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22 décembre 2006 5 22 /12 /décembre /2006 09:12
Il existe des maladies insidieuses, car impalpables et surtout non identifiables au scanner et à l’IRM. On n’en parle que fort peu, tant elles appartiennent désormais au quotidien de la vie des uns et des autres, alors qu’elles posent un véritable problème de société. Elles transgressent même les frontières, les cultures, les niveaux sociaux. Elles demeurent cependant l’apanage des systèmes les plus organisés et également les plus préoccupés par la richesse. Qu'elles soient originaires des Etats-Unis, du Canada, de France, d'Italie ou de Corée du Sud, trois personnes sur quatre connaissent ainsi le sentiment de stress, de manière fréquente ou occasionnelle, a-t-on appris par un sondage repris par l’agence de presse A.P. Les Espagnols semblent moins touchés par le phénomène, "seulement" 61% disant souffrir fréquemment ou occasionnellement du stress. Les Mexicains font encore mieux : plus de la moitié affirment ne connaître que rarement ou jamais ce sentiment dans leur vie quotidienne. Mais ce n'est pas le cas de la majorité des sondés dans les 10 pays étudiés, surtout chez les femmes.
Environ trois personnes sur quatre en Allemagne, Australie, Canada, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie disent ainsi souffrir souvent ou parfois du stress dans leur vie quotidienne. Le sentiment d'angoisse est encore plus prononcé durant… les vacances. Le stress, selon beaucoup de médecins généralistes écoutant leurs patients, constitue chez nous le facteur déclenchant d’autres maladies le plus répandu. On le sait, mais bien souvent on réclame des médicaments pour soigner un art de vivre déglingué.

En France, 38% des personnes interrogées disent donc souffrir du stress fréquemment et 38% occasionnellement. "L'idée selon laquelle nous, les Français, menons la belle vie est totalement utopique", estiment les gens interrogés dans le cadre du sondage. "Nous sommes aussi stressés que les autres." Ce phénomène ne cesse de s’amplifier et dans une journée, les opportunités de cumuler du stress deviennent incessantes. Un professeur entrant dans une classe difficile, un chauffeur livreur prenant la route, un commercial obligé d’atteindre ses objectifs, une maman constatant que son enfant est enrhumé au moment de partir vers l’école, un retraité sachant que sa petite-fille passe un entretien d’embauche ou un examen : au sens propre, nous nous faisons du mauvais sang pour nous-même et surtout pour les autres. Mieux, la situation s’aggrave, car tout est fait dans les administrations, les entreprises, les familles, pour institutionnaliser le stress. Au point que parfois naît un autre stade : l’angoisse !
Les causes en sont multiples, mais les dégâts toujours les mêmes : renoncement fort à simplement vivre en raison de l’accumulation de la pression de faits parfois anodins, mais gonflés par la peur. La principale angoisse est devenue celle de l’argent qui obère et ronge la vie des ménages, car nul n’est désormais certain de son avenir à court ou moyen terme. Une suppression de poste dans la fonction publique, un rachat par des fonds de pensions anglo-américains qui passaient pas là, un plan social, un examen médical décevant, et le gouffre s’ouvre sous les pieds d’un individu et de toutes celles et tous ceux qui l’entourent.

L’ARGENT ET LA TRAVAIL
Les Allemands ressentiraient le stress de manière plus intense. Les Américains, rien d’étonnant, citent les questions financières comme leur première source d'inquiétude. Près de la moitié des Britanniques disent avoir parfois ou souvent eu l'impression que leur vie leur échappe. Dans la plupart des pays, les hommes sont plus susceptibles de dire qu'ils contrôlent toujours leur destinées et prétendent être moins touchés par la dérive du stress oppresseur.

Les facteurs à l'origine de ce fléau sont en augmentation dans les démocraties modernes, comme le fait d'avoir plusieurs emplois, les longs trajets domicile-travail et une technologie de plus en plus complexe qui éloigne de la simplicité de la vie.
Le niveau de stress dans les sociétés technologiques en évolution rapide s'accélère et, comme aux Etats-Unis on met particulièrement l'accent sur la richesse, ils exportent progressivement cette valeur dans le monde. D’une manière directe ou indirecte la notion de profit pesant sur l’employé ou sur le patron déclenche les mêmes phénomènes. Les uns doivent être productifs, les autres rentables ! Et donc la principale source de stress devient l'argent aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et au Mexique selon l’enquête. Le travail arrive en première position en Australie, au Canada, en Allemagne, en Italie, en Corée du Sud et en Espagne. En France, les deux facteurs font jeu égal et j’y ajouterai personnellement en corollaire, le problème du logement.
Dans plusieurs pays, ceux qui gagnent les plus hauts revenus considèrent leur travail comme la principale source de stress, alors qu'à l'autre bout de l'échelle, ceux qui gagnent le moins évoquent sans surprise l'argent comme leur premier motif de préoccupation.

LEADER MONDIAL DE LA CONSOMMATION D’ANXIOLITIQUES
Le stress professionnel apparaît depuis une dizaine d'années comme l'un des nouveaux risques majeurs auquel les organisations et entreprises vont devoir ou doivent déjà faire face. Il s'agit d'un risque professionnel à double titre : des études scientifiques ont mis en évidence des liens entre des situations de travail stressantes et l'apparition de problèmes de santé mineurs ou de maladies plus sérieuses, et il est probable que le stress contribue à la survenue de certains accidents du travail. Cette nouvelle donne pèse financièrement sur la sécurité sociale bien qu’elle reste difficilement chiffrable.
Derrière cette situation, beaucoup d’arrêts de travail ; et ce n’est pas pour rien que la France est leader mondial de la consommation d’anxiolitiques. Elle détient encore en 2006 de nombreux records du monde ou d’Europe. Elle se situe tout particulièrement en tête dans la surconsommation de médicaments. Nous consommons 2 à 2,5 fois plus d’antibiotiques qu’en Allemagne ou qu’au Royaume-Uni, et selon les familles d’antibiotiques, jusqu’à 7 fois plus qu’en Allemagne et 5 fois plus qu’en Grande Bretagne.
La France est largement championne pour les 4 catégories de psychotropes. Elle en consomme 3 fois plus que l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, et largement 2 fois plus que l’Italie. En moyenne, de 2 à 4 fois plus de psychotropes que n’importe quel autre pays européen. Mais c’est avec les tranquillisants que nous nous distinguons de la façon la plus radicale : 2 fois plus que les Espagnols, 5 fois plus que les Allemands…8 fois plus que les Anglais ! Chaque année, 80 millions de boîtes consommées. Avec les hypnotiques : 2 fois plus que l’Allemagne ou l’Italie, et nettement plus que le Royaume-Uni. Avec les neuroleptiques et les antidépresseurs, l’exception française est un peu moins marquée, mais nous restons toujours bons premiers, et de loin.
Ce qui aboutit au paradoxe suivant : certaines personnes qui devraient prendre des médicaments psychotropes (par exemple) n’en consomment pas, alors que de très nombreuses personnes qui ne devraient pas en consommer en sont dépendantes, au long cours, avec une extrême difficulté à arrêter d’en prendre. Une surconsommation flagrante,et ayant des effets indésirables graves, s’est installée pour ce qui ne relève parfois que d'une manière de vivre ou d'un stress inévitable dans un contexte particulier.

MEDICATIONS PARFOIS EUPHORISANTES
Plus personne ne peut vivre sans recours à ces médications parfois euphorisantes. Tenez, je suis certain que Nicolas Sarkozy a pris du Témesta ou du Bromazépan avant chaque débat interne de l’UMP. Il devait être tellement inquiet sur la valeur de ses contradicteurs qu’il en nourrissait un stress particulièrement fort. Et, pour ne pas apparaître comme un agité du bocal, il a avalé une barrette de Buspar. On murmure même que dans les minutes qui précèdent un conseil des ministres à l’Elysée il ne résiste pas à glisser sous sa langue un véritable Lexomil.
De Villepin hier, avant d’aller voir les juges, devait être pas mal stressé, car chaque mot prononcé a eu une valeur particulière : il lui fallait donc ne rien dire, tout en démontrant sa volonté de tout dire. Si vous estimez que ce n’est pas stressant comme position ! En sortant probablement très éprouvé par son interrogatoire de 17 heures en tant que témoin ne sachant pas grand chose, il a eu probablement besoin d’un sérieux cachet de Zoloft.
Même Ben Laden n’échappe pas à ce mal du siècle. Figurez -ous qu’il a dû découvrir dans la presse que des soldats français auraient pu le tuer par deux fois en 2003 et 2004 en Afghanistan, mais qu’heureusement pour lui, ils n'en ont pas reçu l'ordre de leurs supérieurs américains. Rétrospectivement, il doit se demander comment il a pu échapper à ces balles tricolores… A moins qu’il ait été difficile pour les Américains de laisser aux Français la gloire de cette exécution. Et si ce double mépris constituait la véritable raison du retour au pays des forces spéciales ? Un coup à saboter le moral des troupes. Or, depuis des années ,la "gnole" qui constituait le principal antidépresseur des armées n’est plus de mise. On remplacerait le stress du combat par celui de se faire arrêter sur la ...route dans un contrôle d’alcoolémie. Nulle part sur la planète, on n'échappe à ce phénomène qui s’insinue dans tous les actes sociaux. Regardez vous dans une galce le matin, et vous verrez que vous aussi vous avez une tête de stressé(e)!
Mais je déblogue… 
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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 17:48
Les escroqueries à l'assurance chômage ont déjà coûté 140 millions d'€ aux Assedic, selon un rapport parlementaire présenté hier. L'étude explique que la simplification des formalités de création d'entreprise a ouvert "des brèches" aux escroqueries à l'assurance chômage. "La simplicité des formalités à remplir et l'absence de vérification ont conduit certains membres de la mission à se demander si aujourd'hui il n'était pas plus facile de créer une société que de prendre l'avion!", souligne le rapport de la mission d'information de l'Assemblée nationale. Ce constat serait jugé calamiteux, s’il n’avait pas été réalisé par un député UMP… Trouver un éminent parlementaire libéral pour reconnaître qu’il n’y a plus assez de contrôle, relève du paradoxe intégral, car sa remarque est… parfaitement justifiée. En tapant sans arrêt sur les tracasseries administratives, sur le respect de règles élémentaires ; en ne cessant de diminuer le nombre des fonctionnaires chargés de veiller simplement au suivi des textes républicains ; en vantant les vertus de la libre entreprise, panacée fantastique au chômage, ses collègues libéraux ont fini par se tirer une balle dans le pied ou dans la main. En effet, c’est un mythe de penser que la liberté intégrale ne génère pas des abus caractérisés, et que toute société cohérente a un impérieux besoin de repères. Il est dérisoire de ne cesser de répéter à longueur d’émission de télé que les impôts sont inutiles et ne servent qu’à entretenir des emmerdeurs de fonctionnaires qui se mêlent de ce qui ne devrait pas les intéresser… Plus on supprime d’inspecteurs, de contrôleurs, de vérificateurs et plus on laisse le champ libre à toutes les perversions des systèmes sociaux de solidarité, qui finissent évidemment par être livrés en pâture à la vindicte publique.
L'Unedic (le régime d'assurance-chômage qui fédère toutes les Assedic) a réévalué donc désormais à 140 millions d'€, contre 80 millions dans ses dernières estimations, le montant des fraudes détectées. Certes, cela représente moins de 1% des quelque 23 milliards d'€ d'allocations chômage servies par les Assedic cette année, mais le phénomène a pris récemment "un caractère industriel". C’est probablement là que se trouve le problème le plus grave : l’exploitation outrancière du laxisme de la puissance publique est en passe de devenir le phénomène nouveau de notre époque. Dans tous les domaines, on fait les choses en gros. On les organise. On les rationalise. On les exploite sans vergogne en sachant que seules les plus énormes seront repérées. En revanche, les « petites entreprises » ne risquent guère de contrôles, car elles se fondent dans le paysage et ne sont pas assez rentables pour être contrôlées.. Les escroqueries les plus importantes, détectées à Paris, Créteil et Marseille, reposent généralement sur la création de sociétés fictives, censées avoir employé des faux salariés venant ensuite réclamer indûment leurs allocations chômage.

