ce qu’il doit à Alain Juppé. Il faut absolument redonner sa place sur le devant de la scène à celui qui a expié sa faute en sirotant du sucre d’érable par des températures à ne pas mettre « le meilleur d’entre nous » dehors. C’est donc, depuis plusieurs mois, une priorité pour une cellule spécialisée, depuis que l’inéligibilité de l’ex-maire de Bordeaux a été réduite à un an. Elle a travaillé sur les détails de son retour vers les sommets de l’Etat. Partant du principe qu’il fallait démontrer qu’Alain Juppé, sanctionné par les juges, avait conservé la confiance des « gens d’en bas », les conseillers en communication ont inventé les étapes successives de son « come back », après que l’on ait épluché le code électoral.

Impossible, dans le cadre du calendrier « normal », de préparer cette remontée à la surface, indispensable pour contrer le Roquet de Neuilly, puisque aucune élection partielle n’est « organisable » moins d’un an avant l’échéance normale d’un mandat.

Il devenait donc indispensable, pour un retour au Palais Bourbon, que l’une de deux circonscriptions bordelaises soit libérée et pourvue avant le 18 juin 2006. C’était le plus facile…car on était dans les temps.

C’était en revanche plus compliqué pour revenir au Palais Rohan (Maire) car l’échéance était au… 18 mars 2006 sur les bases d’une durée constante du mandat ! Vous avez suivi ? Oui. Alors écoutez la suite !

ACTE 2  : L’Elysée fait monter au créneau des élus réclamant le report d’un an des municipales pour cause de surplus de scrutins en 2007, alors que Sarkozy s’affirme haut et fort hostile à cette idée… On chosit donc d’aller présenter le nouveau calendrier au Sénat !I

Sarkozy ne peut rien, car les Sénateurs, ne lui devant rien et étant ravis de l’aubaine qui consiste à allonger leur bail avec le Palais du Luxembourg d’un an (2008), se prononcent aisément en faveur de cette idée. Les Députés suivent… Le tour est joué : la date limite pour des municipales partielles est repoussée au… 18 mars 2007. On verra bien après ce que l’on fera !

Dans l’immédiat, le stratagème est en place : la voie royale du retour s’élargit. Alain Juppé pourra désormais revenir sur scène en deux temps pour médiatiser son retour dans le cœur du peuple.  On jouera paisiblement sur ces opportunités pour replacer dans la course l’ancien Premier Ministre : élection législative partielle en juin 2006 et élections municipales intégrales à Bordeaux, après démission collective à l’automne de la même année (octobre ?).

Plus rien ne s’y opposer légalement d’autant qu’Alain Juppé a le choix du temps, du lieu et de l’action pour écrire triomphalement une nouvelle page de son roman d’amour avec la capitale du Duché d’Aquitaine, à laquelle il avait lancé un « adichats » plein d’espoir ! Il suffit d’utiliser les fenêtres de tir ouvertes par la loi.

ACTE 3 : L’opération est parfaitement montée, car elle tient compte du contexte. En allant sur la circonscription « Le Bouscat Bordeaux Nord » la victoire sera plus aisée que sur celle de « Bordeaux Centre ». Une occasion lui sera en effet offerte de démontrer à la fois son respect pour Hugues Martin qui a gardé la place au chaud à la Mairie (ce dernier restera député) et l’adhésion que suscite son retour. Cette victoire prévisible servira de base au coup de théâtre indispensable : des municipales à Bordeaux en 2006 !

D’une part, en provoquant ce type d’élection un peu plus d’un an avant l’échéance modifiée, Alain Juppé peut  espérer faire mieux que les…50,96 % du 11 mars 2001 (un sondage discret le prouve) qui, dans le fond, n’étaient pas si intéressants que cela pour le nombre de délégués à la Communauté Urbaine de Bordeaux. D’autre part, Gilles Savary, le rival socialiste potentiel a levé le camp… et ses 20 %, qui constituaient, pour un premier tour, une performance honorable, avaient sauvé les meubles de la Gauche  !

S’il arrivait à 60 %, face à une liste hétéroclite et mal préparée, Alain Juppé pourrait redistribuer les sièges communautaires et… placer, quelques mois avant les « vraies » municipales, Alain Rousset dans une situation intenable à la CUB (la perte de Saint Aubin Médoc et de 2 conseillers bordelais de droite supplémentaires le mettraient en minorité !). Ce serait le troisième fleuron du retour au bercail !

ACTE 4 : Pour l’ensemble de son œuvre, Alain Juppé retrouverait alors une cote de popularité conforme au rôle que veut lui voir jouer Chirac face au Roquet de Neuilly. Au sein de l’UMP d’abord, et ensuite dans la campagne présidentielle en préparation. Si, par hasard, Sarkozy prenait le large (on pressent qu’il le fera à la rentrée) pour voguer en solitaire, le Ministère de l’Intérieur irait comme un gant au fidèle des fidèles…dans une période critique.

