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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 23:05
Selon les Figaro, journal généralement bien informé sur les us et coutumes de l'Elysée, la réunion des responsables de la majorité autour de son mentor a été particulièrement agitée, hier matin. Dans le fond, c'est plutôt rassurant, car c'est le signe que le PS n'est pas le seul parti dans lequel il existe des divergences d'appréciation. Le seul problème, c'est que pour la grande majorité des médias, l'explication de gravure au plus haut sommet de l'Etat est un acte courageux de démocratie participative, alors que chez les socialistes ce sont de basses querelles de personnes. En fait, il y plus que  de l'eau dans le gaz au sein de l'UMP, puisque les critiques voilées pleuvent de toutes parts. Et même incapable de mettre en place des listes pour les européennes, le parti de Xavier Bertrand est présenté comme une entité solidaire et aussi unie que peuvent l'être les éléments d'un puzzle.
La seule différence, c'est que chez ces gens-là, on cause moins qu'au PS, par peur de représailles ! Le « parrain » veille et n'hésite pas à régler son compte politique à celle ou celui qui la ramène un peu trop librement. C'est une constante, qui transforme en or le silence, même désapprobateur.
Du coup, Nicolas Sarkozy aurait clos la discussion entre amis en soupirant qu'il n'avait plus qu'à revendiquer son « ouverture » d'esprit, et sa colère s'est abattue sur Pierre Méhaignerie, coupable d'avoir proposé de se donner des moyens supplémentaires de lutter contre la crise en mettant les plus hauts revenus à contribution. Il n'a véritablement pas aimé que l'on émette le moindre doute sur cette mesure emblématique de son quinquennat, et qui relève davantage de la politique symbolique que de l'efficacité économique réelle.
Les participants à la réunion de hier auraient eu droit à un rappel des engagements de campagne du candidat. «Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts !», leur aurait-il lancé. Une phrase qu'il a répétée et agrémentée de commentaires ironiques sur le manque de « colonne vertébrale » de ses « amis politiques », l'après-midi, lors de sa visite dans le Doubs. « Visiblement exaspéré », selon un témoin, le chef de l'État aurait rappelé à ses lieutenants les victoires qu'il considère avoir remportées sur le front des grèves « qui ne paralysent plus le pays, à part les grands mouvements », sur celui des 35 heures qui « ne bloquent plus » la croissance, et sur la fiscalité galopante. Autant de sujets sur lesquels il a fermement invité ses « amis politiques » à tenir bon.
Ce sont exactement les fondements de sa politique : faire de rodomontades avant les échéances qui ne lui sont pas favorables. Demain, il aura une illustration de la manière dont les salariés de tous ordres vivent sa victoire, jugée capitale, contre le droit de grève (l'inspection académique de la Gironde était incapable hier, soit 48 heures avant le mouvement de grève, de transmettre le nombre des grévistes aux mairies concernées, rendant ainsi la mise en œuvre du SMA impossible). Sur la libéralisation des 35 heures, il aura une autre réponse, selon une confidence nationale glanée à Paris hier, avec un chiffre actuel d'une moyenne de 3 000 licenciements par jour ouvrable actuellement ! Il est vrai que l'exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires n'est en rien responsable de cette situation, et que l'Elysée soutiendra qu'elle a favorisé... les embauches ! Même analyse pour les impôts !
Le président de la république ayant totalement oublié qu'il devait être le Président du pouvoir d'achat, a osé déclarer : « Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts ! ». Comme tous les élus ! Une prétention qui dénote véritablement un culot sans bornes. En effet, il aurait dû préciser « je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts de l'Etat mais... pour transférer les charges sur les collectivités, et les obliger à la faire à ma place ! » C'est vrai que cette tactique quotidienne est plutôt une réussite, puisque les dégâts pour les départements, les communautés de communes et les communes sont considérables. D'autant que ça ne fait que commencer, et que le délestage va s'accentuer au cours de 2009. Nicolas Sarkozy a inventé les transferts masqués, et s'offre le luxe de faire des cadeaux avec l'argent des collectivités, en sachant fort bien que quand tous les services de proximité ne seront plus rendus (éducation, santé, cadre de vie...) faute de moyens, la colère se tournera vers les maires, seuls élus de proximité pris à la gorge par des décisions ne leur appartenant pas. Et ce, quelle que soit leur option politique. Le Président peut être celui qui baisse « ses » impôts mais en refilant aux autres les défaillances que ces choix induisent.

DEJA VULNERABLES
Le 18 mars débuteront, à l'Assemblée nationale, les discussions autour du projet de loi de finances rectificative pour 2009. Ce texte devrait traduire le fait que les finances publiques françaises, « déjà vulnérables avant la survenance de la crise mondiale, sont frappées de plein fouet », indique le rapporteur général du budget, Gilles Carrez qui, doit-on le préciser appartient à la majorité présidentielle. Mais, bien évidemment, il a mal compris son rôle et il ne va pas tarder à être convoqué au château !
« La nouvelle prévision de déficit public retenue par le gouvernement pour 2009 est de 5,6% du PIB, soit plus de 100 milliards d'euros. Avec un déficit public de 6,4% du PIB, seule l'année 1993 avait connu pire situation », précise son rapport examiné la semaine passée en commission des finances. Selon le gouvernement, le déficit de l'ensemble des administrations publiques atteindrait 5,6% du PIB en 2009. Le produit intérieur brut s'élèverait à 1.939 milliards d'euros en 2009. Sur cette base, le déficit de l'ensemble des administrations publiques, aggravé par les mesures du plan de relance que le député juge « aussi ambitieuses que pertinentes » (il vaut mieux, s'il ne veut pas être porté sur la liste noire), atteindrait donc environ 109 milliards d'euros en 2009...
Quelle collectivité pourrait baisser ses impôts en accumulant un tel déficit de fonctionnement ? Bien sûr que l'on peut baisser « ses » impôts, quand on ne rend aucun compte à une autorité de tutelle  du déséquilibre faramineux de son train de vie. En revanche, pour boucler le leur, les maires, les conseillers généraux n'auront eux aucun autre choix que de tailler dans l'aide aux écoles, dans l'éducation, dans la culture, dans le sport, dans l'entretien des voiries, dans les services sociaux, dans l'amélioration de l'environnement...et d'augmenter, en plus, leur fiscalité, pour compenser la débandade de l'Etat !

ABSURDE ET INEFFICACE
Le président de la commission des finances, le socialiste Didier Migaud, ne partage d'ailleurs pas l'enthousiasme du rapporteur général : « Ce qui frappe surtout, c'est à quel point les collectivités locales n'ont pas été associées à l'élaboration du plan de relance gouvernemental, alors qu'elles représentent les trois quarts de l'investissement public ! Prétendre relancer l'investissement sans associer les collectivités locales, et  en les privant de leurs moyens financiers, est absurde et inefficace .» Et on le constatera vite. Très vite , car les ordres des services vont se raréfier en 2009 pour les routes, les collèges, les stades, les salles, les crèches, les réseaux...
Le rapport économique et financier et la loi de programmation des finances publiques prévoit, pour les administrations publiques locales, une stabilisation du déficit à - 0,3% du PIB, soit environ 5,8 milliards d'euros. La prévision est revue à la hausse par le gouvernement dans le loi qui va venir en discussion, à - 0,4%.
« Il convient certes d'améliorer le solde initialement prévu de 2,5 milliards d'euros correspondant au versement anticipé de FCTVA pour les collectivités qui augmentent leur effort d'investissement », note Gilles Carrez avant de conclure que « plusieurs éléments viendraient toutefois dégrader le solde des administrations publiques locales ». Ouf ! Un brin de lucidité ou mieux d'honnêteté intellectuelle. Il considère en effet, tout d'abord comme « probable » que le revenu supplémentaire tiré de la « mesure FCTVA » ne soit pas être affecté à la réduction des déficits. « Sa raison d'être est en effet de créer un effet de levier tendant à l'augmentation des dépenses d'investissement », rappelle le député, mais en fait il faudra aussi emprunter pour réaliser le contrat.
Ensuite, le député UMP observe que les collectivités locales, et notamment les départements, sont confrontées à un effet ciseau : « Leurs dépenses, notamment sociales et d'investissement, apparaissent dynamiques dans un contexte de dégradation du marché de l'emploi et de multiplication de plans d'investissement lancés par les grandes collectivités. Leurs ressources, en revanche, tendent à s'éroder.» Et le rapporteur général de détailler que « sur la base du taux de croissance de - 1% par rapport à la prévision, prévu dans la loi qui arrive, le produit de la quote-part de taxe intérieure sur les produits pétroliers affectée aux départements et aux régions diminuerait de 95 millions d'euros.» Cherchez l'erreur, car ces sommes là étaient affectées, soit - disant, à des compensations de transfert de responsabilités jusque-là exercées par l'Etat.

RECETTES EN CHUTE LIBRE
Enfin, le projet de loi prévoit que le rendement des droits de mutation de biens immobiliers à titre onéreux serait, en 2009, inférieur de... 38% à leur montant de 2008. Une évolution similaire des impôts affectés aux collectivités locales (fortement corrélées à l'évolution du marché immobilier pour certaines) signifierait un manque à gagner de 3,6 milliards d'euros», prévient Gilles Carrez. Il aurait pu préciser qu'en Gironde, la chute sera de 18 millions d'euros, soit environ 4 points de fiscalité, qu'il va donc falloir combler. Il  est certain qu'avec le RSA décrété par l'Etat, et refilé aux Conseils généraux, aucun responsable sérieux ne peut assurer que les départements finiront l'année sans coupe sombre dans le fonctionnement quotidien (transports, éducation, aide aux communes...). Il souligne donc « la nécessité de maintenir la maîtrise de la dépense pour limiter le glissement des déficits, sauf à rendre particulièrement périlleux le rétablissement des finances publiques ». Si la fiscalité locale n'augmente pas en 2009, ce ne sera que pour bondir encore plus haut en 2010 ou 2011, mais c'est inéluctable. Les élus locaux qui clameront : « Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts ! » ne feront que camoufler les effets dévastateurs de la politique gouvernementale.
S'agissant des mesures de la loi rectificative, Didier Migaud juge que « d'une part, la mesure de suppression des derniers tiers provisionnels de l'impôt sur le revenu est injuste et mal ciblée ; d'autre part et surtout, la faiblesse de l'effort budgétaire supplémentaire est malheureusement remarquable. Ce n'est pas avec les 2,6 milliards d'euros que consacre ce projet de loi de finances rectificative à l'emploi et au pouvoir d'achat que la France sortira de la crise. » La conclusion du rapport de Gilles Carrez, UMP bon teint, n'est pas plus optimiste : « Il est d'ores et déjà acquis que l'actuel accroissement de la dette obérera durablement les capacités d'action des pouvoirs publics dans les années à venir ». Ce qui veut tout simplement dire que ce qui n'a pas été fait avant 2009 ne sera plus réalisable dans l'avenir !
Le député UMP s'inquiète tout particulièrement des charges d'intérêt de la dette, facteurs de « rigidification de la structure des dépenses de l'État et de réduction des marges de manœuvre budgétaires ». Un phénomène qui sera, selon lui, « considérablement renforcé par l'accumulation supplémentaire de dette induite par la détérioration conjoncturelle et par les différentes mesures de relance : à titre indicatif, si les administrations publiques continuaient à acquitter sur leur dette un taux d'environ 4,4%, la part des intérêts dans le PIB atteindrait 3,4% en 2012, soit un surcoût par rapport à 2007 d'environ 0,7 point de PIB. En d'autres termes, en 2012, la charge de la dette publique serait supérieure d'environ 14 milliards d'euros à celle versée en 2007.»
Et il faut inlassablement rappeler que cette dette ne permet pas de réaliser des investissements tangibles, alors que les collectivités locales, pour leur part, empruntent certes parfois beaucoup mais pour réaliser et construire. Il y aura encore des petits-déjeuners agités à l'Elysée, car les élus locaux UMP vont avoir bien du mal à expliquer à leurs électeurs un discours parisien, et à faire le contraire, par obligation, chez eux. Ce sera un exercice de dédoublement de personnalité intéressant à suivre.
Mais je déblogue...
 

