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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 07:29

Le manque d'énergie n'est pas la caractéristique essentielle du Président de la République. Il en dépense tous les jours pour avoir une idée nouvelle et aller la porter devant les médias qui le suivent afin qu'il délivre la lumière dont nous avons besoin pour éclairer notre avenir. Il semble pourtant, justement, que ses préoccupations, comme celles de tous les gouvernants dans tous les pays soient les mêmes : comment allons nous faire pour remplacer les sources actuelles d'énergie ? Cette inquiétude génère diverses approches mais la réponse qui se profile dans quasiment tous les déplacements présidentiels reste celle du nucléaire. Pas une escapade planétaires sans que nous « vendions » un réacteur ou une centrale clé en mains. C'est le succès permanent de tous les accords économiques signés à l'étranger : Chine, Libye, Algérie, Inde, Maroc... la technologie française portée par Areva fait un tabac même si on ne connaît pas toujours les conditions réelles dans lesquelles se concrétiseront les promesses. Force est de reconnaître que la situation actuelle n'incite guère à l'optimisme. Dans la seule journée de hier les annonces ont de quoi briser le moral de tout supporteur de ce monde libéral qui s'emballe avec le cours des matières premières.
Le baril de pétrole brut a atteint, il est vrai, un nouveau record, à 146,34 dollars à Londres. Il a dépassé 145 dollars à New York. Ce prix du pétrole est dopé par une chute imprévue des stocks de brut aux Etats-Unis et la faiblesse du dollar. Le baril avait dépassé pour la première fois le seuil historique des 145 dollars dans les échanges électroniques cotés en Asie, ce jeudi. Le prix de l'or noir a plus que doublé en un an. Il s'est renchéri d'environ 44% depuis le début de l'année. L'embrasement est nourri par une diminution surprise des stocks de brut américains. Selon le département américain à l'Energie, les réserves de brut des Etats-Unis ont reculé de 2,0 millions de barils, à 299,8 millions de barils, la semaine dernière et sont désormais de 15,3% inférieures à leur niveau il y a un an plus tôt. Une explosion économique que notre monde industrialisé n'a jamais rencontrée.
Or l'évolution de la consommation énergétique des USA est très surveillée alors que les Etats-Unis entrent ce week-end dans la saison des grands déplacements estivaux en voiture pour les « grandes » vacances. Ce déclin des disponibilités américaines intervient également dans un contexte de craintes sur les approvisionnements, notamment dans le Golfe arabique. Il existe aussi une crainte sur l'influence que pourrait avoir la saison des cyclones dans l'autre golfe, celui du Mexique. On craint une perte d'exploitation des forages off-shore !
Les rumeurs les plus préoccupantes courent aussi sur la position iranienne qui ne peut que renforcer la crainte d'une pénurie. En effet l'Iran, 4e exportateur mondial de pétrole, a plaidé hier pour un compromis négocié sur son... dossier nucléaire tout en brandissant la menace d'une réponse sévère et d'une flambée du pétrole s'il était attaqué. Ces déclarations qui ne finiront par mettre à genoux les économies occidentales.
Teheran envisagerait même de mettre en place des contrôles sur les livraisons passant par le détroit d'Ormuz, où transitent 40% des exportations mondiales de brut : une source de conflit que les dirigeants Iraniens brandissent au bon moment et sans grand risque. En effet durant la campagne électorale américaine ils savent que rien ne bougera et qu'ils ont six mois de paralysie des initiatives militaires de tous ordres.
TOUT EST BON POUR LE PROFIT
Par ailleurs la faiblesse du billet vert continue d'attirer les investisseurs qui veulent se prémunir contre l'inflation en se rabattant sur les matières premières. La monnaie américaine est tombée à près de 1,59 dollar pour un euro hier au moment où la Banque européenne ne résistait pas au plaisir de relever ses taux d'intérêt de 0,25 %.
Le dollar pâtit de cette hausse des taux d'intérêt européens ce qui rend les placements en euros plus attractifs. La France qui n'est jamais en retard d'une guerre a décidé d'accentuer cette pesanteur des profits du pétrole sur notre économie en amorçant une captation spécialisée des fonds actuellement dégagée dans les pays producteurs du monde arabe. Gérard Mestrallet, président de l'association Paris Europlace, a annoncé hier que des « mesures incluant des incitations fiscales » étaient en préparation pour aider le développement de la finance islamique en France.
