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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 07:17
Il n'y a plus de faits à travers le monde qui n'interrogent pas sur ses réalités profondes. Toute personne qui doit en rendre compte devrait véritablement prendre le maximum de précautions avant de se précipiter dans le piège de la désinformation. Les techniques sont parfaitement au point, et les manipulateurs sont tapis dans l'ombre. Ils cherchent, par tous les moyens, à détourner les regards hypnotisés dans la direction qui les avantage et, dans ce domaine, tout est utilisable. On vient d'en avoir une preuve flagrante avec les révélations sur les consignes ultra-secrètes données à la CIA par le Vice Président d'un gouvernement se réclamant de la démocratie, de la justice et du progrès. Le 23 juin, Leon Panetta, nouveau directeur, était informé par ses subordonnés de l'existence d'un programme anti-terroriste ultra-secret. Le programme en question, dont Leon Panetta a immédiatement ordonné la suspension, était tellement secret que même le... Congrès n'en avait pas été informé, sur ordre du vice-président de l'époque, Dick Cheney. La législation américaine impose pourtant que les commissions du renseignement de la Chambre des représentants et du Sénat « soient pleinement et régulièrement tenues informées de toute opération de renseignement menée aux Etats-Unis », sauf dans certains cas particuliers où l'information peut être limitée à un groupe restreint de représentants démocrates et républicains. Mais dans le cas présent, comme dans des milliers d'autres, la CIA avait décidé qu'elle pouvait,  absolument sans contre pouvoir et sans contrôle, décider de tout.
Les détails de cette tactique de combat contre les ennemis de la démocratie américaine ne sont pas encore totalement connus. Il aurait été lancé par le centre de lutte antiterroriste de la CIA peu après les attentats du 11 septembre 2001, alors que l'administration Bush redoutait de nouveaux attentats d'Al-Qaida, dans le but de mettre en œuvre un décret signé par George W. Bush, permettant la capture et l'élimination de responsables d'Al Quaeda. Un ancien responsable du renseignement américain a estimé que le programme relevait d'une démarche « tirée tout droit du cinéma. C'était du genre: tuons-les tous ! ». Le programme n'aurait toutefois jamais été complètement opérationnel, sauf que les principes en étaient bel et bien fixés.
Ce n'est certes pas la première fois que l'opacité de la CIA est attaquée. Dès les années 1970, les révélations de tentatives d'assassinat, d'activités de propagande (ont-elles véritablement cessé ?) et autres abus, avaient conduit à la mise en place de commissions de renseignement parlementaires. L'épisode a délié les langues de certains représentants démocrates et républicains, qui admettent que l'opacité de la CIA pose parfois de sérieux problèmes aux membres du Congrès. « Nous devons leur soutirer les informations dont nous avons besoin » estime un Républicain membre de la commission parlementaire du renseignement. Ce n'est bien évidemment pas en France, après l'affaire muselée des moines de Tihberine, que pareille déclaration serait faite par un parlementaire : chez nous, c'est la transparence complète !
Les polémiques se sont toutefois multipliées sous l'administration de George W. Bush. Depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, les révélations se sont succédées, amenant les démocrates à envisager une modification des textes de référence afin d'améliorer la communication entre l'Agence et les commissions parlementaires. Barack Obama a toutefois prévenu qu'il opposerait un veto si les amendements proposés devaient aller trop loin. Le ministre de la Justice, Eric Holder, souhaite également l'ouverture d'une enquête sur les méthodes clandestines des services secrets américains sous l'administration précédente. Les révélations sur les actions de la CIA ne sont donc peut être pas terminées... mais il y a fort à parier qu'elles auront une limite, car le couvercle sera vite remis sur la marmite. Un exemple concret ?

JOURNALISTES PLANQUES
Tenez, vous ne serez pas étonné(e) de constater que, chez nous, les agents secrets ont des cartes de presse. Curieux mélange des genres, mais qui ne révolte que quelques hurluberlus attachés à un « truc » que l'on appelle l'éthique. L'organisation Reporters sans Frontières s'est en effet dite « choquée » par l'attitude des deux « conseillers » des services de renseignement français enlevés en Somalie qui se sont fait passer pour des journalistes, déclarant « qu'être journaliste n'est pas une couverture ». L'association du prix Albert Londres s'est également émue de cette couverture : « En utilisant notre métier de journaliste comme couverture, ces « conseillers » décrédibilisent notre profession et mettent gravement en danger tous les journalistes qui travaillent sur les terrains conflictuels de la planète. » Cinq journalistes ont été tués en Somalie depuis le 1er janvier 2009. Il serait temps de s'en apercevoir !
L'enlèvement de ces deux agents français à Mogadiscio ne serait donc pas un acte politique, mais aurait plutôt un caractère crapuleux, estime le ministre somalien de la Défense. « On a des informations (sic) sur les gens qui sont derrière ce kidnapping. On ne connait pas leurs noms mais on connait leur appartenance, leur groupe. Ce sont des gens armés, c'est peut-être un rapt pour demander une rançon mais ce n'est pas un rapt politique », a déclaré le Ministre des la défense somalien. Selon un employé de l'hôtel, l'opération d'enlèvement semble avoir été bien préparée car elle s'est déroulée dans une zone pourtant sous « haute surveillance », contrôlée par le gouvernement somalien. Les ravisseurs se sont présentés comme des « membres des forces de sécurité gouvernementales » en approchant de l'hôtel.

