Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 10:17

Il ne peut pas y avoir un seul fait divers sans que les réactions les plus populistes surgissent dans le système médiatique. C'est désormais une constante, car il faut absolument coller à l'opinion dominante, et toute la politique sarkozyste réside dans cette manière de rester au plus près de l'émotion légitime, que suscitent les meurtres, les viols, les vols, ou les destructions volontaires. Chaque fois, on commence par s'apitoyer sur les effets, mais sans se préoccuper des causes, puis on effectue une annonce promettant que ça ne se reproduira plus, alors que l'on sait parfaitement qu'il ne saurait y avoir aucune exception à une règle,  la plus sévère soit-elle. Enfin, on attend patiemment que le temps efface la montée de la colère, car chaque fois, un autre drame surgit. Cette manière d'exploiter les instincts les plus prompts, mais pas nécessairement les plus analysés, finit par déboucher sur des comportements détestables. Actuellement, la réponse la plus fréquente, c'est celle du... fichier.
On épie, on recense, on stocke des milliers, des millions de renseignements au nom de la sécurité de celles et ceux qui sont fichés sans le savoir. Après le meurtre angoissant de Grenoble, personne n'a posé le véritable problème : les moyens donnés aux hôpitaux psychiatriques, dont certaines sections ressemblent étrangement aux asiles roumains d'antan. La situation est tellement grave que parfois, en cas d'hospitalisation d'office ou urgente, il faut faire sortir un patient moins malade pour libérer une place !
Le énième fichier national des hospitalisations d'office, souhaité par l'Elysée après le meurtre de Grenoble, a suscité hier l'inquiétude  des professionnels, qui ont rappelé que Nicolas Sarkozy avait abandonné un tel projet dans sa loi de prévention de la délinquance en 2007... mais que, profitant d'un drame, il le ressortait des cartons pour le faire passer en force. Qui songerait à s'opposer à ce que l'on fiche ce que dans le jargon officiel on appelle un H.O? D'ailleurs, qui en connaît les limites et les contraintes? Qui cherche à en comprendre les motivations?
Ce sont des fous, et donc il faut, comme pour les malfaisants dans un autre domaine, les mettre en marge de la société. Cachez ces aliénés que personne ne veut voir, comme si nous étions les uns et les autres à l'abri d'une défaillance mentale.
Le chef de l'État a pourtant demandé aux ministres de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé, de lancer une réforme de l'hospitalisation psychiatrique, après la mort d'un étudiant poignardé la veille par un homme échappé d'un hôpital, à Grenoble. Cette réforme doit notamment viser, selon l'Elysée, à "améliorer la surveillance des patients susceptibles de présenter un danger pour autrui, dans le cadre notamment de la création d'un fichier national des hospitalisations d'office". Or, très souvent, une décision de ce genre, dont on a oublié de dire que dans les communes modestes, elle dépend d'un arrêté du... maire,  n'est pas prise à la légère, compte tenu de la responsabilité qu'elle engendre. Une motivation, liée à la mise en danger d'autrui, c
oncerne les malades mentaux qui compromettent l’ordre public et la sécurité des personnes. Il s’agit alors d’une mesure administrative, prise par le préfet du département, après une procédure très précise et relativement rare.
Deux procédures sont possibles : la
plus courante prévoit que le médecin rédige un certificat médical circonstancié et que le préfet prononce, au vu de celui-ci, l’hospitalisation d’office. Un médecin de l’établissement ne peut pas être certificateur. Dans la procédure d’urgence, en cas de danger imminent pour la sûreté des personnes, le médecin atteste de la dangerosité du patient, et le maire peut alors prendre des mesures d’urgence.  La loi du 4 mars 2002 subordonne l’hospitalisation d’office à trois conditions : l’existence d’un trouble mental, la nécessité de soins de ce trouble, et une atteinte grave à l'ordre public. Le maire de la commune (ça retombe toujours sur lui dans les petites villes) ou les commissaires de police dans les grandes métropoles, signent un arrêté provisoire sur lequel le préfet doit statuer sous 24 heures.
Faute de confirmation préfectorale, l’arrêté provisoire du maire, ou du commissaire de police, est caduque au bout de 48 heures. Dommage que le Président de la République ne se soit pas préoccupé de ce simple détail : un arrêté du Maire peut être attaqué quand les faits démontrent que la H.O. était... abusive ! Celui du Préfet aussi d'ailleurs. 
Un certificat immédiat est établi dans les 24 heures par le psychiatre de l’établissement hospitalier, constatant la pathologie et justifiant l’hospitalisation .
Un certificat confirme, tous les quinze jours, la nécessité du placement.
La sortie est prononcée après arrêté préfectoral abrogeant l’H.O. Il est donc d'une affligeante mauvaise foi de présenter cette procédure comme n'étant pas encore sécurisée... alors qu'elle est  verrouillée de tous les cotés. Elle repose néanmoins sur l'Humain, dans ce qu'il a de plus subtil ou de plus complexe, et il est évident que des erreurs peuvent exister.

DES MALADES COMME LES AUTRES
Le problème de la folie, c'est qu'elle est liée à la violence envers les autres ou envers soi-même. C'est une souffrance terrible, que l'on méprise ou que l'on raille. Le professeur de santé publique Antoine Lazarus voit dans "la logique des fichiers, la volonté de traiter les malades comme des délinquants" et estime que "sous prétexte de sécurité, on oublie leur statut de malade". Et c'est bien là que commence la zone rouge.
Pourquoi ne fiche-t-on pas tous les contagieux qui peuvent provoquer la mort de leur voisin par contamination? Ne doit-on pas ficher les porteurs du VIH, sous prétexte qu'ils peuvent tuer par manque de précautions? Fichons les chauffards comme Olivier Panis, ancien pilote de Formule 1, arrêté à plus de 210 kilomètres heures sur une  autoroute au volant de sa Ferrari. Fichons tout ce qui dérange, qui bouge, qui contredit, qui fait (à juste titre ou non) peur.
Nicolas Sarkozy a trop souvent lancé des réformes, à chaud, après des faits divers. Il avait procédé ainsi après une affaire analogue en août 2007. Un malade psychiatrique ayant assassiné deux aides-soignantes à Pau, venait d'être déclaré irresponsable pénalement. On a vu le résultat : les associations ne sont toujours pas reconnues à leur juste place, les cliniques psychiatriques ont été exclues des mesures. Cette fois-ci, l'Etat doit agir, mais sans se tromper de mesure,  car le fichier ne résoudra rien.
Le président de la Ligue des droits de l'Homme ne voit "rien de nouveau dans l'attitude du président" Sarkozy, "qui, à chaque occasion, saute sur les faits divers pour jouer sur les peurs et attiser les réflexes populistes et la démagogie". L'Union nationale des cliniques psychiatriques de France dénonce la précipitation avec laquelle le président  a réagi après le meurtre d'un jeune homme mettant en cause un malade mental. La relation faite entre les malades hospitalisés sous contrainte et la dangerosité pour la société n'est pas la bonne,  et le fichier n'est pas une fin en soi. Le passage à l'acte d'un malade mental ne sera jamais contenu sur une fiche, aussi complète soit-elle.
La psychiatrie n'est pas une science exacte et elle ne le sera jamais. Il y a une part de risque dans tout acte médical, et faute de l'admettre, on berne une société crédule ou prétendant qu'aucun danger ne doit la menacer. En fait, elle devrait plutôt se pencher sur les moyens donnés aux hopitaux, et plus encore à la carence en matière de psychiatres... Pourquoi n'a-t-on pas évoqué dans les médias ces réalités qui   méritent bien des reportages... impopulaires car en décalage complet avec l'émotion "zapping"!

LA MISERE DES SERVICES
Nicolas Sarkozy  se contente du plus facile : instrumentaliser un drame humain. A chaque évènement tragique, il préconise une  loi et encourage l'affichage  de réformes de surface,  alors que des  mesures de prévention et de soins dignes de ce nom seraient indispensables. Par exemple, hier, il a oublié la situation catastrophique de l'offre de soins en psychiatrie publique, ce que les professionnels rappellent en vain, et que le budget de la santé mentale pour 2009 connaîtra une diminution de 3,7%... mais il y aura quelques sous pour un fichier !

Une cinquantaine de salariés de l’hôpital psychiatrique Saint Jean de Dieu, dans le 8e arrondissement de Lyon, ont  par exemple défilé, pour dénoncer un manque de personnel. Les slogans étaient clairs : “A l’hôpital, c’est la galère, la psychiatrie, c’est la misère, embauchez !” C’est l’agression, il y a environ trois semaines, d’une infirmière par un patient qui venait d’être interné et dont l’hôpital refusait la... prise en charge, qui a déclenché la colère du personnel. On constate une explosion des arrêts maladies, on est fatigué et pas remplacé, et en plus on travaille dans un climat d’insécurité générale. Le personnel de cet hopital réclame l’embauche de 77 professionnels pour remédier à cette situation. Celui de Cadillac, en Gironde,  manque de dizaines d'infirmières et d'infirmiers spécialisés... mais n'en trouve pas, car les volontaires ne se précipitent pas au portillon. C'est une réalité que personne ne veut voir, car les "fous",  ça ne fait pas recette.
Il me semble inacceptable, quel que soit notre émoi et notre empathie à l’égard des victimes, de vouloir légiférer ou réformer à chaud, sous la pression de l’opinion, en temps quasi réel. Il est encore plus grave de voir la dérive que l’on peut constater depuis deux ans, qui consiste à systématiquement surmédiatiser, surréagir et s’emparer de tout fait divers dans lequel un malade (je maintiens qu'il s'agit d'un malade) mental est impliqué. Il est scandaleux de pointer du doigt à ce point, les deux ou trois délits ou crimes commis par des malades mentaux, alors que dans le même temps, 50 à 100 fois plus de délits ou crimes sont commis par des gens réputés « normaux ».
Cette focalisation, cette stigmatisation des malades mentaux, qui est peut être plus qu’un effet de mode, devrait être combattue par les pouvoirs publics et les faiseurs d’opinion, et non entretenue par les vrais responsables de la vie collective.
Doit-on enfermer préventivement tous les gens potentiellement dangereux pour le pouvoir,  et qu'a recensé le fichier Edvige, toujours pas abandonné? Méfiez-vous, on est toujours le fou de quelqu'un qui se prend pour un Roi !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 13:17

