Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 07:50

Impossible de nier que la violence est en voie de banalisation, sous l'influence des feuilletons télévisés et des divers jeux vidéo qui la virtualisent à longueur de journée. Dans une vie d'enfant ou d'adolescent, un joueur, devant un petit écran, aura vu tuer ou aura tué lui-même des milliers si ce n'est des dizaines de milliers de personnes, sans autre conséquence que celle de la persuader que ces actes n'ont aucune incidence, puisque jamais la condamnation (même théorique) n'est affichée ou montrée ! En fait, plutôt que de tenter de faire incarcérer des mineurs de 12 ans, il vaudrait beaucoup mieux lancer un grand plan d'éradication de la violence artificielle dans tous les médias ! Mais c'est probablement plus dur de modifier les mentalités, d'éduquer, de responsabiliser, que d'inventer un texte de loi inapplicable. Un collégien de 12 ans, parmi d'autres, en a été la victime. Il a été placé en observation, après avoir été frappé par d'autres élèves au collège Evariste-Galois à Sevran. Le garçon participait au jeu dit, dans le langage collégien, du « petit pont massacreur ». Il se trouvait encore en observation mercredi soir, a-t-on appris de source judiciaire, sans que cela provoque une mise en cause des comportements enracinés dans l'enfance d'une frange de plus en plus importante des accros de la télévision : la vie des autres est virtuelle et n'a donc aucun prix réel.
Le collégien s'est fait frapper lors de la récréation de 10 h dans le cadre du jeu du « petit pont massacreur » et, pris de malaise, a été évacué par les pompiers , a-t-on laconiquement annoncé, mais sans poser, en corollaire, les conditions de la surveillance dans les établissements scolaires. Il est, en effet, impossible d'admettre que ces faits puissent se dérouler sans que les adultes responsables en aient connaissance. Le principe de ce jeu, de plus en plus répandu dans les cours d'école, veut que l'enfant qui laissera passer une balle entre ses jambes soit roué de coups par ses camarades. Le collégien aurait été au départ volontaire, avant de refuser de jouer, et six à huit élèves de sixième et cinquième lui auraient alors porté des coups de pied et de poing, sans que personne ne réagisse. Par peur ? Par inconscience ? Par indifférence ? Des témoins ont été entendus à la brigade des mineurs de Sevran. Les jeunes agresseurs sont en cours d'identification. "Nous allons veiller à ce que les auteurs de cette action collective fassent l'objet d'un conseil... éducatif ", avant un éventuel conseil de discipline, a précisé un inspecteur d'académie, extrêmement peu inquiet sur la situation, malgré ses déclarations. Le mal est beaucoup plus profond que l'on veut bien le reconnaître ou l'avouer. On est loin de la « guerre des boutons » !
« Les jeux dangereux sont une préoccupation constante dans l'académie » et font l'objet d'actions de préventions régulières, a souligné cet homme responsable, tout en soulignant que des hospitalisations sont... « très rares ». On se rassure comme on peut : ce n'est pas grave puisqu'il n'est pas mort ! Ouf ! mais le problème se développe à vitesse très grande, laissant tout le monde adulte au bord du chemin, avec comme seule réponse des sanctions, de plus en plus déconnectées des causes de la violence. Un exemple publié sur le site nouvelobs.com en apporte la preuve.

JUSTICE VIOLENTE
Ça s'appelle le « jeu du jugement » ou « jeu des juges ». Jeu pour les ados? mais casse-tête pour les grands. Une de ces histoires qui plongent les adultes dans des abîmes de perplexité: est-ce juste parce qu'ils ne comprennent plus les jeunes, ou bien est-ce que ceux-ci sont réellement devenus des monstres incontrôlables? Le « jeu » donc. Pour ce qu'on en sait, ses règles sont assez sommaires : des « juges » autodésignés édictent une « loi », ceux qui n'y obéissent pas sont sanctionnés. Jusqu'ici tout va bien. Mais, lorsque le jeu dérape vers le règlement de comptes à peine déguisé, surgit le problème. Des élèves du lycée Jules-Verne de Sartrouville, dans les Yvelines, en ont fait l'expérience il y a quelques mois. C'était un lundi après-midi. La classe de BEP « maintenance des systèmes mécaniques automatisés », exclusivement composée de garçons, et considérée comme une des plus dures de l'établissement, avait cours de sport. Le prof avait prévenu : lundi, test d'endurance. Les « juges » ont sauté sur l'occasion: ce jour-là, la loi consisterait à boycotter le test. Sur les vingt-deux lycéens de la classe, une quinzaine se rendent sur le stade. Mais cinq d'entre eux seulement acceptent d'user leurs baskets sur la piste: les autres s'installent, goguenards, dans les tribunes. Première sanction, les coureurs reçoivent des pierres chaque fois qu'ils passent devant les gradins. La justice telle qu'ils la jouent est expéditive, elle ne s'embarrasse ni d'enquête ni de défense des accusés. Le prof intervient, les jets cessent. Mais, à la fin du cours, la punition continue: les désobéissants, les «jugés», doivent payer. Le professeur surprend ainsi un groupe d'élèves en train de rouer de coups un des leurs. Il les sépare et, comme c'est l'usage en cas d'incident, fait un rapport, que la proviseur découvre le lendemain matin.

BANALISATION DES FAITS
Coup de téléphone chez le "jugé" : ses parents expliquent que leur enfant maltraité est traumatisé. Il a raconté les pressions subies depuis des semaines. Ils portent plainte. Une rapide enquête montre que trois autres élèves ont été frappés. « On a découvert alors que seuls les "gouères" avaient été punis », raconte la proviseur. Les «gouères»? Qu'est-ce que c'est ? Les «Français», répondent les jeunes, ou plus exactement les «vrais Français», de souche, les « Blancs ». Effectivement, sur les cinq élèves qui ont couru se trouvait un jeune Maghrébin, bon élève. Il a désobéi, a reçu des menaces verbales, mais a échappé à la punition. Pour la proviseur, qui dirige un lycée flambant neuf «plutôt serein, où les élèves posant problème sont très peu nombreux», ce n'est pas un hasard: «Nous connaissons des problèmes de racisme plus forts qu'auparavant. On ne se mélange pas, il y a une véritable crispation sur les questions communautaires.»
Lors de leur garde à vue, les trois «juges» frappeurs ont semblé tomber des nues: «On n'a rien fait de mal, c'est un jeu ! » L'excuse est tombée : un jeu. La violence est devenue un jeu. L'alcoolisme fulgurant : un jeu ! La conduite automobile irrespectueuse de toutes les règles ou celle des scooters ou autres boosters : un jeu ! Les insultes lancées aux adultes : un jeu ! le racisme : un jeu ! Mettre le feu à des poubelles : un jeu ! détruire la signalisation : un jeu ! Tout devient jeu et ne doit avoir aucune conséquence en matière de responsabilité.

PEU D'INQUIETUDE
Les jeux vidéo ciblent principalement les garçons de 7 à 14 ans. Ce sont les catégories « aventures » et « sports », au contenu souvent violent qui obtiennent le plus de succès auprès de ces jeunes. Une étude réalisée en 1998 à l'université Simon Fraser révèle que 60 % des adolescents grands utilisateurs de jeux vidéo préfèrent ceux où il y a beaucoup d'action et de batailles. L'avènement des médias interactifs étant relativement récent, il est difficile de savoir comment la violence, combinée à l'interactivité, affecte le comportement. Il semble que le fait de répéter les mêmes gestes violents dans les jeux vidéo peut prédisposer à l'agressivité chez certains enfants, spécialement ceux chez qui on note un trop-plein de colère et d'hostilité.
Le lieutenant-colonel américain Dave Grossman expliquait d'ailleurs dans son livre "Stop Teaching Our Kids to Kill" que les jeux vidéo fournissaient « un champ de pratique où les enfants peuvent perfectionner leur tir et attiser leur instinct meurtrier ».
Les jeunes enfants ont facilement accès à des jeux au contenu violent. À preuve les nombreux détaillants qui louent et vendent régulièrement à des mineurs des jeux classés pour adultes. Afin de réduire l'exposition des enfants aux contenus violents, le gouvernement fédéral canadien annonçait, en septembre 2000, la nécessité d'instaurer, pour les jeux vidéo, un système de classement qui permettrait aux gouvernements provinciaux de créer et de réglementer leur propre système de classement. La violence est un élément majeur des jeux vidéo. Il faut pourtant nuancer, puisqu'il y a différents degrés. La violence enfantine de Pokémon, par exemple, n'est pas comparable à la cruauté de Quake. Cependant, la violence qui y est présentée se veut souvent extrême :
Elle est sans pitié, et explicitement décrite (sang qui gicle, hurlements, tortures, etc.). L'amélioration de la technologie entraîne une description de plus en plus réaliste de la mort et de la souffrance.
« La violence, dans bien des jeux, peut paraître d'autant plus condamnable qu'elle ne cherche même pas à se présenter comme un instrument, regrettable mais malheureusement inévitable, permettant l'accession à un monde meilleur ou la défense de valeurs éthiques », comme l'écrit Pierre Bruno (auteur de Les jeux vidéo, 1993).
Il est difficile d'affirmer sans équivoque que la violence dans un jeu vidéo va inciter l'enfant à se comporter violemment, mais il faut bien constater qu'il y a une modification profonde des rapports entre son existence virtuelle et les enfants. Le seul problème, c'est que quand elle devient réelle, il est trop tard... Le Père Noël, selon ce qu'il apportera dans sa hotte, pourra véritablement être une ordure !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 00:14

Mais où va-t-on ? Nul ne le sait véritablement si l'on se fie aux événements de ces derniers jours. Plus personne ne bouge. Tout le monde se calfeutre. Tout le monde se contente des apparences. Tout le monde ne retient que des torrents de promesses quotidiennes pour les plus pauvres, les moins riches, les licençiables, les ruinés potentiels... rien n'échappe au moulin à paroles élyséen. Il va de ville en ville, installant son étalage de camelot en réformes permanentes dans des foires pour consommateurs Ump. Il vend de la potion magique comme le faisaient les charlatans dans les westerns de série B. Ce gars là peut tout soigner et redonner vie à un pays exsangue, le guérir de son anémie. Il vante son produit, qui ne résiste pas à un examen attentif de l'étiquette décrivant les ingrédients réels de sa composition. En fait, il faut simplement y croire pour que ça marche... et remplacer le contenu par de l'eau, bénite par le Chanoine de Latran !
La réalité est tout autre, car pendant que le bonimenteur n'ayant pas un sou occupe quotidiennement le devant de la scène, des événements se déroulent dans le dos des spectateurs. En quelques jours, la France est devenue véritablement une république quasiment bananière, où plus rien ne préserve les citoyens. Inutile de revenir sur l'épisode de Filippis qui survient après bien d'autres événements moins médiatisés, mais tout aussi graves. Les menottes ou la fouille à corps ne sont pas considérées par notre société comme ayant le même poids selon le statut de celui à qui elles sont appliquées. Le directeur d'un journal national a beaucoup plus de valeur qu'un sans papiers, et bien évidemment, l'émoi n'est pas le même.
Les syndicats de journalistes de Libération résument parfaitement la situation dans un communiqué : « L'arrestation musclée avec fouille au corps pour une simple suspicion de délit de diffamation, dont a été victime vendredi notre confrère Vittorio de Filippis a toutes les allures du mauvais remake d'un film de Costa-Gavras, cinéaste spécialisé dans la stigmatisation des régimes totalitaires. Mais pour les ministres Rachida Dati et Michèle Alliot Marie, ce sont des procédures normales. Comment la France a-t-elle pu tomber si bas ?
On croyait révolu le temps où le ministre de l'Information validait le texte du journal télévisé : il n'en est rien. Au lieu de constituer une force au sein de notre démocratie, la liberté de la presse semble être considérée comme un fléau. Toutes les intimidations sont bonnes pour dissuader les journalistes de faire leur travail. Pour l'intersyndicale des Syndicats de Journalistes cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse constitue une suite logique des propos tenus depuis plus d'un an par les hautes autorités de l'Etat et des réformes engagées ou envisagées. Elle ne présage rien de bon pour la démocratie et les citoyens. De même l'annonce par le Président de la République, une de plus, doit être accueillie avec la plus grande méfiance.
La "dépénalisation de la diffamation" dont les propositions sont avancées par un universitaire lyonnais, sous couvert de "simplification", est en fait une destruction pure et simple de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Aussi, l'intersyndicale des Syndicats de Journalistes appelle tous les journalistes, tous les citoyens, toutes les associations et tous les partis politiques attachés au respect de la liberté de la presse et de la personne humaine, à se rassembler vendredi à 13 heures devant le Palais de Justice de manifester leur soutien à Vittorio de Filippis, du journal Libération et à protester contre la politique actuelle du gouvernement en matière de presse».
Mais il a fallu qu'un tel fait se produise pour que les journalistes se décident à réagir et à se mobiliser, alors que depuis des semaines ils oublient de parler de tout ce qui arrive aux autres... Les éditoriaux, lus par peu de monde à part les chargés de revue de presse dans les radios nationales, n'ont pas été nombreux, sur les manquements répétés du pays supposé des Droits de l'Homme, en train de basculer vers une justice Far-West ! Aurait-on imaginé que les fondateurs de la République inscrivent dans leur déclaration de 1789 l'emprisonnement des mineurs de moins de 12 ans ? Et pourtant après avoir passé les menottes à un journaliste, avoir mis en prison des enfants de sans papiers, on va améliorer la sécurité des biens et des personnes en niant les causes de l'insécurité pour en traiter, spectaculairement mais inutilement, les effets.

