Vivement que la TVA sociale anti délocalisation soit en place… C’est ce que doivent penser les électrices et électeurs du Gard avant de voter dimanche. Il est vrai que certains doivent avoir des bulles de Perrier dans le crâne car ils se sont tout de même pas encore rendu compte de la situation exacte dans laquelle ils se trouvent.Le département du Gard dont le taux de chômage est de 12,5% a en effet perdu près de 3.500 emplois depuis 1986 du fait des délocalisations (Eminence, Cacharel, Alcatel, Well, Playel, etc.) selon le Conseil général.
Jallatte appartient au Groupe italien JAL (4.500 employés, 162,5 millions d'€ de chiffre d'affaires l'an dernier), racheté en juin 2005 par un consortium anglo-américain d'institutions financières, emmené par Bank of America et Goldman Sachs. Ce contexte aurait pu inciter les électrices et els électeurs à prendre conscience du danger réel que représente une politique libérale outrancière exclusivement basée sur le profit. Du moins on aurait pu le penser. Or, dans la première circonscription, le candidat UMP réalise un score de 44,79 % au premier tour, dans la seconde il arrive à 48,08 %, dans la troisième à 48,98 %, dans la quatrième à 44,62 % et enfin dans la cinquième 38,50 %. Autant dire que la vague bleue ne s’arrêtera pas aux portes des arènes de Nîmes ! Elle va déferler sur un département sinistré économiquement puisque la viticulture traverse également une crise profonde. Rien n’y fait… Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible.
En fait cette situation constitue l’illustration parfaite de l’état de la France. Un pays dans lequel l’individualisme a pris des proportions angoissantes. Toutes ces femmes et ces hommes, majoritairement retraités, se préoccupent essentiellement de leur quotidien reposant sur des images. Ils ignorent totalement ce qui peut concerner le monde du travail. Mieux au sein de la classe moyenne la seule ambition demeure de franchir le cap de la richesse et d’en avoir els signes extérieurs : la piscine, le 4x4 ou le BM, la véranda et la pelouse british… Dans tous les cas les plus dramatiques sur lesquels je suis conduit, de jour comme de nuit, à intervenir, face à des gens totalement démunis, force est de constater qu’il sont animés d’une frénésie d’apparences extraordinaire (écran plasma géant, karaoké, chaîne hifi, multiplicité des téléphones portables pour que la fille ou le fils de 10 ans… soit en sécurité). Un contexte qui fait que des centaines de suppression d’emplois n’ont un intérêt que quand elles viennent mettre à mal le fragile équilibre de leurs propres finances. Et alors commence le véritable combat personnel en faisant appel aux politiques pour sauver une mise qui n’a jamais été défendue malgré des mises en garde réitérées.
A PEINE 500 !
Des centaines d'habitants du Gard ont ainsi manifesté à Alès, ville qui fut un bastion de la Gauche, contre le projet de délocalisation des usines Jallatte en arborant un brassard noir le jour des obsèques du fondateur de l'entreprise qui s'est suicidé vendredi à 88 ans. Les manifestants – misérablement 330 selon la police, 500 selon les syndicats- ont défilé à partir de la sous-préfecture du Gard pour dire "non à la fermeture de Jallatte" et "non aux 40 suppressions d'emploi chez France Telecom à Alès". Etaient présents le président du conseil régional de Languedoc-Roussillon Georges Frêche, le président du conseil général Damien Alary (PS) et le… député-maire d'Alès Max Roustan (UMP) qui se taille un extraordinaire… 44,62 % au scrutin de dimanche dernier. Une preuve que le suicide de ce patron peut ordinaire n’a pas outre mesure ému l’électorat !
En exhibant leur brassard noir, les ouvriers de Jallatte rendaient par contre hommage à leur ancien PDG Pierre Jallate qui s'est tué à l'âge de 88 ans, quelques heures après une réunion sur l'avenir de l'entreprise à la préfecture de région. Selon des proches, Pierre Jallatte avait maintes fois exprimé le souhait de " mourir avant de voir fermer ses usines ".
Au début de la manifestation, Georges Frêche a déclaré à la presse: "Il est tout à fait possible au niveau européen de prévoir un certain nombre de garde-fou pour éviter les délocalisations de l'ensemble des entreprises, parce que c'est toute l'industrie du Gard qui est en train de partir vers l'Italie et surtout vers la Tunisie". Le président de la Région en a appelé au président de la République: "A M. Sarkozy de jouer, il ne s'agit pas de raconter uniquement des histoires, d'amuser la galerie, il s'agit d'agir: on va voir de quoi l'artiste est capable! " Je pense qu’une fois encore la pirouette est facile car c’est aux politiques en général qu’il faut renvoyer la balle. Que font-ils pour lutter contre ce fléau que… 5 % d’augmentation de la TVA devrait enrayer ! A force de répéter leur impuissance à réguler la loi du marché ils se sont eux-mêmes auto flagellés. Pourquoi ne pas clamer qu’il s’agit d’un problème politique global pur et simple de vision de la société ?
