Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 00:17

Le problème de l'eau illustre à merveille la carence d’un Etat éclaté, diminué, exsangue, libéral quand ça l’arrange, et drastique quand ça le dérange. Tous les grands débats tournent sur des babioles, des faits beaucoup moins vitaux que celui de l’alimentation en eau potable d’une population consacrant, bêtement, une part de plus en plus importante de son maigre pouvoir d’achat à acquérir des bouteilles d’eau minérale. Ils passionnent les foules "téléphages". Lentement mais sûrement, on glisse vers une inégalité extraordinaire faisant, dans nos pays dits civilisés, du plus fondamental des droits, une affaire de moyens financiers. En Créonnais, toutes les études démontrent que nous manquerons de ressources dans la décennie qui vient si un vaste plan rationnel de mutualisation des forages actuels n’est pas décrété. Seulement voilà, il y a les fonctionnaires de la DDASS qui veillent. Eux, la quantité disponible ne les concerne pas. Ils n’en ont rien à faire. Eux, ils tapent, avec la police de l'eau, à arrêtés raccourcis, sur le dos des élus locaux, sur le thème de la composition physico-chimique de l’eau dite " potable " distribuée. Leurs menaces ne font pas dans la dentelle bretonne : plus d’autorisation de vendre une eau non conforme aux normes européennes…au 31 décembre 2006 !

Ainsi celle de Créon possède deux paramètres rédhibitoires : ses taux de fluor et de sulfates. Le premier dépasse de 0,5 mg/l la norme officielle (1,5 mg/l), la seconde est supérieure à 250 mg/l. L’Etat, drapé dans sa dignité, exige le respect de ces nombres couperets, avant le 31 décembre 2006, alors que tout le monde sait qu’ils ne présentent aucun danger réel pour la santé des consommateurs, sauf si ces derniers absorbaient des litres et des litres d’eau du robinet. On voit déjà la mention obligatoire à placer, le 1° janvier 2007  sur tous les robinets : " boire de l’eau nuit gravement à la santé "

HYPOCRISIE RENTABLE

Mieux, les censeurs officiels font semblant de ne pas voir que les menaces sont beaucoup plus fortes quand un " buveur " absorbe de " l’eau minérale" que quand il boit de l'eau dite potable. Ainsi, peu de consommateurs savent que la source Saint Amand est à 2mg/l de fluor, que la source Amanda est à 2,10 mg/l, que la source reine en est à …46 mg/l, que Hépar contient 1479 mg/l de sulfates, Contrexeville 1192mg/l ou l’Orée des bois 673 mg/l. Mais, sommet de l’hypocrisie institutionnelle, ce sont des " eaux minérales " mais pas des " eaux potables " ! Elles n’ont donc pas à respecter ces normes puisque, justement, elles tirent leur notoriété des effets soi-disant dangereux que porterait l’eau du robinet. La DDASS ne s’intéresse qu’à celle-là, peu bue, faiblement au-dessus des taux autorisés, mais ne veut rien savoir sur les autres… les plus consommées et les plus hors normes. Les élus pourraient vendre par milliers de litres, sans crainte, l’eau de leurs forages dans des bouteilles, dans les grandes surfaces, mais pas la distribuer par des canalisations collectives !

Le summum de l’hypocrisie réside ensuite dans la solution préconisée par les techniciens : il faut mélanger l’eau défaillante à une autre eau moins chargée en fluor ou en sulfates, de telle manière que les taux fautifs soit dilués. Mais comme on en manque, et que rien n’assure que les forages salvateurs en quantité le soient en qualité, on recherche des solutions miracles dans l’urgence.

