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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 07:17
Il existe dans de nombreux films l'exemple de batailles navales gagnées par des amiraux roublards, utilisant le brouillard pour protéger leurs navires ou pour approcher de l'ennemi sans avoir à le combattre. L'exemple le plus célèbre reste la victoire de la flotte anglaise de Nelson sur l'armada espagnole le 14 février 1797 à une époque où l'union européenne, décidée par Bonaparte, se faisait à coups de canons. Il faut reconnaître que la campagne électorale actuelle met en évidence l'habileté manœuvrière remarquable du staff élyséen ayant en charge la manipulation de l'opinion dominante. Elle sait que l'utilisation du « brouillard » et le « refus du combat » sont deux principes qui peuvent aider à se sortir de mauvais pas et de laisser accroire que l'on reste puissant encore quelque temps, en évitant une défaite prématurée. Cette technique s'accompagne de celle du contre feu, consistant à ouvrir un front sur lequel on espère tenir quelques jours, le temps que le danger soit écarté. Il s'agit en effet d'une véritable stratégie du leurre, auquel mordent bien évidemment toutes celles et tous ceux qui ne peuvent supporter de rester passifs devant de telles pratiques. Nicolas Sarkozy, fort bien conseillé a donc lancé ces trois tactiques simultanément, pour sortir vainqueur sans combattre, des élections européennes. D'abord il a rassemblé ses troupes autour du sentiment permanent d'insécurité créé par des médias, téléguidés dans leurs orientations par la mise en exergue volontaire de faits dits divers, alors qu'ils sont fort bien orientés. C'est ce que l'on peut appeler le « choix du sujet ». Afin que ne soit pas abordée la déliquescence d'une Europe très éloignée des valeurs que les femmes et les hommes espéraient d'elle, on va trouver un leurre, mobilisant sur un autre sujet.
La véritable astuce c'est d'exploiter à son compte l'insécurité sociale.
Tous les sondages le démontrent massivement : il règne en France un climat d'angoisses cumulées. Angoisse vis-à-vis de l'avenir professionnel, angoisse vis-à-vis des moyens financiers, angoisse vis-à-vis de la démolition du système collectif protecteur, angoisse pour sa quiétude personnelle... Ce cumul des angoisses se cristallise sur un sujet unique : l'enfer ce sont les autres ! Les autres ce sont les terroristes, les casseurs, les révolutionnaires, les patrons, les élus, les étrangers, les profs, les jeunes... et on en arrive non pas à rassurer, mais à exploiter cette terrible vision sociale, pour transformer une préoccupation non avouée en certitude. Tout devient dangereux : les écoles pour les chères têtes blondes, les lycées pour les ados en échec, les cages d'escaliers, les rues, les espaces collectifs... Enfin, partout il existe un climat détestable qui conduit à penser que le moindre village n'est que le germe d'un Chicago potentiel ! En fait, c'est uniquement pour masquer les causes de ces « impressions », qui ne reposent sur aucune véritable appréciation sociale, que l'on monte en épingle des effets ponctuels ayant toujours existé mais n'ayant jamais été médiatisés. C'est le brouillard qui dissimule la faiblesse des forces dont dispose l'amirauté sarkozyste et ses échecs dans la construction des réponses. Alors que l'insécurité sociale repose sur la baisse du pouvoir d'achat et sur la crainte de la perte d'emplois, sur les suppressions massives de postes préjudiciables à celles et ceux qui ont accompli des parcours universitaires ou de formation ne leur ouvrant plus le droit au travail, on la focalise sur des incivilités éphémères !

LA TACTIQUE DE LA FUITE
Dans ce cadre-là, la supercherie consiste à compléter l'utilisation du rideau de fumée par l'histoire des Horaces er des Curiaces. On fuit le combat dès qu'il devient dangereux. Pas de débat, pas de contradiction, pour sans cesse conduire l'adversaire sur son terrain. Dans le rôle des Horaces on trouve les UMP et dans celui des Curiaces, le PS. Rappelons l'histoire. Sous le règne de Tullus Hostilius, une guerre meurtrière éclata entre les habitants d'Albe et ceux de Rome. Pour mettre fin à ce conflit, les chefs des deux « partis » conclurent un accord : trois frères défendraient chaque camp, les Horaces pour Rome et les Curiaces pour Albe. Dès le premier choc, le cliquetis des armes fit passer un grand frisson dans l'assistance ; tous en perdaient la voix, et le souffle. Mais au cœur de la mêlée, les trois Albains furent blessés, tandis que deux Romains tombaient, mourant l'un sur l'autre. Leur chute fit pousser des cris de joie à l'armée albaine : les légions romaines tremblaient pour leur unique champion, que les trois Curiaces avaient entourés. Par bonheur il était indemne, trop faible, à lui seul, il est vrai, pour tous ses adversaires réunis, mais redoutable pour chacun pris à part. Afin de les combattre séparément, il prit la fuite, en se disant que chaque blessé le poursuivrait dans la mesure de ses forces. Il était déjà à une certaine distance du champ de bataille, quand il tourna la tête et vit ses poursuivants très espacés.
Le premier n'était pas loin : d'un bond, il revint sur lui : Horace avait déjà tué son adversaire et vainqueur, et marchait au second combat. Poussant des acclamations, les Romains encouragent leur champion : lui, sans donner au dernier Curiace, qui n'était pourtant pas loin, le temps d'arriver, il tue l'autre. Maintenant, la lutte était égale, survivant contre survivant; mais ils n'avaient ni le même moral, ni la même force. L'un, deux fois vainqueur, marchait fièrement à son troisième combat ; l'autre s'y traînait, épuisé. Ce ne fut pas un combat : c'est à peine si l'Albain pouvait porter ses armes ; il lui plonge son épée dans la gorge, l'abat, et le dépouille. Rome triomphait pour avoir eu l'idée de la fuite victorieuse. Sur les Européennes, les leaders de l'UMP se défilent et partent avec, aux trousses, des socialistes affaiblis par les combats perdus antérieurement, et surtout désunis. Il suffit de les attaquer séparément pour les dominer et mettre en évidence leurs faiblesses. L'Elysée le sait et utilise cette manière d'opérer pour tout le monde, avec une certaine faiblesse dans le dispositif pour Bayrou, que personne n'arrive à bien saisir puisqu'il passe d'un camp à l'autre.

LA FUMEE DE PENTECOTE
Regardez bien le déroulement de la campagne : la semaine prochaine les sarkozystes vont allumer un nouveau feu, avec de la fumée. L'inénarrable Lefebvre va sortir un amendement le plus polémique possible pour focaliser toutes les « déchaînements » possibles. C'est une volonté et un sacrifice destiné à faire courir après lui le reste de la troupe. Tant qu'ils sont en course, ils vont continuer, avec des sondages fallacieux, destinés à influencer les masses hésitantes sur leur volonté d'aller s'exprimer ou de juger Sarkozy. Lors du week-end de pentecôte, on espère un accident meurtrier, un tueur en série ou des gamins volant un vélo pour occuper la une des jités de TF1 ! En attendant,  on va essayer de développer un rideau de fumée devant les résultats du chômage. La nouvelle poussée du chômage en France va disparaître derrière un long week-end ! Le nombre de chômeurs inscrits au Pôle emploi en catégorie A (sans aucune activité, même réduite) a pourtant connu une nouvelle hausse de 2,4% en avril, soit 58.500 demandeurs d'emploi supplémentaires, a annoncé Bercy vendredi soir dans un communiqué. Leur nombre s'établit à 2.506.700 en France métropolitaine. Sur un an, la hausse est de 24,6%. Le chômage des jeunes flambe (+39,9% sur un an) et les offres d'emploi diminuent, elles aussi, fortement.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde n'a pu que "prendre note" de cette "hausse importante", dans un communiqué, mais ajoute qu'elle est "inférieure à celles des trois premiers mois de l'année" (90.200 en janvier, 79.900 en février, 63.400 en mars). Elle qui avait inventé la croissance négative se régale d'un nombre de chômeurs inférieur mais en oubliant de préciser que depuis la fin du gouvernement Jospin, et celui de Fillon, c'est un véritable désastre, qu'elle a totalement oublié. Un trou de mémoire qui évite toute comparaison ! En comptant les catégories B et C, c'est-à-dire les demandeurs d'emploi ayant une activité réduite, cette hausse en avril est de 90.800 chômeurs et leur nombre en France métropolitaine, avec ou sans activité réduite, s'établit à 3.571.500 (3.785.600 en comptant les DOM).
Sur un an, en comptant ces trois catégories, le nombre de demandeurs d'emploi augmente de 16,2%. Les jeunes paient le plus lourd tribu, avec un chômage des moins de 25 ans inscrits en catégorie A en hausse de 4,6% sur un mois et de 39,9% sur un an. Dans un contexte de crise, selon les statistiques diffusées par Bercy, les offres d'emploi collectées par Pôle emploi (né de la fusion de l'ANPE et des Assedic) ont diminué de 1,4% en avril, et de 26,1% sur un an. Au total, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A s'établit à 2.506.700 en France métropolitaine fin avril 2009, précise Bercy dans son communiqué, soit un niveau équivalent au nombre de chômeurs de catégorie A que comptait la France en mars 2006, selon les statistiques de la DARES. Le gouvernement n'en parlera plus, dès mardi matin. Allez, bon week-end chers « enfumés » de la politique. C'est ainsi que les apiculteurs endorment les ouvrières des ruches pour les mettre ailleurs, dans une espace clos, au service d'une reine. Là, ce n'est que d'un roitelet, qui fait son miel avec l'indifférence de celles et ceux qui le servent !
Mais je déblogue...
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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 07:17
Dans toute l'Histoire connue de l'Humanité, les baisers ont tenu un rôle fondamental. On leur attribue la traduction de tous les sentiments et de toutes les arrières pensées depuis que Judas a inscrit le sien dans l'évangile. Pour ma part, je retiens cette séquence extraordinaire de mon film préféré « Cinéma Paradiso » quand, dans la boîte intacte, Salvatore découvre toutes les séquences de baisers que le curé a expurgées des films diffusés par Alfredo. Le comble de la tartufferie. Malheureusement, cette marque d'affection, sincère ou feinte, a été banalisée alors qu'elle a représenté une étape essentielle de la vie amoureuse. On se souvient de son premier baiser conquérant, passionné, maladroit ou timide... et on oublie ceux qui manquaient de sincérité. N'empêche que, depuis hier soir, le baiser est devenu un acte politique fort. Alors que des dizaines de caméras tentaient de saisir celui que Martine donnerait à Ségolène ou que Ségolène refuserait à Martine, les "messieurs je sais tout" qui déversent leurs commentaires impartiaux mais critiques sur le PS étaient à l'affût, et la France retenait son souffle. Un véritable thriller, retransmis en direct sur maintes télévisions avec un arrière goût de festival de Cannes, où tout le monde il est beau, tout le monde il est  gentil. Là, tous disséquaient ce qui devait être l'événement capital, en cette période électorale. Le temps était compté, car bien évidemment il ne s'agissait que d'une supercherie destinée à tromper l'opinion sur la réconciliation entre les deux « femmes ennemies » du PS. Ce n'est pas à l'UMP que l'on trouverait pareille situation, puisque tout le monde baise les souliers à talonnettes du maître des clés des réformes ! Quand François Fillon, le « collaborateur » du Chef de l'Etat qui fut républicain, serre la main de son « patron », c'est un signe fort d'amitié, d'estime et de reconnaissance, alors que quand Ségolène et Martine se retrouvent, on y voit la main du diable médiatique... une sorte d'embrassade à la Pyrrhus !
Si toutes les télés, les radios, les journaux, ne vous le ressassent pas assez , François Fillon va s'en charger, lui qui a « pris toute la France à la gorge ».
« Je crois savoir qu'à cette heure Martine Aubry et Ségolène Royal font meeting commun près de Nantes. Il a fallu des semaines pour savoir si ces deux personnalités allaient tenir une réunion ensemble et si elles allaient se serrer la main », a ironisé le Premier ministre lors d'un meeting à Mulsanne, petite ville près du Mans. Il a oublié que le suspense fut moins grand quand Nicolas Sarkozy a eu à serrer sur son cœur Poutine, Kadhafi, Bongo, Bush... et consorts ! Il est vrai que si les caméras sont aussi nombreuses pour fixer ces grands moments de gloire, ce n'est que par souci de montrer ce que peut représenter la sincérité en politique !
« Je ne doute pas qu'un vent de fraternité et d'amitié souffle sur la réunion de ce soir. Mais derrière les apparences, chacun sait que le Parti socialiste est divisé, et surtout, sur la question de l'Europe, il est sans idées » aurait pu tout aussi bien commenter le Premier Ministre actuel, comme il l'a fait hier sur le meeting du PS. Bien évidemment, les commentaires sont libres, et il faut admettre qu'ils soient ironiques.