DRAMATISATION ODIEUSE
L'abaissement de l'âge de la responsabilité pénale à douze ans, suggérée dans le rapport Varinard, est une mauvaise idée, strictement populiste, et donc dangereuse pour nos libertés individuelles. Tout d'abord, en raison du fait qu'il devient possible d'incarcérer en cas de crimes dès l'âge de 12 ans au lieu de 13 ans. Mais il ne s'agit que de 30 cas par an, et aucun d'entre eux ne nécessite un texte d'exception. En fait, c'est purement un nouvel argument de bonimenteur social puisque le nouveau système préconisé est très défavorable pour les victimes. En dessous de 12 ans, l'irresponsabilité pénale est désormais absolue. Cela signifie qu'il n'y aura plus d'enquête pénale, quels que soient les faits. Les victimes devront donc se contenter de demander au tribunal civil une indemnisation en argent par les parents. Lorsque le ministère présentera le projet de loi de réforme de l'ordonnance de 1945, il faudra rappeler au gouvernement l'essentiel du travail de la Commission, afin de ne pas laisser le débat être instrumentalisé une fois de plus par l'approche idéologique, simpliste et contre-productive, qui a prévalu lors des projets de lois des dix-huit derniers mois sur les questions de justice. Pour justifier des dérapages que personne n'aurait toléré il y a seulement vingt ans, le gouvernement pratique, en plus, l'intoxication par des statistiques fausses.
Sur les 203699 mineurs mis en cause (ce qui ne veut pas dire condamnés) par les services de police et de gendarmerie en 2007, " l'ensemble des faits susceptibles d'être qualifiés de criminels (homicides, viols, vols à main armée, prise d'otage, trafics de drogue) ne représentent que 1,3% du total ". Ce qui signifie que 98,7% des faits constatés ne sont pas des actes graves. Il s'agit de vols, dégradations, simples bagarres ou usage de drogue et aucun ne relève d'une incarcération. Mais il est vrai que l'éventualité d'une diffamation ne relevait pas non plus du traitement infligé à celui qui aurait accepté, comme directeur de publication, un commentaire calomnieux ! Le 16 octobre, la garde des Sceaux affirmait au contraire avec sa mine grave, sur France 2 : "Il y a 204.000 mineurs qui sont mis en cause pour des actes graves. Mais des mineurs délinquants, madame Chabot, c'est des violeurs, des gens qui commettent des enlèvements, des trafics de produits stupéfiants. Ce sont des gens qui brûlent des bus avec des personnes dedans". Faux. Archifaux. Une vision apocalyptique, qui ne correspond absolument pas à la réalité. En plus, il faudrait qu'elle fournisse à côté une autre statistique, celle de l'efficacité réelle du passage en prison !

LE RECRUTEMENT COMMENCE
Certains n'ont pourtant pas attendu pour mettre en œuvre la poursuite des dangereux criminels qui contestent les lois. Les gendarmes et leurs chiens se sont octroyés le droit d'aller traquer la drogue dans les salles de classe du collège de Marciac, ville bastide gersoise célèbre pour son festival de jazz. Les professeurs, et surtout les parents, après qu'une fouille improvisée ait quelque peu intimidé les élèves, il y a quelques jours, ont réagi médiatiquement. C'est surtout le témoignage d'une élève de 13 ans (elle relève déjà des menottes pour une éventuelle diffamation), publié sur internet, qui a provoqué la polémique aux abords du collège de Marciac. Elle a eu bien plus de courage que certains adultes réputés responsables des mineurs qui leur sont confiés ! La jeune collégienne était en classe lorsque les gendarmes arrivent dans sa salle de cours. Sur l'emploi du temps, une rencontre avec les gendarmes sur les risques liés à la consommation de drogues est prévue par... le conseiller principal d'éducation.
En réalité, le principal du collège a demandé une « descente » auprès de la procureure de la République, comme la loi l'y oblige. Bel exemple de droiture vis-à-vis des adolescents, qui auront désormais pleinement confiance dans le personnel de l'éducation nationale, après une tromperie de ce genre.
Résultat, la rencontre de prévention se transforme en une fouille insistante, avec l'aide des chiens renifleurs. Zoé décrit ainsi l'arrivée de deux gendarmes, « un monsieur chauve habillé en militaire (le dresseur de chien) et un gendarme très gros ». Et le premier de lancer aux élèves : « Nous allons faire entrer un chien ! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas ! Quand il mord, ça pique !». Dans son témoignage, Zoé décrit longuement la fouille individuelle et méticuleuse qui s'en suit. Stylos disséqués, habits retirés... Tout semble y passer. La gendarmette « fouilla dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte ! Les gendarmes n'exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas ! ». Bilan de l'intervention : aucun produit illicite trouvé, mais quelques élèves bien choqués... et un simulacre de rafle, qui permettra sûrement à un professeur d'histoire intelligent d'expliquer ce qu'ont dû vivre les enfants juifs.
Heureusement que Xavier Darcos était là pour immédiatement décliner le fameux argument d'excuse : « c'est pas moi M'sieur, c'est elle ! » L'affaire prenant hier une certaine ampleur, le ministre de l'Education Xavier Darcos a réagi en se déclarant « étonné » (c'est fou ce que les ministres sont étonnés en ce moment) des conditions de ce contrôle. Il devait recevoir aujourd'hui l'inspecteur d'académie du Gers.
«Il n'y a pas de bonne insécurité, elle est toujours mauvaise», a-t-il ajouté aujourd'hui en réponse à la procureure de la République du Gers qui a déclaré à la presse: «Les élèves ont peur de ces contrôles; ça crée de la bonne insécurité, satisfaisante à terme en matière de prévention.» Il est certain qu'il va demander au Préfet de citer au tribunal administratif, pour comportement contraire à la loi, les auteurs de ces faits. A moins qu'il leur demande d'assurer le prochain service minimum d'accueil dans le collège lors de la prochaine absence imprévisible d'un enseignant ! Ils obtiendront l'agrément du Principal sans problème, car ces gars-là sont diablement efficaces !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 07:17

Il n'y a pas beaucoup de gens courageux dans le gouvernement. Etre simplement dans cette catégorie, c'est être capable d'assumer une décision jusqu'au bout. De deux choses l'une : ou elle est justifiée et défendue bec et ongles, ou elle est purement politique, et elle n'a aucun intérêt autre que celui de son effet d'annonce ! Le reste relève de la conscience individuelle, et surtout de son détachement au regard de la rentabilité ministérielle. Jamais, dans l'histoire récente de la République, on n'a vu autant d'adeptes de la Bérézina politique, c'est-à-dire du principe de la retraite sous les coups de boutoir de l'ennemi. En l'occurrence, leur principal ennemi, c'est celui qu'ils vénèrent et qui ne cesse de les harceler,  les forçant à revenir sur des faits qu'ils présentaient comme exemplaires. Mieux, leur mentor a inventé l'auto-destruction, par aveu public de sa faute, de sa très grande faute ! Le mea-culpa est désormais le credo idéologique d'un gouvernement qui passera tout juste les fêtes. Plus un seul ministre qui n'ait pas mangé son chapeau en public. Même celles et ceux qui se tapissent dans l'ombre ont été parfois repérés et dénoncés au bon peuple, pour la gloire du Saint Patron pratiquant le « je vous ai compris » !
Le premier des Ministres du culte sarkozyste a maintes fois essuyé les rebuffades de celui avec qui il est sensé collaborer. Mieux, il déteste copieusement celui qu'il est chargé de servir et de valoriser. Rien, décidément, ne va plus entre les deux hommes. Nicolas Sarkozy choisit de taper du poing sur la table. Il ne comprend pas que son Premier Ministre en ait plein le dos d'être à Matignon, et il interprète son absence de bonheur comme un manque de sens politique et de volonté de combattre. « Fillon le désespère » aurait même expliqué un proche de l'Elysée. Depuis les municipales, Nicolas Sarkozy a entrepris un pilonnage incessant de son Premier ministre.
Lors du remaniement du 18 mars, le président nommait au gouvernement quelques fidèles purs et durs - pas le moindre ami de François Fillon. Il recomposait l'équipe dirigeante de l'UMP selon la même logique, ne sollicitant pas l'avis de son Premier ministre, qui devra se plaindre, afin d'être informé des décisions. Incroyable que chez les socialistes on en arrive à débattre et à voter pour choisir un secrétaire général ; à l'UMP, c'est le chef qui décide. C'est plus simple, plus rapide et sûrement plus... démocratique !
A quelques interlocuteurs, le chef de l'Etat a indiqué, il y a déjà plusieurs mois, que le bail de François Fillon à Matignon prendra fin en 2009, après les européennes, de telle manière qu'il puisse assumer l'échec. Soigneusement, il met en avant de possibles successeurs. En propulsant Xavier Bertrand parmi les numéros 2 de l'UMP, il l'installe comme une carte de rechange crédible. « Prépare-toi », confie-t-il depuis plusieurs jours à son ami, le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, qui devrait selon des indiscrétions, être brillamment élu à la tête du parti présidentiel, après que Dvedjian ait été viré ! Désormais, Fillon et paillasson riment en permanence. Boutin déraille sur les SDF, c'est Fillon qui trinque. Le SMA de Darcos capote, on envoie Fillon en première ligne se faire dézinguer par les Maires. Fillon sait que l'on devient indispensable quand on sait assumer les erreurs des autres. Mais dans le fond, ce n'est pas le plus mal loti !

DARCOS CAPITULE

Favori pour son remplacement il y a encore quelques semaines, le spécialiste de l'espionnage médiatique privé, a hier soir commencé à déguster une belle couleuvre. Alors que le généralissime élyséen lui avait demandé d'exterminer les maires récalcitrants vis-à-vis du SMA, il l'a abandonné sous la mitraille ennemie. Xavier Darcos a préféré battre en retraite plutôt que d'essuyer des échecs judiciaires, préjudiciables à son image. Pour ne pas perdre, il a obligé les Préfets les plus zélés (et ils étaient nombreux) à faire une volte face peu glorieuse. Il a en effet annoncé, hier, l'arrêt des procédures engagées contre les maires de petites communes qui, en dépit de « leur volonté », n'ont pu mettre en place le droit d'accueil des élèves, faute de moyens. « L'Etat mettra fin aux actions contentieuses engagées à l'encontre des petites communes qui n'ont pas pu mettre en œuvre, compte tenu des contraintes qui leur sont propres, le service d'accueil le 20 novembre dernier, mais qui sont prêtes à faire tous leurs efforts pour appliquer la loi », a affirmé avec sérénité, et surtout toute honte bue, le ministre de l'Education nationale. Dommage qu'il ne l'ait pas dit lui-même devant les milliers de Maires, mercredi dernier porte de Versailles... Il découvre maintenant que son texte est déjà partiellement inapplicable, mais comme il est certain que des tribunaux honnêtes jugeront que c'est le cas dans de nombreuses communes quelle que soit leur taille, il va avoir du mal à sauver le reste.
Cette annonce est destinée à aménager la loi, qui a montré ses limites lors d'une grève très suivie dans le primaire le 20 novembre dernier. « En revanche, l'Etat maintiendra les actions contentieuses pour les communes qui ont manifesté explicitement leur intention de ne pas appliquer la loi républicaine », a prévenu Xavier Darcos, se calant sur la notion de « procès politique » de celui qui l'avait désavoué devant une assemblée des Maires, acquise à sa cause et qu'il fallait rassurer. Le Ministre de l'Education nationale illustre un principe pédagogique immuable : la répétition minutieuse des concepts des autres a encore une valeur pédagogique. Après un tel lâchage, bien d'autres Ministres auraient appliqué le principe chevènementiste : « Un ministre, ça ferme sa gueule, ou ça démissionne ». Jamais on n'avait vu autant de Ministres incapables de l'appliquer !