ENCORE DES TERRORISTES
Les ravisseurs ne sont pas connus en tant qu'islamistes radicaux mais en tant que groupe islamique de Hezb al-Islamiya; ce sont plutôt des gens qui profitent de la violence à Mogadiscio. Des contacts directs et indirects existent déjà avec les ravisseurs. Toutes les forces somaliennes sont mobilisées et elles vont faire tout leur possible pour essayer de localiser les endroits où ils peuvent se trouver. Un membre de l'Agence nationale de sécurité (NSA) somalienne avait pourtant affirmé que les ravisseurs appartenaient au ministère de l'Intérieur et que l'enlèvement était le résultat de dissensions au sein des forces de sécurité somaliennes. Mais cela a été démenti, et donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme à Karachi pour l'attaque contre les ouvriers, techniciens et ingénieurs, broyés dans un attentat, ou en Algérie quand les terroristes ont coupé la tête des moines ! Mêmes coupables... et mêmes zones d'ombre !
En attendant, les deux Français, dont l'identité n'a pas été révélée par les autorités françaises, pas plus que leur qualité civile ou militaire, sont deux conseillers en mission officielle d'assistance auprès du gouvernement somalien. Ils ont été enlevés dans leur hôtel par une dizaine de miliciens qui ont désarmé les gardes de sécurité de l'hôtel, où ils s'étaient enregistrés comme... journalistes. La France, comme les médias ont oublié de l'écrire ou de le dire, s'est engagée au printemps à former à Djibouti, où elle dispose d'une base permanente de 2.900 hommes, un bataillon de l'armée somalienne, soit 500 hommes.
A l'origine, cette formation devait débuter en septembre.
En raison de la dégradation de la situation à Mogadiscio, les préparatifs se sont accélérés et elle devait débuter en août à... Djibouti. Bien évidemment, cette mission est parfaitement connue des Parlementaires qui savent que la France s'engage indirectement dans un conflit extrêmement confus !

LES VRAIS ENJEUX
Des étrangers sont, en effet, régulièrement enlevés en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991, et libérés contre rançon. La journaliste canadienne Amanda Lindhout et le photographe australien Nigel Geoffrey Brennan, enlevés le 23 août 2008, sont toujours détenus par leurs ravisseurs et s'il ne s'agissait que de rançon on aurait probablement trouvé en un an une solution acceptable. Quatre employés européens de l'ONG française Action contre la faim (ACF) et leurs deux pilotes kenyans, enlevés début novembre, sont eux aussi toujours otages. Il y en a beaucoup de par le monde qui possèdent des doubles « affiliations » et qui oeuvrent dans des domaines assez délicats. L'enlèvement des « agents » français ne va pas arranger leur sort... dont la CIA doit déjà tout savoir, sans pourtant lever le petit doigt.
En vertu de la loi, la CIA n'est pas responsable devant la Chambre des représentants ou le Sénat. Ce n'est pas pour rien, car son budget top secret est estimé à environ un milliard de dollars. Il en va de même pour le nombre de ses salariés directs, qui se situerait à environ 17 000 personnes, sans compter les agences, les sous-traitants, les indics rémunérés et les fonctionnaires du camp adverse soudoyés. En fait, il ne faut guère se bercer d'illusions : la CIA est dans pratiquement tous les coups tordus car c'est son boulot, et que parfois elle fait des heures supplémentaires en faveur d'opérations toujours complexes.
Le pétrole est souvent au cœur de bien des événements et ses gisements potentiels expliquent bien des querelles entre des pouvoirs sponsorisés par une compagnie ou une autre. L'énergie sous toutes ses formes devient la priorité absolue des services secrets qui attaquent, enlèvent, espionnent subrepticement, pour mettre leur pays à l'abri du besoin.
La Chine joue de plus en plus le rôle de trouble-fête en Afrique et notamment au Soudan, à Madagascar, en Somalie (les navires chinois croisent au large pour surveiller les pirates)... et dans bien d'autres pays. Lentement, Pékin s'infiltre sur les territoires, très discrètement et très efficacement, au détriment des Français. La CIA regarde le combat de loin, attendant le résultat.
Mais je déblogue...
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