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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 08:07
S'il en est un qui illustre parfaitement le climat actuel dans lequel la France se réforme, c'est bel et bien le Président émérite de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), le célèbre André Daguin. Il est en effet devenu le personnage central d'un vaudeville interminable avec des cocus provisoires ou durables (la TVA à 5,5), des planqués dans les placards (les sans-papiers), et des retours de fêtes arrosées. Quand on dit et redit que nous sommes entrés dans la politique des brèves de comptoir, on ne trahit pas trop la vérité. Il suffit pour s'en persuader d'écouter celui qui a un avis sur tout et qui doit être un brillant client du Café du Commerce. Un poujadisme permanent qui lui vaut la célébrité et des étoiles de général des bistroquets. 
Les sans-papiers qui travaillent au noir, ou déclarés ostensiblement aux organismes officiels sans avoir droit aux avantages sociaux qui vont avec : c'est lui qui cause ! Quand on annonce la baisse de la TVA pour améliorer l'ordinaire de ses potes : c'est encore lui qui cause ! Enfin depuis dimanche, quand on prône l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs : c'est toujours lui qui cause ! Demain, s'il faut commenter aux « Grosses Têtes » ou aux « Grandes Gueules » sur RMC le taux de croissance, c'est lui que l'on invitera, car ce philosophe des fourneaux à un avis sur tout, et essentiellement sur tout ce qui peut rapporter à ses ouailles.
André Daguin, rappelons-le, est un ancien chef étoilé de l'Hôtel de France à Auch, dont il assura la destinée jusqu'en 1997, avant de le céder à Roland Garreau. Il a connu le succès quarante ans durant. Héraut d'une cuisine régionale revisitée, il est l'"inventeur" et le promoteur du magret, qu'il met à son menu dès 1959. Il conçoit également des plats audacieux comme un foie gras frais aux langoustines, ou une glace de haricots blancs. Avouez qu'un personnage aussi doué ne peut pas se compromettre dans le subalterne et le factice.
Ancien rugbyman, troisième de la dynastie des Daguin dans leur fief gersois, il eut moins de succès en politique. Ses tentatives pour s'imposer à Auch sous les couleurs de l'UDF restèrent vaines. Il prend saucée sur saucée et, malgré sa verve, il reste un élu local polémiste mais peu estimé. Il est aujourd'hui président de la puissante Union des métiers de l'industrie Hôtelière (UMIH) qui rassemble les professionnels de ce secteur, gérants de bar-PMU, de discothèques, ou restaurateurs. Grande gueule s'il en est, il a fait, le 30 août 2004, lors de l'université d'été du Medef, une déclaration mémorable qui traduit sa philosophie du libéralisme : « Vous devez être ceux qui menacent, pas ceux qui sont menacés. Vos dents doivent rayer le parquet. L'indulgence est comme la pitié, elle vous déshonore et elle déshonore aussi ceux qui en bénéficient. La société a besoin de durs, pas de mous. L'ennui, c'est qu'il y en a beaucoup, des mous, beaucoup trop. Il faut arrêter de reculer le moment de l'effort. Ne soyez pas indulgents avec vos salariés. Il y a tout plein de "bacs + 12" qui sont infoutus de travailler, ils ne sont même pas capables de trouver un balai pour faire le ménage. Quand on doit licencier quelqu'un, il ne faut pas cacher la vérité. Vous savez, c'est aussi difficile pour celui qui coupe que pour celui qui est coupé. Moi, je préfère les assassins aux escrocs : les escrocs, les gens les trouvent sympas. Les assassins, non, évidemment ; mais pourtant, ils ont un grand mérite, c'est de ne pas être hypocrites. » Superbe déclaration de celui qui a couvert, durant des années, le travail des sans papiers dans les plus grandes cuisines françaises.
VOS PAPIERS SVP
Lui, c'est un « escroc » du libéralisme, car il souhaite la liberté absolue d'entreprendre, mais il sollicite sans arrêt l'intervention de l'Etat pour imposer, encore et toujours, moins de règles; et c'est un « hypocrite » de première lorsqu'il prétend que les patrons ne connaissaient pas, par exemple, la situation administrative de leurs « soutiers » des offices ! Il est encore plus faux-cul quand il se déclare favorable à « l'esprit général » de la proposition faite par Roselyne Bachelot sur l'alcoolisme des jeunes. Un monument d'hypocrisie !
La ministre de la Santé s'est en effet prononcée pour interdire la vente d'alcool aux mineurs. « Nous ne pouvons nous soustraire à cette lutte contre l'alcool car notre métier, c'est de servir de l'alcool et nous voulons continuer à l'exercer dans les meilleures conditions pour nos clients », a bravement commenté le représentant de la principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration. « Toutes les mesures qui vont vers la préservation de la santé de nos clients auront notre assentiment", a-t-il ajouté avec un coup de menton vers le haut. Parole de vendeur de « petits jaunes anisés ! » Il sait de quoi il parle.
Les cafetiers, rappelle-t-il, s'étaient déjà eux-mêmes imposé une contrainte, à savoir le permis d'exploitation de licence. Trois jours de formation sont nécessaires pour obtenir cette autorisation. On leur apprend durant cette période à reconnaître un mineur d'un majeur. André Daguin a admis que le contrôle des mineurs risque pourtant de se révéler « un peu compliqué ». Il s'est aussi félicité que « pour la première fois, un ministre ait compris que l'alcool ne se vend pas seulement dans les bistrots », affirmant être favorable à « l'esprit général » de la mesure prise par Roselyne Bachelot.
D'après lui, les cafés et bars ne représentent que 15% du marché de la vente de boissons alcoolisées. Il faudrait demander leur avis aux inspecteurs des impôts pour connaître le volume des ventes... oubliées, dans les chiffres d'affaires des bars ! La fraude, on le sait, est phénoménale, avec des achats en grande surface et des ventes avec règlements en espèces au comptoir acceptés de quiconque, les yeux fermés. « Au bistrot, vous êtes chez quelqu'un de... responsable, qui doit s'assurer de votre santé et d'une certaine discipline citoyenne », a insisté le chantre du Café des Sports devant lequel il ne faut pas rire. « Pour toutes ces raisons, ces mesures ne nous font pas peur », a-t-il ajouté, sûr de lui.
Il sait bien qu'aucun exploitant ne demandera ses papiers d'identité à un jeune qui demanderait un baby Whisky en boîte de nuit ! Et d'ailleurs toutes celles et tous ceux qui sont sur le terrain savent que les jeunes s'enivrent de plus en plus chez eux, entre copains, après avoir acheté les boissons au supermarché du coin. Dans les espaces publics, il suffit qu'un adulte apporte dans le coffre de son véhicule les bouteilles et les... revende sur place ! Le reste n'est que de la poudre aux yeux, car personne ne sait comment on appliquera ces nouveaux textes.
SANS PAPIERS RIEN N'EST POSSIBLE
Il avait déjà réalisé un exploit sur le travail déclaré ou... non déclaré des sans-papiers. Employés dans des secteurs comme l'hôtellerie, la restauration, le bâtiment, la sécurité, le nettoyage, l'agriculture ou les services à la personne, ils sont cuisiniers, plongeurs, ferrailleurs, manœuvres, agents d'entretien, saisonniers... Avec ce dénominateur commun d'être des travailleurs salariés, qui disposent de contrats ou de feuilles de paie, s'acquittant de leurs impôts et de leurs cotisations salariales. En commun aussi, la méthode : « Les patrons ne contrôlent pas à l'embauche, témoigne l'un d'entre eux. Il suffit de présenter les papiers d'un cousin ou d'un ami, voire des faux papiers achetés entre 300 et 500 euros. »
Combien sont-ils dans cette situation ? « Ne serait-ce que pour des raisons évidentes de survie, une très grande majorité d'étrangers travaillent, d'une manière ou d'une autre. Les quelques centaines de travailleurs grévistes d'Ile-de-France ne sont donc que l'avant-poste de centaines de milliers d'autres », explique le responsable de l'association Droits devant ! A en croire certaines associations - comme le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), le Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade) ou encore Uni(e)s contre une immigration jetable (UCIJ) -, on compterait en France, en 2008, de trois cent mille à six cent mille travailleurs sans papiers.
La délégation interministérielle à la lutte contre le travail illégal estime, pour sa part, que la proportion des infractions constatées au titre de l'« emploi d'étrangers sans titre de travail » a presque doublé en France entre 2004 et 2006 (14,8 %, contre 8,4 %). Selon une enquête de l'Acoss-Urssaf sur... l'hôtellerie-restauration, des cas de travail illégal ont été constatés dans 25 % des sept mille cent vingt-trois restaurants étudiés, et la proportion passe à 61 % en Ile-de-France. « Nous sommes dans une pure logique de flexibilité et de rentabilité, explique par exemple Grand Filoche. Et la mondialisation n'y est cette fois pour rien car les secteurs concernés sont tenus par des groupes français, qui investissent sur le territoire national, sans concurrence internationale». André Daguin avait réclamé une régularisation importante, de 50 000 à 100 000 travailleurs. « Si on ne les régularise pas, il faut les licencier. Donc, dans Paris des tas de restaurants seront totalement désorganisés, on va tuer une partie du tourisme », avait prévenu le chantre de la restauration propre.  «Les gens qui travaillent chez nous, qui sont déclarés par leur patron, qui paient leurs impôts, leurs cotisations à la sécurité sociale (...), ceux qui donnent satisfaction dans leur boulot, qui n'ont jamais agressé qui que ce soit, ceux qui mènent une vie normale, il faut les régulariser » expliquait-il. Dommage qu'il ne demande pas un point actuel sur sa demande... car la saison touristique est bien engagée, et il reste beaucoup de sans-papiers dans les arrière-salles des restaurants.
Il est cependant souhaitable en France d'être bien dans les petits papiers du président de la puissante Union des métiers de l'industrie Hôtelière. Imaginez un instant l'impact d'une grève des leveurs de coude de comptoirs qui bloqueraient les usines d'embouteillage de boisson anisée. Un cataclysme pour la France, dont le taux de croissance ne serait que de
1 % cette année. Alors ce n'est pas le moment de contrarier les tenanciers, qui mettraient en bière la notoriété présidentielle au moment même où il touche au but : la réduction de la TVA permettra à André Daguin, le maître queux de la politque, d'obtenir ses 4 étoiles au guide du poujadisme français.
Mais je déblogue...
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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 10:27