 

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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 07:17
Le culte du profit relève pour certains du comportement religieux intégriste. Quelles que soient les circonstances, les adeptes du veau d'or ne se posent aucune question particulière. Il leur est impossible de se détacher de leur dépendance à l'égard du gain. Ils n'admettent pas un seul instant qu'ils puissent être privés de ce qui représente pour eux la réussite suprême. Peu importe l'environnement ou les critiques qui peuvent survenir, il leur faut augmenter leur compte en banque à... n'importe quel prix ! Plus ils en ont amassé et plus ils en veulent, et comme souvent, ils sont les seuls à se fixer les limites de leurs émoluments. L'assureur américain AIG va verser cette année 450 millions de dollars de primes aux responsables de ses activités financières, ceux-là même qui furent à l'origine de ses pertes historiques de 99,3 milliards de dollars l'an dernier, affirmait hier le Wall Street Journal, amplifiant les informations de plusieurs autres médias. Ces bonus sont destinés aux cadres de la filiale londonienne AIG Financial Products, qui ont provoqué la chute, puis la nationalisation, de l'ancien numéro un mondial de l'assurance, en ayant souscrit des contrats qui protégeaient les investisseurs contre la menace de non-remboursement d'investissements à risque. Une partie de ces primes devait être versée dès hier, pour éviter que quelqu'un s'y oppose.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a écrit au président d'AIG Edward Liddy, nommé par le gouvernement en septembre après la quasi-faillite du groupe, pour se plaindre de cette situation, ajoute le journal. Edward Liddy, tout en reconnaissant que le versement de ces primes était « de mauvais goût (sic) et difficile à recommander (re-sic) », a souligné qu'il lui fallait aller de l'avant pour des raisons légales. L'intervention ministérielle a toutefois permis de réduire le montant des primes qui seront versées cette année... mais à ce niveau là c'est déjà considérable, car certains des bonus versés ne dépassent pas 1.000 dollars, mais sept responsables d'AIG Financial Product devraient recevoir plus de... 3 millions de dollars de primes, selon le New York Times.
Au total, en comptant les primes versées aux cadres des autres activités du groupe (en général, elles, rentables) au titre de 2008 et 2009, AIG devrait débourser cette année 1,2 milliard de dollars de rémunérations variables.
Les pouvoirs publics ont dû mobiliser plus de... 170 milliards de dollars pour éviter une faillite du groupe, qui aurait pu avoir des répercussions en cascade sur l'ensemble de la finance mondiale. Des sommes considérables, dont personne n'a conscience, car jongler avec des milliards devient totalement indécent pour des gens qui grattent euro après euro sur le pain quotidien. Nul n'imagine ce que peut représenter un total de primes de 1,2 milliard ! Songez un peu : si l'on admet par exemple que le gouvernement sarkozyste a réellement débloqué 26 milliards d'euros, on doit se préoccuper de savoir quelles seront les retombées directes pour les 65 millions de personnes vivant en France ! Jamais nous n'aurons le pourcentage d'évaporation de ces fonds, car aucun contrôle réel n'est prévu... au nom de la liberté absolue de gestion des banques et des entreprises.

SEMINAIRE ET RECEPTION
Remarquez qu'ils ont raison de ne pas se gêner, car les scandales succèdent aux scandales comme les milliards succèdent aux milliards... Les dirigeants de la société d'assurance AIG tout juste renflouée par le contribuable pour 85 milliards de dollars, ont ainsi dépensé 440.000 dollars pour un « séminaire » dans le complexe le plus luxueux de Californie. En pleine crise financière, et à peine sauvés de la faillite, les responsables de l'assureur AIG se sont offerts de luxueuses vacances au très sélect hôtel Saint Regis de Monarch Beach, en Californie.
La facture de cette retraite luxueuse s'éleve à 440.000 dollars, dont près de 200.000 dollars pour payer les chambres (à 1.000 dollars la nuit ou plus), et plus de 150.000 dollars pour les repas, ainsi que 23.000 dollars de soins de remise en forme. Critiqué de la Maison Blanche au Capitole pour avoir dépensé ces sommes folles, l'assureur s'est justifié en expliquant que ce séjour avait été offert à des courtiers indépendants, et non à des dirigeants du groupe. Il n'empêche, en pleine débâcle financière, AIG a du accepter sa quasi-nationalisation en septembre pour pouvoir recevoir un prêt-relais de 85 milliards de dollars de la part des autorités américaines...dont une part est donc partie dans un séjour qui a fait chaud au cœur aux assurés de AIG, obligés de vendre leur maison pour... un dollar !
La branche assurances de Fortis, rachetée par BNP-Paribas, avait aussi invité 50 personnes à participer à un « événement culinaire », dans l'hôtel le plus cher de Monaco, pour un coût de 150.000 euros, avait rapporté le quotidien belge De Morgen. Ce déjeuner fut organisé au restaurant Louis XV (trois étoiles au guide Michelin) de l'Hôtel de Paris Monte-Carlo, le plus cher de la Principauté. « Quelques membres de la direction seront présents, mais le groupe consistera essentiellement en des courtiers, des intermédiaires externes », avait indiqué un porte-parole de la banque belgo-néerlandaise, qui a reçu plus de 12 milliards d'euros d'aides publiques !
Il est vrai que ces dépenses somptuaires pourraient simplement être considérées comme des bienfaits pour les hôtels et restaurants de luxe. Ces derniers sont en effet très mal en point, puisque le Président n'a pas obtenu que la TVA à 5,5 % soit immédiatement appliquée. Heureusement, car le déficit de fonctionnement du pays se serait encore aggravé ! Il a seulement diminué les frais, en se faisant héberger gratuitement dans un palace par les industriels mexicains, ce qui devrait être loué comme un acte citoyen en période de crise !

EFFORTS BUDGETAIRES
Heureusement que face à ces dérives, les grands argentiers du monde, qui gèrent, eux, des fonds non spéculatifs fournis par les contribuables, veillent. Le G20 prendra « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les grandes institutions financières, assainir le système financier mondial et relancer le crédit, a annoncé samedi, le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, à l'issue d'une réunion des ministres des Finances du groupement, à Horsham, dans le sud de Londres.
Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 ont promis de s'engager dans un « effort soutenu » pour relancer la croissance, mise à mal par la crise du crédit, selon le communiqué publié à l'issue de leur réunion.
Pour cela, ils veulent faire en sorte que les banques disposent de capitaux adéquats et puissent faire face à une baisse de leurs avoirs, tandis que les banques centrales maintiendraient aussi longtemps qu'il le faudrait une politique expansionniste. Quant aux engagements fiscaux déjà pris par les gouvernements, ils devraient être mis en œuvre sans tarder. Préparez-vous à payer, si le bouclier fiscal ne vous protège pas, et encore il semble que le gouvernement prépare un reculade symbolique dans ce domaine ! Avant les élections européennes, il faut se préparer à une mesure spectaculaire.
Les argentiers voient également un « besoin urgent » d'augmenter très significativement les ressources du Fonds monétaire international (FMI). Le communiqué indique que leurs pays sont décidés à faire les efforts budgétaires nécessaires pour restaurer la croissance, et que ces efforts seront évalués par le Fonds monétaire international (FMI). Ils veulent également l'enregistrement des fonds spéculatifs (hedge funds), et se sont mis d'accord pour demander aux agences de notation financière de s'enregistrer. Le contrôle tellement détesté par les libéraux va pointer le bout du nez, sans effrayer qui que ce soit, car on en connaît, dans le milieu financier, les limites. On arrivera bien à les contourner, par de subtils artifices comptables, ou par des décisions tellement complexes que personne ne saura démêler l'écheveau des responsabilités.

MILLIARDAIRES EN PERIL
D'ailleurs, dans ce contexte de crise, un « milliardairthon » devrait être organisé tellement la situation des grandes fortunes devient préoccupante. Bill Gates est ainsi redevenu l'homme le plus riche du monde, selon le classement 2009 du magazine Forbes, rendu public mercredi dernier à New York. Cependant, les riches sont également touchés par la crise financière puisque.... deux mille milliards de dollars sont partis en fumée depuis un an dans les coffre-forts des milliardaires de la planète. La nouvelle la plus importante aujourd'hui reste qu'il y ait encore des milliardaires, car depuis mars 2008, la fortune des milliardaires mondiaux a fondu de 4.400 à 2.400 milliards de dollars. C'est une « espèce » en voie de disparition dont le Peuple n'imagine pas les souffrances.
Il ne resterait plus que 793 milliardaires dans le monde, contre 1.125 l'an dernier: 332 noms ont disparu de la liste, essentiellement en Russie, en Inde et en Turquie, trois pays laminés par la crise financière.
Le trio gagnant n'a pas changé et est toujours constitué par le co-fondateur de Microsoft, Bill Gates, l'investisseur américain Warren Buffet et le magnat mexicain des télécommunications Carlos Slim. Mais Warren Buffet et Carlos Slim glissent chacun d'une place : l'Américain Bill Gates a repris la première place qu'il avait cédée à Warren Buffet l'an
dernier après 13 ans d'un règne sans partage. Et leurs fortunes ne sont plus ce qu'elles étaient : Bill Gates passe de 58 à 40 milliards de dollars, Warren Buffet de 62 à 37 milliards et Carlos Slim de 60 à 35 milliards. Les Américains représentent 45% des milliardaires du classement. Les oligarques russes, qui ont perdu au total 369,3 milliards de dollars, sont passés de 87 à 32%, et Moscou cède le rang inédit et remarqué en 2008 de capitale mondiale des milliardaires, qu'elle rend à New York. Le maire de la ville, Michael Bloomberg, est l'un des rares à ne pas avoir perdu d'argent en 2008: avec une fortune en hausse, estimée à 16 milliards de dollars, il se hisse au 17e rang mondial.

Parmi les femmes, la Française Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, n'est plus la femme la plus riche du monde, mais seulement d'Europe, avec 13,4 milliards de dollars et le 21e rang mondial. L'héritière américaine des magasins Wal-Mart, Alice Walton, est 12e avec 17,6 milliards. Quand on vous dit que c'est plus difficile de vivre avec des milliards que de vivre sans un euro, vous ne voulez pas le croire ? Et pourtant, c'est vrai : vous avez tout à perdre dans le premier cas et tout à gagner dans le second. Le jeudi 19 mars, il faudra avoir une pensée émue pour ces gens qui souffrent !
Mais je déblogue...
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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 07:17
A la question posée aux français, de savoir quelle personnalité politique s'occupe le mieux de leurs problèmes, Olivier Besancenot arrive largement en tête avec 43% des suffrages devant la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry (33%), Bertrand Delanoë (31%) et la présidente PS de la région Poitou-Charentes Ségolène Royal (30%). Nicolas Sarkozy arrive ensuite, avec 28%. « En cette période de crise, les Français semblent délaisser les politiques 'mous' installés sur une ligne 'floue' au profit de ceux développant un discours simple et volontaire », dit l'institut d'études BVA qui a produit ce sondage.
Ouf ! ces indications peuvent réconcilier un certain nombre de citoyennes et de citoyens avec... la politique.

Serait-ce la fin de la « pensée unique », reposant sur des principes immuables d'une gestion sans aucun risque des carrières de gens qui comptent ? Serait-ce le retour des différences idéologiques nettes et tranchées qui font qu'être de Gauche ou de Droite ne recouvre pas les mêmes réalités ? Serait-ce enfin le début d'une ère nouvelle, celle du parler vrai, du dialogue direct et de la volonté d'assumer devant l'opinion les choix que l'on fait ? Ce n'est probablement qu'une tendance, mais les prochaines élections européennes prouveront qu'elle évolue à grande vitesse dans l'opinion. Pour l'avoir compris avant les autres, certains hommes politiques sont en passe de tirer les marrons du feu. C'est d'ailleurs parce que le filon devient intéressant que la gauche de la Gauche ne parviendra pas à un accord.
En fait, chacun (NPA, Parti de Gauche+PCF, verts et altermondialistes, LO) va partir au combat persuadé qu'il obtiendra une partie de cette tendance allant vers une radicalisation des positions. A droite, où l'on ne se nourrit que d'études d'opinion, on a allumé le contre feu politique : tous ceux qui s'opposent nettement à ce libéralisme économique dévastateur sont désormais classés, par la Ministre de l'Intérieur elle-même, dans la catégorie dangereuse de « l'ultra gauche ». La stigmatisation de l'opposition idéologique va s'amplifier, car elle risque de faire tomber les masques d'un comportement présenté comme pragmatique et dénué justement de toute... idéologie. Il est vrai que depuis maintenant une décennie, au nom de l'intérêt général, on ne conjugue plus des égos ou des intérêts particuliers.
Or les gens dans la difficulté ne souffrent plus les demi-mesures, les reculs sur les valeurs, le refus d'assumer ce que l'on dit, ce que l'on fait et ce que l'on est ! Ils veulent des propos et des solutions simples à des réalités quotidiennes. Ils commencent à se rendre compte que le bling-bling ou les exonérations de tous poils ne servent qu'à gruger les déserteurs du combat des idées. Ce sondage marque une véritable rupture !
Illico, les spécialistes de l'opinion dominante ont sauté sur l'occasion qui leur est offerte. Jean François Kahn s'est réjoui, vendredi, que les « notables poussiéreux » (ailleurs on les appellerait les éléphants) du Mouvement démocrate soient « partis à l'UMP ». Tête de liste de la formation centriste pour les élections européennes de juin, dans la circonscription Grand Est, Jean-François Kahn a estimé sur i-Télé que leur départ constituait un « avantage ».