RECULER POUR MEIUX SAUTER
Le projet initial de plan social prévoyait la délocalisation vers la Tunisie de toute la production française de Jalatte et la suppression de 285 emplois sur 336. Mais, les actionnaires du groupe italien JAL ont demandé au directeur général, Joël Aunos, de leur présenter un plan alternatif d'ici le… 18 juin et qui est apparu miraculeusement avant. On gardera environ 160 personnes jouant ainsi habilement une majorité contre une minorité comme si les 160 sauvés pouvaient espérer autre chose qu’une prochaine charrette compte tenu du fait que l’essentiel de la production aura été transférée ou arrêtée.
Comment peut-on croire que des actionnaires lointains et voraces vont refuser d’accroître leurs profits sur un produit patiemment élaboré en France ? Comment peut-on encore avoir la naïveté de penser que l’augmentation de la TVA même accompagnée d’une potentielle baisse des charges conduira ces « rapaces » à baisser leur prix de vente ? Ils en profiteront simplement pour accroître leurs marges sur les rares unités de production françaises qu’ils maintiendront en France. Il s’arrangeront pour contourner les lois à produire encore moins cher à l’étranger et ne changeront pas un iota à leurs pratiques ! Admettons le postulat d’une concurrence efficace à tout coup pour obliger els groupes à baisser leurs prix -ce dont le simple citoyen-consommateur peut à bon droit douter quand il connaît els pratiques d’ententes illicites. Reste alors une question: quel intérêt de déplacer de telles masses financières si cela ne change rien pour les entreprises, dont les marges n’augmenteraient pas, puisqu’elles auraient diminué leurs prix, ni pour les consommateurs? Quelle perspective ouvre cette décision autre que celle de faire payer par les consommateurs les « offrandes » faites aux plus aisés ?
UNE VERITABLE DEVALUATION
Les partisans de la TVA sociale ont la réponse. L’objet de cette réforme, c’est de faire contribuer les importations au financement de la protection sociale, disent-ils. De fait, si la TVA augmente de 5 points, comme l’a suggéré François Fillon, les prix des produits importés risquent… d’augmenter de 5%. La concurrence jouera-t-elle encore, pour empêcher cette hausse? Pas vraiment. Qui concurrence aujourd’hui en France, le textile, les jouets, l’informatique… fabriqués en Chine? Pourquoi les industriels asiatiques -qui, par définition, n’auront pas droit à des baisses de charges- baisseraient-ils leurs prix hors taxe? Croyez vous que dans els marchés publics les entrepsies de TP ou du bâtiment vont diminuer leurs afctures? Que vont faire els collectivités locales qui règlent en fonctionnement plein pot la TVA? On voit bien la limite de l’argument des pro TVA sociale, selon lequel le consommateur se tournerait alors vers les produits made in France... ou sortirait du centre commerciala vec un panier en baisse!
Un “jean“ ou une console de jeux made in France, vous connaissez ? Bref, la TVA sociale, s’apparente à une dévaluation : baisse des prix des exportations, exonérés de TVA, et hausse des tarifs des produits importés. La compétitivité des entreprises françaises s’en trouverait accrue. Mais le consommateur perdrait du pouvoir d’achat, plus ou moins. Pour l’éviter, il faudrait augmenter les salaires à dus concurrence. Tout l’effet bénéfique sur la compétitivité s’en trouverait alors annulé. Et avec, tout l’intérêt de la décision. Ce n’est donc qu’une supercherie supplémentaire…
D’ailleurs, pour s’en persuader, les Gardois si « loyaux » et si aveugles peuvent vérifier que le SMIG ne connaîtra lui qu’une augmentation de… 2 %. Vive la réhabilitation maintes fois vantée de la valeur travail.
Soixante pour cent des Français sont opposés à l'instauration de la TVA sociale, affirmant que cela entraînera une hausse des prix et pénalisera les Français les plus modestes, selon un sondage CSA-Cisco publié dans Le Parisien etAujourd'hui en France. Compte tenu de la manière dont ils voteront dimanche… il se confirme bien que les sondages n’ont véritablement aucune valeur ! Pour eux 5 % de plus ou de moins ce n'est aps bien grave !
Mais je déblogue…