INTERNET JOUE UN ROLE NEFASTE
"La simplification des procédures de création d'entreprises et la dématérialisation ont ouvert des brèches qui sont systématiquement exploitées à des fins de fraude", souligne le rapport. Il faudra bien reconnaître qu’internet joue de plus en plus un rôle néfaste en la matière, car la dématérialisation physique favorise la tricherie. L’anonymat devient plus facile, car sur aucune démarche vous ne pouvez mettre un visage ,et surtout laisser une trace. La mission s'est demandée si certains réseaux impliquant des "ressortissants d'origine turque et pakistanaise" n'avaient pas des liens avec le banditisme, voire la mouvance terroriste, pour finalement conclure "qu'elle n'est pas à même de faire la part des choses sur cette question". La France aurait alors inventé le « subventionnement » public des malversations, ce qui démontre que le libéralisme, assorti de garanties publiques incontrôlées, ne constitue pas nécessairement une troisième voie royale.
Ce que ne souligne pas la mission parlementaire, c’est la pression quotidienne que met désormais l’ANPE sur les chômeurs radiés pour un flot de raisons diverses, alors qu’elle laisse filer des cas flagrants de tricherie sophistiqués. L’hécatombe est quotidienne : un travail partiel inférieur au RMI, un pointage oublié, un malheureux contrat institutionnel sous payé, et la radiation intervient de telle manière que les statistiques s’améliorent.
En France, on considère, en toute honnêteté et en toute lucidité qu’en fait plusieurs millions de personnes sont effectivement sans emploi réel sur un poste réel. La première mesure de trucage des statistiques officielles date de 1977, époque où le chômage a commencé à s’installer dans le paysage social. L’ANPE se met alors à radier les chômeurs non disponibles immédiatement, par exemple les malades. Au début des années quatre-vingt, les chômeurs sont habilement répartis en catégories de 1 à 5, et seule… la première sert de baromètre officiel. On ne compte donc pas les chômeurs qui cherchent un emploi à temps partiel ou temporaire (catégories 2 et 3), ni ceux en formation ou en maladie (catégorie 4).

LES FAMEUX D.R.E.
En 1985, premier grand «nettoyage» des listes, avec la création de la catégorie des «dispensés de recherche d’emploi» (DRE). Les chômeurs de plus de 57 ans, dont on estime qu’ils ont peu de chances de retrouver un emploi, se voient proposer, et refusent rarement, de ne plus être contrôlés par l’ANPE. Au passage, ils sortent des statistiques officielles du chômage. L’impact est d’abord limité, avec 80.000 DRE en 1986. Mais depuis la courbe n’a jamais cessé d’augmenter, jusqu’à 400.000 aujourd’hui, compte tenu des plans sociaux qui se sont multipliés dans les grandes entreprises. C’est, selon les spécialistes, en 1995 que l’on assiste au plus gros tournant dans la gestion de la statistique.
Profitant du développement des emplois précaires, que les chômeurs sont bien contraints d’accepter, le gouvernement décide de ne plus compter comme chômeurs ceux qui travaillent «trop». Ainsi, les demandeurs d’emploi des catégories 1, 2 et 3, qui ont travaillé plus de… 78 heures dans le mois (NDLR : essayez donc de vivre avec 78 heures au SMIG), sont d’office déplacés vers les catégories 6, 7 et 8 et dégagent cette fameuse catégorie 1 dont on ne cesse de parler. Grâce à ces manipulations, le nombre de chômeurs «invisibles», placés hors baromètre officiel, a explosé depuis dix ans. D’après Pierre Concialdi, économiste à l’IRES, l’effectif des catégories 2, 3, 6, 7, 8 et DRE a augmenté de 100.000 personnes entre 1993 et 1997, puis de 400.000 entre 1997 et 2001 et de 160.000 entre 2001 et 2005. En 1985, un chômeur sur dix seulement était hors statistique officielle. Cette proportion augmente doucement jusqu’en 1996 (25%), puis explose pour atteindre 41% en 2001. Depuis, elle progresse lentement, jusqu’à 43% aujourd’hui, mais personne ne le sait véritablement.

TROIS FICHIERS DE BASE
Au final, la mission parlementaire préconise de "renforcer les contrôles lors de l'immatriculation des sociétés". Elle recommande la création de trois fichiers nationaux, répertoriant "les gérants et dirigeants d'entreprise", ceux qui ont été "condamnés à des interdictions de gérer", et enfin "les entreprises faisant l'objet d'une procédure collective de licenciement ». Ces fichiers permettraient peut-être de repérer les principaux fraudeurs, à condition qu’ils n’utilisent pas de prête-noms et de faux domiciles. Ces fichiers, tenus par les tribunaux de commerce ,seraient consultables par les agents assermentés des Urssaf et des Assedic.
Le rapport suggère aussi que les employeurs du bâtiment et de la confection, "secteurs d'activité à risque", passent "de façon prioritaire" à la Déclaration nominative des assurés, prévue au demeurant depuis 2004 pour tous.
Actuellement, les employeurs ne déclarant qu'une masse salariale globale, l'Unedic ne peut pas vérifier si l'employeur a bien cotisé pour le salarié venant s'inscrire, souligne le rapport. Je sais, pour l’avoir constaté, qu’avec un travailleur immigré inscrit, on peut en couvrir plusieurs sur un chantier ou dans une propriété viticole : il suffit que lors d’un accident ou d'un contrôle, la personne décline le même nom et le même prénom. Dans l’immédiat, les contrôleurs Urssaf ou Assedic ne peuvent pas, en effet, vérifier l’identité des personnes et doivent se contenter d’enregistrer celle qu’ils déclarent. La plupart d’entre eux n’ayant pas, au surplus, de papiers sur eux dans le cadre de leur lieu de travaiL.
Le fait que ce soit des parlementaires de l’UMP qui réclament un durcissement de la liberté (factice) d’entreprendre illustre à merveille le décalage instructif entre les principes et les réalités. Et il y aurait tellement d’exemples concrets à leur donner, sur les listes de chômeurs, avec des personnes déclarant deux adresses différentes avec des noms à peu près identiques, des gens s’attribuant des adresses d’une personne complice chez laquelle ils vont récupérer le courrier, des personnes ayant eu des emplois fictifs… avec des salaires très élevés durant le laps de temps nécessaire pour être indemnisés (retour sur investissement)! Ce n’est pas pour cela qu’il faut jeter toutes les procédures et taper sur les gens qui tentent, parfois avec compétence et dévouement, de pratiquer un ordre social juste.
Mais je déblogue….
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20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 07:43
L’opinion publique a l’étonnement facile. Un peu celui des vierges effarouchées par les réalités de la vie. Il suffit qu’un événement soit un peu médiatisé et elle fait semblant de découvrir ce qu’elle ne veut pas savoir. Le problème réside dans sa perte de mémoire qui lui fait oublier aussi vite l’information qu’elle l’a apprise. C’est ainsi que le douloureux problème des sectes, perversion ultime de la religion, surgit de temps à autre dans l’actualité. Le temps que les braves gens s’apitoient, et les coupables se fondent dans le paysage. Elles sont pourtant partout dans tout le pays, se cachent dans le milieu associatif (parents d’élèves notamment) ou caritatif, se nourrissent de la détresse morale ou prolifèrent sur des problèmes de santé mentale. Il faut bien convenir que tout se passe dans la discrétion, dans la dissimulation et dans la persuasion, et qu’il est indispensable d’être toujours en éveil pour trouver la piste des recruteurs.
Les sectes sont devenues méfiantes et donc encore plus secrètes. Personne ne cherche véritablement à enrayer leur progression au nom de la liberté que l’on reconnaît aux gens de se suicider socialement. Les risques sont trop grands, car il faut être véritablement solide pour s’attaquer à des structures solides, solidaires et agressives.
Les estimations les plus courantes indiquent qu'aujourd'hui en France, environ 1 million de personnes suivent une démarche spirituelle hors des religions reconnues. Cela constitue, de fait, une certaine puissance électorale et ce n’est pas pour rien que Nicolas Sarkozy a reçu Tom Cruise avec les honneurs dus à son rang dans l’église de scientologie.
Un projet clair en ce qui concerne l'écologie, la pédagogie, la médecine ou la liberté de religion de la part des élus pourrait faire des sectes et "organisations assimilées" un secteur économique d'avenir, en forte expansion, rappelant la phrase de L. Ron Hubbard à propos des religions " c'est là que se trouve l'argent ".
L'émission d'investigation de Canal + "90 Minutes", a suivi quelques pistes susceptibles de déstabiliser le Ministre de l’Intérieur, responsable de la gestion des cultes religieux. Au final, une seule mérite en définitive d'être creusée : celle qui raconte comment, sous son règne, le ministre-président-candidat a curieusement relâché sa surveillance autour de la Scientologie, écartant même un policier spécialement chargé de ce dossier. Interrogé sur ce point, Nicolas Sarkozy est visiblement très mal à l'aise.
Avec une franchise calculée, il a reconnu ne pas avoir d’opinion arrêtée sur une secte pourtant maintes fois dénoncée. Et la porte-parole de la Scientologie en France a expliqué comment la situation de la secte s’est améliorée lors de son passage à l’Intérieur, notamment avec le départ d’un policier gênant. Dans son livre sur la République et les religions, il considère qu'il faut refuser les "amalgames" entre les sectes et les "nouveaux mouvements spirituels". Or, la Scientologie use en permanence de tout son pouvoir de lobbying pour être universellement reconnue comme un "nouveau mouvement spirituel" !
Un ami, bien au fait dans son ancien métier de responsable de la sécurité, me confiait que les scientologues sont par exemple secrètement installés dans toutes les grandes entreprises et notamment celle du grand sud-ouest s’occupant de l’aéronautique. Ils ont même constitué des réseaux. Le milieu économique est celui qui recèle le plus de membres des sectes, car en politique ils seraient trop exposés. Celui de l’éducation les intéresse beaucoup, et il n’est pas rare de trouver des chefs d’établissement ou des professeurs ayant un engagement suspect mais discret. Les enfants restent en effet un public de choix car ils représentent l’avenir.