LA REVOLUTION SELON KAHN
« Je me balade dans toute la France et je vois (des) socialistes et (des) UMP (qui sont) des copains. Evidemment, des copains, parce que je les connais depuis 35 ans; ils sont toujours là. Ils ne croient plus en rien. Ces espèces de notables poussiéreux... », a déclaré l'ancien journaliste. Il a seulement oublié qu'il y a aussi des Modem poussiéreux, qui sont copains, selon ce qui les arrange, avec la Droite ou avec la gauche. On pourrait même lui en trouver des jeunes pas très « poussiéreux ».
A la question de savoir s'il y a, en effet, des « notables » au MoDem, Jean François Kahn a répondu : « Il y en avait. On les a perdus. Ils sont tous partis. Vous n'imaginez pas l'avantage que ça donne. On n'a plus ces notables poussiéreux, ils sont partis à l'UMP. Formidable ! ». Le candidat du parti de François Bayrou a par ailleurs annoncé qu'il allait « faire des propositions sur la crise, très nettes, dans un mois. Vous verrez, c'est quand même autre chose que le plan de relance de Madame Aubry », a-t-il ajouté, estimant qu'il fallait « quelque chose de plus original, de plus innovant ». Il a estimé aussi que la crise financière et économique actuelle était « pire que celle de 29 », et prôné une « révolution » (sic) qui mettrait « l'Homme au centre de la société ».
« L'Etat doit maintenant se mettre au service de l'Homme, l'argent doit être au service de l'Homme et non le contraire, c'est le cœur de la révolution que nous proposons », a déclaré le néo-Bayrouiste ! « La crise de 29 a débouché sur le stalinisme d'un côté et le fascisme de l'autre. Si on n'est pas capable de proposer un autre système, les gens qui ne peuvent plus accepter cette société qui s'écroule, risquent d'écouter des voix qui leur proposeront de mettre le sol, le sang ou la race au centre », a-t-il poursuivi.
Le candidat Modem a par ailleurs dénoncé l'incohérence du gouvernement pour combattre la crise: « le plan de relance, c'est 5 milliards en une fois,  et le paquet fiscal,  c'est 13 milliards par an. Avec le recul, c'est une folie ». Il a compris, le bougre, car il est intelligent : pour espérer manger des voix à des socialistes balbutiants, il faut être plus socialistes qu'eux. Au moins le temps d'une campagne ! Lui aussi refuse de se ranger dans le camp des « politiques mous »... en se revendiquant du centre ! Voici un concurrent potentiel pour... l'ultra gauche, à moins que ce ne soit qu'un surfer sur la meilleure vague actuelle pour arriver sur la plage de la réussite.

DES EGOS DEMESURES
Il est vrai que, par les temps qui courent, le méli-mélo idéologique entretenu par Nicolas Sarkozy fait de plus en plus de ravages dans l'opinion. Avec une « ouverture récompense » il a tenté de démontrer, avec des figures socialistes historiques, que l'écart « idéologique » n'était qu'une question d'intéressement aux bénéfices. Michel Rocard a ainsi confirmé sa future nomination au poste d'ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique. Une déclaration qui a jeté un froid rue de Solférino, car après avoir eu des difficultés à gérer les tentations de Jack Lang ,on va désormais avoir à lutter contre les penchants mégalos de l'ex-fondateur du PSU !
A l'occasion de l'inauguration d'une école à Saint-Brieuc, il a confirmé qu'il serait nommé mercredi prochain. « Ne riez pas de l'Arctique, c'est le concentré de tous les drames planétaires à la fois », a-t-il lancé devant des élus. « C'est une zone de non droit où n'importe qui peut faire n'importe-quoi », a-t-il ajouté. « Je suis le seul homme politique français qui me soit occupé de cela. Mon risque, c'est que ma nomination laisse penser que j'ai de la proximité politique ou de gestion économique avec le président de la République française actuel, je préfère vous signaler que ce n'est pas le cas », a-t-il aussi ajouté. Mais le mal est fait pour ses amis, et le bien le sera pour le NPA, le Parti de Gauche, les Verts qui ne manqueront pas de souligner ce ralliement... réputé non idéologique !
Nicolas Sarkozy continue en fait son « recasage » des damnés du Parti Socialiste. Après avoir nommé Jack Lang émissaire spécial à Cuba, pour relancer les relations avec l'île communiste, le président français joue avec les hochets. Et cette nomination pourrait bien n'être qu'un titre honorifique, voire le testament politique d'un Michel Rocard, dont l'Histoire se souviendrait qu'il fut, 40 ans après mai 68, nommé ambassadeur des bébés phoques, des pingouins et des ours blancs. Olivier Besancenot aura beau jeu d'être l'ambassadeur des travailleurs, des salariés, des licenciés et des précarisés, tout autant en péril que leurs « homologues » des pôles !

RESULTATS QUI VONT SURPRENDRE
A l'extrême droite, on a aussi parfaitement compris que le vent tournait. Il faut se démarquer de la politique Sarkozyste, pourtant fortement inspirée du programme du FN sur l'éducation, l'immigration, ou la sécurité...Le FN fait du « retour des nations » et du « patriotisme économique » une solution à la crise, et Jean-Marie Le Pen prononcera aujourd'hui un discours sur le thème de la crise et du rôle joué, selon lui, par l'Europe dans son aggravation. Aux européennes, « on va avoir des résultats qui vont en surprendre plus d'un », a assuré le Président de ce qu'il reste du FN. Son pronostic? « Un recul de l'UMP et une montée des oppositions et singulièrement  du FN. Aux élections européennes on a toujours fait 10 à 11%, on sera dans ces eaux-là, plus peut-être, compte tenu de la crise et de l'impact qu'elle va avoir sur l'opinion », a-t-il estimé.
Cette perspective va être partagée par de multiples listes qui vont tenter de se frayer un chemin dans le maquis idéologique actuel. Pas facile, quand on s'adresse à des électrices et des électeurs qui ont perdu leurs repères sous l'influence de prises de position pour le moins sinueuses.
A force d'avoir brouillé les signaux forts du débat démocratique, à force d'avoir estompé les divergences de fond, à force d'avoir ringardisé les idées fortes, au prétexte qu'elles n'étaient plus de notre époque, on a, comme dirait « Jean François Karl Kahn Marx », oublié que la politique ne devrait être conduite qu'au service des femmes et des hommes et pas du capital et du profit ! Il est vrai que cette simple affirmation suffira bientôt à être classé parmi les suppôts de l'ultra gauche, vous savez, parmi ces gens déphasés qui croient que notre société est tout bonnement inégalitaire, injuste, liberticide. Ils vivaient et luttaient avec le sentiment d'être oubliés, marginalisés, incompris au nom du réalisme politique. Qui sait si demain on ne va pas leur trouver quelques mérites ? Cherchez pourquoi !
Mais je déblogue...
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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 07:17
Comment voulez-vous avoir confiance dans le milieu économique ? Il hurle en permanence sur l'insuffisance de ses profits et plus encore sur les difficultés qu'il traverse en temps de crise. La seule chose à retenir c'est qu'il y a une seule vérité : tout faire pour piquer le maximum de fric au pauvre consommateur et ce par tous les moyens. Quand les matières premières montent on se dépêche d'augmenter les prix de détail et quand elles baissent on se hâte lentement. Depuis quelques jours, la forte progression des prix du riz sur les marchés internationaux a fait craindre la famine dans plusieurs pays. L'avertissement de la Banque mondiale n'est que le dernier en date. Déjà, le 24 mars dernier, le patron de Nestlé, Peter Brabeck, avait  pointé du doigt les biocarburants, responsables selon lui de la flambée des prix des matières premières agricoles: « si l'on veut couvrir 20% du besoin croissant en produits pétroliers avec des biocarburants, comme cela est prévu, il n'y aura plus rien à manger » indiquait-il comme une certitude. En fait, il masquait une tendance beaucoup plus complexe, reposant uniquement sur la soif de bénéfices encore plus exorbitants.
La genèse du phénomène a pourtant son origine bien en amont de la flambée des prix du pétrole. Depuis 2000, sur les huit récoltes de blé effectuées au niveau mondial, sept se sont révélées déficitaires. La consommation dépasse la production. Le train de vie de certains pays émergents n'y est pas étranger. L'émergence d'une classe moyenne en Inde et en Chine a dopé la consommation de viande au niveau mondial, faisant croître de facto les besoins en céréales. Cette raréfaction de l'offre s'est trouvée en partie amplifiée par la montée des prix du pétrole à partir de 2003. Les biocarburants, qui restaient jusqu'alors assez coûteux à produire, sont brusquement devenus bon marché. Les cours du colza, du maïs et du blé n'y ont pas résisté, affichant des hausses spectaculaires durant les trois dernières années sur le marché à terme de Chicago.
Depuis 2006, les cours du blé ont ainsi triplé à Chicago. Idem pour le maïs. Dernière denrée touchée : le riz. Car ces hausses ont des répercussions en cascade. La hausse du prix du pain, provoquée par la flambée des cours du blé, a provoqué des troubles en Egypte, l'un des pays exportateurs de riz. Du coup, le pays a décidé d'arrêter ses exportations. L'annonce a ainsi provoqué une flambée des cours, la tonne de riz thaï avait bondi de 580 dollars à 760 dollars en une seule séance à Chicago. Depuis, c'est l'inquiétude en Asie. Car de son côté, l'Office national interprofessionnel des grandes cultures a averti : le maintien de la production mondiale de riz par habitant est un défi quasi insurmontable d'ici à 2010.

SE REFAIRE UNE SANTE
L'activité d'une poignée de fonds spéculatifs, mis en difficulté par le marché des crédits, joue elle aussi un rôle non négligeable. D'après le FMI, « ces facteurs financiers semblent expliquer une grande part de la hausse des prix du pétrole brut depuis le début 2008, de même que la hausse des prix d'autres matières premières ». Le Fonds met également en exergue la dépréciation du dollar et la chute des taux d'intérêts, qui ont « renforcé l'attractivité des matières premières comme actif alternatif », devenues les nouvelles valeurs refuge. Le soja, le colza ou encore le maïs n'ont quasiment plus rien à envier aux actions et aux obligations, ce qui fait la joie des producteurs, mais le malheur des consommateurs.
Industriels et distributeurs sont-ils en train de se refaire une santé sur le dos des Français ? La question devrait préoccuper aussi bien les ménages que les associations de consommateurs, tant le décalage entre l'évolution des cours des matières premières et celle des prix des produits de grande consommation est large.
Ainsi, à la fin de décembre, alors que les denrées agricoles avaient plongé de 13,4 % sur un an, les tarifs de l'alimentation avaient grimpé de 3,2 %, selon l'Insee. Si les géants de l'alimentaire avaient répercuté la baisse des cours, les prix des coquillettes, des yaourts ou des gâteaux industriels auraient dû reculer. Fin décembre, en plein pic de consommation, il n'était pas question de ne pas rattraper la baisse des volumes achetés, par une augmentation des prix de base.
Les calculs exclusifs réalisés alors par L'Expansion en apporte la preuve irréfutable. Un exemple : les pâtes. Compte tenu du poids du blé dur dans leur coût de production, les tarifs en magasin auraient dû chuter de 37,5 %. Stupeur ! Ils affichaient à la fin de 2008 un bond de 16,3 % sur un an, d'après les relevés de Nielsen. Certes, depuis quelques semaines, d'après une enquête de la Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie (CLCV), certaines grandes marques ont commencé à réduire leurs tarifs. Mais le compte n'y est pas, et il ne faut pas s'attendre à de fortes baisses courant 2009. On attendra le bon moment, après avoir récolté le maximum, pour compenser les pertes antérieures dues le plus souvent à la spéculation !