Les élus se sont déclarés solidairement prêts à assumer immédiatement, à la demande des contrôleurs de la DDAS, leurs responsabilités, très lourdes financièrement, et donc à affronter les critiques sur le prix facturé au consommateur mais… les autres services de l’Etat ne garantissent pas les autorisations de forer avant plusieurs mois, ou même plusieurs années. Il faut des délais incompréhensibles, car l’administration ne connaît pas l’urgence, elle ne connaît que la sanction ! Son principe est simple : un service exige… l’autre tergiverse et le troisième refuse ! Charge aux élus locaux de braver les interdictions, de bricoler une solution à la hâte, de prendre les risques de l’échec pour éviter de se voir jetés en pâture à la vindicte publique. Ils n’ont pas le choix.

L’Etat veille scrupuleusement à ce qu’une Créonnaise ou un Créonnais absorbant 45 000 litres d’eau du robinet ne risque pas de voir des taches blanches apparaître sur ses dents, à cause du fluor, et que les bébés, dont le biberon serait confectionné exclusivement avec l’eau potable locale (toutes les mamans se comportent ainsi) ne développe pas une diarrhée malvenue. C’est rassurant comme efficacité, quand on voit les pollutions de l’air, les menaces potentielles médiatisées que générerait la grippe aviaire, les risques que l’on court au volant de son automobile, les dangers que représentent les maladies nosocomiales dans les hôpitaux, l'obésité galopante, et tout le reste. Le fluor, présent dans le sel de table, le dentifrice et bien d'autres aliments est toléré, vanté même, mais en revanche il est illégal dans une eau que plus personne ne boit en grande quantité.

Mais je déblogue…

 Chronique publiée le 19 novembre 2005

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 00:17

La bibliothèque d’Izon a brûlé hier matin. Plus de 10 000 ouvrages ont été détruits volontairement, par un ou plusieurs individus. Des autobus de ramassage scolaire ont été incendiés à Mourenx. Des écoles maternelles ont déjà été la proie des flammes dans des banlieues. Des collèges, des lycées ont été plus ou moins touchés. L’espace culturel de Créon avait été, dans un passé récent, à plusieurs reprises, vandalisé. L’école maternelle Alice Delaunay, courant août, avait eu chaud, une nuit où les poubelles du tri sélectif avaient servi de boute feu….

Chaque fois, je suis profondément choqué. Chaque fois, je m’interroge sur les motivations profondes pouvant conduire des enfants, des adolescents ou des adultes, à incendier les espaces dans lesquels, à priori, tout est tenté pour justement aider les plus défavorisés à se sortir de leur triste sort. Ils assassinent leurs rares espoirs !

Faut-il, en effet, que leur perception de la vie sociale soit erronée pour qu’ils mettent en péril leur propre outil de promotion ? Y-a-t-il gestes plus absurdes que ceux qui consistent à détruire les espaces pouvant conduire justement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité ? Nourrissent-ils une telle haine des structures dans lesquelles ils ont vécu ? Sont-ils à ce point inconscients, pour ne plus se rendre compte qu’ils saccagent les liens les plus précieux qu’ils entretiennent avec leur avenir ? Ils brûlent sûrement le symbole de leur échec !

LE MUR DE L'IGNORANCE

Les pires barbaries ont commencé par des autodafés. Les moments les plus terribles de l’histoire ont toujours été ceux, durant lesquels, anonymement on s’en est pris à l’éducation et la culture. Les atrocités les plus douloureuses touchent certes les corps, mais elles peuvent également marquer les esprits. Quel mur est plus infranchissable que celui de l’ignorance ? Un pays dans lequel on trouve des jeunes, ou des moins jeunes, prêts à brûler les établissements qui leur apportent le savoir et la culture ne peut pas uniquement répondre par un couvre-feu. Il doit s’interroger sur le fonctionnement de son système éducatif… et pas uniquement applaudir à une mesure purement conjoncturelle, qui ne résoudra pas le fond des problèmes.

En effet, cette ignorance totale du poids réel des actes vient essentiellement d’un défaillance de ce que l’on appelle encore provisoirement l’éducation nationale. En fait, sous la pression des demandes parentales et sociales, on est passé de plus en plus de la notion ambitieuse " d’éducation nationale " au concept réducteur " d’instruction publique ". Il faut certes appendre, mais pas nécessairement comprendre. La compétition sauvage a supplanté la réussite personnelle.