LE PETIT BOUT DE LA LORGNETTE
Martine Aubry et Ségolène Royal ont donc scellé hier soir leurs retrouvailles à Rezé, près de Nantes, six mois après les déchirements de Reims et 12 jours avant les Européennes, appelant toutes deux à la participation et faisant assaut d'amabilités et d'hommages réciproques. Et voici la vision journalistique « officielle » d'une réunion sur les européennes : les deux dirigeantes PS avaient fait une entrée de stars, vêtues d'une veste blanche, dans la halle de la Trocardière, devant environ 3.000 personnes enthousiastes. Une avalanche de belles phrases politiques extrêmement importantes, que l'on destine à ridiculiser les échanges : « Ma chère Martine, notre première secrétaire », a lancé la présidente de Poitou-Charentes, parlant de son « bonheur » et de « Martine vaillante dans cette campagne ». La première secrétaire a parlé du « vrai bonheur » de retrouver le PS « tel qu'(elle) l'aime, soudé, combatif, mobilisé aussi ». Rendant un vibrant hommage à l'Afrique, que nous aimons « Ségolène et moi », elle a assuré que le PS a été fier quand Ségolène a dit à Dakar ce qu'elle pensait du discours de Nicolas Sarkozy. Ouf! on est sauvé, on approche de l'Europe... Enfin presque,  selon les comptes rendus destinés à toute la presse nationale et régionale.
Martine Aubry a offert à Ségolène Royal une statue africaine du Burkina-Faso, une « femme debout », en disant « On aime nous opposer. C'est vrai que nous sommes différentes. Après tout, ce n'est pas gênant. Nous avons l'essentiel en commun. Nous sommes indéfectiblement socialistes, et nous sommes des femmes, nous savons nous serrer les coudes quand c'est nécessaire ». On est toujours dans l'essentiel pour mobiliser l'électorat pour le 7 juin. Et l'on sent bien que le journaliste tient la plume dans l'intérêt même de la vie politique... et qu'il a été envoyé là pour parler de l'essentiel.
Comme Martine Aubry a rendu notamment hommage au « combat » de Mme Royal, on y voit de la flagornerie latente. Surtout quand elle dit : « je sais sa volonté de renouveler la politique française et elle a raison, il faut bouger les rangs et les choses, y compris dans notre parti . Ségolène, tu as porté nos couleurs, tu as combattu Sarkozy en disant : il vous ment. Aujourd'hui, tous les Français savent que tu as eu raison ». De tels propos, qui tombent pourtant sous le bon sens, ne peuvent pas être sincères, alors qu'il ne s'agit que d'un constat objectif de la situation actuelle.

EUROPE ABSENTE
En fait, dans toutes les descriptions du meeting, on sent un fort relent de misogynie. Vous savez, cette impression détestable que les histoires de « bonnes femmes » ne reposent que sur des futilités et des mesquineries. Ainsi, on a droit à moult détails sur les « cadeaux », qui sont censés ici ne plus entretenir l'amitié mais la haine. Ségolène Royal a offert à sa « rivale » une porcelaine de Deshoulières, entreprise en difficulté de la Vienne. Ensuite, elle a parlé environ 30 minutes (c'était là l'essentiel, puisque c'est ce qu'elle avait à dire qui était le plus intéressant !) et a lancé « un appel vibrant à la participation électorale ". Dans le fond, si elle avait apporté un cadeau de ces usines-là on en aurait davantage causé dans les postes. Avec le leitmotiv « l'Europe sociale a besoin de vous », l'ex-candidate à la présidentielle a fustigé « les logiques féroces du capitalisme financier » qui a conduit à plus de 3 000 licenciements par jour en France actuellement. Martine Aubry a ciblé pour sa part ses attaques contre Nicolas Sarkozy et le député Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP: « Si vous voulez savoir ce que pense Nicolas Sarkozy, regardez M.Lefebvre ! Il dit tout haut ce que Nicolas Sarkozy pense tout bas », évoquant l'amendement déposé par M. Lefebvre sur le télétravail lors de congés maladie. A la fin du meeting, Mme Royal est montée sur scène. Elle a reçu la statuette. Roses rouges et embrassades. Fermez le ban ! Le récit politique d'un meeting sur les européennes est terminé ! C'est la réalité médiatique actuelle, avec cette excuse de Jean Michel Apathie, exégète permanent des comportements des grands de ce monde, répondant sur le plateau de Canal + à un José Bové excédé par cette attitude : « ce n'est pas de notre faute si cette rencontre a lieu ». Certes, mais il est coupable de la transformer en simples minauderies entre femmes politiques, fâchées et réconciliées pour la forme. Que dirait-il si un jour Dominique de Villepin allait serrer, en  public,  la paluche de Nicolas Sarkozy ?

OABAMA EN RENFORT
La personnalisation outrancière de la vie politique, qui permet de substituer la forme au fond, va conduire à terme la démocratie dans une impasse. Le désintérêt pour les réunions publiques, pour les débats, pour les propos tenus par des responsables de l'action collective n'a pas d'autres raisons que ces présentations récurrentes des enjeux de personnes. Elle est lassante, puisque les arguments ne servent plus à rien. La couleur de la cravate ou la longueur de la jupe, la coupe de la robe ou celle du veston, le menu du repas ou la longueur de l'étreinte, sont devenus largement supérieurs aux idées défendues. On ne se déplace plus pour le menu fretin politique, qui d'ailleurs ne court plus de préau d'école en préau d'école. Il faut du spectacle, toujours plus de spectacle. Il faut du pain et des jeux. Il est indispensable de monter des coups, de faire venir des vedettes, pour « faire du monde ». A-t-on parlé avec autant de détails des autres meetings socialistes ? Il serait intéressant de mesurer l'impact médiatique de chacun d'entre eux depuis le début de la campagne, et de comptabiliser, ce matin, les minutes d'antenne ou la place accordées à celui de Rezé ! Il y a fort à parier que maintenant, à l'Elysée, on va chercher, pour la dernière semaine, une parade. On envisagera que Carla Sarkozy se rende sur le terrain en robe de grand couturier moulante, et en compagnie de « Chouchou », pour rassurer l'électorat de Gala ou Voici.
Tenez par exemple, la venue le 6 juin, veille du scrutin, de Obama (à ce propos, pour que les retombées soient meilleures, on a éliminé la Reine d'Angleterre des photos) va accentuer cette exploitation manifeste de l'image en politique. Avouez que c'est une coïncidence incroyable que celle qui permet au Président des Etats-Unis de venir apporter, de fait, son image à un scrutin européen. On rendra compte des tenues féminines, des poignées de mains, des envolées sur ces soldats morts pour libérer l'Europe, mais on oubliera celles et ceux qui ne peuvent plus manger à leur faim, qui luttent contre un sort défavorable, qui, après être tombés au champ du déshonneur du capitalisme financier, ont leur nom sur le monument aux morts de l'économie libérale... Il sera trop tard, alors, pour les opposants de se retrouver sur une estrade : le tour sera joué et le lendemain soir, 7 juin, sur le plateau des télévisions ruisselantes de bonheur,  Lefebvre exultera : les réformes sarkozystes peuvent continuer, puisque le Peuple se sera massivement réconcilié avec son Président !
Mais je déblogue...
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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 13:37

Le Dimanche 7 juin, les Françaises et les Français mettront, si l’on en croit les messages alarmistes des médias, leurs mains citoyennes dans leurs poches. On ne cesse de répéter que l’abstention atteindra des records, comme s’il fallait absolument persuader les électrices et les électeurs que celles et ceux qui se rendront aux urnes sont en décalage complet avec cette opinion dominante qui veut que l’on adopte comme devise républicaine « maison, gazon, télévision ». Dramatique pour l’Union européenne, mais surtout pour la République Française ! Or depuis hier, ils pourraient, si on les informait différemment, avoir des raisons concrètes de consacrer quelques minutes à s’exprimer ! Les entreprises, telles Goodyear, Altis, ABB ou EDA cette semaine, continuent à égrener des suppressions d'emplois portant sur des centaines de postes, au moment même où l'Unedic (régime d'assurance chômage) déclare s'attendre à 639.000 chômeurs de plus cette année.Comment ne réagissent-ils pas en se mobilisant, face à ce qui représente un véritable raz de marée social ! Dans l'hypothèse d'un recul de 3% du PIB, le nombre de chômeurs (catégories A+B+C, c'est-à-dire y compris ceux ayant une activité réduite, ainsi que les seniors dispensés de recherche d'emploi), qui s'élève actuellement à environ 3,5 millions d'individus, augmenterait de 639.000 en 2009. Les destructions nettes d'emplois salariés atteindraient 591.000, selon ces prévisions de l'Unedic, assombries par rapport à celles des mois de février et mars… Mais comme, récemment, François Fillon a annoncé que les chiffres allaient s’améliorer avant les Européennes, on peut dormir sur son canapé, rassuré ! Il est vrai que les experts n'ont toujours raison que… quand les faits démentent les politiques. Encore plus pessimiste, l'ex-directeur général de l'Unedic, Jean-Pierre Revoil, avait déclaré récemment à l'AFP que le recul de l'activité devrait mécaniquement faire « 900.000 chômeurs de plus cette année ». Il fait du mauvais esprit, car si Nicolas Sarkozy dit le contraire, nous devons le croire, et surtout ne pas aller voter. L'emploi, redevenu la priorité des Français, a pourtant été hier au coeur d'une journée interprofessionnelle d'actions, à l'appel des huit syndicats, qui réclament des engagements urgents de l'Etat et du patronat. Une rafale de suppressions d'emplois a été annoncée le même jour, notamment 820 licenciements dans la production de pneus automobiles, à l'usine Goodyear-Dunlop Tires d'Amiens-Nord, qui compte 1.400 salariés.