"La loi française offre déjà la meilleure flexibilité et la capacité d'adaptation pour accueillir des opérations de finance islamique. Néanmoins, de nouvelles mesures sont actuellement en préparation, avec l'installation d'un nouveau cadre pour les instruments de gestion d'actifs compatibles avec... la charia par l'Autorité des marchés financiers », a déclaré ce spécialiste de la bourse. « Des mesures incluant des incitations fiscales sont en voie d'être publiées, visant à faciliter la banque islamique et les produits 'sukuk' ainsi que l'assurance 'takaful', compatible avec la loi islamique » Dans la finance islamique, respectueuse de la charia et qui proscrit l'usure, les « sukuks » sont des obligations qui n'ont pas de taux d'intérêt, mais rapportent à celui qui y souscrit une part des bénéfices générés par les actifs ainsi financés. Un rapport indique en effet que « la finance islamique en France offre un fort potentiel, mais des obstacles demeurent », ajoutant qu'ils « se rapportent moins aux changements législatifs qui seraient nécessaires qu'à des aspects sociaux et politiques ». Dommage car avec les hausses annoncées du pétrole on pouvait espérer récupérer quelques pactoles du golfe persique.
CA GAZE POUR LES RUSSES
Les Russes se sont aussi engouffrés dans la brèche. A l'issue d'une rencontre entre le président russe Dmitri Medvedev et son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, à Bakou, hier, Alexeï Miller, le PDG de Gazpom a déclaré sans aucune gêne : "nous prévoyons que le prix du pétrole atteindra prochainement... 250 dollars le baril. Dans ce cas, le prix du gaz pourrait atteindre plus de... 1.000 dollars les 1.000 m3", les deux prix étant liés. En mars, le prix du gaz russe exporté vers l'Europe occidentale atteignait 370 dollars ce qui représenterait à 1000 dollars une hausse vertigineuse sur les factures. Par ailleurs il a été admis que la production de la Russie, numéro 2 mondial du secteur, devrait cependant rester inchangée dans les années à venir même si la demande mondiale explosait. « Nous prévoyons cette année le même volume de production de pétrole que l'année précédente », a ainsi déclaré le PDG du géant russe, Alexeï Miller.
« Dans les prochaines années, nous prévoyons que ce volume restera au même niveau », a-t-il ajouté. Gazprom prévoit également que le prix du gaz qu'il vend à l'Europe sera de 500 dollars pour 1.000 mètres cubes à partir de fin 2008. Il s'agit bel et bien d'une mise sous dépendance de notre fière Europe qui n'a nullement anticipé pareille mutation. L'inflation va grimper vertigineusement d'ici la fin 2008 et, pour ma part, je suis certain que 2009 sera encore plus difficile selon le résultat des élections américaines. Les ressources sont en effet extrêmement localisées. Les 2/3 des réserves mondiales de gaz naturel - dont la durée de vie au rythme de consommation actuel est de 65 ans - sont essentiellement concentrées en Russie et au Moyen-Orient (Iran et Qatar). Grâce à la découverte de nouveaux champs (notamment dans la zone Asie/Océanie) et à la réévaluation des champs existants en dehors de l'Europe, les réserves mondiales ont augmenté de 15 % depuis 2000.
Les deux tiers des nouvelles découvertes de la période 2000/2004 sont des réserves offshore ; leur production devrait augmenter d'environ 50 % d'ici à 2020. En Europe, les réserves ont chuté de 20 %, essentiellement à la suite de l'épuisement rapide des réserves britanniques en Mer du Nord. A l'avenir, le Moyen Orient, la CEI et l'offshore devraient représenter une part croissante de la production mondiale de gaz. Il faut toutefois noter que le Moyen Orient ne fournit aujourd'hui que 10 % du marché international en dépit de ses réserves. C'est une différence majeure par rapport au pétrole dont 30 % de la production provient de cette région. On va donc conjuguer tous les pouvoirs dans certaines zones stratégiques et surtout constituer une nouvelle répartition des puissances financières mondiales.