La réalité n'appartient plus au monde virtuel de la politique car, dans le fond, elle dérange. Plus personne ne veut la voir, et les visites officielles ne servent qu'à entretenir l'illusion d'une prise en compte des difficultés concrètes des personnes rencontrées. Plus personne ne croit qu'une visite ministérielle puisse résoudre un problème. Ce n'est, comme pour le Président de la République, qu'une glissade sur un miroir, ne reflétant que l'image positive de celui qui vient à la rencontre des autres.
Pour le reste, ce n'est qu'une questiçon de micros, d'appareils, de caméras, mais pas de réalités. Dans les cabinets, la seule obsession réside dans la volonté de cacher la vérité au maître des lieux et surtout à le persuader qu'il a été le meilleur des meilleurs. C'est ainsi que la politique cède toujours sous les coups de boutoir des spécialistes de la communication, pour finir par perdre sa raison d'exister. Par exemple, le secours catholique, ramassis de gauchistes du NPA, accueille de plus en plus de personnes de plus de 50 ans en situation de précarité, et constate une hausse des emplois précaires touchant particulièrement des familles monoparentales. Ces constats devraient occuper la réflexion des responsables, car il faut se persuader que le phénomène va s'accentuer très rapidement.
Le rapport portant sur l'année 2007 souligne que le Secours Catholique  a aidé l'an dernier 1,4 million de personnes, qui représentent 629.500 "situations familiales" de précarité. Il fixe le seuil de pauvreté 2007 à 910 euros net par mois pour une personne seule. En 2006, l'Insee fixait ce seuil à 880 euros. Il rappelle que la France compte sept millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, parmi lesquelles deux millions d'enfants pauvres, dont un sur deux vit avec un parent seul.
En 2007, 60% des familles rencontrées étaient des familles monoparentales, souligne l'association qui précise que ce chiffre "n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années". Autre enseignement, si les statistiques montrent une baisse du chômage en 2007, "le travail à temps partiel augmente. Cette situation dévalorise la notion du travail puisque travailler ne protège pas de la pauvreté", selon le Secours catholique.
Les chômeurs restent toutefois la catégorie la plus importante parmi les personnes accueillies, soit 42,6% en 2007, malgré une baisse de 2,4% par rapport à l'année précédente.
Concernant l'âge des personnes accueillies, "l'étude 2007 confirme les constats des années précédentes sur les plus de 50 ans qui sont de plus en plus nombreux dans les accueils du Secours catholique", note le rapport. Entre 2006 et 2007, l'association a accueilli 1% de personnes en plus dans la tranche d'âge 50-59 ans et 0,8% parmi les 60 ans et plus alors que toutes les autres catégories d'âges sont en baisse.
Le Secours catholique souligne de manière générale "un contexte de crise du logement et de hausse des prix qui grèvent  toujours plus le budget des plus pauvres".
Ainsi, selon le rapport, "en 2007, les loyers ont augmenté de 3% de façon quasi équivalente dans le parc privé et public," alors que dans le même temps, "l'aide au logement a été renforcée d'environ 3% dans le parc privé alors qu'elle a stagné dans le parc public". Le "taux d'effort net des locataires", c'est-à-dire la part du loyer net dans le revenu, est passé de 17,3% à 18,2% dans le parc social et de 23,6% à 24,1% dans le parc privé entre 2006 et 2007. Ce sont des réalités que personne ne veut rééllement voir. Il ne faut surtout pas en parler ni pleurer sur le sort des banquiers, des nantis moins nantis, sur celui des traders qui se sont trompés, car ce sont eux qui détiennent les clés de la croissance. Personne ne se soucie de savoir si ces "braves gens" ont une véritable utilité sociale.

CACHEZ CES PAUVRES
La réalité échappe à la Droite qui cherche par tous les moyens à la dissimuler. On sait, par exemple, que lors des déplacements présidentiels, tous ceux qui peuvent faire tache dans le paysage sont éloignés. La présence de gens du voyage lors des déplacements du président de la République serait-elle devenue gênante ? Dimanche 2 novembre au soir, alors qu'ils venaient juste de s'installer le long d'une avenue de la commune de Seine-Saint-Denis, une trentaine de familles de gens du voyage ont été priées de déménager.
Une heure plus tard, les services de la mairie de Sevran découvraient les quelque 150 Roms sur le parking de la gare de RER de Sevran-Livry... Les Maires savent qu'ils mettent  parfois  des semaines pour obtenir le départ des gens du voyage d'un lieu inapproprié. Là ils furent délocalisés chez un élu... communiste en quelque heures ! "La police et le maire nous ont dit qu'on ne pouvait pas rester à Vaujours car Sarkozy venait deux jours après et que cela donnait une mauvaise image de marque pour le passage du président", raconte le responsable de cette communauté évangéliste Vie et Lumière. Autour de lui, une demi-douzaine d'hommes solides acquiescent, en montrant le terrain. Tous font le même récit : ils venaient de quitter la commune de Clichy-sous-Bois et s'étaient installés à Vaujours en attendant une aire d'accueil promise à Vitry-sur-Seine à la mi-novembre. Ils ont été délogés "par la police, la préfecture et la mairie" deux jours avant la venue de Nicolas Sarkozy, à Vaujours, le mardi 4 novembre , pour vanter la mise en œuvre des mesures du Grenelle de l'environnement. "On est traités comme des chiens. On ne dérangeait personne. Ici, il n'y a ni eau ni électricité, pas de gaz pour faire manger les gosses. Mais on est citoyens français depuis 1828 !", grince Antonio, un jeune avec un collier de barbe finement taillé. A la préfecture de Seine-Saint-Denis, on dément toute intervention d'un représentant sur les lieux. A la direction départementale de la sécurité publique, qui renvoie la balle à la préfecture, "on n'a aucune communication à faire, pour nous, c'est un non-évènement".
 Le maire divers droite de Vaujours explique, lui, qu'il a fait partir les gens du voyage "par sécurité : l'axe routier où ils étaient installés était dangereux pour les enfants. Cette histoire n'a rien à voir avec la venue de M. Sarkozy". L'explication paraît un peu courte pour Stéphane Gatignon, maire PCF de Sevran : "Dans cette affaire, on a l'impression qu'on a déplacé ces familles parce que leur présence pouvait indisposer le chef de l'Etat. Qu'on arrête de se servir des gens du voyage et qu'on les loge dans des conditions décentes. Et qu'on arrête aussi de piétiner les habitants de Seine-Saint-Denis !..." Mardi, les agents de la mairie s'inquiétaient pour la suite : "Comment on va faire quand les gens vont rentrer de vacances ? Ce parking sert à une centaine de salariés qui partent tous les jours travailler". C'est la réalité, mais on va se battre sur des textes, sur des mots, sur des concepts, en oubliant que d'abord il faut qu'ils coorespondent à des femmes et des hommes.
Ainsi beaucoup auront appris avec satisfaction, du fin fond de leur misère, que la France a été sauvée de la récession. ils sont heureux et remercieront leur sauveur, le "père de l'économie requinquée". Enfin, quand il seront sondés, mais pas quand ils passeront à la caisse de leur Discount favori!
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 07:17

Qu'il est dur de se décider quand rien ne s'agite autour de vous ! Surtout quand on a l'impression que celui qui dégaine le premier risque de se prendre une balle entre les deux yeux. On se promène, on tourne autour du pot, on attend un signe favorable, en attendant un signe du destin. Au parti des socialistes il semble bien que tout le monde se hâte lentement pour ne pas risquer d'essuyer un tir nourri destiné à dézinguer l'ambition du plus rapide. En fait, plus personne ne cherche à pratiquer le gagnant-gagnant, mais le ami-ami. On s'appelle par son prénom, on se donne du camarade, on soupe ensemble dans les salons feutrés du Sénat, on dissimule les poignards derrière des mots aimables, on se promène en tenue de camouflage, on fait des alliances secrètes afin que, le moment venu, on ait la possibilité de ne pas les dévoiler. Les 48 heures qui s'ouvrent au PS vont devenir les plus dangereuses de cette année. Personne ne bronche, puisqu'il faut que Ségolène Royal tire la première afin que tout le monde puisse ensuite sortir de sa tranchée. C'est probablement la raison qui l'a conduite, hier soir, à réaliser un extraordinaire tour de passe-passe, lors du journal de 20 heures de Laurence Ferrari.
En fait, elle a réussi à capturer une audience royale pour délivrer la plus superbe langue de bois entendue depuis des mois. TF 1 attendait l'aveu de Jeanne d'Arc, prête à faire don de son âme et de son corps à la Nation. Les millions d'adeptes de l'opinion dominante rassurante n'ont eu que de vagues généralités, permettant simplement de vérifier que le chemin de l'enfer est bel et bien pavé, en politique, de bonnes intentions. Elle n'a aucune certitude sur son avenir, et pire, elle n'a visiblement aucune assurance sur le résultat d'une éventuelle candidature.
En fait, elle tente de démontrer à celles et ceux qui n'ont pas voté pour les autres motions que... si elle avait su, elle aurait soutenu leurs textes qui ne contiennent que des positions qu'elle aurait du présenter... Incroyable retournement de situation : le Modem, que tous ses défenseurs présentaient comme incontournable, ne serait recommandable qu'après que l'on ait rassemblé la Gauche; l'Europe sociale de Fabius devient honorable, la social-démocratie a obtenu son indulgence... mais pourquoi n'a-t-on pas pu faire une motion unique ? Pourquoi a-t-on demandé aux militants de se diviser alors que, dans le fond, tout le monde  est désormais d'accord sur l'essentiel? Pourquoi ce qui était impossible quand on est minoritaire  devient possible quand on est en tête? Qui est désormais plus à gauche dans cette eau de boudin idéologique? C'est comme en 1979 au Congrès de Metz, quand Michel Rocard a été laminé pour ne pas avoir accepté la position dominante. Le jeu est plus que jamais très ouvert!
Ségolène Royal maintient donc le suspense sur sa candidature au poste de Premier secrétaire du PS. A deux jours de l'ouverture du congrès de Reims, la finaliste de l'élection présidentielle de 2007 a déclaré avoir « envie » du poste de Premier secrétaire du PS, sans annoncer explicitement sa candidature à la succession de François Hollande. Une manière de tester la qualité des appuis qu'elle serait susceptible d'avoir. Une situation qui revient à se faire pousser sur le devant de la scène par des amis qui vous veulent du bien, mais qui ne parait pas susceptible de drainer des soutiens désespérés de l'inactivité du PS.
« Les militants ont voté, ont donné une légitimité au projet que j'ai présenté, m'ont donné cette vocation peut-être, à diriger demain, avec une équipe, le Parti socialiste. Je vais vous dire très franchement : c'est vrai que j'en ai envie », a dit la présidente de la région Poitou-Charentes sans jamais répondre aux questions précises de Laurence Ferrari, qui n'a pas osé insister sur cette non-décision. Ségolène Royal a réussi à transformer un non événement en événement !

