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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 07:17
Il est certain qu'en quittant leur bureau ou leur poste de travail pour leurs congés payés, obtenus par le Front Populaire il y a plus de 70 ans, certains employés ou ouvriers ont tout intérêt à ne pas y laisser leurs objets personnels. Rien ne dit, en effet, qu'ils y reviendront au moment de la reprise, et surtout qu'ils pourront profiter du même avantage l'an prochain. Les vacances vont, en effet, être extrêmement angoissantes pour des milliers de salariés de tous les secteurs et de tous les niveaux. Et il y aura, dans la fonction publique, toutes celles et tous ceux qui ne reverront plus leurs collègues, qui seront partis sans être remplacés. Les jeunes diplômés attendront des jours meilleurs. Durant tout l'été les incidents vont se multiplier, et le climat va se détériorer, car c'est une certitude, on va déménager le territoire.
Les 366 salariés de New Fabris à Châtellerault, en liquidation juidiciaire, réclament par exemple 30.000 euros d'indemnité par employé à leur principaux clients, PSA et Renault, sous peine de faire sauter l'usine le 31 juillet, s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Un acte de « terrorisme social » à part entière. Un peu ce qu'une faible partie du peuple parisien avait effectué en prenant la Bastille en otage !
« Les bouteilles de gaz sont dans l'usine. Tout est prévu pour que ça saute », en l'absence d'accord au 31 juillet, stipulant que chaque salarié recevra 30.000 euros de PSA et Renault, a déclaré le délégué CGT et secrétaire du CE. « On ne va pas laisser PSA et Renault attendre août ou septembre pour récupérer les pièces en stock et les machines encore dans l'usine (...) Si, nous, on n'a rien, eux n'auront rien du tout », a poursuivi ce syndicaliste, soutenu par ses adhérents remontés. Pour tenter de négocier l'indemnité, trois cars, soit environ 150 salariés, se sont rendus mardi dernier à la direction de PSA et une délégation similaire se rendra à la direction de Renault jeudi prochain. Ils n'auront pas des fusils à la main mais simplement la conviction qu'il leur faut prendre une bastille pour exister, celle du profit à tout prix !
Les salariés ont également rendez-vous au ministère de l'emploi le 20 juillet. Ils vont demander au ministère de faire pression sur PSA et Renault, qui ont reçu des aides de l'Etat dans le cadre de l'aide à la filière automobile. C'est Xavier Darcos qui va négocier... et en la matière, il s'y connaît ! il a sucré plus de 30 000 postes dans l'Education Nationale, avant de quitter, la tête basse, les lieux. Pour réclamer l'indemnité de 30.000 euros, les salariés se basent sur les sommes versées, selon eux, par Renault et PSA à quelque 200 salariés licenciés du groupe Rencast, également spécialiste de la fonderie en aluminium pour l'automobile. A Châtellerault, la valeur des pièces fabriquées et stockées dans l'usine est estimée par les constructeurs automobiles à 2 millions d'euros. L'usine abrite également une machine neuve de Renault, estimée aussi à 2 millions d'euros, selon le représentant syndical.

LA FIN D'UNE EPOQUE
Les salariés de New Fabris occupent en permanence l'usine, qui travaillait à 90% pour Renault et PSA, depuis sa mise en liquidation par le tribunal de commerce de Lyon le 16 juin dernier. Début 2008, le tribunal de commerce de Nanterre avait ordonné la reprise de la société Fabris par le groupe italien Zen, spécialisé dans la mécanique de précision et l'usinage en sous-traitance automobile. Zen avait repris 380 salariés sur les 416 de Fabris, mis en liquidation judiciaire début août 2007 avec poursuite d'activité. Il a son siège dans le Piémont italien, où il emploie 600 salariés et déclare 100 millions de chiffre d'affaires.
Zen avait également repris, en juillet 2008, le groupe Rencast, mis en liquidation en mars 2009, avant d'être repris, jeudi dernier, par le groupe stéphanois GMD, spécialisé dans le découpage et l'emboutissage.