TOUJOURS SOUS PRESSION

 

Ces ouvriers, ces employés, ces cadres, doivent s’abstenir ou aller voter pour l’UMP, car ils sont certainement ravis de faire partie des convois de licenciés qui attendent sur les rails de la pauvreté. Cette décision, que le groupe américain a justifié par « sa stratégie de réduction de ses capacités de production dans les pays à coût élevé » et par le refus de la CGT d'accepter en juillet 2008 une organisation du travail en 4 x 8, n'est « pas une surprise » selon les syndicats, mais néanmoins un « coup de massue pour les salariés victimes de ces requins de la finance » selon Sud. Il s’agit simplement de la mise en œuvre de propos du Chef de l’Etat, pris au mot : « la crise est une chance pour la restructuration de notre économie ». La Picardie, déjà frappée par l'emblématique fermeture programmée de l'usine de pneus Continental à Clairoix, paie un lourd tribut aux restructurations. Et le pire, c’est que ce n’est pas fini ! Toujours hier, la direction de l'usine de composants électroniques Altis Semiconductor de Corbeil-Essonne a annoncé la suppression de 400 emplois sur environ 1.500. "Casse sociale", a dénoncé la CFTC, qui craint, comme les autres syndicats, une fermeture complète de l'usine en l'absence de repreneur rapide. 

Hier encore, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire du grossiste alimentaire EDA, en autorisant la suppression de 617 postes sur le territoire, et en validant l'offre de reprise partielle d'un concurrent qui conserverait 97 autres salariés. Enfin, le groupe d'ingénierie helvético-suédois ABB prévoit de supprimer, sur une demi-douzaine de sites en France, 540 postes. L'hémorragie risque de continuer cette semaine. Le tribunal de commerce de Versailles rendra demain sa décision sur une possible liquidation d'une filiale française de l'équipementier en télécommunications canadien Nortel, qui entraînerait 480 suppressions d'emplois sur 700 dans les Yvelines. Bien sûr, il s’agit dans tous les cas d’un problème de compétitivité, et sûrement pas d'une vision d’amélioration de la rentabilité des groupes d’actionnaires qui les soutiennent...


LA CRISE A BON DOS

 

Symboliquement, deux jours après la clôture du Festival de Cannes, des syndicats ont même décerné, sur le parvis de la Défense (Hauts-de-Seine), les prix des « pires dérives patronales » à Dexia, HP, Novartis, Total ou PPR qui, « avec la crise, profitent de l'effet d'aubaine », en détruisant des emplois malgré des bénéfices et des primes aux dirigeants. Les travailleurs temporaires, les jeunes, et les salariés peu qualifiés, sont particulièrement touchés par ce raz-de-marée. Mais eux aussi resteront sûrement chez eux, puisque la télé leur affirme, chaque jour, que c’est ce que va faire le plus grand nombre. Ils attendront devant TF1 le verdict des urnes, qui placera l’UMP en tête et qui verra sur le plateau, vers 22 h 30, tout le monde s’extasier sur cette abstention record et le fait que nous aurons conforté les réformes présidentielles !

Or, selon M. Revoil, « on n'a jamais vu une telle rapidité de croissance du chômage depuis l'après-guerre et peut-être la crise de 1929 ». Ce n’est pas encore suffisant pour transformer des consommateurs passifs en citoyens décidés à se faire entendre. Il faut bien avouer que toutes les tentatives de mobilisation se heurtent à un mur d’incrédulité. Les grèves se succèdent, mais ne mobilisent qu’une journée des gens motivés et décidés à, au moins, sortir de leur léthargie. La France, pays de plus en plus âgé, se résigne par peur du lendemain et surtout par nécessité financière. Tout le monde a son fil bancaire à la patte. C’est une réalité dans une civilisation de l’argent-roi. Cette dépendance inévitable pèse sur la citoyenneté, car elle favorise le renoncement collectif.


DIVISER POUR REGNER

 

Comment, en effet, croire à la différence ? Comment accepter de placer son espoir dans d’autres mesures ? Comment ne pas se détourner de personnes qui passent l’essentiel de leur temps à se pousser dans le fossé ? Comment aller voter pour des femmes et des hommes totalement inconnus, absents du terrain durant tout le temps de leur mandat ? Comment établir un lien positif entre ses propres préoccupations et une Union Européenne totalement anti-démocratique ? La proximité sauve parfois la démocratie. Et encore ! L’égoïsme social est devenu un axe essentiel de la vie politique et, d’ailleurs, le gouvernement sarkozyste en use et en abuse, en sectorisant ses attaques. Les licenciés d’une entreprise qui ferme ou va chercher des dividendes pour ses actionnaires ailleurs, se retrouvent seuls, très seuls, face à la réalité de leur désarroi.

On n’a pas cessé de répéter depuis des décennies que la réussite n’était qu’individuelle et que, dans le fond, « se soucier » de l’intérêt général, ou de la vie collective, relevait de la générosité inutile. Le système  a sérié les « rôles » : par exemple, parents d’élèves de maternelle, d’école élémentaire, de collège, de lycée… mais surtout « indépendants », car c’est plus chic, mais totalement inutile en impact social ! Ainsi, on peut, au niveau gouvernemental, gérer au mieux les réformes puisqu’il n’y a en face que des « parents » éparpillés, émiettés, sous informés, indifférents. La théorie du « diviser pour régner » reste une méthode productive, surtout quand les citoyens, mal informés et anesthésiés, redeviennent des « sujets ».

Mais je déblogue…

 

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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 07:17
Il faut bien convenir que les Britanniques ont un art consommé du supplice. Ils se délectent de ce qui fait mal et qui dure...et leur presse écrite adore faire durer ses scoops, en s'acharnant sur celles et ceux qu'ils tiennent. Il est vrai que les habitudes Outre Manche sont bien différentes des nôtres, et le sens de la liberté anglais va jusqu'à laisser aux journaux le soin de régler sur la place publique tout ce qui peut poser problème. Les femmes et les hommes politiques le savent et l'acceptent, car ils sont conscients que rien ne peut influer sur le cours des affaires. Le seul problème, c'est que ces attaques en règle reposent souvent sur des procédés douteux, et qu'il faut souvent se « boucher » le nez ou les yeux pour ne pas voir des évidences détestables.
Ainsi, le feuilleton du remboursement des notes de frais très diversifiées des parlementaires relève de cette méthode, puisque le CDRom aurait été acheté, pour des dizaines de milliers d'euros, avec comme intermédiaire un ancien des services secrets anglais. Mais rassurez-vous, c'est du journalisme efficace. Ce qui, au fond, semble être en cause, ce n'est pas tellement le comportement des élus du Parlement britannique, mais plutôt les largesses de la législation en vigueur, qui leur permet de se faire rembourser tout et n'importe quoi. L'enquête du quotidien anglais qui a révélé des abus ressemblant à un inventaire à la Prévert, montre, en effet, que les remboursements des frais engagés par les élus couvrent à peu près tout et n'importe quoi : les frais de déplacement, les nuits d'hôtel pour les périodes passées hors de leurs circonscriptions, mais aussi des travaux dans leurs résidences secondaires, le nettoyage de leurs piscines privées ou encore leurs arbres de Noël.
En pleine période de crise, et au moment où l'Europe s'enlise de plus en plus dans la récession, on peut juger la récente démission de Shahid Malik, Secrétaire d'Etat à la Justice, comme un moyen de calmer le jeu et d'apaiser la colère de l'opinion publique britannique.
Ce qui est reproché à l'ancien secrétaire d'État, c'est d'avoir demandé le remboursement, aux frais du contribuable, de l'équivalent de 75 000 € sur trois ans pour sa résidence secondaire, à Londres, alors qu'il était déjà locataire pour un loyer modique (moins de 500 € par mois) d'une maison de trois chambres dans sa circonscription. L'argent des contribuables lui aurait également permis de s'offrir un home cinéma d'une valeur de 1 050 livres. Dans ce contexte de crise, et à l'approche des élections législatives au Royaume-Uni, de nombreuses têtes pourraient encore tomber, notamment au sein du Parti travailliste, au pouvoir depuis 1997 avec la victoire de Tony Blair.
L'une des conséquences possibles du scandale serait une inquiétante montée de l'extrême droite en Angleterre, par le biais, notamment, du British National Party (BNP), connu pour ses positons radicales envers l'immigration et surtout envers les musulmans : certains de ses membres n'hésitent pas à les qualifier publiquement de « parasites ». Shahid Malik, musulman d'origine pakistanaise, né en Angleterre et qui a fait ses classes au sein du Parti travailliste a, par ailleurs, été l'un des plus fervents opposants à l'idéologie véhiculée par le BNP. La réalité est différente de ce que les gens veulent y voir, car, à l'arrivée, on se souvient des dérives des années trente dans d'autres pays !

UNE MINE A EXPLOITER
Le quotidien conservateur Daily Telegraph a mis la main sur des  quantités considérables de documents, des milliers de fichiers informatiques contenant le menu détail des notes de frais des 646 membres de la Chambre des communes. Cette mine d'informations explosives avait auparavant été proposée à trois autres journaux.
Dès le mois de mars, le Times et le Sun avaient été approchés par un mystérieux intermédiaire : ils refusèrent de débourser une somme comprise entre 70 000 et 300 000 livres (entre 80 000 et 340 000 €). Ces deux titres du groupe Murdoch ne trouvaient pas l'addition trop salée, mais plutôt manquaient de courage. Ils avaient « peur qu'on les accuse de mettre une bombe sous la Chambre des communes » explique un spécialiste des médias britanniques.
Le tabloïd Daily Express refusa lui aussi de payer, mais publia l'information selon laquelle la ministre de l'Intérieur Jacqui Smith s'était fait rembourser des films X loués par son mari.
La machine était lancée, afin de faire durer le feuilleton destiné à maintenir en haleine un lectorat avide de scandales. Peut-être les journaux étaient-ils aussi réticents à acheter des informations qui devaient de toute façon être publiées par le Parlement en juillet, au terme de longues années de batailles juridiques sur le droit à l'information. Fin avril, le dossier a fini entre les mains du Telegraph, qui a su parfaitement l'exploiter, à la fois pour produire un effet de scoop dès le premier jour, et pour faire durer l'histoire dans le temps. On en est ainsi arrivé à ce que la somme n'ait aucune importance face au côté cocasse de la dépense. Les films X ont fait rire tout le pays alors que la dépense remboursée est dérisoire.