La borne tricolore du 14 juillet sur le chemin du temps symbolise le passage d'une frontière entre deux conceptions sociales opposées. En fait, la révolte des boutiquiers, des artisans, des passants honnêtes, des employés, des révoltés de tous ordres, des malandrins aussi, constitua ce jour-là une foule énorme de 40 000 à 50 000 personnes(selon les organisateurs, car la police ne comptait pas encore les manifestants). Elle se présenta devant les Invalides pour s'en emparer de force. Pour défendre le fameux « Hôtel », il existait des canons, servis par des invalides des guerres antérieures, mais ceux-ci ne furent pas disposés à ouvrir le feu sur les Parisiens, car ils connaissaient les ravages de la guerre dont ils portaient les stigmates dans leur chair. À quelques centaines de mètres de là, plusieurs régiments campaient sur l'esplanade du Champ de Mars. Le commandant réunit les chefs des corps pour savoir si leurs soldats marcheraient sur les émeutiers. Unanimement, ils répondirent non. Ceux de notre époque en feraient-ils de même ? Ce fut l'évènement capital de la journée. La foule, que rien désormais ne pouvait arrêter, escalada les fossés des Invalides, défonça les grilles, descendit dans les caves et s'empara des 30 000 à 40 000 fusils à poudre noire qui y étaient stockés, ainsi que de 12 pièces de canons, et d'un mortier. Les Parisiens furent désormais armés, mais il ne leur manquait que de quoi faire parler la poudre à canon et faire siffler les balles. Le bruit courut qu'il y en avait au château de la Bastille... Le système médiatique n'était pas aussi performant que maintenant, mais la rumeur réalisait au moins autant de ravages. Elle fit donc l'Histoire !
En marchant vers la forteresse, les « sujets » de sa majesté allaient, pour la première fois, devenir des « citoyens ». C'est là que se situa le tournant de la société française. Ils découvrirent que solidairement, hors des contraintes imposées par le pouvoir, en agissant collectivement, ils pouvaient influer sur le cours de leur propre vie. Il ne faut absolument pas voir autre chose, dans ce rendez-vous avec l'Histoire, qu'un moment de prise de conscience de la force d'un peuple, face à un processus destiné à le maintenir dans une indifférence bénéfique pour les classes en place. Il faudra d'ailleurs bien du temps avant que le symbole d'un acte révolutionnaire, au sens premier du terme, s'inscrive dans l'Histoire autrement que comme un fait divers.
Le débat date de 1880. Et pour mémoire, il agita au moins autant que la réforme constitutionnelle en cours dans les hémicycles institutionnels. Voici les textes fondateurs : comme le dit Henri Martin, sénateur d'alors qui avait en charge la présentation de la proposition de loi datée du 21 mai 1880, et portée par Benjamin Raspail qui l'avait signée avec 64 députés, ce projet indiquait que " la République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet ".
L'Assemblée a voté le texte dans ses séances des 21 mai et 8 juin 1880, et le Sénat l'a approuvé dans ses séances des 27 et 29 juin 1880, à la majorité de 173 contre 64, après qu'une proposition en faveur du 4 août eût été refusée. La loi est promulguée le 6 juillet ! Le ministre de l'intérieur prescrit aux préfets, toujours prompts à exécuter les ordres du chef, de veiller à ce que cette journée « soit célébrée avec autant d'éclat que le comportent les ressources locales ». Le sénateur Martin, le bien nommé, avait notamment déclaré à la tribune du Palais du Luxembourg : « ce jour-là, le 14 juillet 1790, a fait, je ne veux pas dire l'âme de la France, [...] mais la révolution a donné à la France conscience d'elle-même ».
PAS ENCORE UN SPECTACLE
Il reprenait une idée républicaine, déjà partagée depuis quelques mois par ses collègues parfois meurtris par les événements de 1871, qui avait vu la Commune écrasée dans le sang, alors qu'elle tentait de prendre une autre Bastille, celle du pouvoir faussement démocratique d'alors. Il fallait absolument réhabiliter ce passage mythique par la révolution d'un statut à un autre.
En 1878, le ministère Dufaure avait fixé au 30 juin une fête parisienne en l'honneur de la République. Elle fut d'ailleurs immortalisée par un tableau de Claude Monet. Le 14 juillet 1879 avait pris un caractère semi-officiel, mais contesté par les réactionnaires de tous poils. Après une revue des troupes à Longchamp (le 13 juillet), une réception est organisée le 14 à la Chambre des députés, à l'initiative de Gambetta qui avait donné une certaine tonalité à la tribune de la fête célébrée au Pré Catelan, puisqu'à ses cotés on trouvait Louis Blanc et ... Victor Hugo. L'histoire ne dit pas si sa femme était présente en revanche sur l'estrade ! Ce ne fut pas un show international ou un spectacle mis en scène pour la circonstance.
En ce jour du 14 juillet 2008, sur les Champs Elysées, le « pouvoir », quel que soit d'ailleurs son orientation politique, a repris les rênes en transformant ce passage par la révolte du sujet au citoyen, en parade militaire parfaitement maîtrisée. Ce qui fut spontané, inorganisé, impulsif, a été transformé, en 128 ans, en événement aussi policé que possible. Aucune trace de contestation, puisque l'Armée était considérée comme la grande muette depuis des décennies. On s'offre le paradoxe extraordinaire de fêter l'indiscipline dans l'ordre millimétré, la gouaille par le silence, la contestation violente par l'hommage rendu aux pouvoirs en place. En fait, le citoyen se trouve dépossédé de l'acte qui l'a fait naître.
LE DIALOGUE SOCIAL REFUSE
Durant la journée du 14 juillet 1789, il y avait eu pourtant de nombreux « Grenelle de l'acte révolutionnaire », avec un dialogue social prôné par les émeutiers eux-mêmes. Ils se voulaient partenaires de l'ordre juste et pas démolisseur de ceux qu'ils ne contestaient que parce qu'ils étaient à cent lieues de leurs difficultés quotidiennes. On ne sait pas assez que les négociations eurent lieu à 4 reprises dans la journée. Pressés par la foule des contestataires, les grands électeurs de la ville de Paris, en réunion à l'Hôtel de Ville, envoyèrent une délégation au gouverneur de la Bastille, le fameux Monsieur de Launay qui y perdra la tête, avec pour mission de demander la distribution de la poudre et des balles aux Parisiens qui doivent former une « milice bourgeoise ». Cette délégation est reçue avec amabilité, elle est même invitée... à déjeuner (ça se faisait déjà !), mais repart bredouille. À 11 heures 30 une seconde délégation conduite par Jacques Alexis Thuriot de la Rozière (sic) et Louis Ethys de Corny (re sic) se rend à nouveau, pour un « Grenelle » de l'environnement qui sent la poudre, au château de la Bastille. Elle ne peut rien obtenir. La foule des émeutiers, armée des fusils pris aux Invalides s'agglutine devant la Bastille. Vers 14 heures, une troisième délégation se rend à la Bastille; dans cette ambassade populaire se trouve même un abbé. Rien n'y fait ! Une quatrième délégation retourne à 15 heures à la Bastille avec de nouveau Louis Ethis de Corny, mais n'obtient toujours rien. Les soldats de la garnison de la Bastille et les assiégeants se tirent les uns sur les autres... la rupture est consommée. Le dialogue social est rompu. On va appliquer, pour la première fois dans notre Histoire, les principes de la lutte des classes !
LA BASTILLE MEDIATIQUE
Il n'existe à notre époque que des « bastilles virtuelles » à prendre. Certes, on pourrait bien assimiler un centre de rétention pour sans papiers à cette zone de non-droit que représentait alors la forteresse du Marquis de Launay, mais personne n'est prêt à sacrifier un jour férié de vacances pour partir manifester à 50 000 contre un tel lieu ! Une reprise en mains pernicieuse a eu lieu. Elle accentue ses effets depuis maintenant une poignée d'années. Elle a réussi son œuvre sans effusion de sang et sans usage de la poudre à canon, en transformant le « citoyen » en « consommateur ». Lentement, le système de la « loi du marché » a rongé cet esprit de révolte qui doit sommeiller dans chaque esprit. En imposant des références permanentes au « pouvoir d'achat » plus qu'au « pouvoir citoyen » on a fini par détruire les motivations, certes alors dans l'inconscient collectif car non formalisées, des « émeutiers » du 14 juillet 1789.
Ils n'avaient pas l'arme de leur bulletin de vote pour faire parler la poudre de leur mécontentement, c'est la raison qui les a poussé à rechercher des fusils et des canons. Ils ne voulaient plus subir. Ils ne supportaient pas l'injustice de leur sort, mais n'avaient aucun autre moyen que les armes pour l'exprimer. La « Bastille » de ce siècle que nous devrions assiéger et prendre, c'est celle que verrouillent de plus en plus les Princes du CAC 40 et les Marquis du profit : la bastille médiatique ! Chaque jour un peu plus, elle intoxique par ses images, par ses choix, par ses outrances, les consciences fragiles. Elle peut « tuer » ou faire « tuer », seulement par la répétition de ses contenus explosifs à terme pour une société en proie au doute. Elle sait aussi influer, intriguer, promouvoir les gens qui lui conviennent, afin de générer cette notoriété fabriquée qui a remplacé pour beaucoup la notion de popularité, trop liée au goût instinctif du Peuple ! Désormais, il vient au spectacle. il adore s'en mettre plein les mirettes, à ses propres frais quand il est contribuable. Il aime par-dessus tout contempler les "vedettes" du défilé ! Il vient s'estourbir de sons guerriers. Il pense, avec une larme à l'oeil, à ces soldats morts au combat et oublie les millions qui ont été abattus par des balles républicaines ! TF1 a été remarquable dans son registre habituel.
Si 40 000 parisiens selon les historiens, et 20 000 selon les forces de l'ordre, ont réussi à faire basculer la Royauté par un acte symbolique, on doit espérer qu'un jour les  «consommateurs de politique » comme de tout le reste, sauront faire leur prise de la Bastille. Il faudra alors, ce jour là, défiler dans les rues, dans le désordre, la joie, la liberté absolue, que seuls les gens ayant eu le courage de se débarrasser de leurs fers peuvent ressentir. En regardant, sur votre écran de télé, les images de la tribune officielle de ce 14 juillet 2008, pensez donc à éteindre le poste quelques instants, pour revenir à la vraie signification de cette journée qui n'est plus celle du peuple, par le Peuple et avec le Peuple. Regardez bien la cour... et inscrivez comme Louis XVI sur le carnet de votre vie personnelle à la page du 14 juillet 2008 : « Rien ! »
Mais je déblogue...
 

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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 18:24