La suppléante du « re-nouveau » député de Bordeaux (Chantal Bourragué ?) retrouverait alors le Palais Bourbon, perdu de vue quelques semaines…ce qui la consolerait de son sacrifice. Le scénario serait parfait.

Sarko aurait face à lui le « candidat aux deux têtes » : celle de « beau gosse » de De Villepin et celle « énarchqiue » de Juppé ! Le coup du dédoublement deviendrait imparable, et Droopy  pourrait savourer un sens tactique lui ayant permis de tirer un véritable feu d’artifice de fin de règne.

ACTE 5 : Droopy pourrait même s’offrir un ultime pied de nez  : démissionner, pour raison de santé, avant la fin de son mandat pour coincer des Socialistes incapables de désigner leur candidat avant… novembre 2006. Un moment d’habileté suprême car, alors, le seul recours de la bande à Hollande serait d’en appeler, toutes rivalités cessantes, à Yoyo, présenté comme le Sauveur ! J’entends d’ici les arguments en faveur d’un duo de choc : Jospin (Président)-Royal (Première Ministre) susceptible de clouer au sol Lang, Strauss Kahn et… Fabius pris de court par un calendrier désastreux. Une véritable tragédie…de « politique friction » heureusement totalement imaginaire. D'ailleurs cette hypothèse est désormais sans fondement.

Mais, vous le savez bien, vous qui êtes des lectrices ou des lecteurs fidèles, : je déblogue

 

Chronique publiée le 1° février 2006

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26 juillet 2006 3 26 /07 /juillet /2006 07:17
Les hasards des passions font que je suis, actuellement, face à un énorme pensum à lire. Il constitue l’ouvrage de référence sur l’affaire Dreyfus. Fait de textes courts, précis, extrêmement documentés, ce « dictionnaire » écrit sous la direction de Michel Drouin, malheureusement trop volumineux pour être « populaire », devrait constituer, un siècle après la réhabilitation définitive du capitaine le plus célèbre de l’Histoire de France, (ce fut le 12 juillet 1906), une référence pour l’analyse des événements actuels. Il contient et illustre, en effet, deux vices redoutables de notre société réputée républicaine : l’erreur judiciaire et l’antisémitisme. Or, il se trouve que, depuis des semaines, toute l’actualité tourne autour de ces tristes réalités. Au fil des pages, je frémis en suivant, avec une précision scientifique, l’évolution d’un dossier beaucoup plus révélateur qu’on ne le croit de la réalité hexagonale passée et… actuelle.
L’acharnement terrible mis pas des accusateurs, des procureurs, des juges, des hommes politiques, pour faire condamner un innocent et, plus encore, pour ne pas reconnaître ensuite leur erreur, n’est pas sans rappeler des facettes de l’affaire d’Outreau. Le déchaînement autour des juifs, au début d’un XX° siècle du progrès, confinait au nazisme rampant. Le dramatique fait divers ayant frappé Ilan Halimi a surgi dans notre quotidien pour rappeler que, ce que Brecht appelait « la bête immonde », demeure une menace pour l’humanité. La conjugaison de ces deux événements me plonge dans la plus grande perplexité, car elle témoigne du recul indéniable de la raison, de la culture, de l’éducation réelle, et de la tolérance.