UNE CIBLE PRIVILEGIEE
En France, entre 40.000 et 80.000 enfants seraient la proie des mouvements sectaires, pour qui les mineurs constituent une "cible privilégiée", selon le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée intitulé "L'enfance volée. Les mineurs victimes des sectes" rendu public hier. Pour y remédier, les députés émettent 50 propositions."Les enfants constituent une proie de plus en plus facile pour les sectes", a précisé le député PS et rapporteur Philippe Vuilque lors d'une conférence de presse. "Un bon quart d'adeptes actuel a été recruté, conditionné dès l'enfance", a-t-il observé. "L'enfant, l'adolescent sont donc une cible privilégiée" des sectes. Or, "l'engagement des pouvoirs publics contre leur influence, leur embrigadement, s'avère très inégal", a déploré M. Vuilque. Le député communiste Jean-Pierre Brard, membre de la commission d'enquête, a pour sa part pointé "une sorte d'endormissement", un "angélisme" et un "manque de vigilance" des pouvoirs publics. Pour tenter d'y remédier, ce rapport de 520 pages avance 50 propositions "pratiques, concrètes, dont la mise en œuvre pourrait grandement améliorer la situation", selon Philippe Vuilque.
La commission propose notamment de redéfinir le régime de l'instruction à domicile. La raison qui pousse une famille à faire ce choix devrait être "réelle et sérieuse", du type maladie ou handicap de l'enfant. Les instruments pédagogiques devraient obligatoirement émaner de centres d'enseignement à distance reconnus et déclarés. La commission veut aussi rendre obligatoire un contrôle médical des enfants de plus de 6 ans, instruits dans leur famille, ou scolarisés dans un établissement hors contrat (la nuance est importante car les écoles religieuses intégristes seraient ainsi obligatoirement inspectées). Le problème, c’est que très rares sont les fonctionnaires de l’éducation nationale qui osent s’aventurer dans des établissements hors contrat ou qui ont le courage d’aller les visiter. Ils trouvent toujours des raisons philosophiques pour s’esquiver et fuir leurs responsabilités. La commission note par exemple que les inspecteurs d’Académie ne font pas preuve d’un zèle particulier pour diligenter des enquêtes, sur des faits pourtant avérés, alors que la scolarisation et la santé constituent les portes d’entrée pour des contrôles poussés.

INFRACTION D’ABUS DE FAIBLESSE
Alors que, par exemple, les Témoins de Jéhovah s'opposent aux transfusions sanguines, le rapport préconise que les médecins puissent passer outre le refus des parents. La commission veut aussi autoriser les grands-parents à saisir directement le juge des enfants lorsque la santé, la sécurité ou la moralité de l'enfant sont en danger. Enfin, elle préconise d'ouvrir un nouveau délai de prescription de dix ans, qui débuterait à la majorité, pour les mineurs victimes de l'infraction d'abus de faiblesse dans un mouvement sectaire. Mais il reste surtout beaucoup de mesures à mettre concrètement en place, sans qu’il y ait besoin de promulguer des lois, décrets ou circulaires. Je doute de la volonté politique de le faire, dans cette période où chaque voix compte. J’aurais aimé des déclarations royales fortes sur ce thème, plutôt que sur celui du bizutage, certes critiquable, mais beaucoup moins inquiétant. Or, c’est le calme plat.
L'action menée par le Gouvernement actuel est ouvertement dictée par le souci de concilier la lutte contre les agissements de certains groupes, qui exploitent la sujétion, physique ou psychologique, dans laquelle se trouvent placés leurs membres, avec…, selon lui, le respect des libertés publiques et du principe de laïcité. L'expérience a montré qu'une démarche consistant, pour les pouvoirs publics, à qualifier de " secte " tel ou tel groupement et à fonder leur action sur cette seule qualification ne permettrait pas d'assurer efficacement cette conciliation et de fonder solidement en droit les initiatives prises." Une circulaire gouvernementale du 27 mai 2005 a même remis en cause les conclusions des rapports parlementaires en affirmant que le fait d'établir des listes de sectes n'était pas pertinent, et qui plus est, contraire au respect des libertés et au principe de laïcité.

UN TEST DE PERSONNALITE DONT IL FAUT SE MEFIER
Des membres de l' "église de scientologie" ou du "centre de dianétique" offrent aux passants, dans les rues fréquentées, une invitation à pratiquer un "test de personnalité", gratuit, au siège de l'association, et s'adressent plus particulièrement à l'individu dont l'apparence leur parait fragile . Ils utilisent aussi la distribution, dans les boites aux lettres, d' un prospectus proposant le même service, ou les annonces dans les journaux à la rubrique "offres d'emplois". Les conférences publiques sont aussi un moyen de rencontres mais elles sont précédées de publicité et animées par des membres influents de l'organisation pour allécher le chaland. Ce processus marketing s’avère toujours rentable, même s’il nécessite un investissement financier.
Le test de personnalité est, bien évidemment, gratuit. Il comporte 200 questions et ne parle que d'analyse de la personnalité. Il présente un caractère de sérieux puisqu'il est mentionné sur le prospectus, traduit du "Oxford Capacity Analysis" ; qu'il y figure un graphique de résultats, et que des témoignages de succès y apparaissent alors qu’aucune référence à l'Eglise de scientologie n'y figure. Ce test de personnalité permet d'instaurer un début de dialogue avec le sujet. Il permet d'ancrer la conviction que l'individu a tout à gagner en adhérant à la technique de la Dianétique qui ne peut produire que des effets positifs, les autres doctrines ayant paru inefficaces. Ce premier terme est un moyen de conduire la personne à pénétrer dans la structure, sans même s'en rendre compte.
Venu pour répondre à un questionnaire, il est aussitôt audité ou un rendez-vous est pris pour des cours de cette nature, au mieux il repart avec le livre de Ron Hubbard. C'est alors qu'il va faire ses premiers pas dans la scientologie, sans vraiment s'en apercevoir. Des brochures lui sont distribuées. Il lui est proposé de travailler au bonheur de l'humanité et de progresser lui-même vers une vie meilleure… et il entre dans la spirale de la dépendance absolue. Il est apparemment de moins en moins placé sous la sauvegarde de la République, au nom d’une fausse liberté de choix. Les sectes semblent être devenues les nouveaux opiums du peuple, et rien n’indique que le maximum est fait pour éradiquer le trafic en cours.
Mais je déblogue...