Célestin Freinet doit se retourner dans sa tombe…en voyant l’hécatombe générée par une école de plus en plus élitiste, travaillant, bonheur suprême, à auto-reproduire la pseudo réussite de ses enseignants. Le système se rengorge de produire le major de l’ENA, de Polytechnique, de l’Ecole normale supérieure. Il ne se préoccupe pas des dégâts terribles collatéraux que génère ce culte de la réussite par le seul savoir.

REMETTRE EN CAUSE LES METHODES

Crin Blanc annonce sentencieusement des moyens nouveaux, des assistants de vie scolaire, qui vont aider les collégiens à faire leurs devoirs, qui vont dispenser des cours de rattrapage… Catastrophique, car malheureusement ces décisions, du toujours plus, ne changeront rien aux réalités. Si on ne remet pas en cause les méthodes pédagogiques, c’est poser un cathéter sur une jambe de bois ! Mais comme il n’y a plus aucun débat au sein du corps enseignant sur la manière d’enseigner (merci la suppression des écoles normales !) et que l’on se contente de constats, rien n’évolue. On constate et on continue. Le film désuet " L’école buissonnière " devrait être projeté et commenté par des enseignants qui ont risqué leur carrière en allant, dans les années soixante, au nom d’un idéal éducatif…

J’ai été formé et j’ai exercé durant vingt ans mon métier d’enseignant avec passion, selon les concepts de la pédagogie Freinet : individualisation maximum de l’enseignement, valorisation maximum de la réussite, travail à son rythme, refus de tout jugement péremptoire sur la réussite, départ de tout enseignement sur le milieu de vie et pas sur des clichés standardisés, formation à la responsabilité, au dialogue, au respect des différences, progression même minime, toujours jugée positive… Les postes supplémentaires ne suffiront pas, s’ils ne s’accompagnent pas d’un énorme effort d’adaptation aux réalités du système éducatif ! Personne n’ose poser ce véritable enjeu social, car ce serait reconnaître l’inefficacité absolue de cette " Education nationale " excluant celles et ceux qui ne peuvent pas entrer, pour de multiples raisons, dans le moule.

UNE VERITABLE FORMATION CITOYENNE

Le milieu associatif ne pourra jamais, par ailleurs, compenser la carence d’une véritable formation citoyenne. Au lieu d’enseigner la démocratie, il paraît indispensable de la faire pratiquer dès le plus jeune âge. Or le gouvernement vient d’annoncer la suppression des enseignants mis à la disposition des associations périscolaires (800 postes en France) qui, justement, ont en charge le soutien aux initiatives pédagogiques formatrices pour la solidarité (Pupilles de l’Enseignement public), la coopération (OCCE), la culture (Ligue de l’Enseignement), le sport (USEP, UNSS …), la citoyenneté (CEMEA). On les étrangle, on les pille, on les prive de leur base active, et aujourd’hui, à la tribune de l’Assemblée, devant les caméras de télévision, on annonce des crédits… pour 2006, alors qu’on ne leur a pas encore payé les subventions de 2005* ! Comment peut-on, en toute conscience, tromper l’opinion publique avec autant d’aplomb ?

Le " couvre feu " ne recouvrira qu’une marmite bouillonnante. On n’en verra plus l’eau chaude. On ne verra plus les flammes du feu. On cachera la réalité, sous un couvercle, durant 12 jours (ou plus), en ressortant un état d’urgence " matériel ", alors que l’urgence à traiter est d’abord " morale ".

Le couvre feu n’est qu’un misérable cache misère, une réponse dilatoire à un échec social profond, un placebo pour soigner un cancer.

Mais je déblogue…

* Je sais de quoi je parle puisque je suis Président de l’Association Départementale des Pupilles de l’Enseignement public, touché par ces mesures qui sont désormais appliquées, avec la suppression de plus de 80 postes... Coût pour les Pupilles : 70 000 € !

