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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 07:24
Michel-Edouard Leclerc sait que pour se faire de la publicité il lui faut absolument se ranger aux cotés des consommateurs ayant le pouvoir d’achat le plus mince. Face aux fameux " discounts " il a besoin sans cesse de démontrer sa vocation de " casseur " de prix. Il arpente donc souvent les plateaux de télévision pour convaincre le grand public d’être le chevalier blanc de la consommation. Il a donc lancé une campagne de publicité qu’aucun parti politique n’aura les moyens de se payer. Il réclame par affiches " que soient tenues les promesses présidentielles ". Sous le titre " Monsieur le Président, promettre la hausse du pouvoir d'achat, c'est permettre la baisse des prix. Visiblement c'est mal parti ", la chaîne de magasins présente une liste de produits de marque dont les prix ont très sensiblement augmenté. Suit un texte dans lequel Michel-Edouard Leclerc demande que cessent " les demi-mesures, les réformettes " et la " langue de bois ", affirmant que " l'inflation est de retour ".
Le distributeur, affirme que l'abrogation de la loi Galland réclamée par la commission Attali ne suffira pas et réclame : " il faut faire barrage à la hausse des prix ". C’est à croire que le pape des grandes surfaces est allé prendre ses ordres rus de Solférino ou à la CGT. Il est vrai que chez lui c’est devenu une habitude comme ce le fut pour bien des membres de sa famille.
Michel-Edouard Leclerc dénonce en effet régulièrement les hausses tarifaires dans l'alimentation et en a récemment appelé à Nicolas Sarkozy pour que les distributeurs puissent négocier directement les prix avec les industriels. " Il faut vraiment qu'on puisse négocier directement les tarifs des industriels (...), et il faut que le président de la République nous donne, comme il l'a promis, la possibilité " de le faire explique dans les médias celui qui sait que le panier de la ménagère est de moins en moins rempli au moment de passer aux caisses.
Il ose dénoncer les " pressions " exercées par le " lobby des industriels ", il estime qu'il n'y a pas aujourd'hui " d'autre recours que celui du président de la République pour arbitrer et faire en sorte que non seulement on puisse mettre plus de fluidité dans la négociation commerciale, mais qu'on exige aussi des industriels la justification de ces hausses ". Il est vrai que l’aggravation due aux hausses des matières premières agro-alimentaires ne vont pas arranger le budget des ménages. Plusieurs industriels, dont le groupe laitier Lactalis et le groupe de légumes Bonduelle, ont déclaré qu'ils relèveraient leurs tarifs aux distributeurs de plus… de 10%, pour cette raison. Ce n’est que le début d’un chapelet d’augmentations qui va s’égrainer au cours des prochaines semaines. Avant les fêtes de fin d’année les étiquettes vont valser sur des produits basiques que des ménagères hésiteront à acheter faisant ainsi le bonheur des produits dits basiques. Ce n’est que l’affaire d’un mois à peine !
UN BRAS DE FER AVEC LES FOURNISSEURS
La campagne de Leclerc a une part de vérité et c’est exact que pour faire baisser les prix à la consommation il faudrait simplifier grandement les circuits entre les producteurs et les fournisseurs. Ce dialogue direct actuellement interdit et c’est d'ailleurs là que se situe l'objectif de la campagne : faire en sorte que cet échange puisse avoir lieu.
La loi Galland empêche en effet les grands distributeurs de prendre en compte les marges arrières, autrement dit les compensations accordées par les fournisseurs, sur la fixation du prix de vente au consommateur. L'objectif était de protéger le petit commerce mais bien évidemment il a dans un contexte inflationniste des retombées négatives sur le pouvoir d’achat car il limite la baisse des prix.
Le problème c’est que l’amendement de ce texte rendant les négociations directes possibles, les distributeurs n'en viennent à effectuer une inégalité de traitement entre les fournisseurs. 
En effet, ils pourraient dès lors s'entretenir aussi bien avec des multinationales telles que Danone, Nestlé ou Coca-Cola qu'avec des petits producteurs locaux. Or un grand groupe alimentaire dispose de nettement plus de marges de manœuvre qu'un agriculteur indépendant et donc il lâchera prise beaucoup plus vite car de sa présence sur les rayons dépend sa survie. Il faut donc craindre que la réforme préconisée par Leclerc n'entraîne encore une hausse du pouvoir des "gros" par rapport aux "petits". Ce qui constitue un trop grand danger pour les PME et les producteurs indépendants.
Le problème vient surtout du fait qu'il n'y ait pas assez de concurrence dans le secteur de la grande distribution. Sept chaînes à peine se partagent le marché en France. Qui plus est, des études ont montré qu'un marché discount ne concurrence pas un hyper : la clientèle n'est pas la même et donc sur un certain nombre de produits on en arrive à ce que ce soit les grandes marques qui consentent leur présence pour valoriser des grandes surfaces et leur permettre d’avoir une gamme réelle de prix. En fait un bras de fer va s’engager autour de la campagne de Leclerc car encore une fois il s’agit d’apparences. La défense du " petit retraité " qui n’a plus les moyens de vivre ne constitue pas le cœur de cible de l’action en cours mais plus prosaïquement un affrontement entre distributeurs et fournisseurs de stature mondiale.