Lire aussi sur L'AUTRE QUOTIDIEN une chronique intitulée SECTES A RISQUES
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19 décembre 2006 2 19 /12 /décembre /2006 07:35
Il y a pratiquement 40 ans, j’entrais dans la carrière enseignante. Mes 20 printemps ne me prédestinaient pas nécessairement à devenir directeur d’une école élémentaire à 6 classes, avec des collègues blanchis sous le harnais. En plus de cette fonction, je me retrouvais, début septembre, face à 37 gamins plus ou moins motivés, avec un CAP à préparer, car le paradoxe résidait dans le fait que je dirigeais une structure sans être certain de pouvoir exercer mon métier d’instituteur, et non pas d’enseignant. Il y a une énorme distance entre les deux termes, et il n’est pas certain qu’elle puisse être dorénavant comblée par des mouvements divers. En fait, ma " mission ", simple, cohérente, rassurante, consistait à transmettre, grâce à un savoir-faire dont nous imprégnait, sans que nous en ayions conscience, l’école normale, un programme simple, cohérent et rassurant, à des enfants, divers mais réceptifs, pour la très grande majorité d’entre eux. J’ai fini 36 ans plus tard avec le titre de " professeur " mais avec beaucoup moins de certitudes, de passion et de conviction. Je n’en suis ni fier, ni satisfait mais, dans le fond, probablement que ce sentiment explique en grande partie la crise que traversera, j’en suis certain, le milieu… enseignant. Accablé de tous les maux de la société, responsable de tous les échecs, mais jamais des réussites, confronté à une dévaluation financière de sa profession, l’enseignant a perdu l’aura dont il avait bénéficié dans la période de l’ascenseur social triomphant. Il doit essuyer les sarcasmes d’un monde qui ne reconnaît plus la valeur réelle de son travail. Pour ne pas avoir su se faire respecter, il va payer les pots cassés d’une société en état d’errance. Là où l’instituteur, les professeurs de collège et de lycée avaient droit à une reconnaissance, ils ne trouvent plus devant eux que le doute et les coups bas. Le problème c’est que, selon moi, ils portent une part de la responsabilité en n’ayant pas su, au nom du partenariat éducatif, préserver la spécificité de leur métier. Je persiste à penser qu’ils avaient à, collectivement, démontrer que la télévision, les cours de rattrapage, les loisirs éducatifs, les parents même, n’avaient pas à se placer sur la même niveau qu’eux. La spécificité du métier d’enseignant n’est plus admise et ce ne sont pas les récentes mesures de Robien qui vont en attester. Voici en effet que ce Ministre de l’Education vient de décider, pour raisons budgétaires, de tailler dans le vif des emplois du temps. Même le " dégraisseur de mammouths " n’avait pas osé pareille grenade, susceptible de faire exploser des statuts que pourtant seuls les professeurs installés sont en mesure de comprendre et de défendre. S’ils calent sur ces mesures ils seront taillés en pièces, d’autant que, outre De Robien, ils ont été dans le collimateur royal.
UN ENSEIGNEMENT DANS UNE AUTRE DISCIPLINE
Présenté en octobre dernier, le projet de décret prévoit en effet que "l'enseignant du second degré qui ne peut se voir confier la totalité de son service dans l'établissement où il est affecté peut être tenu de le compléter dans sa discipline, dans un ou deux autres établissements publics de la même commune ou d'une autre commune".
Pour "compléter son service", un enseignant peut également "être tenu, si les besoins de service l'exigent, de dispenser un enseignement dans une… autre discipline dans son établissement d'affectation. Ces heures d'enseignement doivent lui être attribuées de la manière... la plus conforme à ses compétences", précise le projet de décret. Heureusement car on voit difficilement le professeur d’anglais assumer la physique et celui de bureautique consacrer son talent à la technique du fraisage. Les diplômes et la pédagogie sont relégués au rang d’utilités subalternes. Ce qui compte, c’est que près de  3000 postes seront rayés de la carte et que les recrutements seront réduits d’autant !
Le secrétaire général du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES) Bernard Boisseau parle à juste titre d'une "dénaturation du métier d'enseignant". Les syndicats protestent également contre une "remise en cause des décharges horaires", qui permettent à certains enseignants de donner deux à trois heures de cours en moins chaque semaine pour s'occuper d'autres tâches liées à leur matière (par exemple, gestion et préparation de cours en laboratoire pour les enseignants en sciences de la Vie). Encore des postes en moins, et un avenir, pour celles et ceux qu’ils conduisent vers la réussite scolaire, toujours plus incertain. Les concours vont se transformer en lutte farouche pour la survie, et je vois déjà poindre la faible  mobilisation des lauréats… une fois entrés dans la carrière. Déjà que les IUFM fabriquent des cohortes de techniciennes et de techniciens de l’éducation, insensibles aux fondements même du rôle d’exemple social que doivent tenir des enseignant(e)s, la situation risque d’être vite désespérée.
PONCIFS, A PRIORI, APPARENCES
Il faudrait entamer une grande campagne d’information sur les conditions exactes du métier de professeur. On ne vit que sur des poncifs, des a priori, des apparences, et le sort qui est fait à ceux qui se retrouvent face à des élèves immatures, démobilisés, agressifs, inconscients des enjeux, condamnés à l’école comme d’autres le furent à des travaux forcés. Un peu comme si on ne jugeait un pilote d’avion que sur ses heures de repos, un maçon que sur ses livraisons de béton tout prêt, un viticulteur que sur la mise automatique en bouteille… il faut d’abord essentiellement restaurer la vérité d’un métier qui, selon moi, n'est plus reconnu comme un métier, mais comme une occupation utile.  La très grande majorité des parents et donc des citoyens ne juge les enseignants que sur les notes dispensées à leur progéniture et plus encore sur ce qu’elle ramène de ses heures passées dans leur établissement. Tous les profs ne sont pas des parangons de la pédagogie mais dans quelle profession peut-on assurer que l’efficacité est effective à 100 % ? La pression d’une classe, l’impression de prêcher dans le désert de l’inculture, la difficulté à être redevable d’un " programme " inadapté à celles et ceux que le système vous a affectés, constituent des " charges " que bien des critiques ne supporteraient pas très longtemps. La réalité d’un enseignant de français en Lycée d’Enseignement Professionnel ou celle d’un prof d’histoire dans une classe de quatrième est désormais bien différente de celle que nous avons connu les uns ou les autres, si nous avons quelques cheveux blancs. Le savoir n’est plus la clé de la réussite. La capacité à réaliser des profits rapides est devenu infiniment plus respectée qu’un rang à l’agrégation de lettres modernes. C’est pour cette raison que de Robien ou Ségolène se permettent d’attaquer sournoisement des statuts qu’ils s’évertuent à assimiler directement ou indirectement à des privilèges.
UNE DEGRADATION SANS PRECEDENT  
Selon le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES, principal syndicat du secteur), le mouvement de grève était suivi hier par 53% des enseignants des lycées et 55% des enseignants des collèges en activité ,car bien évidemment celles et ceux qui n’avaient pas cours ne figurent pas dans ces statistiques. Dans un communiqué, l'intersyndicale du second degré, qui dit représenter "plus de 99% des personnels", rappelle qu'elle s'oppose "depuis maintenant plusieurs semaines (...) au projet de décret sur les obligations de service des enseignants de second degré", sans être entendue par le ministre de l'Education, Gilles de Robien.
Selon l'intersyndicale, "l'objectif premier de ce texte est de supprimer des postes dans le cadre d'une logique budgétaire qui a déjà conduit à une dégradation sans précédent des enseignements de second degré".
Avec les grèves et les manifestations de hier, les syndicats entendent "signifier" au ministre leur "double exigence de retrait du projet de décret et d'ouverture de véritables discussions pour que des réponses soient apportées à la nécessaire prise en compte des réalités du métier et que soient améliorées les conditions de son exercice". A mon avis, le combat ne fait que commencer et le printemps, même électoral, risque d’être chaud, car les jeunes vont vite s’apercevoir de la supercherie portée par un Etat exsangue, ruiné, oppressé. De Robien a suivi sa scolarité à l'école de la Providence d'Amiens, puis au collège Saint Jean de Béthune à Versailles et il sait fort bien que, dans le privé, on aura le libre choix de son organisation, et que son décret n’aura aucune incidence. Quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage… et la méthode marche fort bien. Seule une solidarité de tous les instants pourra préserver un corps enseignant, rongé par le doute, d’un triste avenir. Le mammouth semble avoir repris du poil de la bête et ça me rend allègre !
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JE VOUS AVAIS PREVENUS MAIS VOUS NE M'AVIEZ PAS CRU... Relisez la chronique de L'AUTRE QUOTIDIEN "La mort qui  peine" puis allez sur
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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 07:35
Samedi soir, au sein d’un groupe d’amis, nous avons disserté autour de plusieurs verres sur divers aspects de la vie publique. J'’affirmais que, ce que je garderais des premiers mois de l’arrivée de Mitterrand à l'Elysée, serait l’abolition de la peine de mort. Il illustre ce que je crois sincèrement être le courage politique, puisque contre les sondages, contre même l’avis de la majorité de celles et ceux qui pouvaient voter pour lui, Mitterrand a su maintenir le cap. Il avait annoncé qu’il ferait voter cette mesure aussi symbolique que la fin de l’esclavage, l’accession au suffrage universel des femmes, la séparation de l’église et de l’état, et il l’a fait… On lui reprochera ensuite suffisamment à gauche de ne pas avoir tenu ses engagements, pour que l’on garde en mémoire qu’avec Badinter (qui aurait pu être une excellent président de la République), ils sont allés au bout de leur mission. Le vote de l'abolition date du 18 septembre 1981 et la loi d'abolition a été promulguée le 9 octobre de la même année. Une affaire vite faite, et bien faite, alors que l’opposition s’était déchaînée.
S’ils n’avaient pas eu ce courage d’affronter la meute, nous serions encore parmi la liste que publiait Le Monde du 25 juin 2005, et qui recensait au moins 5 476 exécutions qui auraient eu lieu en 2004 dans le monde (5 523 selon l'ONG Hands off Cain). La France figurerait, dans une équipe dont nul ne songerait à être fier, avec la Chine au premier rang (5 000 exécutions au moins, car on n’a aucune information plus précise) suivie de l'Iran (au moins 197 exécutions en 2004), le Vietnam (au moins 82), les USA (59 contre 65 en 2003), la Corée du Nord (plusieurs dizaines car on ne les connaît pas toutes), l'Ouzbékistan (environ 50), l'Arabie saoudite (au moins 38), le Pakistan (29), le Bangladesh (13), le Koweït (9), la Biélorussie (5), l'Egypte, le Soudan et la Somalie (au total 9 pour l'Afrique)...
En revanche, au total en 2005, 86 pays ont plus ou moins définitivement renoncé ou suspendu la peine de mort (dernier en date le Libéria), dont 70 qui l'ont formellement interdite. Cinq de ces 86 pays suivent un moratoire, et 15 autres sont abolitionnistes de fait. La Russie par exemple a suspendu son application ; elle s'était engagée à l'abolir en 1996, pour pouvoir entrer dans le Conseil de l’Europe. Dix ans plus tard, la peine de mort n'est toujours pas officiellement abolie dans ce pays. 78 autres pays conservent dans leur droit pénal la peine de mort dont au moins… 4 grandes démocraties, qui ont exécuté 65 personnes en 2004 : Taïwan (3), le Japon (2), l'Inde (1) et bien entendu les…États-Unis (59). Par pendaison (répandue), par électrocution, par peloton d’exécution, par lapidation ou par… injection, les tribunaux donnent donc le droit de tuer pour l’exemple. Le système dont encore personne n’a pu démontrer l’efficacité ne semble pas prêt de s’arrêter. Et pourtant…

INJECTION ANTICONSTITUTIONNELLE
En cette fin de semaine, un juge fédéral américain a estimé que les exécutions par injection en Californie étaient anticonstitutionnelles, et susceptibles de violer les dispositions légales sur les traitements cruels et inhumains.
La décision de Jeremy Fogel intervient alors que le gouverneur de Floride, Jeb Bush, a suspendu toutes les exécutions dans son Etat. La mort d'un condamné en Floride, au cours de la semaine, a duré… 34 minutes, deux fois le temps habituel. L'injection de produits mortels est la méthode d'exécution utilisée dans 37 Etats américains. Le mois dernier, un juge fédéral a déclaré anticonstitutionnelle cette méthode, similaire à celle employée en Californie.
Lors d'une injection, le condamné reçoit trois produits dans les veines: le premier l'endort, le deuxième paralyse ses muscles, le dernier arrête son cœur. Mais si le sédatif n'agit pas correctement, les deux produits suivants sont extrêmement douloureux. On commence juste à prendre conscience de l’inhumanité absolue du châtiment.
Saisi du cas de Michael Morales, 46 ans, condamné à mort pour viol et pour meurtre, le juge Fogel, chargé de l'affaire au tribunal fédéral de San Jose (Californie), avait exigé qu'un médecin soit présent au côté du condamné pour s'assurer qu'il était bien endormi avant l'injection des deux derniers poisons. En l'absence de médecin volontaire, l'exécution de Michael Morales, et toutes les autres, prévues dans l'Etat, avaient été reportées jusqu'à ce que le juge Fogel ait examiné le fond de l'affaire. Précisant qu'il n'était pas appelé à se prononcer sur le bien-fondé de la peine de mort, ni même de l'injection, le juge a estimé que les exécutions pouvaient se poursuivre avec un autre protocole, par exemple en utilisant seulement une… dose massive de sédatif.
Le courage du juge déjà remarquable dans un état extrêmement répressif n'est pas allé jusqu’à interdire une exécution. Il provoquera, au minimum, un débat autour de la peine de mort, ce qui ,aux Etats-Unis, constitue déjà une avancée démocratique.

LA PEINE DE MORT JOUE AU YOYO
En effet, la peine de mort joue au yoyo aux USA, selon les élections des gouverneurs. Des états suppriment ou suspendent les exécutions capitales, alors que d’autres s’y remettent. 37 des 38 Etats américains, ainsi que le gouvernement fédéral, exécutent justement les condamnés par injection létale. Le Nébraska est le seul Etat à uniquement recourir à la chaise électrique. Certains Etats, recourant à cette méthode, disposent aussi d'autres méthodes d'exécution. A cette disparité s’ajoute les aléas des jugements et des positions des politiques.
La peine de mort a en effet été suspendue aux Etats-Unis de 1967 à 1976, après que la Cour Suprême ait instauré un moratoire de fait. A partir de 1976, après un revirement de la Cour Suprême, les Etats ont pu réintroduire la peine de mort dans leur législation propre. Actuellement, 38 Etats sur 50 la prévoient dans leurs textes de loi. 30 l'ont appliquée au moins une fois depuis 1976. Au niveau fédéral, la peine de mort a été rétablie par le gouvernement américain en 1988. 3 700 personnes sont actuellement en attente d'exécution aux Etats-Unis… alors qu’en mars 2001, le pays a franchi le seuil des 700 exécutions. Le Texas est largement en tête avec 270 exécutions en 24 ans. Triste record national...
Les électeurs du Wisconsin se sont par ailleurs prononcés pour le rétablissement de la peine de mort dans leur Etat, lors d’un référendum organisé en même temps que les élections parlementaires. Ce référendum, qui n'était que consultatif, proposait que la peine capitale puisse être appliquée aux assassins, à la condition que leur culpabilité soit prouvée par des tests ADN. La proposition a été acceptée par environ 55% des électeurs. Le Wisconsin fait partie des douze Etats américains qui n'ont pas rétabli la peine de mort, quand la Cour suprême l'a autorisé en 1976. La dernière exécution dans cet Etat remonte à 1853… Elle pourrait reprendre un jour !
Il y a pourtant de moins en moins de condamnés dans les couloirs de la mort américains, même si leur nombre atteignait encore 3.254 fin décembre 2005, selon un rapport annuel publié dimanche par le ministère de la Justice.
Fin 2000, les condamnés à mort étaient 3.601 aux États-Unis. Depuis, ce chiffre baisse régulièrement, principalement du fait de la baisse des condamnations : en 2005, les tribunaux américains ont prononcé 128 condamnations à mort, loin derrière les 325 enregistrées en 1995.