Il est indéniable que la décision prise par le Conseil d'Etat de refuser la demande de naturalisation d'une marocaine mariée à un français et mère de 3 enfants nés en France, au motif qu'elle a « adopté, au nom d'une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment avec le principe d'égalité des sexes » va alimenter les débats autour du rôle de la religion dans l'intégration sociale. Cette femme marocaine, salafiste, qui porte la burqa depuis son arrivée en France à la demande de son mari, « mène une vie presque recluse et retranchée de la société française. Elle n'a aucune idée sur la laïcité ou le droit de vote. Elle vit dans la soumission totale aux hommes de sa famille » et semble « trouver cela normal et l'idée même de contester cette soumission ne l'effleure même pas », selon Mme Prada-Bordenave, commissaire du gouvernement, qui estime que ces déclarations sont « révélatrices de l'absence d'adhésion à certaines valeurs fondamentales de la société française ». C'est sur cette base juridique que les juges ont justifié leur décision. Elle n'a cependant jamais témoigné d' une quelconque agressivité contre son pays d'accueil, où elle n'a jamais participé à la moindre contestation de l'ordre républicain. Il est vrai que le port de la Burqua traduit vraiment un respect de règles sociales décalées avec notre vision de la place de la femme.
Pour la première fois en France, le Conseil d'Etat reconnaît donc que certaines pratiques religieuses, le salafisme par exemple, sont contraires aux valeurs essentielles de la communauté française et mettent en doute les capacités d'intégration d'une personne étrangère. Et que cette décision n'est pas contraire au principe constitutionnel de la liberté d'expression religieuse. Serait-ce la fin de l'angélisme sur les risques religieux et l'intégration réelle qui pèsent sur notre société ? On peut l'espérer, et il faut donc absolument saluer cette position qui fera jurisprudence, car elle pourra, n'en doutons pas, s'adapter à des comportements sectaires moins ostensibles mais tout aussi dangereux.
Que fera le Conseil d'État si des adhérent(e)s de sectes répertoriées par les instances de la République française sollicitent la nationalité française ? Pour une première fois, la justice choisit de faire primer les valeurs de la France, et affirme que le respect de ses valeurs essentielles conditionne l'attribution de la nationalité française. Il va falloir bien mesurer les conséquences de ce qui est présenté comme un succès de la laïcité positive, probablement un peu trop rapidement. D'ailleurs aussitôt les approbations n'ont pas tardé : pas question de mettre en doute le bien-fondé d'un cas particulier.
APPROBATIONS ET UTILISATIONS
François Hollande, a réagi et s'est félicité « d'une bonne application de la loi ». Il a estimé qu'il n'y avait « pas besoin de légiférer » en la matière. « Evitons de légiférer chaque fois sur ces questions-là », a-t-il dit, faisant valoir que pour les cas de naturalisation, « on doit prendre en compte ce qu'est l'assimilation ou le défaut d'assimilation », comme la loi le prévoit déjà.
Ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse a déclaré qu'elle approuvait elle aussi, mais pour une autre raison : « Le principe de l'égalité des sexes n'est pas négociable ». Elle a estimé que « le Conseil d'Etat, en rendant cette décision, a voulu réaffirmer qu'on ne pouvait pas avoir la nationalité française quand on n'adhérait pas à ce principe. Au-delà même du port de la burqa, il y avait la question du fait que cette femme n'allait pas voter, du fait que cette femme n'avait pas de vie indépendante en dehors des déplacements qu'elle faisait accompagnée de son mari. Je crois que cela n'est pas la République française », a conclu la ministre. Impossible de ne pas être d'accord avec ces constats pertinents. Il faut maintenant savoir si on en fera un bon usage dans d'autres circonstances. L'association Ni putes ni soumises se dit « soulagée » par la décision du Conseil d'Etat, estimant qu'elle devait servir « d'exemple pour tous ceux qui se revendiquent des valeurs de la République ». Dont acte : c'est exact ! « La République ne peut en aucun cas cautionner un tel outil de soumission et d'oppression envers les femmes », soutient NPNS dans une allusion à la burqa. L'association a qualifié le salafisme de « secte radicale », comme si toutes les sectes, quelle que soit leur finalité n'étaient pas radicales pour l'esprit républicain issu du siècle des Lumières !
Il y aura n'en doutons pas aussi l'utilisation qui en sera faite. Le Front national a fustigé « une pratique radicale de la religion incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française » et se félicite de cette décision en déplorant « le poids grandissant de l'immigration sur les institutions du pays et le fait que les tribunaux soient contraints aujourd'hui de trancher des questions relevant d'un communautarisme jamais connu dans la société française ». Il s'en servira sans vergogne dans les prochains mois.
ALLONS VOIR AILLEURS
Tenez, prenons un exemple théorique qui pourrait constituer un travail en fac de droit. Devrait-on accorder la nationalité française à une jeune espagnole entrée chez les Carmélites et qui viendrait s'installer en France ? En effet, dans un article du grand quotidien madrilème El Paîs on trouve ces constats hallucinants sur un groupe ultra traditionaliste qui a réussi à faire se retirer totalement de la vie sociale des jeunes filles jusque là parfaitement intégrées : « Quand elles entrent dans le groupe Gethsémani, elles commencent à se sentir coupables de tous les péchés de l'humanité. Et elles finissent par se convaincre que seule leur immolation à travers l'isolement, le jeûne et les châtiments corporels peut soulager les souffrances d'un Dieu affligé » résume le père de l'une d'entre elles, directeur d'un établissement scolaire à Tolède.
Si l'on en croit les témoignages des parents et les brochures éditées par la Fraternité du cœur de Jésus, les prêtres inculquent tout d'abord aux adolescentes des principes de soumission et d'auto dénigrement. ("Je suis une misérable pécheresse" ou "Je suis petite" peut-on lire dans les bulletins mensuels de Gethsémani.) Ensuite, ils cherchent à les convaincre que le monde est un enfer, un lieu corrompu dans lequel seule la clôture garantit le salut. Les jeunes filles prononcent leurs vœux, convaincues qu'elles répondent à l'appel direct de Dieu, à cette même voix qui avait ordonné à mère Maravillas d'élever le premier monastère de l'ordre au Cerro de los Angeles, dans la banlieue de Madrid. Beaucoup de ces jeunes filles finissent par se sentir en partie responsables d'un tel tourment divin.
L'ordre des Carmélites déchaussées de mère Maravillas suit toujours les règles établies au XVIè siècle par sainte Thérèse, faisant fi des réformes adoptées par la majorité des autres communautés de l'ordre, après le dernier concile. Les Carmélites ne peuvent ni quitter le cloître, ni utiliser le téléphone, et n'ont le droit de recevoir que les visites autorisées par la supérieure, qui peuvent varier de plusieurs heures un dimanche sur quatre à une demi-heure tous les mois et demi, et toujours en présence d'une autre religieuse. Les lettres qu'elles reçoivent ou qu'elles envoient sont soumises à la censure.
Les voisins du couvent d'Oropesa racontent que cilices et flagellations y sont monnaie courante, mais le centre de santé local réfute ces affirmations. « Nous n'avons jamais constaté rien de semblable. Des anémies fréquentes, ça oui. Mais il est vrai qu'elles refusent de montrer leur dos », commente la femme médecin qui suit les novices depuis des années. Mais bien évidemment, ces faits ne pourraient jamais se produire en France car, on le sait bien, il n'y a aucun espace dans lequel des femmes soient soumises à des règles de vie attentatoires à leurs libertés individuelles, à leurs déplacements, à leur intégration dans la vie sociale républicaine.
LE CONSEIL D'ETAT ET LES SECTES
Il est certain que dans les sectes installées dans le monde bien pensant, il n'y a aucune interdiction pouvant relever d'une altération de la libre pensée des femmes qui les fréquentent. La burqua n'est que le signe extérieur inadmissible d'une aliénation de la liberté individuelle, mais les oppressions invisibles sont tout aussi réelles. Que dirait le Conseil d'état si un commissaire du gouvernement rapportait devant lui la situation d'une femme venant d'un autre pays et sollicitant chez nous la nationalité française. Le 18 mai 2005, un arrêt du Conseil d'Etat, à l'occasion d'un recours des "Associations spirituelles de l'église de scientologie", a en effet reconnu le caractère informatif de la liste des sectes de l'Assemblée Nationale. Il précise « qu'eu égard aux risques que peuvent présenter les pratiques de certains organismes communément appelés sectes, alors même que ces mouvements prétendent également poursuivre un but religieux, les associations ne sont pas fondées à soutenir que les circulaires précitées méconnaîtraient le principe de la liberté religieuse", ce qui signifie que des circulaires ministérielles peuvent légalement reprendre les éléments du rapport parlementaire sur les sectes, et recommander aux procureurs d'user de toutes les possibilités du droit pour combattre les dérives sectaires.
Le 27 juin 2005, dans un communiqué de presse, Philippe Vuilque, Georges Fenech et Jean-Pierre Brard, respectivement Président et Vice-Présidents du groupe d'études sur les sectes à l'Assemblée nationale, ont précisé que « par cet arrêt, le Conseil d'Etat confirme l'intérêt "informatif" de la liste parlementaire qui reste donc une référence pour le travail de prévention et de lutte contre les dérives sectaires. Les critères de dangerosité précis qui ont été établis par les parlementaires donnent d'excellents outils qui permettent d'identifier et donc de prévenir ou de traiter toute dérive par la voie judiciaire. » Qui se penchera sur le sort de ces adolescentes ou adolescents qui deviendront de bons Français et donc dotés du droit de vote qu'ils exerceront plus ou moins alors que pèse sur eux et les rend tributaires de principes édictés hors du champ social républicain. Tous les témoignages concordent pour prouver que des atteintes fortes aux libertés fondamentales des femmes existent dans des structures n'arborant pourtant aucun signe distinctif.
Si la décision du Conseil d'Etat est indéniablement positive et fondée, il faut maintenant avoir le courage de faire entrer le comportement social dans toutes les décisions liées à l'obtention de la nationalité.
Tous les comportements, absolument tous, et pas uniquement ceux qui découlent d'une interprétation fallacieuse et outrancière des principes de l'islam. Et bon courage à celles et ceux qui, n'en doutons pas, vont définir les critères de jugement. Il est vrai qu'il y a des comportements religieux sectaires qui sont plus ou moins rentables... électoralement!
Mais je déblogue...

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 22:35

Ah ! mon bon monsieur, le libéralisme n'est plus ce qu'il était ! On a beau être protégé par les institutions ou les gouvernements, il est impossible d'échapper à la redoutable règle de la concurrence. Elle peut vous avoir des profits considérables, mais aussi des pertes phénoménales. Il circule même une rumeur étonnante : en France, jamais le libéralisme n'a été aussi heureux que quand la Gauche était au pouvoir ! Oui, oui, vous avez bien lu. Il suffit de comparer l'évolution des cours de la Bourse pour s'en persuader... Le libéralisme, qui avait fait sa « fortune » idéologique sur l'échec incontestable du communisme, se délite chaque jour davantage car la loi de la jungle n'a jamais été favorable à toutes les espèces... surtout les plus fragiles. Chaque jour, elle permet d'affaiblir, de dépecer, de dévorer, de supprimer ! C'est la rançon d'un système social non maîtrisé qui peut s'effondrer comme un château de cartes bancaires.
Ainsi, la Bourse de Paris a de nouveau fortement chuté de 3,09%, affichant une perte d'un quart de sa valeur depuis le début de l'année, dans un marché miné par la crise financière venant des Etats-Unis, le pétrole cher, sur fond de tensions avec l'Iran. Trois paramètres que personne ne maîtrise réellement dans le monde libéral, mais qui soufflent comme un vent mauvais tout autour du monde. L'indice parisien a abandonné 130,92 points, venant buter à 4.100,64 points, dans un volume d'échanges étoffé de 5,8 milliards d'euros. Le CAC 40 a perdu... le quart de sa valeur depuis le début de l'année (-26,96%), et affiche une chute vertigineuse de plus de 1.000 points depuis le 19 mai dernier, sans que le gouvernement, au nom de la sacro sainte loi du marché, s'en préoccupe officiellement. Il est vrai que Londres a reculé de 2,69%, Francfort de 2,41% et l'Eurostoxx 50 de 2,60%. Six semaines consécutives de baisse en France, on n'avait pas vu ça depuis octobre 1998 et juillet 1997. La situation est inédite, et personne ne sait véritablement où elle va mener l'économie planétaire. Les pertes sont colossales et elles ressemblent à une fuite dans un réservoir sous pression. Ce n'est pas un "krach" classique où l'on observe ce genre de baisse sur quelques jours ou quelques semaines. C'est ce qui est d'ailleurs très pénible pour les détenteurs de capitaux placés : c'est un long effritement depuis le 1er juin 2007. Les facteurs de baisse se sont multipliés, car à la crise des "subprime" qui a agité les marchés financiers dès l'été dernier, se sont ajoutées la crainte d'un ralentissement économique général et les conséquences du dollar faible et de la flambée du baril qui atteignait 147 dollars à New York. Catastrophique pour le moral de l'actionnaire à la veille des vacances ! Il va finir par être aussi démoralisé qu'un fonctionnaire en voie de disparition ou un salarié contemplant sa feuille de paye.
L'OBJECTIF DE TRICHET
La Bourse avait certes regagné 16% entre le 17 mars et le 19 mai, avant que le CAC 40 ne dégringole de quelques 1.000 points. Pour beaucoup d'acteurs du marché, la fermeté de la Banque centrale européenne face aux risques de dérapage des prix explique partiellement ce renversement. Et c'est là que le bât blesse car lors du débat « populaire » sur le premier Traité constitutionnel, la toute puissance de la BCE avait été fortement critiquée par les « nonistes ». En réclamant un texte proposant un contrôle politique sur des décisions purement destinées à protéger la monnaie, et de lutter contre l'inflation, les opposants eurent le privilège d'être les héritiers d'un dirigisme économique archaïque. Le tout puissant Jean Claude Trichet pesa même de tout son poids pour combattre en faveur d'une approbation d'un Traité qui lui donnait encore plus de liberté pour mettre à genoux la croissance.
L'article 105 du traité de Maastricht stipule que « l'objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice à l'objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la communauté en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la communauté tels que définis à l'article 2 ». Et cet article 2 précise que « la communauté a pour mission (...) de promouvoir un développement harmonieux et équilibré des activités économiques dans l'ensemble de la communauté, une croissance durable et non inflationniste respectant l'environnement (...) un niveau d'emploi et de protection sociale élevé (...) » Nul besoin d'être expert dans la lecture des traités internationaux pour en déduire que la BCE a deux objectifs hiérarchisés. S'il y a un « objectif principal », il y a forcément un objectif secondaire. Il s'agit donc d'un mandat hiérarchique et non d'un mandat unique comme le président de la BCE semble le concevoir depuis des mois. Son objectif principal est la stabilité des prix et son objectif accessoire est le soutien aux politiques économiques générales de l'Union européenne et par définition (art. 2) : la croissance, l'emploi et la protection sociale. Et c'est là que se trouve la formidable supercherie car, lentement, l'Europe s'enlise dans la récession.
Jean-Claude Trichet a raison : il ne faut pas désarmer face à l'inflation. Il a tort : on ne peut pas laisser le cours de change de l'euro continuer à monter sans réagir.
La Bourse n'aime pas cette dualité insoluble. Les investisseurs le font savoir en allant voir ailleurs. L'idée et le mot même d'intervention ne sont pas libéraux ! Il s'agit seulement, en l'occurrence, de corriger par une augmentation des taux d'intérêt les excès du marché, non de s'y substituer - et de lutter à armes égales avec des compétiteurs, chinois notamment, qui n'hésitent pas, eux, à utiliser l'arme du taux de change.
DE L'HUILE SUR LE FEU
La bourse a également souffert, comme les autres, d'une désaffection pour les actions au profit d'investissements sur les matières premières et notamment le pétrole, dont les cours ont gagné presque 50% depuis le 1er janvier. Le profit rapide et immédiat est à l'origine de la spéculation qui accroît les difficultés sur le marché de l'énergie.
Comme les alertes sur les acteurs financiers n'ont jamais disparu, il ne manquait plus enfin qu'un regain de tensions géopolitiques pour faire capituler les marchés. Le signal est venu cette semaine de l'Iran, dont les essais de missiles annoncés jeudi par Téhéran ont affolé les investisseurs. Le Corps des Gardiens de la révolution islamique a en effet testé avec succès plusieurs types de missiles, dont les missiles sol-mer et sol-sol, ainsi que des missiles mer-sol au cours des exercices.
Les Gardiens de la révolution islamique ont également tiré la torpille Hoot, testée en avril 2006, et qui avait alors été décrite comme une arme extrêmement rapide, capable de frapper les sous-marins ennemis. Les cibles ennemies définies à l'avance auraient été touchées avec précision. Les Gardiens de la révolution islamique ont testé mercredi neuf missiles de longue et moyenne portée dans le Golfe. Les bourses, déjà mal en point, ont vite pris ces faits pour un signal fort de crise mondiale majeure. La moindre anicroche suffit à perturber le bel ordonnancement des profits assurés. Arrivé à un nouveau plancher, le CAC 40 devrait réagir la semaine prochaine à la salve de résultats d'entreprises publiés aux Etats-Unis et aux premiers chiffres d'affaires trimestriels en France. Les investisseurs craignent de mauvais chiffres. Il en est au moins un qui ne va pas se rendre chez son banquier pour acquérir des actions du crédit Lyonnais : Bernard Tapie !
TAPIE EN PROFITE
Après 13 ans de bras de fer avec le Crédit Lyonnais, Bernard Tapie a obtenu satisfaction devant la justice qui a condamné vendredi le Consortium de Réalisation (CDR) gérant le passif de la banque à verser réparation à l'ancien homme d'affaires pour le préjudice subi dans le dossier de revente d'Adidas.
Formé de trois personnalités, Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Denis Bredin, avocat, et Pierre Estoup, magistrat, le tribunal arbitral chargé de solder ce litige, a condamné le CDR à verser 285 millions d'euros à M. Tapie qui s'estimait floué d'une plus-value conséquente, réalisée par la banque lors de la vente d'Adidas en 1993. Si elle scelle l'objet central du contentieux, cette décision n'est que "partielle" avant un jugement définitif prévu d'ici fin juillet, selon une source proche du dossier. En effet, il reste encore à apprécier les conséquences fiscales du montant de la réparation retenu, de sorte que le jugement s'applique dans des conditions de neutralité fiscale au vu des changements ayant pu intervenir depuis l'éclatement de l'affaire.
Dans un communiqué, le ministère des Finances a réagi: « Cet arbitrage, rendu par des personnalités incontestables, avait été engagé par les parties pour mettre un terme définitif à des procédures contentieuses ouvertes depuis presque quinze ans ». Bercy a cyniquement ajouté que « la plus grande part de l'indemnité (...) retournera aux caisses publiques, par le règlement de la créance détenue par le CDR et par le paiement des impôts et des cotisations sociales qui étaient dus à l'Etat ». Il n'y a pas, dans le contexte actuel, de petits profits.
Ah ! vous souvenez vous des déboires de cette banque florissante que fut le Crédit Lyonnais quand, après quatre longs mois de délibéré, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Jean-Yves Haberer, président déchu de la banque, à dix-huit mois de prison avec sursis et François Gille, son bras droit, à dix mois avec sursis ? Il avait en revanche... relaxé l'ensemble des contrôleurs, qu'ils soient membres de la direction du Trésor (tutelle des entreprises publiques), de la Banque de France (tutelle des banques) ou commissaires aux comptes. Cela valait surtout pour Jean-Claude Trichet, qui voyait ainsi levée l'hypothèque l'empêchant de succéder à Wim Duisenberg à la présidence de la Banque centrale européenne où il accomplit du bon boulot pour les banquiers !
Les faux bilans en question remontaient aux années 1991 et 1992, quand le Lyonnais avait tenté de masquer l'ampleur de la catastrophe financière en cours, consécutive à la stratégie expansionniste du président Haberer. Jean-Claude Trichet, alors directeur du Trésor, devait une fière chandelle à Jean-Pascal Beaufret, son représentant au conseil d'administration de la banque. La relaxe de Jean-Pascal Beaufret a exonéré Trichet d'une condamnation. Car Beaufret fut l'un des premiers à tirer le signal d'alarme. Même si, à l'époque, le Trésor avait bien accepté de valider les comptes litigieux, en sachant pertinemment que les pertes affichées auraient pu être bien plus importantes. Tiens donc Trichet. Vous avez dit Trichet ? Comme c'est bizarre ! Rappelons qu'en 2000, un rapport de la Cour des comptes avait fait grand bruit. Il estimait entre 110 et 120 milliards de francs (en valeur actuelle 1999) le coût de la résorption des déficits, en déduisant du produit de la privatisation la valeur du Crédit Lyonnais avant la crise, en 1990. A méditer, car l'ardoise a été réglée par des contribuables actionnaires compatissants. A l'insu de leur plein gré !
Mais je déblogue...

