11 novembre 2007
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18:00
Lorsque j’étais élève du cours moyen, dans une classe où, bien évidemment cohabitaient pour le bonheur des élèves de multiples niveaux, j’écoutais toujours attentivement, le samedi après-midi les leçons de vie que le maître donnait aux " fins d’études ". Il avait en charge d’accompagner celles et ceux qui n’iraient plus à l’école après une candidature plus ou moins réussie au Certificat d’études primaires. Il ne s’agissait pas pour lui de transmettre un savoir abstrait mais de les préparer à une existence simple avec des repères élémentaires. C’est ainsi qu’il insistait beaucoup sur la santé et notamment sur les dangers de la tuberculose avec des livres où l’on voyait, sur des photos grises, des enfants alités au soleil au sanatorium.
Ce mot savant pour un lieu inconnu résonnait dans la classe car il portait en lui toute la peine d’une famille qui était obligée de se séparer d’un enfant pour l’envoyer tenter d’enrayer une maladie redoutée. Le tuberculose, présentée comme un fléau des villes, était désignée comme l’ennemi mortel. Le maître vantait alors les mérites de ces savants qui avaient inventé le BCG et nous participions avec une certaine appréhension à cet exercice redoutable à des séances communales de vaccinations où les pleurs accompagnaient le déplacement vers la mairie. Il y avait ensuite ces scarifications faites avec une plume sur nos bras plus ou moins potelets afin de vérifier si nous étions bien immunisés. J’évoque cette période pour montrer que selon les époques des maladies entraient massivement dans le quotidien des gens. Calmettes et Guérin par la découverte de leur bacille
Ce mot savant pour un lieu inconnu résonnait dans la classe car il portait en lui toute la peine d’une famille qui était obligée de se séparer d’un enfant pour l’envoyer tenter d’enrayer une maladie redoutée. Le tuberculose, présentée comme un fléau des villes, était désignée comme l’ennemi mortel. Le maître vantait alors les mérites de ces savants qui avaient inventé le BCG et nous participions avec une certaine appréhension à cet exercice redoutable à des séances communales de vaccinations où les pleurs accompagnaient le déplacement vers la mairie. Il y avait ensuite ces scarifications faites avec une plume sur nos bras plus ou moins potelets afin de vérifier si nous étions bien immunisés. J’évoque cette période pour montrer que selon les époques des maladies entraient massivement dans le quotidien des gens. Calmettes et Guérin par la découverte de leur bacille
étaient des héros invisibles au moins aussi connus que Kopa et Fontaine. Les conseils pratiques succédaient sur la manière dé détecter un enfant porteur éventuel du mal insidieux qui rongeait ses poumons.
La vision était schématique mais elle suffisait pour une mis en alerte potentielles. Il arriva pourtant un moment où ce combat que nous concrétisions chaque année par la vente massive de l’incontournable timbre " anti-tuberculeux " dans le village s’estompa. On ne parla plus de la tuberculose car le fléau fut enrayé. Du moins le croit-on !
On compte en effet, en 2007, dans le monde une nouvelle infection par le bacille tuberculeux chaque seconde. Un tiers de la population mondiale est actuellement infecté par la tuberculose. De 5 à 10 % des sujets infectés développent la maladie ou deviennent contagieux au cours de leur existence. Les personnes infectées à la fois par le VIH du sida et le bacille tuberculeux sont beaucoup plus susceptibles de développer la maladie et alors que la tuberculose est soignable, elle tue plus de 1,5 million de personnes tous les ans, notamment parmi les malades du sida qui ont un système immunitaire est déficient. Un chiffre qui pourrait fortement augmenter avec l’apparition dans de nombreux pays de formes multirésistante (MDR-TB) et de tuberculose ultrarésistante (XDR-TB).
Les malades atteints de ces nouvelles formes de tuberculose ne réagissent plus aux médicaments prescrits dans les premières phases de la maladie. Extraordinaire retournement qui voit désormais les pays occidentaux riches craindre des infections sur leur sol alors que les cas annuels se comptaient sur les doigts d’une seule main
UNE RESISTANCE TERRIBLE
La tuberculose multirésistante est une forme qui n’est plus sensible au moins aux deux principales molécules utilisées dans le traitement de première ligne : la rifampicine et l'isoniazide. On parle même désormais de tuberculose ultra-résistante en cas de résistance non seulement à la rifampicine et à l’isoniazide, mais aussi à certaines des molécules utilisées dans le traitement de deuxième ligne (au minimum, un antibiotique de type fluoroquinolone et un des trois médicaments injectables, la kanamycine, l’amikacine ou la capréomycine. Mèdecins sans Frontières s’alarme de cette situation d’autant qu’elle se combine avec la montée en puissance du Sida.
Selon l’OMS, le virus VIH du sida et la tuberculose accélèrent mutuellement leur progression, et forment ainsi une association meurtrière. Le sida affaiblit le système immunitaire. Une personne positive qui est aussi infectée par le bacille a beaucoup plus de risques de contracter la tuberculose qu’une personne infectée par le bacille mais qui est négative au VIH. Ce constat préoccupe beaucoup les épidémiologiste qui voient arriver une contamination extrêmement fulgurante que la planète n’aurait jamais rencontrée.
La tuberculose est une cause majeure de mortalité chez les malades du sida. Elle est responsable de 13 % environ des décès liés au sida dans le monde. En Afrique, le VIH est le principal déterminant de la hausse de l’incidence de la tuberculose observée ces dix dernières années.