PORCELAINE BRISEE
Forte de la majorité relative de 29%, remportée jeudi dernier lors du vote des militants, Mme Royal a indiqué qu'elle « prendrait ses responsabilités ». Soucieuse de ne pas provoquer un front de ses adversaires contre elle, elle n'a cependant pas annoncé explicitement sa candidature, insistant sur sa volonté de construire, d'abord, un « rassemblement » des socialistes. « Cet effort de rassemblement, je le ferai jusqu'au moment du dépôt des candidatures (...), si ce cheminement doit se poursuivre pendant le congrès, ce n'est pas un drame », a-t-elle dit, souhaitant que le congrès se déroule « de façon apaisée ». En fait, ce discours masque une réalité: le PS ressemble à une assiette en porcelaine, brisée, que l'antiquaire veut recoller mais sans avoir le plan des morceaux pour les agencer.
En n'annonçant pas réellement sa candidature, Ségolène Royal surprend, mais poursuit un plan parfaitement réglé. Si elle parvient à tenir jusqu'à dimanche prochain, elle peut obliger ses adversaires à la « martyriser », et à s'inscrire dans la dualité constante qu'elle propose à l'opinion dominante. Les militantes et les militants socialistes, à l'image des Françaises et des Français dans leur ensemble, adorent les Poulidor et les martyrs. Ils repoussent les teigneux qui tiennent tête à l'opinion supposée dominante. Et le Congrès va, une fois encore, se jouer à l'affectif.
Elle n'a rien de politique, mais tourne autour d'un principe simple : je suis le bien, la pureté, l'authenticité, la générosité, et donc, toutes celles et tous ceux qui oseront se dresser face à moi représentent le mal, la combine, l'insincérité, le calcul personnel. En termes de communication, c'est extrêmement américain. Le blanc (voir sa tenue) et le noir, dans la vie publique, revient à la mode. Tous ceux qui sont contre l'opinion dominante sont des diables potentiels, puisqu'ils s'opposent à ce qui ne peut être que positif. Elle veut obliger à la constitution d'un front « tous sauf Ségolène », qui lui permettrait une victimisation profitable, non pas à l'intérieur du PS, mais dans l'opinion publique.

LE FRIGIDAIRE SALVATEUR
Delanoé et Aubry se méfient du piège, et jouent la montre. Ils mettent leurs ambitions au réfrigérateur alors que leur aimable camarade avait mis sa candidature « au frigidaire » le 15 septembre dernier, pour favoriser son alliance avec les barons locaux du PS. Au fait, on n'a pas beaucoup dit que ce ne fut pas la motion de Ségolène Royal qui est en tête mais celle de Gérard Colomb ! Si elle n'avait pas réussi, Ségolène Royal l'aurait fait remarquer, mais désormais, elle passe devant puisqu'elle possède quelques longueurs d'avance sur ses poursuivants.
En entretenant le suspense jusqu'au congrès, elle enlève un argument à ses rivaux, et complique la constitution d'un front des autres motions contre elle. « La candidature de Ségolène Royal est parfaitement légitime, mais sa conséquence est de provoquer l'affrontement », a estimé mercredi Michel Sapin, proche de François Hollande et signataire de la motion de Bertrand Delanoë. Les adversaires cherchaient comment la contrer sans se montrer désagréables, sans la critiquer, sans se montrer sur le devant de la scène. Ils appliquent toutes et tous un principe que les généraux italiens auraient mis en pratqiue durant la dernière guerre : "Armons nous... partez!"
Ségolène Royal est une fine tacticienne, beaucoup plus habile que ses concurrents. Pour ne pas rebuter un certain nombre des militants, elle a su rester en retrait durant la période du Congrès, en apparaissant toujours en marge, mais jamais en permière ligne dans les textes. Elle a pris soin de valoriser les plus grosses fédérations, en s'assurant via les personnalités qui les dirigent des milliers de voix. En fait, pendant que localement ses partsians dénonçaient les "odieuses pressions" faites par certains élus départementaux, elle s'offrait une promenade de santé dans le Rhône, les Bouches du Rhône, l'Hérault, les Alpes Maritimes, et la région Poitou-Charentes en général, en faisant croire que les votes avaient été spontanés. Le principe en est simple : ne faites pas chez vous ce que font mes amis !  Remarquez que c'est dommage pour les naïfs, qui ont laissé leurs adhérents (il s'agit de moins en moins de militants), libres de leur choix, s'affaiblissant ainsi par auto-concurrence. Elle n'a pas mis les mains dans le cambouis!
Le poker menteur a débuté. Il va durer une bonne partie de la nuit de vendredi à samedi et plus encore au cours de  la nuit suivante. Tout le monde a la trouille d'apparaître comme un diviseur, et donc personne ne sort  du bois. En effet, émettre la moindre critique sur le Parti, qui est supposé fonctionner merveilleusement bien, et ne jamais être traversé par des phénomènes surnaturels, constitue une tare définitive. On peut encore le croire jusqu'à dimanche matin, en sachant que l'histoire au PS ne se renouvelle jamais. Mitterrand avait admis que le parti valait bien un Metz, un sacre mérite bien un Reims!
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 07:17

C'était il y a quatre vingt dix ans. Presque au moment où l'on se rassemblait en France devant les Monuments aux morts, retentissait sur un front d'une longue bataille le son du clairon. Il avait une tonalité probablement particulière. A la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l'année : l'Armistice ! Après quatre ans de guerre, les hostilités cessaient. L'Histoire retiendra cette date, commémorée aujourd'hui dans toutes les communes de France; or les armes s'étaient pourtant majoritairement tues quelques jours auparavant, le 7 novembre très précisément. Ce jour là, un homme était entré dans l'Histoire.
Pierre Sellier. C'est son nom. Classe 1912, numéro de matricule 1 222 du bureau de recrutement de Belfort, il était caporal-clairon à la troisième compagnie ...originaire de Beaucourt près de Belfort ! Grimpé sur le marche pied de la première voiture allemande, il ouvrira la route au convoi en jouant le "cessez le feu" au clairon. Un moment dont nous ne pouvons pas, les uns et les autres, mesurer l'impact car il fallait avoir affronté les réalités du conflit le plus inhumain que l'on ait connu pour mesurer l'importance de quelques notes inédites. Un clairon qui résonna certainement, pour ceux qui eurent le privilège de l'entendre, comme un hymne à la joie de la délivrance.
Pierre Sellier entrait dans l'Histoire alors que des millions d'autres de ses compagnons d'infortune étaient disparus dans une tranchée, avaient agonisé dans des trous d'obus, avaient perdu le souffle de leur vie sous les gaz, n'avaient même plus une sépulture pour rester dans les mémoires. Ils appartenaient pourtant, comme lui, à ces cohortes de pères, de fils, de frères, de maris partis défendre une certaine idée de la République, alors que leur bonheur se trouvait souvent à l'ombre de leur clocher, à une table de bistrot, à un établi, ou dans un champ ou un bureau. Ils avaient, eux aussi, laissé derrière eux dans un village, une rue, une ferme, une école, une usine, un commerce, des parents, des femmes et des enfants en sachant que leurs yeux ne seraient faits que pour pleurer. Ils avaient tous fait passer courageusement le devoir avant la peur, le pays avant leur maison, l'intérêt général avant leurs sentiments. Ils avaient tout enduré pour que les autres, là-bas au village ou dans le quartier, puissent continuer à vivre libres.
Il y a 90 ans, le clairon annonçait la fin d'un cauchemar. Il y a 90 ans les cloches égayaient leurs sons dans des cieux d'automne embués par l'incommensurable tristesse de celles et ceux qui ne reverraient jamais un sourire, qui n'entendraient plus une voix rocailleuse ou tendre, qui ne toucheraient plus une peau douce.
Aujourd'hui, la présence de centaines de milliers de personnes devant les monuments, ont témoigné concrètement de leur attachement à ces souvenirs, à cette manifestation de reconnaissance et d'estime, au maintien de ce que l'on appelle encore le souvenir de ce qu'il faut présenter comme l'acte citoyen suprême : le don de soi pour l'intérêt général.
Ces commémorations, parfois snobées ou critiquées car désuètes et obsolètes, permettent de ne pas laisser la poussière de l'oubli estomper totalement des visages, des objets, des écrits. Elle nous rassemble pour des instants de solidarité, autour d'une certaine vision de la vie collective, permettant de dépasser les difficultés du quotidien pour aller à l'essentiel. La guerre 14-18 aura été la première d'un peuple contre un autre peuple, au nom de principes échappant à toute logique humaine raisonnable. A Créon, petite bourgade parmi d'autres, plus de 200 personnes ont eu encore la volonté de défendre cette date de notre Histoire commune. Un vrai bonheur pour un élu adepte de la citoyenneté active, dont une bonne cinquantaine de moins de 18 ans !

BANALISATION RAMPANTE
Vous le savez peut-être, cette commémoration  est menacée par la possibilité d'une « journée unique de la Mémoire » qui réunirait la fin de toutes les guerres. Un rapport, déposé par l'historien André Kaspi, attend une décision ministérielle sur son avenir et sur la délimitation plus restreinte des manifestations de mémoire. Le Ministère des Anciens combattants supprime les « délégués mémoire », affectés dans tous les départements pour maintenir les animations et les actions autour des moments clés de l'histoire récente. Au moment où l'on envisage de supprimer les cours d'Histoire dans les classes de Seconde, nous devons pourtant, plus que jamais, prendre le relais et continuer à ériger sur le chemin du temps les pierres blanches de notre patrimoine commun.
Qu'arriverait-il si la mémoire collective se privait institutionnellement des rendez-vous qui lui permettent de ne pas s'étioler définitivement ? La banalisation de la guerre s'en trouverait accentuée ! Les conséquences disparaîtraient.
Or il y a 90 ans, en retrouvant leurs maisons et leurs proches, les survivants gardaient la blessure inaltérable des moments terribles où l'homme devient véritablement un loup pour l'homme. Certains se muraient dans le silence, et ne parlaient plus jamais de l'horreur dont ils avaient été témoins ou acteurs. D'autres tentaient d'exorciser les angoisses éprouvées, en s'érigeant en héros. Beaucoup se faisaient un devoir de témoigner leur reconnaissance gênée à ceux de leurs compagnons disparus. Il faut sans cesse répéter qu'il n'y a pas de guerre juste. Il n'y a que des guerres forcément injustes pour les victimes qu'elles font.
Il suffit de lire quelques splendides lettres de soldats, envoyées du front, pour comprendre que dans n'importe quel contexte, la guerre 14-18 ne fut que la pure négation de l'humanité. Dans un tel conflit doit-on louer les mérites de ceux qui ont subi, ou bien ceux des soldats qui ont résisté ? Doit-on admirer le courage de ceux qui sont morts sans mot dire, ou celui des révoltés de l'absurdité d'une hécatombe ? Personnellement, sans savoir ce que Nicolas Sarkozy allait dire, je prends résolument la défense des « mutins, des déserteurs, des lâches ». Certains d'entre eux ont courageusement  refusé la fatalité de la chair à canon. D'autres ont humainement voulu manifester leur désapprobation d'entrer dans cette dualité angoissante « tuer ou être tué !» Les propos de Lionel Jospin m'ont toujours inspiré le respect, car ils furent courageux. Mais un adepte des thèses de Jaurés ne pouvait pas avoir raison. Et pourtant..

LE COURAGE DE REFUSER
Voici un extrait d'une lettre écrite en Avril 1917, au cœur de l'offensive de Verdun, par l'un de ceux qui paya de sa vie sa réprobation de cette guerre qui anéantissait les consciences et le jugement. Il révèle la détresse d'un humaniste, face à l'absurdité de la mort programmée des forces vives d'une nation. Il illustre l'horreur injustifiable.
« Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie. Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes. Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major... La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre.
Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront.
Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. ».
Jeanne n'est probablement plus de ce monde et elle n'a pu entendre les propos d'un Président de la République n'osant pas prendre une mesure d'amnistie, qui a été accordée à bien d'autres personnes moins...honorables.
Comment ne pas être terriblement ému en lisant cette lettre probablement écrite au crayon à papier mouillé par la rare salive d'une gorge serrée ? Tous les héros ne reviennent pas nécessairement des guerres. Il faut aussi reconnaître que l'esprit de révolte contre l'indicible, l'inhumain, l'inacceptable dans tous les domaines, paraissent toujours, les jours de victoire, comme critiquables par ceux qui ont tout simplement eu la chance d'échapper à la mort. Et pourtant, il faut parfois que certains se dressent sur le chemin de la guerre pour que d'autres pensent à la paix. Cette paix, à laquelle les Humains aspirent depuis l'origine du monde. Cette paix que l'on invoque quand on a parfois tout fait pour cultiver la haine génératrice des affrontements sanglants.

