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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 07:53

Il ne se passera pas un jour sans que l'environnement se taille la part belle dans la vie politique. On va assister à une course pour occuper les premières places de défenseurs de la planète. Un concours Lépine de la meilleure communication pour se doter d'une auréole de « géant vert ! » Les écolos n'ont plus qu'à bien se tenir car ils seront débordés par des convertis se prenant pour des anges Gabriel annonciateurs de la naissance d'un divin programme de préservation d'un monde en souffrance.
Dans la seule journée de hier tant sur le plan européen que mondial les annonces se sont multipliées. Ce dialogue entre la France et le Japon ressemble à la confrontation précédant un combat de boxe. On se jauge à distance. On essaie de mesurer les forces du camp adverse entre l'UE et le G8 ! A ma gauche Jean Louis Borloo entraîné par Nicolas Sarkozy, le tenant du titre de Roi du Grenelle et à ma droite Yasuo Fukuda, premier Ministre japonais gentil organisateur du sommet mondial des pays industrialisés. Tous deux sont prêts à en découdre en attendant que Georges W. Bush et Nicolas Sarkozy, amis d'un an, occupent le devant de la scène. Comme il sera impossible de se mettre d'accord avec les autres sur les volets économiques on se donnera bonne conscience avec des effets d'annonce sur la lutte contre le réchauffement climatique !
Le président américain a déjà donné le ton. Il a promis, hier à son arrivée au Japon, de jouer un rôle « constructif » dans la lutte contre les émissions de gaz carbonique, mais a prévenu que tout effort serait vain s'il n'associait pas l'Inde et la Chine. Un moyen comme un autre de tenter d'estomper le fait qu'il s'est absolument refusé à tout effort dans ce domaine depuis les accords de... Kyoto ! « Je serai constructif », a-t-il dit après des entretiens avec le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda tout en sachant qu'il ne lui reste que quelques mois pour régler un problème oublié par les USA depuis deux décennies. On ne peut même pas ignorer que les Républicains auront bien besoin de se refaire une image positive dans ce secteur précieux de la vie mondiale. Mais « nous n'allons pas résoudre le problème » si les deux géants asiatiques ne s'impliquent pas dans un accord à long terme, a-t-il aussi prévenu comme pour annoncer un échec prévisible.
Les membres du G8 s'apprêteraient pourtant à annoncer une « réduction de moitié d'ici 2050 » de ces émissions de gaz à effet de serre selon le travail que préparent actuellement les sherpas déjà sur place. Un journal japonais assure que des objectifs, arrêtés état par état, figureraient dans la déclaration finale des dirigeants du G 8.
Le ministre de l'Environnement japonais Ichiro Kamoshita a pour sa part expliqué que le Japon ne souhaitait pas dévoiler son objectif de moyen terme en la matière lors du sommet. « Si nous devions être les premiers, nous agirions contre nos propres intérêts », a-t-il indiqué. Et c'est ainsi qu'une partie de poker menteur va s'engager car personne n'a les moyens de « tirer » le premier ! En juin, l'archipel avait fait la promesse d'une réduction de 60 à 80% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 2005. Il avait aussi évoqué une possible diminution de 14% d'ici 2020, sans autre engagement. Le protocole de Kyoto et la communauté internationale considèrent comme année de référence 1990 ce qui sera forcément contesté compte tenu du retard pris par certains pays dont les Etats-Unis.
Le dernier sommet des huit grands états industrialisés (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis, Italie, Japon, Russie), l'année dernière en Allemagne, s'était soldé par un engagement des pays membres à « considérer attentivement » cet objectif de réduction. Aucune date de référence n'avait cependant été précisée. Le journal japonais affirme que l'Europe et le Japon souhaitent remplacer le terme « considérer » par « s'accorder » pour les seuls pays industrialisés. Ce qui permettrait de se quitter sur... un bon mot !

A CHACUN SA VERITE
Ce minimum s'explique par le fait que chaque dirigeant viendra avec ses propres priorités ce qui ne va pas simplifier le dialogue. Tout le monde, dans le contexte mondial actuel, a ses chats à fouetter. « Le monde doit affronter un triple défi: des prix élevés pour le carburant, des prix élevés pour l'alimentation et une crise du crédit », affirme Gordon Brown le Premier Ministre britannique. « J'affirmerai au G8 qu'au lieu de mettre de côté nos actions sur les changements climatiques et le développement, la crise économique en cours nous commande d'accélérer nos efforts, non de les relâcher » a jouté celui qui va jouer une bonne part de son avenir personnel à la tête de la Grande Bretagne. « Ce programme n'est pas seulement fondamental pour l'environnement et la lutte contre la pauvreté, mais aussi pour notre avenir économique. »
Du coté de l'Allemagne on est beaucoup plus centré sur les problèmes économiques, et le réchauffement climatique n'a pas été cité dans les priorités d'Angela Merckel. Elle a déclaré, dans une interview, qu'une série de mesures contre la crise alimentaire serait prise aujourd'hui, lors du prochain sommet du G8 : « Un vaste catalogue de mesures pour garantir l'alimentation mondiale ». Ces différentes mesures, fondées sur un concept du gouvernement allemand, envisagent de « soulager à court terme la crise alimentaire ». Une « stratégie à long terme pour augmenter la production agricole mondiale » est aussi prévue.
La chancelière a mis en garde contre les effets dévastateurs que pourrait avoir une crise alimentaire sur la durée. Cela pourrait ainsi « mettre en danger la démocratisation, déstabiliser des Etats et se transformer en problèmes pour la sécurité internationale », selon un document de six pages qu'Angela Merkel a envoyé à ses collègues du G8 avant que notre Nicolas Sarkozy s'exprime ! Il ne serait pour lui question que d'accords commerciaux sur les exportations de denrées alimentaires... Comprenne qui pourra quand les ministres européens réunis à son initiative n'ont parlé entre eux que de lutte contre le réchauffement climatique.