UNE AUBAINE FINANCIERE
Contrairement à un scoop classique qui tient en une information simple, le journal a fait l'acquisition d'une énorme masse de données, l'équivalent de 200 DVD remplis de milliers de justificatifs et de factures patiemment numérisés par les services comptables du Parlement. Avant de sortir les premières révélations accablant Gordon Brown et ses ministres, pas moins de dix journalistes du service politique ont travaillé sur le dossier pendant une dizaine de jours. Pour éviter de griller toutes ses cartouches d'un coup, le journal se focalise chaque jour sur cinq ou six élus différents, respectant son engagement d'indépendance, en épinglant autant les conservateurs que les travaillistes. Pour s'assurer de la reprise de ses informations en bonne place dans les autres médias, le Telegraph communique dès 20 heures le contenu de ses pages à ses concurrents. Et le tour est joué ! La gravité de la situation repose sur la généralisation du mal, qui touche majorité et opposition réunies dans un même panier de crabes. Le scandale touche en effet tous les élus britanniques.
Les 646 parlementaires de Westminster perçoivent une indemnité annuelle de l'ordre de 65 000 livres sterling (73 000 euros), à laquelle s'ajoutent des notes de frais moyennes de 144 000 livres par législateur (160 000 euros). Il faudrait à ce sujet comparer avec les parlementaires français avant d'effectuer des extrapolations faciles. En effet, le « bon » citoyen a vite effectué l'amalgame, car le système français est totalement différent tant dans la méthode de paiement de salaires que de frais fixes dits de représentation. Mais personne n'analysera exactement la forme, puisque la condamnation est déjà acquise sur le fond.
Remboursements sur fonds publics de sommes versées à des jardiniers, des ouvriers ou du personnel de maison... la liste est longue. Du côté des formations politiques aussi, les têtes ont commencé à tomber. Le Parti travailliste a suspendu l'ancien ministre de l'Agriculture, Elliot Morley, soupçonné d'avoir reçu en notes de frais 16 000 livres (18 223 euros) de remboursement pour son crédit immobilier, et ce, plus d'un an et demi après la fin de l'échéancier. Chez les conservateurs, l'un des principaux conseillers économiques de David Cameron a démissionné, l'examen de ses dépenses ayant révélé une « situation inacceptable », selon le porte-parole des Tories.

UN VIRUS DANGEREUX
Selon le Daily Telegraph, des cadres importants du Parti conservateur se sont fait rembourser les frais d'entretien de leurs piscines, ou l'achat d'engrais pour leurs jardins. Pour calmer le jeu, le parti conservateur a assuré que les élus concernés rembourseraient les sommes perçues. David Cameron a précisé que quatre de ses principaux lieutenants, Michael Gove, Oliver Letwin, Andrew Lansley et Alan Duncan, rembourseraient au total quelque 16 000 livres (18 000 euros) de notes de frais indûment perçues. Le chef de file des Tories a ajouté qu'il rembourserait lui aussi une note de frais dont il n'a pas précisé le montant... mais maintenant, le mal est fait, car on peut se demander si les remboursements seront facturés en notes de frais !
En attendant, le débat de fond n'aura pas lieu : jusqu'où peut-on aller pour livrer la démocratie représentative à ses adversaires résolus ?
De la construction d'une « île pour canards » aux astuces comptables pour échapper à l'impôt sur les plus-values, les défraiements excessifs servent d'exutoires à un populisme angoissant.
Les ventes du journal ont grimpé en flèche, comme sa notoriété: au premier jour des révélations, le 8 mai, le journal a vendu quelque 85.000 exemplaires de plus que sa moyenne, d'environ 820.000 en avril, selon des fuites de presse, dans l'attente des chiffres officiels. Mais ce scoop a fait grincer quelques dents. Et pas seulement celles des députés stigmatisés, contraints d'aller se justifier, le rouge au front, devant les caméras des télévisions.
Il y quelque chose de foncièrement peu déontologique dans la façon dont cette information a été obtenue. Ce sera sans conteste le scoop de l'année, même s'il a été obtenu de façon douteuse.
Vendredi, le Telegraph annonçait avoir dépouillé les notes de frais d'environ 180 députés. La chambre des Communes en compte 646...On a encore beaucoup à apprendre des us et coutumes des lords et milords anglais. Mais surtout, que le mal ne gagne pas la France et les autres pays du monde comme une sorte de virus susceptible de provoquer une pandémie anti-parlementaire. Il est vrai que le système est extrêmement grippé.
Mais je déblogue...
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 07:17

Parfois, il me prend l'envie de publier une chronique qui ne serait faite que d'extraits du contenu de l'une d'entre elles, accompagné dessous de dépêches ou d'articles de presse apportant simplement la preuve que ce qui était... annoncé s'est produit. Malheureusement, je n'en ai pas le temps, et je crains que ça ne fasse un peu trop présomptueux. Et pourtant, le risque pris dans cette compilation, commentée d'informations venant de diverses sources, vaudrait véritablement le temps passé. La vitesse avec laquelle l'opinion dominante oublie les événements est devenue telle que je suis certain que cet exercice serait bénéfique pour bien des lectrices et des lecteurs. Qui, par exemple, se souvient des tonnes de déclarations gouvernementales expliquant depuis des mois que la récession n'était pas à l'ordre du jour, que la France était mieux lotie que tous les autres pays, que le plan de relance était suffisant, que l'Europe secouée par un Nicolas Sarkozy maître du monde allait connaître une relance rapide, que les emplois seraient préservés, que le déficit national serait épongé en deux ou trois ans, que la dette de fonctionnement ne pénaliserait pas le pays... Terrible. Il faudrait des lignes et des lignes pour compiler ces déclarations qui endorment tout le monde comme les contes de fées le font avec les enfants qui ont sommeil.
En fait, le gouvernement et l'omniprésident se contentent d'affirmer, de pérorer, de promettre, de se glisser derrière chaque fait pour laisser accroire qu'ils possèdent une solution miracle permanente. Une sorte de méthode Coué qui tient lieu de ligne politique. Et il serait malhonnête d'affirmer que ce n'est pas efficace. L'art ultime consiste à dire tout et son contraire, à reculer des mois plus tard, à ne faire aucun complexe, à prétendre que la réalité est bien plus belle que la fiction des annonces. La vérité vient donc de plus en plus de l'extérieur, qui scrute la France avec moins de complaisance que ne le font des médias français, aux abois ou aux ordres.
Par exemple pour le Directeur de la Banque mondiale, la crise pourrait déboucher sur une « grave crise humaine et sociale » si des mesures adéquates ne sont pas prises à temps, a estimé, Robert Zoellick, dans un entretien publié hier en Espagne. « Si l'on ne prend pas de mesures, il existe un risque d'arriver à une grave crise humaine et sociale, avec des implications politiques très importantes. Les mesures de relance peuvent être déterminantes », a déclaré cet Américain, au journal espagnol El Pais.
« Ce qui a commencé comme étant une grande crise financière et est devenu une profonde crise économique, dérive aujourd'hui en une crise du chômage », a-t-il ajouté. « Si l'on crée des infrastructures qui mettent les gens au travail, cela peut être un moyen d'associer des défis à court terme à des stratégies à long terme », a poursuivi Robert Zoellick. « A mon avis, dans ce contexte, personne ne sait vraiment ce qui va se passer et le mieux est d'être prêt pour tout imprévu », a-t-il souligné. Erreur fatale : notre gouvernement sait ce qui va se passer, et il réfute toutes les demandes de mise en place rapide d'un nouveau plan de relance favorisant le pouvoir d'achat et la consommation. Point d'urgence, car nous ne sommes pas encore au fond du trou comme d'autres pays de cette merveilleuse Europe du profit et du capital.

LES SANGLOTS LONGS DE L'AUTOMNE
Par zones géographiques, l'Amérique latine s'est maintenue raisonnablement bien, même si le Mexique et l'Amérique centrale sont sous tension, car ils dépendent beaucoup du marché nord-américain. L'Europe de l'Est est dans une situation délicate, en particulier les pays Baltes ou d'autres comme la Roumanie. L'Asie remonte, alors que nous sombrons lentement mais inexorablement. Autres « zones d'ombre », avertit le président de la Banque mondiale: « les dangers liés au protectionnisme et à la dette privée dans le monde émergent, malgré les aides du FMI ». « Et il existe ce que j'appelle le 'facteur X', que l'on ne voit jamais arriver, comme la grippe porcine », a-t-il ajouté. Bien entendu, en France, tous ces facteurs ont été analysés et guident la politique actuelle du gouvernement, exclusivement orientée depuis des semaines sur le volet « financier » de la crise, alors que celui-ci est dépassé. Les milliards mis dans les banques ne sont pas retournés vers le monde économique, et encore moins vers le secteur de l'emploi. Les vacances vont voir fleurir les fermetures d'opportunité d'entreprises ou d'usines, la prolongation des congés, l'effondrement de la consommation, dès que les dépenses obligatoires de la rentrée vont être passées par là. Octobre sera un mois crucial avec des mouvements sociaux de grande ampleur.
La reprise économique va en effet être d'une faible intensité durable, et le chômage ne va pas cesser de continuer à augmenter. Une grande dépression est même fortement envisageable sans pessimisme excessif, surtout si les élections européennes renvoient une majorité politique soutenant Barosso, et la commission actuelle obsédée par la libre concurrence, pourtant en permanence faussée par les déséquilibres sociaux.

L'ARRIVEE DU RSA
Pour l'instant, en France, les deux grandes passions tournent autour de la fin du championnat de football de Ligue 1, le film diffusé par « Femmes Actuelles » montrant « Carlita » coulant un regard de biche à son Chouchou qui travaille dur pour la France, et plus encore les faits divers qui justifient tous les processus liberticides. Pour le reste, on s'est installé dans un « chacun pour soi et la crise pour les autres » qui favorise l'indifférence citoyenne prévue pour le 7 juin prochain. Dans le fond, les prévisions du Directeur de la Banque Mondiale n'égalent en rien le niveau des paris sur le duel entre Bordeaux et l'OM ! Ce n'est tout de même pas ce rabat-joie qui va nous annoncer une catastrophe sociale, alors que les médias dégoulinent de propagande gouvernementale sur les mesures en faveur de l'emploi ! En France, pays libéral qui hait les emplois aidés, puisqu'ils sont contre nature avec la loi du marché, dans quelques jours on va lancer avec fracas et avec ostentation le fameux Revenu de Solidarité Active (RSA) qui remplacera le RMI.
Dans une période où les emplois deviennent de plus en plus rares, où tous les postes de fonctionnaires non créés vont reporter vers d'autres secteurs tous les recalés des concours, où les jeunes vont arriver avec leurs diplômes professionnels dans les Pôles emplois, le RSA va surtout constituer une charge supplémentaire pour les Conseils Généraux déjà frappés de plein fouet par la chute vertigineuse des ressources tirées des droits de mutation. Il permettait (avant la crise) de retrouver un travail plus facilement, selon un rapport publié vendredi, qui soulignait aussi que la reprise d'emploi des plus démunis est fortement affectée par la crise économique.
La publication de cette évaluation intervient à moins de 10 jours de la généralisation dans toute la France du RSA, dont les premiers versements tomberont le 6 juillet. Il garantit aux bénéficiaires de minima sociaux qu'ils ne perdront pas d'argent s'ils reprennent un emploi. Encore faudra-t-il qu'on leur en propose un !