QUELLE ESPERANCE ?
En ce 90ème anniversaire de la fin de la grande guerre, je ne peux m'empêcher de vous faire partager cette phrase de Georges Bernanos : « L'espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu'un homme puisse remporter sur son âme ».  Elles ont été nombreuses ces femmes qui ont su espérer une fin heureuse pour un être cher. Ils ont été nombreux ces hommes dans une tranchée, de religions, de races, de convictions différentes, à espérer que la mort les épargnerait. L'espérance appartenait véritablement à la victoire sur soi, quand le monde s'écroule autour de vous, quand les bruits, la fureur des armes, le caractère pernicieux des gaz, quand les odeurs pestilentielles, l'horreur des mutilations, l'instantanéité des disparitions condamnaient au désespoir.
Le soir du 11 novembre 1918, les rescapés espéraient tous ne jamais plus entendre le son du canon. Tous espéraient que leurs enfants ne connaîtraient plus l'horreur. Tous voulaient oublier. Tous attendaient des lendemains qui chanteraient.
En fait, ils ne savaient pas, les malheureux, que les hommes restent indéfectiblement des loups pour les autres hommes, quand ils oublient le sens de l'égalité, de la liberté et plus encore de la fraternité. A nous de rappeler qu'il y a plus de 90 ans, des milliers de Français et de Françaises ont donné leur vie pour que d'autres puissent aujourd'hui, librement, égalitairement et fraternellement, se rassembler pour partager une date irremplaçable de notre patrimoine national. Sans cet effort citoyen de mémoire irremplaçable, ils seraient inutilement morts pour une patrie ne reconnaissant leur sacrifice qu'en gravant leur nom dans la pierre, plus ou moins grise, du marbre. Ce marbre froid, sur lequel parfois ont glissé les larmes des proches de ceux qui ont gagné l'éternité sur terre par leur sacrifice. Seul problème : jusqu'à quand osera-t-on s'en souvenir ?
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 07:17

Le fameux rêve américain s'évanouit chaque jour un peu plus. Il n'a plus aucune consistance comme s'il fallait absolument détruire le mythe de Rockefeller faisant fortune dans un pays où chacun à sa chance. Chaque jour, après l'Obamania, arrive une information qui détruit l'illusion. Une kyrielle de catastrophes financières dont, forcément, nous serons les victimes. Car le problème est là : nous n'échapperons pas à un séisme économique que tout le monde prévoit, avec l'espoir de se tromper mais avec la certitude que le pire est à venir.
La crise que traverse la France sera accentuée par des années de gestion libérale, outrancière dans ses mesures phares.
Comme aucun pôle construit de résistance n'a pu être sauvé, face au consensus destructeur de la pensée dominante, les privatisations outrancières ne permettront plus de tenir dans la tourmente, qui va traverser l'Atlantique. Même l'Europe, plus ou moins unie, ne trouvera pas assez de forces pour tenir la vague qui franchira les digues virtuelles construites à coups de milliards et de milliards d'euros.
Les pertes record se succèdent aux Etats Unis dans le secteur financier : lundi l'ex-numéro 1 mondial de l'assurance AIG qui a bénéficié d'un plan de sauvetage de 123 milliards de dollars de l'Etat fédéral, a publié pour le troisième trimestre une perte inédite de... 24 milliards et demi de dollars soit 19 milliards d'euros, en raison, une fois encore, de dépréciations liées aux marchés des crédits immobiliers subprimes.
Parallèlement, l'Etat américain va entrer au capital de l'assureur, ce qui a fait fortement monter le titre AIG en bourse. Le même jour, Fannie Mae, le réhausseur de crédits immobiliers, publie une perte équivalente à 22 milliards et demi d'euros, due principalement à la dépréciation de crédits d'impôts. Cette dépréciation représente à elle seule une charge exceptionnelle de 16,7 milliards d'euros dans les compte du troisième trimestre. Parallèlement, la dégradation continue du marché du crédit immobilier et la baisse des prix des logements ont eu pour conséquence une envolée des coûts du crédit du groupe, pour un montant équivalent à 7 milliards et 200 millions d'euros.
Des sommes astronomiques, dont personne ne peut encore assurer qu'elles soient véritablement arrêtées. Il reste en effet possible que ces déficits se creusent de manière constante pour engloutir des milliards de dollars de l'Etat américain exsangue. Il a cependant, via le Trésor,  aussitôt décidé d'acquérir quelque 40 milliards de dollars d'actions préférentielles de l'assureur. D'autre part, la Fed va abaisser de 80 à 65 milliards de dollars le montant du prêt octroyé à AIG. Mais elle va créer deux nouvelles facilités, qui permettront de racheter...des dettes jusqu'à 22,5 milliards de dollars. Au total, ce sont plus de 150 milliards que les autorités d'outre-Atlantique ont mis sur la table au profit d'AIG. Hormis le cas de Lehman Brothers, dont la faillite n'a pas été arrêtée, la doctrine "too big to fail" (trop gros pour tomber) est donc une nouvelle fois appliquée. Ce sera, n'en doutons pas, la même doctrine qui sera appliquée en France pour les banques ou les assurances, mais pas pour les entreprises.

L'ETAT SAUVE LES BOURSES
Alors qu'étaient dévoilées les nouvelles conditions de sauvetage, AIG a dévoilé des comptes trimestriels catastrophiques. Sa perte nette a atteint le montant colossal de 24,5 milliards de dollars au troisième trimestre, alors que le groupe était dans le vert un an plus tôt. Cela correspond à une perte de 9,05 dollars par action. La perte ajustée "se limite" à 3,42 dollars, un montant très supérieur aux 90 cents sur lesquels tablaient les analystes financiers. « Les résultats du troisième trimestre reflètent un extrême bouleversement et une extrême volatilité sur les marchés financiers, et des charges importantes liées à la restructuration de nos activités », a expliqué dans un langage incompréhensible la PDG de cette entreprise ayant permis durant ces dernières années à ses actionnaires de gagner  des sommes folles. Même si nous avons du mal à envisager ce que peuvent représenter ces sommes fabuleuses (rappelons que le plus grand gagnant du loto de la semaine a empoché... 14 millions d'euros) il faut bien convenir qu'elles ne représentent qu'une faible part visible de l'iceberg des pertes.
L'ampleur des pertes n'a visiblement pas traumatisé les marchés, qui préfèrent retenir les nouvelles interventions des autorités publiques, puisque l'action de cette entreprise moribonde, placée sous perfusion avec les poches du contribuable, a gagné... 25 % hier à Wall Street. Mais quand arrêtera-t-on de nous prendre pour des imbéciles : les profits demeurent et le coût social de ces profits reconstitués ira croissant !
On va licencier partout, de telle manière que se mette en place la variable d'ajustement que sont devenus les emplois dans tous les pays de la planète. Le mal va gangrener une économie basée sur la seule consommation, dont on peut prévoir qu'elle va, sinon s'effondrer début 2009,  au moins fléchir. Personne ne peut croire à une croissance française, même de 0,5 % car elle sera tributaire des marchés extérieurs dont la faiblesse aura d'inévitables répercussions. Il faut être Français anesthésié par l'opinion dominante pour témoigner sa confiance à un Président ventilateur, qui prétend éteindre un incendie en soufflant sur les bougies !

L'ECONOMIE PRODUCTIVE MASSACREE
L'action General Motors est également à son plus bas niveau depuis... 62 ans, à la Bourse de New York, plusieurs analystes ayant abaissé leur recommandation sur le titre du constructeur automobile américain, en disant craindre de voir sa trésorerie passer sous le minimum requis au premier trimestre 2009.
Ces analystes, parmi lesquels ceux de Barclays Capital et de Credit Suisse, estiment qu'une... aide de l'Etat américain pourrait diminuer le risque de faillite du numéro un national du secteur, mais qu'elle serait très coûteuse pour les actionnaires actuels. Le titre GM plonge de 22,48% au plus bas depuis 1946 et c'est là le signe le plus grave de la profondeur du mal.
En effet, les banques se referont forcément une santé, dans un délai plus ou moins long,   alors que le secteur productif sera détruit à jamais, sans espoir d'aides publiques. GM et son compatriote Ford ont publié des pertes trimestrielles bien plus lourdes que prévu et le rythme de « consommation » de leur trésorerie s'est accéléré. S'ils se retournent vers le crédit, ils seront encore plus vite "plumés".
La trésorerie de GM s'est en effet réduite de sept milliards de dollars (une paille) durant le troisième trimestre, et le constructeur a prévenu qu'elle risquait de tomber au-dessous du minimum requis faute de nouveau financement ou de toute autre action radicale. Cette situation catastrophique nécessiterait, selon les analystes financiers, un sauvetage gouvernemental. Un plan fédéral pourrait réduire le risque d'une faillite, mais il faut savoir que les actionnaires resteraient exposés... et ils espèrent donc que les contribuables viendront les sauver ! On est bel et bien dans la doctrine de la privatisation outrancière des bénéfices antérieurs et l'étatisation des déficits actuels !