UNE BAISSE CONTINUE
En fait l’essentiel réside dans le niveau global du pouvoir d’achat qui handicape globalement l’économie. Le pouvoir d'achat, souvent cité en tête des priorités économiques et sociales des Français dans les sondages, a en effet vu sa hausse ralentie depuis 2002 (taux moyen annuel de 1,9%). Et sa mesure est parfois contestée ou jugée partielle. Or, les ménages, déjà confrontés à la montée de dépenses incompressibles comme le logement, l'énergie sous toutes les formes, vont aussi avoir un budget grevé par la hausse de produits alimentaires de base et l'instauration de franchises médicales. Ce télescopage de mesures gouvernementales auxquelles il faut ajouter l’arrivée des feuilles d’imposition locale va plonger bon nombre de familles dans le rouge !
Le gouvernement Fillon, qui n'a pas donné de coup de pouce au Smic en juillet, a limité pour l'instant ses efforts en matière de pouvoir d'achat à la loi favorisant les heures supplémentaires, censée incarner le slogan présidentiel " travailler plus pour gagner plu " mais ses effets ne seront sensibles que dans quelques mois à condition que le patronat joue le jeu et… ait suffisamment de commandes pour justifier des compléments horaires. Or il est certain que le marché de l’immobilier va se tasser en raison de l’augmentation des taux d’intérêt et donc du crédit. De très nombreuses voix s’élèvent donc pour douter des mesures récentes du gouvernement qui conduisent le pays dans le mur car pour l’instant elles n’ont aucun effet prévisible sur justement le pouvoir d’achat !
Alors que 71 sur 160 branches professionnelles de plus de 5.000 salariés gardent des minima salariaux inférieurs au Smic, tout le monde sait que cette situation ne pourrait pas durer " très longtemps ". Aujourd’hui on ouvrira la énième commission ou négociation qui ne visent qu’à une chose : gagner du temps. L'augmentation du pouvoir d'achat des salaires ne saurait en effet être renvoyée à la mise en place de groupes de travail ou de conférences à rallonge. Or Nicolas Sarkozy n’a semble-t-il que cela à proposer !
TENTER DE GAGNER DU TEMPS
" Après avoir dit et redit que c'était un grand sujet, le président de la République ne fait rien. Il est le président de la perte du pouvoir d'achat ",
Nouveau rendez-vous social crucial donc, aujourd’hui à Bercy, entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Il manquera les distributeurs et les fournisseurs. Moins d'un an après la conférence Villepin sur les revenus et l'emploi considérée comme un échec par les syndicats, il s'agira de la deuxième des trois conférences sociales prévues après l'élection de Nicolas Sarkozy. Le président de la république a souhaité mercredi dernier faire du pouvoir d'achat "une priorité nationale"… C’est bien la preuve que le temps presse et que l’on peut mettre ce que l’on veut derrière la notion de priorité !
Mais je déblogue…
a déclaré hier Stéphane Le Foll. Puis, résumant à sa façon le bilan provisoire du gouvernement en la matière : " Rien n'a été fait sur les salaires, et en particulier pas d'augmentation du SMIC. Pas de coup de pouce à la prime de rentrée scolaire. Rien contre l'augmentation continue du prix des loyers. Rien pour réagir à la lourde augmentation du prix de l'essence. Seuls les prix alimentaires, avec des mesures de remise en cause des lois sur le commerce, mais qui ne sont pas à la hauteur de l'enjeu, font figure de réaction ", a affirmé le porte-parole du parti socialiste, ajoutant que " le gouvernement n'entend pas régler le problème du pouvoir d'achat des Français, qui devient pourtant très lourd ". 
Cette réalité devient de plus en plus indiscutable et pour moi elle constituera la cause principale de la chute de la cote de " popularité " de la majorité actuelle. Elle utilisera tous les artifices possibles pour retarder les événements mais elle ne les évitera pas. La " pipolisation ", la mise en avant de problèmes de société, la médiatisation de voyages en tous genres, les pseudos succès internationaux n’entraveront pas l’inexorable dégringolade des comptes courants postaux des retraités ou les comptes en banque des actifs. Et ce n’est pas la campagne de publicité fracassante de Michel-Edouard Leclerc qui changera fondamentalement les choses.
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commentaires

E
D'accord avec PC. La concurrence n'est absolument pas une garantie de "prix bas", mais cela permet à à la grande distribution de faire pression sur les producteurs. Je ne voudrais pas encore paraître "communiste primaire", mais il me semble que l'Etat doit intervenir pour que les prix soit le plus juste possible pour toute monde ! Sinon, c'est la loi de la jungle !
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P
Mr Leclerc commence à nous les briser menu...Qui est responsable de la baisse de pouvoir d'achat, si ce n'est la grande distribution?Pour vendre toujours moins cher, on achète moins cher en pressurant les fournisseurs lesquels payent de plus en plus mal leurs salariés qui s'appauvrissent et vont faire leurs courses chez Leclerc pour payer moins cher.......Ainsi se crée un spirale qui tire tout le monde vers le bas.Je crois que Mr Leclerc commence à s'inquiéter pour la pérénité de son système, car bientôt grace à lui, les clients n'auront plus assez d'argent pour faire leurs courses dans ses magasins...et boufferont des patates toute l'année.
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