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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 22:24

Le libéralisme c'est la liberté que l'on donne au renard d'être dans le poulailler face à des poules libres. La liberté du premier ne permet pas de donner beaucoup de chances de survie aux braves gallinacés. Or nous sommes, en France, dans ce contexte qui laisse croire que tout peut se régler par le sacro-saint principe de la concurrence dans un espace clos. Rien n'est plus faux ! En fait, on assiste à un renforcement de la différence déjà forte entre les deux extrémités de la société. Laisser au seul marché le soin de réguler la vie quotidienne, c'est véritablement croire au Père Noël, 365 jours par an. En effet, ça suppose qu'il n'y a pas, à tous les échelons de la vie collective, d'ententes illicites, de groupes de pression, d'échanges de bons services.
Ainsi la loi sur la modernisation de l'Economie va offrir un pactole aux grands groupes de distribution qui ne devront pratiquement plus se soumettre aux décisions des pouvoirs publics. Les « petites » ou les « moyennes » surfaces de vente vont s'installer où bon leur semble pour, selon les prédictions gouvernementales, redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs, via une baisse des prix générée par une « concurrence » débridée ! En fait il s'agit surtout, comme pour la quasi totalité des réformes en cours, de libérer la courbe des profits des amis déjà très riches. La « grande distribution » ne va surtout pas s'auto-détruire par une concurrence effrénée, car derrière chaque rayon, il y a un actionnaire qui sommeille avec un œil ouvert. La situation est extrêmement révélatrice de la fausse bonne idée pour les uns, et de la vraie bonne nouvelle pour les autres.
Quand on se penche sur la situation des marques les plus connues de distribution, on sait bien qu'elles possèdent tous les types de magasins et qu'elles n'acceptent jamais d'aller se frotter sur des zones de chalandise occupées, à moins qu'elles soient « ouvertes » par les augmentations fortes de leur population. Cette réalité ne sera jamais remise en cause, car le gouvernement ne table que sur des groupes allemands pour aller tenter leur chance sur des lieux encore possibles. Rien n'est moins sûr, car ils n'ont pas la réputation d'être des philanthropes. Loin s'en faut. Ils ne partiront pas si la rentabilité n'est pas certaine dans la période actuelle. Et ils n'hypothèqueront pas leurs marges globales pour les beaux yeux de Mme Lagarde.
Pendant ce temps on apprend que Bernard Arnault (LVMH), qui possédait la plus grande fortune professionnelle de France, a été détrôné en 2008 par le fondateur du groupe Auchan, Gérard Mulliez, 77 ans, selon le classement du magazine Challenges à paraître jeudi. Le magazine évalue en effet la fortune de Gérard Mulliez à... 21 milliards d'euros, contre un peu plus de 18 milliards pour Bernard Arnault.
Cet échange des rôles est dû au bond de près de 30% des bénéfices de l'enseigne de grande distribution Auchan, alors que la baisse des cours de LVMH et de Carrefour, dont Bernard Arnault détient respectivement 47% et 5% du capital, explique le recul de 18% de sa fortune. C'est cela la réalité : les enseignes de la grande distribution peuvent pavoiser car deux de leurs actionnaires sont au sommet de la pyramide de la réussite sociale qui se mesure depuis toujours en... milliards d'euros !
ILS FONT CE QU'ILS VEULENT
Le grandiose Xavier Darcos a donc décidé de les mettre à genoux en leur proposant un cartable à prix modéré. Lui, le grand dépeceur du mammouth, a convoqué les grands distributeurs pour les inciter à vendre des fournitures scolaires à un tarif identique à l'an passé. On sait en effet que quand sonne l'heure de la rentrée, pour les marques de stylos, c'est la bousculade dans les grandes surfaces. Objectif, se faire une place dans les linéaires. Et le temps est compté : s'il y a certes un rayon papeterie toute l'année dans les supermarchés, les mises en avant n'ont lieu que pendant la période estivale qui précède la rentrée.
Le marché représente des centaines de millions d'unités. Un enjeu de taille pour Bic, premier acteur du secteur (devant Pilot), qui réalise 54 % de son chiffre d'affaires avec les grandes surfaces. Du coup, les écoliers qui se pressent avec leur liste de fournitures font, par exemple, l'objet de toutes les attentions de la part des marques d'écriture, un créneau qui va des stylos à bille aux stylos à plume, en passant par les crayons de couleur, les feutres et les surligneurs. « Comme tous les concurrents, nous fonctionnons avec des promotions. Les parents cherchent à alléger leurs coûts. Ce sont des techniques marketing un peu basiques mais qui séduisent les grandes surfaces, qui nous mettent dans leurs prospectus », détaille la marque pour qui la rentrée représente 40% de son chiffre d'affaires annuel. Mais par rapport à ses concurrents, Bic dispose d'un avantage certain : le nom de sa marque, qui fait partie du langage courant des français. Depuis l'après-guerre, Bic a vendu 100 milliards de stylos à bille.
Premier segment du marché de l'écriture (16% en valeur) estimé à 250 millions d'euros, les marges du stylo à bille sont faibles. Aussi le Bic Cristal se vend en nombre. « Nous le proposons par paquet de quatre au minimum et de vingt-sept au maximum » Mais pas de couleurs spéciales. « Les écoliers écrivent en bleu et corrigent en vert. Les étudiants préfèrent le noir et les professeurs corrigent en rouge, si bien que toutes les couleurs se vendent », raconte Camille Pinçon. Rien d'étonnant à ce que le Bic quatre-couleurs soit le deuxième produit phare de la marque, qui a racheté et agrégé Conté et Velléda ces quinze dernières années. Xavier Darcos peut parader, annoncer, promettre, mais ce sont les patrons de grandes surfaces qui décident ou font semblant de décider.
DES PRIX DIFFERENTS
Auchan, Carrefour, Casino, Cora, Intermarché, Leclerc, Lidl, Système U... La quasi-totalité des enseignes de la grande distribution se sont en effet engagées à modérer le prix des fournitures scolaires. Elles ont signé, ce jeudi, un accord avec le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos. « Les prix seront, soit maintenus par rapport à 2007, soit moins chers », a annoncé le ministre. Une liste d'une quarantaine de « fournitures essentielles » (cahiers, copies, stylos, feutres, crayons, cartables, trousses...) a été dressée par le ministère, avec la fédération de parents d'élèves PEEP et l'association familiale Familles de France. Vous pouvez avoir confiance : dans le contexte économique actuel, ces marques pour lesquelles le profit est essentiel, vont se priver du pactole de la rentrée alors que leur chiffre d'affaires s'érode.
Le ministère n'a pas chiffré le coût moyen de la rentrée grâce à l'accord, mais Xavier Darcos a cité le chiffre de 40 euros pour un élève de primaire. Un seul groupe, Auchan, a donné des chiffres pour ses magasins : 38,65 euros en primaire, 77 euros au collège et 64,20 euros au lycée.
Dans la presse du matin, Leclerc avait anticipé avec une publicité assurant que « le cartable de Monsieur Darcos est moins cher chez E.Leclerc ». On voit la réalité de cette opération d'enfumage des familles quand on prend coonnaissance du fait que le ministre encourage toutes les entreprises de la distribution et du commerce à utiliser son nom s'il s'agit de faire baisser les prix des fournitures scolaires, et de permettre ainsi aux familles de faire des économies. Un moyen exceptionnel de se faire... de la pub à bon prix ! Incroyable mais vrai pour celui qui donne en permanence des leçons de morale aux enseignants.
UN MINISTRE DE PUB
Le problème, c'est que pour faire baisser les prix, on va aller dénicher en Chine des produits de très mauvaise qualité et évidemment moins chers qu'en France. Leur population nombreuse, jumelée aux multiples activités qui s'y déroulent, font que les écoles produisent beaucoup de polluants et de déchets de nature diverse. Xavier Darcos, plutôt que de se faire de la pub à bon marché aurait pu s'intéresser au cartable écologique à prix modéré : un véritable pari pour l'avenir.
Les écoles constituent un endroit par excellence pour mettre en œuvre des programmes visant à réduire ou à éliminer la production de polluants ou de déchets qui, s'ils sont mal gérés, peuvent avoir un effet dommageable sur la santé humaine et sur l'environnement. Les produits parfumés comprennent entre autres certains produits d'hygiène et de beauté et des produits de nettoyage. Souvent, les produits parfumés peuvent aggraver les symptômes de l'asthme et d'autres maladies pulmonaires chroniques.
Les enfants sont plus vulnérables que les adultes aux poisons et autres substances nocives. Cette situation s'explique, entre autres, par le fait que leur système immunitaire n'est pas complètement développé. Comme ils sont en pleine croissance, leurs tissus sont facilement endommagés par les poisons, ou le manque d'oxygène ou de substances nutritives. De plus, les enfants absorbent relativement plus de substances par les intestins que les adultes. Enfin, leur cerveau et leur système nerveux sont plus sensibles aux effets néfastes de nombreux toxiques parce qu'ils sont encore en voie de développement. Par ailleurs, les enfants ayant une masse corporelle moins élevée que celle d'un adulte, toute substance nocive qu'ils ingèrent ou inhalent se retrouvera en concentration plus élevée dans leur organisme.
Tous ces facteurs contribuent à rendre les enfants plus vulnérables que les adultes à la présence de petites quantités de substances toxiques. L'exposition à des polluants de l'air  intérieur des locaux peut provoquer des maux de têtes, des nausées, des faiblesses, des étourdissements, des engourdissements, des troubles de la mémoire et une irritation des yeux et de la gorge. Elle peut aussi avoir des conséquences beaucoup plus graves pour la santé et endommager le système nerveux central, le foie et les reins, provoquer des troubles cardiaques, et causer le cancer.
Par ailleurs, les articles de soins personnels au parfum très prononcé, comme les eaux de toilette et les désodorisants, peuvent entraîner des problèmes de santé pour les personnes qui y sont sensibles. Font partie des matières dangereuses les plus couramment utilisées, les pesticides, les médicaments, les bouteilles de propane, les batteries de voiture, le shampooing pour tapis, les nettoyeurs de meubles rembourrés, les cires pour meubles, les produits chimiques pour l'entretien, les décapants, la peinture et les diluants pour peintures, les teintures et apprêts, les agents de blanchiment, les huiles pour moteur usagées, l'encaustique... Que fait-on pour lutter contre ces fléaux vendus par de grands distributeurs, oublieux de la qualité pour un prix qui tue. Au sens propre et au sens figuré ! Et cette volonté ministérielle de lutter contre cet état de fait n'a pas de prix !
Mais je déblogue...