UN TSUNAMI SUR L'EMPLOI
Les emplois ? C'est une autre histoire, qui ne mérite absolument pas d'être pris en considération. Ce n'est pas le problème des banques, ce n'est pas celui des actionnaires, mais ça deviendra celui des... politiques.
Après les prévisions catastrophiques du Fonds monétaire international (FMI) pour la croissance mondiale, les chiffres officiels de l'emploi aux Etats-Unis ont encore alourdi le climat : le chômage y a bondi en octobre à 6,5%, son plus haut niveau depuis plus de... 14 ans, l'économie américaine ayant encore supprimé 240.000 emplois pour son dixième mois consécutif de licenciements nets. Ces chiffres dépassent les craintes des analystes. Ceux-ci tablaient sur 200.000 suppressions d'emplois et un chômage à 6,3%, après 6,1% en septembre, le plus fort taux depuis cinq ans. Et on n'a pas atteint le plus haut niveau.
Jeudi, le FMI avait prédit pour 2009 une décroissance de 0,3% dans les pays développés, du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale. Selon ses prévisions, tous les grands pays seront touchés par la récession: Etats-Unis (-0,7%), Japon (-0,2%) ou zone euro (-0,5%).
Le président de la Banque de réserve fédérale d'Atlanta a affirmé que les Etats-Unis étaient d'ores et déjà entrés en récession. Premier membre de la Fed à reconnaître ouvertement la réalité d'une récession, il a déclaré que les chiffres d'octobre indiquaient que le recul du PIB, déjà de 0,3% au 3e trimestre, serait probablement encore plus important au quatrième.
La zone euro sera « très probablement en récession en 2009 », a confirmé de son coté le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, alors que la Commission européenne prévoyait encore une très légère croissance (0,1%).
En fait, il n'y a plus de Christine Lagarde, Eric Woerth et... Speedy Nicolas qui ne savent rien de ce qui se passe autour d'eux. Récession ? Vous avez dit récession ? Pas chez nous ! Ce mot est interdit. Et tout va bien, sauf qu'actuellement m'arrivent en mairie deux demandes d'emploi par... jour et une demande d'aide alimentaire quotidienne ! Mais la récession de nous touchera pas, soyez en sûrs, et accordez votre confiance dans les sondages à celui qui nous y a conduits. La seule "croissance négative" constatée en effet en France cette semaine, c'est la cote de Speedy Nicolas! Comme quoi il peut arriver que les chiffres disent la vérité !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 07:17

Il arrive parfois que mes inquiétudes sur la démocratie transparaissent à travers certaines chroniques. Il m'arrive souvent de penser que mes inquiétudes sont illégitimes et qu'elles relèvent d'un pessimisme exagéré ou d'une mauvaise appréciation de la situation. Les réalités se succèdent pourtant et démontrent que l'espace citoyen se restreint, avec une accumulation de faits jamais mis en synergie les uns avec les autres. Dans les médias, dans la justice, dans l'administration, dans la vie personnelle, les menaces sont latentes ou avérées, mais une certaine peur plane sur les élites, qui n'osent jamais les dénoncer. Un étrange climat existe et j'ai parfois, je l'avoue, moi-même des angoisses en employant un mot plutôt qu'un autre. Je ne saurais dire encore pourquoi, mais ça se sent !
Ces chroniques seront, par exemple, désormais étroitement surveillées, alors que la grande majorité des lectrices et des lecteurs qui y passent n'imaginent pas pareil dispositif. Il ne s'agit pas pour moi de dénoncer une censure mais de faire part simplement d'une étrange sensation d'autocensure, en partant du fait qu'un élu est beaucoup plus vulnérable qu'un citoyen lambda.
Si j'avais un doute, un document émanant du ministère de l'éducation nationale le lèverait immédiatement. En effet, en une période où dans cet auguste lieu, on rogne sur toutes les lignes budgétaires afin de sabrer le nombre de fonctionnaires, on se lance dans l'espionnage internet à grande échelle. Une décision, prise en prévision de la préparation de la prochaine rentrée, avec une avalanche de mesures qui peuvent mobiliser jeunes et moins jeunes, parents et élèves, enseignants et citoyens encore lucides. On sait, dans l'entourage de Xavier Darcos, qu'un dérapage dans la situation actuelle de crise économique et sociale pourrait dégénérer. Imaginez un peu que les lycéens se mettent à manifester contre la réforme du lycée, que les professeurs retrouvent un tant soit peu le goût de la lutte, que les maires refusent d'appliquer le fameux service Minimum d'Accueil et que des manifestations unitaires de fonctionnaires s'organisent. Si en plus, elles sont rejointes, comme au Havre samedi, par des ouvriers du secteur privé licenciés en masse, on pourrait s'engager sur un processus désastreux pour un président, en passe de devenir le Batman de la crise bancaire !
Alors, pour maîtriser tous ces risques et prévenir le danger, le Ministère lance un appel d'offres officiel pour trouver une entreprise privée pouvant assurer une « veille de l'opinion ». Une démarche estimée à 220 000 euros. Une pacotille à l'échelle des milliards confiés dans les mains sûres et efficaces des banquiers, mais une somme coquette tout de même. Il s'agit essentiellement de mettre en place un dispositif d'alerte, destiné à détecter des foyers infectieux potentiels !

UN DOCUMENT INCROYABLE
C'est incroyable, mais c'est pourtant vrai. Le Ministre de l'Education va rémunérer une Stasi d'opinion, sur des bases extrêmement précises, contenues dans le cahier des charges écrit par le Ministère... chargé de l'éducation civique ou de ce qu'il en reste. L'article 1 précise : « Les présents marchés portent sur la veille de l'opinion dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. » C'est apparemment anodin ! En fait, il faut aller plus loin dans la demande.
5.1.1 Objectif
Le dispositif de veille en question vise, en particulier sur Internet, à :
Identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles ou émergents)
Identifier et analyser les sources stratégiques ou structurantes
Repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte et analyser leur potentiel d'influence et
leur capacité à se constituer en réseau
Décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation
Repérer les informations signifiantes (en particulier les signaux faibles)
Suivre les informations signifiantes dans le temps
Relever des indicateurs quantitatifs (volume des contributions, nombre de commentaires,
audience, etc.)
Rapprocher ces informations et les interpréter
Anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise
Alerter et préconiser en conséquence
Les informations signifiantes pertinentes sont celles qui préfigurent un débat, un « risque opinion » potentiel, une crise ou tout temps fort à venir dans lesquels les ministères se trouveraient impliqués.
5.1.2 Sources surveillées
La veille sur Internet portera sur les sources stratégiques en ligne : sites « commentateurs » de l'actualité, revendicatifs, informatifs, participatifs, politiques, etc. Elle portera ainsi sur les médias en ligne, les sites de syndicats, de partis politiques, les portails thématiques ou régionaux, les sites militants d'associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d'opinion. La veille portera également sur les moteurs généralistes, les forums grand public et spécialisés, les blogs, les pages personnelles, les réseaux sociaux,
ainsi que sur les appels et pétitions en ligne, et sur les autres formats de diffusion (vidéos, etc.)
Les sources d'informations formelles que sont la presse écrite, les dépêches d'agences de presse, la presse professionnelle spécialisée, les débats des assemblées, les rapports publics, les baromètres, études et sondages, seront également surveillées et traitées.
Les interactions entre des sources de nature différente, les passages de relais d'un media à l'autre seront soigneusement analysés. »
Comment ne pas être inquiet devant de telles démarches ou pratiques, d'autant plus désastreuses qu'elles sont confiées à des entreprises privées... qui devront décliner leurs livraisons par une veille active « quotidienne, hebdomadaire et accompagnée ou non accompagnée de recommandations (ou non) ». Où iront les fiches transmises avec des noms, des fonctions, des appartenances philosophiques ou politiques ? Par qui seront-elles analysées ? Seront-elles détruites ou précieusement conservées ? Les enseignants qui s'exprimeraient seront-ils fichés au Ministère pour par exemple ressortir au moment d'entretiens pour une promotion ?
Cette veille sera-t-elle utilisée pour les fameuses promotions au mérite à venir ? Cette veille permettra-t-elle de peser sur un recrutement nouvelle manière des Professeurs des écoles ? Va-t-on sanctionner les enseignants qui tiendraient un blog ? Comment ne pas avoir une tendance à se planquer et à ne plus s'exprimer hors de l'opinion dominante ? Qui s'émeut de cet appel d'offres daté du 15 octobre dernier ? (1)

DEVENEZ CELEBRE
J'ai au moins la certitude d'augmenter le taux de lecture de L'autre quotidien, car un organisme privé passant simplement par une recherche ciblée de mots clés via Google, viendra tôt ou tard faire un tour sur une chronique ou une autre. Mais jusqu'à quand ? Existe-t-il des démarches similaires au ministère de l'intérieur ?
J'ai répété sans cesse, depuis des mois, que nous entrons dans une période durant laquelle il faut s'attendre à tout.
« La date et l'heure de réception des notes de veille sera fixée par le ministère. Compte tenu de la nature même des objectifs du dispositif de veille (mesurer la compréhension des problématiques en particulier dans les communautés online, détecter les signaux avant-coureurs, identifier les réseaux d'influence), la date et l'horaire de réception des livrables devront être rigoureusement respectés. » Cette précision dans un CCAP (document technique d'un marché public) pourrait faire frémir n'importe quel démocrate dans un pays non anesthésié. Les socialistes sont trop préoccupés par leur espionnage interne pour réagir. François Bayrou a un boulevard devant lui, mais il craint peut-être de voir sortir des documents sur son passage au Ministère. Les syndicats enseignants sont engoncés dans leurs revendications catégorielles. En clair, tout le monde va laisser courir et la « veille » va se mettre en place.
Si vous voulez enfin devenir célèbre et être répertorié dans les services secrets du Ministère de l'Education nationale écrivez dans vos blogs « RASED » , « suppression postes », « manifestation », « heures histoire », « réforme seconde », « jardins d'éveil », « « maternelle », « soutien scolaire », « service minimum d'accueil », « grève »... Vous serez vite inscrit au tableau d'honneur, mais vous n'obtiendrez pas les félicitations du Ministère. Il est même possible que l'on vous fasse taire assez vite !
Mais je déblogue...

(1) CCP n° 2008 / 57 du 15 octobre 2008 Appel d'offres ouvert, passé en application des articles 57 à 59 du code des marchés publics

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 09:51

La politique et l'argent ont toujours eu des liens pour le moins inquiétants. On sait bien que la plupart des reproches faits aux gens qui prétendent représenter le peuple c'est de s'enrichir de manière plus ou moins honnête dans le cadre de leurs fonctions. Aucune démocratie et a fortiori aucun régime totalitaire n'échappent à cette réalité, et on a régulièrement des secousses telluriques dévastatrices pour l'image des élus locaux. On en est même arrivé à ce que la suspicion soit permanente et que plus personne n'échappe à cette accusation de comptoir de bistrots. La bonne foi ne parvient même plus à épargner des sanctions infamantes, qui peuvent à tout moment faire basculer la vie d'un modeste élu, mais qui épargnent, en revanche, les plus puissants, qui savent éviter les écueils législatifs.
La récente campagne triomphale d'Obama a mis en évidence l'importance des fonds privés dans le destin électoral d'une personne, aussi charismatique soit-elle.