DATI EST EMUE
Hier, à l'assemblée nationale, la ministre de la Justice Rachida Dati, qui avait défendu lundi le parquet, a admis à son tour « comprendre les réactions et l'émoi ». Mais elle a aussi mis en garde: « Attention de ne pas porter atteinte à l'indépendance d'un magistrat », a-t-elle averti au milieu d'un brouhaha de claquements de pupitres et des cris « démission, démission » lancés par la gauche de l'hémicycle... Elle aussi à avalé son chapeau de haute couture ! Un bijou de revirement... qui donne une idée de la manière dont la France est gouvernée. Elle ressemble de plus en plus à ces bateaux fantômes, avec un équipage fantomatique, qui changent de direction au gré du vent ! Il est vrai qu'entre temps elle avait été, une fois encore, totalement désavouée par Nicolas Sarkozy. Machine arrière toute. Le chef de l'Etat a assuré, dans un communiqué, comprendre "l'émoi" suscité par le sort de M. de Filippis, interpellé à l'aube, humilié et menotté, pour une plainte en diffamation de Xavier Niel, fondateur du fournisseur d'accès Internet Free, en raison d'un commentaire d'un internaute ... « Comme vous, comme beaucoup de Français, j'ai été choqué par les conditions dans lesquelles M. de Filippis a été interpellé par la police à la demande d'un magistrat", a dit François Fillon lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. "Je veux qu'à l'occasion de cette affaire, nous puissions ensemble en tirer toutes les conséquences pour améliorer le fonctionnement de notre justice", a-t-il souligné. Et hop, Dati vire sa cuti ! Elle avait en effet été beaucoup moins ouverte, dans ce contexte, sur les avances d'une expédition policière pour le moins disproportionnée. Elle avait  expliqué au Sénat que la procédure était « tout à fait régulière », car quand « un citoyen ne défère pas aux convocations, on lui envoie un mandat d'amener », mais elle n'était guère « émue ». Heureusement que Nicolas Sarkozy et François Fillon lui ont rappelé que les larmes de crocodile étaient de rigueur, avant qu'elle soit virée ou mutée au Ministère de la Famille alors qu'on l'annonce à la Culture ! Elle aura tout avalé, tout accepté, tout provoqué... mais s'en tirera avec les honneurs !

ON JETTE PAR-DESSUS BORD
Les virés pour l'exemple se doutent bien du sort qui les attend. Parmi ces « condamnés » pour manque de talent de prestidigitateur, on trouve un quatuor de pointe : Boutin, Dati, MAM et Lagarde. Elles seront renvoyées à leurs études ou rendues à leur mandats antérieurs. Christine Lagarde reste une énigme politique depuis sa nomination au poste de Ministre de l'Economie. Il y a quelque temps, elle se gargarisait de l'excellente tenue de la croissance française: +0,14% . Autant dire qu'elle se fout royalement (excusez moi !) du monde. Jeudi, 45 000 chômeurs supplémentaires sont venus grossir les statistiques d'octobre. Commentaire de la ministre: "il est inévitable que le chômage augmente". Merci de cet aveu qui condamne de fait sa propre politique, à moins que ce ne soit celle de Nicolas Sarkozy.
Christine Boutin s'étale sur les sans-abris qui meurent de froid : mercredi dernier, il faut les placer d'office en hébergement d'urgence ! Que nenni, répond Fillon le lendemain. Offrez-leur au moins un repas chaud, suggère Sarkozy vendredi. Quelqu'un pourrait-il leur dire que les hébergements sont en nombre insuffisant? J'oubliais... Christine Boutin n'est que ministre de la Ville et du... Logement, pas des SDF que je sache !
Roselyne Bachelot n'est pas mieux lotie et elle pourrait elle-aussi se retrouver sur la « liste de Sarko ». En effet, comme elle est visiblement incapable de prendre une mesure qui convienne à l'Elysée, c'est le « château » qui agit en son nom et en l'oubliant. Nicolas Sarkozy a ainsi exigé que « les malades potentiellement dangereux (soient) soumis à une surveillance particulière afin d'empêcher un éventuel passage à l'acte ». Il a donc annoncé un projet de loi que devra préparer « sa » ministre... de la Santé, Roselyne Bachelot, sur l'hospitalisation d'office. Mesure-phare: la sortie, même temporaire, des patients hospitalisés de force sera désormais soumise à l'approbation finale du préfet.
« La décision, ce doit être l'Etat ou dans certains cas la justice, pas les experts », a-t-il jugé. Même si « l'avis des experts est indispensable, je ne suis pas pour une société d'experts », a-t-il lancé devant une centaine de professionnels de la psychiatrie qui ont manifesté une certaine désapprobation. Mais il s'en moque, car il sait que le dernier mot lui revient, et que de toutes les manières, il ne suit que ce qui relève de l'opinion dominante. Pour le reste, on oublie trop vite les changements de cap, car ils sont toujours imputables aux autres !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 07:17

Parfois, il est inutile de publier une chronique pour apprécier l'actualité. J'ai le sentiment que dans certains cas, un nombre suffirait à exprimer ce que je ressens, car il a effectivement beaucoup plus de poids que tous les mots. Au cours de la précédente campagne hivernale, les Restos du Cœur ont en effet accueilli, dans leurs 2.000 centres, 700.000 personnes à qui ont été servis... 91 millions de repas. Qu'en sera-t-il durant cette saison 2008-2009 qui s'ouvre ? Il est quasiment certain que le cap fatidique des 100 millions de repas sera franchi, tellement la détresse est grande dans notre pays. Depuis la première campagne lancée par Coluche en 1985, le nombre cumulé de repas servis atteint plus d'un milliard, et celui qui nous attend sera largement supérieur.
Olivier Berthe, président des Restos du Cœur, quelques artistes "amis" et diverses personnalités politiques ont donné hier à Paris le coup d'envoi de la 24ème campagne des Restos du Cœur, dans un climat morose, alourdi par la déprime économique dont le pire est à venir. Soulignant que cette année, avant même l'ouverture de la campagne d'hiver, les inscriptions étaient en hausse de 5 à 10% par rapport à l'an dernier, le Président, qui doit être, comme celui des enfants de Don Quichotte, un dangereux gauchiste, s'est montré pessimiste quant aux effets à venir de la crise économique. Il n'a pas tort, car déjà, le mois de décembre s'annonce comme catastrophique, puisqu'on voit chaque jour  monter la précarité. Elle est dissimulée actuellement pas des expédients : non paiement des impôts locaux, non paiement des loyers (on sait que l'expulsion est impossible jusqu'au 15 mars), non paiement de l'électricité, car on ne peut pas en restreindre la fourniture dans cette période... et tout file vers les dettes qui apparaîtront au printemps ! Des sommes cinq à dix fois supérieures aux revenus de certaines familles vont s'accumuler, les conduisant à une « faillite » inexorable.
Le Président des Restos du Cœur a averti que l'aide exceptionnelle de 5 millions d'euros octroyée par le gouvernement aux Restos pour cette campagne 2008-2009, et l'augmentation de près de 80 millions du budget 2009 du Plan européen d'aide aux démunis pour la France, ne suffiront sans doute pas à faire face à la flambée des prix des matières premières et à l'augmentation de la demande... Ce qui arrive à cette association caritative n'est que le reflet actuel de la société ! La solidarité va devoir progresser à pas de géant dans un monde de plus en plus impitoyable, alors que tout conduit à penser qu'elle n'est plus dans les priorités gouvernementales. Désormais, il faut que la générosité compense les insuffisances de l'Etat Républicain qui a oublié que la fraternité et l'égalité faisaient partie de ses missions fondatrices.
Dans la même journée, on enterrait deux décennies de Revenu Minimum d'Insertion. Ce fameux RMI, inventé par ce pauvre Michel Rocard, qui avait justement mis la solidarité sociale au centre de ses préoccupations. Que n'avait-il entendu à cette époque ? Les plus grands adversaires du RMI dans sa forme actuelle ont été, justement, les libéraux, pour lesquels « le RMI était une usine à immobilisme, car il décourageait le travail ». Certains libéraux souhaitent même lui substituer un « revenu d'existence inconditionnel », versé sans condition de ressources.


UNE IDEE DE MAI 68
Peu de monde sait que l'origine du RMI remonte à... 1968, lorsqu'Henri Huot, adjoint au maire socialiste des affaires sociales à Besançon, teste dans sa ville le "minimum social garanti", importé de Grande-Bretagne. Rodée à l'échelon local (à Rennes notamment) par d'autres élus de gauche, l'idée fait son chemin jusqu'au siège national du PS, rue de Solférino, où elle devient l'une des mesures phares du programme de François Mitterrand pour la présidentielle 1988. Aussitôt réélu, le président charge son Premier ministre, Michel Rocard, de faire passer le RMI, qui entre en vigueur le 15 décembre 1988. Seuls trois députés avaient voté "contre" la loi, lors de son passage au Palais Bourbon. Et le dispositif, avec un transfert vers les conseils généraux - ce qui l'a singulièrement plombé faute de compensations financières suffisantes -, a résisté à toutes les alternances politiques car si, très vite, l'ensemble de la droite a dénoncé, comme décrit ci-dessus, un dispositif inapproprié, elle n'a jamais voulu en assumer les conséquences dues à la hausse exponentielle du chômage.

Certes, le RMI fournissait un statut, et permettait d'intégrer l'individu dans la société, mais alors, pour le RPR de Jacques Chirac, l'initiative renforçait "l'assistanat". Un mot que la droite va utiliser à profusion pendant deux décennies pour critiquer le système, sans pour autant jamais le « tuer », et pour même, ensuite, le maintenir à flot.
En cause, le volet "insertion", qui semble avoir été négligé par les services sociaux, en raison d'un manque d'encadrement, de formation et de moyens, ce qui en a dénaturé le fondement rocardien. Dans les années 90, plusieurs études confirment les effets pervers du RMI : ses bénéficiaires ne sont pas suivis, et ne parviennent pas ou ne « veulent pas se réinsérer ». Un calcul rapide des avantages à rester "Rmiste" dissuade certains bénéficiaires, en particulier les moins qualifiés, d'obtenir un emploi payé au Smic. Un constat qui conduit Lionel Jospin a créer la Prime pour l'emploi, en 2001, pour lutter contre cet "effet de seuil". Un dispositif détruit insidieusement l'an passé ! L'équilibre était rompu, mais jamais on n'a pris la peine d'expliquer les situations dramatiques causées par des décisions purement idéologiques.