TROP TARD
« Dans les négociations actuelles avec les fournisseurs, certaines hausses nous semblent injustifiées », s'énerve Jérôme Bédier, de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution. On l'aura compris, comme chaque fois, c'est toujours la faute  du voisin... Prenons l'exemple du pain. Au bout de la chaîne, les boulangers se plaignent de l'inertie des cours de la farine. L'association nationale de la meunerie française, se défend : « Nous achetons le blé avec des contrats à long terme, d'où un décalage. Cela dit, selon l'Insee, le prix de la farine a reflué fin 2008 » mais celui de la baguette traîne. Il faut préciser que les principaux gagnants ne sont pas les artisans, mais les... grands fournisseurs, qui ont parfois un monopole de fait, via des contrats d'exclusivité.
Dans le domaine de l'énergie, il ne fallait pas attendre des miracles. Tout le monde (EDF, pétroliers, gaziers...) se préoccupera des tarifs quand la saison de chauffe sera terminée ,même si depuis des semaines les matières premières ont chuté.
Par exemple, le premier ministre François Fillon a annoncé, hier (par hasard), lors d'un déplacement sur le thème du financement des entreprises, que les tarifs du gaz allaient baisser « d'environ 10% » au 1er avril.  Ce recul du prix  de vente du gaz aux particuliers fait suite à une augmentation de... 15,2% en 2008, réalisée en trois étapes. La précédente hausse remontait à mai 2006, et il restera toujours, avec des prix revenus au même niveau ,une hausse minimum de 5,2 % .
Les associations de consommateurs ont dénoncé une baisse tardive, alors que GDF Suez privatisé a abaissé de 20% ses tarifs de vente de gaz naturel aux gros industriels , dès le mois de janvier ... mais pour eux, c'est une affaire de pouvoir d'achat ! « Ce qui n'est pas satisfaisant, c'est que la baisse intervienne au moment où on n'a plus besoin de se chauffer », a regretté le directeur adjoint des études à l'UFC-Que choisir. « Le prix du gaz suit le prix du baril de pétrole, mais avec six mois de décalage. Il aurait dû baisser début 2009 », a-t-il objectivement estimé. C'est dommage, très dommage, en effet, qu'on attende avril alors que les trois premiers mois de l'année représentent 45%,de la consommation des ménages.

LES MARGES GARANTIES
Les associations se sont aussi interrogées sur l'ampleur de la baisse qui devrait être au moins équivalente à celle dont ont bénéficié les entreprises, c'est-à-dire 20%. Ce serait logique, et seulement juste, sauf que la crise est passée par là et que les bénéfices 2009 doivent être dopés par cette supercherie.
Le groupe GDF-Suez, interrogé par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette annonce. En janvier, le PDG de GDF Suez avait indiqué qu'une baisse interviendrait en avril, précisant que suivant la « décision du gouvernement », le prix du gaz était « gelé pour tout l'hiver ». Un vrai faux-cul qui tente seulement de jouer sur les mots puisque le gel a surtout frappé les ménages, dont la consommation de gaz a augmenté, et que son maintien préservait d'une éventuelle hausse, mais pas d'une baisse !
Les tarifs réglementés du gaz naturel, qui concernent 93% des consommateurs français, sont fixés par le gouvernement après avis de la Commission de régulation de l'énergie. Ils sont déterminés selon une formule prenant en compte les prix du pétrole, le cours du dollar, les coûts d'acheminement, de stockage et de commercialisation. Or hier, le cours du baril de pétrole brut a chuté de 70%, à environ 47 dollars le baril, après avoir atteint un pic proche de 150 dollars en juillet dernier. Qui s'en souvient ? Avez-vous constaté une telle chute des prix à la pompe ? Remarquez que la loi du marché n'a jamais fait le bonheur des salariés, surtout quand ceux qui l'appliquent sont farouchement défendus par le Premier Ministre !
François Fillon a apporté en effet hier son soutien Total... à Total, « une des plus belles entreprises françaises », après l'annonce par le groupe de la suppression de 555 postes, estimant que Total allait « créer plus d'emplois qu'elle n'en supprime ». Il a pris le contre-pied de son secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez qui s'était dit « scandalisé » par cette annonce et avait demandé un « geste » à l'entreprise pour « l'apprentissage et l'emploi des jeunes. »
« J'ai regardé de très près les décisions qui ont été annoncées assez maladroitement il faut le dire par la direction de Total », a-t-il poursuivi. « Qu'est-ce que je constate? Qu'il n'y a aucun licenciement, que Total va créer plus d'emplois qu'il n'en supprime en France, que Total va investir en 2009 en France mais qu'il est normal qu'une entreprise s'adapte, qu'elle veuille produire moins d'essence parce qu'on a besoin de moins d'essence, plus de diesel parce qu'on a besoin de plus de diesel », a-t-il ajouté pour rassurer celles et ceux qui... verront baisser leurs profits au 1° avril ! Quand aux abonnés au gaz, c'est naturel, pour eux de ne pas être défendus par le gouvernement du pouvoir d'achat !
Mais je déblogue...
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 07:17
Quand vous êtes porte parole de l'UMP et que vous secouez le directeur de l'AFP en l'accusant de ne pas reprendre vos paroles et vos communiqués de presse, vous avez une chance d'être non seulement entendu mais aussi obéi. Drôle de République que celle qui voit un système médiatique français de plus en plus bâillonné, aseptisé, ouvertement partisan ou indifférent. Ce fut à propos d'une affaire qui fut bloquée en travers de la gorge du chef de l'Etat et des responsables du parti présidentiel : les médias, et en premier lieu l'Agence France-Presse, censureraient leurs commentaires à propos de la condamnation en appel, le 10 avril 2008, de Ségolène Royal, à payer des arriérés de salaires à deux anciennes collaboratrices.
Mercredi 7 mai, devant un parterre de députés UMP, Nicolas Sarkozy avait ainsi brutalement critiqué l'AFP, L'Express et le Parisien pour ne pas avoir assez relayé cette information. Ancien proche conseiller de Nicolas Sarkozy et porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre fut particulièrement remonté contre l'agence de presse. Il l'accusa d'avoir à quatre reprises « censuré » des communiqués ou des commentaires de son parti à propos de cette affaire. Le 1er mai dernier, il s'est même fendu d'une lettre ouverte au PDG de l'AFP, Pierre Louette. « Pourquoi y a-t-il un blocage dès qu'on prononce le nom de Ségolène Royal? » s'interrogeait le député des Hauts-de-Seine.
« Notre toute première réaction à la condamnation de Ségolène Royal a été refusée le 10 avril par la personne chargée de suivre l'UMP ce jour-là, explique Frédéric Lefebvre. Elle considérait que ce n'était pas une information. C'est ce qui nous a conduits à convoquer une conférence de presse le 11 avril à 16 heures, que l'AFP a bien voulu annoncer. » Le même jour, une dépêche de l'AFP en propose un compte rendu détaillé.
Le vendredi matin, Pierre Louette a répondu aux critiques, en expliquant que son agence "n'avait pas vocation à devenir une machine à diffuser des communiqués. La rédaction a des règles de fonctionnement qui reposent sur la notion de choix faits en permanence parmi la multiplicité des faits, des événements, des déclarations" estimait-t-il, drapé dans sa dignité.

PERSONNE NE M'ECOUTE
« Je conteste à l'AFP le droit d'avoir une ligne éditoriale sur les dépêches factuelles, ce qui n'est pas le cas pour les papiers d'angle de l'agence, rétorque Frédéric Lefebvre. Si elle revendique une ligne éditoriale pour les dépêches factuelles, compte tenu de sa position dans le paysage médiatique, alors il faut se poser la question de la création d'autres agences de presse en France. »
S'agissant du traitement de la condamnation de Ségolène Royal, « si la presse en avait parlé normalement, on en serait resté là », jure le porte-parole de l'UMP, qui dément tout « acharnement » contre la présidente de la région Poitou-Charentes. « Simplement, Ségolène Royal avait fait des salaires la grande priorité de son programme de candidate et elle ne cesse de donner des leçons à Nicolas Sarkozy sur le droit du travail. Vu sa condamnation, nous trouvons qu'elle est mal placée pour le faire. Vous vous étonnez du soi-disant barouf que fait l'UMP sur cette affaire? Mais personne ne s'étonne du silence assourdissant de Ségolène Royal... »
La violence de la charge de Nicolas Sarkozy et de l'UMP contre les médias fut jugée assez inhabituelle. « Sous la Ve République, on n'avait jamais eu de mise en cause aussi directe de la presse de la part d'un président », notait le chercheur du CNRS, Jean-Marie Charon, spécialiste des médias. « Il y avait bien sûr l'exaspération du Général de Gaulle, mais pas de déclaration comparable à ce qu'a dit Nicolas Sarkozy. C'est son style: une grande proximité avec les médias et leurs dirigeants et cette relation ambivalente avec les journalistes, mélange de séduction et d'exaspération virulente quand il n'est pas satisfait de leurs articles. » Mais, finalement, il aura fallu attendre une dizaine de mois pour constater que le déchaînement a eu une effet bénéfique décalé...

MAIS QUI A PAYE
Figurez vous que l'AFP a parfaitement retenu la leçon, et que l'agence n'est véritablement pas devenue une machine à diffuser des... informations. Nicolas Sarkozy aime les milliardaires et leurs invitations. On le savait, mais ce n'est pas la peine de le... dire et surtout d'en informer les autres médias ! L'AFP, hier après-midi, n'avait toujours pas rédigé de dépêche sur cette polémique. En revanche, dimanche, une dépêche a annoncé l'escapade présidentielle. Mais selon le Canard enchaîné, « ne voulant pas troubler le couple présidentiel, ce n'est que dimanche que l'AFP a prévenu de l'escapade paradisiaque », qui avait débuté... vendredi. Inutile d'attirer l'attention sur un événement qui réjouira probablement Paris Match Pravda, dont on peut être certain qu'une photo sur deux pages sera plus parlante qu'un texte sur les conditions du farniente présidentiel.
Après le yacht de Bolloré, et les vacances dans une magnifique villa à Wolfeboro, aux Etats-Unis, le Président s'est-il fait inviter par un milliardaire mexicain pour quelques jours de farniente en marge de sa visite officielle au Mexique le week-end dernier ? Inutile de chercher, car la seule Agence française n'a rien vu, rien entendu, rien su et surtout rien dit ! Alors que l'Elysée assure que les frais de séjour du couple présidentiel ont été pris en charge par l'Etat mexicain, RTL affirme que Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy auraient séjourné dans la propriété d'un banquier milliardaire, l'une des plus grosses fortunes du Mexique, Roberto Hernandez Ramirez, membre du conseil d'administration de Citigroup. Ils se sont ensuite rendus dans l'hôtel de luxe El Tamarindo, propriété du milliardaire. Selon RTL, un haut diplomate mexicain, qui requiert l'anonymat, assure que «ce n'est sûrement pas la présidence du Mexique qui a payé pour un séjour hors d'une résidence de l'Etat mexicain ». Toujours sur la radio, le socialiste Mario di Constanzo, une figure de l'opposition mexicaine, annonce avoir saisi les autorités de son pays, pour obtenir des explications. Il aura peut-être plus de chances d'obtenir une réponse que n'importe quel parlementaire français qui le demanderait devant l'Assemblée nationale.