Pour les organisateurs du congrès sur ce thème, il y a donc un besoin urgent de développer un vaccin contre la tuberculose, mais aussi de mettre au point de nouveaux médicaments et des outils de diagnostics contre cette maladie qui est la première cause de mortalité pour les quelque 24,7 millions de malades du sida vivant en Afrique sub-saharienne. La tuberculose touche un tiers de la population mondiale. Cinq à dix pour cent des personnes infectées par la tuberculose font des rechutes à un moment de leur vie. Chaque année, plus de 8 millions de personnes tombent malades de la tuberculose. Pour des raisons à la fois de recul économique, de détérioration des systèmes de santé, de l'application insuffisante des mesures de lutte contre la tuberculose, de la propagation du Sida cette statistique ne va faire que croître. Imaginez un peu : on estime qu'entre 2000 et 2020 près d'un milliard de personnes contracteront la tuberculose, 200 millions tomberont malade de la tuberculose et la tuberculose emportera au moins 35 millions de vies !
UN FLEAU POUR LES FEMMES
C’est une cause majeure de décès chez les femmes en âge de procréation, et on estime que la maladie cause davantage de décès parmi ce groupe que l'ensemble des causes de mortalité maternelle. Elles ont moins d'occasions que les hommes de se faire tester pour la tuberculose et de se faire traiter, et ont également moins de chances de développer une infection De nombreux obstacles les empêchent d'accéder aux services de santé.
Les femmes ne peuvent souvent pas quitter leur foyer et leur travail, ou peuvent avoir besoin de la permission de leur famille pour aller dans un dispensaire ou pour payer leur traitement et elles ont souvent la charge à la fois du travail domestique et de leur propre maladie. La pauvreté, le manque de services de santé de base, la malnutrition et les conditions de vie inadaptées, tout cela contribue à la propagation de la tuberculose. De même, la maladie et les décès dus à la tuberculose renforcent et aggravent la pauvreté dans bien des communautés. En moyenne, un patient atteint de la tuberculose perd trois à quatre mois de temps de travail en raison de sa maladie. Le manque à gagner peut aller jusqu'à 30% du revenu annuel du foyer. Certaines familles perdent 100% de leur revenu ce qui renforce en plus la précarité globale du groupe autour de la personne malade. Personne n’imagine la réalité de ce mal dans les pays sous-développés que désormais nous ignorons totalement sauf quand leur sous-sol recèle des matières premières indispensable à notre avenir. Dans une France n’ayant plus suffisamment de croissance pour satisfaire ses propres besoins il est devenu en effet extravagant d’imaginer une véritable politique de solidarité internationale de développement.
L'infection tuberculeuse peut pourtant être prévenue, traitée et endiguée. L'Organisation mondiale de la Santé recommande de recourir à une stratégie de détection et de soins appelée " DOTS ". Cette stratégie associe cinq éléments : engagement politique, services d'examen microscopique, approvisionnement en médicaments, systèmes de surveillance et utilisation de schémas thérapeutiques hautement efficaces sous surveillance directe.
Les médicaments pour la thérapie peuvent revenir à 10 dollars par personne seulement pour l'ensemble du traitement (six à huit mois) et donne de bons résultats. Son taux de réussite va jusqu'à 80% dans les pays les plus pauvres ; elle empêche les nouvelles infections en soignant les malades infectés. On a estimé qu'il fallait un financement supplémentaire de 30 millions de dollars pour pouvoir faire face à l'épidémie dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Mais qui va les rassembler ?
NOUS SOMMES AUSSI TOUCHES
En France, cette maladie à déclaration obligatoire est surveillée avec attention par les autorités sanitaires et en 2005, 5 374 cas de tuberculose ont été signalés dans l'hexagone d'après l'Institut de veille sanitaire. Ces nombres masquent toutefois des disparités régionales et l'existence de groupes à fort risque. En effet, les grandes métropoles et notamment Paris concentrent un nombre important de malades : l'incidence y était 5 fois la moyenne nationale. Les groupes à risque sont constitués par les populations précarisées, les personnes migrantes dites transplantées, c'est à dire arrivées récemment, provenant de pays à forte endémie, les personnes séropositives et celles vivant en milieu carcéral.
A l'occasion de la Journée Mondiale de la Tuberculose du 24 mars 2004, l'Institut de veille sanitaire tirait la sonnette d'alarme : " la tuberculose demeure un problème de santé publique non résolu ou en progression dans de nombreux pays de l'UE élargie et dans les pays voisins de l'ex-Union Soviétique ". Cette situation justifie plus que jamais un renforcement des programmes nationaux de lutte qui, bien conduits, ont prouvé leur efficacité. Ces programmes doivent s'appuyer sur une surveillance épidémiologique tant au plan national qu'européen pour suivre la dynamique d'évolution de la maladie.
Mon maître aujourd’hui décédé qui motivait avec passion sa classe pour les vaccinations, les observations essentielles dans ces milieux familiaux déshérités du monde agricole, les gestes qui, sans sauver, pouvaient au minimum éviter les drames aurait bien du mal à imaginer que nous en soyons revenus en une époque aussi préoccupante. En excluant les immigrés de systèmes de santé à cause de leur angoisse de se faire interpeller au moment des consultations ou de soins, en laissant ces familles vivre dans des lieux insalubres, en refusant de voir les causes réelles de l’immigration (le fondement de ces mutations ne sont jamais présentées) la politique spectacle actuelle masque une triste réalité. Contrairement à ce que laisserait croire notre monde de progrès, nous revenons en arrière dans le domaine de la santé basique.
Mais je déblogue…