HIRSCH A LA MANOEUVRE
Lors de la présidentielle 2007, le Parti socialiste avait pris le contre-pied de la majorité en proposant donc la mise en place du Revenu de Solidarité Active, déjà imaginé depuis 2005 par un certain... Martin Hirsch, alors président d'Emmaüs. La principale nouveauté consiste dans l'augmentation des revenus des travailleurs pauvres, encourageant ainsi le retour à l'emploi. Nicolas Sarkozy a repris, une fois élu, l'idée défendue par le PS, et chargé... Martin Hirsch, Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, de mettre en place son dispositif. Le RSA « nouveau », qui concerne potentiellement 3,5 millions de personnes, doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain en métropole et, au plus tard, le 1er janvier 2011 outre-mer.
Pour le RMI, l'heure du bilan est donc venue. Michel Rocard, qui a imposé le principe à l'échelle nationale que son idée mise en forme en une période où il avait aussi imposé la Contribution Sociale Généralisée (elle aussi toujours vivante) "a sauvé de l'absence de ressources près de deux millions de Français". Il estime que "probablement 500 000 ou 600 000 personnes ont réussi leur insertion professionnelle" en vingt ans. "Le RMI était calibré pour fonctionner en période de croissance. Il est victime de l'échec de l'économie globale", ajoute-t-il, répondant aux détracteurs du dispositif qui mettent en avant l'échec du volet insertion. "Pour rendre les gens plus employables, il faut (...) qu'il y ait des offres d'emploi", a-t-il sainement rappelé. Ce qui veut dire que le RSA montrera vite ses limites dans un contexte extrêmement défavorable ! Il ne changera en effet absolument rien pour une personne qui ne travaille pas, car elle continuera à percevoir un « revenu minimum garanti » (RMG) égal au RMI actuel, soit 447,91 euros pour une personne seule sans enfant (671,87 euros avec un enfant).
Les personnes qui retrouvent un travail percevront, par contre, sauf exceptions, un complément de revenus plus intéressant et de plus longue durée avec le RSA qu'avec le RMI, afin de gagner plus que si elles restaient avec la seule allocation.
La France compte actuellement 1,1 million de Rmistes, deux millions de travailleurs pauvres selon les estimations, et quelque 7 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (60% du salaire médian, selon l'Insee)... et servira 100 millions de repas gratuits à celles et ceux qui se battent contre la fatalité sociale. Il leur faudra
, alors que souvent leurs problèmes physiques, moraux, matériels sont pires que ceux de leurs revenus, trouver un boulot, en une période où l'on annonce des dizaines de milliers de licenciements dans tous les secteurs d'activité... Autant dire que personne ne sait réellement quel sera l'impact financier d'une mesure qui devrait pourtant permettre aux patrons d'améliorer leurs profits, en embauchant des gens à bas prix avec le soutien de l'Etat !


ECLATS DE VIE
Samedi, les élus volontaires du Créonnais se sont relayés dans le hall du centre commercial local pour collecter des produits de base pour la Banque alimentaire. Malgré un contexte inquiétant, ils ont pulvérisé les tonnages récoltés. Un paradoxe qui s'explique par la peur qui envahit les familles : plus personne n'est à l'abri d'une descente aux enfers de la précarité. Le cadre endetté par sa maison, son écran plasma, sa voiture confortable et son gazon honorable, se fait jeter en un clin d'œil ! Il sait que désormais, s'il veut réellement conserver son confort, il lui faudra bosser jusqu'à 70 ans, et à condition qu'il retrouve un emploi à son âge. Les jeunes ont été souvent les plus généreux, car eux aussi sont préoccupés par leur avenir.
Dans un excellent papier, sur libération.fr, on trouve une description du public d'un centre des Restos du coeur. Un « éclat » émouvant de vraies vies, très différentes de celles qui envahissent les étranges lucarnes télévisuelles. « A l'étage, une petite dizaine de bénévoles distribuent des repas chauds à des sans-abri. Autour des tables, une trentaine d'hommes mangent en silence. Au rez-de chaussée, on distribue des colis. Du lait, du café, des yaourts, des fruits, de la viande, du shampoing...
« C'est pas grand chose, mais c'est déjà ça », sourit Henia, qui discute dans la queue avec ses voisines, en habituée qu'elle est. Il y a trois ans, un accident du travail l'a obligée à quitter son emploi d'assistante dans une école. Depuis, l'hiver, elle vient deux fois par semaine, pour elle et son fils. « En plus des colis, j'achète du pain et des pâtes, et on s'en sort.» Derrière elle, Michèle, cheveux gris coupés courts sous un béret rouge. A 64 ans, elle vient s'inscrire pour la première fois. Même parcours qu'Henia, à peu de choses près : cuisinière dans une cantine, un accident du travail la laisse sur le carreau, avec une mère malade à charge, et deux enfants trentenaires « qui ont déjà bien du mal à nourrir leur propre famille ». Avec 821 euros par mois de retraite et pension, elle s'est décidée, « un peu honteuse », à prendre le chemin des Restos. Sans en parler, ni à ses enfants, ni à sa mère: « Elle me renierait si elle savait! ». Et il y a une photo. On a une certitude en la regardant : le photographe n'a pas enlevé les bagues de Henia et de Michèle pour faire plus peuple. Elles en viennent, et elles y resteront !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 07:17

Il existe un incroyable décalage entre les analyses que font les "monsieur je-sais-tout" des plateaux télévisés et la réalité sociale. Ils tentent de construire une opinion dominante conforme à leurs choix politiques, que certains ne dissimulent plus, mais ils ne connaissent pas la réalité. Ils interprètent des rôles de donneurs de leçons, sans jamais douter de la légitimité de leur texte. Depuis des mois, si ce n'est des années, ils se vantent par exemple de connaître le Parti socialiste et de lui prédire un avenir désastreux. Il est vrai qu'à force de déjeuner dans les meilleurs restaurants parisiens, de fréquenter les brasseries proches de l'Assemblée nationale, de croire dans les mises en scène des divas de la politique, de confondre courtisans et citoyens, de penser que la modernité passe par le renoncement aux convictions, ils intoxiquent les esprits. En fait, ils oublient tous que le seul juge de l'action politique c'est le suffrage universel, et d'ailleurs ils enragent quand le résultat n'est pas conforme à leurs espoirs. On l'a constaté sur le référendum lié au traité européen. On vient de le revoir avec le résultat du vote interne du PS. On le constate avec le renoncement qui met en évidence leur courage, quand il s'agit de s'attaquer aux pratiques policières à l'égard de leurs confrères.
Ces adeptes des « ménages » comme on dit dans le jargon du milieu (leurs commentaires, éditoriaux, apparitions télévisées... sont des ressources annexes tarifées) ou des « piges » de notoriété (ils s'auto-promeuvent entre eux !) passent pour des Pythie en phase avec le Peuple. Un Jean-Michel Apathie, un Laurent Joffrin, un Jean-François Khan, un Frantz-Olivier Gisbert, un Christian Barbier, ... et bien d'autres, se présentent en tenue de Saint Michel de l'opinion publique pourfendant le démon de la politique. Souvent d'ailleurs, au PS, ils endossent la tenue de chasseurs d'éléphants. Surtout quand ces derniers refusent de suivre leurs injonctions de gagner le cimetière, et qu'ils leur résistent. Ils sont devenus des bêtes de scène, avec forcément leurs passages à l'Olympia dans un récital bien rôdé et quelques faire-valoir en première partie ! Ils peuvent s'en tirer dans tous les répertoires, passant de « l'air de la calomnie » à « poussez ! poussez l'escarpolette ! » en passant par la chansonnette de rues ou le hard-rock dévastateur. Ils s'adaptent au contexte et ont l'avantage d'avoir un avis sur tout, faute d'avoir des solutions à tout. Le seul problème, c'est que pour certains d'entre eux, le nombre de leurs lecteurs est inversement proportionnel à l'influence qu'ils prétendent avoir ! Ils vont donc, après avoir échoué, dans un autre lieu sans aucun état d'âme. Ils exploitent le filon de la politique pour en faire, sans prendre le risque de l'exposition au jugement populaire !
Par exemple, ils se sont repus d'analyses sur le Congrès des Socialistes en rapprochant quasiment tous la situation actuelle de celle de feu la SFIO... et prédisant la même fin à ce parti incapable de se rénover. Constitué, selon ces exégètes, de pratiques qu'ils ne connaissent pas, le PS serait devenu un parti de notables, déconnecté des préoccupations des électrices et des électeurs. Mieux, ses luttes intestines porteraient une atteinte irrémédiable à son image dans la population. Or, leurs affirmations ne reposent que sur une vue extrêmement partiale de la vie du seul parti  d'opposition crédible, et elles ne reposent que sur un Parisianisme exaspérant.


LA COMBINE DES COPAINS
Hier, la circonscription d'une partie du Sud Gironde et surtout du Bassin d'Arcachon votait, à la suite d'une entourloupe UMP. Incapables de régler leur dissensions internes, les caciques locaux, qu'Alain Juppé n'a jamais pu ramener à la raison, ont multiplié les querelles, les critiques, les rivalités, les assassinats, les trahisons, sans soulever de commentaires aussi sévères que ceux qui furent portés sur le PS local ou national. Les échecs s'accumulent. Défaite d'Alain Juppé aux législatives, nouvelle raclée aux cantonales (49 sièges sur 63 sont désormais à gauche), échec retentissant aux sénatoriales avec une liste dissidente... et un département comptant désormais 13 parlementaires socialistes et un vert sur 18 possibles ! Jamais l'UMP n'a été aussi faible, aussi divisée, aussi peu suivie en nombre d'habitants, mais jamais elle n'a autant été respectée. La tromperie constituée par la candidature d'une députée, élue il y a un peu plus d'un an, qui a préféré le confort du Sénat, a conduit à une combine élyséenne que, bien évidemment, tout le monde démentira, et sur laquelle les « je-sais-tout » parisiens ne se prononceront pas : ce n'est pas de leur niveau.
En fait, Nicolas Sarkozy avait soigneusement monté le scénario lors de ses vacances de Ministre de l'Intérieur sur les rives du bassin d'Arcachon. Marie-Thérèse des Esgaulx serait, malgré les mises en garde d'Alain Juppé transmises directement au « château », placée en rang éligible aux sénatoriales, au titre de la parité, et laisserait ainsi sa place au palais Bourbon à Yves Foulon, maire de la ville la plus âgée de Gironde (Arcachon). Une affaire bien ficelée, qui récompensait l'organisateur des expéditions médiatiques à vélo, sur quelques kilomètres, dans le secteur « chicos » du Pilat ! On a été gavé de photos des séjours de celui qui préparait la campagne des présidentielles, et je me souviens avoir signalé ces outrances people dans le grand quotidien régional d'information... ce qui m'avait valu une belle engueulade avec l'un de ses dirigeants, qui n'avait pas apprécié le ton d'un blog, qu'il faudrait relire.

Cette semaine, face à un candidat du PS au travail depuis des mois et des mois sur le terrain, auprès des électrices et des électeurs, le principal collaborateur de Nicolas Sarkozy, avec l'argent de la République, et apparemment peu stressé par la situation du pays, est descendu de Paris pour mettre en évidence le soutien du gouvernement à Yves Foulon. François Fillon, après le désaveu du SMA encaissé à l'assemblée générale de l'association des Maires de France (quelle claque !), aura encore une fois le sentiment d'être véritablement un domestique.


UN PEU DE DECENCE, FILLON
François Fillon, ironisant sur les difficultés du Parti socialiste, a demandé samedi au principal parti de l'opposition de respecter un « délai de décence » avant de critiquer à nouveau son gouvernement. " Je leur demande un peu de décence, restez silencieux, aidez-nous à redresser notre pays et attendez, le moment venu, ce délai de décence pour pouvoir de nouveau donner des conseils à la France entière », a déclaré le Premier ministre lors d'une réunion des nouveaux adhérents de l'UMP, salle Gaveau dans le VIIIe arrondissement de Paris, alors qu'il avait tenu le même discours, dans une enceinte privée, vendredi matin en Gironde, en se déplaçant aux frais de la République pour participer à la campagne du « copain » de son ennemi de l'Elysée. Il s'est moqué des discussions en cours au PS pour former la nouvelle direction du parti: « si le Parti socialiste était aujourd'hui aux commandes, quelle décision prendraient-ils? Est-ce qu'il faudrait, avant de décider d'un plan de relance de l'économie, six mois de débat entre les courants A, B et C du Parti socialiste pour décider si la relance doit être de la consommation ou de l'investissement? »

C''est vrai que ce n'est pas à l'UMP que l'on verrait le Président de la République venir publiquement, devant les Maires, dire le contraire de son premier ministre et désavouer son ministre de l'éducation nationale. Qui doit-on croire sur le Service Minimum ? Qui doit-on croire sur le logement obligatoire des SDF ? Boutin ? Fillon ? Sarkozy ? A l'UMP, il n'y a pas de courants, mais seulement des divergences d'appréciation. Devedjian n'est pas viré : il a terminé sa mission !