CA VA MANIFESTER DUR
Plus gênant peut-être, pour expliquer la discrétion de l'AFP, le milliardaire Roberto Hernandez Ramirez, qui aurait offert l'hospitalité à Speedy Sarkozy traînerait avec lui une lourde réputation, comme le souligne Rue89. «Dans les années 1990, il a été soupçonné au Mexique de faire transiter par ses propriétés de la cocaïne sud-américaine et de participer au blanchiment de l'argent de la drogue», écrit le site, qui s'appuie sur un article du Boston Phoenix de 1999, intitulé « Clinton et ses copains narcos mexicains ». L'article reprenait une enquête menée par le journal mexicain Por Esto. Mais dans le fond, ça n'intéresse personne, et surtout pas les contribuables français qui ont financé l'aller et le retour de l'escapade exotique !
Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni étaient les invités du président Felipe Calderon lors des deux jours et demi de vacances passés au Mexique la semaine dernière avant les deux jours de visite officielle. Aujourd'hui, la présidence de la république française reconnait ne pas savoir qui a effectivement payé le séjour du couple Sarkozy. C'est un détail sans importance. De son côté, la présidence mexicaine a déclaré qu'à Mexico, « personne n'est habilité à évoquer le sujet ».
Comme l'AFP n'a aucun correspondant sur place, et n'avait pas d'envoyé spécial dans les bagages présidentiels, elle se contentera de diffuser un communiqué de Frédéric Lefebvre sur le sujet, puisqu'il a un avis sur tout, et qu'il exige que toute la France le sache ! Comme on se fait virer pour un oui ou pour un non par la Sarkozie exemplaire, il vaut mieux être prudent et... obéir ou au moins ne pas en faire trop !
Et le respect de la vie privée, qu'est-ce que vous en faites ? On a bien le droit d'aller bronzer où on veut, sans pour autant clamer qui vous paye le voyage, et plus encore qui vous héberge ! L'intersyndicale de l'Agence France-Presse avait appelé, après les attaques du porte parole de l'UMP, à un rassemblement devant son siège, place de la Bourse, à Paris. Elle souhaitait protester contre « les attaques répétées contre l'AFP émanant de hauts responsables politiques français ». L'intersyndicale appelle « les personnels des autres médias, et plus largement, tous les citoyens attachés à la liberté de la presse, à participer à ce rassemblement, qui se tiendra sous le mot d'ordre suivant: AFP menacée, presse bâillonnée, libertés en danger ». Là, elle n'a rien à craindre, puisqu'elle n'a rien fait, pour la bonne cause!
Il y a fort à parier que pourtant, dès demain, l'intersyndicale va récidiver, pour démontrer que les journalistes n'ont pas l'intention de céder au chantage actuel. Surveillez bien votre quotidien habituel, il est certain que la révolte va gagner les rangs des journalistes lucides ! A l'AFP et ailleurs !
Mais je déblogue...
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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 07:17
Le débat entre la science et l'obscurantisme n'en finit pas. C'est à croire qu'il sera interminable puisqu'il s'agit d'un affrontement fondamental pour l'avenir de l'Humanité à toutes les époques. Il est tout de même assez symptomatique de constater qu'il oppose souvent les scientifiques aux religieux, sans parvenir à définir les frontières du domaine des uns et des autres. Aux Etats-Unis, les chercheurs sur les cellules souches célèbrent la décision du président Obama de lever les restrictions s'appliquant aux recherches sur les cellules embryonnaires, une décision qui, selon eux, pourrait mener à des avancées importantes dans la compréhension et le traitement de maux comme le diabète, les maladies cardiaques, ou l'Alzheimer.
Des années durant, les scientifiques ont connu la frustration, du fait des restrictions imposées par le président George W. Bush en 2001. Les mesures Bush devaient incarner le compromis : elles interdisaient l'utilisation du financement fédéral pour la création de nouvelles lignées de cellules souches embryonnaires, tout en autorisant les scientifiques à étudier 21 lignées déjà créées. Mais les chercheurs estimaient insuffisante la diversité de ces lignées et aspiraient à étudier des centaines d'autres lignées, certaines présentant les mutations génétiques spécifiques, responsables de certaines maladies de type Parkinson. L'interdiction a également eu des conséquences pratiques. Elle a obligé les scientifiques à utiliser un matériel de laboratoire différent suivant que les recherches étaient financées par le privé, ou par le gouvernement.
Certains ont même construit des laboratoires totalement indépendants. L'un des aspects les plus déconcertants, selon les chercheurs, aura été l'effet négatif des restrictions sur le partage des connaissances, qui est un des traits marquants de la recherche scientifique. Les chercheurs financés par l'argent privé n'ont pas pu s'associer avec des chercheurs recevant de l'argent du gouvernement, interdisant potentiellement toute avancée ou approche nouvelle.
Tout ceci devrait changer, grâce au décret signé lundi par le président Obama, qui a été ainsi courageux et surtout en accord avec ses promesses. Des progrès significatifs ont déjà été obtenus : au début de l'année, le Food and Drug Administration a autorisé, aux Etats-Unis, les premiers essais cliniques utilisant des cellules souches embryonnaires.
L'entreprise de biotechnologie Geron va tester, sur des atteintes de la moelle épinière, un traitement utilisant des cellules souches embryonnaires, dérivées d'une lignée autorisée par le gouvernement. Les scientifiques estiment à présent qu'ils ont la possibilité de construire à partir des bases établies durant l'ère Bush, mener leurs recherches dans différentes directions, et apprendre les uns des autres de façon totalement inédite. Toutefois, rien ne mettra fin à la controverse.
Les adversaires résolus dénoncent l'utilisation d'embryons pour la recherche médicale, et ne font pas mystère de leur mécontentement auprès de l'administration. Le leader républicain à la chambre, John Boehner, l'a ainsi formulé : « La question est de savoir si l'argent des contribuables doit financer la destruction de la précieuse vie humaine. Des millions d'Américains y sont fermement opposés, et ils ont raison ». Le contexte est posé avec cette déclaration, qui repose sur la philosophie religieuse de la vie humaine. Immédiatement, la confrontation a repris.
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DESTRUCTION DE VIES HUMAINES
Le cardinal Justin Rigali, archevêque de Philadelphie et président de la commission pro-vie de la conférence épiscopale américaine, a présenté la décision du président Obama comme la « triste victoire de la politique sur la science et la morale ». Pour lui, cette initiative est «moralement mauvaise car elle favorise la destruction de vies humaines innocentes, en considérant les êtres vulnérables comme de simples produits bons à être moissonnés ». Pas moins que ça !  Une prise de position maximaliste et presque caricaturale mais qui parle de « vies humaines vulnérables » quand tout l'impact se situe essentiellement dans le poids des mots, et pas nécessairement dans la vérité qu'ils représentent.
L'Eglise catholique est opposée à la recherche sur les cellules souches qui, pour les scientifiques, pourrait conduire à des avancées notamment dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer ou celle de Parkinson, probablement considérées comme des envois divins devant être supportés, parce qu'elle suppose la destruction d'embryons humains. Un article que publie l'Osservatore Romano estime qu'une « vraie démocratie » (sic) doit être fondée sur la protection de la dignité humaine à chaque étape de l'existence. Pour Monseigneur Elio Sgreccia, un spécialiste de la bioéthique au Saint-Siège, la décision d'Obama est, avant tout, motivée par des raisons financières et par la recherche du profit, et on sait  bien qu'aucune des positions de l'église ne repose sur de telles références !
Recevant récemment la présidente démocrate de la Chambre des représentants aux Etats-Unis, Nancy Pelosi, Benoît XVI a affirmé que « tous les catholiques se devaient de protéger la vie de sa conception à la mort naturelle ». De manière significative, le pape, à travers cette démocrate qui s'affiche catholique, s'est donc adressé à l'ensemble des catholiques américains, qui ont en majorité voté pour Barack Obama. S'il a fait pour Nancy Pelosi une entorse à la règle stricte qu'il s'est fixée de réduire ses audiences aux personnalités politiques, c'est qu'il avait un message précis à faire passer.
De ce fait, la très brève entrevue, et les quelques lignes d'un communiqué sévère, avaient sonné comme un avertissement à l'administration Obama. Le Vatican avait été beaucoup moins prompt à réagir quand il s'était agi de se pencher sur les déclarations de Williamson qui, on le sait, ne concernaient pas des « êtres vulnérables » ou « la destruction de vies humaines innocentes ».

EXCOMMUNICATIONS EN SERIE
Benoît XVI a commenté, dans une lettre aux évêques, sa décision de lever l'excommunication des prélats intégristes, dont le négationniste Mgr Williamson, a annoncé le Vatican. Le Vatican, après avoir dans un premier temps refusé de confirmer l'existence de la lettre, a annoncé qu'elle serait publiée ce matin.
Selon des extraits déjà publiés par le vaticaniste Andrea Tornielli sur son blog, le pape confie avoir été blessé par la véhémence de la polémique qu'a provoqué la levée controversée de l'excommunication des quatre évêques lefebvristes tandis que, selon le Vatican, Benoît XVI ignorait les déclarations négationnistes de l'évêque Richard Williamson.
L'affaire « a suscité à l'intérieur et hors de l'Eglise catholique une discussion d'une véhémence que l'on n'avait pas connue depuis longtemps », aurait reconnu le pape.
« J'ai été attristé par le fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir comment sont les choses, ont pensé devoir me frapper avec une hostilité prête à l'attaque », aurait-il écrit. Il remercie en revanche ses « amis juifs » qui ont contribué à lever le « malentendu » et à « rétablir une atmosphère d'amitié et de confiance ». On est bien loin de l'intransigeance sur la recherche fondamentale ou médicale, ou sur l'attitude choquante liée à l'affaire brésilienne de cette fillette de 9 ans qui a avorté après un viol ! Le soutien du cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques au Vatican, à son confrère brésilien de Recife qui a excommunié, comme aux pires moments de l'Inquisition, laisse sans voix de nombreux responsables religieux. Interrogé par le quotidien italien La Stampa sur le sort de la petite Brésilienne, un proche collaborateur de Benoît XVI a déclaré : « C'est un triste cas, mais le vrai problème est que les jumeaux conçus étaient des personnes innocentes, qui avaient le droit de vivre et qui ne pouvaient pas être supprimées. L'Eglise a toujours défendu la vie et doit continuer à le faire, sans s'adapter aux humeurs de l'époque ou à l'opportunité politique. »
Cette nouvelle décision controversée intervient alors que nombre de catholiques n'ont pas encore digéré les effets désastreux du décret du 21 janvier, signé du même cardinal Re, qui levait les excommunication d'évêques intégristes, dont un prélat négationniste. L'affaire du Brésil risque de ternir un peu plus l'image de l'Eglise, et surtout d'accentuer le décalage qui semble s'installer entre les idéologues du Vatican et les croyants, y compris chez les prêtres et au sein d'une partie de la hiérarchie.

MOINS RAPIDE A REAGIR
En sortant cette dramatique affaire du seul contexte brésilien, dans lequel certains responsables catholiques auraient souhaité la cantonner, la caution venue du... Vatican pose un problème de conscience direct  sur la doctrine de l'Eglise  au sujet de la question de l'avortement - canoniquement puni d'excommunication automatique - et fait douter de la capacité ou de la volonté du gouvernement de l'Eglise à parler aux femmes et aux hommes qui sont censés lui faire confiance. Certains, parmi les plus fervents soutiens de Benoît XVI, déplorent que les tenants d'une pensée obscurantiste, présents dans l'entourage du pape, prennent désormais le pas sur ceux qui sont soucieux de faire la part entre l'enseignement doctrinal de l'Eglise, notamment en matière de mœurs, et son adaptation au terrain. Le cardinal Re parle-t-il en son nom propre ou au nom du pape ? Le pape cautionne-t-il sa position ?
La gestion du dossier précédent a valu à Benoît XVI de nombreuses critiques, y compris en interne, sur les orientations et la gouvernance de l'Eglise catholique.
Les atermoiements du Vatican, qui a tardé à condamner fermement l'évêque négationniste, et le manque d'explications pour justifier la volonté de ramener dans le giron de l'Eglise un mouvement opposé à une partie de son magistère, ont sapé l'autorité de Rome et mis en doute « l'infaillibilité » papale aux yeux de nombreux catholiques. Un dogme qui repose sur quelles cellules souches ?
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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 07:17

Si l'on veut une idée exacte du niveau de la citoyenneté en France, il faut absolument se poster à un carrefour fréquenté, quelle que soit sa configuration,  s'asseoir et observer le comportement des conducteurs. En quelques minutes, on constate que l'homme ou la femme possédant une automobile peut évoluer de manière totalement différente de ce qu'il est en configuration normale. Du moins en apparence.
Hier, deux faits, ajoutés à des milliers d'autres, révèlent cette mutation profonde qui démontre le chemin qu'il y aura à parcourir pour revenir à une société apaisée. Un cyclotouriste de 55 ans a été tué et sept autres grièvement blessés dans le sud du Gers, percutés par une voiture dont le conducteur, un militaire de 23 ans, a été contrôlé positif à l'alcool et placé en garde à vue. Les premiers résultats de l'éthylotest auquel s'est soumis ce militaire en poste au 35e Régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes, ont révélé 0,5 mg d'alcool dans l'air expiré (ou 1 gramme par litre de sang), soit deux fois la norme tolérée en France. Le militaire, placé en garde à vue par la brigade de gendarmerie de Mirande, était toujours entendu dimanche en fin d'après-midi sur les circonstances de l'accident. Un groupe de 18 cyclistes amateurs, âgés de 30 à 70 ans, appartenantc à un club, effectuait sa sortie habituelle. Une partie d'entre eux a été percutée par l'arrière. Selon les premiers éléments de l'enquête des gendarmes, les cyclotouristes ont été heurtés par l'automobiliste sur une ligne droite, alors que la visibilité était bonne et la route sèche.
Le directeur du cabinet comme la substitut évoquent une faute d'inattention ou de comportement (tiens donc !), plus que la vitesse, comme cause possible de la collision. L'audition du militaire et son recoupement avec les témoignages des cyclistes permettront de savoir s'il allumait une cigarette, mettait de la musique, ou était distrait par une autre cause.
Si vous vous observez un peu, vous conviendrez qu'il vous arrive aussi de faire ce type d'erreurs. Les menues entorses à la conduite attentive s'accumulent quelquefois, comme il faut bien reconnaître que les règles de stationnement ne sont plus guère respectées, que les stops sont escamotés, que les lignes blanches ne résistent pas à l'impatience de certains... Les radars ont partiellement diminué les effets de la vitesse mais il reste encore beaucoup de risques potentiels qui demeurent. On constate notamment que partout où existent des risques de contrôle, et notamment sur les axes très fréquentés, les automobilistes se méfient, mais ils se défoulent sur des routes plus discrètes et souvent plus dangereuses. C'est actuellement le défi auquel doivent faire face les personnels chargés de la répression : on se tue beaucoup plus sur les voies départementales ou communales que sur les artères à grande circulation !


