Il faut absolument que ce soit une journée à la gloire de l'Etre suprême comme il y a plus de 200 ans et pour cela tous les moyens sont utilisables. Les voyages se multiplient afin de décider les hésitants à effectuer le déplacement vers Paris le 13 juillet. L'idée de mettre la veille du grand défilé sur les Champs Elysées de ce que la France compte encore comme armée en état de marche le rassemblement de l'Union pour la Méditerranée aurait pu être la trouvaille idéale. En fait elle va s'évaporer dans les prochaines semaines ou va se réaliser au prix de concessions terribles pour la crédibilité de la politique internationale du pays de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen.
On risque bien en effet de trouver dans la tribune officielle et ensuite à la Garden Party de l'Elysée des hôtes encombrants. Il va falloir que Bernard Kouchner et Rama Yade et quelques autres déploient un grand mouchoir sur leurs convictions supposées pour s'asseoir aux cotés de Bachar al-Assad que même Jacques Chirac ne veut pas rencontrer sur sa route. Mais il faut bien avouer que c'est comme lors des manifestations que l'on veut prestigieuses en annonçant la venue de diverses personnalités qui, souvent, se font porter « pâles » le jour venu !
La totalité des chefs d'Etat conviés au sommet de l'UPM -soit une quarantaine de représentants de l'Union européenne et des pays de la rive sud de la Méditerranée- a pourtant été invitée à participer aux festivités de la fête nationale le lendemain, et en particulier au défilé sur les Champs Elysées, selon l'Elysée. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon sera alors l'invité d'honneur de la France... ce qui donnerait alors un rôle prestigieux à leur ami français à nouveau en perte de vitesse dans les sondages et sur le continent européen. Heureusement pour nous il y en a déjà un certain nombre qui ont décidé de rester à la maison ou qui hésite à se fourvoyer dans ce qui sera un échec diplomatique assuré. Ils permettront d'économiser quelques millions d'euros sur le budget « réception » de la République française et les contribuables si sourcilleux du train de vie de leurs élus locaux leur en seront reconnaissants !
PAS MAL D'INDECIS
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, est de ceux là car il a refusé de se prononcer sur sa participation au sommet constitutif de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Il s'est exprimé à l'issue d'un entretien, de deux heures et vingt minutes, avec le premier ministre français François Fillon, en lançant un laconique « chaque chose en son temps » aux journalistes. S'exprimant auparavant sur le perron du bureau présidentiel de palais El Mouradia, sur les hauteurs d'Alger, le chef du gouvernement français avait assuré « qu'il y a un climat de très grande franchise entre la France et l'Algérie ». Il faut traduire cette splendide autosatisfaction par : « cette idée est une c...... et je n'en serai pas ! » a expliqué nettement l'hôte algérien qui a la trouille de cautionner un accord apparent avec Israël et déchaîner l'ire des intégristes. Une position qui n'a pas dû mécontenter le premier »collaborateur » de Nicolas Sarkozy qui rendra compte à son mentor. François Fillon a insisté sur la qualité du climat de confiance instauré avant d'ajouter avoir été reçu, lui, « avec beaucoup de chaleur et avec en même temps une volonté de mettre en œuvre tous les engagements qui ont été pris par... le président français et le président Bouteflika lors de la visite d'Etat » de Nicolas Sarkozy à Alger en décembre 2007. Sous entendu, bien évidemment : on m'envoie chercher un accord qui n'avait pu être obtenu antérieurement car si c'était facile ils en auraient parlé il a six mois et ce serait réglé.
Côté français, on s'est pourtant diplomatiquement affiché très confiant sur la participation de l'Algérie à l'UPM. Paris et Alger ont signé, pour arracher la décision, un accord sur le... nucléaire civil (encore un autour de la Méditerranée), un autre sur la défense et une convention visant à faciliter les relations économiques franco-algériennes. « Le président Bouteflika a insisté sur le fait qu'il fallait maintenant avoir des résultats, que nous allons suivre mois après mois pour faire le bilan de cette coopération » a ajouté François Fillon. Nouveau décodage : « on verra vite si la France tient ce qu'elle promet et ensuite nous nous déciderons ! » Comme Kadhafi ne viendra pas, comme le roi du Maroc préfère ne pas se mouiller, comme d'autres sont très occupés il y aura des places vides.
LA SYRIE SOUPCONNEE
Nicolas Sarkozy accompagné par sa femme Carla Bruni (c'est devenu indispensable pour que l'on parle du déplacement en France) par.. sept ministres et secrétaires d'Etat, des parlementaires, des personnalités de la communauté juive française, dont le chanteur... Enrico Macias, des intellectuels et des universitaires, dont l'ancien ministre socialiste de l'Education... Claude Allègre est en Israël pour expliquer qu'il est à fond pour l'état hébreu mais qu'il reçoit Bachar al-Assad. A l'issue d'un entretien avec le président George Bush, le 14 juin dernier, Nicolas Sarkozy avait invité la Syrie à se désolidariser de l'Iran dans sa quête de l'arme nucléaire. Encore un vœu pieux du Chanoine de Latran car l'AIEA (l'agence de contrôle du nucléaire) a envoyé hier des inspecteurs en Syrie pour enquêter notamment sur un site nucléaire présumé qui aurait été bombardé par Israël l'an dernier. « Nous nous rendons à présent à Damas, nous y rencontrerons nos homologues et puis nous commencerons à rassembler des données », a déclaré le chef de la mission Olli Heinonen, numéro deux de l'AIEA, à son départ de Vienne. Quant à « ce qui nous attend là-bas, nous verrons bien sur place », a-t-il ajouté.