OUVERTURE A GAUCHE
Le Premier ministre a déploré l'opposition du PS aux mesures prises par le gouvernement contre la crise économique et financière. « On leur propose un plan de sauvetage des banques qui a été décidé en même temps par tous les pays européens, ils n'en veulent pas. Ils ne veulent pas participer au vote, pourquoi? Parce que c'est Nicolas Sarkozy qui le leur propose. C'est leur seule ligne politique, c'est la seule chose qui les rassemble », a raillé M. Fillon. Il a demandé aux militants UMP « d'être aussi ouverts que le Parti socialiste est fermé ».
Les électrices et les électeurs de Gironde lui ont répondu, et ils ont fait un large rassemblement anti-sarkozyste. Sa visite restera donc dans les annales, puisque hier, nonobstant les commentaires désastreux sur le PS, nonobstant les prédictions de désintérêt pour la Gauche, le socialiste François Deluga a été largement élu comme Député, réalisant un score indiscutable ! Il est certain que ces faits seront commentés ce matin sur RTL, Europe n° 1, RMC, dans l'Express, dans le Point ou dans Libé...et annoncés au journal télévisé de TF1.
La semaine prochaine, une autre législative partielle aura lieu à Reims. Il est certain qu'après le résultat de la Gironde, on en parlera davantage. Les électrices et les électeurs n'apprécient pas qu'on les prenne pour des idiots. Ils écoutent les diatribes médiatiques et... ils votent, après avoir acheté de moins en moins de journaux, écouté de moins en moins les radios (Elkabach en sait quelque chose) et regardé de moins en moins les télés sarkozystes (Ferrari le constate). Trop c'est trop ! L'occasion de parler autrement de Reims sera fournie aux « je-sais-tout », avec cette nouvelle confrontation entre les réformes sarkozystes et le suffrage universel, mais d'ici là, ils auront multiplié les commentaires sur la composition du secrétariat national du PS. Ils en auront disséqué les membres pour démontrer que les socialistes n'ont plus la... confiance des électrices et des électeurs. Le tour des « je sais-tout » finira bien par venir, tellement ils sont en décalage avec l'opinion qu'ils croient mordicus être dominante.
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 07:17

L'avantage des voyages en TGV, c'est que je suis forcé à prendre au moins quelques heures pour sortir du rythme effréné du quotidien alors que l'on cherche paradoxalement avec ce moyen de transport à aller au plus vite d'un point à un autre. C'est pour un Bordeaux-Paris, 3 heures de lecture devant moi. Un luxe que je ne peux m'offrir qu'une dizaine de jours de vacances par an. En rentrant de l'assemblée générale de l'Association des Maires de France, j'avais raflé tous les titres quotidiens disponibles ce qui me permet de pratiquer mon sport favori : comparer le traitement de quasiment la même actualité par des journalistes différents. Impossible de ne pas constater qu'il existe de fantastiques décalages entre les renoncements, les ablations sélectives, les témoignages avantageux, les disparitions pures et simples, les outrances partisanes... De ce voyage, je n'ai retenu qu'une seule phrase contenue dans un papier de Libération traitant de l'emprisonnement des terroristes présumés qui s'en étaient pris aux caténaires de la SNCF. Elle émanait du père du chef présumé de ce groupe, qui s'était baptisé "cellule invisible", selon le procureur de Paris. Son fils, Julien Coupat, a été mis en examen par le juge d'instruction antiterroriste, pour avoir dirigé une structure à vocation terroriste et écroué. Cette incrimination criminelle est passible de vingt ans de réclusion.

Quatre autres personnes - celles aperçues à proximité des lignes sabotées - sont considérées par le parquet comme formant le "noyau dur" de ce groupuscule, et ont été également incarcérées. Le juge a cependant opéré un distinguo en poursuivant ces quatre personnes pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » mais deux d'entre elles - Yldun L. et Gabrielle H.- sous le chef de « destructions en réunion », selon la source judiciaire qui n'en a pas précisé les raisons. La mise en examen signifie que le juge estime, selon la loi, disposer « d'éléments graves et concordants » à leur encontre. Du coup, ils ont été incarcérés et Gérard Coupat, le père de Julien Coupat, chef présumé du groupe soupçonné d'avoir provoqué des dégradations sur des lignes TGV, a dénoncé mardi "une exagération" et a réfuté la responsabilité de son fils. Ce dernier a été mis en examen pour direction d'une structure à vocation terroriste.
Les enquêteurs estiment que Julien Coupat et ses amis appartiendraient à l'ultra-gauche. Ils sont accusés de cinq actes de malveillance, commis entre le 26 octobre et le 8 novembre. Des fers à béton en forme de crochets ont été posés sur des caténaires en Moselle, dans l'Oise, l'Yonne, la Seine-et-Marne, entraînant des retards dans la circulation de plusieurs dizaines de trains.


GLISSEMENT DANGEREUX
« Il y a une exagération de tout ce qui a été dit et de tout ce qui a été fait, a déclaré Gérard Coupat. On est en train de mettre en prison des gens pour délit d'opinion », a-t-il estimé, rejetant les accusations de terrorisme qui pèsent sur les neuf personnes interpellées le 11 novembre. « C'est au minimum être citoyen que de manifester et (...) quelquefois d'être vraiment coléreux », a jugé ce médecin à la retraite et ancien cadre de l'industrie pharmaceutique. Il se laisse aller, comme un dangereux révolutionnaire, à parler de « dictature douce » et il évoque un effacement des principes républicains...
Il se sert de l'exemple de l'incarcération de son fils pour justifier cette mutation, mais il aurait pu, depuis quelques semaines, recenser des exemples qui confirment ce glissement dangereux.

En fait, c'est parce qu'on ne les explicite pas, et surtout qu'on ne les met pas en synergie, que l'on est endormi par des comportements de plus en plus inquiétants. Jamais d'attaques frontales mais des piqures répétés qui provoquent une mutation génétique de la démocratie. La technique est identique dans tous les domaines : la fragmentation pour permettre une destruction progressive, non globalisable par l'opinion publique.
Surtout, éviter que l'on mette en relation des événements épars, et plus encore que l'on puisse croire que Napoléon pointe sous Bonaparte. Les révoltes étant parcellisées, elles n'ont aucun impact sur la population, engourdie par le froid glacial de son angoisse concernant son avenir individuel. Ce contexte n'a jamais été aussi propice pour des tentations autoritaires, ou mettant sous le boisseau les contestations les plus dangereuses. Quand on constate les effets dévastateurs du carnage de Bombay, personne n'osera élever la voix pour défendre des personnes idéalistes, écœurées par un système du profit écrasant les individus.


UN TRAITEMENT TRES SPECIAL
Dans une lettre ouverte les parents des 9 dangereux terroristes évoquent pourtant l'inquiétude que devraient partager des millions de personnes dans notre pays. « (...) Certains médias se sont empressés d'accréditer la thèse, affirmée par la ministre de l'intérieur dans sa conférence de presse, alors que les perquisitions étaient en cours : les personnes arrêtées étaient d'emblée condamnées. Personne n'aura pu rater l'épisode de "police-réalité" que nous avons tous subi la semaine passée. L'angoisse, la peur, les pleurs nous ont submergé et continuent à le faire. Mais ce qui nous a le plus blessé, le plus anéanti, ce sont les marées de mensonges déversées. Aujourd'hui ce sont nos enfants, demain ce pourrait être les vôtres. Abasourdis, nous le sommes encore, paralysés nous ne le sommes plus. Les quelques évidences qui suivent tentent de rétablir la vérité et de faire taire la vindicte.
Les interpellés ont à l'évidence bénéficié d'un traitement spécial, enfermés pendant 96 heures, cela devait faire d'eux des personnes hors normes. La police les suspecte d'être trop organisés, de vouloir localement subvenir à leurs besoins élémentaires, d'avoir dans un village, repris une épicerie qui fermait, d'avoir cultivé des terres abandonnées, d'avoir organisé le ravitaillement en nourriture des personnes agées des alentours. Nos enfants ont été qualifiés de radicaux. Radical, dans le dictionnaire, signifie prendre le problème à la racine. A Tarnac, ils plantaient des carottes, sans chef ni leader. Ils pensent que la vie, l'intelligence et les décisions sont plus joyeuses lorsqu'elles sont collectives.
Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si la simple lecture du livre "L'insurrection qui vient" du Comité Invisible fait d'une personne un terroriste, à force d'en parler, elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son territoire. Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n'est pas un "bréviaire terroriste", mais un essai politique qui tente d'ouvrir de nouvelles perspectives.
Aujourd'hui, des financiers responsables de la plus grosse crise économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère des millions de personnes, alors que nos enfants, eux, uniquement soupçonnés d'avoir débranché quelques trains, sont enfermés et encourent jusqu' à 20 ans de prison (...) ».

Cet extrait pourrait faire réfléchir bien des citoyens osant avoir un esprit critique sur la société, et d'ailleurs, le Président lui-même affirme la réalité de ces craintes, puisqu'en s'exprimant devant les Maires de France, il ose affirmer que ceux d'entre eux qui feraient de la résistance politique à l'égard de ses décisions seront poursuivis devant les tribunaux. En revanche ceux qui, moins « dangereux » car idéologiquement non contestataires, seront... exonérés de peine ! Le « délit d'opinion défavorable » entre dans le paysage démocratique. Nicolas Sarkozy a assuré en effet  faire "la différence" entre le maire qui "dit de bonne foi qu'il n'y arrive pas et celui pour qui c'est un acte militant de contestation de la loi. On ne peut pas traiter ces deux catégories d'élus de la même façon"  Les citoyens non plus !


ON MONTE D'UN CRAN
L'interpellation musclée de l'ex-directeur de la publication de Libération, Vittorio de Filippis, contre qui avait été délivré un mandat d'amener dans une banale affaire de diffamation, vient compléter le constat : une "première" qui suscitait l'indignation hier.
« Nous vivons dans un pays où l'on parle d'incarcérer les mineurs délinquants de 12 ans, on voit comment est traitée l'ultra-gauche sur l'affaire de la SNCF... On porte atteinte à la liberté de la presse, aux libertés publiques, au débat démocratique », a clamé celui qui est maintenant directeur du développement du journal. Vittorio de Filippis a en effet été interpellé à son domicile, vendredi vers 6h 30, par des policiers qui l'ont conduit au commissariat du Raincy, la commune où il réside. Il a été mis en examen par la juge Muriel Josié pour « diffamation publique » envers Xavier Niel, fondateur du fournisseur d'accès internet Free. Celui-ci avait déposé plainte après la parution en 2006, sur le site internet du quotidien, d'un commentaire d'un internaute, à la suite d'un article du journaliste Renaud Lecadre faisant état de ses démêlés judiciaires. Sur le site du journal, M. de Filippis affirme avoir été arrêté sans ménagement, et insulté, devant l'un de ses deux fils, âgés de 10 et 14 ans, restés seuls alors qu'il était emmené. Interrogé au commissariat, il sera acheminé menotté au dépôt du TGI où il sera enfermé et déshabillé à... deux reprises avant d'être conduit devant la juge, selon ses dires. Il sera relâché vers 11h 30.
On précisait au ministère de l'Intérieur que « dans une affaire comme celle-là, la police est à la disposition du juge d'instruction », qui « décide des modalités de l'interpellation, de l'heure... » et donc un tel traitement, pour un délit qui n'est pas passible de prison, était supposé légal et... normal ! Depuis les Etats-Unis dans un grand élan de rigueur, le 23 septembre dernier, le Président de ce qui reste de République avait déclaré : « Nous devons nous interroger sur nos responsabilités. Aujourd'hui, des millions de gens à travers le monde ont peur pour leurs économies, pour leur appartement, pour l'épargne qu'ils ont mise dans les banques. Notre devoir est de leur apporter des réponses claires. Qui est responsable du désastre ? Que ceux qui sont responsables soient sanctionnés, et rendent des comptes, et que nous, les chefs d'Etat, assumions nos responsabilités » sans toutefois identifier les « responsables »... Nul doute : des policiers et des juges cherchent ces dangereux « terroristes de l'ultra droite libérale ». Ils vont voir débarquer très vite  chez eux, au petit matin, des policiers mandatés par un juge républicain. Enfin vous pouvez encore y croire... comme au reste!
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 08:40