LA PAUVRETE GALOPANTE
La crise sociale menace, car alors que les bénéficiaires de minima sociaux connaissent déjà un très faible taux de retour à l'emploi, l'étude souligne que la crise a, depuis, considérablement aggravé leur situation en faisant chuter les taux de reprise d'emploi aussi bien en zone expérimentale qu'en zone témoin. Si un pic dépassant 4% est observé en juin et juillet 2008 dans les zones expérimentales, le pourcentage tombe à un peu plus de 2% en février, avec l'aggravation de la crise.
Le rapport montre aussi que la progression en 2008 du nombre d'allocataires en emplois avec un faible salaire (moins de 200 euros) est plus forte dans les départements qui ont appliqué le RSA. Moins d'un tiers des emplois occupés par les personnes ayant retrouvé un travail sont des emplois durables (CDI, CDD de plus de 6 mois), 25% sont en CDD de moins de 6 mois ou en intérim, 27% en contrats aidés. Environ 60% des emplois sont dans le secteur marchand... dont on connaît désormais l'avenir à l'échelle mondiale. Les attentes, elles, sont importantes. 3,1 millions de foyers doivent bénéficier du RSA et Martin Hirsch estime qu'il devrait permettre à environ 700.000 personnes de passer au-dessus du seuil du pauvreté, fixé à 880 euros. Il oublie simplement de préciser que le nombre des « pauvres » dans notre pays a augmenté à la même vitesse et que donc si le RSA se plante, c'est une déferlante de précarité qui se produira fin 2009 début 2010.
En fait, le libéralisme économique a atteint ses limites, mais les Françaises et les Français ne s'en sont pas encore aperçus tellement on les gave d'affirmations anesthésiantes. Le RSA, à une semaine des européennes, va contribuer à masquer la dure réalité.
Les plans sociaux qui vont alimenter à terme les listes des bénéficiaires ne viendront que durant les vacances... afin d'éviter d'affoler les électrices et les électeurs. Mais depuis hier, le patron des banques annonce la couleur et elle est véritablement noire !
Mais je déblogue...

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 07:17
De toutes parts les quolibets fusent, les reproches s'amoncellent, les attaques se multiplient : le Parti socialiste ne parlerait pas suffisamment d'Europe alors que le parti présidentiel et ses candidats « officiels », comme ce fut le cas sous Napoléon III (tous les ministres font campagne alors qu'ils ont encore des fonctions ministérielles), eux, se consacreraient à un projet véritablement construit pour l'UE. D'ailleurs, il y a eu un clip pour rappeler opportunément qu'en deux ans, notre immense Président de la République avait fait autant pour la construction européenne que De Gaulle, Giscard et Mitterrand réuni en 30 ans. C'est dire ! Or, il faut bien constater que l'UMP tire les ficelles habituelles de tous les votes nationaux, sans se soucier un seul instant de l'avenir européen. La seule chose qui compte, c'est que Nicolas Sarkozy ne soit pas jugé sur son bilan et que l'UMP arrive en tête avec son socle électoral retrouvé. Une réunion de tous les gens qui squattent 24 heures sur 24 un système médiatique complaisant a d'ailleurs mis en place une tactique, avec des phrases précises, de telle manière que deux thèmes soient sans cesse martelés avant le vote du 7 juin : sécurité tous azimuts et fausse ouverture politique, afin de faire oublier l'ultra libéralisme. On y va donc chaque jour de la valorisation de ces deux thèmes, ce qui permet de clamer que l'on ne parle pas assez d'Europe.
Un  "confidentiel" de l'Express confirme cette tactique découlant des premières attaques du PS sur la notion de sanction d'un bilan... national, mais pas européen. Le fameux clip, en positionnant Nicolas Sarkozy sur le niveau supérieur (message : il est l'égal de ses prédécesseurs et donc déjà entré dans l'Histoire), cherche à éviter que le débat national ait lieu ! On a donc conforté ce positionnement par une réunion tactique, alors qu'au PS on continue à considérer que la « com » doit être instinctive et personnelle, ressemblant à une guérilla, avec des pétoires récupérées sur l'ennemi. D'où l'échec mortel qui se prépare, face à une « armée » organisée, formatée, efficace.

ACTION CONCERTEE
Alors que la campagne pour les élections européennes allait vraiment démarrer avec le deuxième anniversaire de la victoire de Nicolas Sarkozy du 6 mai 2007, l'Elysée a en effet souhaité éviter qu'elle ne se focalise sur le bilan de ces vingt-quatre premiers mois. A l'issue d'une réunion du jeudi, à 7 h 30, autour du secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, et du conseiller à la stratégie, Jean-Michel Goudard, les participants (les ministres Brice Hortefeux, Eric Woerth, Luc Chatel et Nadine Morano, ainsi que le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, et le porte-parole du parti, Frédéric Lefebvre) ont reçu, en toute confidentialité, comme c'est le cas chaque semaine, la feuille de route qui désigne les relais médiatiques pour chaque thème d'actualité. Cette fois, la consigne était générale - "pour action : tous" (sic)- et demandait de combattre l'idée selon laquelle il serait déjà possible d'établir "un bilan" de la présidence Sarkozy au terme des deux premières années. Le PS, face à cette offensive généralisée, a battu en retraite et s'est réfugié dans les montagnes, laissant le champ libre à François Bayrou, car il était incapable de se tourner vers les électrices et les électeurs, puisque essentiellement préoccupé à « s'autoconvaincre » à l'interne.
La consigne du début du mois a été simple : accentuer la communication sur l'insécurité et démontrer que, face à ce fléau qui menacerait le quotidien des Français, on a fait preuve d'une fermeté purement artificielle. Montage en épingle des faits divers dans les banlieues ; satisfaction cachée de la « bavure » de l'arrestation des gamins girondins ayant emprunté un vélo (les déclarations critiques ne se traduiront par aucune sanction !); large écho donné aux graves événements  intervenus dans des établissements scolaires ; montée absurde au créneau,  en retour, du plus dévoué des parachutistes sarkozystes, Darcos, qui a beaucoup à se faire pardonner. Sommet de la démagogie que ses propositions en matière de résolution des problèmes rencontrés, alors que tout le monde prédit que ce sera pire en 2009-2010, avec la saignée dramatique effectuée dans les postes de l'éducation en une période où on en manque pour faire face aux réalités sociétales. Une terrible démagogie, uniquement destinée à répondre à  côté des causes, pour ne traiter que les effets.

DARCOS BON ELEVE
A l'occasion d'une visite le 15 mai au collège François Mitterrand à Fenouillet, où un élève de 13 ans a blessé d'un coup de couteau une enseignante, Xavier Darcos avait réaffirmé sa volonté de "sanctuariser" les établissements scolaires, et évoqué notamment l'installation de portiques de détection à l'entrée de bâtiments. Incroyable : alors qu'il détruit tout le système de l'enseignement public, en supprimant à tout va les moyens humains de surveillance, il se voit d'autant plus aisément investir dans des dispositifs techniques, qui seront payés par... les collectivités locales qui, par ailleurs, fourniront le personnel pour les faire fonctionner. Mais cette annonce absurde, déconnectée de toute réalité, n'est que de l'opportunisme électoral, et comme rares sont les personnes qui évoqueront ce qui ne sera qu'un nouveau transfert de compétences, la pilule dorée passera mieux !
Jeudi, le ministre de l'Education nationale a également émis l'idée de donner la "compétence d'officiers de police judiciaire à des chefs d'établissements, ou recteurs et inspecteurs d'académie" pour qu'ils puissent ordonner des fouilles (sic), et a proposé la création d'une « force mobile d'agents qui (pourraient) intervenir dans les établissements sur des missions de prévention et de contrôle ». Du type de celle qui est intervenue à Floirac face à un enfant de maternelle et un autre de Cours moyen?  Là encore c'est extraordinairement démagogue, mais ce sont les consignes élyséennes, destinées à rassurer le bon peuple de France et notamment les parents du petit Floiracais, auquel on a emprunté le vélo !
Même la Ministre de l'intérieur n'aurait pas imaginé pareilles annonces. Il est vrai qu'elle ne participe pas aux conciliabules du jeudi matin à l'Elysée. Michèle Alliot-Marie souligne que faire des recteurs des "officiers de police judiciaire", lui paraît un "peu compliqué".
« Ce ne sont pas des titres honorifiques, mais des compétences juridiques", observe-t-elle. "Ils sont attribués par l'autorité judiciaire, qui ne plaisante pas avec ses critères. Pour être OPJ ou APJ, il faut passer un concours ou un examen, et être formé très sérieusement », ajoute la ministre, pour qui il faut être « capable physiquement et psychologiquement de s'imposer sans violence ». Quant à la création d'une « force mobile d'agents », elle déclare que « faire de la prévention à l'intérieur des établissements » lui « paraît judicieux ». Mais, dit-elle, "on ne va pas installer des commissariats dans des écoles, ni morceler les forces de police pour créer une brigade spéciale pour chaque problème..."
Peu importe : c'est irréalisable.  Donc, le 8 juin, il suffira d'annoncer que c'est oublié, mais les élections seront passées, et dans les chaumières, on retiendra qu'on a enfin annoncé des « solutions » pour Karchériser les établissements scolaires.

OUVERTURE ALLEGRE
Sur la seconde volonté tactique de marginaliser le PS, on tente de démontrer que, dans le fond, les Socialistes historiques ne sont pas si éloignés que l'on veut bien l'écrire de la politique sarkozyste. Il a donc été convenu de faire monter l'information selon laquelle l'immense talent de Claude Allègre serait bientôt reconnu. Un pied de nez aux Jospiniens, que ce recrutement de poids de celui auquel les Hussards noirs de la République ne pardonneront jamais d'avoir tué les écoles normales d'instituteurs. On lui a demandé de faire part de ses envies irrépressibles de pouvoir, de paraître, d'exister... afin qu'on puisse laisser entendre que cet appel pathétique serait entendu ! Quand les élections européennes seront passées, on en reparlera, mais le mal est fait. D'ailleurs, l'ex-copain du Chef de l'Etat, Nicolas Hulot, déjà roulé dans la farine avec un Grenelle taillé en pièces et sans aucune mesure concrète, a vite réagi, condamnant quasiment les espoirs d'Allègre. Nicolas Hulot estime en effet que la nomination d'Allègre serait « un bras d'honneur aux scientifiques » et « un signal tragique », six mois avant le sommet de Copenhague où doit être conclu un accord mondial sur le climat.
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Copé a déploré pour sa part que le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner ne vienne « jamais » devant le groupe UMP. Une manière de lui rappeler qu'avant les Européennes, il devrait vendre davantage son âme au Diable !
Il avait auparavant mentionné « certains ministres d'ouverture » qui « considéraient qu'ils n'avaient pas à venir devant le groupe UMP alors que d'autres venaient très régulièrement ». Questionné sur la poursuite de l'ouverture lors du prochain remaniement ministériel, il a estimé que « l'ouverture (était) une très bonne idée ». Les Anglais avaient, eux aussi, trouvé que la venue chez eux des Bourgeois de Calais, pieds nus, la corde au cou,  pour implorer leur clémence, était une bonne idée. C'était d'ailleurs le début de la construction européenne !
Préparez-vous ! le flot d'insécurité va déferler durant ces quinze derniers jours. Nicolas va annoncer des mesures et des mesures, des réformes et des réformes : ça ne coûte rien, mais ça rapporte encore gros !
Mais je déblogue...
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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 07:17