MORTS EN SERIE

Un autre chauffeur, soupçonné d'être le conducteur du camion qui avait fauché et tué un enfant de 11 ans le 18 novembre 2008 dans le Val d'Oise, a été mis en examen vendredi soir. L'homme est poursuivi pour homicide involontaire avec la circonstance aggravante du délit de fuite. L'enquête, menée par la sûreté départementale, a duré près de quatre mois.  Le jeune garçon avait été fauché sur le chemin de l'école, le matin, par un camion-benne qui s'était enfui après l'accident. Le nombre de morts diminue, mais les faits qui causent celles qui restent, deviennent extrêmement graves car la notion d'auto-responsabilisation n'appartient plus au quotidien des gens. La liste des accidents du week-end s'étale dans toutes les régions. Elle est dangereusement devenue banale.
Dans l'Ouest une voiture avec à son bord trois personnes a percuté, en doublant un autre véhicule, un motard avec son passager. Sous la violence du choc ils ont été projetés à plusieurs dizaine de mètres, en contrebas du marais. Le conducteur de la 307 a perdu le contrôle de son véhicule. La voiture a effectué plusieurs tonneaux, mais ses occupants sont indemnes. Le motard et son passager, âgés de 20 et 30 ans ont été tués sur le coup.
Un autre automobiliste, âgé de 24 ans, a trouvé la mort dans la nuit de samedi à dimanche, lorsqu'il a perdu le contrôle de sa voiture dans une courbe, toujours dans l'Ouest.
Dans le Calvados le passager, âgé de 23 ans, d'une voiture qui est sortie de la route ,dimanche près de Caen, a été tué sur le coup. Même type d'accident près de Bayeux: la passagère avant d'une voiture, sortie de la route, a été éjectée à 40 mètres. La jeune femme de 21 ans a été tuée sur le coup. Le conducteur de 21 ans, qui a été légèrement blessé, conduisait, selon le parquet de Caen, avec un taux d'alcoolémie supérieur au taux légal.
Un jeune motard de 23 ans, victime d'un accident avec un camping-car, samedi, à La Meurdraquière, à côté de Gavray, est décédé des suites de ses blessures... Il faut imaginer ce que représentent ces drames privant des gens de 20, 21, 23, 24, 30 ans de la vie ! Et l'on pourrait augmenter la liste région par région, car au total, c'est une douzaine de décès et plusieurs dizaines de blessés graves qui ont été constatés ce week-end en France !


LA VIOLENCE ACCELERE

Hier également, encore une autre facette de ce comportement voulant que la bagnole confère un sentiment de puissance et de défi, a été mise en lumière. Un homme a été tué à l'issue d'une course-poursuite en voiture et d'un échange de coups de feu avec des policiers. Selon l'Unsa-police, premier syndicat de gardiens de la paix, la voiture, recherchée depuis jeudi soir, a été repérée par les policiers. La Peugeot 406 qui avait quatre personnes à bord, a alors été prise en chasse aux alentours de 22h par des policiers de la brigade anticriminalité de Seine-et-Marne. La course-poursuite s'est terminée au péage autoroutier de Coutrevault. Là, les policiers sont sortis de leur véhicule mais la voiture leur a foncé dessus.
Les policiers se sont alors vus « forcés d'ouvrir » le feu, provoquant la mort d'un passager de la voiture poursuivie. La Peugeot est repartie, mais elle a percuté une autre voiture, blessant une femme. Les trois hommes se sont alors échappés à pied. Des armes et des cagoules ont été retrouvées dans leur véhicule... qui était devenu une sorte d'arme différée.  
Ce type d'utilisation n'est en fait que le paroxysme d'une agressivité de plus en plus palpable. Il conduit à des événements dramatiques, car les situations révèlent des modifications fondamentales d'une société reposant sur le principe « interdisez fermement aux autres ce que je m'autorise à faire ! ». L'automobile est devenue un outil de transgression des contraintes sociales, comme la drogue ou l'alcool le deviennent pour trop de jeunes.


NOMBRES RELATIFS

Les accidents de la route tuent 1,2 million de personnes dans le monde chaque année, et en blessent 40 fois plus. Le record du monde est détenu par la Russie, avec 12 accidents pour 10 000 voitures et 35 000 morts par an. Le record du monde, dans le rapport nombre de mort sur nombre de voitures, est quant à lui détenu par le Maroc qui a vu en 2008 la mort de plus de 4000 personnes, pour un parc automobile ne dépassant pas les 2.3 millions de véhicules, soit en effet 17,39 mort pour 10 000 voitures, contre  à peu près 14 pour la Russie !
Aux États-Unis, premier parc automobile mondial, on a relevé 45 800 morts et 2,4 millions de blessés en 2005 soit un taux de mortalité de 1,54 par 100 000 000 de milles/véhicules. En 2007, 41 059 tués et 2 491 000 blessés ont été recensés.
En France métropolitaine, pour l'année 2005, il a été dénombré 4 990 tués et 105 006 blessés selon le bilan provisoire de la Sécurité routière, soit respectivement une baisse de -4,6 % et de -3,4 % par rapport à 2004. En 2007, 4 620 tués et 103 201 blessés ont été comptabilisés pour 81 272 accidents corporels. En Europe, on constate une diminution assez régulière du nombre de tués sur la route depuis les années 1970 . Cette évolution n'est néanmoins pas homogène pour l'ensemble du continent. Les pays d'Europe de l'Est présentent un décalage dans le temps : le nombre de tués a crû jusqu'au début des années 1990, pour décroître ensuite d'environ 4 % chaque année.
Il parait que deux députés, en mal de célébrité, préparent un projet de loi dénonçant les menaces pour la sécurité que représentent les... cyclistes pour les personnes âgées sur les trottoirs. Il y a de quoi être inquiet quand on en arrive à de telles propositions qui méconnaissent totalement les rapports de forces actuels. Une étude extrêmement précise a été menée en Suisse en 2005. Sur 35 000 accidents , on pouvait en compter seulement 2 713 où le cycliste était fautif contre 5 243 où un deux roues motorisé l'est. Ensuite, on constatait que les voitures étaient responsables de... 23 031 accidents, dont  5 548  pour cause de distraction ,  4 748 refus d'accorder la priorité et 317 non-respects des signalisation lumineuse...contre 22 accidents pour les mêmes causes provoqués par un cycliste.
Concernant les 379 cas mortels liés à un non-respect des règles de la circulation, 22 avaient été  la faute de cyclistes, contre 216 pour les voitures de tourisme, et 78 pour les deux-roues motorisés. La grande majorité de décès liés aux fautes du cycliste avait généré... le décès du cycliste lui-même, contrairement aux voitures, où le conducteur tue quelqu'un d'autre, et reste lui-même vivant... En sachant que le cycliste moyen brûle la majorité des feux qu'il croise, roule à contre-sens une rue sur deux, circule sur les trottoirs et sur les voies de tram, comment se fait-il qu'il ne cause pas plus d'accidents que cela ? Simplement parce que le cycliste est bien plus attentif aux autres, et qu'il n'a pas besoin de règles lourdes pour circuler. Mais tout n'est souvent qu'une affaire de citoyenneté. Et ça, les radars ne le voient pas encore.
Mais je déblogue...

 

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 07:17

Il faut toujours se méfier des journées spécifiquement réservées à un volet de la vie sociale, car en général, si elles existent, c'est qu'elles tentent de régler un problème ou de motiver les gens pour le régler. La mémoire devenant la vertu du monde la moins partagée il vaut mieux en effet médiatiquement rappeler le problème, même si on court toujours après les solutions. On en est donc arrivé à ce qu'il n'y ait plus assez de jours dans une année pour placer toutes les « causes » d'intérêt collectif. Les motifs sont bien différents et se situent à l'échelon national, européen ou mondial, mais ils s'estompent aussi rapidement qu'ils ont été abordés.
Rien qu'au mois de mars, et pour la planète, ont trouve successivement le 4, la journée mondiale contre l'exploitation sexuelle, aujourd'hui la journée de la femme, le 15, celle contre la brutalité policière, le 20, en faveur de la francophonie et celle du conte, le 21 on tentera de sensibiliser à la fois à l'élimination des discriminations raciales, à la poésie, à la trisomie et au sommeil et surtout à la terre, le 22 a été attribué au grave problème de l'eau, le 23, à la météorologie, le 24, à la tuberculose, le 27, au théâtre ! Excusez du peu mais il faut une sacrée santé pour se sentir concerné par tous ces excellents sujets ! En fait, seuls les plus motivés connaissent véritablement l'existence de ces rendez-vous qui finissent par se diluer dans une masse informe, à l'intérêt extrêmement divergent ou mince. Il n'y a plus de hiérarchie dans ces manifestations qui tournent souvent au colloque, à la réunion entre spécialistes et surtout qui ne permettent pas toujours de faire évoluer les mentalités. Tout le monde sait en effet que dès que l'on touche à une opinion dominante sur un thème on doit patienter des années et même des décennies pour espérer changer la donne.

En cette journée mondiale des femmes on peut, par exemple, s'interroger véritablement sur l'efficacité des grandes « messes » destinées à donner au sexe dit « faible » depuis des siècles, la place qu'il mérite. Dans le monde actuel personne ne peut sérieusement affirmer que son statut n'a pas reculé dans bien des pays où la crise sévit et où la religion a repris le pourvoir. Jamais la laïcité n'a constitué la véritable ouverture dont les femmes ont besoin de par le monde. Si certains ont avancé bien d'autres sociétés ont reculé. En fait globalement ce n'est pas certain du tout que les progrès soient aussi évident qu'on veut bien le dire avec des statistiques aussi discutables que l'échelle à laquelle elles sont produites.
L'absence de progrès récents dans la réduction des inégalités professionnelles entre hommes et femmes, tant au sein des salariés qu'à la tête des entreprises, est au cœur cette année de la Journée internationale de la femme du 8 mars, selon féministes, syndicats et économistes. Pour le Collectif national pour les droits des femmes, l'année 2009 risque en effet de voir les inégalités accentuées par la crise économique, dont les femmes pourraient être particulièrement victimes, alors que le chômage des femmes est déjà plus élevé, chez nous, que celui des hommes (9,6% contre 8,1%). L'inquiétude vient d'un rapport du bureau international du travail rendu public jeudi, qui indique que les femmes devraient davantage souffrir du chômage que les hommes en 2009.
Le flot récent des demandeurs d'emploi est depuis plusieurs semaines surtout constitué d'hommes, car les destructions d'emplois sont concentrés dans les secteurs industriels mais les femmes, davantage présentes dans le temps partiel et les contrats précaires, pourraient souffrir plus que les hommes de réductions d'horaires, donc de réductions de salaires, et d'une aggravation de la précarité. Ce constat est bel et bien celui d'un pays qui se croyait il y a encore un an comme une puissance économique incontournable mais à l'échelle planétaire, il existe certainement des situations encore plus dramatiques autour de la faim, de la santé, de la liberté !

Le travail saisonnier en France se féminise en raison du chômage des femmes qui ne faiblit pas et de l'explosion du nombre de femmes seules peu qualifiées. La rupture familiale fragilise souvent beaucoup plus la compagne ou l'épouse, quand elle est en situation de dépendance financière. La crise risque de reléguer au dernier plan la question de l'égalité professionnelle.