DES JURYS PLUS HESITANTS
Tous les cas d'innocence, révélés par des analyses ADN à la fin des années 1990, ont rendu les jurys hésitants, a expliqué à l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort. De plus, les procureurs sont plus modérés dans leurs réquisitions, d'autant que la généralisation de la réclusion à perpétuité sans libération conditionnelle offre une alternative. Face aux 125 arrivées, les couloirs de la mort ont enregistré 194 départs en 2005 : 85 condamnés sont morts (60 par exécution, 21 de causes naturelles, 3 par suicide et un par overdose), et 109 ont vu leur peine modifiée en appel, commuée ou rendue inapplicable par une décision en mars 2005 de la Cour suprême interdisant d'exécuter des condamnés mineurs au moment de leur crime. Ceux qui restaient au 31 décembre 2005 étaient à 98,4 % des hommes, et à 42 % des noirs, alors que cette minorité représente 13 % de la population américaine. Le plus jeune avait 20 ans, le plus vieux 90 ans, et ils attendaient depuis 10 ans et 8 mois en moyenne.
La plus forte population se trouvait en Californie (ouest, 646 détenus) et au Texas (sud, 411). Mais le nombre de condamnés ne préjuge pas du nombre d'exécutions : depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976, la Californie a exécuté 12 condamnés et…le Texas 355 ! Ah, j’oubliais que celui qui a institué cette extermination planifiée, au Texas, est un certain George Bush, au cours de ses deux mandats de gouverneur. Sa politique fut très remarquée en Europe pour l'utilisation prononcée de la peine de mort: il signe l'ordre d'exécution de la sentence judiciaire pour… 152 prisonniers reconnus coupables de crimes et condamnés à mort. De plus, il gracie un seul condamné lors de son mandat, et refuse d'accorder des sursis à d'autres malgré, dans certains cas, leurs demandes de pouvoir recourir aux tests ADN pour prouver leur éventuelle innocence. Son frère, Jeb, très croyant, gouverneur actuel de Floride a semble-t-il été touché par la grâce... Du moins provisoirement! 
Mais je déblogue…  
 
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Relisez la chronique de L'AUTRE QUOTIDIEN titrée  "LA JUSTICE CRIE FAMINE" et après
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 17:03
Le tram bordelais est devenu un phénomène de société. Il devient difficile, aux heures de pointe, de se faufiler dans ces rames qui ressemblent étrangement à des boites à sardines. Faute d’une stature suffisante, et d’une volonté farouche, vous resterez sur le quai tant la fréquentation a explosé au cours des dernières semaines. Impossible aussi de dénicher une place dans les parkings actuels d’échange, tant les automobilistes adoptent massivement ce transfert vers le centre ville. En fait, dans toutes les villes, le " tram " est redevenu le moyen de transport collectif qui a trouvé un public, alors qu’il avait été haï par la foule qui le présentait comme un obstacle obsolète au développement de la circulation automobile. Ce moyen de transport, apparu pour la première fois en France en 1876 dans sa version motorisée (à vapeur), avait peu à peu cédé le pas, dès les années 1930 à l’auto reine. Dans la capitale, il disparaît en 1937. A Bordeaux, en 1958, (il se sera écoulé un demi-siècle quand l’essentiel du réseau sera reconstitué) l'affaire est entendue : le tram brinquebalant, avec ses rails glissant en travers du pavé, est devenu la ringardise absolue, face aux outils modernes que sont le métro, les bus et surtout la voiture individuelle, pour qui il convient de faire place nette.

UN VASTE TERRITOIRE TRAMWAY DETRUIT
Il faut savoir qu’il sortait même des limites de l’agglomération, allant sur la rive-droite de la Garonne jusqu’à Cadillac ou Camarsac. Il longeait des routes, qui n’étaient pas encore à grande circulation, pour transporter des milliers de personnes n’ayant pas les moyens financiers d’accéder à la propriété automobile. Inauguré en avril 1897, le "Tramway de Bordeaux à Cadillac" eut d'emblée un grand succès. Durant la première année d'exploitation, 364.982 personnes furent transportées. Le trafic a continué de croître pour atteindre un maximum de 494.949 voyageurs transportés en 1902. Ayant survécu à la première guerre mondiale, il ne vit pas la seconde. Car, en 1933, un service de bus fut installé. Il concurrença fortement le tramway, faisant tomber le trafic à 207.981 voyageurs en 1934. Par ailleurs, le coût de modernisation étant trop important, il fut décidé de fermer la ligne en juin 1935.
Le Tramway avait causé la mort du transport fluvial sur la Garonne, et lui-même fut remplacé par le transport routier. Il fallait environ 2 heures pour parcourir les 30,389 km à une vitesse de 30 km/h. L'itinéraire empruntait approximativement le tracé de l'actuelle Route Départementale N°10, et comptait 24 arrêts, dont 7 facultatifs.  On détruira, comme dans beaucoup de cas, les emprises, les gares, les quais, au nom du modernisme et de l’individualisme triomphant. Désormais, on ne peut que nourrir des regrets devant cette décision, qui a " tué " un espace public collectif, au bénéfice d’une vision individualiste du déplacement.
Suivront des décennies d'immobilisme pour les transports publics urbains, de progression sans frein de la voiture, le tout combiné à l'étalement urbain de l'après-guerre. Résultat : les élus se retrouvent, au début des années 1980, face à un problème de congestion et de nuisances, dont l'ampleur les contraint à réagir… sur la plan des transports, mais pas sur celui de la transformation des villes en agglomérations tentaculaires. Sans vouloir revenir sur les erreurs du passé, on recherche des moyens de désengorger des rues devenues certes libres de véhicules collectifs captifs, mais également inaccessibles aux " bagnoles ".

SUPPORT ULTRAMODERNE DE LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION
Aujourd'hui, le tram tant méprisé, est redevenu le support ultramoderne de la lutte contre la pollution et l'engorgement des centres-villes, avec une adaptation fondamentale : le site propre ! Cette mutation consistant à offrir des espaces limités à l’automobile en privilégiant l’attribution de la majeure partie des chaussées au système de transport collectif, fait actuellement le succès du tram. L'ancien tramway était en effet condamné, parce qu'il circulait au milieu des autres véhicules. De cette rupture découle une autre caractéristique essentielle du tramway du XXIe siècle : il lui faut des rails, un peu d'espace, de véritables petites gares. Bref, il incite les aménageurs à remodeler son environnement urbain.
Cette requalification des rues, des cours, des avenues, des places, a débouché à Bordeaux et dans la communauté urbaine sur une véritable métamorphose, bien au-delà des environs immédiats de la nouvelle ligne. Quand on constate ce que le tram a apporté à des quartiers comme ceux de Cenon et de Lormont, qu’il a non seulement valorisés par une desserte pratique et moderne, mais par sa seule présence. Le transport collectif devient un atout et non plus un handicap. Psychologiquement, malgré la lourdeur des travaux, les riverains acceptent cette nouvelle donne, car ils en sont les bénéficiaIres directs. Bizarrement, une vieille idée est devenue le concept avant-gardiste du siècle en matière de déplacement.
Au début des années 80, nous avions tenté, à Créon, de persuader les instances départementales et régionales d’utiliser l’emprise de l’ex-voie ferrée vers Bordeaux pour installer un tram suburbain. La dépense était ridiculement basse par rapport aux dépenses prévues alors pour le… métro, qui ne verra jamais son premier coup de pioche arriver. Comme il ne faut jamais avoir raison à l’avance… ce qui aurait pu devenir un axe de transport extrêmement utile, compte tenu du développement des communes desservies, a été transformé en piste cyclable. Tan mieux pour l’environnement, mais tant pis pour l’effet de serre.

UTILISATION SPECIFIQUE DE L’ESPACE
Sur le plan financier, le bus en site propre est beaucoup moins cher que le tramway, et bien sûr que le métro : de 5 à 10 millions d'€ du kilomètre pour le bus, de 30 à 40 millions pour le tramway, de 100 à 150 pour un métro, selon le GART. Mais le strict calcul de rentabilité, fondé sur la comparaison entre le coût et la fréquentation attendue, n'est plus le seul à intervenir. Il faut tenir compte du rapport entre l’utilisation spécifique de l’espace et le nombre de personnes déplacées. Il faut bien convenir que, dans tous les cas, ce qui spécialise les aménagements et les attribue à un mode de déplacement doit être absolument rentable.
Le tram, lui, bénéficie de sa circulation en surface, mais aussi de son habitacle transparent. Tous les modèles créés cherchent à ce que, contrairement au métro, les voyageurs puissent également se déplacer dans la ville au sens propre, grâce à la vision permanente qu’ils ont sur le parcours. Traverser à Bordeaux le pont de pierre, et contempler de nuit ou de jour la façade des quais, constitue un véritable plaisir. L’autre jour, j’ai côtoyé une personne qui faisait découvrir divers points des parcours à des gens étrangers, ce que personne ne peut faire réellement en voiture ou en bus urbain. Pour autant, le tram n'est pas la panacée, car ses axes rigides dans le temps doivent être connectés de façon efficace à d'autres modes de transports. Or la France, à la différence de ses voisins, ne sait pas faire, ou fait mal l'intermodalité, en raison de la complexité des compétences. La CUB s’occupe du tram, le conseil général des bus qui mènent au réseau sur le reste du territoire départemental, et la région, des Transports Express Régionaux (TER) et il faut, pour l’usager, avoir une belle dose de chance pour que, sur son parcours, il y ait une véritable cohérence… La France n’a pas fait, sauf sur la région parisienne une véritable politique " unitaire " des transports collectifs alors qu’il aurait été souhaitable de regrouper dans le cadre de la lisibilité citoyenne des charges confiées à une collectivité (pour moi la région) afin de favoriser une authentique intermodalité.