La bataille la plus importante autour des Européennes a été lancée en cette fin de semaine, durant un week-end où les Françaises et les Français ont véritablement la tête à se passionner pour les élections. Elle tourne autour des clips... la nouvelle manière de faire de la propagande sans l'avouer car, tous les spécialistes de la communication vous le diront, quand on fusionne publicité et information on ne fait pas autre chose que de la propagande ! Dommage que dans les lycées républicains, plus personne n'explique à l'avenir d'une nation quelles réalités doivent recouvrir les mots suivant : information, publicité, propagande et communication... car ce serait aussi utile que bien des cours ésotériques détachés de l'époque actuelle. En quelques mots, voici la définition exacte et « scientifique » de la propagande, dont la cellule spéciale de l'Elysée, avec son bras armé du service d'information gouvernemental, se fait désormais une spécialité comme d'autres régimes en d'autres temps. La propagande est l'action de diffuser, de propager, de faire connaître, de faire admettre une doctrine, une idée, une théorie politique. Son but est d'influencer l'opinion publique, de modifier sa perception d'évènements, de personnes, de produits, de convertir, de mobiliser ou de rallier des partisans. La propagande prend la forme de campagnes de diffusion d'informations, toujours partiales et déformées, à grande échelle, parfois insidieuses.
La propagande, en tant que stratégie de communication d'un parti, d'un pouvoir politique ou militaire, est à la puissance civile ou militaire ce que la publicité est au secteur des biens marchands. La propagande moderne exploite les connaissances et les techniques de la psychologie et de la communication. Elle privilégie la manipulation des émotions, au détriment des capacités de raisonnement et de jugement.
La propagande est le terme officiel en France pour désigner les programmes et professions de foi dans les campagnes électorales. Le sens moderne du mot propagande, plutôt péjoratif, date de la Première Guerre mondiale. Dans le sens commun, la propagande correspond à la désinformation mise au service d'une cause politique ou d'intérêts particuliers. Les techniques de propagande ne sont pas l'apanage des dictatures, on les trouve également dans les démocraties, sous le nom de « communication politique ». Contrairement aux dictatures, utilisant des moyens coercitifs et le pouvoir militaire, dans les démocraties, les moyens de conquête ou de conservation du pouvoir sont fondés sur la persuasion et s'appuient sur le pouvoir des médias. Imaginez un peu qu'un professeur décortique ces principes, qui sont incontestables et qui servent de base à toute l'action gouvernementale actuelle... Des lycéennes et des lycéens risqueraient de devenir des citoyens lucides, capables d'apprécier ce qu'ils ingurgitent à longueur de journée... et de ne plus être des consommatrices et des consommateurs passifs ! Pour l'instant, c'est un sujet tabou : Darcos est préoccupé par d'autres objectifs afin de distiller, une fois encore, en toute impunité, sa propagande pseudo-sécuritaire !

UMP ET EGALITE REPUBLICAINE
Le Parti socialiste a "exigé" que soit suspendue la diffusion du clip télévisé du gouvernement incitant au vote aux élections européennes. "Ce n'est ni plus ni moins qu'un clip de l'UMP", a estimé le porte-parole du PS, Benoît Hamon, soulignant qu'il "ne comporte aucune image du Parlement européen, et se termine par des images du G20 et de Nicolas Sarkozy sans aucun rapport avec l'élection elle-même. Additionné au fait que dans sa campagne, l'UMP ne distingue pas l'action du gouvernement avec les déplacements des ministres candidats ou encore les meetings du président, trop, c'est trop", a-t-il estimé lors d'un point-presse. Et d'annoncer que le sujet serait abordé avec le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Michel Boyon, lors de la réunion consacrée au décompte du temps de parole du chef de l'Etat. Et dire qu'un homme politique de Gauche peut encore espérer quelque chose du CSA, qui n'est ni plus ni moins qu'une officine de Droite dévouée au Président qui l'a nommée pour cautionner sa politique de... propagande ? C'est de l'inconscience pure, ou de l'esbrouffe, car personne ne peut croire au CSA comme censeur des actes de propagande !
"Le combat commun mené par la droite et par la gauche pour l'Europe depuis des décennies, ça fait partie du patrimoine commun des Français", a répliqué le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, rappelant que le clip montre aussi François Mitterrand, Jacques Delors et Jacques Chirac - (on y voit aussi Robert Schuman, et VGE). Son adjoint Dominique Paillé a accusé le PS de "faire un mauvais procès" : "Le président de la République est le président de tous les Français, il a mené une action remarquable à la tête de l'Europe, saluée par l'ensemble des gouvernements, de gauche comme de droite, des Vingt-Sept, au titre de la France. Il est logique que dans un clip qui veut inciter les Français à aller voter, on retrace cette histoire française que les Français, j'espère, n'ont pas oublié", a-t-il argué sur BFM.
Force est de constater que, dans ce clip chronologique retraçant, sans grande originalité, plus de cinquante années de construction européenne, les brèves images de Nicolas Sarkozy pèsent d'autant plus qu'elles surgissent à la fin et que les spécialistes de l'impact des images sont unanimes pour décoder une « forme intentionnelle d'impression finale visuelle » des millions d'yeux qui absorbent, sans en comprendre la construction, cet outil médiatique.

MESSAGE SUBLIMINAL
On oublie surtout de leur mettre en sous titrage les informations suivantes, que peu de médias (autant écrire pas un) n'a véritablement ajouté à sa description de la critique. On est parfois étonné que personne n'ait fait par exemple référence à la technique de l'image subliminale. Un message subliminal est un stimulus incorporé dans un objet, conçu pour être perçu à un niveau au-dessous du niveau de conscience. Des techniques subliminales ont été utilisées dans la publicité ou la propagande... avec un succès quantifié très précis.
Durant sa campagne électorale de septembre 2000, George W. Bush a fait diffuser un spot télévisé dans lequel le mot « rats » (salaud) était incrusté juste après une photo de son adversaire politique Al Gore. Des internautes avaient aussi repéré, dans un générique de la chaîne américaine Fox 5 News, une photographie du candidat républicain John McCain et de sa femme Cindy. Le cliché n'apparaît que quelques dixièmes de seconde derrière le logo de la Fox. La vidéo, mise en ligne, a suscité une vive polémique sur le web, de nombreux internautes accusant la chaîne, réputée très proche des milieux conservateurs, d'avoir volontairement inséré une image subliminale... Il faut se rappeler par exemple que pendant la douzième édition de l'émission PopStars sur M6 (6 décembre 2001), un téléspectateur affirma avoir détecté trente-trois images de l'appareil photo Kodak Fun.
Le CSA (déjà très efficace) a mené une enquête au terme de laquelle elle a estimé « plausible » l'inadvertance (sic) de cette insertion. Remarquez qu'en République tchèque on a fait encore mieux, sans se poser des questions sur le sujet. Le scandale est venu par la télévision, qui a diffusé un spot électoral explosif en ce début de semaine. Un spot destiné à vanter les mérites du Parti National, l'un des deux partis radicaux qui essayent d'attirer les électeurs extrémistes et racistes. Le programme de ce parti à l'égard d'une communauté régulièrement stigmatisée est simple: employer la "solution finale", une formule employée pour traduire la politique hitlérienne d'extermination des Juifs, des homosexuels et des handicapés, et aussi des Roms. La première phrase de la séquence dit textuellement: "La solution finale de la question tzigane proposé par le Parti National est un mode d'emploi pour tous les états européens." A méditer, car cela n'a rien de subliminal : c'est le pays de la Présidence euroépenne ! Ce peut être une bonne idée de clip !
Mais je déblogue...

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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 07:17

Il faut bien reconnaître que les attaques multiples et variées qui fusent vers l'enseignement laïque, de sa base (maternelle) à son sommet (universités), puisent leurs racines dans un concept politique clair : marchandisation absolue de tous les actes de la vie sociale. Le « service public » est une conception que l'Europe de José Barrosso abomine. Tout doit s'acheter, se payer, se vendre, et la Commission européenne veille à ce que la France s'engage, avec le soutien ravi de l'UMP, dans cette voie. Nicolas Sarkozy, pas à pas, réforme après réforme, discours après discours, voyage après voyage, détruit tout le modèle social français, ce qui rendra probablement la démarche irréversible : il laissera le pays en lambeaux, écartelé, déchiré, parcellisé. En ce qui concerne l'éducation, la source de son projet, inspiré par les maîtres à penser du club de l'Horloge, vient du fameux discours de Latran. Tout a donc été mis en œuvre afin de confirmer les engagements pris ce jour-là vis-à-vis de l'électorat catholique.
« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. » Cette vérité constitutionnelle est précieuse. Le discours prononcé le 20 décembre dernier par le chef de l'Etat au palais du Latran la menace. En condamnant les affrontements qui ont conduit à l'établissement de la laïcité, il demande à notre société de faire demi-tour. Après l'avoir mise en retrait, après l'avoir affaiblie, le chef de l'Etat a pris délibérément le risque de séparer encore davantage notre République de notre société.
« La République a intérêt à ce qu'il existe une réflexion morale inspirée de convictions religieuses », selon le chef de l'Etat. Inspirée de quelles convictions ? « L'Eglise enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l'approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles » a déjà répondu, en juillet 2003, Joseph Ratzinger; vous savez, celui qui démontre une vision très humaniste de la société : le préservatif, les dignitaires négationnistes, les intégristes, l'avortement des fillettes violées... Depuis, on a pu vérifier que, de ce côté-là, la République avait des leçons à prendre de la part des religions et notamment celle que défend le Chanoine de l'Elysée.

LA BASE DE TOUT
A Latran, Nicolas Sarkozy avait tenu un discours sans ambiguïté, dont on ferait bien de se souvenir ce matin.
« La foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature. [...] Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est un fait incontournable dans notre pays. [...] Elle est devenue une condition de la paix civile. Et c'est pourquoi le peuple français a été aussi ardent pour défendre la liberté scolaire que pour souhaiter l'interdiction des signes ostentatoires à l'école. Je partage l'avis du Pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l'espérance est l'une des questions les plus importantes de notre temps. Un homme qui croit, c'est un homme qui espère. Et l'intérêt de la République, c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent.
La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n'ont pas rendu les Français plus heureux. J'appelle de mes voeux l'avènement d'une laïcité positive, c'est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais comme un atout.
Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. »
Cette dernière phrase n'a pas soulevé l'indignation des parents des élèves confiés à l'enseignement public, comme ceux qui avaient des enfants dans diverses institutions. Et pourtant, il résume à lui seul le mépris absolu que le Chef de l'Etat a pour les enseignants du public. « L'instit' » d'antan est son épouvantail, son ennemi intime, son obsession : il faut le détruire ! Il fallait ensuite le démontrer. On a laissé à Bernard Kouchner le soin de revaloriser l'enseignement religieux mais surtout catholique.