ACCUSES LEVEZ VOUS
Accusés depuis quelques mois de contribuer à la déforestation, à la flambée des prix agricoles et aux situations de famines dans certaines parties du monde, les biocarburants ont subi une nouvelle attaque venue de Grande Bretagne où le quotidien britannique The Guardian a publié un rapport de la Banque Mondiale soutenant que leur essor serait responsable pour 75% de la flambée des prix des produits alimentaires. Et c'est là que la situation se complique car il faut concilier une diminution des gaz à effets de serre via les substituts au pétrole et les conséquences terribles que leur consommation a sur l'économie mondiale ! Cette publication a coïncidé avec une réunion conjointe des ministres européens de l'Environnement et de l'Energie près de Paris, et le ministre français Jean-Louis Borloo, dont le pays préside l'UE, a admis à son tour que les carburants verts suscitaient de « nouvelles inquiétudes ».
« Ce qui était la solution il y a 18 mois est aujourd'hui voué aux gémonies », a-t-il déclaré. « Pendant des années, la seule vérité c'était les biocarburants. On est en train de changer d'avis à toute vitesse ». Surtout, que Jean Louis Borloo, comme le secrétaire d'Etat allemand à l'Economie Jochen Homann, a affirmé avoir découvert qu'aucun objectif contraignant sur le développement des biocarburants ne figurait dans le plan de lutte contre le réchauffement proposé en janvier par la Commission européenne, mais seulement l'objectif de voir les énergies renouvelables atteindre 10% de l'énergie utilisée dans les transports d'ici 2020.
Ils ont semblé ainsi se distancier des biocarburants, et être plus enclins à encourager d'autres techniques comme les voitures électriques ou à hydrogène. Il va falloir maintenant faire admettre ce changement de cap aux pays émergents, dont le Brésil, qui se développent à partir de cette nouvelle donne sur les énergies renouvelables. Or au Japon on ne sait pas encore quelle place est envisagée au sein du G8 pour l'Inde, la Chine ou le Brésil ! On nage dans le plus parfait marigot où nagent aussi des crocodiles prêts à défendre leur espace vital. On se mettra donc uniquement d'accord sur des « mots » suffisamment généraux pour ne pas mécontenter le plus grand nombre de pays.

BUSH TIENT LES CLES
En fait tout dépendra de l'attitude du cow-boy texan. Il vient au Japon pour annoncer qu'il ira à Pékin retrouver ses amis pour la cérémonie d'ouverture des JO et que sa seule préoccupation reste... le cours du dollar. Le reste n'est que subalterne. Il s'en accommodera à la seule condition qu'il n'y ait aucune contrainte précise. « Notre économie ne croît pas aussi solidement que nous l'aimerions », a-t-il déclaré.
« Nous avons eu une croissance positive au premier trimestre, nous verrons ce qui se passera au deuxième. Nous ne sommes pas aussi forts que ce que nous avons été durant une grande partie de ma présidence », a ajouté le président des Etats-Unis, qui achèvera son deuxième mandat en janvier. « S'agissant du dollar, les Etats-Unis croient en une politique du dollar fort et pensent que la force de notre économie sera reflétée dans le niveau du dollar ». Circulez. Il n'y a rien d'autre à voir dans une situation où dollar faible et pétrole cher ne peuvent pas cohabiter longtemps !
Cette dualité incite notamment les spéculateurs à se « couvrir » en prenant des positions sur les marchés des matières premières et contribue ainsi à nourrir l'inflation qui sera la seule et unique véritable préoccupation des grands de ce monde. La situation en Afrique, dans les pays pauvres, dans les pays émergents : on verra plus tard quand il sera trop tard.
Signe de la brutale décélération de la croissance aux Etats-Unis, l'économie américaine a détruit 438.000 emplois depuis janvier. Et ça, c'est intolérable. On va donc veiller à ce que le « monde » prenne ses responsabilités pour remédier à cette mauvaise passe. Le seul problème c'est que la Russie se refait la cerise avec son gaz et son pétrole, que la Chine connaît malgré ses malheurs une croissance à deux chiffres, que l'Inde et le Brésil s'en tirent bien dans une mondialisation les ayant avantagés. Dans le fond, le plus lucide est probablement le premier Ministre canadien, qui ne se fait aucune illusion sur cette rencontre dont on va nous rebattre les oreilles. Il se propose d'expliquer aux dirigeants du G-8 qu'il est inutile de conclure un accord mondial de lutte contre les changements climatiques sans la participation des plus grands pollueurs mondiaux, dont les Etats-Unis, la Chine et l'Inde. « Je peux vous montrer les mathématiques: ce n'est pas possible pendant les décennies à venir de vraiment réduire les émissions de gaz à effet de serre sans la vraie participation, d'une certaine façon, des pays en voie de développement », a-t-il martelé mercredi dernier, lors d'un point de presse en compagnie de son homologue français François Fillon. Qui vivra verra, mais pour moi c'est tout vu : on n'avancera pas d'un pouce ! On se sera fait une bonne bouffe entre amis (coût du sommet 360 millions de dollars) et on se reverra bientôt!
Mais je déblogue...

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