Les inspecteurs, qui vont effectuer une mission de trois jours dans le pays, comme l'a annoncé début juin le directeur général de l'Agence Mohamed ElBaradei, se rendront sur le site d'al-Kibar, dans la région désertique de Deir-Ezzor (centre-est). C'est dans cette région qu'aurait été caché, selon Washington, un réacteur nucléaire construit avec l'aide de la Corée du nord. Ce réacteur aurait par ailleurs été détruit en septembre 2007 par l'aviation israélienne.
Les Américains avaient diffusés en avril des documents secrets selon lesquels la construction du site était sur le point d'être achevée lorsque l'armée israélienne l'a détruit. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel d'aujourd'hui, évoque un projet mené par la Corée du Nord, l'Iran et la Syrie pour la construction d'un réacteur nucléaire militaire sur le site, citant des rapports des services secrets allemands.
Damas a de son côté nié "les allégations ridicules" des Etats-Unis et affirmé que le site détruit n'abritait qu'un "bâtiment militaire non utilisé" et non nucléaire. A la suite de ce raid israélien, la Syrie a fait nettoyer le site de tous les débris nourrissant les suspicions, ce qui complique la mission de l'AIEA. Le Président syrien sera donc bine autour de la table ou sur les Champs Elysées pour voir défiler les rares chars valides de l'armée française ! Il aurait dû inviter Claude Allègre pour effectuer une tournée d'inspection : tout le monde aurait été rassuré. Comique ou tragique ?
MIEUX QUE L'AN PASSE
Enfin on a la référence de l'an passé qui fut un grand moment pour la France avec un déluge de nouveautés. Il y eut 5 000 participants, soit l'équivalent de la population d'une petite ville prospère : 4 224 personnels français du ministère de la Défense et de l'Intérieur avaient en effet le long des 880 mètres séparant le rond-point Clémenceau de la place de la Concorde à Paris. A ces personnels, s'étaient joints 800 représentants des 26 autres pays de l'Union Européenne, invités par le chef de l'Etat. Les AMX 10 RC avaient été de sortie. Longs de plus de 9 mètres et d'un poids de 17 tonnes, ces mastodontes peuvent accueillir un équipage de 4 personnes et consomment autour de 10 à 15 litres de carburant par heure. Pour information, des chars à chenilles comme les engins Leclerc (absents du défilé) peuvent engloutir jusqu'à 150 litres par heure !
Le chef de l'Etat circule à l'ordinaire pour sa part à bord d'un Véhicule léger de reconnaissance et d'appui (VLRA). Au total le défilé mettait en scène 412 véhicules paradant - moteur au vent - sur les Champs Elysées, dont 83 motos de la gendarmerie nationale. Avec une consommation moyenne de 7,25 litres aux 100 km, les motards avaient pour leur part brûlé plus de cinq litres de carburant pendant l'heure de défilé - et parcouru collectivement dans leur ensemble l'équivalent de... 40 allers et retours Metz-Nancy en voiture.
En matière d'émission de gaz à effet de serre, la palme était revenue sans doute à la parade aérienne : 37 hélicoptères militaires au-dessus du cortège avec, à leurs côtés, 62 avions, dont les 9 Alphajets de la Patrouille de France. Ces appareils construits par Dassault avaient laissé derrière eux une traînée de fumées tricolores à base d'huiles, de gasoil et et de fumigènes. Chacun des neuf avions avait consommé 1080 litres de kérosène en une heure de défilé, soit 9720 litres au total. C'est l'équivalent d'un convoi de 72 voitures roulant l'une derrière l'autre de Paris jusqu'à... Cracovie. Et tout cela sans compter les multiples répétitions qui multiplient ces constats par 2 ou 3 !
En ce jour de fête, le feu d'artifice avait été lui aussi incontournable. Pour illuminer la Tour Eiffel, on n'avait pas lésiné. Quinze artificiers avaient été réquisitionnés pour tirer les trois semi-remorques de bombes appelés à illuminer le ciel de Paris pendant une trentaine de minutes. Coût du spectacle : 500.000 euros.
Heureusement que cette année les heures supplémentaires de tout ce monde seront dispensées des cotisations sociales. Si on ajoute en 2008 les frais imposés par la venue de 44 chefs d'Etat avec leurs délégations on a une idée exacte de l'impact du 14 juillet sur... les dispositions du Grenelle de l'Environnement tant en matière d'énergie que de citoyenneté. « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire va arriver ! ». Ayez simplement une pensée émue pour votre pouvoir d'achat !
Mais je déblogue...