UN MILLIARD DE DOLLARS
Dans l'euphorie de la victoire, personne n'a analysé les raisons objectives d'un succès. On s'est contenté de mettre la réussite du prodige américain sur son talent d'orateur et son image personnelle, extrêmement positive. Nul ne songerait à nier que ces facteurs ont joué un rôle essentiel, mais il serait malvenu d'oublier... la puissance financière d'Obama. Et, plus encore, la manière dont il l'a obtenue puisque, contrairement aux habitudes américaines, il ne détenait aucune fortune personnelle ou familiale, comme ce fut le cas pour une très grande majorité de ses prédécesseurs. On estime en effet la masse budgétaire de sa campagne à presque un milliard de dollars ! Certes, c'est à l'échelle de l'enjeu et du pays, mais c'est paradoxalement inquiétant dans un système démocratique, car il faut ramener ce phénomène au plan local, régional ou national. A terme, malgré les plafonds légaux imposés en France, cette dérive mettra en péril le principe même des candidatures possibles d'un citoyen, lors d'une quelconque échéance.
En France, malgré l'impression d'opulence donnée par les dernières présidentielles, nous sommes encore très éloignés de cette somme astronomique. Avant le premier tour, le Parti socialiste y avait consacré plus de cinq millions d'euros, avec un coût moyen par rassemblement variant de 150.000 à 350.000 euros, selon la trésorière de campagne de Ségolène Royal. A l'UMP, c'est plus de 10 millions qui ont ainsi été dépensés. Le coût moyen : 170.000 euros, mais le congrès d'investiture de Nicolas Sarkozy a coûté, à lui seul, la bagatelle de 3,5 millions d'euros. Son financement ne sera cependant pas entièrement intégré au coût de la campagne. L'UDF a dépensé de son côté 4 millions d'euros. Le Front national, quant à lui, a investi 3 millions d'euros, avec des meetings au prix compris entre 60.000 et 150.000 euros le plus souvent, sauf pour les deux conventions de Lille et Paris : respectivement 300.000 et 1 million d'euros. Evidemment, ces sommes font rêver les autres partis, même les plus historiques comme le Parti communiste français, qui, pour sa démonstration de force à Bercy, a dû casser sa tirelire : 200.000 euros, contre 60.000 euros en moyenne pour ses autres rencontres. Chez les Verts, on évoque un "prix plancher de 10.000 euros, et un maximum de 22.000 euros, ce qui est déjà beaucoup à notre échelle". Même à cette échelle, ces coûts doivent faire réfléchir, car elle relativise grandement le principe démocratique voulant que n'importe quel citoyen puisse « théoriquement » accéder à une fonction élective ! Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont dépensé environ 20 millions d'euros soit environ 100 fois moins que leur nouvelle idole américaine. Inimaginable car 2 milliards de dollars représentent à l'échelle de la France le coût des mesures budgétaires nationales en faveur du RSA !
Aux Etats-Unis, Barack Obama et son équipe ont utilisé, pour réunir ce pactole, le principe du « transfert ». Le principe en est simple, mais fonctionne à merveille depuis que les opérations télévisées ont formé les esprits aux dons à distance, permettant d'avoir le sentiment de s'impliquer dans une opération généreuse. Il est frappant de constater que quand vous imposez, par exemple, une cotisation ou un droit d'entrée, ils sont toujours trop élevés, alors que spontanément les gens donnent davantage. Selon les chiffres de la Federal Election Commission, 1 553 millions de dollars auraient été reversés aux vingt candidats à l'élection présidentielle depuis le 1er janvier 2007 : c'est deux fois plus qu'à la précédente élection en 2004. Le prix d'une élection présidentielle aux Etats-Unis s'est littéralement envolé : en 1980, les candidats avaient collecté 162 millions de dollars, en 1988, c'était 324 millions de dollars, en 2000, 529 millions de dollars, soit trois fois moins qu'en 2008.

COLLECTE A DISTANCE
Barack Obama a renoncé au financement public attribué à tous les candidats, comme le prévoit le système électoral américain, ce qui lui a permis une certaine liberté vis-à-vis des contraintes financières imposées par ce système, et il a mis en place son propre système de collecte, via internet. Et c'est une part de son succès que d'avoir transformé des citoyens en  « actionnaires » de sa campagne. Il a en effet bénéficié des dons individuels les plus importants, pusiqu'il est parvenu à collecter 579 millions d'euros (sur un budget total de 639 millions de dollars), alors que John McCain n'a reçu que 195 millions de dollars (sur un budget total de 360 millions de dollars).
Le candidat démocrate a reçu le soutien de donateurs issus de toutes les catégories sociales, en particulier les petits donateurs qui ont donné moins de 200 dollars. Ces derniers représentent 48% des dons reçus. De leur côté, les femmes se sont montrées plus convaincues par Barack Obama, puisqu'elles lui ont apporté 42,3% des dons, alors qu'elles n'ont participé qu'à 27,9% des dons en faveur de John McCain.
Pour atteindre les électeurs, lever des fonds, trouver des bénévoles, les gérer, garder le contact avec les médias, et surtout pour recenser les électeurs hésitants et les inciter à aller voter, rien n'a été laissé au hasard par Obama et son équipe. A la tête de celle-ci, un petit génie de l'informatique : Chris Hughes, 24 ans, l'un des quatre fondateurs de Facebook. Il en a démissionné, début 2007, pour aller travailler avec Obama. C'est lui qui a tout organisé : au centre du dispositif My.BarackObama.com, le site sur lequel on pouvait trouver l'emploi du temps du candidat, ses principaux arguments, les vidéos de tous ses discours (comme Nicolas Sarkozy l'avait d'ailleurs fait en 2007, pendant sa présidentielle), et également l'appel à contribution financière, facilement accessible et surtout... payable à distance. Mais cette adresse était aussi le lieu de rendez-vous de tous les supporters voulant participer activement à la campagne, et surtout le réceptacle des dons pour la financer, drainés par des millions d'e.mails envoyés aux sympathisants.
La machine a tourné à plein régime et a contribué à constituer pour Obama un trésor de guerre pulvérisant tout ce qui avait été collecté dans de précédentes consultations. Avec ce pactole, non seulement le candidat démocrate a acheté des milliers de spots dans les chaînes de télévision, mais il a surtout inondé tous les sites internet américains de bannières publicitaires

LE PRIX DE LA PUB
Du côté des dépenses, les candidats ont aussi battu des records. Barack Obama est le candidat qui aura dépensé le plus avec une facture s'élevant à 593 millions de dollars, John McCain s'étant contenté de 216 millions de dollars. C'est dans les dépenses... publicitaires que les deux principaux candidats se seront illustrés : le candidat démocrate a investi 207 millions de dollars contre 119 millions de dollars pour son adversaire. Le 29 octobre dernier, Barack Obama est passé une demi-heure à la télévision en prime-time sur trois des quatre canaux nationaux, pour une somme estimée entre 3,5 et 5 millions de dollars.
Pour faire campagne facilement à travers le pays, chaque candidat disposait d'un avion privé. Ainsi la veille de l'élection présidentielle, John McCain s'est rendu dans sept Etats dans la même journée. Les deux candidats avaient également prévu un budget conséquent pour les meetings : Barack Obama a vu grand, en y consacrant 18 millions de dollars, tandis que le candidat républicain s'est contenté de 6 millions. Pour le budget consacré au personnel, le candidat démocrate a investi 46 millions de dollars contre 20 millions pour McCain.
Aux Etats-Unis, certains choix de la colistière, Sarah Palin, ont fait grand bruit : celle-ci ayant préféré mieux payer sa maquilleuse que son conseiller en politique étrangère. Interdit de rire puisque, lors des présidentielles françaises, Nicolas Sarkozy avait présenté, à ce titre, une ardoise de 34.445 euros, et que les frais de maquillage et de coiffure de Ségolène Royal s'élevaient à 51.659 euros. À eux seuls, ces deux candidats avaient donc investi quatre-vingt six mille cent quatre euros dans l'esthétique !
La démocratie, ou plus exactement une facette de la démocratie, a donc bel et bien un prix. La dérive américaine touchera tôt ou tard la France. C'est inévitable, et en 2012, c'est déjà certain, on crèvera les plafonds. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que Thierry Saussez, grand communicant de l'ère sarkozyste, réclame dès maintenant des crédits exceptionnels pour la « pub » gouvernementale et « présidentielle ». Il a même pensé à une émission de télé...Toutes ces dépenses de valorisation d'un candidat, ou de candidats potentiels, n'entreront pas, bien évidemment, en 2012, dans les comptes de campagne : ce ne sont que des semailles pour récolter au bon moment !
Mais je déblogue..

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 07:17

La crise ressemble de plus en plus à un révélateur féroce des faiblesses de la mondialisation des économies. On y voit apparaître, comme pour une photo sur du papier dans un bain de révélateur, les éléments noirs d'un système ayant vécu sur les apparences. Par exemple, le secteur de l'automobile apparaît comme extrêmement sinistré, pour avoir survécu sur un pétrole peu cher, des primes le récompensant d'avoir jusqu'à ce jour pollué la planète, le goût effréné des femmes et des hommes pour la fausse liberté que leur accorde un mode de déplacement omniprésent. Les statistiques qui tombent les unes après les autres, dévoilent une crise au moins aussi profonde que celle des banques. En plus des difficultés financières, se profilent des milliers et des milliers de licenciements. Il va falloir renationaliser certaines marques si l'on veut éviter un désastre angoissant pour tous les ouvriers de la planète.
D'abord  les fabricants, trop sûrs d'eux, n'ont pas pris la mesure de la modification des comportements, encore superficiels mais significatifs, qui parcourent la société. L'automobile n'est plus considérée comme le symbole de la réussite sociale. Elle devient un « outil » du quotidien qui doit impérativement demeurer dans les limites financières du raisonnable. C'est une véritable révolution qui n'a pas été anticipée. L'époque des « bagnoles » chromées, parfaitement entretenues, n'est plus d'actualité. Il faut aller vers du raisonnable, et encore mieux vers de l' économique, pour le même service. Les ventes de voitures particulières neuves en France sont en régression de 7,3% en octobre par rapport au même mois de 2007, avec le même nombre de jours ouvrables, a annoncé lundi le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Selon le communiqué du CCFA, les ventes du groupe PSA Peugeot Citroën ont reculé de... 4,7%, tandis que le groupe Renault a connu une baisse de... 9,8% de ses ventes, en octobre. Le marché des voitures particulières neuves a enregistré, le mois dernier, une vente de 175 014 unités. Sur le mois, les marques françaises, avec 92.923 unités vendues, ont connu une baisse de 8, 1% face aux marques étrangères qui ont enregistré une baisse de 6,5%, avec 82.091 unités vendues. La part de marché des marques françaises est en baisse à 53,1% contre 53,5% un an auparavant.
Le nombre d'immatriculations avait néanmoins augmenté, par exemple, de plus de 10 % en neuf mois en Haute-Garonne. Tout roulerait ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes automobiles. Mais brutalement livrés, les chiffres sont pourtant trompeurs. D'abord parce qu'une hausse de 37 % des immatriculations de Smart, sur un volume d'une vingtaine de véhicules, traduit moins une tendance qu'une augmentation de 13 % de Renault sur un volume de 700 voitures. Les « petits » véhicules se taillent une part prépondérante sur un marché qui, malgré tout, est extrêmement secoué, et ne va pas s'améliorer avec la baisse des propositions de crédits, et aussi son surenchérissement. Si les prix baissent, ce ne sera le cas que pour les acheteurs pouvant payer cash. Les autres subiront des taux d'intérêt qui augmenteront considérablement les coûts. Et encore, à condition qu'ils puissent emprunter.
Résultat, les usines regorgent d'invendus, et les ouvriers sont au chômage technique, avant de filer vers le chômage tout court.
C'est qu'entre un pouvoir d'achat peau de chagrin, et ce bonus-malus traduisant la nouvelle conscience écologique, dont les spécialistes estiment qu'il « bouleverse le marché », le secteur connaît  une mutation profonde et durable. Les comportements d'achat de l'automobiliste en témoignent. Les immatriculations de petits modèles économiques et de voitures à moindre coût (Dacia, Mini, Smart...) ne cessent d'augmenter. Les marques qui ont anticipé le virage écologique, en proposant des modèles à moindre production de CO2 (comme Toyota, par exemple) aussi. Les constructeurs français, pendant ce temps, remplissent les plates-formes de stockage.

