Une conférence de deux jours sur l'Holocauste s'est ouverte hier à Téhéran, en présence de personnalités controversées. Jusque-là, l’information n’a rien d’extraordinaire, si elle n’était faite justement que pour devenir un événement choquant. L’objectif de l’Iran consistant actuellement à exister dans la cour des grands, le choix du sujet est essentiellement fait pour heurter, révolter et faire que le pays des mollahs apparaisse comme totalement indépendant. La technique de la provocation paraît en effet la plus appropriée pour exister dans un monde médiatique prompt à se dresser en justicier.
C’est ainsi que l’Iran a rassemblé dans sa capitale tous ceux que la société a mis au ban de l’ignominie. Une manière habile de placer l’Occident face à ses contradictions et à ses errements. Une manière de démontrer que, parmi nous, se trouvent aussi des terroristes des esprits, des intégristes des consciences, des assassins de la raison. En les mettant en valeur, en leur offrant une tribune, en les dédommageant grassement avec les fonds de ce pétrole que nos civilisations acquièrent avec avidité, en les dotant probablement de moyens de pourrir de l’intérieur les pays qui les hébergent, ils jouent au billard des idées.
L'Iran assure que l'objectif de cette réunion n'est pas de nier le génocide juif, mais d'étudier, "sans idées préconçues", la véracité et l'ampleur de l'holocauste des juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Cette conférence se tient à l'initiative du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui, à plusieurs reprises, a qualifié la Shoah de "mythe" et déclaré qu'Israël devait être "rayé de la carte"… Organisée par l'Institut d'études politiques et internationales du ministère iranien des Affaires étrangères, cette conférence devrait rassembler 67 chercheurs étrangers issus de 30 pays différents : le gratin de l’antisémitisme le plus virulent.
Et, haut les cœurs, la France y tient la vedette, grâce à Robert Faurisson, messie autoproclamé du négationnisme. Il est avant tout le spécialiste de la citation hors contexte, et de la falsification de citations, et va pouvoir s’éclater devant ses " amis " venus de tous les continents : l'Australien Frederick Toben, condamné, comme Faurisson, pour révisionnisme, David Duke, ancien leader du Ku Klux Klan en Louisiane, et six membres du groupe Jews United Against Zionism, venus des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d'Autriche… Une bande de " joyeux drilles " qui va passer de bons moments aux frais de l’Iran. L’Australien Fredrick Toben a passé plusieurs mois dans une prison allemande pour incitation à la haine raciale. Il a apporté une maquette du camp de concentration de Treblinka, pour démontrer que l’existence des chambres à gaz doit être regardée comme un "mensonge absolu".C’est écrire si le débat est de haut niveau scientifique et historique !
DISCUTER DE QUESTIONS AUTOUR DE L’HOLOCAUSTE
Dans son discours d'ouverture, le responsable de l'Institut d'études politiques et internationales Rasoul Mousavi a déclaré que cette réunion fournissait l'occasion de discuter de "questions" autour de l'Holocauste, loin des tabous occidentaux et des restrictions imposées aux chercheurs en Europe. "Cette conférence ne cherche ni à nier ni à prouver l'Holocauste", a-t-il dit, soulignant qu'il s'agissait simplement de donner une chance aux spécialistes d'exprimer "leur opinion en toute liberté sur un sujet historique".
Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a fait part de son "inquiétude. S'il devait s'agir de propager des idées négationnistes et révisionnistes, la France ne pourrait que la condamner avec la plus grande fermeté", avait déclaré le chef du Quai d'Orsay dans un communiqué diffusé par ses services. L'Allemagne avait condamné dès vendredi l'organisation de cette conférence, la qualifiant de "choquante" et " d'inacceptable". Les négationnistes ont bien évidemment profité de cette occasion rêvée, pour réaffirmer leur point de vue sur l’Holocauste. Le Français Georges Thiel, ancien conseiller régional Front national, condamné en France pour des propos révisionnistes, a réaffirmé que l’Holocauste était un "énorme mensonge. Les juifs ont été persécutés, c’est vrai, ils ont été déportés, c’est vrai, mais il n’y a pas eu de meurtre industriel, il n’y a pas eu de chambres à gaz", a-t-il déclaré sans risques, face à un auditoire conquis. Faurisson est allé encore plus loin hier, en anglais s'il vous plaît. Tous ces antisémites viscéraux témoignent ostensiblement de leur engagement détestable contre l’Histoire. A Téhéran, ils le font sans aucune retenue, et avec un plaisir évident, brisant parfois des années d’un silence que respecte désormais Le Pen, par nécessité électorale.