J'ai déjà eu l'occasion d'écrire dans l'une de ces chroniques combien le gouvernement utiliserait la notion de « crise mondiale » pour effacer sa responsabilité dans la situation économique et sociale du pays. Jamais une dépression financière de grande ampleur n'a été aussi bienvenue pour créer une diversion sur les échecs successifs de nombreuses réformes, ou supposées réformes, purement « idéologiques » menées par le sarkozysme. C'est une véritable bénédiction politique que celle de pouvoir transférer ses erreurs, ou tout au moins les masquer, par un événement que l'on peut abondamment présenter comme indépendant de la volonté de celles et ceux qui ont antérieurement accumulé les effets d'annonce, ressemblant à des avantages calculés pour les uns au détriment des autres.
La télévision déverse des tonnes d'arguments planétaires et généralistes, mais rares sont les émissions de télévision qui démontent les « agitations » gouvernementales en effectuant un simple rapport « communication institutionnelle- efficience constatée », une sorte de couple « qualité-prix » en somme !
En trois mois, près de 100 000 chômeurs supplémentaires ont par exemple été enregistrés dans la catégorie de référence, déjà très discutée de l'ANPE (disponibles pour un emploi à temps plein et à durée indéterminée). Et l'avenir s'annonce angoissant pour ne pas dire désespérant. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le taux de chômage de la France passera à 8,2 % en 2009 et 8,7 % en 2010, contre 7,2 %, au deuxième trimestre 2008. L'Insee fera connaître le taux du 3e trimestre le 4 décembre, et il sera, c'est une certitude, catastrophique, prouvant que toutes les mesures n'ont rien résolu : la libéralisation outrancière mise en place depuis 6 ans n'a eu aucun impact positif sur la vie réelle du pays. Elle a simplement gonflé les profits d'une infime minorité, et plongé dans le désespoir des millions de personnes constatant encore que la solidarité n'est plus une valeur républicaine, puisque le « chacun pour soi » a envahi toutes les couches de la société !


UN CHEMIN DEJA EMPRUNTE ANTERIEUREMENT
En octobre, la crise financière n'a fait qu'amplifier le ralentissement antérieur de l'économie, déjà perceptible avant l'été... mais on oublie partout (et surtout à la télévision) d'expliquer que la France était sur le chemin de la récession, de l'aggravation du chômage, de la carence du pouvoir d'achat, puisque, avec les cadeaux faits dès le début du mandat présidentiel aux plus nantis, on l'avait privée de tout espoir de plan relance. Maintenant on va le faire au pire moment, en oubliant que les réformes antérieures ont tué tous les espoirs réels de réussite de n'importe quel plan, puisque son financement obèrera encore plus les finances d'un état qui vit à crédit depuis plus d'une décennie.
Qui osera demander au Président de la République quel pourcentage des remises d'impôts ou des exonérations accordées ont été réinvestis en France pour l'emploi ? Tout le monde se contente des apparences : suppression de postes dans la fonction publique ? Un bienfait pour les finances publiques, illusoire car ce sont des salaires garantis en moins pour la consommation, la construction, l'économie en général, c'est plus de chômeurs dans deux ans puisque le recrutement est réduit, c'est moins de cotisants sûrs pour les retraites, la sécurité sociale... Chaque emplois supprimé c'est un « bénéfice » virtuel et médiatique, mais en réalité c'est un handicap réel pour la collectivité ! Que vont devenir les milliers d'étudiants privés du débouché de la fonction publique : le RSA les attend, et nul n'ose le dire, au prétexte qu'il faut faire des économies au profit du « privé » pouvant réinvestir, alors que les marges servies aux actionnaires vont tout simplement augmenter les placements externes.


DES PANS ENTIERS VONT S'EFFONDRER
Toutes les catégories de chômeurs ont grossi et grossiront l'an prochain à la même date, portant le chiffre total à 2 004 500. Les jeunes, une priorité du gouvernement, sont les plus touchés (+ 4,3 %) et parmi eux, les hommes de moins de 25 ans (+ 6 %). Ce sont des faits et pas des annonces... Tandis que les fins de mission d'intérim augmentent (49 248, soit + 8 % par rapport à septembre et + 25 % par rapport à août), les " reprises d'emploi déclarées " diminuent fortement : 89 613, soit - 20 % par rapport au mois précédent. Un trou terrible qui va s'accentuer après les fêtes.
Rendez-vous en mai 2009 pour simplement vérifier combien, par exemple, l'exonération des heures supplémentaires a détruit de créations potentielles d'emplois. Le BTP va vite sombrer et, après l'automobile, conduire le pays à une paupérisation accentuée ! Et tous les plans de relance n'y feront rien, compte tenu du fait qu'il faudra des mois et des mois avant qu'un effet réel se produise sur une chaine de montage ou sur les marchés publics. En s'attaquant aux collectivités pour des raisons bassement politiques, le gouvernement va faire s'écrouler encore plus les investissements.
Quelle commune va en 2009 se lancer dans des travaux alors que son avenir même est menacé ? Quel Conseil général va oser augmenter sa fiscalité pour compenser l'effondrement des ressources conjoncturelles, comme les droits de mutation (-20 % en 2008. Combien en 2009 ?) et continuer à construire des collèges ou des routes ?
"Les fins de CDD et d'intérim sont les responsables actuels de la montée du chômage, les plans sociaux, en cours de négociation, n'auront d'impact que dans plusieurs semaines voire plusieurs mois", explique Christian Charpy, le directeur général du Pôle emploi, qui prendra la place de l'ANPE au 1er janvier 2009. Selon lui, toutefois, " on n'assiste pas à un effondrement de l'emploi ". L'ANPE a encore enregistré 291 000 offres d'emploi (soit 15 000 de moins par rapport à septembre et 30 000 par rapport à août). " On devrait atteindre l'objectif fixé pour 2008 de 3,5 millions d'offres " assure-t-il, sans tromper personne sur ces affirmations, qui ne relèvent que de statistiques théoriques. On le retrouvera début 2009, pour les mêmes prévisions, aussi valables que celles de la croissance du déficit budgétaire de l'Etat...


SOLUTIONS FACTUELLES
Le recours facile, rapide, au chômage partiel ou chômage technique : il propose de relever de 600 à 800 heures, voire 1 000, le nombre d'heures autorisées annuellement par salarié, de porter le plancher de l'indemnisation au niveau du smic actuel, et d'augmenter le taux de prise en charge, actuellement de 50 %. La présidente du Medef, Laurence Parisot, a indiqué qu'elle n'était "pas hostile" à l'ouverture de négociations, à condition que l'Etat précise ce qu'il est prêt à mettre dans le dispositif, et comme on sait que l'Etat n'a plus aucune marge de manœuvre dans aucun domaine, il faut s'attendre à un énième effet d'annonce non suivi d'effets !
L'entreprise verse au minimum 50 % du salaire brut au salarié - dans la chimie le taux est de 80 %, chez Renault de 60 % -, avec un plancher de 4,42 euros par heure, et se fait rembourser 2,13 euros par l'Etat pour les entreprises de plus de 250 salariés (2,44 euros pour les moins de 250). Au-delà de quatre semaines de chômage partiel, le salarié est pris en charge par les Assedic, tout en restant sous contrat avec son entreprise. Ce délai devrait passer de quatre à six semaines... et on devrait même en libéraliser l'usage. C'est là qu'on ferait bien de revenir sur la suppression des 35 heures et sur les heures supplémentaires. Qui prétendait que ces mesures n'auraient aucun effet sur l'emploi pérenne ? La possibilité de moduler les RTT ou de répartir la masse de travail à la fois dans le temps et sur le nombre de salariés apparait, avec le recul, comme une solution qui a été condamnée alors qu'elle était un recours possible à une situation exceptionnelle.
L'extension du contrat de transition professionnelle est prévue. Il sera désormais expérimenté dans 25 bassins d'emploi au lieu de 8. Le CTP permet à un licencié économique, dans les entreprises de moins de 1 000 salariés, de percevoir 80 % du salaire brut durant douze mois avec des mesures intensives d'accompagnement (formation, stages...). Il arrive après le désastre, et ne permettra que de baisser les statistiques du chômage, mais on aura oublié de préciser que, pour changer d'emploi, il faut qu'il y ait des embauches dans le secteur concerné. On va encore donner des espoirs à des milliers de personnes, en les promenant de stage et stage, et en leur faisant miroiter des opportunités purement théoriques. Relancer l'activité, c'est d'abord et surtout relancer la consommation dans certains secteurs profitables à l'emploi, supprimer les exonérations sociales non accompagnées d'engagements précis en matière de maintien des emplois, revenir à la notion de partage du travail disponible, permettre aux collectivités locales, en n'amputant pas leurs ressources imparfaites actuelles, d'investir pour l'aménagement du territoire et sur les nouveaux domaines de compétence, avoir le courage de revenir sur le paquet fiscal. Autant écrire "manger son chapeau idéologique" et donner raison à celles et ceux qui ne croient pas dans des réformes aussi dispersées qu'inefficaces.
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 07:17

La politique est un art qui requiert de l'expérience, du recul et plus encore une habileté que les techniciens ne savent pas toujours avoir, car ils pensent que le public auquel ils s'adressent n'a aucune aptitude à comprendre. Cette absence d'analyse de l'auditoire provoque des échecs retentissants, et souvent des descentes rapides aux enfers sur des chemins seulement pavés de mauvaises intentions. L'assemblée générale des Maires de France, à laquelle j'ai assisté, a amplement démontré cette différence fondamentale dans la conduite des affaires publiques : tout est dans la forme , plus rien ne porte sur le fond ! D'un bout à l'autre cet événement, important dans le contexte actuel, n'aura été qu'une divine comédie avec seulement fort peu de moments de vérité. Et il faut le reconnaître, les grands moments auront été ceux provoqués par les ratés ministériels, mais surtout pas par des prises de position politiques fortes. Dans l'enceinte de la Porte de Versailles on ne fait pas de... politique, on vient essentiellement pour apprendre à quelle sauce on sera mangé, par manque de courage et surtout de réflexion globale.
Les deux héros de ce 91ème rendez-vous auront été François Fillon et Xavier Darcos. Le premier a été envoyé en première ligne, comme ces braves Poilus sur le Chemin des Dames. Il a servi d'appeau à son Président détesté, mais qu'il est bien obligé de respecter. Il est arrivé sans savoir que la majorité des maires présents, malgré les résultats à l'élection du Président, avaient une sensibilité de gauche ou au minimum républicaine. Tout « collaborateur » de l'hôte de l'Elysée qu'il est, il n'avait pas vu venir la bourrasque qui l'a déstabilisé. Il est vrai que , comme la très grande majorité des Ministres et des parlementaires de tous bords, il y a longtemps qu'il a perdu le contact avec les réalités. Il a cru que, sous prétexte qu'elle est réputée « apolitique », la majorité des édiles locaux approuverait un coup de menton idéologique sur le service minimum. Même l'IFOP ne savait pas qu'à la base, à part les fanatiques sarkozystes, les maires en ont plein les bottes du comportement du gouvernement dans son ensemble. Non seulement l'idéologie UMP les livre en pâture à l'opinion publique, en ne cessant de transférer vers eux les responsabilités sans les moyens, mais en plus désormais, ils sont surveillés, jugés, méprisés parfois, par des fonctionnaires aux ordres ! La décentralisation a vécu, puisque le contrôle est devenu le moyen d'action le plus pervers pour mettre à genoux les élus. C'est la bonne année, puisqu'il y a beaucoup de « petits » nouveaux, peu rompus à ce climat de suspicion permanente.
Le coup du Père François (Fillon) a été révélateur de ce ras le bol quasi général : tout le monde a bien compris que l'art de la politique c'était de faire exécuter par d'autres ce qu'on ne peut plus faire soit même. On impose une règle, utile à son image, avec une insolence d'autant plus ostentatoire que... on ne risque rien et que l'on se préoccupe seulement de casser le cap d'en face. Peu importe les « morts », peu importe les « dégâts », peu importe les « réalités », il est indispensable de montrer ses muscles sur un sujet somme toute anecdotique puisqu'on est incapable de répondre aux autres préoccupations essentielles. Tout repose sur, ensuite, une juste répartition des rôles : l'un manie le bâton, pour que l'autre puisse arriver avec les carottes ! Quant à Darcos, il a préféré battre en retraite devant ceux qu'il savait remontés comme des gens humiliés par un premier Ministre, venu les traiter comme des délinquants primaires. Ce double raté (volontaire ou pas ?) reposait sur la provocation pour l'un, et sur le mépris pour l'autre, mais dans les deux cas, ce n'était que le reflet exact de la considération portée par l'UMP à celles et ceux qui portent, au quotidien, la valeur républicaine de la proximité.