PARIS REJOINT UNE QUINZAINE DE VILLES
Paris est revenu hier au tram, avec l’inauguration d’une ligne d'un coût total de 311,5 millions d'€ pour une ligne qui relie les portes de Garigliano et d'Ivry en 24 minutes, transportant 100.000 voyageurs par jour, soit deux fois plus que le bus. Après près de 70 ans d'absence, c'est un grand retour, puisque la ligne passe à la frontière des XIIIe, XIVe et XVe arrondissements, à la lisière sud de la capitale. Une extension vers l'Est en direction de la Porte de la Chapelle est à l'étude. Une quinzaine de villes disposent aujourd'hui d'au moins une ligne, alors qu'il n'en restait que trois il y a 20 ans à Lille, Saint-Etienne et Marseille. Au Mans, son arrivée est prévue fin 2007.
La ville de Nantes a été la première à relancer ce mode de transports, avec une première ligne en 1985. Puis, c'est au tour de Grenoble en 1987 d'introduire le premier tramway au monde à plancher bas semi-intégral, accessible aux personnes handicapées. A Bordeaux, après sa suppression, le tram avait été inauguré en grande pompe, en présence du président Jacques Chirac, en décembre 2003…. En juin 2007, Marseille devrait aussi avoir ses deux premières lignes de tram sur 11,6 km.
Le tram est devenu la clé du succès aux prochaines municipales, car ne vous faites aucune illusion, il y a une arrière-pensée électorale dans cette ruée vers le tram. Dans toutes les villes de la CUB on attend avec impatience la fin des travaux pour inaugurer les extensions en cour, car on sait qu’elles démontreront la volonté des édiles de s’inscrire dans la modernité. Malheur à ceux d’entre eux qui n’auront pas pris le risque d’une impopularité provisoire, durant les travaux pour quelques mois, avant une échéance importante,afin d'en tirer profit pour leur image. Je suis certain que ceux, dans la CUB et dans la première couronne, qui ont manqué le rendez-vous, se le verront reprocher, sauf à faire au minimum des promesses d’interconnexions performantes. Comme quoi, faire du neuf avec une vieille idée n’a jamais été un handicap. Le passé n’est jamais à mettre aux orties de l’Histoire.
Mais je déblogue…
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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 14:51
Lorsque l’on fait référence au code du travail, il faut bien admettre que la réaction est toujours la même : il constitue un obstacle à la libre entreprise. Son contenu ne serait qu’un ramassis de textes compliqués qui empêchent l’embauche de braves gens demandeurs d’un emploi. Il est vrai que ce code compliqué, difficile de compréhension, et surtout méconnu, ne facilite guère les relations entre employeurs et employés. Même les juges prud’homaux ont du mal à interpréter les méandres d’une jurisprudence à géométrie variable. Les patrons argumentent d’ailleurs avec vigueur, secondés par quelques ministres zélés, afin de réduire à leur plus simple expression les droits des salariés. Et, faits plus graves, on a constaté que celles et ceux qui étaient chargés de faire appliquer ces principes légaux étaient, soit malmenés sur les chantiers ou dans les entreprises, soit en rupture d’effectifs.
Le paradoxe français réside dans une soif inextinguible de sécurité et une affirmation de mettre un terme à des contrôles considérés comme superflus ou scandaleux. Dans le monde du travail, tout le monde veut voir respectés ses droits mais refuse obstinément de financer, via ses impôts, les vérifications indispensables. Il en va de la même manière dans de multiples domaines où toute rigueur est considérée comme une atteinte à la liberté, alors qu’en fait c’est la seule garantie possible dont nous avons besoin pour l’exercer égalitairement. Des fonctionnaires de l'Urssaf, de l'inspection du travail, des impôts et de la gendarmerie ont, par exemple, effectué jeudi un contrôle surprise de la compagnie aérienne à bas coût EasyJet à Orly, la soupçonnant de "travail illégal". Une information judiciaire pour "travail dissimulé" devait être ouverte par le parquet de Créteil concernant les conditions d'emploi en France des salariés de cette compagnie britannique dans son escale d'Orly, tant la situation était pour le moins volontairement ambiguë.

DROIT SOCIAL FRANCAIS
L'opération menée, "sous l'autorité du procureur de la République de Créteil ", a concerné "plusieurs services" et devait "permettre d'établir le statut juridique de la base d'exploitation d' EasyJet à Orly par rapport au droit du travail français", avait auparavant indiqué l'inspection du travail des transports. Elle visait à recueillir "tous les éléments" concernant les conditions d'emploi des quelque 130 personnels qui sont soumis au droit britannique et non au droit français, a précisé la même source.
"Aucune disposition du droit du travail français n'est appliquée", a-t-elle ajouté, citant l'absence de comité d'entreprise ou la non-déclaration des salariés aux organismes français de protection sociale. Cela "nous amène à considérer qu'il s'agit de travail illégal", a-t-on indiqué, en soulignant que les responsables de la compagnie aérienne ne s'étaient pas encore manifestés. Les personnels navigants des compagnies étrangères basées en France doivent être soumis au droit du travail français, selon une nouvelle réglementation entrée récemment en vigueur et qui inquiète les compagnies à bas coûts ("low cost"). Un décret paru le 23 novembre au Journal officiel dispose que le code du travail français est désormais "applicable aux entreprises de transport aérien au titre de leurs bases d'exploitation situées sur le territoire français".
Cet exemple démontre comment les employeurs européens contournent déjà une législation nationale. Bien évidemment, les propos tenus, en son temps, par les opposants au Traité constitutionnel européen, n’étaient que de sombres prophéties… Dans la réalité, il en est déjà tout autrement, car au nom du libéralisme,  bien des pays ne se privent pas de contourner des lois réputées trop coercitives.

TOUT EST BRITANNIQUE
Un porte-parole d'EasyJet en France a indiqué que la responsable des opérations de l'escale d'Orly avait été "interrogée", et placée en garde à vue dans le cadre de cette "intervention en flagrance". Le porte-parole a d’autre part affirmé que la compagnie "respecte le droit du travail… européen". "Les navigants (hôtesses et pilotes) seraient sous contrat britannique, car la compagnie est britannique avec pavillon britannique, et leur lieu de travail est l'avion. Tous les prestataires au sol à l'escale d'Orly sont des sous-traitants" assujettis au droit du travail français, a-t-il ajouté. EasyJet emploie 130 personnels navigants, dépendant de la base d'Orly et ses pilotes sont en majorité… Belges.
Difficile dans un tel contexte de reconnaître les siens et d’appliquer un code du travail, extrêmement replié sur ses certitudes nationales, dans une Europe explosée socialement. J’ai déjà la certitude que certains analystes trouveront au contraire dans cette aventure une argumentation pour accélérer la déréglementation totale de l’économie. Easyjet ne se gêne pas pour exploiter, comme bien d’autres multinationales à une échelle encore plus grande, cette absence de socle social européen commun.
On en arrivera à ce que les compagnies aériennes se délocalisent, pour revendiquer pour leur personnel les statuts les plus fragiles, les plus avantageux pour les coûts, compte tenu du fait que la lutte farouche pour les prix les plus bas favorise tous les abus. La concurrence outrancière, liée à l’inconscience absolue des ravages qu’elle cause, conduira inéluctablement à la destruction des garanties sociales. L’indifférence des salariés face à cette mutation de leur sort devient préoccupante. Leur passivité confine au suicide collectif. Il faut presque les défendre malgré eux car, grâce à un chômage structurel maintenu, ils vivent , quelle que soit leur nationalité, dans l’angoisse de perdre leur travail.

MISE EN EXAMEN
La compagnie aérienne britannique à bas coût EasyJet a donc finalement été mise en examen, en tant que personne morale, pour "travail dissimulé" et "entraves aux organes de représentation du personnel". La mise en examen de la compagnie aérienne a été signifiée par un juge d'instruction du tribunal de grande instance de Créteil au directeur juridique d'EasyJet, venu de Grande-Bretagne pour la représenter.
Le parquet avait auparavant ouvert une information judiciaire pour "travail dissimulé" et entraves aux organes de représentation du personnel (comité d'entreprise, comité hygiène et sécurité (CHSCT), délégués du personnel et droit syndical). Bien évidemment, ce sont des " entraves " à la libre entreprise comme elle existe ailleurs… au nom de l’efficacité économique. Il faut attendre désormais la manifestation de solidarité des… salariés à l’égard de leur patron. En effet, il est désormais courant de voir les entreprises faire un chantage moral sur la nocivité des actions menées pour la défense des employés : " si vous insistez, nous serons obligé d’aller voir ailleurs après avoir mis la clé sous la porte. Alors réfléchissez bien ! ". La révolte est dirigée contre celles et ceux qui se battent pour des principes ou celles et ceux qui ne font qu’appliquer la loi. Un changement de mentalité dont il faudra tenir compte politiquement, car il semble qu’il y ait quelques enthousiasmes sur le syndicalisme de masse, plutôt déplacés dans le contexte actuel !
Mais je déblogue…
 
JE VOUS AVAIS PREVENUS MAIS VOUS NE M'AVIEZ PAS CRU...
Lisez la chronique de L'AUTRE QUOTIDIEN "Ca chauffe pour nous" puis allez sur
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15 décembre 2006 5 15 /12 /décembre /2006 07:32
Parfois je me surprends à avoir des réactions illogiques. Ainsi, hier, en sortant pour traverser la place de la Prévôté vers la Mairie, je râlais contre une température que j’estimais beaucoup trop fraîche. Un peu comme si un petit –1° à la mi-décembre constituait un phénomène climatique anormal. Il est vrai que depuis des semaines, nous avions un automne réellement chaleureux. Cette propension à nous habituer à un climat différent du rythme antérieur des saisons constitue peut-être l’annonce d’une véritable mutation des esprits. En effet, le froid, la pluie, le vent sont désormais considérés comme des événements négatifs, surnaturels, car dérangeant le confort d’un quotidien reposant sur un temps clément permanent. Cette attitude constitue la résultante d’une évolution de plus en plus préoccupante.
2006 devrait être, en effet, la sixième année la plus chaude depuis que les relevés météorologiques ont été systématisés dans le monde voici un siècle et demi, a déclaré hier l'Organisation météorologique mondiale. Le problème, c’est que les dix années les plus chaudes ont toutes été recensées au cours des 12 dernières.Celle qui se termine a été marquée par une sécheresse extrême, et de fortes inondations dans la Corne de l'Afrique, agitée par des soubresauts catastrophiques, des feux de forêt d'une ampleur record aux Etats-Unis, des pluies torrentielles aux Philippines, un nouveau rétrécissement de la calotte de l'océan glacial Arctique et… l'automne le plus doux jamais constaté en Europe.
En Europe, les températures ont ainsi été de plus de trois degrés supérieures à la normale cet automne. En Grande-Bretagne, l'automne a été le plus doux depuis l'établissement des premiers relevés de températures au XVIIe siècle. Les Pays-Bas ont connu leur automne le plus doux depuis 1706, le Danemark depuis 1768… Tous les records tombent les uns après les autres sans pour autant affoler les populations qui préfèrent la chemisette ou le polo à la doudoune ou l’anorak. Justement, on ne va pas tarder à avoir des manifestations, car toute une filière économique va progressivement s’effondrer : celle des sports d’un hiver qui n’existe plus…

MENACE POUR LES ECONOMIES REGIONALES
Le réchauffement climatique "remet gravement en question la fiabilité de l'enneigement" dans les stations de ski des pays alpins en Europe, et "menace les économies régionales" tributaires du tourisme d'hiver, selon une étude que l'OCDE a rendue publique mercredi . "Les Alpes sont particulièrement sensibles aux changements climatiques, et le réchauffement récent y a été près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale", note l'étude. Actuellement, on considère que 90% des domaines skiables alpins de moyenne ou grande taille, soit 599 domaines sur 666, bénéficient d'un enneigement naturel suffisant, soit une couche d'au moins 30 cm de neige, pendant au moins 100 jours par an, relèvent les auteurs. Les 10% restants sont déjà soumis à des conditions précaires.
" Une hausse de la température de 1°C, de 2°C ou de 4°C à l'avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d'un enneigement fiable à 500, 400 ou finalement à 2000", prévient l'OCDE. Ce n’est pas le moment de publier de telles nouvelles alors que la France, active et dynamique, prépare ses skis !
Une étude de Greenpeace intitulée "changement climatique: quels impacts en France?", publiée en 2005,  aboutissait pourtant déjà à des conclusions similaires à celles de l'OCDE. Un réchauffement moyen de 2 degrés par rapport aux conditions de la décennie 1980-1990, entraînerait une diminution de la durée d'enneigement de 5 à 4 mois (entre 1500 et 2500 mètres) dans les Alpes du nord et de 3 à 2 mois dans les Alpes du sud. Dans les deux cas, l'épaisseur du manteau neigeux serait réduite de 40 à 50 %. "Les études récentes suggèrent une probable remise en cause de l'existence même des stations de sports d'hiver de moyenne montagne", concluait également l'étude de Greenpeace. Des milliards d’€ d’investissements vont se révéler inutiles et donc improductifs. Et le malheur guette notre société qui consomme de plus en plus de sport… d’hiver : les bronzés ne pourront plus faire de ski, et ce n’est véritablement pas le top, pour le moral et pour les finances, des stations qui n'ont pas massivement investi dans des canons à neige artificielle. Ils n’auront même plus la possibilité d’aller se dépayser sur la banquise.

