Nous sommes en direct de la salle officielle de collecte des résultats de l'éléction présidentielle du Chili. Nous sommes les leuls Français à disposer, grâce à notre ami Claudio, représentant du Chili auprès de l'OCDE, d'un laisser-passer. Un privilège que nous savourons avec un bonheur indicible !
Radios et télévisions sont dans l'attente. Le vice-Ministre de l'Interieur vient confirmer la confidence que nous a faite le conseiller du Président de la Républqiue Ricardo Lagos. Tout sourire, il lève le pouce pour nous rassurer. La première estimation partielle donne une solide avance à Michelle Bachelet. Un veritable moment d'un indicible bonheur. Tous les journalistes s'embrassent. Michelle Bachelet, dont j´ai suivi avec déléctation le dernier meeting dans les rues de Santiago, sera la prochaine présidente du pays. Une femme entre dans l´Histoire de ce continent americain et donne une extraordinaire leçon au monde entier. Le Chili respire, souffle, et ne va tarder à s'ébrouer de plaisir. Les premiers klaxons retentissent dans Santiago. Je suis KO debout, essayant, le plus vite possible, de vous communqiuer la nouvelle. Je squatte un ordinateur, mais je me mélange les doigts sur un clavier.
Sortis de l'enfer d'une dictature épouvantable, les Chiliens s´ouvrent la plus belle des fenêtres sur l'avenir. Ils démontrent que rien n'est jamais perdu, et que l'on peut construire, avec un ideal crédible, des victoires comptant pour le monde.
Je vis intensement cette soirée, et je vous l'offre comme on aime donner à ses amis une parcelle de son bonheur. Je vais rentrer encore plus convaincu que la pensée domimante a pris un sacré coup de vieux, avec cette éléction d'une femme sincère, proche des gens, parlant des vrais problémes. Parler vrai n'a jamais été un handicap en politique. Même pour les hommes...
Nous partons dans les rues afin de partager le bonheur du peuple. Des grappes s'accrochent désespérement aux plates-formes des pick-up. Les drapeaux fleurissent. Les premiers slogans post électoraux envahissent les trottoirs. Salvador Allende y trouve sa place... Le Che aussi. Michelle est partout.
Au milieu de la rue, figé, un homme seul, immobile, muet, un léger sourire aux lèvres, semble planer. Il ne bougera pas malgré l'agitation impensable qui règne autour de lui. Un seul moment va perturber ce recueillement exceptionnel : l'hymne national. Il enlèvera sa casquette pour la tenir devant lui. Il est simplement heureux. Une larme coule sur sa joue... Je n'ose pas le photographier, mais je pleure avec lui, discrètement. Son silence me touche plus que les cris de joie des autres.
A bientôt
NB : les Americains sabotent mon modeste et rapide papier avec un clavier incompréhensible. Excusez-moi des maladresses, imputables à cette disposition des touches qui me perturbe.