DEUX POIDS DEUX MESURES
Dans les petites communes, notamment, bien des maires, dépourvus de personnel, sont réellement incapables d'accueillir les élèves lorsque les professeurs font grève. Or, non seulement le ministre n'a pas tenu compte de leurs remarques, mais il a ordonné... aux préfets de les déférer devant le tribunal administratif ! Une mesure vécue comme une véritable injustice par les intéressés, alors que souvent l'Etat lui-même est, par exemple, incapable de tenir ses engagements vis-à-vis des maires (décalage dans le versement des subventions faute de crédits de 2, 3 voire 4 ans) dans de nombreux domaines. Les suppressions de services publics sans concertation (Trésorerie, DDE, gendarmeries, tribunaux, hôpitaux de proximité...), la décision de confier à certaines mairies la gestion des dossiers de passeports biométriques ou demain des cartes nationales d'identité sécurisées, le flicage par téléphone (aucun constat légal n'a été établi) des communes n'ayant pas mis en œuvre le SMA, les ratios de gestion tendancieux appliqués à la gestion financière, l'absence de prise en compte depuis 1999 des évolutions de population, les annonces de suppressions des ressources actuelles...mériteraient parfois bien des citations devant les tribunaux administratifs.
D'ailleurs, tout le monde a passé sous silence, dans le système médiatique, que pour ne pas être condamnée par le Conseil d'Etat, la brillante Ministre de la Justice a été obligée d'annuler son décret sur la carte judiciaire la... veille du jugement ! Elle n'a pas en effet davantage respecté les lois que les maires, incapables de mettre en œuvre le service minimum, mais elle possède, bien évidemment, le pouvoir de contourner la loi... Dommage que l'on n'ait pas donné l'ordre aux Préfets de traduire les suppressions de tribunaux au Conseil d'état.
Comme si cela ne suffisait pas, Xavier Darcos n'a même pas dépêché, pour le remplacer, son directeur de cabinet ou un « politique », mais il a envoyé au casse-pipe un fonctionnaire en service commandé, révocable selon les circonstances, le recteur de Créteil. Plus de 2 000 maires ont alors quitté la salle, en signe de protestation. Enfin, pour aggraver encore son cas, il a fini tout de même par se rendre sur le site, mais en catimini, en froussard, en se dissimulant presque, sans même parler aux congressistes « amis » ou « ennemis » supposés ! Une attitude que les édiles, de droite comme de gauche, ont interprétée comme une marque de mépris similaire à celle qu'il dispense à l'égard des enseignants. Il restait à Zorro à entrer en scène.


LE BON GRAIN ET L'IVRAIE
Ce fut le cas, avec un parterre presque exclusivement constitué de supporteurs, hier en fin d'après-midi, car bon nombre d'élus étaient déjà repartis sur leurs terres. Le président de la République a montré, lui, qu'il avait plus de métier, et qu'il prenait véritablement son Premier Ministre et son ami proche, Xavier Darcos, pour des « moins que rien » . Il les a véritablement ridiculisés, avec un aplomb exceptionnel. Un numéro comme lui seul sait les faire, une pirouette de cirque politicien, un tour de prestidigitation médiatique, digne d'un Grand Cabaret de Patrick Sébastien ! Il est même ressorti de la salle sous les acclamations des supporteurs. Comment ? En faisant tout simplement du Sarkozysme primaire, c'est-à-dire en parlant aux maires avec vigueur sur la forme, tout en les flattant sur le fond. Il a fait le bravache qui n'a peur de rien, et qui sait que pour s'en sortir sans mal, il fallait... battre en retraite, pour au moins récupérer ses partisans. La salle lui était acquise, mais encore fallait-il la prendre dans le sens du poil !
« L'éducation ? Avant de venir, on m'a déconseillé d'en parler, a-t-il expliqué. Et bien, au contraire, je vais aborder le sujet, car ce serait être lâche de l'éviter. » Voilà pour Darcos qui a été habillé pour les fêtes de fin d'année. Avant d'enchaîner, pour régler son compte à ce Fillon intransigeant, qui n'a rien compris au cœur sensible des Maires de France : "Je comprends le sentiment d'injustice d'un maire rural traîné devant le tribunal administratif alors qu'il a fait ce qu'il a pu. Ce que je n'accepte pas, c'est qu'un élu refuse d'appliquer la loi (...). On ne peut pas traiter les deux de la même manière." Récoltant, dans la foulée, les ovations des élus, il a tout simplement ajouté à la liste des « idiots » de service, tous les Préfets zélés qui sont allés recenser les plus petites communes, pour les faire condamner, comme dans le Var, à 10 000 euros d'astreinte par heure de retard dans l'application du SMA. Ah ! Ils vont avoir l'air malin les Préfets et les juges !
En fait, le Président de la République venait de légitimer des procès purement politiques faits à de mauvais maires, soucieux de défendre le service public d'éducation... et il a dressé contre eux tous ces braves élus, qui eux, ne font surtout pas de politique, et qui ont tout fait pour respecter un texte qui va dans quelques années les mettre dans une situation intenable, après que plus d'un tiers des postes de remplacement aient été supprimésà compter de la prochaine rentrée. Peu importe, ils étaient heureux, le président les avait entendus. Lui. Pas les deux autres et tant pis pour ceux qui défendent le fond plutôt que la forme ! Ce n'est pas à la mode. Les Préfets et les tribunaux administratifs vont donc séparer le bon grain de l'ivraie. La République en sortira grandie ! Mais comme tout le monde s'en fout...
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 07:17

Le sujet est franchement impopulaire. Ne parlez surtout pas à votre voisin des conditions d'accueil dans les prisons françaises. A moins qu'il soit membre de la Ligue des Droits de l'Homme, il vous répondra que celles et ceux qui fréquentent ces lieux n'ont que le sort qu'ils méritent. Les prisonniers doivent obligatoirement expier leurs délits ou leurs crimes dans des conditions inhumaines, puisque le principe même de l'incarcération c'est de les mettre dans un contexte punitif qui les persuade de ne plus recommencer. Il faut donc que la sanction prononcée au nom de la République ne respecte aucune des règles élémentaires de la dignité, dues à un individu coupable. C'est vrai que ces principes simplistes sont nettement majoritaires dans l'opinion dominante, mais ils peuvent évoluer selon les aléas de la vie. Toutes les règles strictes, dures, permanentes sont en effet, dans notre société pour... les autres, et surtout ceux qui doivent expier une faute grave ou bénigne.
Les détenus dorment à quatre ou cinq par cellule dans de nombreuses maisons d'arrêt. Le chiffre pourrait dépasser le record historique de 64.250 atteint en juillet 2008... dans les prochaines semaines. Une surpopulation qui démontre simplement que rien n'enrayera des comportements hors normes, et que ce sera une course sans fin entre une soif de sanctions et leur mise en œuvre. Le nombre de mineurs détenus a en revanche baissé de 3,4%, à 673 au lieu de 697 au 1er octobre. Ils représentent environ 1,1% des personnes incarcérées, ce qui illustre la vanité des réformes potentielles de la loi sur les mineurs.
Parmi les personnes détenues, 16.852 ne sont pas définitivement condamnées (plus d'un quart d'entre eux). Par ailleurs, 5.995 personnes (moins de 10 %), juridiquement écrouées, bénéficient d'aménagements de peines telles que des semi-libertés, des placements à l'extérieur, ou une libération sous bracelet électronique. Cette dernière mesure bénéficiait à 2.307 détenus au 1er novembre 2007, un chiffre en hausse de 44,5 % depuis un an.
Après une série de suicides et de meurtres, la situation des prisons françaises a suscité plusieurs rapports très critiques, notamment du Conseil de l'Europe, mais personne ne s'en soucie vraiment. Régulièrement, les prisons françaises font l'objet de critiques, que ce soit au niveau national (rapports d'enquêtes parlementaires de 2000, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, d'associations comme l'observatoire international des prisons) ou international, tels les rapports de l'ONU, du Comité européen de prévention de la torture (CPT). Ce dernier dénonce depuis 1991, et plus récemment dans un rapport de 2007, faisant suite à des visites menées en 2006, des « traitements inhumains et dégradants », plus particulièrement sur les questions de la santé, du placement à l'isolement et de la surpopulation carcérale. La législation sur l'isolement administratif, améliorée par décret en juin 2006, n'est que très peu appliquée. L'isolement administratif est considéré comme un traitement inhumain et dégradant, en raison de sa longueur excessive. Le CPT reconnait les efforts menés par la France pour développer les peines alternatives... mais les considère comme encore insuffisants !


RAPPORTS ACCABLANTS
Les rapports parlementaires sur les prisons sont très critiques sur la surpopulation, l'insalubrité et les sous-effectifs chroniques de personnel. La politique carcérale des différents gouvernements successifs est critiquée, soit pour leur inaction, soit pour leur politique du tout répressif. Depuis quelques années, les conditions de vie sont au centre de la critique du système pénitentiaire français. Notamment, depuis la publication du livre de Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé, qui a vite été oublié car ce n'était pas le moment de traiter pareil sujet. Depuis ce pavé dans le marigot pénitentiaire, où les crocodiles survivent , de nombreux rapports mettent le doigt sur la surpopulation et le manque chronique de moyens (manque de surveillants, manque de psychologues, manque de médecins, manque de moyens de réinsertion). Tous ces problèmes restent pour l'instant présents. Seule la construction de nouvelles prisons a été décidée. En ce qui concerne le manque d'effectifs, aucun recrutement en masse n'a pour l'instant été réalisé et cela malgré des campagnes de publicité pour recruter du personnel dans l'administration pénitentiaire. Ce ne sont que des effets d'annonces qui ne débouchent sur aucun recrutement supérieur d'une année sur l'autre.
La surpopulation carcérale en France est notoire, et touche massivement les courtes peines et les prisonniers en attente de leur jugement. Ça ne fera pas l'ouverture du Jité du 20 heures sur TF1, pas plus que sur le service public ! Bien fait pour eux !


UNE SURPOPULATION EFFARANTE
L'évolution de la population carcérale et du nombre de places en France est la suivante : en 2006 : 50 207 places opérationnelles pour 60 771 écroués, soit une densité de 121% ; en Juillet 2007 : 50 557 places opérationnelles pour 61 810 écroués soit une densité de 122% ; le 1° juillet 2008 : 64 250 détenus. Le nombre de places n'était pas indiqué à cette date, la densité ne peut pas être calculée, elle était néanmoins de 126% en juin 2008, un record absolu. Dix établissements ou quartiers ont une densité supérieure à 200%, 42 ont une densité comprise entre 150 et 200%, 51 entre 120 et 150%, 36 entre 100 et 120 % et 87 ont une densité inférieure à 100 %. La situation ne cesse d'empirer, mais bien évidemment on parle beaucoup des effets sans jamais évoquer les causes.
La construction des 13 000 places supplémentaires, décidée en 2002, devrait être achevée en 2011 : près de 63 500 « places opérationnelles » seront alors disponibles. Les syndicats de magistrats estiment que l'adoption de lois pénales plus répressives, à l'initiative de la ministre Rachida Dati, conjuguée à l'abandon de la pratique des grâces collectives du 14 juillet, a placé le monde carcéral français en situation d'urgence, mais tout le monde tourne le dos avec la certitude qu'en situation de crise, personne ne s'intéressera au sort de condamnés à des peines légitimes, mais aussi à des plus courtes, pouvant être tout aussi dangereuses pour la réinsertion.
Les conditions de vie particulièrement difficiles de la prison accroissent la gravité des maladies mentales et provoquent ou aggravent un nombre important de dépressions. Aux comportements d'automutilation, s'ajoutent une centaine de suicides annuels, soit un taux de suicide huit fois supérieur à la moyenne nationale.


