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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 07:17
Nous vivons une époque formidable avec un gouvernement formidable : il a inventé la réforme à effet zéro. C'est-à-dire une succession de gesticulations qui servent à satisfaire l'opinion dominante, mais dont les résultats sont très proches de la nullité absolue. Le tout, c'est de provoquer une vive polémique, de telle manière que l'on donne l'illusion d'un féroce combat,  pour imposer un texte de loi qui restera sans aucun impact sur la situation réelle du pays.
Tout ce qui compte, c'est que le tohu-bohu soit suffisamment fort et durable pour occulter le résultat. Combien a-t-on vu de décisions annoncées comme fracassantes, suscitant une révolte généralisée, avant de se faire tailler en pièces ou devenir dans les faits totalement inapplicables !
Les députés moulinent dans le vide, ou pédalent dans la semoule, puisque derrière eux arrivent les « juges » donnant ainsi une drôle de dimension à la démocratie  dès lors que, tant le Conseil d'Etat que le Conseil constitutionnel désavouent, à leur corps défendant, le travail législatif. On l'a vu pour la loi Hadopi qui tourne qui vire mais qui n'arrive pas à être autre chose qu'un recueil de bonnes intentions, totalement abstraites. Les députés UMP, par la voix de leur mentor, en arrivent à souhaiter que les socialistes fassent preuve d'un zeste de compréhension et changent de stratégie. Jean-François Copé ne souhaite pas voir recommencer la procédure qui a coûté leur place à Christine Albanel et Roger Karoutchi !
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale a appelé « solennellement (sic) le PS à faire preuve d'esprit de responsabilité » (NDLR:une façon de dire qu'il faudrait qu'il la ferme !) à propos du projet de loi Hadopi 2, en ne faisant pas d'obstruction pour « bloquer son adoption », a-t-on appris hier lors d'un point presse. « Je m'inquiéterais de voir les socialistes repartir sur des tentations d'obstruction sur un texte comme celui-là », a dit Jean-François Copé. « C'est la dernière ligne droite, les artistes, auteurs, compositeurs et interprètes, tout le monde de la création française est mobilisé pour que ce texte soit enfin l'élément régulateur qui puisse lutter contre le téléchargement illégal", a-t-il ajouté. « Je souhaite de tout cœur que les socialistes n'engagent pas une bataille de procédure avec pour objectif de bloquer l'adoption de ce texte », a-t-il ajouté. Jean-François Copé a souhaité que le texte « soit voté dans les meilleurs délais possibles » et « conforme » à celui du Sénat, pour que l'adoption par le Parlement soit définitive.

SOS SOCIALISTES COMPLAISANTS
Voté par le Sénat, le projet de loi Hadopi 2 est examiné les 21, 22 et 23 juillet par les députés. A quoi ça servirait que Carla se décarcasse si de malheureux parlementaires d'opposition décidaient de... s'opposer. Comment l'expliquer à ses copains qui ont leur pain sur les planches ou sur des CD ou des DVD ? Comment arriver à prendre des vacances si les socialistes ne capitulent pas en rase campagne électorale ? Impossible à imaginer, alors qu'on  a restreint tous leurs droits, limité leur temps de parole, et surtout qu'on les a privé du droit réel d'amendement. En plus, ces « pelés » et ces « galeux », qui n'ont rien compris à la création artistique, menacent d'avoir encore recours au Conseil constitutionnel ! Un comble, ils confieraient encore une fois le sort de l'opposition à Jacques Chirac, Valery Giscard d'Estaing, Jean louis Debré et leurs copains de jeu.
Pour faire passer au plus vite cette nouvelle loi Hadopi, le parlement a en effet adopté la procédure dite «d'urgence». Or, comme l'explique le Canard Enchaîné hier, celle-ci ne peut pas bénéficier des modifications du règlement de l'Assemblée qui limitent la durée des débats. Si le PS n'a pas encore évoqué la possibilité de multiplier les amendements pour ralentir la procédure, il pourrait bien se lancer dans la bataille, en sachant que la cession parlementaire se terminera le... 24 juillet. Si Hadopi 2 n'était pas adoptée d'ici-là, il faudrait attendre la rentrée parlementaire pour reprendre les débats. Carla et ses potes ne tiendraient pas jusque là ! Une telle situation pourrait faire exploser Lou ravi de la culture, fraîchement arrivé en poste. Mais dans tous les cas, la loi devrait une nouvelle fois atterrir entre les mains des Sages du Palais-Royal. 
Patrick Bloche, député PS de Paris et l'un des leaders des anti-Hadopi, a annoncé la couleur: « Je veux rassurer les internautes : nous vivons chaque étape, et les internautes auraient tort de négliger l'étape du débat parlementaire qui est déterminante pour le recours au Conseil constitutionnel ». Toujours selon certaines sources, le PS compterait également saisir le Conseil d'Etat sur certains points de la loi. 
Sur le web, des opposants à la loi s'étaient inquiétés d'une possible volonté du PS de ne pas se couper du monde artistique, très favorable à la loi, en ne saisissant pas une seconde fois le Conseil. Visiblement, ce n'est plus le cas. D'autant que la nouvelle mouture de la loi, plus répressive, ne semble plus faire consensus parmi les acteurs culturels, qui commencent à se rendre compte qu'ils vont se couper de leurs fans ! Même si la loi finit par passer, son impact sera véritablement hors de proportion avec les débats qui l'auront popularisée et médiatisée. Rien à voir avec les annonces faites aux créateurs. Dans le genre « retenez-moi où je fais un malheur », l'UMP aura atteint des sommets !