PAS ENCORE LA REVOLUTION
Les 4X4 passent de mode, et personne ne s'en plaindra. Toujours aussi compétitifs en matière de sécurité et d'utilité dans les zones rurales, ils sont désormais "has been" dans les milieux urbains. Les marques haut de gamme, elles, prennent un sacré bouillon. Encore que... Mercedes tire assez remarquablement son épingle du jeu, quand Jaguar a même enregistré une hausse de 40 % des immatriculations entre janvier et septembre, mais sur des petits nombres. Le marché automobile reflète en fait l'état de la société française. Les riches ne connaissent pas la crise, car même relégués à l'arrière des stands, les modèles haut de gamme ont très bien marché au dernier Mondial de l'Auto. Par contre, le fossé se creuse, et les classes moyennes lorgnent vers le bas.
Pour autant, on n' en est pas encore arrivé à une révolution verte dans le petit monde de la voiture. Ce serait surestimer la modification des mentalités, même si cette « révolution » paraît inéluctable, et dire qu'on y est parvenu serait excessif. C'est vrai que les constructeurs ont pris conscience de cette pression écologique, mais on ne peut parler de révolution. Notamment parce que les technologies déjà au point aujourd'hui, sont freinées par le lobby pétrolier.
Sans compter le coût, car bien évidemment, personne n'hésiterait à acheter un petit modèle électrique à 10 000 ou 12 000 €. Pas à 22 000 €. Et paradoxalement, cette politique ne permettra pas de compenser la destruction des emplois liée aux véhicules dépassés. 8 000 véhicules électriques circulent en France, dont 5 000 voitures, sur les 11 000 présents en Europe. C'est insuffisant pour espérer en faire une filière ! Une voiture d'une autonomie de 250 kilomètres en parcours urbain, pouvant atteindre 150 kilomètres heure, et rechargeable « sur n'importe quelle prise utilisée pour l'habitat », c'est le modèle que Bolloré veut commercialiser dès la fin de l'été 2009 en Europe, aux Etats-Unis et au Japon . Les premières commandes pourront même être prises. Ceci aura, bien sûr, un coût, à savoir 500 euros par mois dans le cadre d'une procédure de leasing. Bolloré a depuis longtemps investi dans la recherche sur les voitures électriques, et leurs batteries. La voiture comprendra notamment la batterie « Lithium Métal Polymère », développée par Bolloré. Aucun gaz carbonique ne sera par conséquent émis par ce véhicule, qui sera fabriqué en Italie. Les volumes de vente seront dans un premier temps limités, avec 1.000 véhicules à la mi-2009, 4.000 en 2010, 5.000 en 2011, 10.000 en 2012, et 15.000 les années suivantes. Les deux groupes précisent en outre qu'en cas de succès, les capacités de production de batteries seront, bien entendu, augmentées... Il faudra attendre, mais jamais cela ne remplacera les terribles mesures qui arrivent.

CONTRIBUABLES GENEREUX
Le constructeur automobile américain General Motors (GM) a reconnu hier être menacé d'une crise imminente de liquidités, qui l'a conduit à abandonner son projet de rachat de Chrysler, et à lancer un appel à l'aide, indispensable, du gouvernement fédéral. Il faut s'y préparer : la nationalisation de usines de production va redevenir d'actualité, car à moins d'une reprise vigoureuse (et à ce jour improbable) du marché automobile, et sans aide gouvernementale, le numéro un américain ne devrait plus avoir l'argent nécessaire à son fonctionnement dès les premiers mois de 2009. Lors des trois mois achevés fin septembre, GM a enregistré une perte nette de 2,5 milliards de dollars. Rapportée au nombre d'actions, elle atteint 7,35 dollars, alors que les analystes tablaient sur des dégâts limités à 3,7 dollars.
Confronté à un marché nord-américain en chute libre (-32% en octobre), le plus gros constructeur de Détroit a tendu la sébile vers le gouvernement fédéral, car les conséquences d'une faillite seraient terribles et dépasseraient largement General Motors. Plus d'un quart de million de personnes travaillent, en effet, pour le constructeur qui vient de fêter son siècle d'existence, et dont les marques sont les plus vendues aux Etats-Unis. GM s'est fait ravir le premier rang mondial par le japonais Toyota cette année. Les trois grands de Détroit (GM, Ford, Chrysler) sont dans l'attente du déblocage d'un crédit de 25 milliards de dollars voté par le Congrès, et sont allés jeudi à Washington pour quémander des aides supplémentaires. En France, si on n'en est pas encore là, des signes se profilent. Ainsi, un nouvel épisode dans l'évolution du capital des chantiers navals de Saint-Nazaire vient d'être signé.
L'État va en effet acquérir 33,34 % de la filiale France de STX Europe, celle qu'on appelle les ex-Chantiers de l'Atlantique, qui regroupe les sites de Saint-Nazaire et Lorient. Jusqu'ici, les Chantiers de l'Atlantique étaient détenus à 75 % par la société norvégienne STX Europe (elle-même détenue à presque 100 % par les Coréens), et 25 % par le français Alstom. Désormais, la répartition sera la suivante : 50,01 % détenus par STX Europe, 33,34 % par l'État français et 16,65 % par Alstom, a indiqué, hier soir, l'Élysée. L'État met 110 millions d'euros sur la table, provoquant ainsi une augmentation de capital de l'entreprise. En 2006, pour acquérir 75 % du capital, les Norvégiens d'Aker Yards n'avaient eu à débourser que 50 millions d'euros...L'Etat, qui avait refusé par sectarisme, de mettre cette somme dans la corbeille en temps opportun, est obligé, en temps de crise... de sortir le double ! Comprenne qui pourra.
En effet, hier à Bordeaux, Christine Lagarde a totalement éludé une prise de participation de l'Etat dans un plan de reprise des 3 000 personnes travaillant aux usines Ford de Blanquefort. Ah ! Les symboles, ils ont la vie dure !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 07:17

Il faudrait en permanence trouver des exemples de la duplicité pour dénoncer le discours du gouvernement actuel. La France était ruinée, sur-endettée, ligotée par les critères de Maastricht et il fallait donc absolument supprimer des milliers de postes dans les services publics, diminuer les milliards dus à un système financier avide de profits, respecter les contraintes d'un Traité jugé indispensable au bonheur de l'Europe, annoncer un taux de croissance surnaturel... Jusqu'au jour où le même gouvernement trouve des sommes astronomiques pour cautionner ou renflouer le désastre bancaire, emprunte à tout va pour ensuite prêter à perte avec, comme seule promesse, celle d'engranger des bénéfices virtuels, fait exploser le corset de Maastricht, susurre que nous sommes en croissance négative. Il n'y a plus aucun lien entre les annonces et les faits, car personne ne se souvient de la moindre phrase ou du moindre événement de 2007. C'est exactement comme ces ardoises magiques pour gamins dont les écrans s'effacent en un clin d'œil, permettant de détruire les dessins les plus sommaires comme les plus élaborés. Il est encore totalement inimaginable que des citoyens lucides puissent faire confiance à des responsables qui illustrent en permanence le célèbre propos d'Egard Faure : « Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent.».
Pas un seul sujet qui ait été traité de manière correcte et durable. Ce n'est même plus de l'adaptation à la crise, c'est une exploitation honteuse de la crise, pour manipuler une opinion dominante prête au sacrifice, alors que dans bien d'autres endroits on continue à se goberger. Qui peut croire que les banquiers ont réellement diminué leurs appétits de profits ? Qui peut penser que les plus grandes fortunes de France ne vont pas anticiper une éventuelle chasse aux niches fiscales en allant planquer leur fric en lieu sûr ? Qui oserait envisager que le Président donnerait l'exemple sur son train de vie ? En fait, la désinformation, mais plus encore la non information, profitent à une gouvernance chaotique.
Il n'y a plus aucun repère temporel, mais tout repose sur le factuel, et le système marche au-delà des espérances sarkozystes. Il suffirait pourtant de peu de choses pour mettre en vis-à-vis des comportements antinomiques, et démontrer ainsi la tromperie permanente. Qui se souvient par exemple du débat de l'an passé sur la rémunération du Président de la République ? Les crédits alloués à l'Elysée devraient augmenter de 11,45% l'an prochain, par rapport au budget 2008 initial, pour atteindre 112,33 millions d'euros.

L'ELYSEE EN TETE
Ces crédits apparaissent dans le document budgétaire consacré aux « pouvoirs publics » (Elysée, Assemblée nationale, Sénat...), qui va être transmis cette semaine au Parlement par Bercy. Les charges de fonctionnement (fournitures, télécommunications, frais de réception...) vont croître de 25,2%. « La très forte augmentation de l'activité de la présidence par rapport aux périodes précédentes (réceptions multipliées par deux par rapport à 2006) agit inévitablement sur l'évolution » de ces dépenses, peut-on lire dans le projet budgétaire... qui ne soulèvera aucune remarque.
Le budget arrêté pour les frais de déplacements du président Nicolas Sarkozy est en hausse de 33% par rapport en 2008. Un renforcement de cette ligne budgétaire « est souhaitable » en raison de « la très nette augmentation » des déplacements du chef de l'Etat depuis le début du quinquennat, « en accompagnement d'une politique active voulue par celui-ci ».
Rappelons à celles et ceux qui auraient la mémoire courte, que l'an passé, dans le budget 2008, les crédits de l'Elysée avaient déjà... triplé pour dépasser les 100 millions d'euros. Il s'agissait alors de permettre à la présidence de rémunérer elle-même tous les personnels travaillant pour ses services - alors que la plupart émargeaient jusqu'alors au budget de leur administration d'origine - et de financer ses propres dépenses de fonctionnement (déplacements...).
Le gouvernement avait provoqué la polémique en faisant adopter, au nom de « la transparence », un amendement de dernière minute qui multipliait par deux la rémunération du chef de l'Etat, en l'alignant sur celle du Premier ministre. Ce n'était visiblement pas suffisant. Il fallait cette année un coup de pouce pour le pouvoir d'achat des... collaborateurs. Bien évidemment, ce sera par le biais des primes. En un an, les salaires des contractuels augmenteront (conseillers et assistants) de 20 % !
C'est véritablement un respect de la parole donnée : pour eux, le pouvoir d'achat sera amélioré ! Ils doivent remercier celui qui leur a fait confiance, et qui a bel et bien tenu ses promesses. En cette période, la valeur exemplaire de ces propositions mériterait d'être connue.