Créée en 1947 par Eugène et Quentin Fabris, l'entreprise New Fabris était, au départ, un petit atelier de mécanique, qui fabriquait des arbres à came de machines à coudre. Elle s'est ensuite développée et diversifiée. Elle a compté jusqu'à 800 salariés au début des années 1990. Désormais, cette belle aventure familiale est oubliée. L'été sera meurtrier pour les emplois, car les Italiens ont récupéré tout ce qui pouvait être récupérable, notamment en terme de technologie et de marchés, puis se tirent sur la pointe des pieds.
On sait fort bien que le système fonctionne à merveille, car il peut y avoir aussi parfois de belles aides publiques, quelques exonérations de charges sociales bienvenues, et des dettes aux fournisseurs... qui passeront, contrairement à tout ce qui sera affirmé, aux oubliettes. Et ce n'est pas n'importe quelle annonce. Christine Lagarde a elle-même annoncé la couleur en déclarant s'attendre « à de nombreux plans sociaux durant l'été ». Il y en a même qui sont déjà en route !

UNE HECATOMBE ANNONCEE
L'équipementier en télécoms Alcatel-Lucent a annoncé mercredi aux syndicats un nouveau plan social d'un millier de suppressions d'emplois en France d'ici 2010. La direction n'a ni infirmé ni confirmé l'information, mais a indiqué à l'AFP avoir lancé « il y a six mois un programme de transformation du groupe visant à améliorer sa performance financière et à rationaliser son portefeuille produits. Il est mis en oeuvre actuellement », a ajouté une porte-parole dont le langage est parfaitement dans l'air du temps !
D'après les mêmes sources, ce nouveau plan social, qui pourrait comprendre des départs contraints, concernerait les services administratifs, les services de vente, et quelques activités industrielles notamment celles où sont fabriquées des cartes électroniques, site qui pourrait être recentré sur le prototypage. La recherche et le développement seraient relativement préservés.
« Le jeu libre de la concurrence conduit mécaniquement à ce résultat de catastrophe en France », a réagi la CFE-CGC, en pointant le Chinois Huawei, et en interpellant les politiques. Un comité central d'entreprise est prévu entre les 20 et 24 juillet, pour recevoir la nouvelle officiellement quand tout le monde sera en vacances. Des annonces similaires de suppressions d'emplois pourraient être faites, concernant d'autres pays où est implantée la société, ont ajouté les mêmes sources proches. Depuis la difficile fusion en 2006 entre le français Alcatel et l'américain Lucent Technologies, le groupe a déjà procédé à plusieurs plans de restructuration, comprenant 17.500 suppressions d'emplois d'ici 2009, dont plus de 2.000 en France.
Mais tout devait pourtant aller pour le mieux... depuis que Nicolas Sarkozy, candidat aux présidentielles avait pris le sort de cette entreprise en mains. Il avait accumulé les promesses. Il avait annoncé qu'il ne se contenterait pas, en effet, d'une simple prise de participation dans Alcatel-Lucent : il en « débarquerait » carrément le président, Serge Tchuruk, pour y placer un « ancien » de l'ère Chirac. Il s'agirait de Thierry Breton, ancien ministre de l'Economie et des Finances et redresseur de France Télécom et de Thomson. Outre une manière de sauver un groupe high-tech en perdition depuis la fusion d'Alcatel et Lucent, il s'agissait, pour l'Etat français, de se « racheter une conduite », après s'être vu critiqué pour son incapacité à enrayer le rachat d'Arcelor par l'indien Mittal. En fait, rien n'a été fait, dans un cas comme dans l'autre. Maintenant, on parle d'une aide obtenue dans le cadre du « grand emprunt », qui arriverait trop tard !

C'EST PREVU
Interrogée sur la perspective de plans sociaux importants, attendus pour l'été et la sortie de l'été, Mme Lagarde a répondu: « ça serait totalement logique ». Une formule qui devrait être inscrite sur tous les portails d'entrée des usines qui vont fermer.
« Quand l'économie ralentit, comme elle a brutalement ralenti en France et ailleurs, on a des effets immédiats (...) et on a des effets légèrement décalés sur l'emploi », a-t-elle expliqué, sans se poser le moins du monde la question de savoir qui était réellement responsable de cette situation. Si la situation économique ne se stabilise pas de manière plus durable, on aura effectivement des plans sociaux, des restructurations importantes.