UN DON DU CIEL
Le ministre des Affaires étrangères et européennes a en effet reçu, le 18 décembre denier avec les honneurs dus à son rang, Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats. A cette occasion, ils ont signé un accord sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l'enseignement supérieur entre la France et le Saint-Siège, dans le cadre de la Convention de Lisbonne du 11 avril 1997 et du processus de Bologne.
Cet accord a pour objet de reconnaître " 
la valeur des grades et des diplômes canoniques (théologie, philosophie, droit canonique) ou profanes délivrés par les établissements d'enseignement supérieur catholiques et reconnus par le Saint-Siège, et de faciliter les différents cursus universitaires. »
Vous avez bien lu : « et profanes » car c'est là la clé de la visite. La catégorisation selon laquelle il existerait des diplômes d'enseignement supérieur canoniques par opposition à d'autres n'ayant pas cette qualité est donc inscrite dans la logique de l'action exécutive et, sans doute, dans l'accord. Il convient cependant de rappeler que l'adjectif qui s'oppose à profane n'est pas « canonique », mais « sacré » ;quant à celui qui s'oppose à canonique, c'est « apocryphe ». Ainsi verrait-on apparaître des diplômes universitaires canoniques et sacrés et d'autres diplômes profanes et apocryphes (on les dirait presque vulgaires). Or, la loi française n'a nullement prévu une telle distinction. On l'a bien remarqué : cette distinction nouvelle, qui va de pair avec une « reconnaissance », ne concerne que l'enseignement supérieur catholique, car on ne sache pas que l'Etat du Vatican ait vocation a représenter la totalité de l'enseignement supérieur privé, ni même l'intégralité de la théologie en tant que science sociale. Or, à ce titre, et au regard des lois régissant l'enseignement supérieur privé, un tel accord est contraire au principe d'égalité, qui ne différencie pas les religions assurant éventuellement cet enseignement.
Par ailleurs, il est clair que cet accord constitue une atteinte directe au monopole de la collation des grades par l'Université au nom de l'Etat. Enfin et surtout, la plupart des commentateurs ont mis en évidence sa caractéristique essentielle : une telle reconnaissance s'oppose au principe de laïcité de la loi de 1905, selon lequel l'Etat ne reconnaît aucune religion, que ce soit pour l'exercice du culte ou pour celui des activités connexes (qui tendent curieusement à se multiplier comme le montrent les arrêts du Conseil d'Etat en matière fiscale). On commence à voir combien le curé, l'imam ou le pasteur finiront bien un jour ou l'autre par être supérieurs à l'instituteur pris au sens générique du terme. C'est entré dans le faits.

UN BEL EXEMPLE DE SUPERIORITE MORALE
Quand à la question de la morale, les religieux sont parfaitement placés, car leur attitude est exemplaire. Dommage que hier en Irlande soit sorti un rapport accablant sur le travail éducatif effectué par des congrégations religieuses bien pensantes. Une commission d'enquête irlandaise a publié un véritable réquisitoire, dénonçant des décennies d'abus sexuels, parfois « endémiques », survenus à partir des années 1930 dans les institutions pour enfants, dirigées par l'Eglise catholique, accusée d'avoir gardé « le silence ».
Après neuf ans d'enquête auprès de plusieurs centaines d'écoles et institutions de l'île et plus d'un millier de victimes interrogées, la Commission, créée par le gouvernement en 2000, a rendu un rapport de 2.500 pages qui accable l'Eglise catholique, toute-puissante dans l'île, mais également le ministère de l'Education.
« Les abus sexuels étaient endémiques dans les institutions pour garçons », écrivent les auteurs du rapport, précisant que les filles étaient quant à elles « soumises à des abus sexuels (qui) n'étaient pas érigés en système ». Pendant la période concernée, de 1936 à la fin des années 90,
« les autorités religieuses savaient que les abus sexuels étaient un problème persistant dans les institutions religieuses masculines ».
L'Eglise catholique « n'a pas écouté les personnes qui se plaignaient d'abus sexuels survenus par le passé ou ne les a pas crues en dépit de preuves recueillies dans des enquêtes policières, de condamnations criminelles ou de témoignages ». Les abus sexuels commis par des membres des ordres religieux étaient « rarement portés à l'attention du ministère de l'Education par les autorités religieuses en raison d'une culture du silence », regrette la Commission d'enquête. « Quand le personnel religieux commettait des abus, le problème était plutôt traité avec des procédures disciplinaires internes et avec la loi canonique. La Gardai (police irlandaise, ndlr) n'était pas mise au courant » ajoute-t-elle, soulignant que « des hommes ayant déjà commis des abus sexuels quand ils étaient membres d'ordres religieux continuaient à exercer en tant qu'enseignants ». Le rapport stigmatise également le ministère de l'Education qui, « dans les rares occasions où il était informé, se rendait complice du silence »
Au fait, qui a déclaré sur la scène internationale : « Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur» ?  Soyez rassurés, dès aujourd'hui l'Elysée va démentir, et publier un communiqué indigné sur les résultats du rapport irlandais, et annoncer que les suppressions des milliers de postes prévues dans l'enseignement public seront annulées.
Mais je déblogue...

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 07:17

C'est à croire que ce gouvernement, qui a mis la main sur tous les rouages de l'Etat, veut absolument démontrer que nous entrons dans une ère post républicaine et que tout le monde, quel que soit son niveau social a intérêt à en tenir compte. Il n'y a plus aucune retenue et de jour en jour, sous l'influence d'un système de propagande extrêmement méticuleux, nous dérivons vers des abus que personne n'aurait tolérés en d'autres temps. La tendance ultra sécuritaire voulue par une opinion dominante gavée d'approximations par des télés ou des journaux aux abois sur leur « rentabilité » a généré un climat extrêmement dangereux. Désormais, il faut du chiffre, de l'efficacité, de la frime, pour satisfaire des citoyens incapables de réfléchir et de simplement se dire qu'un jour ce sont eux qui figureront dans les rubriques concernées, car dans ce cas-là, la tendance est extrêmement facile de s'en prendre aux... plus faibles, aux plus faciles à inscrire au tableau de chasse. Souvenez vous de ce poème de Jacques Prévert intitulé la « chasse aux enfants » Ce poème évoque la mutinerie d'août 1934, dans une maison de redressement.
Après que les moniteurs aient tabassé un pupille, les jeunes détenus se sont soulevés et enfuis. Une prime de 20 francs a été offerte à quiconque capturerait un fugitif. Cette mutinerie a déclenché une campagne de presse demandant la fermeture de bagne d'enfants... il pourrait être repris par tous les élèves de toutes les classes de France après ce qui a été constaté dans une école de Floirac en Gironde. Tout instituteur qui possède encore un brin d'esprit républicain devrait le lire devant ses élèves, sans aucun autre commentaire que celui de relater les faits qui viennent de se produire devant le groupe scolaire Louis Aragon, vous savez, l'ami d'Eluard qui a écrit « j'écris ton nom Liberté ! ».
(...) Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pourchasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Si l'on a viré des Préfets car ils ne remplissaient pas les quotas en matière d'expulsions, d'étouffement des bruits des manifestations, de résultats électoraux, d'incompatibilité d'humeur avec un élu d'importance, un manque d'ardeur dans l'application des réformes on pourrait aussi penser à celles et ceux qui se croient investi d'une mission allant au-delà de principes républicains. Incroyable série de faits qui démontre un mépris absolu des principes sur la liberté, l'égalité, la fraternité. En acceptant la chasse aux enfants, on finit par tuer une société !

DEVANCER L'APPEL
Pour avoir conscience de ces tristes réalités il faut absolument rassembler des faits apparemment anodins. D'abord, il y a eu cette tentative de Rachida Dati de criminaliser les enfants de plus de 12 ans. Il faudrait peut-être se souvenir de ses déclarations qui prennent tout à coup un sens particulier. La commission sur la réforme de la justice des mineurs, avait remis à la garde des sceaux son rapport, libellant la suggestion d'infliger des sanctions pénales aux jeunes délinquants, dès l'âge de 12 ans en cas de crime ; l'idée avait convaincu Rachida Dati, qui avait "validé" cette proposition : "Ce serait une innovation importante dans notre droit, elle mérite d'être examinée avec beaucoup d'attention (...); sanctionner ne veut pas dire emprisonner (...); les juges pour mineurs doivent pouvoir disposer d'une palette de réponses adaptées qui vont jusqu'à l'incarcération (...). Dire qu'un mineur d'aujourd'hui peut justifier une sanction pénale à partir de 12 ans me semble simplement correspondre au bon sens", a déclaré entre autres, la ministre de la justice au cours de son intervention de circonstance, lors de la réception dudit rapport. Il existe donc des fonctionnaires qui ont enregistré le signal et qui font le maximum pour démontrer que ces mesures pouvaient être parfaitement appliquées.
Une question de "bon sens" pour la ministre de la justice, sévèrement critiquée par les magistrats récemment. Rachida Dati avait estimé qu' "un mineur a besoin d'autorité", qui devait "être exercée avec autant de fermeté que d'humanité". Rien de choquant donc, de fixer la majorité pénale en France à 12 ans, car la décision correspond à la moyenne appliquée par "les voisins" - 10 ans en Suisse et en Angleterre, 12 aux Pays-Bas, 14 en Allemagne, Espagne, Italie, et l'idée avait été approuvée par le Comité des droits de l'enfant de l'ONU en 2007 a fait savoir la ministre. Les policiers girondins ont donc mis en œuvre une loi qui... finalement a été abandonnée mais qui est restée dans certains esprits. Arrestation ostentatoire, garde au commissariat injustifiable, échec total sur le motif puisqu'il était totalement faux... peu importe, on est dans le symbole. Rachida Dati a une illustration des dégâts produits par des positions outrancières : 6 policiers et deux voitures pour arrêter deux gamins criminels potentiels! Ouf on est sauvé !
A six ans on peut vous infliger un sort que l'on ne réserve pas aux puissants pour des faits avérés que l'on juge probablement moins graves. Mise en garde à vue de cyclistes éméchés, sanction à l'égard d'une conductrice qui fume, à l'arrêt, au volant de son automobile, amendes constantes pour des dépassements de 3 ou 4 kilomètres des vitesses autorisées : les statistiques d'affaires résolues et surtout d'infractions constatées s'améliorent partout. On met même les bébés dans les centres de rétention : ça fait un point de plus sur la route de la reconnaissance officielle de mérites !

EXCES DE ZELE ?
Ce climat délétère s'installe dans un société qui hurle avec les loups. La sévérité de classe gagne tous les rouages avec des fonctionnaires dont le zèle dépasse l'entendement. Par peur, par lâcheté, par connivence, par souci de plaire, par conviction personnelle, beaucoup oublient qu'au-dessus des consignes il y a les consciences. Et dans ce domaine là il semble bel et bien que certains aient été victimes d'un lavage sarkozyste des cerveaux. Leur trouille de se voir sanctionnés, de voir leur carrière brisée, de constater que leurs primes ont baissé, de se fâcher avec leurs chefs est telle qu'ils devancent les souhaits inavoués du pouvoir. En fait, on entre dans une période tellement terrible que tout devient possible. C'est devenu tellement voyant que même les responsables de l'UMP ne peuvent plus le nier.
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a qualifié par exemple hier de « malheureux excès de zèle » la procédure judiciaire contre un homme qui avait crié « Sarkozy je te vois ! » à des policiers effectuant un contrôle de police en gare Saint-Charles à Marseille. « Ni le président de la République, ni le ministre de la Justice n'étaient informés de cette procédure, puisqu'elle a été initiée par le tribunal de police compétent en la matière », a déclaré ce brave Chatel en rendant compte devant la presse des travaux du Conseil des ministres. Mais diable, il y a bien des autorités placées sous la responsabilité directe du gouvernement qui ont pris cette décision! Les policiers ne dépendent-ils pas d'un Préfet, d'un Ministre ? Les procureurs nommés par le Président dans les faits ne sont-ils pas redevables de leurs exagérations ? Le parquet n'a-t-il pas autre chose à faire que de juger un brin d'humour dans un régime républicain ? A combien évalue-t-on « casse toi pauvre con » lancé en public à un citoyen ordinaire ? Qui osera déplacer l'un d'entre eux pour excès de zèle ?
« Et en ce qui me concerne, j'ai le sentiment que l'on a plutôt à faire à un malheureux excès de zèle qu'à autre chose », a-t-il ajouté. L'officier du ministère public a en effet bravement requis mardi une amende de 100 euros contre un professeur de philosophie (n'est-ce pas hautement symbolique ?) qui, le 27 février 2008, était passé à proximité de deux policiers en plein contrôle d'identité et avait crié "Sarkozy, je te vois". Heureusement qu'à Floirac, lorsque les enfants sont partis dans le fourgon de police, personne n'a crié « Sarkozy je te vois... » car il aurait aussi, compte tenu du climat actuel, terminé à poil en garde à vue au commissariat, avec un contrôle d'alcoolémie, la vérification de ses papiers, un test ADN et une inscription au fichier Edvige .
Mais je déblogue...