COMMENT NOYER LE POISSON

L'annonce, mercredi, par le ministre du Travail Brice Hortefeux, qu'une « mission » suivie d'une concertation allait traiter de l'égalité salariale, promise maintes fois pour 2010, fait craindre à beaucoup que la loi sur les sanctions financières à appliquer aux entreprises récalcitrantes, ne voit pas le jour. Il ne faut pas être naïf, cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté politique, pour des sanctions, il faut une loi comme l'affirme Marie-Jo Zimmermann, députée UMP, dont la proposition de loi sur la place des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises a été jugée jeudi par Brice Hortefeux « trop en avance ». En fait ce texte ne lui paraît pas assez réactionnaire, ce qui est un comble pour une élue UMP !  
Le mouvement patronal Ethic s'est indigné, de son coté du recul de la parité au sein des entreprises du CAC 40, l'Oréal étant la seule société présentant un taux de mixité supérieur de... 15% à tous les échelons. La situation s'aggrave même puisque, selon une étude de l'agence Capitalcom, la part des femmes dans l'effectif global des dirigeants du CAC 40 a baissé de 3,3 points sur un an.
Les féministes ont d'autres sujets de mécontentement. Elles attendent du gouvernement qu'il s'engage plus avant dans la lutte contre les violences faites aux femmes, demandant une loi-cadre comme en Espagne. Dans un discours prononcé en rapport avec la Journée internationale de la femme du 8 mars, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à accentuer l'action internationale contre la violence faite à l'égard des femmes et des jeunes filles. Et c'est probablement la partie cachée la plus terrible de l'iceberg que l'on essaie de présenter sous son plus beau jour.

UNE VIOLENCE CONSTANTE

Le secrétaire général de l'ONU s'est exprimé avec conviction. « La violence contre les femmes ne peut être tolérée, sous aucune forme, dans aucun contexte, aucune circonstance, de la part d'aucun dirigeant politique ou gouvernement ». Il rentrait d'une tournée en Afrique, au cours de laquelle il a fait escale en République Démocratique du Congo, pays où l'on use du viol comme arme de guerre. « La violence contre les femmes est une abomination. Je souhaite la qualifier de crime contre l'humanité » a ajouté M. Ban.
Dans son discours, le secrétaire général de l'ONU a évoqué sa rencontre avec une jeune fille de 18 ans, dans un hôpital de Goma. « Alors qu'elle fuyait les combats qui ont détruit son village, elle a été violemment et brutalement violée par quatre soldats à la pointe d'un revolver. Les médecins de l'hôpital peuvent soigner ses blessures. Mais peuvent-ils soigner son âme ? » a demandé M. Ban.
Le secrétaire général de l'ONU a ajouté avoir évoqué ces atrocités inexprimables lors de sa rencontre avec le président congolais Joseph Kabila. « Le fait est que 80% des violences sexuelles sont le fait de groupes armés ou de rebelles. Mais j'ai dit au président Kabila que ce n'est pas une excuse. En tant que dirigeant du pays - dirigeant souverain d'un pays souverain - il doit être responsable à chaque fois que ces violences sexuelles surviennent » a dit M. Ban. Selon les Nations Unies, une femme sur cinq de par le monde sera violée, ou victime d'une tentative de viol.
Dans certains pays, une femme sur trois est battue ou subit d'autres sévices. Souvent, les coupables restent impunis. S'attaquer aux femmes, c'est comme s'attaquer à la société, a ajouté le secrétaire général de l'ONU, les femmes étant l'un de ses piliers. Et M. Ban a appelé les hommes, comme les femmes, à s'unir pour promouvoir la non-violence. Encore un vœu pieux, dans un contexte de plus en plus tendu, avec une concurrence dramatique pour la nourriture, l'eau, les profits liés aux ressources naturelles, simplement à la survie ! La femme est devenue quantité négligeable dans des sociétés égoïstes, cruelles, misogynes.


RECUL DE L'ESPERANCE

La situation est pourtant paradoxale dans le domaine de la santé. Les femmes ont une espérance de vie très nettement plus élevée que les hommes, notamment parce qu'elles sont plus attentives à leur corps, qu'elles travaillent dans des conditions moins pénibles physiquement (en moyenne), et que le système de santé de prévention est plus attentif aux mères via la protection maternelle et infantile.
L'espérance de vie à la naissance des femmes est de 84,3 ans contre 77,5 pour les hommes, en 2008. Mais les modes de vie des hommes et des femmes se rapprochent, du travail à la consommation de tabac ou d'alcool. Ce qui fait que l'avantage aux femmes se réduit : pour la première fois en 2008, l'espérance de vie des femmes a légèrement diminué, tandis que celle des hommes continue à augmenter. L'écart d'espérance de vie est passé de 8,2 années en 1980 à 6,8 ans en 2008. C'est le seul secteur où elles avaient de l'avance, mais on constate que cettre avance se réduit.
Cette journée de bonne conscience, comme bien d'autres, n'aura pas d'effets réels sur le quotidien de millions et de millions de femmes. Elles se retrouveront demain matin dans une situation identique à celle de la veille. La vie sera encore et toujours plus exigeante vis-à-vis d'elles : double journée de travail, nécessité de prouver beaucoup plus que les hommes, obligation de résultats sous peine d'être vite « déclassées », méfiance permanente dès qu'elles apparaissent dans un secteur social concurrentiel... Les femmes ne sont pas encore au pouvoir, même si on a effectué, grâce aux lois votées par la Gauche, de nombreux progrès. D'ailleurs, le seul fait qu'il faille des textes, des quotas, des obligations, démontre que l'on est encore loin d'admettre ce qui devrait être naturel. Elles sont instrumentalisées par tous les pouvoirs qui cherchent à convaincre l'opinion de leur volonté de changer superficiellement une réalité souterraine pourtant omniprésente. André Vingt-trois, archevêque de Paris, vient d'être « élu » macho de l'année pour sa saillie : « le tout n'est pas d'avoir une jupe, c'est d'avoir quelque chose dans la tête ». Un titre que bien d'autres personnes auraient pu lui disputer, tant ce type de propos redevient à la mode et conforte une opinion dominante, moins visible, mais terriblement efficace.

Mais je déblogue...

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7 mars 2009 6 07 /03 /mars /2009 07:17
Tout se vend et tout s'achète dans le monde de la loi du marché. Il n'a plus aucun tabou et il suffit d'aller se promener sur des sites spécialisés pour constater que les propositions les plus farfelues ou les plus attractives parcourent le net. Rien ne résiste à la soif, même extrêmement modique, de profit. On en arrive à des excès médiatiques mais symboliques où des personnes mettent même leur vie en vente, comme si tout n'était qu'une question de prix... La morale, le sentiment, la reconnaissance, le respect, s'estompent face à une offre intéressante. Cette marchandisation outrancière ne va pas se démentir avec la crise, puisqu'il faut absolument tirer le meilleur parti de tout !
Cette folie de la vente a fait fureur depuis deux semaines. D'abord avec la collection de Pierre Bergé, qui a mis en évidence les débordements classiques des collectionneurs, prêts à fermer les yeux sur l'origine de leurs biens. Le gouvernement chinois avait nié tout lien avec l'acheteur des deux bronzes de la collection Pierre Bergé et Yves Saint Laurent qui refuse de payer. Le collectionneur chinois Cai Mingchao, avait annoncé avoir acheté la semaine dernière les deux têtes de rat et de lapin, pour 15,7 millions d'euros chacune, tout en indiquant refuser de verser l'argent. En Chine, certains l'avaient célébré comme un patriote, d'autres l'avaient critiqué pour ses méthodes.
Les deux pièces du XVIIIe siècle, devenues le symbole de l'humiliation coloniale aux yeux des Chinois, après avoir été pillées par les troupes franco-britanniques en 1860, faisaient partie des pièces maîtresses de la collection rassemblée pendant 50 ans par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, et dispersée la semaine dernière.
L'usage donne sept jours à l'acquéreur d'un bien aux enchères pour régler les sommes dues, donc jusqu'à mercredi dans le cas des deux têtes. Cependant, dans les faits, la transaction peut prendre plusieurs semaines... et il y a fort à parier qu'elle ne se réalisera pas !
Dans un éditorial publié, le China Daily a fustigé les lois et conventions en vigueur qui empêchent le retour du patrimoine artistique pillé par les puissances coloniales occidentales. « Les règlements actuels vont à l'encontre du principe de la justice naturelle. Si les demandes de retour aux premiers propriétaires des objets sont justifiées, et si les peuples du monde entier les soutiennent, mais que justice n'est pas rendue, c'est que quelque chose ne va pas dans l'ordre mondial actuel » ce qui traduit bien la tendance actuelle, où tout a un prix. Le plus élevé bien entendu.

DES LUNETTES A PRIX D'OR
Hier on a eu une illustration de cette folie de la vente-achat appliquée aussi bien aux organes à transplanter qu'aux objets les plus symboliques, aux vêtements qu'aux bouteilles, aux dérisoires cartes postales qu'aux œuvres d'art, aux jouets comme aux outils...Les lunettes et d'autres objets ayant appartenu au Mahatma Gandhi ont été adjugés, à New York, à un homme d'affaires indien pour... 1,8 million de dollars. Les enchères se sont déroulées, alors que James Otis, le pacifiste américain propriétaire des souvenirs, venait de déclarer qu'il avait demandé à la maison d'enchères de les retirer. En échange, il exigeait l'engagement de New Delhi d'augmenter ses dépenses de santé pour les pauvres. « J'ai décidé, au vu de la controverse, de ne pas vendre les objets », avait-il expliqué avant de faire le contraire.
New Delhi avait protesté avec véhémence, arguant que les différentes « reliques » faisaient partie du patrimoine national indien... Impensable que l'on puisse faire des profits sur des restes de l'homme qui symbolisa la pauvreté mise au service de la révolution, et qui niait la dictature du profit. Les civilisations occidentales ne respectent absolument rien, et elles ont une fâcheuse tendance à transformer les symboles des autres en chèques , avec toujours un cheminement vers l'enfer du profit, pavé de bonnes intentions... humanitaires !
Si le monde de l'art s'est passionné pour la « vente du siècle » de Pierre Bergé, seules ces deux têtes intéressent la Chine, car elles faisaient partie d'une fontaine à eau imaginée au XVIIIe siècle par le jésuite français Michel Benoist. L'ensemble jouait sur le thème des 12 animaux du calendrier chinois, devant un des palais de style occidental de l'empereur Qianlong (1735-1795), construit au Palais d'été, dans le nord-ouest de Pékin.
« Ces têtes chinoises ont été pillées il y a 150 ans en Chine comme ont été pillées les fresques du Parthénon à Athènes qui sont au British Muséum, comme ont été pillées beaucoup de pièces qui se trouvent dans tous les musées du monde », avait déclaré Pierre Bergé. « Là-dessus il y a une législation et une jurisprudence » (NDLR : occidentale évidemment !), avait encore dit l'homme d'affaires, homme de gauche engagé et qui avait financé en 1989... la Maison de la Démocratie Chinoise de Paris, destinée à venir en aide aux dissidents et étudiants chinois ayant fui leur pays après les événements de la place Tiananmen.

PILLER, VENDRE, VOLER
Pierre Bergé persistait et signait : « je ne ferai pas de cadeau aux Chinois contrairement à ce qu'ils imaginent. Je suis prêt à donner ces têtes chinoises à la Chine s'ils sont prêts à reconnaître les droits de l'Homme. » comme si le pillage d'œuvres d'art au cours de périples guerriers ne constituaient pas une atteinte grave aux droits de l'Homme. Après le dernier affrontement mondial, tous les biens culturels pillés par les nazis ont été restitués aux propriétaires lorsqu'ils étaient encore vivants ou identifiables. Les nations victorieuses s'arrogent souvent les droits qu'elles réclament quand elles ont perdu ! Elles pillent mais c'est normal. Elles volent mais ce n'est pas un problème. Ce ne devient dangereux que quand c'est l'inverse qui se produit !
On peut considérer que ces objets, quand ils sont exposés dans un lieu public , contribuent de fait à l'éducation culturelle générale et sont donc utile au pays d'où ils sont issus. Par contre, comment peut-on justifier qu'ils entrent dans des espaces privés, pour en ressortir vendus par le marteau d'un commissaire priseur, et remplir un compte en banque ? Les lunettes de Gandhi ou ses vieilles sandales éculées pouvaient-elles être achetées par n'importe qui, au prétexte qu'il suffit d'ajouter des zéros sur un chèque pour les positionner dans une vitrine sécurisée ?
« Les systèmes économiques qui négligent les facteurs moraux et sentimentaux sont comme des statues de cire : ils ont l'air d'être vivants et pourtant il leur manque la vie de l'être en chair et en os ». Ces paroles de Gandhi rappellent opportunément les travers de notre société. Que dirait-il en voyant que l'on puisse mettre 1,8 millions de dollars, en pleine crise, dans des objets qui illustraient la valeur même de la vie de celui qui voulait être respecté uniquement par la simplicité frugale de son apparence. Ces lunettes, seul luxe qu'il acceptait, avaient-elles un prix ? Dans tous les cas, elles ont ouvert les yeux de tous les possesseurs de reliques.