Au-delà de l'emploi, Madame Lagarde dit s'attendre à un déficit budgétaire « important » (NDLR : elle aurait dû dire abyssal) jusqu'à l'an prochain. On a en effet, d'une part une perte de recettes fiscales (pour quelles raisons ? Le paquet fiscal n'y est pour rien ?) et d'autre part une relance très importante à financer. Donc, on sera en présence d'un déficit important en 2009 et en 2010, qu'on devra, là aussi, financer par l'emprunt... de fonctionnement !
Un sondage récent semble indiquer que les touristes français sont les plus râleurs, les plus pénibles du monde... cette année ce devrait être meilleur, car ils vont être plus rares dans le monde, et peut-être même dans leur propre pays. Il y en a, en effet, des milliers qui passeront leurs congés à surveiller leur usine ou à attendre le facteur. Et, à priori, ce ne seront pas nécessairement des cartes postales de Saint Tropez qu'ils craignent, mais une lettre recommandée leur annonçant que rien ne va plus au casino de l'emploi.
Mais je déblogue...
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commentaires

J
@baillet gilles hier à 20h29<br /> Je ne prolonge pas inutilement cet échange, mais je souhaite cependant faire deux remarques.<br /> Si je suis certain que vous ne défendez pas les multinationales françaises, j’ai aussi l espoir que vous pensez la même chose de moi, même si nos approches ne sont pas les mêmes.<br /> Si je suis socdem, c’est parce que je ne crois pas aux autres solutions pour  contraindre le capitalisme à l’échelle du monde et quand je vous lis: «il reste à inventer petit à petit», je vous écoute avec attention<br /> Bye Bye.<br /> PS : 12 ans de visites en prison, m’ont appris les dégâts subis par les perdants du capitalisme !
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E
Le débat est passionnant...
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E
Le débat est passionnant...
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B
Bonne soirée,je ne défends pas les multinationales françaises. Leur comportement est tout aussi haïssable que les autres. La voracité de La Poste, d'EDF, d'AREVA, de TOTAL, de la Lyonnaise des eaux et compagnie n'est plus supportable. Si le capitalisme tombe, il l'a bien cherché. Nous, nous en subissons les conséquences: précarité, chômage, destruction des services publics etc. Il n'y a pas de système de remplacement: il reste à inventer petit à petit. L'"expérience soviétique" ne m'a jamais fait rêver...Bien à vous
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J
@baillet gilles aujourd'hui à 09h06 <br /> Je ne théorise ni intériorise, le "socialisme de l'impuissance" face à l’UE<br /> L’UE n’est pas un paradis socialiste à retrouver, c’est une construction atypique qui a généré des avancées (ex: la paix en Europe occidentale) qu’une majorité de socialistes croit positives et qu’ils ne sont pas près de vouloir abandonner.<br /> Hier comme aujourd’hui, les socialistes voudraient une UE socialiste, mais les consultations populaires ne les suivent pas, ce qui ne les empêchent pas d’y croire.<br />  <br /> Pour l’Europe comme pour les entreprises, vous êtes «gaullistes», si l’UE est une France en plus grand, ça vous va.<br /> Si une multinationale est une entreprise française en plus grand, ça vous va.<br /> Pour l’export, vous avez un raisonnement à l’ancienne : le reste du monde se roule par terre pour boire notre vin, manger nos fromages et achetés nos avions qui sont un peu européens…<br /> Enfin votre idée de régler les problèmes sociaux par le maintien des emplois sans tenir compte de l’obsolescence  des productions me semble dangereuse pour les entreprises elles-mêmes.<br /> Ce n’est pas pour autant que j’oublie la volonté des propriétaires du capital de gagner sur les salaires le plus vite possible, même si c’est au détriment de leur boite !<br />  <br /> Quand vous parlez d’échec lamentable du capitalisme, je ne vois aucune raison de se réjouir.<br /> Il ne faut pas oublier que cet échec venait après celui des économies communistes du monde entier et que le capitalisme risque de ne pas trouver en face de lui des forces capables de lui tenir tête (socdem ?)<br /> Une nouvelle crise aura lieu et peut être le Grand Soir des inconscients.Salut anti-droite
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