IMPITOYABLE CUREE MEDIATIQUE
 Quand je parcours l’horrible séquence de quasiment 12 ans de la vie d’Alfred Dreyfus, j’ai envie de dénoncer encore plus fort, avec plus de véhémence, les ravages de « l’opinion dominante », tant elle a joué un rôle prépondérant dans son calvaire. Cette impitoyable curée médiatique pour d’abord dénoncer, ensuite avilir, et enfin détruire un homme aura constitué la pire des tortures. Quelle souffrance a dû endurer Dreyfus ! ,
Notre société a pourtant renforcé, décuplé, ces pratiques d’acharnement sur des coupables susceptibles d’exorciser les démons silencieux que porte une société durant un laps de temps déterminé. Même s’il n’y avait pas encore le choc des images, il y avait le poids extrême des mots. Des assommoirs !
Comment des journalistes ont-ils pu, chaque matin, se regarder dans une glace, après avoir écrit, le lendemain de la dégradation d’un Capitaine innocent, affrontant ses bourreaux avec un stoïcisme remarquable, les commentaires suivants : « Son attitude à la parade d’exécution achève de le condamner selon moi. Pour s’être prêté aussi docilement, aussi passivement, à un pareil supplice, cet homme ne doit avoir aucune sensibilité morale. Pas un geste de révolte, pas un cri d’horreur, pas une larme, pas un murmure. C’est vrai qu’il a plusieurs fois protesté de son innocence, mais toutes ces protestations sonnaient faux. On n"y sentait aucune chaleur humaine. On aurait dit la voix d’un automate… » écrivit par exemple Marcel Paléologue dans un « Journal de l’affaire Dreyfus ».
« Le voici devant moi à l’instantanée du passage, l’œil sec, le regard perdu vers le passé, sans doute, puisque l’avenir est mort avec l’honneur. Il n’a plus d’âge. Il n’a plus de nom. Il n’a plus de teint. Il est couleur traître. Sa face est terreuse, aplatie et basse, sans apparence de remords, étrangère à coup sûr, épave de ghetto… ». ajouta Léon Daudet dans Le Figaro. « Quand il s’avança vers nous, le képi enfoncé sur le front, le lorgnon sur son nez ethnique, l’œil furieux et sec, toute la face dure et qui bravait, il s’écria, que dis-je ? il ordonna d’une voix insupportable : « Vous direz à la France entière que je suis innocent ! » « Judas, traître ! » ce fut une tempête… »  éructa Maurice Barrés dans Le Figaro. On sait où finirent Léon Daudet et Maurice Barrés sur l’échiquier politique ! Ils ne furent jamais condamnés pour leurs propos atroces, pour leur haine purulente, pour leurs accusations honteuses.

OBSERVATION HUMILIANTE

Actuellement, la justice s’ébroue et se débat afin d’échapper à l’observation humiliante que lui inflige le monde politique, celui qu’elle haït plus que tout. Il dissèque publiquement les dysfonctionnements d’une entité inattaquable. La justice, comme toutes les institutions, a toujours eu horreur que l’on mette en doute la moralité, la fiabilité des siens, car ce serait introduire le doute sur sa qualité collective, conduisant les citoyens à perdre leurs illusions sur l’équité du système judiciaire. Et, par les temps qui courent, les juges , confrontés à une « exigence de résultats », n’ont pas besoin de tels révélateurs, au surplus télévisés, pour en arriver là ! Le monde à l’envers : les stylos, les micros, les caméras, les claviers se tournent vers les juges et non vers les accusés potentiels. Pas facile de passer du rôle d’observateur à celui d’observé !
Dreyfus, malgré toutes ses dénégations, malgré l’absence de preuves « sincères », malgré toutes les manquements à la rigueur dans l’investigation a sans cesse eu, face à lui, une machine collective à broyer. La commission d’enquête parlementaire, censée porter le regard du Peuple sur le fonctionnement d’un pouvoir garant de sa liberté, ne semble pas intéressée par le rôle joué par les médias dans l’affaire d’Outreau. Elle n’a pas prévu d’auditionner les auteurs des « fuites », les relayeurs de rumeurs, les « juges » de la plume, du micro, de la caméra ou du clavier. Elle ne semble pas s’inquiéter de ces connections entre justice et presse, dont on sait désormais l’effet dévastateur. Dreyfus en fut la victime exemplaire. Il n’y a plus de Zola pour sauver l’honneur !

UNE COALITION CONTRE NATURE

Pris en otage par une hiérarchie ravie de se construire des certitudes sur sa loyauté et son patriotisme, le Capitaine, condamné à croupir sur l’Ile du Diable, aura été la victime expiatoire de cet antisémitisme rampant dans la société française. Indubitablement il est toujours là, il rôde, il se reconstitue, en réaction à un autre racisme. L’extrême droite organise quelques dérapages, de temps en temps, pour entretenir la flamme des ses troupes nostalgiques. Le négationnisme sert de socle aux attaques ciblées. Mais maintenant, les antisémites historiques ont reçu en renfort les intégristes, constituant ainsi progressivement une coalition contre nature. Les profanateurs de cimetières juifs rejoignent les lanceurs de cocktails Molotov sur les synagogues, dans une haine sommaire dont les « Barbares » auront été les ignobles disciples. Ils cultivent une haine commune, tout en étant férocement opposés.
D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, qui rejoignent d’ailleurs ceux du CRIF, on avait pourtant constaté une baisse des actes antisémites en France. En effet, on comptabilisait en 2004, 974 actes antisémites, tandis qu’en 2005 on n'en a recensé que 504, soit moins de 48%. Pour près de 50 % des actes antisémites, les  auteurs restent inconnus, et dans 42 % des cas, ils «se rattachent à une problématique  proche orientale », selon la terminologie des Renseignements Généraux. Dans les cas de menaces, 36 % des auteurs connus sont proches de l'extrême droite.
L’atroce mort d’Ilan Halimi ne plaide plus pour la sérénité… La justice devra être à la hauteur ! La presse aussi !
Mais je déblogue…
Chronique publiée le 22 février 2006
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