HEURES SUP' INTROUVABLES
La situation n'est guère plus brillante sur les réformes liées à l'emploi. En une période où tout devrait être fait pour favoriser le partage du travail, le gouvernement pond des textes sans aucun effet. Il invente les heures supplémentaires sans frais pour les entreprises, en laissant accroire que le « travailler plus pour gagner plus » va sauver le pouvoir d'achat. Seul problème, non seulement il n'y a plus d'heures supplémentaires, mais en plus celles qui sont accordées détruisent les possibilités minces de création d'emplois, pour celles et ceux qui aspirent seulement à faire des « heures ordinaires ». Personne ne sait véritablement si cette décision a constitué globalement un progrès ou un formidable retour en arrière, mais peu importe,  l'essentiel réside dans la polémique qui entretient la gloire du Président à poigne, qui « fait inutilement ce qu'il dit emphatiquement ».
Qui peut assurer que la loi sur le travail dominical aura des effets positifs sur l'emploi, puisque pour aller consommer le dimanche, les licenciés par milliers n'auront aucune possibilité financière, et celles et ceux qui se rendront dans les villes touristiques ou sur les grandes zones commerciales ne dépenseront pas l'argent les autres jours? A part réussir à briser les codes sociaux et surtout à régulariser des pratiques propres aux grandes enseignes la loi, adoptée au forceps hier; ne servira pas à grand-chose. L'Etat a encore une fois transféré ses choix absurdes sur les Maires, puisque quel que soit le cas (tourisme ou PUCE) ce sont eux qui devront demander au Préfet l'application d'un texte qui ne fait que supprimer la référence au « repos dominical » institutionnel (Pardon l'Alsace et la Lorraine ont pu obtenir une nouvelle dispense, au nom de la religion d'Etat). On ira encore demander la vérité au... conseil constitutionnel par l'intermédiaire de l'opposition socialiste, verts, PC et MRC. Il faudra peut-être tout recommencer, au nom de l'inéquité d'une telle position officielle.

SURTOUT LE DIMANCHE ET LES JOURS FERIES
Il en est pourtant qui bossent dur maintenant, même les jours fériés. Pour eux, pas de repos dans le cirage de pompes. Par exemple, pont du 14 juillet ou pas, les magasins de la propagande sarkoziste étaient ouverts. Au rayon de l'hagiographe officiel, celui qui ne cesse de dire « vivement dimanche » pour que je flatte les egos ! Ce n'est pas parce qu'il a décidé de rompre avec la traditionnelle interview depuis les jardins de l'Elysée le 14 Juillet (sacrée rupture... avec le cinéma habituel) que Notre Président Suprème allait pour autant garder le silence et ne pas s'adresser à cette France du rosé frais pris dans le camping -car ou sous l'auvent des caravanes. Ce serait même plutôt pire. La veille, il était apparu, drapé dans sa modestie naturelle à travers un « portrait » d'une scandaleuse complaisance, pour ne pas dire servilité, qui, on va dire, ne grandit pas franchement la profession de journaliste. Mais, comme en ce moment elle s'abaisse de plus en plus, personne n'a vu la différence. On se demanderait même si certains d'entre eux n'émargent pas au service presse de la DGSE.
Puis on franchit un échelon supplémentaire avec France 2 et Michel Drucker, le compagnon de vélo, chargé de répandre la bonne parole présidentielle pendant plus de deux heures. Ce qui, on va dire, ne grandit pas franchement la profession d'animateur. Mais avait-elle besoin de cet exemple pour être grandie ?
L'audiovisuel public est « au service de la propagande du président de la République » , a ainsi déclaré Benoît Hamon, à propos des deux programmes suscités. C'est une « séquence de jolie communication politique mais assez désolante » vu « l'état de tension sans précédent » dans le pays, a-t-il ajouté.
Fort de ce constat, le PS interpelle une nouvelle fois le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui va devoir travailler en heures supplémentaires le dimanche pour comptabiliser les dizaines d'heures de sarkozisme bienfaisant (les rediffusions ne sont jamais prises en compte). « L'exigence du PS est qu'il y ait, en application de la décision du Conseil d'Etat d'avril 2009, une révision de la prise en compte du temps de parole du président de la République, qui jusqu'ici échappait au calcul mis en place par le CSA », a poursuivi Benoît Hamon. Qui remet sur la table la proposition de diviser le temps de parole politique en deux parties : la première consacrée à la majorité, au gouvernement et au temps de parole du président de la République, « qui échappe à sa fonction protocolaire et relève d'une expression politique », et la seconde partie pour toute l'opposition. Le PS devrait faire des propositions à des « partenaires de gauche » (sic) afin de savoir de quelle manière l'opposition pourra « répondre » à ce « week-end médiatique » sur « les grandes chaînes de ce pays ». Il ne se pose malheureusement pas la question de savoir où il pourra le faire. Même en semaine, même sur son temps de travail, même s'il doit être piraté.
Mais je déblogue...

 

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