TOUT SE VEND
Impossible de vendre les chaussettes de Albert Einstein puisque ce dernier n'en portait pas ! Une idée a pourtant fait son chemin, certainement inspirée de l'épisode malheureux de la ventes des objets du Mahatma : le diplôme de doctorat d'Albert Einstein sera vendu aux enchères en juin prochain en Suisse, a affirmé hier la Galerie Fischer qui se chargera de la vente. En attendant que le cerveau au formol du scientifique n'apparaisse sur e-bay, ce type de vente va certainement se multiplier dans les prochains mois. Verra-t-on bientôt la vente des cravates de Kennedy, des vestons de Churchill, de la kippa de Ben Gourion, du  képi de de Gaulle, de la laisse du Labrador de Mitterrand ou de  la balle qui a tué Nasser ? La folie des énchères éclipse toute considération morale.
Les mairies commencent même à s'y mettre, à l'image de la ville du Mans qui vend de nombreux objets. Vous pouvez par exemple acheter un tractopelle, 5.000 euros aux enchères ! Les particuliers vendent leur garde robe, les meubles dont ils ne veulent plus, ou encore des objets de plus grande valeur.
Avec la crise, les enchères sont devenues très intéressantes. Les mises en liquidation ou redressements judiciaires ont bondi de 9,2 % en janvier selon l'assureur Euler Hermes Sfac. Autant de voitures, d'ordinateurs, de mobilier à prix très bas que vous pouvez vous procurer. Seul hic: difficile de s'y retrouver devant la multitude d'objets jetés en vrac dans les vides greniers ou sur la toile... On en arrive à des exagérations que les médias adorent !
« Tu auras ma vie, mes biens et mes amis et peut-être mes petites amies... » Sur le célèbre portail d'enchères en ligne eBay, Nicael Holt, un jeune australien de 24 ans, avait décidé de mettre sa vie aux enchères, incluant ses biens matériels et immatériels. Il se trouve que cela avait marché puisque la vie de ce jeune homme avait bien été vendue. En effet, fixée à un prix de réserve de 6.000 dollars australiens, soit 3.576 euros, la vie avait été vendue à 7.500 dollars australiens, soit 4.470 euros, après 48 enchères. A ce prix-là , l'heureux acquéreur - dont l'identité est inconnue - a ainsi obtenu les biens matériels du jeune homme - téléphone, ordinateur, planche de surf, photos d'enfance, 300 CD, etc. - mais également les aspects immatériels de sa vie - amis, parents et ses histoires d'amour potentielles - au nombre de huit. Entendez que l'acheteur sera présenté aux connaissances plus ou moins proches du vendeur. En outre, l'offre comprend un job de vendeur de fruits itinérant, qui débutera en mars prochain. Dans le fond, c'est logique quand on constate que parfois l'Homme n'est respecté que par le profit qu'il génère, autant se vendre de son vivant pour aller faire les enchères !
Mais je déblogue...
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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 07:17
Internet est devenu une immense caverne d'Ali Baba où l'on peut trouver les trésors des amitiés. Grâce au sésame des recherches, j'ai retrouvé en ligne un compagnon de route de l'époque de ma « formation » civique, comme militant de feu le Syndicat National des Instituteurs. Une organisation à laquelle je dois beaucoup, car elle était véritablement le creuset d'une future union de la Gauche. Calme, rigoureux, brillant dans ses analyses, Guy Georges en fut l'un de grands secrétaires généraux... J'ai toujours une reconnaissance particulière et une admiration fidèle pour ces hussards d'un syndicalisme unitaire, démocratique et indépendant, qui m'a tant apporté comme responsable départemental de la commission des jeunes (il y a 40 ans, comme conseiller syndical, comme membre du bureau et comme représentant du personnel durant deux décennies.
Le hasard d'un commentaire sur internet, via un message personnel, sur ma prise de position sur le massacre de l'école m'a permis de retrouver Guy Georges avec qui j'ai échangé. Il n'a pas changé d'un pouce, 28 ans après sa venue à Créon pour une réunion sur le sauvetage de l'école rurale !
Il m'a envoyé l'autre jour une lettre, qu'il vient d'adresser, en tant que militant socialiste, à l'hebdo de ce parti, pour lui faire part de ses commentaires sur la vision de la laïcité présenté dans un article. Comme je ne changerai pas un mot à ses positions, que je trouve extrêmement fortes dans le contexte de religiosité actuelle et, plus encore, d'indifférence aux attaques qui se font jour, je me permets de vous adresser son texte courageux et digne. A vous de juger de ces positions, que les médias ne vous relaterons certainement pas. Elles découlent d'une position prise dans l'Hebdo des socialistes par Jean Baubérot, sociologue, spécialiste de la...laïcité !


« Je ne me fais aucune illusion sur le sort qui va être réservé à ce courrier. J'en ai l'habitude. Mais je renierais 60 ans d'engagement syndical et politique si je ne réagissais pas au contenu du n° 519 de « l'Hebdo des socialistes ». Instituteur depuis 1945, militant puis secrétaire général du syndicat national des instituteurs et professeurs de collège de 1976 à 1983, président du Comité de coordination des mutuelles et coopératives de l'Education Nationale jusqu'en 1992, président de l'ONG "Solidarité Laïque" jusqu'en 2000, j'ai passé l'essentiel de ma vie à défendre les valeurs de la laïcité authentique, et j'ai vécu la bataille perdue de ces 60 dernières années. Je ne reviendrai pas sur les éléments de cette histoire, dont le PS a reçu il y a quelque temps la synthèse ( j'attends toujours ne serait-ce qu'un accusé de réception...)
En lisant le contenu du n° 519, j'en arrive à me demander si les imprécisions, voire les ambiguïtés constatées dans l'expression du PS ne cachaient pas une orientation nouvelle du parti en matière de laïcité de l'Etat. « Sainte alliance contre la laïcité » titrez-vous. On s'attend à ce que vous la situiez dans sa continuité. Il y a un siècle que la collusion « droite/cultes » existe et 60 ans qu'elle progresse. Mais vous vous en tenez au présent comme si Sarkozy avait d'un seul coup ouvert les hostilités. Il dit crûment et applique cyniquement ce que le parti clérical, pour reprendre l'expression de V. Hugo a toujours espéré. L'éditorial est bon mais l'atteinte à l'unicité de notre république ne date pas de 2007. Sarkozy cherche vraisemblablement à lui donner le coup de grâce. Quand je lis « Miracle de la droite, l'enseignement catholique ressuscite », je crois rêver. Il a ressuscité depuis 1951, 1959 1971, 1977, autant de jalons qui lui ont donné non seulement droit de cité- il l'avait avec la liberté d'enseigner que la laïcité lui préservait- mais vocation à se substituer à l'école républicaine. Et quand le PS a été au pouvoir, il a été incapable de casser cette évolution vers la « nationalisation pluraliste » à laquelle la hiérarchie catholique avait tant aspiré. Sur ce terrain, Sarkozy et son compère Darcos sont en situation de gagner par KO. Quand je lis sous la plume d'élus socialistes que leur vigilance porte sur la « parité public/privé », je me demande si la ligne du parti n'est pas de s'accommoder de la situation et d'en dénoncer seulement les excès.
Mais il y a plus grave. Si l'Hebdo des socialistes exprime les positions du parti, je dois constater une inflexion qui équivaut à un renoncement à son histoire et son éthique. Depuis une vingtaine d'années, est apparue une approche "moderne" de la laïcité, s'opposant à la " conception antérieure de la laïcité", la définissant comme "simplement synonyme de tolérance, de pluralisme, de respect de toues les convictions ou éthiques particulières" , pour aboutir à "une culture laïque, ouverte, regroupant dans une recherche commune des incroyants, des chrétiens de diverses religions, des juifs et- pourquoi pas - des musulmans". Voici les citations d'un rapport rédigé en 1988 par Jean Baubérot : Laïcité ouverte »! Il est l'inventeur des épithètes accolées à la laïcité. Pourquoi Sarkozy s'en priverait-il?
Que Jean Baubérot réaffirme ses conceptions en 2009 n'a rien d'étonnant. Mais que le PS ne lui oppose pas la conception historique et socialiste de la laïcité donne à penser qu'il l' approuve.
Que dit Jean Baubérot? Il fustige les "discours passéistes" Merci pour Jaurès...Surtout, il reprend en des termes impératifs cette sorte d'œcuménisme élargi qui lui tient lieu de laïcité dans ce passage (p. 14) que le parti n'aurait pas dû accepter sans réagir;( il en fait même un encadré!!.) Je cite:" nos sociétés démocratiques sont désormais pluriculturelles et la laïcité du XXIème siècle devra être interculturelle" Et, pour faire bonne mesure, cet anathème : "Ceux qui auront stagné dans la paresse intellectuelle d'un discours répétitif en porteront la responsabilité".
Ce n'est une découverte pour personne que les sociétés - la nôtre comme les autres en démocratie- sont multiculturelles ( on pourrait chipoter sur l'utilisation de la culture en l'espèce mais passons). M. Baubérot en déduit que la laïcité doit être interculturelle. Qu'est-ce que cela signifie? Non seulement la neutralité de l'Etat, voire des individus, vis à vis des choix « spirituels » ou « particuliers » de chacun. Mais l'organisation de la société en tenant compte de ces diversités. C'est la voie ouverte au communautarisme. La droite ne s'y est pas trompée, qui s'est engouffrée dans la brèche. Le rapport Stasi définit la société laïque comme "l'espace public partagé" entre les diverses options religieuses et spirituelles. Sarkozy ne fait, là aussi que profiter de cet appel d'air.
La laïcité n' est pas seulement garante du respect par chacun de la diversité de la société et de la liberté pour chaque citoyen de se livrer à des pratiques religieuses ou spirituelles. L'Etat le garantit par l'article 1 de la loi du 9/12/1905,dès lors que ces pratiques ne troublent pas l'ordre public. Mais il n'est pas de la responsabilité de l'Etat d'organiser la société en fonction de ces pratiques ou coutumes.
La réponse laïque est claire et simple. La responsabilité de l'Etat se situe dans le rapport entre celui-ci et ses citoyens, quelles que soient leurs options Et ce n'est pas la même chose. Liberté de conscience, certes, mais aussi égalité devant la loi commune et non je ne sais quel interculturalisme; fraternité - universalité ,beau nom que j'emprunte à H. Pena-Ruiz-, c'est à dire recherche de ce qui unit. Discours passéiste? Non enjeu actuel. Passéiste, la loi du 9/12/1905? C'est ce que pensent les représentants des religions et la droite et Sarkozy, qui a le mérite de la franchise. Cette loi a fait de la laïcité, sans épithète, la pierre angulaire de la République.
J'ajouterai une chose qui n'est pas de la "paresse intellectuelle". La loi de séparation n'est pas une loi antireligieuse. Jaurès et Briand ont imposé un texte qui installait l'indépendance réciproque de l'Etat et des religions, malgré la gauche républicaine qui aurait souhaité mettre l'Eglise catholique sous la tutelle de l'Etat. C'est cette indépendance précieuse pour la paix civile et pour les religions que Monsieur. Jean Baubérot ose qualifier de « conception antérieure de la laïcité » et que la droite derrière Sarkozy veut supprimer ».

Cette réaction d'un hussard noir, courageux, digne, lucide me plaît particulièrement car elle va une fois encore à l'encontre de l'opinion dominante... sur ce sujet , ô combien important, qu'est la laïcité d'une République en perdition. Elle bat en brèche des idées toutes faites et surtout elle rappelle qu'il s'agit d'une idée ancienne qui n'a jamais été aussi galvaudée, alors qu'elle est d'une actualité brûlante. Il y a pourtant fort à parier qu'entre les thèses de l'ex-conseiller technique ministériel de Ségolène Royal , et celle d'un militant aussi convaincu que l'est Guy Georgesp, nombreux sont ceux qui, au nom du modernisme, choisiront de fermer les yeux. Pour ma part, je suis heureux comme un jeune militant d'avoir retrouvé les idées du bon vieux temps de l'encre violette.
Mais je déblogue...
 

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