LA SOLUTION DANGEREUSE
Alors en France on a une idée : continuer indéfiniment à gonfler notre parc nucléaire au risque de faire péter la planète. Lors d'un discours au Creusot, le président de la République Nicolas Sarkozy a en effet annoncé "la construction d'une deuxième centrale nucléaire EPR en France... Et c'est vous qui construirez les pièces", a-t-il lancé aux ouvriers de l'usine ArcelorMittal au Creusot. Il a justifié sa décision, bien évidemment, par la flambée des prix du pétrole et du gaz. Flamanville (Manche), Penly (Seine-Maritime), Tricastin (Drôme) et Marcoule (Gard) sont les quatre sites susceptibles d'accueillir la nouvelle centrale dont la mise en service pourrait intervenir aux environs de 2017, selon le quotidien économique Les Echos. On ne sait pas qui sera chargé de l'exploitation. le journal précise qu'EDF n'estime pas nécessaire la construction d'un réacteur supplémentaire, à l'inverse de Suez. Tiens donc !
L'ex-groupe public indique dans un communiqué qu'EDF « est prêt à s'engager dans ce projet, dans un contexte d'augmentation de la demande d'électricité et des contraintes liées au réchauffement climatique ». Allons-y ! Le PDG Pierre Gadonneix, cité dans le communiqué, « se réjouit de l'annonce » de Nicolas Sarkozy. EDF fait valoir qu'il dispose « de sites potentiels d'implantation et des compétences reconnues de ses équipes » et qu'il bénéficie de « l'expérience nécessaire après avoir engagé la construction de l'EPR de Flamanville ». nul n'ose, dans un contexte aussi préoccupant poser le problème de la maîtrise de cette technique de production de l'énergie.
Greenpeace a estimé aujourd'hui que ces annonces étaient "aberrantes" et "stupides", tandis que l'association Sortir du Nucléaire a appelé à une manifestation contre ce projet à Paris le 12 juillet prochain la veille du grand jour où la capitale accueillera les chefs des Etats de la Méditerrannée. Cette décision du président français « sonne en partie la mort du Grenelle de l'Environnement » et constitue une « faute lourde », a déclaré le directeur des campagnes de Greenpeace France.
L'association Sortir du Nucléaire souligne également qu'à ses yeux, « le lancement du premier EPR a fait l'objet d'une tromperie », alors que ce prototype devait permettre « d'acquérir une solide expérience de la construction et de l'exploitation de ces réacteurs de nouvelle génération ». On se retrouve en effet, avant même le résultat de la première étape, à l'entame d'une seconde. Redoutable comme effet d'annonce dans un contexte exploité au maximum. Quand on vous dit que tout le monde ne manque pas d'énergie en France !
Mais je déblogue...

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commentaires

J
Très bien le nucléaire pour remplacer les énergies fossiles genre pétrole et gaz. On ne peut pas reprocher au président de procurer du travail aux ouvriers français qui vont donc pouvoir gagner plus.Déja il y a une trentaine d'années des forcenés de mon acabit  se faisaient  traiter de rêveurs, réacs, passéistes, babas, écolos, utopistes, voir empêcheurs de danser en rond etc.... bref, des emmmerdeurs, quand on évoquait les problèmes à venir, qui seraient dus tant à la problèmatique des ressources qu'à leur exploitation et à leurs effets néfastes pour l'environement ( à l'époque, c'était un gros mot).Comme les gens bien intentionnés se sont gaussés de Dumont, premier candidat "écolo", qui faisait la promotion du vélo comme moyen de déplacement d'avenir ! Le mouvement n'était pas encore politisé, mais ça n'a pas duré.Même son de cloche quand on évoquait le nucléaire et ses dangers (c'était avant Tchernobyl) et ses contraintes.Il est donc impératif de donc continuer dans cette voie (le nucléaire) . En effet, si on n'a pas fait péter la planète auparavant, on va léguer à nos descendants des déchets qui ont une durée de vie autrement plus longue que l'humanité. Comment s'en débarasser ?  Après nous le déluge.Et au fait, c'est bien de construire des centrales nucléaires, mais est-on sur d'avoir les réserves du combustible nécessaire pour alimenter cette prolifération ? Je sais, je sais, je pose des questions idiotes.
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