COURRIERS SCEPTIQUES SUR LA REALITE DU GENOCIDE Faurisson était pro-allemand à la fin de la guerre et regrettait le procès de Nuremberg, alors même qu'il avait lieu. Il a fait très tôt du fasciste, et vrai père du négationnisme, Maurice Bardèche, son mentor. Dans les années 1970 il inondait la presse et les journalistes de courriers " sceptiques " sur la réalité du génocide. Il finit par publier ses premiers textes négationnistes dans la presse d'extrême droite, avant de parvenir au scandale, en étant publié par le Monde et le Matin. C'était à la fin des années 1970.
Depuis, Faurisson n'a cessé de répandre ses mensonges et son antisémitisme hypocrite. Il s'est naturellement acoquiné avec les pires " racailles " (les vraies) antisémites au monde, du nazi Ernst Zûdel au fanatique islamiste Ahmed Rami, il nie la réalité du massacre de millions d'êtres humains par les Nazis. Il le réfute parce que ces êtres humains étaient juifs et pas pour une autre raison. Il n’a jamais renoncé à un pouce de son argumentation, malgré les condamnations. Il devient le symbole de nos turpitudes, et un expert en manipulation, un épouvantail nauséabond que les Iraniens peuvent exhiber, le sourire aux lèvres...
L’Iran a monté ce rassemblement pour jeter à la face de ses adversaires actuels sa propre réalité. Ce ne sont pas des musulmans intégristes qui tiennent la tribune, mais parfois de bons catholiques, parfaitement conscients de leurs actes. Les mollahs retournent l’arme de la propagande, en démontrant que chaque civilisation suscite ses extrémistes et peut les mettre sur le devant de la scène : ce n’est qu’une question de médiatisation bien préparée. Ils prennent à leur propre piège des occidentaux, incapables de juguler ce mal profond, colporté par des esprits tordus. Bush reproche au monde musulman ses intégristes, le monde musulman montre les nôtres ! Il a même trouvé des rabbins extrémistes, venus à Téhéran pour… témoigner de la nécessité de détruire Israel ! La plaie de l’intolérance, générée par les religions elles-mêmes, saigne partout, mais celle des autres nous paraît forcément plus intolérable que la nôtre.
SANGLOTER SUR LE CERCUEIL DE PINOCHET
Pendant qu’à Téhéran les fascistes rentrés se montrent pour discourir, à Santiago du Chili d’autres viennent ouvertement s’incliner ou sangloter sur le cercueil l’un des plus sanglants parmi les bons catholiques. Augusto Pinochet, généralissime des armées chiliennes, aura droit à des obsèques religieuses, pour que son âme gagne le paradis. Comme le veut une tradition bien établie, le sabre accompagnera le goupillon, pour une cérémonie ordonnée de la nostalgie nauséabonde. On en appellera à son dieu pour qu’il accueille en son royaume un défenseur zélé de l’ordre, de la morale et du profit. Dans quelques années, il y aura bien un Faurisson illuminé pour nier les assassinats commis par Pinochet et ses sbires. Il démontrera à une tribune que tout n’est qu’illusion, car les gens qui ont payé de leur vie leur farouche attachement à la démocratie n’ont pas été éliminés dans une opération savamment planifiée : ce n’était que le fruit du hasard ! Il paraît même que certains étaient socialistes ou pire, communistes.
Les ayatollahs pourront aisément s’emparer de ce comportement et démontrer ainsi que leurs exterminations à eux, commises au nom de leur dieu, sont tout aussi excusables que celles qui n’ont valu aucune condamnation à Pinochet de son vivant. Il suffira de citer l’hommage rendu par Margaret Thatcher, " profondément attristée par son décès ", à son grand ami Pinochet, pour démontrer que tous les dictateurs trouvent dans l’Histoire des zélateurs empressés. Il suffit de se trouver un ennemi commun pour enterrer les soubresauts éventuels de sa conscience. Les juifs à Téhéran, les femmes et les hommes de gauche à Santiago, ont suffi à faire renaître la bête immonde au ventre fécond. La recette est toujours la même… et marche encore, sous le regard envieux des caméras.
Mais je déblogue….