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 07:17
Le Parti socialiste découvre le supplice de l'étau ou des chaussures de fer que l'on réservait aux supposés hérétiques en période inquisitoriale. Cette torture consistait à serrer de plus en plus fort l'espace initial où l'on avait placé ses pieds destinés à la marche en avant. Les socialistes découvrent en effet chaque jour davantage que ,de tous les côtés, on les réduit à la portion politique congrue. Sur leur droite, la vis est méthodiquement tournée par un François Bayrou omniprésent dans les médias comme ce fut le cas lors des présidentielles, et sur sa gauche deux bourreaux s'évertuent  à le pressurer pour transformer son électorat en peau de chagrin : Mélenchon et Besancenot ! Dans un tel contexte, le repli sur soi, sur ses souffrances, et son incapacité à sortir du piège, devient inévitable. D'autant que derrière ce processus, on devine sans cesse la main de l'Elysée.
En effet, les tacticiens Sarkozytes extrêmement habiles, ont monté une opération millimétrée consistant à sécuriser d'abord, par diverses annonces, et une méthodique tournée des popotes UMP, la Droite basique qui ne changera jamais d'avis et qui tourne en France à un tiers de l'électorat. Ensuite, valoriser au maximum les rivaux potentiels du PS en les laissant libres de faire monter la mayonnaise anti-Sarkozy. De cette manière, les voix vont se concentrer sur... les listes européennes marginales, et réduire fortement l'impact socialiste. Rappelons pour la petite histoire politique que s'il y a des accord électoraux envisageables pour les Régionales (listes à la proportionnelle), ils devront être calculés sur la base des scores réalisés le 7 juin prochain ! Il ne sera visiblement pas facile de répartir les postes à gauche. A droite, ce sera infiniment plus facile, car le Modem dont le chef vitupère sur le Président de la « République UMP » laissera ses troupes, à la base, faire amis-amis avec les leaders déjà désignés dans chaque région. Personne de lucide ne peut en effet nier que si médiatiquement François Bayrou est soit-disant le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, localement, ses rares militants s'accommodent fort bien d'alliances dites de gestion avec l'UMP. Si, par exemple, on prend l'opposition de Droite au Conseil Général de la Gironde, elle peut compter sans failles sur les voix Modem !
Enfin, il est indispensable de laisser le champ libre à Besancenot  en « le » présentant comme un révolutionnaire intransigeant, beaucoup plus « dangereux » que des socialistes empêtrés dans leurs divergences internes. Cette stratégie politique, qui renforce artificiellement la « radicalité » du NPA, permet dans le même temps de marginaliser le PS et de compacter la peur de l'électorat UMP. Du « gagnant-gagnant » pur sucre !

TAPIE ET BAYROU
Martine Aubry voit se profiler un score un peu supérieur à celui de Michel Rocard en juin 1994. Il avait choisit d'être tête de liste aux élections européennes durant lesquelles il dut subir la concurrence de la liste radicale d'un certain Bernard Tapie. À la suite du mauvais score de sa liste (14%), une coalition Emmanuelli-Fabius l'avait mis en minorité au Conseil national du PS, et l'avait contraint à démissionner de son poste de Premier secrétaire le 19 juin. Bernard Tapie avait tout simplement joué le rôle de... François Bayrou, avec des listes médiatiques regroupant des vedettes diverses qui avaient capté les voix d'un Peuple déjà subjugué par le bling-bling.
La première secrétaire nationale du PS a donc intérêt à se sortir très vite par le haut de la nasse. Après les atermoiements de la campagne qui a fait passer la communication socialiste du vote « sanction » contre Nicolas Sarkozy au vote « efficace » en faveur des listes PS, tous assurent que cela était en fait très calculé. « Nous entrons dans une nouvelle phase de la campagne. Maintenant que l'idée du vote sanction est installée, on passe aux propositions », raconte un proche de Martine Aubry.
Cette dernière en a présenté, hier, une partie dans les quartiers nord de Marseille où elle rencontrait les responsables associatifs de la cité, dans une salle de boxe thaïe. « Si, le 7 juin, les socialistes renversent la majorité au Parlement européen, dès le 8 juin, nous nous sommes mis d'accord avec les 27 PS européens pour un plan de relance à 100 milliards d'euros. Si ce n'est pas le cas, MM. Sarkozy et Gaudin continueront comme avant », a lancé la première secrétaire du parti. Dans la campagne européenne, l'objectif des socialistes est désormais d'engager la confrontation directe avec l'UMP pour polariser le débat autour des deux formations. On oublie Bayrou que l'on tente, en musclant l'affrontement, de marginaliser comme un vulgaire opportuniste ayant découvert, pour son image personnelle, qu'il devait monopoliser le duel avec Sarkozy, ce qui agace fortement l'intéressé, qui n'aime pas cet adversaire dont il a bien peur d'avoir besoin lors des Régionales !

SONDAGE ANNONCIATEUR
Dans un tel contexte, les sondages s'en donnent à cœur joie. L'UMP avance en tête des intentions de vote avec 28% des intentions de vote, contre 27% il y a une semaine, selon le baromètre OpinionWay réalisé pour... TF1, LCI, Le Figaro et RTL, diffusé hier. Le PS perd du terrain (21% contre 22%). Une manière de vérifier que le piège fonctionne parfaitement.
A la question « si les élections européennes avaient lieu dimanche prochain, pour laquelle des listes suivantes y aurait-il le plus de chances que vous votiez? », 28% des personnes interrogées répondent UMP (+1% par rapport au 12 mai) et 21% PS (-1%). Le Modem est troisième avec 13% (inchangé), suivi d'Europe Ecologie, 10% (+1%) dont on ne parla pas beaucoup mais qui « laboure » le terrain, avec José Bové en vedette non américaine !
Le NPA et le Front national recueillent chacun 6% des intentions de votes, reculant tous les deux d'un point. Ils sont suivis de Libertas (MPF-CPNT) 5,5% (+0,5) et du Front de Gauche (PCF-Parti de Gauche) 5% (inchangé).
Lutte ouvrière (inchangé) et l'Alliance écologique indépendante (+1) obtiennent 2% et Debout la République 0,5% (-0,5). L'ensemble des "autres listes" totalise 1%. En fait, si on cumule les scores de la Gauche dite de « gouvernement », on arrive à 37 % ce qui rend Bayrou incontournable pour dépasser les 50 % et lui donnera la légitimité pour faire ou défaire une élection ! Le problème, c'est que pour les régionales le dilemme va être shakespearien ! Autant de sondés disent vouloir voter en fonction des enjeux nationaux (49%, -4) qu'en fonction des enjeux européens 49% (+4). 2% ne se prononcent pas et on peut prédire que ce sera identique dans quelques mois. Pour 45% (inchangé), donner son opinion sur l'action du président et du gouvernement ne sera pas l'essentiel, alors que 36% (-3) voudront exprimer leur « insatisfaction vis à vis de l'action du président de la République et du gouvernement », et 16% (+2) voudront exprimer leur « soutien » à cette action. 14% (=) des personnes interrogées voudront exprimer leur accord avec la manière dont est dirigée l'Union européenne, 38% (-3) leur désaccord et 44% (+1) ne voteront pas en fonction de la manière dont est dirigée l'UE. Les politiques peuvent s'époumoner : la résignation est telle que l'évolution de ces scores devraient être faible. L'espace socialiste risque donc de se transformer en une flaque d'eau sous le soleil, au niveau national comme au niveau européen !

COUPER L'HERBE SOUS LES PIEDS
Afin de réduire encore plus cette place du PS sur l'échiquier politique national, Nicolas Sarkozy utilise tous les moyens médiatiques en sa possession. Il se complait à brouiller au maximum les cartes avec un malin plaisir. Ainsi, en janvier 2008 : grande conférence de presse de Nicolas Sarkozy. Une journaliste demande  au chef de l'Etat s'il souhaite que « cette année soit celle de la fin des 35 heures ». Réponse sans ambages du président : « pour dire les choses comme je les pense, oui ». Le Premier ministre François Fillon enfonce le clou quelques heures après, en déclarant à l'Assemblée nationale que les 35 heures sont « l'une des erreurs économiques et sociales les plus graves qui aient été commises dans notre pays depuis 25 ans ».
Mai 2009 : les 35 heures sont toujours là. Hier à Urmatt (Bas-Rhin), le président Sarkozy a clairement nuancé sa position. « Le problème n'est pas les 35 heures en soi. Le problème, c'est qu'elles aient été imposées au pays, seul dans le monde », a-t-il affirmé. Une déclaration qui va à l'encontre même... de son programme de campagne, dans lequel il prévoyait la fin des 35 heures. La durée légale reste toujours en effet identique à celle décidée en 1997, même si de grandes facilités de dérogations ont été instaurées : le fameux « travailler plus pour gagner plus » avec des heures supplémentaires, exonérées de cotisations et d'impôts sur le revenu. La loi sur le temps de travail donne pratiquement toute latitude aux entreprises pour augmenter et organiser le temps de travail, sous réserve d'un accord avec les syndicats ou représentants du personnel.
Le 29 novembre dernier, Nicolas Sarkozy intervenait à la télévision pour expliquer la réforme du temps de travail. « La question pour moi n'est pas de supprimer les 35 heures, mais d'arriver au plein emploi, je ne veux pas revenir sur un acquit social », disait-il. Pourquoi de tels revirements ? D'abord parce que les 35 heures se sont ancrées dans le mode de vie des Français. Par ailleurs, la crise économique a paradoxalement remis au goût du jour la réduction du temps de travail : les jours de RTT ont permis dans un premier temps à beaucoup d'entreprises de retarder licenciements ou chômage partiel, même s'ils n'ont pas tous été évités. Et il faut provisoirement enlever un argument de campagne aux socialistes, en affirmant que, dans le fond, ce qu'ils risquent d'annoncer ne tient pas face au « néo-socialisme » sarkozyste. D'ailleurs, Claude Allègre et Bernard Kouchner qui l'ont compris voteront UMP aux européennes. Si ce n'est pas une preuve, ça !
Mais je déblogue...
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