Chronique du 9/09/2006

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2006 1 17 /07 /juillet /2006 00:17

Il est tard. Très tard. Trop tard. Ma journée s’étire depuis plus de 16 heures. Elle commence à peser sur ma capacité d’analyse. Mais comme mes journées  se ressemblent toutes, je finis par trouver une lueur d’énergie. Elle ne sera pas suffisante, je le crains, pour éclairer l’avenir.

Je reviens de Langon, charmante sous-préfecture qui accueillait, ce soir, un débat public consacré au projet de Ligne Grande Vitesse ferroviaire (LGV) entre Bordeaux et Toulouse. La grande foule était au rendez-vous puisque un bon millier de personnes avait envahi la salle Claude Nougaro, nom prédestiné s’il en fut, pour un récital essentiellement consacré au " renforcement " de la ville rose pouvant espérer, dans deux décennies, se retrouver à seulement 3 heures et des poussières de Paris. Il est vrai que le " concert " promettait d’être alléchant.

Il y avait sur scène, le " jazz " de Réseau Ferré de France (RFF) déterminé, toutes les demi-heures, à répéter sa mélodie, enthousiaste ou lasse, sur l’intérêt de ce projet et, dans la salle, la " java " populaire jouée par des contestataires de tous horizons. Les " boules de cuir " des arguments s’échangèrent sans économie d’énergie, jusqu’au KO technique du trio RFF, saoulé de coups venus de tous les cotés. Il régnait une atmosphère de salle Wagram des années 60, quand le public croyait encore aux affrontements du catch entre " l’Ange blanc " et le " Bourreau de Béthune ".

LE COMBAT INEGAL EN DIABLE 
Le camp des " bons ", martyrisé par un adversaire réputé plus fort, plus agressif, plus déloyal se reconnaissait dans chaque manchette décochée. Applaudissements à tout rompre quand les promoteurs de cette LGV étaient acculés dans les cordes. Ambiance de cirque romain quand un rétiaire de la démocratie participative prenait dans ses filets un adversaire peu combatif. Le combat, inégal en diable, eut ses temps forts, ses déclarations flamboyantes, ses envolées lyriques, ses propos confus, ses tirades préfabriquées, ses démonstrations percutantes, ses inexcusables ratés. Mais en définitive la soirée démontra surtout que toute rencontre polymorphe, tout échange viril mais correct, toute explication directe contribuent au maintien du lien social.

Il ne faut pas cependant rêver : l’affluence traduisait aussi et surtout un malaise global, un problème récurrent de la gestion publique. Désormais, rares seront les projets structurants d’intérêt général qui franchiront, sans dommage, la barrière des intérêts particuliers. La plupart des élus présents, des citoyennes et des citoyens mobilisés étaient venus, non pas pour écouter des arguments potentiels, mais pour clamer un sentiment simple, valable partout et en toutes circonstances : " Pas chez nous ! "

En fait, RFF ne défend pas, avec cette LGV, un projet particulièrement solide. Le trio présent n’avait pas visiblement le punch et le moral des convaincus. Ils faisaient types en service commandé, que leur patron a désignés par tirage au sort pour servir de punching-ball au Mohamed Ali des grands jours ! Fruit des " amours échangistes Umpistes " entre Alain Juppé et Philippe Douste-Blazy, cette ligne LGV n’a surgi dans le landernau démocratique que par leur volonté. Elle occulte le tronçon, infiniment plus stratégique et plus structurant, allant, à l’échelle de l’Europe, entre Bordeaux et Irun. Mais ce que deux maires de grande ville veulent lorsqu’ils sont au pouvoir s’impose au reste du territoire. Il semble que personne ne veuille le reconnaître.