DISPARITION DE LA BANQUISE ARCTIQUE
La calotte glaciaire diminue au rythme de près de 8,6% par décennie, soit plus de 60.000 km² par an (plus que la superficie de la Suisse), ou l'équivalent… de la France, tous les neuf ans. Le réchauffement climatique pourrait en effet entraîner la disparition de la banquise arctique pendant l'été, dès l'année 2040, ce qui aura des conséquences environnementales mais aussi commerciales et stratégiques, selon des chercheurs américains et canadiens.
Selon leurs travaux, la quantité de glace dans l'Océan glacial arctique pourrait être réduite si brutalement chaque mois de septembre que, d'ici 20 ans, elle pourrait commencer à se réduire quatre fois plus vite que ce qui a pu être constaté jusqu'ici. "La glace est en fait très stable jusqu'en 2025, puis, boum, elle s'en va", a déclaré Marika Holland, une scientifique lors de la réunion d'automne de l'Union américaine de géophysique à San Francisco. Ce qui signifie que le pôle nord pourrait être sans glace dès l'été 2040, selon une modélisation produite par des ordinateurs. Selon une des simulations produites, la glace de septembre se réduit pour passer d'environ 6 millions de kilomètres carrés à 2 millions de kilomètres carrés sur une période de dix ans.
En 2040, la quasi-totalité de la région arctique sera libre de glace en septembre; seule une partie de la banquise restera le long des côtes septentrionales du Groenland et du Canada. La fonte de la banquise pourrait modifier l'écosystème mondial. Les animaux vont devoir s'adapter et les pays répondre à cette modification des frontières.
Autre conséquence négative, la pratique du... ski pourrait être rendue plus difficile au Colorado, du fait d'un moindre rafraîchissement venu de l'Arctique. Cette prévision, apocalyptique en raison de ses conséquences sur l’équilibre mondial, n’est peut-être que le début d’un grand cycle de modification des conditions climatologiques, et alors là, pour le ski… la situation deviendra désespérée.
Les climatologues s'accordent sur le fait que la Terre a traversé plusieurs cycles de réchauffement et de refroidissement planétaires durant les 400 000 dernières années. Selon eux, un cycle de 100 000 ans environ s'est répété au cours de cette période. Ce cycle commence par un réchauffement brutal suivi d’une période chaude de 10000 à 20 000 ans environ, appelée période interglaciaire. Cette période est suivie par un refroidissement progressif, et l'installation d’une ère glaciaire. A la fin de la glaciation, un réchauffement brutal amorce un nouveau cycle. La dernière période interglaciaire correspond au temps présent, et dure depuis plus de 10 000 ans.
Sommes-nous simplement en train de la subir, ou de l’accélérer, car les météorologues prévoient d'ores et déjà que 2007 pourrait être encore plus chaude, au plan mondial, que 1998, année record, cela en raison du phénomène El Nino, en train de réapparaître.

PRINCIPAL RESPONSABLE : LE GAZ CARBONIQUE
Aujourd’hui, quasiment tous les scientifiques s’accordent à imputer l’essentiel de cette évolution sur les dernières décennies du XXe siècle aux gaz à effet de serre, produits par les activités humaines. Le principal responsable est le gaz carbonique, qui représente 70 % des émissions, puis vient le méthane. Leur concentration dans l’atmosphère n’arrête pas d’augmenter depuis le début de l’ère industrielle : depuis 1750, la concentration en gaz carbonique a augmenté de 31 % et celle en méthane de 150 %. Une partie de ces gaz reste dans l’atmosphère, et le reste est absorbé par les océans et les végétaux.
Mais ne nous y trompons pas. Notre planète sera plus chaude, mais deviendra aussi plus humide. Les modèles prévoient que la nouvelle répartition des pluies accentuerait encore les inégalités existantes : les régions équatoriales recevraient plus d’eau, contrairement aux régions subtropicales et méditerranéennes dont la sécheresse augmenterait, et dont les ressources hydriques diminueraient. Finalement, les pays les plus fragiles vis-à-vis de leurs ressources en eau le deviendraient encore davantage… générant des mouvements de population incontrôlables ou une redoutable désertification.
En outre, les scientifiques prévoient d’ici à 2100 la fonte partielle ou totale des glaciers, 98 % d’entre eux étant actuellement en régression, et une élévation moyenne du niveau des océans comprise entre 9 et 88 cm. La planche à voile et le surf ont plus d’avenir que le snowboard et le ski ! Qui s’en réjouira ?
Pour traverser la Place de la Prévôté, ce matin, j’ai mis mon chapeau, mon écharpe et j’ai forcé le pas en essayant de me persuader que le réchauffement de la planète n’est pas irrémédiable. Je suis prêt à tenir bon dans le froid et à oublier le ski. Ce sera d'autant plus facile que je ne déteste pas l'un et que je déteste l'autre.
Mais je déblogue…
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14 décembre 2006 4 14 /12 /décembre /2006 13:54
La vie politique a entrepris de courir après la tendance people. La course est effrénée, et devient donc extrêmement préoccupante car elle peut conduire au gouffre la politique elle-même. Au nom de la notoriété, clé de tous les succès, les candidats(e)s recherchent désespérément la soutien du showbizz, du sport, des médias, des écrivains… Le programme passe, mais ces noms alignés sur une liste, constituent un renfort très valorisant car ils crédibilisent une personne hors de son domaine de compétence.
Le paradoxe réside dans le fait que l’on se reconstruit une image très écornée, en allant puiser des renforts chez des gens réputés recommandables, mais totalement ignorant des arcanes de la gestion publique. Ils ne sont là que comme potiches décoratives, lors de meetings ou de réunions, afin de mobiliser l’œil béni des caméras. Cette américanisation des campagnes électorales éloigne le citoyen des véritables enjeux, et confirme que, désormais, seules les apparences comptent. Il y aura donc de plus en plus d’interaction entre le monde des gens qui comptent médiatiquement et celui de ceux qui essaient de convaincre. La mutation s’accélère avec l’intrusion de Nicolas Hulot dans le jeu habituellement réservé à une clientèle se connaissant sur le bout du bulletin de vote.
Le problème, c’est que le mélange des genres peut conduire à l’effet inverse de celui que l’on recherche. Nicolas Sarkozy, qui annonce toujours à grand renfort de communiqués de presse les ralliements dont il fait l’objet, doit devenir plus prudent. Il vient en effet d’essuyer trois revers qui peuvent servir de leçon à d’autres : il vaut mieux bien réfléchir avant de coucher sur le papier quelques noms douteux de la nomenklatura des variétés. A Marseille, il avait dans les plis du drapeau tricolore embrassé son grand ami Johnny, ancien supporter acharné de Jacques Chirac, avant de saluer le fumeur de moquette Doc’ Gynéco, et de se frotter goulûment à Pascal Sevran. Il tenait avec ce trio, atypique pour un Ministre de l’Intérieur en exercice, son viatique pour la marginalisation. Il espérait casser sa classification d’homme d’un ordre injuste, en s’acoquinant avec des personnalités opposées à ce que le grand public pense de lui. Même si l’attelage paraissait surréaliste, il avait provoqué suffisamment de commentaires pour justifier son installation. Il restait à vérifier si, au-delà de l’effet d’annonce, il aurait un développement durable. En quelques jours on est revenu à la triste réalité. Son trio de Mousquetaires s’est effondré beaucoup plus discrètement qu’il n'était arrivé au sommet médiatique.

L’ACCOUCHEMENT FISCAL DE DOC GYNECO
Le premier à avoir " sombré " fut le coupe formé entre un " ministre-candidat-président " et le rappeur nonchalant dans tous les domaines, Doc’ Gynéco. Ce parangon de l’intelligence et du savoir-vivre (surtout envers les femmes) est tellement recommandable dans la gestion publique, qu’il avait oublié de déclarer ses revenus… Un exemple dans un comité de soutien. En 2001 il se disait proche du parti socialiste, mais cette année, il adhère à l'UMP et annonce son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle. Doc Gynéco déclare le considérer comme son " petit maître à penser " et " un ami ". Il était proche de lui depuis quelque temps déjà. Il compte, explique-t-il avec une enthousiasme débordant, sur la politique sociale de Sarkozy pour redonner aux habitants des banlieues leur dignité et leur faire quitter leur " tempérament d'assistés ", tout en traitant les banlieusards de clowns.
Même s'il n'est pas le premier people à avoir rejoint le clan Sarkozy, Jean Réno, Depardieu, Clavier, Bigard, Barbelivien ou plus récemment Steevy l'ont fait avant lui. Peu importe que Doc Gynéco ait de gros problèmes à régler avec le fisc, qui lui réclame tout de même 665 750 €, soit plus de 4 millions de nos anciens francs. Pourquoi tant de haine ? Eh bien parce que Doc Gynéco aurait "oublié" de payer ses impôts entre… 1998 et 2000 (une paille !).
Déjà en 2004, son appartement parisien avait été hypothéqué pour éponger une partie de ses dettes, mais on était encore loin du compte. Aujourd'hui, il doit à nouveau faire face à ses responsabilités, qui illustrent sa fiabilité, face à l'administration fiscale, mais aussi face à la police pour une autre affaire. En effet, le 13 septembre dernier, il était convoqué au commissariat de la Muette, pour, cette fois, répondre de plusieurs infractions au code de la route, notamment quelques excès de vitesse. La sanction a été nette et sans appel, puisque Doc Gynéco s'est fait retirer son permis sur le champ. Il mérite donc amplement de jouer un rôle dans le milieu politique.