DES AUGMENTATIONS DISCRETES
Les frais de personnel des ministères ont également explosé en un an, avec embauches à profusion, et hausse de 20% des primes versées aux collaborateurs, selon le journal Le Monde, daté du 5 novembre. S'appuyant sur l'annexe au projet de loi de finances pour 2009, le quotidien écrit qu'entre septembre 2007 et juillet 2008, les affectations dans les cabinets ministériels ont augmenté de... 397 personnes, et le montant des primes a progressé de près de 5 millions d'euros. Il faudrait en parler aux enseignants des RASED qui s'occupent des enfants en difficultés, et que Darcos veut supprimer !
« Le Monde » compare les effectifs et frais de personnel de ministères qui, depuis 2007, se sont vu adjoindre de nouveaux secrétariats d'Etat. Cependant, le journal souligne que même en tenant compte des nouveaux périmètres, la progression des effectifs est notable, compte tenu de la politique de réduction des dépenses publiques et de diminution des effectifs de la fonction publique : près de 20% de membres supplémentaires dans les cabinets, et hausse de 15% des personnels de soutien (sécurité, assistance administrative, intendance ou logistique) qui leur sont affectés. En mai 2007, le Premier ministre avait demandé par circulaire à ses ministres de limiter les effectifs de leurs cabinets, rappelle le quotidien. Il établissait une norme de 20 conseillers par ministre de plein exercice et de quatre conseillers par secrétaire d'Etat. Il n'a pas été entendu, ou du moins, beaucoup ont fait semblant de ne pas entendre.
Seuls Eric Woerth (Budget), Brice Hortefeux (Immigration), Rachida Dati (Justice), Christine Boutin (Logement) et Christine Albanel (Culture) respectent le plafond fixé par cette circulaire ; mais pas un seul secrétaire d'Etat ne compte moins de six personnes dans son cabinet, le record étant détenu par... Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie et la consommation, et porte-parole du gouvernement (18 conseillers).
Le pôle « économie et finances » de Christine Lagarde a embauché 21 nouveaux conseillers, et ses effectifs globaux ont crû de 66 personnes, le pôle « travail de solidarité » de Xavier Bertrand a embauché 36 personnes, dont 15 dans les cabinets, et le pôle santé de Roselyne Bachelot a recruté 52 personnes, dont 21 dans les cabinets. Ce sont eux que l'on voit le plus à la télé, pour exhorter les masses laborieuses à se serrer la ceinture.
Le montant des primes mis à disposition en 2008 est en hausse de 45% (+2,2 millions d'euros) pour Matignon, 83% pour le secrétariat d'Etat aux anciens combattants de Jean-Marie Bockel, et 125% pour le secrétariat d'Etat à la prospective d'Eric Besson, celui qui fait... de la prospective !
Remarquez que les Ministres ne risquent rien, puisque celles et ceux qui sont chargés de les contrôler font pire. Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, s'était en effet bien gardé d'ébruiter un audit sur la gestion de la chambre des députés qu'il a pourtant lui-même commandé à la Cour des comptes. Il le gardait sous le coude depuis l'été. Le Journal du dimanche en a dévoilé la substance, hier : les magistrats pointent une envolée des dépenses de 47 % sur la dernière décennie. C'est dix points de plus que le budget de l'État. Et trente de plus que l'inflation ! La Cour, présidée par Philippe Séguin, lui-même ancien président de l'Assemblée, relève que deux postes de dépenses ont particulièrement flambé.
D'une part, les charges parlementaires, qui incluent les indemnités des députés, leurs frais de représentation, le salaire de leurs collaborateurs... Cela représente aujourd'hui 280 millions d'euros, sur un total de 533. D'autre part, les traitements des fonctionnaires de l'Assemblée, qui dépassent de 75 % à 150 % la grille de la fonction publique. Les vingt-quatre plus gros salaires bruts s'élèvent, en moyenne, à 213 000 € : « Particulièrement élevé compte tenu des avantages matériels et sociaux », note l'audit. Ah ! La crise, qu'elle bonne excuse pour vivre mieux ! Enfin, pas pour tous.
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 07:17

Pendant que l'on renfloue les banques, que l'on tente de boucher les brèches béantes dans l'économie, que l'on congratule à plus soif Barak Obama, que l'agence matrimoniale tourne à plein au Parti Socialiste, le démantèlement méthodique, implacable de l'école de la République se poursuit. Depuis son élection au Sénat, Françoise Cartron, élue de Gironde mais surtout directrice d'école maternelle en Zone d'Education Prioritaire durant plus de 20 ans, m'avait prévenu : les bombes à fragmentation de Darcos vont causer des ravages au fil des mois, puisqu'il lui faut des milliers de victimes avant le mois de septembre. Il attaque le chantier par tous les bouts, supprimant des heures de cours en seconde, mais surtout détruisant l'école maternelle.
Le moins que l'on puisse écrire, c'est qu'il sait pertinemment que c'est à ce niveau-là qu'est le maillon faible, car l'enseignement, ce que l'on ne répète pas assez, n'est pas obligatoire. On peut donc tailler dans le vif sans risque ! Françoise Cartron, il y a déjà plusieurs jours, avec Marie-Christine Blandin, avait bataillé pied à pied, dans la commission où elle débutait, pour tenter de faire barrage à une nouvelle idée sarkozyste, inspirée par la déclaration de son Ministre de l'éducation : faut-il scolariser les enfants de 2 ans ou de 3 ans ? Non, si l'on écoute le ministre de l'Education, Xavier Darcos. Sur le plan économique, le 3 juillet 2008, il a déclaré devant la Commission des finances du sénat : "Est-ce qu'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l'Etat, que nous fassions passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ?". Ce qui a entraîné un débat, relayé par la publication d'au moins un ouvrage, sur l'éventuelle suppression de l'école maternelle et ... le dépôt d'un nouveau concept !
Une énorme affirmation populiste scandaleuse, de la part d'un Ministre qui n'a probablement jamais été présent durant une journée dans une petite section. Mais dans le fond, il s'en moque : ce qu'il veut avant tout, c'est faussement satisfaire les familles et ensuite récupérer les postes d'enseignants, actuellement dans ce secteur de l'école primaire.
Pour y arriver, on a inventé (c'est sorti ce matin, mais je l'avais annoncé il y plusieurs jours), le « jardin d'éveil », une structure qui, bien évidemment, sera payante et surtout laissée à la charge des collectivités locales ! Dramatiquement cynique, mais pourtant bien réel... Supprimer des postes et transférer des charges : deux axes de tout le programme de celui que Périgueux n'a plus voulu pour son avenir.

CA VIENT DU CHATEAU
Quand il rencontre son staff au Ministère, il a une formule qui résume parfaitement son esprit d'indépendance : « ça vient du château. On ne discute pas ! » Et là, il met en place devant des collaborateurs tétanisés, une destruction programmée du système éducatif gratuit, laïque et obligatoire qu'il exècre ! Il exécute, dans tous les sens du verbe !
Son cheval de bataille : les études ! Un rapport du Sénat sur la scolarisation précoce devrait, selon lui, apporter une nouvelle pierre au débat. Mais tous les indices vont dans le même sens. Darcos cherche à faire des économies, désespérément, et la scolarisation précoce est une source tentante : si l'Etat se désengage, les communes, voire le secteur... privé, pourraient s'en charger... Le retrait est d'ores et déjà bien amorcé. Le taux de scolarisation des moins de 3 ans a chuté de 35,3 % en 2000 à 20,9 % en 2007. Il faut qu'il soit proche de zéro dès la prochaine rentrée !
Ce «jardin d'éveil» serait une «structure innovante à mi-chemin entre la crèche et l'école» qui «précèderait l'entrée à l'école maternelle», écrivent les sénateurs UMP Monique Papon (Loire-Atlantique) et Pierre Martin (Somme), au nom du groupe de travail sur «la scolarisation des jeunes enfants». Ce rapport a été vivement contesté par Françoise Cartron et d'ailleurs, pour ses débuts, elle a obtenu qu'une page y soit ajoutée (la page 83) pour critiquer farouchement les propositions faites.
Selon les auteurs du rapport, l'école offrirait « un milieu peu adapté aux enfants de deux ans ». Leur scolarisation serait donc « une fausse bonne idée pour la réussite scolaire ». De plus, les modes de garde de la petite enfance (crèches, assistantes maternelles, etc.) sont largement insuffisants. Dans les années 1990, plus d'un enfant de deux ans sur trois était scolarisé. Mais, depuis, le taux a baissé, à 20,9% en 2007 et reste très variable d'une région à l'autre. Par exemple, environ 60% des enfants de deux ans étaient scolarisés en 2007 dans le Finistère ou le Morbihan, contre 2,5% en Haute-Savoie ou 5,0% en Seine-Saint-Denis.

LE DEBUT DU PAIEMENT DE L'ECOLE
Ce rapport s'engage donc clairement en faveur d'une solution alternative à la scolarisation précoce, un sujet polémique, relancé cet été par le ministre Xavier Darcos. Les sénateurs ne cachent pas que leur « jardin d'éveil » est notamment inspiré des conclusions d'un rapport de la députée UMP Michèle Tabarot, influencées par la Révision générale des politiques publiques (RGPP), politique de réforme de l'Etat et de réduction de ses dépenses. Pour autant, les sénateurs assurent que ce jardin d'éveil s'inscrit dans « le respect des rythmes et des besoins du jeune enfant dans son développement ». On camoufle simplement, derrière du verbiage, une volonté de récupérer une part de 43 000 postes à sucrer dans l'enseignement, car le sénateurs UMP sont totalement incapables de justifier cette mesure autrement que par des considérations sur l'échec scolaire... dès la maternelle !
En fait, ils veulent confier au privé ou aux communes, avec des éducatrices, de jeunes enfants, sans aide de la CAF, un pan entier des maternelles, avec l'espoir qu'à terme ne restera plus que la section des grands (avant le CP), qui serait à la charge de l'Etat ! On invente donc une structure entre la crèche et la petite section de maternelle. On l'a appelé jardin d'éveil. Les enfants seraient encadrés par des éducateurs, idéalement dans des locaux à proximité de l'école ou mieux dans l'école maternelle (ce serait une principauté autonome dans l'école puisque ce ne serait ni le même personnel, ni les mêmes horaires, ni les mêmes statuts), pour familiariser progressivement l'enfant à sa future scolarité.
Pour financer ces locaux, le trio UMP, briffé par le Ministre, préconise « un partenariat entre les communes, la Caisse d'allocations familiales et une participation modeste des parents ».
A ce jour, la CAF, saignée par le manque de cotisations (exonération des heures supplémentaires, montée du chômage, pauvreté grandissante de ses ressortissants), ne viendra que si elle économise ailleurs (sur les crèches ? sur les centres de loisirs ?) car tous les élus locaux savent qu'elle baisse déjà fortement ses aides à l'investissement et au fonctionnement. Alors, que fera-t-elle pour ces nouveaux jardins d'éveil? On n'est certain que d'une seule chose : les impôts locaux font flamber !
La secrétaire d'Etat chargée de la Famille, Nadine Morano, a immédiatement soutenu la proposition. Elle « se félicite » dans un communiqué, de la proposition des sénateurs Monique Papon et Pierre Martin, « conforme aux engagements qu'elle a déjà pris avec Xavier Darcos ». L'aveu implicite d'une affaire montée de toutes pièces.
Elle oublie simplement de préciser que les familles en difficulté, dont les enfants étaient accueillis gratuitement, devront payer pour une prestation qualitativement inférieure, que les contribuables locaux vont devoir mettre la main au portefeuille, que le contenu (« ils joueront » a expliqué la sénatrice Papon) ne sera plus homogène, que l'on va encore supprimer des fonctionnaires d'Etat, pour augmenter les masses salariales des communes. Pour le reste, on attend la réaction des parents. On peut toujours rêver.
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0