LA REALITE DE LA VIE
En effet, ce projet illustre de manière extraordinairement crue la réalité de la vie politique française, tenue, maîtrisée, cadenassée par les élus des métropoles. Dans tous les partis, dans la majorité des structures, à l’Assemblée nationale, ils font leur loi à partir de la réflexion de Staline informé de la prise de position du Vatican à la fin de la dernière guerre mondiale, et demandant aussitôt " Combien ont-ils de divisions ? "… En France on ne connaît plus que le rapport de force dans la vie sociale ou politique.  Vous ne le croyez pas encore ? Alors observez dans les prochaines semaines, à titre d’exemple, le Congrès du Parti Socialiste. Les militants de la Creuse, du Morbihan, de l’Aude ou de la Moselle… de l’Aveyron ou du Cantal peuvent débattre à n’en plus finir, le résultat est joué dès que les Bouches du Rhône, le Nord, le Pas de Calais et… Paris ont choisi leur camp ! Pour les autres : ce sera circulez, il n’y a rien à voir !

Cette ligne LGV destinée à solidariser, à prix d’or, deux agglomérations provinciales phares à la capitale, sera profitable à elles seules. A Toulouse, on se moque bien des pins des Landes girondines. 

Les dégâts dans le monde rural ou périurbain qu’elle traversera ? Négligeables, car il y a moins d’électrices et d’électeurs dans tout le canton de Captieux que dans un seul bureau de vote de Bordeaux…

Le désastre d’une saignée dans le patrimoine des sylviculteurs ? Infime car, économiquement, la filière bois n’a pas le même poids que le pôle industriel aviation et espace toulousain.

L’impact sur les paysages, les équilibres naturels ? Forcément faible, car le confort des passagers urbains que nous devenons potentiellement lorsque nous voulons aller vers Paris, est un objectif prioritaire.

Les terroirs viticoles saccagés ? Peu importants, à cause de la crise actuelle.


VERITABLE PROBLEME DE FOND

Alors, ce débat exutoire était pipé, car il s’est focalisé sur la forme, mais pas sur le véritable problème de fond posé par cette LGV.  Pourra-t-on encore longtemps transférer sur les zones rurales ou rurbaines, les retombées des seules volontés urbaines prédominantes : centre de traitement des déchets, liaison autoroutière, alimentations électriques, gazière, urbanisation sociale refusée, effet de serre, lignes ferroviaires, concentrations commerciales…?

Pourra-t-on encore longtemps accepter la concentration des rentrées économiques sur les métropoles et ne récupérer que les frais et les nuisances des dégâts collatéraux de leur politique ?

Pourra-t-on encore longtemps vivre sous le diktat du nombre, synonyme de droit à la décision, pour les uns et de silence pour les autres ?

Le débat de Langon m’a cependant impressionné. La détermination solidaire des élus de la France d’en bas est réelle, palpable, solide, profonde. Il y avait du Jacquou le Croquant chez certains. Et quand ils se sentent soutenus par une conjonction provisoire d’intérêts particuliers ils deviennent intenables.

La LGV a pris du plomb dans les rails…car depuis le dernier référendum sur la Traité européen, les Françaises et les Français se sont aperçus qu’ils avaient un pouvoir irremplaçable, celui des citoyens ! Ils deviennent méfiants sur les vérités bien ficelées qui arrivent de là-haut…

Mais je déblogue…

Chronique piubliée le 14 octobre 2005

Partager cet article
Repost0
16 juillet 2006 7 16 /07 /juillet /2006 07:17

Les congrès des partis politiques ressemblent à l'ouverture de la saison des courses de chevaux de plat à Deauville.