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9 juillet 2008 3 09 /07 /juillet /2008 13:06

Incontestablement, il règne un vent de panique dans la population française. Il prend sa naissance sur un constat quotidien : le cancer gagne du terrain. Impossible de savoir si ce sentiment est similaire à celui qui a traversé la société sur l'insécurité et qui a coûté leur place aux gouvernants socialistes, mais on ressent bien une forte inquiétude. Peu de communication sur le sujet. Peu de précisions sur les causes éventuelles. Peu de réponses aux questions qui germent dans les conversations ordinaires de la vie. Pourtant, si l'on se fie à un constat de nos amis canadiens, on sait que chez eux, en 2008, on estime qu'il y aura 42 100 nouveaux cas de cancer diagnostiqués et 19 700 décès attribuables à cette maladie. « Le cancer est un fardeau. Au Québec, c'est une personne aux 13 minutes qui apprend la nouvelle et une personne aux demi-heures qui en décède », a expliqué franchement le docteur Gilles Pineau, vice-président de la Société canadienne du cancer. Plus de cas qu'avant ? Plus de décès aussi ? Oui, en chiffres, mais des explications sont avancées pour éclaircir le phénomène. « L'accroissement démographique, donc le fait qu'il y ait de plus en plus de gens, et le vieillissement de la population, expliquent les hausses dans les statistiques » dit le Dr Pineau. En effet, les probabilités d'être atteint d'un cancer augmentent considérablement avec l'âge, passant de 2,1 % dans la quarantaine à près de 10 % en abordant la soixantaine. Chez nous, il faut y ajouter de simples analyses objectives liées à d'autres causes. On trouve en effet des statistiques qui résument tout aussi dramatiquement la réalité française.
Le cancer touchera par exemple un homme sur deux et une femme sur trois dans le courant de leur vie, 800 000 Français vivent avec cette maladie et 2 millions ont eu un cancer. Chaque jour, 820 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. La France a le taux de mortalité prématurée due au cancer le plus élevé d'Europe, c'est-à-dire avant 65 ans, supérieur de 20 % au reste de l'Europe. Il tue dans notre pays 150 000 personnes chaque année, soit plus de 410 décès chaque jour. Il est responsable d'un décès sur trois chez l'homme et d'un sur quatre chez la femme : c'est la deuxième cause de mortalité en France derrière les affections cardiovasculaires, soit environ 28 % des décès et c'est la première cause de mortalité chez l'homme, tous âges confondus.
Le cancer représente 37 % des décès prématurés chez les personnes jeunes et actives, loin devant les accidents et les suicides. Quatre cancers sur dix surviennent avant 65 ans, et trois entraîneront un décès avant cet âge. Entre 1980 et 2000, le nombre de nouveaux cancers est passé de 160 000 à 278 000 par an, soit une augmentation de 63 % en vingt ans. Méditez bien sur cette réalité : + 63 % en vingt ans avec un accroissement des cas un peu plus important chez les hommes (97 000 à 161 000, 66 %) que chez les femmes (73 000 à 117 000, 60 %). 41 000 décès annuels sont imputables à des cancers liés au tabac (poumon, voies aérodigestives supérieures, vessie...) et 16 000 à l'alcool.
Près de 60 % des nouveaux cas chez l'homme portent sur quatre localisations: la prostate (40 000), le poumon (23 000), le colon-rectum (19 000) et les voies aérodigestives supérieures (21 000) ; chez la femme, deux localisations prédominent : le sein (42 000) et le colon-rectum (19 000). Le cancer du poumon, au sixième rang en 1995, est passé au quatrième rang en 2000, avec 4 500 nouveaux cas et un nombre de décès équivalent. Le coût du cancer pour le système de santé est estimé à 15 milliards d'euros par an. Si après ces chiffres et ces constats vous conservez encore le moral c'est que véritablement vous vivez hors du monde quotidien. Le problème c'est que l'on en connaît les causes mais on ne les affirme pas toujours de façon très audible.
DES DOUTES PROFONDS
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, dans le premier « baromètre santé environnement»   de l'Inpes, les Français s'estiment plutôt bien informés sur les questions d'environnement, tandis que près d'un sur deux estime courir un risque « plutôt élevé » de développer un cancer pour une raison environnementale. Réalisé par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, ce premier baromètre veut préciser les connaissances et opinions de la population face aux risques environnementaux, dans le cadre du Plan national santé environnement mis en place en 2004.
72,1% des Français (70,5% des hommes, et 73,6% des femmes) se disent particulièrement sensibles aux problèmes d'environnement. Cette sensibilité croît avec l'âge: 62,1% des 18-25 ans, 75,4% des 65-75 ans. Les personnes interrogées s'estiment plutôt bien informées des effets sur la santé de certains facteurs environnementaux : la qualité de l'eau du robinet, la pollution de l'air extérieur, le bruit, le monoxyde de carbone, l'utilisation des téléphones portables, la légionellose, les peintures au plomb...
L'amiante vient au premier rang des risques considérés comme les plus élevés, avec 67,7% des personnes interrogées qui la citent, suivie par le monoxyde de carbone (48,5%), les peintures au plomb (43,1%), l'exposition au soleil (42,8%). Il n'en reste pas moins vrai que 51,5% des personnes interrogées considèrent que les risques de la téléphonie mobile sont très (14%) ou plutôt (37,5%) élevés.
Interrogées plus spécifiquement sur les maladies qu'elles craignent, 43,6% des personnes estiment courir un risque « plutôt élevé » de cancer du fait de leur environnement (38,3% : "plutôt faible"), 34,9% de troubles tels que l'anxiété, le stress ou les troubles du sommeil, 31,4% d'asthme ou d'allergies respiratoires. Par catégorie professionnelle, les ouvriers se sentent plus à risque, 50,3% d'entre eux estimant par exemple avoir un risque élevé de cancer.
LES VRAIS SUJETS OUBLIES
C'est ce que l'on appelle un sentiment profond mais confus qui s'ancre dans une société commençant à prendre conscience des enjeux environnementaux au quotidien, sans pour autant en cerner les importances détaillées. La catastrophe de Tchernobyl, et plus largement le nucléaire, n'apparaissent pas, par exemple, dans les dangers potentiels, la pollution liée aux particules des gaz d'échappement des moteurs n'est pas signalée, les produits de la vie quotidienne (produits ménagers, matériaux de construction, traitements phytosanitaires...) ne figurent pas parmi les dangers potentiels car on ne sait pas encore comment on pourrait éviter leur sur-consommation. En fait, les Françaises et les Français     «absorbent » seulement les événements massifs dont parlent, parfois sous la contrainte des faits, les médias. Il n'y  a guère d'anticipation et de prise en compte des réalités.
Par exemple il n'y a véritablement pas de prise de conscience collective des dangers encourus quand on annonce que, dans la nuit du 8 juillet 2008 à 6 h30 du matin, à l'intérieur de l'usine SOCATRI, située dans le site du Tricastin, sur le territoire de la commune de Bollène, un rejet accidentel d'effluents radioactifs, faiblement radioactifs selon les autorités, a eu lieu dans l'environnement. Qui mesure exactement la notion de « faiblesse radioactive » ?
Dans la nuit, une cuve contenant de l'Uranium Naturel a débordé. Selon AREVA, une partie de cette solution (30m3) s'est écoulée sur le sol au niveau de l'installation et dans le réseau d'eaux pluviales. « L'évènement a été déclaré aux autorités et suivi avec les préfectures du Vaucluse et de la Drôme qui ont pris des mesures de précaution. » Le communiqué, laconique, est donc rassurant et passe dans la masse de tous les autres ayant trait à mille sujets jugés plus importants. Pas de panique ! C'est, en gros, le message des autorités nucléaires, après un rejet accidentel d'uranium sur le site de la centrale du Tricastin, dans le Vaucluse. La consommation d'eau potable, la pêche, la baignade et l'irrigation ont pourtant été interdites dans trois communes avoisinantes, dont Bollène. Qui mesurera les conséquences éventuelles sur la santé des populations ? Qui osera faire le lien avec l'annonce présidentielle récente d'installation d'un second réacteur EPR et le choix du prince ?
L'EXEMPLE DE TRICASTIN
Au Tricastin, il aura fallu une bonne dizaine d'heures avant que l'entreprise privée effectue les démarches officielles d'alerte. De quoi s'interroger sur les dangers de la privatisation de la filière énergétique et surtout nucléaire. Les interventions doivent être conduites dans les meilleurs délais sur un site déjà inquiétant. En effet, plus le temps passe, plus le nombre de fûts corrodés et éventrés augmente, plus augmentent les risques de pollution du sol et des eaux souterraines, le nombre de personnes exposées aux rayonnements émis par le tumulus et les risques de contamination par inhalation. Il ne faut pas compter sur la diminution de la radioactivité avec le temps : l'uranium 238 a une période physique de 4,5 milliards d'années et l'uranium 235 de 700 millions d'années ! Cela fait plus de 30 ans que ces déchets toxiques, tant sur le plan radioactif que chimique, ont été enfouis dans le sol. Ce dysfonctionnement perdure en toute impunité, en violation des principes fondamentaux de gestion des déchets, principes censés garantir la préservation de l'environnement et la protection sanitaire des travailleurs et du public.
Il est choquant de constater que ni l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), ni les ministères concernés n'ont exigé de mise en conformité, et qu'ils continuent au contraire d'accorder aux exploitants de nouvelles autorisations pour augmenter les productions, les stockages et construire de nouvelles installations. Le traitement des pollutions passées et le confinement des déchets toxiques devraient constituer un préalable.
Le statut d'installation secrète est là pour préserver des informations à caractère militaire, pas pour servir de couverture à des pratiques choquantes ou pour permettre à AREVA et au CEA de faire des économies sur la gestion de leurs déchets. Par ailleurs, plusieurs responsables sont intervenus dans le cadre de la CIGEET pour affirmer que le« transfèrement » des déchets avait été envisagé... puis écarté. On ne sait si le motif de l'abandon du projet était le souci de limiter les coûts, ou des problèmes liés à la dangerosité des déchets. Aucune de ces explications ne justifie l'inaction. La situation ne peut en effet qu'empirer, et si les exploitants ne financent pas le traitement du problème tant qu'ils sont solvables, dans 50 ou 100 ans, ce sera à la collectivité de le faire... ou d'en subir les conséquences environnementales et sanitaires. Remarquez, on trouvera bien d'ici là des sondages... sur les Français et l'environnement. En attendant, vous aurez un second EPR et surtout vous vous demanderez d'où viennent les cancers. La cause est pourtant claire : le profit. Rien que le profit. Toujours le profit !
Mais je déblogue...