LE RACISME DU BACHELOR DES THES DANSANTS
Son voisin, dans les réunions, aura été Pascal Sevran, transfuge du Mitterrandisme de proximité, dont on connaît les propos extrêmement intelligents tenus sur l’Afrique. Dans une interview publiée dans Var Matin, le Bachelor des RPA (Résidences pour Personnes Agées) ou des thés dansants, animateur de télévision de France 2, était interrogé sur un extrait de son dernier livre, Le privilège des jonquilles, paru chez Albin Michel le 4 janvier 2006, où il avait écrit : " La bite des noirs est responsable de la famine en Afrique ". Il a justifié de tels propos en ajoutant : " Et alors, C'est la vérité ! L'Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète " (certifié exact). Interrogé par Europe 1 sur ces déclarations indignes, il a déclaré : " Je n'ai pas de comptes à rendre, ni à vous ni à personne. Je dis ce que je veux et j'écris ce que je veux ! ".
Des déclarations aussi ouvertement racistes, un éloge aussi clair de l'eugénisme tombent sous le coup de nos lois. Elles vaudront au supporter  3° âge du " Ministre-président-candidat " un blâme sévère de son employeur, qui le paie avec notre redevance, pour éructer de tels propos.
A ce jour, Nicolas Sarkozy ne lui a toujours pas demandé de se retirer de son comité de soutien et de rejoindre celui, plus approprié, du camp très proche sur la droite. Mais on sait que le temps permet de laver plus blanc et, courant février, Pascal Sevran se montrera au premier rang d’un meeting spécial troisième âge, a moins qu’il soit présenté comme le futur Ministre de la culture, ou mieux le prétendant au fauteuil de ministre de l’immigration… Croyez-moi, en politique, le Pascal, il en connaît un bout !

JOHNNY LE PETIT SUISSE PREVOYANT
Il risque de ne pas croiser souvent Johnny Hallyday qui, après avoir revendiqué la nationalité belge, va s'installer à Gstaad, en Suisse, à raison de six mois - plus un jour - par an dès la fin décembre, pour des raisons fiscales.
"L'ancien supporter de Jacques Chirac, qui avait, lui aussi, apporté de manière spectaculaire son soutien à Nicolas Sarkozy, a en effet décidé de quitter cette France que son nouveau mentor défend farouchement. Il est vrai que Johnny a de la suite dans les idées, car il avait, il y a quelques mois tenté d'obtenir, en vain, pour des raisons… également fiscales, la nationalité belge. En septembre dernier, le rocker avait prudemment déclaré qu'il pourrait quitter la France si Nicolas Sarkozy, "un homme d'honneur" qui "aime la France et les Français", ne tenait pas "ses promesses". Il a donc déjà trouvé une bonne excuse, car à sa place, il aurait pu aisément dire qu’il partait car celui qu’il avait antérieurement soutenu, Jacques Chirac, n’avait jamais tenu les siennes ! Il était donc fondé à aller voir ailleurs, dans un pays où on les tient, sans attendre d’être déçu par Sarkozy !
Interrogé lors du compte rendu du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, n'a pas souhaité faire de commentaire sur ce désir de Johnny Hallyday d'aller voir "si l'herbe est plus verte chez le voisin". Mais, il a ironisé sur celui qui doit faire appliquer la législation fiscale française, citant un proverbe, "l'herbe du voisin est toujours plus verte que la sienne jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que c'est du gazon artificiel." En l’occurrence, c’est plutôt Sarkozy qui propose du gazon artificiel, que fume Doc’ Gyneco sous l’œil bien malveillant d’un Pascal Sevran prêt à broyer du noir.
Le problème, c’est que dans le camp d’en face, au rassemble aussi ces figures de proue censées donner une popularité accrue. Souhaitons que tout le monde soit en règle avec le fisc, que personne n’ait son domicile en Suisse ou au Luxembourg et qu’aucun ne soit copain ou copine avec Georges Frèche...
Mais je déblogue...
 
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13 décembre 2006 3 13 /12 /décembre /2006 07:48
Le phénomène est aussi inquiétant que mystérieux, mais il demeure confidentiel ou tout au moins il reste dans le milieu du ministère de la santé, sans que l’on veuille affoler la population. Les communiqués de presse sont moins prompts que pour les huîtres supposées mortelles du Bassin d’Arcachon. En effet, on ne cherche pas trop à répondre à une question extrêmement angoissante : d'où vient la hausse des cas de cancer en France depuis vingt ans ? Ceux-ci sont en effet passés de 170 000 à 278 000, soit une hausse de… 63% ! Le constat est impitoyable, et chacune et chacun d’entre nous peut le faire dans son entourage. Rares sont les familles qui échappent actuellement à ce véritable fléau, dilué dans une population qui ne cherche pas trop à comprendre.
Avez-vous remarqué que l’on évite même d’en parler officiellement, puisque l’on ne meurt plus du cancer aux " Jités de 20 heures " mais " des suites d’une longue maladie ", comme s’il fallait absolument ne pas trop marquer les esprits.
Pour le Dr Bernard Asselain, chercheur à l'Institut Curie, cette évolution s'explique en partie par l'augmentation de l'espérance de vie : en 1900, elle s'élevait à 46 ans, tandis que les tumeurs représentaient 4% des causes de décès. En 1950, les données se situent respectivement à 66 ans et 10% ; et, en l'an 2000, elles grimpent à 78 ans et 28%. Il existe donc bien une "forte corrélation" entre les deux évolutions, comme pour un certain nombre de maladies,  très rares en fin de vie il y a seulement une vingtaine d’années.
Pour autant, il reste au moins 20% de hausse inexpliquée, "ce qui n'est pas négligeable", selon Bernard Asselain. Dans plusieurs types de cancers, on constate même un quasi doublement, non imputable à la pyramide des âges. C'est notamment le cas des mélanomes - pour lesquels on connaît depuis longtemps le rôle néfaste du soleil - des tumeurs cérébrales et des lymphomes. Et là, d'après Bernard Asselain, "il n'y a aucune cause valide, en dehors des facteurs environnementaux", en particulier les pesticides. L'augmentation récente pourrait provenir du long temps de latence - une vingtaine d'années - existant entre l'absorption de pesticides et l'apparition de tumeurs. Si tel est le cas, le nombre de cancers n'a pas fini d'augmenter et les statistiques vont s’affoler.

DES PERSPECTIVES DRAMATIQUES
Comme pour l’amiante, il sera difficile d’obtenir une reconnaissance officielle de cette cause, car elle a de lourdes conséquences économiques, et surtout, elle nous ouvre des perspectives dramatiques. La France consomme en effet 100 000 tonnes de pesticides par année, soit environ 20% de la consommation mondiale. Cela touche 660 000 exploitations agricoles, soit environ 1,3 million de personnes en activité… et des millions de consommateurs crédules, qui se fient à la beauté du produit et non à ses qualités naturelles. La puissance des groupes chimiques est telle qu’ils finissent par juguler toutes les tentatives pour alerter les citoyens sur des dossiers sérieux. Leur lobbying est tel que rien ne sort dans les médias !
Un pesticide est pourtant, par nécessité, un produit capable de contrôler, d’attirer, de repousser ou de détruire des organismes vivants considérés comme nuisibles ou de s'opposer à leur développement. On les classe en trois catégories principales : herbicides, insecticides et fongicides. On retrouve à peu près partout des pesticides de contact, qui agissent sur un point précis de l’organisme, et des pesticides systémiques, qui se propagent dans le corps entier. Employés dans la vie courante, afin que l’allée de la maison neuve soit parfaite, que les liserons ne montent pas contre la clôture, que les rosiers soient impeccables, ils entrent dans les cercles familiaux sans véritables précautions.
Très peu de données sont disponibles afin de déterminer s’il existe un lien réel entre les pesticides et l’apparition de certains cancers. Ces données suggèrent que les agriculteurs développent plus de cancers spécifiques que la moyenne des gens, comme les hémopathies malignes : leucémies, lymphomes malins, myélomes; cancers cérébraux; cancers cutanés; sarcomes des tissus mous; cancer de l’estomac; cancer de la prostate, du testicule et de l’ovaire et
cancer des lèvres.

MINER LE COMPORTEMENT DES HORMONES
On aurait identifié, selon des scientifiques crédibles, également 47 pesticides perturbateurs du système hormonal. Ils sont soupçonnés d’agir comme modulateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils peuvent mimer le comportement des hormones. Ils seraient ainsi associés au développement de plusieurs cancers, notamment celui du sein, de la prostate, des testicules et à l’endométriose, mais ils continuent à être diffusés et employés.
Toutes les personnalités médicales les plus attachées au principe de précautions incitent les politiques à ne pas céder à la pression des lobbies de l'industrie chimique, en veillant notamment à ce qu’une autorisation pour l’utilisation d’une substance chimique " très préoccupante " ne puisse être accordée que si aucune alternative plus sûre n’existe, et que si l’utilisation de cette substance est essentielle à la société. Il faut rendre le principe de substitution obligatoire. Ils souhaitent que l’on s’assure que les 20 000 substances chimiques produites à des volumes compris entre 1 et 10 tonnes par an soient assujetties aux exigences complètes du rapport sur la sécurité chimique, et que l’on mette en place des contrôles de qualité indépendants, pour s’assurer que les informations fournies par l’industrie sont fiables. Depuis des années et des années, les fournisseurs vantent en effet l’innocuité de leurs produits, avec le résultat que l’on sait ! Le parlement européen, sous influence, va voter aujourd’hui un texte, encore insuffisant, sur les substances chimiques dans les produits de consommation.

VIOLATION DE LA LEGISLATION EUROPEENNE
Dans même temps, une amende d'un montant de 38 millions d'€, ainsi qu'une astreinte journalière de plus de 360.000 €, pour violation de la législation européenne sur les OGM ont été demandées à la Cour de justice par la Commission européenne pour la France. Bruxelles reproche à la France de ne pas respecter la législation européenne sur les OGM . En effet, le gouvernement qui, à ce jour, n’a négocié qu’avec les semenciers, n'a toujours pas transposé dans la législation française une directive européenne sur le sujet, alors qu'elle aurait dû le faire au plus tard en 2003. Le commissaire européen à l'Environnement explique qu'il est " difficile de comprendre pourquoi la France n'a pas respecté le jugement de la Cour ". L'astreinte journalière, d'un montant exact de 366.744 €, s'appliquerait jusqu'à ce que la France transpose le texte européen.
La directive devait être transposée en droit français le… 17 octobre 2002. Plus de quatre ans après l'expiration du délai, le projet de loi français, voté au Sénat, est aujourd'hui bloqué à l’Assemblée nationale.
En juillet 2004, l’Europe avait déjà sanctionné l'absence de transposition de la directive européenne. Faute d’initiative de la part des autorités françaises, Bruxelles devrait donc maintenant infliger à la France des sanctions financières.
Le texte européen prévoit que seuls les OGM autorisés puissent être disséminés dans l’environnement, que ce soit à des fins expérimentales ou pour une mise en vente sur le marché. Les procédures d’autorisation prévoient notamment une évaluation scientifique des risques pour l’environnement, en partie réalisée par les autorités nationales, ainsi qu’une information du public.
Il va bien falloir qu’à un moment où un autre, un véritable débat soit organisé autour des OGM, pour lesquels on continue simplement à réclamer l'application du principe de précaution, face à la puissance extraordinaire des lobbies américains. Un jour, peut-être sur un blog, en 2040, quand la banquise de l’antarctique aura fondu, un " idiot " diffusera une information sur les effets des OGM sur la santé, alors que l’on voudra en oublier les causes. Car l’art majeur de notre société réside dans sa capacité à faire des plans coûteux pour soigner les effets des maladies, sans jamais tenter d’en prévenir les causes. Dans un cas ça rapporte à l’économie. Dans l’autre ça coûte !
Mais je déblogue…
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