On y retrouve d'abord, durant la saison des congrès, des gens surtout soucieux de se montrer et qui, à ce titre, se donnent l'impression d'être riches en idées fécondes. Ils écrivent des pages et des pages de contributions, ils se montrent dans les lieux à la mode, ils se pavanent dans des buffets et participent à des réunions durant lesquelles on échange des " tuyaux" sur les chances des partants.
On peut aussi acheter de jeunes "poulains" , des "yearlings" de l'idéal que l'on croit prometteurs en tablant sur leurs origines et donc sur leur potentiel dans les compétitions ultérieures. Ils se paient avec un poste par-ci ou un poste par-là, ou mieux avec une promesse d'être bien calés à la corde dans une course à l'investiture.
Mais c'est aussi, et surtout, le moment où les jockeys recherchent un engagement et donc une casaque. En général, elles ont toutes un fond rose, plus ou moins profond, avec en plus un poing et la rose... de taille variable. L'art réside dans le choix du bon "cheval". Et là, les tactiques varient. Le moment est venu de réaliser la bonne opération en se rangeant dans une écurie prometteuse. Observez bien, et vous constaterez que  cette tactique très répandue se pratique à l'usure. Lentement les plus habiles sollicitent discrètement les conditions pratiquées pour rejoindre les "propriétaires" d'une casaque d'avenir... et ils envoient pour cela leurs impresari.
LES COULEURS D'UN ENTRAINEUR CONNU
Il y a aussi ceux qui sont attachés, de longue date, aux couleurs d'un entraîneur connu. Ceux-là ne se posent pas trop de questions. Ils font le "boulot" sans se soucier de savoir s'ils seront dans le tiercé gagnant. Ils ne sont pas trop respectés car on ne sait pas, de l'extérieur, si leur option est liée à un espoir de succès ou tout simplement à une discipline "alimentaire". S'ils gagnent, nul ne songera à les remercier puisqu'ils n'auront fait que leur travail. S'ils perdent, ils seront rapidement oubliés par les électeurs parieurs qui mettront leur échec sur le compte de leur absence de volonté de leur manque de motivation.
Vous trouverez ensuite, en cherchant bien, les pros de la tactique. Ceux-là attendent qu'une opportunité se profile pour se faufiler à la corde. Pour eux, la valeur de l'engagement tient à un critère précis : qu'ils soient, sur leur terrain, leader d'une écurie même modeste, mais  leur permettant, à terme, de mieux monnayer leur soutien en faveur d'un cavalier plus puissant. Vous verrez dans quelques jours que,  pour pouvoir jouer ce rôle, il vaut mieux être jeune, maire, et ne pas avoir d'état d'âme. Discrètement, vous passez par le vestiaire des idées perdues, et vous changerez de casaque, oubliant ce que l'autre a pu vous apporter. C'est la technique du "il vaut mieux être roi chez soi que courtisan ailleurs". Souvent, d'ailleurs, c'est sur les conseils d'un entraîneur du camp adverse, que se réalise la mutation. Il vous installe chez l’autre, selon la technique du coucou consistant à expédier les uns après les autres, dans le décor,  les enfants naturels antérieurs.

LE MONTANT DE LA PRIME
Enfin, vous dénicherez, en cherchant bien, ceux qui se rangent sous une casaque en assurant l’entraîneur du camp adverse que, le moment venu, s’il faut le seconder, pour le conduire à la victoire, ils sauront le faire. Cette tactique ne convient qu’à ceux qui ont assez d’ancienneté pour savoir que tout n’est qu’une question de "montant de la prime" et de rapport de force à créer. Ils ne fréquentent que les grandes écuries et surtout doivent se montrer le moins possible, pour éviter les bousculades de l’emballage final  La meillure situation est celle du faiseur d'appoint car avec peu de moyens il sait qu'il fera basculer les majorités, et croyez-moi il fera payer cher son ralliement ! Actuellement, ils vont dans le sens de l'opinion dominante en essayant de ne pas perdre l'investissement de leur opposition.
Les plus malins se font porter "pâles" et, en cette période, se cachent chez eux, victimes d'une déchirure de l'idéal. Ils attendent patiemment de voir les forces en présence pour prendre les bonnes couleurs à quelques mètres de la ligne.
La grande course approche. Pour l'instant on observe les partants dans le paddock...Les parieurs affûtent leurs crayons. Les transferts se négocient.
Mais je déblogue...
 
Chronique publiée le 6 septembre 2005
Partager cet article
Repost0