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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 22:36

Il existe une race de roquets qui n'aboient que lorsqu'ils sont à l'abri, bien installés chez eux, devant leurs maîtres et surtout rassurés sur les conséquences de leur attitude belliqueuse. Ils peuvent ainsi paraître menaçants et courageux avec selon l'expression bien connue : « Retenez moi ou je fais un malheur ! » Ils ne réjouissent en fait que celles et ceux qui leur font confiance car dans les moments où il faut aller au combat, ils partent vite se réfugier dans leur niche. Dans le genre, il faut convenir que nous vivons une époque formidable. Gausser, vilipender, agresser restent des valeurs sûres du système politique surtout quand il existe un contexte sécurisé évitant tous les dangers potentiels d'un comportement belliqueux. « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit », a claironné Nicolas Sarkozy, samedi, devant... les cadres de l'UMP. Si la réaction scandalisée des syndicats ne s'est pas fait attendre, cette affirmation se situe en réalité à la croisée de plusieurs phénomènes sociaux et politiques sur lesquels le Président de la République tout puissant n'a eu absolument aucun effet. Ce n'est que de la pure provocation gratuite car c'est totalement faux!
Quantitativement, la rupture ne date en effet pas de son élection à l'Elysée. Selon le ministère du travail (Dares) dont on connaît parfaitement le Ministre, un certain Xavier Bertrand, le nombre de journées individuelles non travaillées pour faits de grève dans les entreprises a tendance à baisser depuis le milieu des... années 1970 : 4 millions en 1976, 1,5 million en 1981, 500 000 en 1993 (hors agriculture et fonction publique). Les derniers chiffres, publiés ce mois-ci, confirment cette tendance. La part des entreprises déclarant au moins une grève a sensiblement diminué entre 2005 et 2006, passant de 2,7 % à 1,9 %.
« La division par deux du nombre de journées de grève dans les transports contribue largement à la baisse globale », note honnêtement le ministère. Une réalité qui aura au moins permis à Nicolas Sarkozy de pavoiser et de se montrer inutilement agressif. Cette baisse tendancielle du nombre de grèves n'exclut toutefois pas des pics de mobilisation dans le secteur public, comme lors de l'opposition aux réformes des retraites d'Alain Juppé en 1995, puis de François Fillon en 2003. Deux situations qui se retrouveront certainement dès cet automne. En fait, dans des chroniques antérieures, j'avais signalé qu'il ne s'agissait que d'un phénomène conjoncturel lié à un mode de gouvernance : la tactique de Nicolas Sarkozy consiste simplement à « multiplier les fronts » et à veiller à ce que les réformes gouvernementales ne viennent plus les unes après les autres mais en même temps. Le déluge est tel que plus personne ne sait où donner de la tête et donc il est impossible de multiplier les jours de protestation. Il est bien évident que dans le contexte économique actuel, jamais on n'arrivera à faire manifester les « victimes » plusieurs jours par mois.
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer a, lui, estimé sur LCI que les propos de Nicolas Sarkozy n'étaient « pas une provocation » mais « une expression devant des militants auxquels il a voulu rappeler qu'avec le service minimum (...) la France n'apparaît plus comme un pays qui est perpétuellement paralysé par des grèves ». On croît rêver ou pire, cauchemarder ! Les teckels aboient de loin au début du mois de juillet quand ils savent qu'ils ne risquent rien. Ils mordent d'autant plus facilement que l'opinion dominante, fausse sur les grèves, paralyse les consciences endormies par l'été !

LE CHANT DE LA CALOMNIE
Il est vrai que personne ne semble se rendre compte que l'on assiste à une réforme de la République à laquelle on tord le cou tranquillement. Quand on expliquait que le système fallacieux des services minima ne servait qu'à détruire le droit constitutionnel de grève, le chœur des vierges outragées avait entonné le chant de la calomnie. Les vastes manifestations de fonctionnaires qui s'étaient tenues dans toute la France n'avaient pas amené le gouvernement à reculer d'un pouce sur les 22.900 suppressions de postes prévues au budget 2008, dont 11.200 dans l'Education nationale... Les classes ont été fermées dans la résignation générale. Les effectifs par classe augmentent dans l'indifférence générale. Les guichets de tous les services de l'Etat sont désertés mais personne ne s'inquiète. A la rentrée les dégâts seront irréversibles. Pour les enseignants, en pointe dans les cortèges, l'addition risque même d'être salée. Ils n'ont pourtant pas été très mobilisés car, eux aussi, traversent une période difficile pour leur pouvoir d'achat. Et c'est, dans le fond, ce qui réjouit probablement le plus Nicolas Sarkozy.
« Je respecte le droit de grève », avait affirmé le chef de l'Etat, mais il s'agit de mettre fin aux « difficultés insurmontables » créées pour les parents : « Le droit au travail pour les familles qui n'ont pas les moyens doit être garanti». A l'image du système adopté cet hiver dans les transports, les députés Ump vont accepter qu'en cas de grève les professeurs se fassent connaître quarante-huit heures à l'avance pour que l'accueil des enfants puisse être organisé et qu'ils aient droit à l'accueil. Ne prenez cette mesure que comme un service rendu aux parents et surtout pas comme un moyen de plastronner ensuite devant le conseil national du parti présidentiel.

PEU DE CHOQUES
Le seul fait que celui qui n'est plus que le Président de tous les Français  dans l'esprit républicain aille d'ailleurs se vanter, face à un auditoire partisan, de sa victoire sur la démocratie, ne heurte même pas les républicains convaincus. Que n'aurions nous lu, entendu, vu, si François Mitterrand était allé devant le conseil national du PS ! « Chef de clan ! » ; « idéologue partisan ! » ; « premier secrétaire archaïque »... et bien d'autres qualificatifs auraient plu. Les propos de Marielle de Sarnez me conviennent parfaitement : « Ça me choque ! » déclare la vice-présidente du MoDem, qui affirme que « la fonction de président de la République qui rassemble tous les Français » n'est pas celle  de « chef de parti (...) ça ne choque plus personne mais moi ça me choque... » Ouf! il y a au moins une personne « choquée » !
En effet, à l'UMP on a les oreilles bouchées ou on a la trouille de s'exprimer sur une nouvelle bourde du patron. Xavier Bertrand, le ministre du Travail, a rappelé sur RTL que « la grève est un droit constitutionnel qui doit être respecté », mais il a souligné que « pendant trop longtemps, en France, on faisait grève et on discutait après ». Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP, a pour sa part évoqué « une tempête dans un verre d'eau », ajoutant, lors d'un « chat » sur le site Internet des « Echos », que « Nicolas Sarkozy a simplement énoncé une évidence en exprimant ce que doit être la grève ». Dramatique pour notre avenir que ces outrances indulgentes qui reviennent à prendre vraiment les « autres » pour des idiots ! Encore un pas ou deux et on se retrouvera avec un Président cultivant avec arrogance un sentiment d'impunité absolue... car il aura face à lui une démobilisation absolue. Il ne se rend même plus compte des dégâts qu'il cause dans son propre camp.

PROVOCATIONS EN CASCADE
En fait, on assiste à une impressionnante succession de provocations, comme si dans le fond, pour que les médias s'intéressent à lui, il lui fallait en permanence être outrancier. Pour la réforme des institutions, qui tourne à une négociation interne à sa propre majorité, et dont le rejet le diminuerait durablement dans la mesure où il a besoin d'une majorité élargie, il se plaît à jouer l'anti-consensuel. Sa volonté de nommer lui-même le président de France Télévisions mécontente une forte partie de l'opinion : l'enquête de BVA montre que 67 % des sondés, et même 60 % de ceux qui se déclarent proches de la majorité, désapprouvent la mesure. Il donne l'impression de l'avoir décrétée pour justement provoquer.
Sa séquence d'autosatisfaction sur les grèves devant les caciques de son parti irrite la gauche et les syndicats. Conséquence : selon le baromètre BVA-Orange-L'Express, réalisé pour une bonne part après l'annonce de la libération d'Ingrid Betancourt, le chef de l'Etat flirte avec son record d'impopularité. Il perd notamment 9 points de bonnes opinions auprès des sympathisants de droite.
La recherche de l'affrontement est désormais permanente. Elle a également marqué les premiers jours de la présidence française de l'Union européenne : passe d'armes avec Jean-Claude Trichet, président de la BCE, sur les taux d'intérêt, joute avec les commissaires de Bruxelles qui l'empêchent de dire n'importe quoi ! Même le 13 juillet prochain lors du lancement, dans la douleur, du projet d'Union pour la Méditerranée, il risque de déclencher la controverse, en raison des égards envers le président syrien, Bachar el-Assad. Il sait que les critiques vont fuser et il le fait exprès. Il cherche par tous les moyens à ce que l'on parle de lui. Il applique la fameuse formule : « que l'on dise du bien, que l'on dise du mal de vous : peu importe. L'essentiel c'est que l'on parle de vous ! » Cette addition de polémiques successives, passées et à venir, ne doit donc absolument rien au hasard. Elle est même au cœur de la méthode Sarkozy, même si elle contraste avec celle de ses prédécesseurs et s'oppose à une lecture traditionnelle de la Ve République. Il fut un temps où le président de la République était le père de la nation. Là, il n'est même pas devenu le Petit Père du Peuple.
Mais je déblogue...

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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 07:53

Il ne se passera pas un jour sans que l'environnement se taille la part belle dans la vie politique. On va assister à une course pour occuper les premières places de défenseurs de la planète. Un concours Lépine de la meilleure communication pour se doter d'une auréole de « géant vert ! » Les écolos n'ont plus qu'à bien se tenir car ils seront débordés par des convertis se prenant pour des anges Gabriel annonciateurs de la naissance d'un divin programme de préservation d'un monde en souffrance.
Dans la seule journée de hier tant sur le plan européen que mondial les annonces se sont multipliées. Ce dialogue entre la France et le Japon ressemble à la confrontation précédant un combat de boxe. On se jauge à distance. On essaie de mesurer les forces du camp adverse entre l'UE et le G8 ! A ma gauche Jean Louis Borloo entraîné par Nicolas Sarkozy, le tenant du titre de Roi du Grenelle et à ma droite Yasuo Fukuda, premier Ministre japonais gentil organisateur du sommet mondial des pays industrialisés. Tous deux sont prêts à en découdre en attendant que Georges W. Bush et Nicolas Sarkozy, amis d'un an, occupent le devant de la scène. Comme il sera impossible de se mettre d'accord avec les autres sur les volets économiques on se donnera bonne conscience avec des effets d'annonce sur la lutte contre le réchauffement climatique !
Le président américain a déjà donné le ton. Il a promis, hier à son arrivée au Japon, de jouer un rôle « constructif » dans la lutte contre les émissions de gaz carbonique, mais a prévenu que tout effort serait vain s'il n'associait pas l'Inde et la Chine. Un moyen comme un autre de tenter d'estomper le fait qu'il s'est absolument refusé à tout effort dans ce domaine depuis les accords de... Kyoto ! « Je serai constructif », a-t-il dit après des entretiens avec le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda tout en sachant qu'il ne lui reste que quelques mois pour régler un problème oublié par les USA depuis deux décennies. On ne peut même pas ignorer que les Républicains auront bien besoin de se refaire une image positive dans ce secteur précieux de la vie mondiale. Mais « nous n'allons pas résoudre le problème » si les deux géants asiatiques ne s'impliquent pas dans un accord à long terme, a-t-il aussi prévenu comme pour annoncer un échec prévisible.
Les membres du G8 s'apprêteraient pourtant à annoncer une « réduction de moitié d'ici 2050 » de ces émissions de gaz à effet de serre selon le travail que préparent actuellement les sherpas déjà sur place. Un journal japonais assure que des objectifs, arrêtés état par état, figureraient dans la déclaration finale des dirigeants du G 8.
Le ministre de l'Environnement japonais Ichiro Kamoshita a pour sa part expliqué que le Japon ne souhaitait pas dévoiler son objectif de moyen terme en la matière lors du sommet. « Si nous devions être les premiers, nous agirions contre nos propres intérêts », a-t-il indiqué. Et c'est ainsi qu'une partie de poker menteur va s'engager car personne n'a les moyens de « tirer » le premier ! En juin, l'archipel avait fait la promesse d'une réduction de 60 à 80% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 2005. Il avait aussi évoqué une possible diminution de 14% d'ici 2020, sans autre engagement. Le protocole de Kyoto et la communauté internationale considèrent comme année de référence 1990 ce qui sera forcément contesté compte tenu du retard pris par certains pays dont les Etats-Unis.
Le dernier sommet des huit grands états industrialisés (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis, Italie, Japon, Russie), l'année dernière en Allemagne, s'était soldé par un engagement des pays membres à « considérer attentivement » cet objectif de réduction. Aucune date de référence n'avait cependant été précisée. Le journal japonais affirme que l'Europe et le Japon souhaitent remplacer le terme « considérer » par « s'accorder » pour les seuls pays industrialisés. Ce qui permettrait de se quitter sur... un bon mot !