L'EUROPE EN ALERTE
Les prisons contiennent une population très importante de personnes ayant des troubles mentaux. En 2004, 80% des détenus masculins et 70% des détenues féminines présentaient au moins un trouble psychique, et le plus souvent plusieurs. Des statistiques terribles, qui cependant laissent le citoyen contribuable de marbre, car il n'a jamais admis que sanction ne signifie pas humiliation, que repentance ne rime pas avec déchéance, et que préservation de la sécurité ne cohabite pas avec l' insécurité de ceux qui sont chargés d'assumer la surveillance de gens souvent dangereux. Un commissaire européen a produit un rapport accablant, qui aurait dû être pris en compte par le gouvernement, si zélé pour imposer des charges aux communes. Le Commissaire est préoccupé par le fait que la loi ne distingue pas parmi les criminels, ceux concernés par la rétention de sûreté, qui s'applique aussi aux mineurs ayant commis des crimes graves.
Cette disposition va à l'encontre de la prise en compte de la responsabilité spécifique des mineurs. Il estime que le problème des jeunes délinquants ne sera pas résolu par des peines plus dures. Une politique réussie sur la délinquance juvénile devrait impliquer au contraire des mesures facilitant la prévention, la réadaptation, et l'intégration sociale des jeunes en difficulté. Comme l'indique le Comité des droits de l'enfant, « les États parties devraient intégrer dans leur système de justice pour mineurs des mesures pour traiter les enfants en conflit avec la loi, sans recourir à la procédure judiciaire ». L'incarcération des mineurs doit rester le dernier recours... Au contraire de certains arguments entendus, il considère aussi que l'âge auquel des sanctions pénales peuvent être prises, devrait être augmenté pour se rapprocher de l'âge de la majorité. Bizarre, mais pour une fois, l'Europe n'excuse pas le comportement d'un Etat particulièrement critiquable. Il faudrait en parler au Président... Le sujet le passionne. C'est lui qui devait karchériser les banlieues. Il peut faire un effort pour les prisons.
Mais je
déblogue...

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 07:17

Ouf ! La justice française vient de démontrer qu'elle savait régler un conflit de manière efficace. Un exemple pour le Peuple de ce que le droit peut comporter parfois comme valeurs fortes quand l'enjeu existe. C'est la force de la justice républicaine de savoir apparaitre comme sévère, efficace, source de crainte pour les gens osant la défier. Pour avoir de temps en temps fréquenté, comme journaliste, les séances jugeant de pauvres bougres, de sombres idiots ou des brutes épaisses en flagrant délit, je peux affirmer que le laxisme n'est pas monnaie courante. Les tarifs sont salés, et appliqués sans mansuétude, même si ensuite l'exécution des peines laisse souvent à désirer. Cette justice, tellement critiquée et parfois suspectée de complaisance débridée sait se mettre en évidence au moment voulu, et rappeler qu'elle a le sens du devoir. Aucune faiblesse ne pouvant être interprétée comme un signe d'encouragement à la délinquance. Il est vrai que les absences de condamnation récentes, vis-à-vis des concepteurs de l'introuvable poupée vaudou présidentielle, et surtout à l'égard d'Olivier Besancenot supposé diffamateur à l'égard du Taser, pouvaient faire croire que de dangereux révolutionnaires siégeaient dans les rangs du parquet.
Même certains Socialistes, hier soir encore, devant micros et caméras, se répandaient sur leur confiance dans la « justice de leur pays » pour poursuivre la démolition de ce qui peut rester de leur parti. C'est dire la confiance qu'ils ont dans les décisions de l'assemblée représentative de leur parti ! Ils ont raison, car de toute évidence, la justice républicaine sait sanctionner les « mauvais comportements sociaux ».
Deux associations de défense des mal-logés, Droit au logement (Dal) et Les Enfants de Don Quichotte, ont été en effet condamnées pour avoir installé des tentes dans la capitale. Une amende de 12.000 euros a été prononcée contre l'association Dal, pour avoir à plus de 300 reprises « embarrassé la voie publique en y laissant des objets (sic)», notamment rue de la Banque, fin 2007. Le tribunal de police de Paris a par ailleurs condamné Les Enfants de Don Quichotte à la confiscation de... 198 tentes, installées illégalement, il y a près d'un an, près de la Seine. En revanche, le tribunal n'a pas suivi la demande du procureur qui avait requis une amende 1.875 euros. Quand je vous dis que la République est menacée, et qu'il faut absolument sanctionner, ceux qui, comme les défenseurs des SDF, donnent une « mauvaise image de notre belle capitale ».
Rien que hier, en allant d'une réunion de travail à une autre dans Paris, j'ai dû expliquer à ma petite-fille quels étaient ces tas informes de couvertures hétéroclites sous lesquelles se réfugiaient des êtres humains, encombrant les trottoirs. J'ai été obligé, aussi, de lui expliquer pourquoi des femmes et des hommes tendaient la main dans les rues... Mais probablement ai-je eu tort, j'aurais dû lui expliquer que nous possédions une justice efficace, qui allait leur procurer un logement digne, puisque le gouvernement avait inventé le droit au logement... Les juges sont prêts à condamner l'Etat qui ne respecte pas ses engagements légaux, et surtout... les Maires incapables de trouver des solutions conformes à un texte totalement inapplicable. D'ailleurs ils sont efficients, puisqu'ils sont en passe de s'en prendre aux élus eux-mêmes, qui ont osé s'opposer à l'application du service minimum d'accueil dans les écoles. Hier, en Gironde, les sous-préfectures appelaient avec un zèle particulier dans les mairies (sur consigne de qui ?) pour demander si le SMA avait été effectif !... Il y a tout lieu de parier que dans les prochains jours les fonctionnaires seront mobilisés pour compter les logements sociaux disponibles dans les communes ne respectant pas une loi aussi importante que celle qui est relative au remplacement des enseignants absents pour « motif imprévisible ».


UN SERVICE MINIMUM D'ACCUEIL
Quatrième en un mois pour l'ensemble de la région parisienne, un troisième SDF avait pourtant été trouvé mort dans le Bois de Vincennes, où la ministre du logement, Christine Boutin, a effectué un déplacement, la mairie de Paris mobilisant son unité d'aide aux sans-abri... C'est l'association Emmaüs (heureusement ce n'est pas celle des enfants de Don Quichotte) qui a découvert le corps de cet homme d'environ 45 ans, retrouvé allongé, comme s'il dormait. Il pourrait s'agir d'un Polonais, selon une source policière.
Emmaüs effectuait sa première tournée d'exploration, destinée à venir en aide aux nombreux sans-abri, à l'écart des circuits habituels des associations caritatives. Une mission décidée après la mort d'un sans-abri de 50 ans, dans ce même bois, victime d'une intoxication au monoxyde de carbone.
« On veut que le préfet réquisitionne des logements vides pour ces personnes, les gens sont dans le bois car il n'y a plus de places dans les hébergements d'urgence », a déclaré à l'AFP Xavier Vandromme, porte-parole d'Emmaüs. Il réclame en fait un SMA pour SDF !  Impossible, car le Préfet, ici comme ailleurs, rédige des recours au tribunal administratif par dizaines pour tenter d'imposer une loi qu'au Congrès des maires on jugeait déjà morte dans les communes de moins de 1 500 habitants... puisque un texte est en préparation en ce sens au Sénat ! Par contre, rien n'est prévu sur les


DES RESULTATS QUI ENCOMBRENT
« Le délit d'encombrement de la voie publique s'applique désormais à des êtres humains! », s'est insurgé le DAL, selon qui ce jugement crée « une nouvelle sanction applicable non seulement au Dal, mais à n'importe quel sans-abri » dormant sous un tas de cartons ou de couvertures de récupération. Quel amalgame sordide et inadmissible pour tous ceux qui sont obligés de vivre à la rue, et qui deviennet ainsi des « objets » inanimés dépourvus d'une âme ! C'est une justice efficace et surtout respectueuse des valeurs d'équité, de fraternité, de solidarité et de liberté.
La ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, a estimé après son escapade dans le bois de Vincennes que la condamnation relevait de « questions d'ordre public », mais surtout pas d'une erreur sociale grave. En revanche, le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, a jugé qu'il n'était « pas normal » d'infliger une amende, conseillant à l'Etat de « passer l'éponge ». Il avale tellement de couleuvres, ce pauvre Martin, qu'il se comporte comme un saint, prêt à partager le manteau de sa fonction inutile, avec les gens émus par cette sentence !
La Fondation Abbé Pierre, Emmaüs France et l'Association Emmaüs ont exprimé une même consternation devant cette amende, assortie d'une confiscation des tentes, cette seconde sanction ayant seule été infligée aux Enfants de Don Quichotte. « Alors que les réponses politiques prennent si peu la mesure de l'urgence, et que l'on meurt dans les rues de notre pays ou dans les bois près de nos villes », ces organisations « estiment que c'est un bien mauvais signe que de condamner aveuglément des militants qui n'avaient d'autre motivation que de sensibiliser l'opinion ».
Il est possible d'avoir, avec le Dal, des différences d'approche et de méthode, mais on ne peut laisser condamner une association qui lutte avec constance, courage et dévouement, pour le droit à l'hébergement et à un logement pour tous. L'Etat étant incapable de résoudre ces problèmes, se contente d'une réponse judiciaire à ceux qui proposent un service minimum social. C'est devenu la seule solution possible pour ne pas gâcher, avec des tentes hébergeant des pauvres erres, les fêtes de fin d'année des téléspectateurs encore fidèles au journal de 20 heures sur TF1. La mesure est préventive, car on n'a rien vu. Dans quelques mois, ce seront des centaines de gens qui vont se retrouver à la rue, réduits à la précarité la plus effroyable. Les chiffres du chômage au mois d'octobre doivent être annoncés officiellement demain, mais déjà, le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi Laurent Wauquiez reconnaît que la tendance « est très mauvaise » avec des chiffres proches des... 42 000 du mois d'août dernier. Et on n'a rien vu. Enfin presque, car la cote de popularité de Nicolas Sarkozy suit le chemin contraire. Elle grimpe. Et vu la situation actuelle dans laquelle il a plongé la France, ce n'est que Justice.
Mais je déblogue...

 SDF installés aussi à Vincennes.
En début de soirée Madame Boutin s'est rendue sur place, exprimant la volonté des autorités d'aller au devant de chaque personne en difficulté pour leur proposer un hébergement... Elle a exprimé son « immense tristesse » devant ce qu'elle a qualifié de « drame de la solitude ». Elle ne leur a pas conseillé de s'en remettre à Dieu pour réchauffer leur coeur!
Selon le collectif « Les morts de la rue », environ 200 personnes vivent en permanence dans ce bois. Ils sont 66 dont sept femmes, selon la Ministre qui n'a pas dû tous les voir... Il s'agit, soit de sans-abri qui « en ont marre d'être expulsés et de l'insécurité de la ville », soit de sans-papiers, ce qui permet de vérifier les conséquences de la chasse en cours sur tout le territoire.
150 SDF sont morts dehors durant ces six derniers mois en France, assure le collectif qui ne va pas tarder à être sansctionné. Les derniers ont été trouvés, le 27 octobre à Vincennes, le 3 novembre à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et deux autres dans le bois de Vincennes, les 22 et 25 novembre.
Il y a près de deux ans, les Enfants de Don Quichotte avaient installé des tentes le long du canal Saint Martin, et un an plus tard le DAL (Droit au logement) avait planté les siennes à deux pas de la Bourse. Celui-ci vient donc d'être condamné pour avoir simplement sauvé quelques malheureux, marginalisés par les morsures de la vie !
Partager cet article
Repost0