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25 janvier 2006 3 25 /01 /janvier /2006 07:17

J’ai retrouvé la France. Maintenant j’en suis certain. Il ne faut pas beaucoup de temps pour se rendre compte que l’on a remis les pieds sur un sol où tout est mouvant. Pas de grands efforts. Simplement ouvrir ses oreilles et regarder les journaux télévisés. Après une petite quinzaine de jours de sevrage, l’exercice vous permet vite de retrouver vos repères habituels. J’avoue que j’ai eu droit hier soir à un festival digne du " parler vrai " hexagonal. Une réadaptation, que devrait subir tout citoyen ayant pris le large durant quelques temps. En France tout est en effet relatif, et le milieu politique pratique la technique naturelle du caméléon. Elle s’adapte sans vergogne aux circonstances, surfant sur l’opinion dominante, sans se rendre compte que chaque arrivée sur la plage la discrédite un peu plus.

Il y a ainsi quelques mois, l’Europe se déclinait avec un enthousiasme particulier chez les politiques bien pensants. Hors du traité constitutionnel, point de salut, et les mécréants qui refusaient cet évangile salvateur n’avaient absolument rien compris à l’avenir. Quand ils disaient que la notion d’unanimité nécessaire au fonctionnement d’une Europe élargie constituait le pire des pièges, ils affichaient un pessimisme négatif. Or, depuis 48 heures, chaque demande formulée par la France se heurte inévitablement à l’hostilité ouverte d’un état membre, au nom de son intérêt national.

IMPRESSIONNANTE CACOPHONIE.-
Droopy et tous ses Ministres des Finances avaient par exemple promis aux restaurateurs une baisse " électoraliste " de la TVA. Juré,on allait voir ce que l’on allait voir : sommet après sommet, Droopy répétait qu’il s’engageait à régler ce problème d’une importance capitale. Chaque fois, l’un ou l’autre des nouveaux ou des anciens s’opposaient à cette demande… Hier, Angela Mercel a franchement craché le morceau : cette Europe-là, de la baisse des impôts indirects pesant le plus sur tous les ménages, quels que soient leurs revenus, n’est pas à l’ordre du jour. Et encore une promesse non tenue par Droopy qui, dans le même temps (c’est devenu caricatural), remonte dans les sondages en raison de son efficacité.

Même constat amer de son grand argentier, qui se fait assassiner pour le maintien du taux réduit de la dite TVA sur les travaux de réparation entrepris par les artisans dans les maisons… Chaque pays voulant son exemption, dans une impressionnante cacophonie, a trouvé une raison valable de s’opposer à celle des autres. Résultat, l’Europe unanime est en panne, ou même mieux, elle ne constitue plus qu’un puzzle dont les pièces se révèlent de plus en plus incompatibles entre elles. Pas un seul partisan du " Oui " au référendum ne daigne reconnaître que ce principe a un caractère mortifère pour l’Europe économique, mais aussi et surtout pour l’Europe sociale. Il fallait inscrire dans le texte la notion de majorité qualifiée, mais le jour où un politique incorrect le reconnaîtra, les poulets turcs seront sains !

LECON DE LIBERALISME.-
Mieux. Hier, Barroso est venu infliger au Parlement français une leçon de libéralisme politique, dévoilant ainsi les vrais fondements de la Commission européenne. Sans vergogne, et heureux de ses effets, le Président du Conseil, probablement revigoré par la victoire de la droite dans son pays d’origine, a renvoyé la gauche française à ses études. Jean-Marc Ayrault, grand chantre du Traité, s’est ainsi fait rabrouer en parlant de la directive Bolkestein. Diable, lui qui espérait redonner une virginité anti-traité à ses ouailles, si agressives durant la campagne interne du PS, s’est entendu répliquer vertement que, non seulement le texte ne serait pas retiré avant son examen le 14 février au Parlement européen, mais, mieux, qu’il espérait qu’il ne serait pas modifié… Je suppose que Jean-Marc Ayrault, pourfendeur d’opposants au Traité, va vite déclarer son erreur d’appréciation sur les risques aggravés que faisaient courir le texte préparé par Giscard.

" La France, qui compte déjà 700 entreprises en Pologne, "a tout à gagner avec la libéralisation des services", a répondu José Manuel Barroso, plus remonté que jamais. "Si vous voulez maintenir les valeurs et le modèle européens, il faut avoir le courage de moderniser nos politiques et de réformer nos économies (...) Ce n'est pas avec des discours contre les entreprises que vous allez créer plus d'emplois et plus de croissance pour l'Europe", a-t-il lancé, déclenchant une nouvelle… bronca dans les rangs de la gauche. Certains d’entre eux venaient probablement d’avoir la révélation… Sauf Dominique Strauss Kahn et Elizabeth Guigou qui l’ont applaudi restant ainsi, eux, fidèles à leur vision d’une Europe sociale !

MESURES MIRACLES .- Et Sarkozy ? Je l’avais un peu oublié au Chili car les souvenirs là-bas ne facilitent pas la présentation de son avenir politique. Il inquiète quelque peu car, des Démocrates chrétiens aux Socialistes, en passant par le Parti pour la Démocratie, on n’aime guère ce qui fleure la répression à outrance. Alors, le Roquet était de retour avec les mesures miracles : un maire tout puissant, des " miniprocureurs ", une police intouchable, le retour de la loi "anticasseurs", l'appel à la délation... Voilà les grands axes du projet de loi sur la prévention de la délinquance qu’il s'apprête à présenter . Et il a inventé le fameux processus qui dédouane en cas d’échec : c’est pas moi, c’est l’autre !.La responsabilité, dans le domaine de la délinquance, de tous les autres ministères, sera engagée.

Le Roquet prévoit de réformer la justice, l'éducation nationale, le logement, la famille, la santé... Il n'hésite pas à agréger des mesures préconisées dans divers rapports remis à tel ou tel de ses collègues, ou à mettre en place comme des révélations... des dispositifs qui existent déjà, (il réinvente les centres éducatifs fermés et les jugements à délai rapproché, pour les mineurs notamment). Sarko fait beaucoup mieux que la PS, qui se débat dans ses contraditions pour bâtir son programme, puisuq'il utilise un texte de loi qu’il va présenter à ses partisans à l’Assemblée nationale pour, subtile pratique, leur faire, en fait,  voter…son programme électoral. Quand le moment sera venu, il sait que les Députés UMP seront pris entre leur désir de rassurer leur électorat en soutenant des mesures sécuritaires, et celui de ne pas soutenir personnellement le Roquet. La supercherie va en mettre quelques-uns dans l’embarras. Crin Blanc a d’ailleurs vu venir le danger.

 

 

 

Et pendant ce temps, Barroso se gausse ouvertement devant une assemblée nationale ravie : "Je lis ici ou là que la France serait atteinte d'une mélancolie, voire d'un malaise. Je me demande si le pays de Molière ne céderait pas à la tentation du malade imaginaire", s'est-il interrogé humoristiquement devant des parlementaires ravis.

Mais je déblogue… 

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commentaires

D
Lecteur heureux de vous lire à nouveau au quotidien, après cette absence momentanée, le retour sur terre est bien effectif, la plume reste vive et précise, tout ce qu'on aime. Il faut dire qu'en votre absence la vie française ne s'est pas arrêtée et son lots de sujets de discordes non plus, et si j’en crois Laurent Fabius qui titre un article: Faire confiance aux élus locaux pour réussir le changement, vous pouvez imaginez ce que vous pouvez incarner comme espoirs !<br />  <br /> <br /> Bon courage pour la suite il va en falloir de plus en plus.<br />  <br />
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