A CHACUN SA VERITE
Ce minimum s'explique par le fait que chaque dirigeant viendra avec ses propres priorités ce qui ne va pas simplifier le dialogue. Tout le monde, dans le contexte mondial actuel, a ses chats à fouetter. « Le monde doit affronter un triple défi: des prix élevés pour le carburant, des prix élevés pour l'alimentation et une crise du crédit », affirme Gordon Brown le Premier Ministre britannique. « J'affirmerai au G8 qu'au lieu de mettre de côté nos actions sur les changements climatiques et le développement, la crise économique en cours nous commande d'accélérer nos efforts, non de les relâcher » a jouté celui qui va jouer une bonne part de son avenir personnel à la tête de la Grande Bretagne. « Ce programme n'est pas seulement fondamental pour l'environnement et la lutte contre la pauvreté, mais aussi pour notre avenir économique. »
Du coté de l'Allemagne on est beaucoup plus centré sur les problèmes économiques, et le réchauffement climatique n'a pas été cité dans les priorités d'Angela Merckel. Elle a déclaré, dans une interview, qu'une série de mesures contre la crise alimentaire serait prise aujourd'hui, lors du prochain sommet du G8 : « Un vaste catalogue de mesures pour garantir l'alimentation mondiale ». Ces différentes mesures, fondées sur un concept du gouvernement allemand, envisagent de « soulager à court terme la crise alimentaire ». Une « stratégie à long terme pour augmenter la production agricole mondiale » est aussi prévue.
La chancelière a mis en garde contre les effets dévastateurs que pourrait avoir une crise alimentaire sur la durée. Cela pourrait ainsi « mettre en danger la démocratisation, déstabiliser des Etats et se transformer en problèmes pour la sécurité internationale », selon un document de six pages qu'Angela Merkel a envoyé à ses collègues du G8 avant que notre Nicolas Sarkozy s'exprime ! Il ne serait pour lui question que d'accords commerciaux sur les exportations de denrées alimentaires... Comprenne qui pourra quand les ministres européens réunis à son initiative n'ont parlé entre eux que de lutte contre le réchauffement climatique.

ACCUSES LEVEZ VOUS
Accusés depuis quelques mois de contribuer à la déforestation, à la flambée des prix agricoles et aux situations de famines dans certaines parties du monde, les biocarburants ont subi une nouvelle attaque venue de Grande Bretagne où le quotidien britannique The Guardian a publié un rapport de la Banque Mondiale soutenant que leur essor serait responsable pour 75% de la flambée des prix des produits alimentaires. Et c'est là que la situation se complique car il faut concilier une diminution des gaz à effets de serre via les substituts au pétrole et les conséquences terribles que leur consommation a sur l'économie mondiale ! Cette publication a coïncidé avec une réunion conjointe des ministres européens de l'Environnement et de l'Energie près de Paris, et le ministre français Jean-Louis Borloo, dont le pays préside l'UE, a admis à son tour que les carburants verts suscitaient de « nouvelles inquiétudes ».
« Ce qui était la solution il y a 18 mois est aujourd'hui voué aux gémonies », a-t-il déclaré. « Pendant des années, la seule vérité c'était les biocarburants. On est en train de changer d'avis à toute vitesse ». Surtout, que Jean Louis Borloo, comme le secrétaire d'Etat allemand à l'Economie Jochen Homann, a affirmé avoir découvert qu'aucun objectif contraignant sur le développement des biocarburants ne figurait dans le plan de lutte contre le réchauffement proposé en janvier par la Commission européenne, mais seulement l'objectif de voir les énergies renouvelables atteindre 10% de l'énergie utilisée dans les transports d'ici 2020.
Ils ont semblé ainsi se distancier des biocarburants, et être plus enclins à encourager d'autres techniques comme les voitures électriques ou à hydrogène. Il va falloir maintenant faire admettre ce changement de cap aux pays émergents, dont le Brésil, qui se développent à partir de cette nouvelle donne sur les énergies renouvelables. Or au Japon on ne sait pas encore quelle place est envisagée au sein du G8 pour l'Inde, la Chine ou le Brésil ! On nage dans le plus parfait marigot où nagent aussi des crocodiles prêts à défendre leur espace vital. On se mettra donc uniquement d'accord sur des « mots » suffisamment généraux pour ne pas mécontenter le plus grand nombre de pays.

BUSH TIENT LES CLES
En fait tout dépendra de l'attitude du cow-boy texan. Il vient au Japon pour annoncer qu'il ira à Pékin retrouver ses amis pour la cérémonie d'ouverture des JO et que sa seule préoccupation reste... le cours du dollar. Le reste n'est que subalterne. Il s'en accommodera à la seule condition qu'il n'y ait aucune contrainte précise. « Notre économie ne croît pas aussi solidement que nous l'aimerions », a-t-il déclaré.
« Nous avons eu une croissance positive au premier trimestre, nous verrons ce qui se passera au deuxième. Nous ne sommes pas aussi forts que ce que nous avons été durant une grande partie de ma présidence », a ajouté le président des Etats-Unis, qui achèvera son deuxième mandat en janvier. « S'agissant du dollar, les Etats-Unis croient en une politique du dollar fort et pensent que la force de notre économie sera reflétée dans le niveau du dollar ». Circulez. Il n'y a rien d'autre à voir dans une situation où dollar faible et pétrole cher ne peuvent pas cohabiter longtemps !
Cette dualité incite notamment les spéculateurs à se « couvrir » en prenant des positions sur les marchés des matières premières et contribue ainsi à nourrir l'inflation qui sera la seule et unique véritable préoccupation des grands de ce monde. La situation en Afrique, dans les pays pauvres, dans les pays émergents : on verra plus tard quand il sera trop tard.
Signe de la brutale décélération de la croissance aux Etats-Unis, l'économie américaine a détruit 438.000 emplois depuis janvier. Et ça, c'est intolérable. On va donc veiller à ce que le « monde » prenne ses responsabilités pour remédier à cette mauvaise passe. Le seul problème c'est que la Russie se refait la cerise avec son gaz et son pétrole, que la Chine connaît malgré ses malheurs une croissance à deux chiffres, que l'Inde et le Brésil s'en tirent bien dans une mondialisation les ayant avantagés. Dans le fond, le plus lucide est probablement le premier Ministre canadien, qui ne se fait aucune illusion sur cette rencontre dont on va nous rebattre les oreilles. Il se propose d'expliquer aux dirigeants du G-8 qu'il est inutile de conclure un accord mondial de lutte contre les changements climatiques sans la participation des plus grands pollueurs mondiaux, dont les Etats-Unis, la Chine et l'Inde. « Je peux vous montrer les mathématiques: ce n'est pas possible pendant les décennies à venir de vraiment réduire les émissions de gaz à effet de serre sans la vraie participation, d'une certaine façon, des pays en voie de développement », a-t-il martelé mercredi dernier, lors d'un point de presse en compagnie de son homologue français François Fillon. Qui vivra verra, mais pour moi c'est tout vu : on n'avancera pas d'un pouce ! On se sera fait une bonne bouffe entre amis (coût du sommet 360 millions de dollars) et on se reverra bientôt!
Mais je déblogue...

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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 12:24

Les annonces présidentielles ont l'avantage d'être sûrement mûrement réfléchies. C'est du moins ce que les Françaises et les Français peuvent espérer d'un Nicolas Sarkozy se présentant comme un réformateur forcené. Il doit peser les mots, les décisions et s'entourer de toutes les analyses objectives indispensables. Il paraîtrait véritablement inimaginable que ces déclarations soient faites uniquement pour occuper l'espace médiatique devant lui redonner un brin d'espoir de remonter la pente dans les sondages. Il n'y a pas cependant de jour sans que l'on puisse remettre au goût du jour le principe voulant que le silence soit souvent préférable à la parole, même parfaitement démultipliée. Les exemples sont nombreux et faciles à démonter. Tenez, prenons la grande annonce de la semaine écoulée : la construction d'un second EPR sur le territoire national !
Si l'on se fie aux apparences (comme toujours) et si l'on entre dans la spirale de l'opinion dominante (comme le veut le système) on conserve de cette déclaration la seule volonté présidentielle, en pleine crise pétrolière, de proposer une vraie fausse solution à la dépendance énergétique de la France. En fait, comme le veut une tradition, aucune véritable étude sérieuse et indépendante n'a été menée avant que cette proposition arrive sur la place publique. Quelle implantation ? Quel impact sur les sites ? Quels dégâts collatéraux ? Quel coût dans le contexte actuel ? Peu importe, il faut simplement annoncer, sans cesse annoncer. Quitte à revenir ensuite en arrière ! Pas une seule réforme
« EDF se réjouit de l'annonce du projet d'un futur deuxième réacteur nucléaire de type EPR, en France. EDF est prêt à s'engager. » Le discours présidentiel a poussé l'électricien à se positionner... car désormais sur ces sujets là on est dans la concurrence. Il y a pourtant peu de temps, Suez et EDF, désormais rivaux sur ce créneau de la production d'énergie, étaient en désaccord sur le besoin de construire une nouvelle centrale dont ils ne voyaient pas l'utilité. L'annonce présidentielle a contraint les PDG à revoir leur positionnement de peur de déplaire à l'hôte de l'Elysée. Alors que la plupart de ses réacteurs sont amortis, EDF n'était pas enthousiaste pour investir des sommes colossales (3 milliards d'euros la pièce, minimum) dans un processus jugé par certains experts comme aléatoire. S'il n'avait fallu soutenir Areva dans ses projets d'exportation dopés par des concessions présidentielles, il n'est pas certain que Bouygues coulerait aujourd'hui du béton à Flamanville, où se construit le premier réacteur EPR.
En effet et ce n'est pas là le plus inquiétant des paradoxes, on a vendu aux autres ce que nous ne sommes pas certains d'exploiter en France. On a un exemple concret avec la fameuse torche à plasma qui a été présentée au Japon ou ailleurs comme un process d'avenir, mais dont on est à Cenon (Gironde) en train de démonter la structure expérimentale jugée trop coûteuse et peu productive ! Il est à peu près certain que la technique EPR ne sera pas immédiatement maîtrisée et, d'après certains, ne sera guère maîtrisable. On ne le saura que quand les dépenses auront été faites et que... l'on effectuera le bilan environnemental, économique et social de la première unité en cours de construction.
UN LIEU A HAUTS RISQUES
Pour le second réacteur, Nicolas Sarkozy, sans aucune gêne, a évoqué la pose d'une première pierre en 2011. Une absurdité de plus quand on ne connaît ni le lieu d'implantation, ni les réactions que cet équipement provoquera ? Si les engagements sont respectés, il n'y aura pas de nouveau site, selon des informations plus ou moins officielles. L'EPR numéro 2 s'installerait donc près d'une unité existante. Penly, qui serait un lieu prépositionné pour accueillir le premier EPR, semble le mieux bien placé. Flamanville se porterait aussi volontaire, mais risque de manquer d'espace. L'EPR est plus volumineux que les réacteurs actuels. D'autres options sont ouvertes, comme Tricastin et... sait-on jamais, selon certaines autres informations, Braud et Saint Louis en Gironde. Voici un exemple des ravages d'un effet d'annonce flamboyant qui va s'éteindre au fil des mois en raison de l'absence totale de maîtrise de son contenu.
Si l'on se fie aux positions de Greenpeace on peut au moins douter de l'utilité d'une seconde expérimentation d'une technique qui recèle bien des dangers directs ou indirects. « EDF a affirmé dans ses publications que le modèle EPR était parfaitement sûr et que son fonctionnement, même affecté par un accident très grave ou une attaque terroriste, n'entraînerait pas de graves conséquences pour les communautés locales, la France et l'Europe. Mon étude apporte un démenti à ces affirmations » explique l'un des spécialistes de l'association.
Dans un rapport préliminaire de sûreté, EDF considère que la probabilité d'un accident est de 10-7 par le biais d'une redondance de systèmes de sûreté. Mais ce chiffre de 10-7 ne tient pas compte des problèmes techniques : fuites, pannes d'électricité, erreur de pilotage, inondation, incendie... car EDF considèrent qu'ils doivent être évités en amont. De plus, les séquences de fusion de coeur à haute pression, les phénomènes d'explosion de vapeur en cuve et hors cuve, les détonations d'hydrogène sont autant de situations « pratiquement éliminées » des considérations de sûreté car proches de l'impossible.
UN IMPACT TERRIBLE
L'EPR étant le plus puissant des réacteurs au monde (1600 MW), il concentrera plus de radioactivité que ces prédécesseurs. L'utilisation prévue d'un combustible spécifique à base de plutonium, au lieu du combustible classique à base d'uranium, renforcera la radioactivité et la toxicité des rejets éventuels. Greenpeace a travaillé sur des modélisations d'accidents nucléaires. Pour évaluer les conséquences d'un accident, il convient de modéliser en fonction du temps, de la météo et de la géographie du terrain, la trajectoire du nuage radioactif et la dispersion de la radioactivité. Pour ce faire, un modèle informatique est utilisé sur la base de données météorologiques mesurées dans le passé. En cas d'accident grave de l'EPR, les conséquences seraient dramatiques : Jusqu'à 320 personnes mourraient dans les tous premiers jours, et près de 2000 personnes tomberaient malades. Au final, près de 30 000 personnes développeraient un cancer mortel. Plus de 9 500 personnes développeraient un cancer de la thyroïde, dont environ 1000 seraient mortels. Jusqu'à 3 millions de personnes seraient évacuées sur une zone de plus de 36 000 km², soit une zone plus grande que la Haute et Basse-Normandie réunies. Un million de personnes devraient se confiner chez elles... Et on propose d'ajouter un second réacteur dans la même zone ou dans une autre plus ou moins lointaine.
La présence d'un réseau de transport électrique suffisant sera également déterminante. Il faudra en effet construire une nouvelle ligne à très haute tension (400 000 volts), ce qui compliquera la dossier et soulèvera, c'est certain, des problèmes encore plus préoccupants.
AUCUN CHANGEMENT REEL
Sur le besoin d'un nouveau réacteur, les avis sont très, très partagés, car personne n'a de certitudes en la matière. Seule approche unanime du problème : le suréquipement en nucléaire ne résoudra pas la crise pétrolière ! Il ne changera absolument rien aux nécessités d'approvisionnement extérieur de la France. Sauf à tous rouler en voiture électrique il faudra en effet bien d'autres initiatives pour juguler les besoins actuels et futurs. EDF fournit certes 80 % de l'électricité, mais le nucléaire ne pèse que 18 % de nos besoins globaux d'énergie. Impossible d'occulter ce paradoxe. On peut se poser la question suivante : les 3 à 4 milliards d'euros investis dans cette nouvelle aventure ne seraient-ils pas mieux utilisés dans des alternatives au pétrole ? Ou pense-t-on revendre de l'électricité à nos voisins qui auront la sagesse de ne pas accepter un tel équipement sur leur sol ?
Il s'agit encore d'une erreur de parcours liée à cette agitation permanente conduisant à sans cesse alimenter en temps réel la bête médiatique, affamée de « scoops », même non maîtrisés. Cette décision brutale de Nicolas Sarkozy a dû surprendre ce brave Jean Louis Borloo, si fier des conclusions de « son » Grenelle de l'environnement. Comment croire à ce rendez-vous qui a accouché d'une telle annonce ? Quel respect peut-on avoir pour les participants qui se sont opposés à ce type de production d'énergie ? La position du Président de la République la réalité du projet de loi Grenelle : une loi en trompe l'œil, qui prétend lutter contre les changements climatiques sans véritable mesure de réduction des consommations d'énergie et sans moyens financiers. "Engager la France dans la filière EPR, qui ne constitue pas une rupture technologique majeure par rapport aux centrales de deuxième génération, alors qu'aucune solution n'a été trouvée au problème du traitement des déchets nucléaires, est une faute politique", a estimé le PS. Si c'était la seule, ça se saurait... Le PS, comme les citoyennes et citoyens sceptiques, savent que souvent les réformes en cours meurent de leur belle mort. C'est préférable d'ailleurs, avant qu'elles conduisent les Hommes à leur perte en raison de leur indifférence désastreuse aux réalités qui se cachent sous des mots !
Mais je déblogue...

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5 juillet 2008 6 05 /07 /juillet /2008 17:17

Cendrillon existe et les Françaises et les Français l'ont retrouvée. Elle était prisonnière d'une horrible maison où elle a indiscutablement traversé des moments horribles. Vexations, sévices corporels, privation de liberté, misère matérielle, éloignement des siens : Cendrillon a vécu des instants tragiques qui l'ont profondément marquée. Sa vie avait basculé le jour où, sur son chemin, s'étaient profilées les statures de ces bandits prêts à tout pour se procurer des subsides faciles. Un drame que la planète entière a vécu intensément et qui, légitimement, a mobilisé la sympathie de millions de personnes. Le sort de Cendrillon appartient à notre vécu international. Il a dépassé le cadre strict du conte pour devenir un symbole... Et c'est la rançon d'une époque formidable qui transforme certaines situations et leur donne un valeur particulière.
Les nécessités médiatiques font que les drames les plus terribles et les contes de fées sont les mamelles quotidiennes des médias. Ils en ont un besoin vital et désormais tous les observateurs avisés savent qu'il existe des « fournisseurs attitrés » ravitaillant ou, mieux encore, exploitant ce goût immodéré pour les événements qui finissent d'ailleurs bien ou mal ! La manipulation existe et ce serait absurde de le nier. On peut la voir partout et sombrer dans le scepticisme permanent ou se contenter des apparences avant de passer du statut de citoyen à celui de gogo ! Nous nous abreuvons de contes de fées ou de films d'horreur !
Dans la vie de Cendrillon il y a, selon les versions que l'on s'approprie, des exagérations variables qui font la différence. Son sort a été en effet rapporté de manière bien différente. Enchaînée physiquement et moralement, elle a bénéficié d'une description plus ou moins précise de sa situation. Cendrillon n'est en effet que le surnom de l'héroïne, dérivé du fait qu'elle se repose dans la cendre une fois son travail fini. On ignore son nom réel. Elle a un second surnom, celui de Cucendron, qu'une précieuse aurait banni mais que Charles Perrault choisit pour mieux souligner la vulgarité de Javotte (la belle-sœur ainée) qui ne cesse de la traiter comme une « souillon ».
Ces deux surnoms sont donc dérivés du mot cendre qui a toujours été symbole d'humiliation et de pénitence : la Bible et l'Odyssée font mention de Jérémie se roulant dans les cendres et Ulysse assis dessus. Quant aux pères de l'Église, ils nous montrent les pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre. Epuisée par les brimades de ses geôliers elle approchait la mort, c'est à dire l'état de poussière, ce qui était très préoccupant pour ses proches, ses amis et ses soutiens. Une bonne illustration est absolument indispensable pour renforcer le concept du drame. Pour que l'empathie soit au maximum autour du sort de Cendrillon, il faut que les propos, les écrits, les gravures inquiètent et qu'une certaine dramaturgie soit présente.
Dans notre société, l'image qui conforte les orientations que l'on veut donner à un événement devient capitale, et avec une parfaite maîtrise des supports de diffusion on arrive à lui donner un impact considérable. Charles Perrault a bâti son succès sur ces descriptions du sort des plus faibles et sa recette a été démultipliée à l'infini. Elle a fonctionné pour faire des succés populaire. Que ce soit par exemple dans « Les Misérables » avec la description de la vie de Cosette ou dans Cendrillon recluse dans sa "prison" oubliée, la première partie dramatique donne sa valeur à la suite. C'est ce rapport affectif avec les faits qui finit par l'emporter sur toute autre considération... et fait oublier le réel!
LA PURETE CONTRE LA PERVERSITE
Dans les contes de fées on sait qu'il y a forcément un prince charmant. On l'attend d'ailleurs plus ou moins longtemps et il peut être en concurrence avec beaucoup d'autres prétendants à la délivrance de la Belle au bois dormant, comme de Blanche Neige ou de Cendrillon. Il rivalise avec beaucoup d'autres prétendants à l'acte valorisateur qui consiste à délivrer du mal une innocente victime. Elle n'y est pour rien et nul ne songerait à lui reprocher cette attitude des autres mais, malgré elle, elle devient un enjeu, une lutte éternelle du bonheur contre le malheur, de la raison face aux maléfices, de la pureté contre la perversité. Il n'existe aucune histoire « vendable » à travers les siècles qui n'ait pas ce schéma dans son déroulement. Une course de vitesse peut même renforcer la compétition entre les vaillants soldats de la délivrance. Tous les coups sont permis car il faut écarter ses rivaux de manière habile et se donner le droit de devenir le héros qui offre une issue heureuse.
Dans le cas de Cendrillon, de multiples tentatives sont accomplies avec des dimensions différentes. On affiche sa volonté de persuader les autres de son honnêteté ou de son désintéressement. On assure que l'on ne pense qu'au sort de cette pauvre fille condamnée aux travaux forcés dans un endroit oublié de la planète. Pas question de faire de sa libération un moyen d'asseoir son pouvoir « royal ». Vous vous en doutez bien!
Il existe même une date butoir qui constitue le nœud de l'intrigue. Tout peut mal tourner et transformer la plus merveilleuse des situations en calvaire. Il suffit de ne pas se conformer aux desiderata des mages, des sorcier(e)s, des détenteurs de pouvoirs réputés magiques pour que le rêve s'écroule. Chaque fois que le but approche, une interférence peut l'éloigner. La mort rode dans tous les contes à ne pas raconter aux petits enfants. Un père qui décède, un ami qui s'écroule, un accident qui intervient et toutes les approches s'effondrent alors que les espoirs étaient très vivaces.
L'EVENEMENT SE SUFFIT A LUI MEME
Cendrillon a bénéficié des attentions de tous ceux qui voulaient récupérer sa présence sans que les autres puissent bénéficier de la notoriété globale qu'apporterait sa libération. Elle même ignorait globalement la nature de l'opération pouvant lui valoir de quitter son lieu de vie carcérale. Impossible de mesurer la sincérité de la démarche, car dans le fond, l'événement se suffit à lui-même. Nul ne songerait à mettre en doute la démarche conduisant à sa résurrection : il est indispensable de se contenter de la prendre telle qu'elle est. Peu importe d'où viennent les porteurs de la fameuse pantoufle de vair... pourvu qu'ils aient permis de retrouver le bonheur de la liberté.
Et si quelqu'un ose les caricaturer, douter de leur engagement, ou se poser la question de leurs méthodes de recherche de Cendrillon, il se fait obligatoirement ridiculiser en place publique. Qui ne croit pas au miracle et se pose la question de son organisation devient suspect. Et pourtant ? Ne faut-il pas se méfier dans le monde actuel des contes de fées ? Doit-on oublier que les manipulations existent et que les calculs à double ou triple détente peuvent être de ce monde? Déposséder un révolutionnaire du mérite d'être le Prince charmant constitue une possibilité crédible ? Contourner les négociations qui contraindraient à un contrat de mariage désavantageux en est une autre. Se parer du costume de Zorro reste l'ambition de celui qui est accusé d'utiliser la force pour arriver à ses fins. L'habit donne bonne conscience.
Les spécialistes des contes de fées existent sur notre planète et ils continuent à les écrire quotidiennement,  sur mesure, selon les besoins de la gouvernance de leurs commanditaires. Seule une enquête minutieuse, comme peu "d' auteurs" savent encore en faire, génèrera la vérité. Elle viendra. En son temps. Quand les festivités auront été bouclées, on constatera que les princes charmants se transformeront en crapauds. C'est inéluctable.
LA PUNITION OU LE PARDON
Il était une fois... bien des reportages devraient désormais commencer par cette traditionnelle amorce. Comme les téléspectatrices et les téléspectateurs demeurent des éternels enfants, il suffit ensuite de dérouler la même histoire. Une belle, un bon et quelques sortilèges restent les ingrédients de notre société. Les non-croyants deviennent vite suspects et malgré le fait qu'ils attirent l'attention sur des invraisemblances indéniables, ils perdent dans le flot de pathos toute crédibilité. La plupart des versions de Cendrillon sont par exemple directement issues des anciennes traditions populaires, et recèlent beaucoup de sagesse. Il faut noter que, même si le thème de la justice du destin est clairement identifiable dans toutes les versions, les conteurs ne sont pas tous d'accord sur le second thème à aborder, à savoir la punition ou le pardon.
Dans la version de Charles Perrault, les belles-sœurs sont pardonnées par l'héroïne, alors que dans la version des frères Grimm, elles sont doublement punies. Il y a d'une part le fruit de leur mutilation devant leur permettre de chausser la pantoufle (dans une version écossaise, la belle-mère mutile elle-même ses filles) et d'autre part le fait qu'elles finissent aveugles... C'est la valeur moralisatrice du conte qui sera déclinée ! Elle reste toujours en mémoire.
Encore les frères Grimm sont-ils modérés par rapport à la première version allemande, dans laquelle les belles-sœurs sont condamnées à danser avec des... chaussures de métal chauffées au rouge, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Un tel châtiment (dont la brutalité rappelle que les contes populaires peuvent avoir la vocation morale des apologues et qu'ils mettent en garde contre les tentations du mal) se trouve cependant dans la « Blanche-Neige » des mêmes frères Grimm. Ecoutez bien, vous verrez que la morale se fait encore à partir des contes de fées. Au fait, je dois vous faire une confidence : le prénom de "ma" Cendrillon, c'est Ingrid ! Vous l'aviez deviné ?
Mais je déblogue...

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