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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 07:32
Le mot à la mode de cet été sera celui de boycott. Il revient dans l'actualité avec l'arrivée des Jeux olympiques. On se souvient que ceux de Moscou furent les premiers de l'histoire qui, pour des raisons politiques, furent tronqués sur une décision américaine. Au total, 35 délégations occidentales décidèrent, pour protester contre l'invasion des troupes soviétiques en Afghanistan, de rester à la maison. Les pays du bloc communiste renverront l'ascenseur, quatre ans plus tard, avec l'absence à Los Angeles des 14 nations du pacte de Varsovie. Certes, dans le contexte d'alors, ce furent moins de dopés qui s'alignèrent au départ des épreuves d'athlétisme et de natation.
Pour Pékin, alors que le contexte mondial est encore plus critiquable, on évite soigneusement de parler de « boycott », car la guerre froide « politique » est oubliée, et désormais personne ne souhaite engager une guerre chaude « économique » avec la Chine. Alors, en France, on a les consignes de boycott que l'on peut, et à la mesure de notre puissance actuelle. Elles sont d'ordre économique, et vont profondément affecter le comportement des consommateurs ayant oublié, depuis belle lurette, qu'ils sont des citoyens.
A l'origine, le boycott est en effet le choix de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées justes. L'origine du terme vient du nom de Charles Cunningham Boycott, intendant d'un riche propriétaire terrien de l'Irlande de l'ouest durant le XIX° siècle, qui traitait mal ses fermiers et subit un blocus de leur part. Le mot « boycottage » fit son entrée en France en 1881, puis est devenu boycott récemment, comme dans le reste du monde francophone.
De très nombreux boycotts ont été appliqués dans l'histoire et ont eu parfois des conséquences très importantes. Les appels au boycott, ce ne sont pas seulement des diminutions de vente, c'est l'attaque de ce qui est le plus important pour les entreprises, leur image de marque. C'est ainsi que la sémillante Roselyne Bachelot a lancé le boycottage de l'année, celui qui va la faire entrer dans l'histoire. En effet, après avoir été incapable d'empêcher l'entrée du fameux... Red Bull sur les rayons des hypermarchés, elle a décidé de lancer une croisade contre son utilisation. Avouez que le sujet est beaucoup plus généreux et enthousiasmant que celui des jeux Olympiques où, sans nul doute, on effectuera une publicité fracassante pour ce produit au top de la modernité.
Notre Ministre de la santé et des sports, qui ne manquerait un déplacement à Pékin pour rien au monde, s'attaque donc au symbole de la culture américaine, voulant que l'Homme ait besoin de produits surnaturels pour se surpasser et être supérieur à son voisin dans les domaines ordinaires de la vie ordinaire. Le mythe olympique du surhomme est contenu dans les flacons de Red Bull.
CULTE GRACE A LA CENSURE
« Le Red Bull est une boisson qui n'a aucun intérêt en termes énergétiques (...), qui n'a aucun intérêt nutritionnel et qui a des dangers importants (...) Je conseille aux parents, par mesure de précaution, de boycotter le Red Bull » : l'appel lancé hier par Roselyne Bachelot est sans détour. Au lendemain de la commercialisation en France de la boisson énergisante à la taurine, la ministre de la Santé a réaffirmé sa défiance, car après des années d'interdiction en France, le ministère de... l'Economie avait donné en mai son feu vert à la commercialisation de ce Red Bull, qui contient un dérivé d'acide aminé dont les effets sont encore mal connus. Et ce, en dépit des réserves des autorités sanitaires. « Je suis extrêmement vigilante. J'ai demandé à l'Institut national de veille sanitaire de surveiller cela », a par ailleurs précisé Roselyne Bachelot.
Encore une fois, le principe de précaution a volé en éclats face aux nécessités économiques. Ah! si le vin pouvait bénéficier de la même indulgence ! car il existe un paradoxe formidable : l'un est interdit de publicité en raison des ravages qu'il peut faire dans une société où sa consommation baisse depuis des décennies, et l'autre, jugé plus dangereux, devient libre de déferler sur tous les espaces publicitaires, sans aucune mise en garde. Comprenne qui pourra !
Le service de la communication de Red Bull a confirmé de son côté que des mises en garde figureraient sur les canettes : teneur élevée en caféine, à consommer avec modération, déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes. Les fabricants savent fort bien qu'au contraire, ces annonces vont ajouter à leur produit une notion d'efficacité que l'anonymat leur aurait ôtée. Cette boisson est devenue culte grâce, justement, à la censure dont elle a fait l'objet. Mais à l'époque, les expertises toxicologiques n'étaient pas suffisantes pour décider de l'innocuité ou non de la taurine à haute dose, un acide aminé naturellement présent dans le corps de l'homme. On sait désormais que la dose contenue dans le Red Bull n'est pas suffisante pour provoquer des effets secondaires graves.
UNE PUB DOPEE
Le problème réside dans les usages associés du Red Bull. Non pas que celui-ci soit plus toxique au contact de l'alcool. Mais il ralentit les effets d'endormissement liés à l'alcool, et donne ainsi le sentiment au consommateur  qu'il gère mieux son ivresse. Or le taux d'alcoolémie de ce dernier reste absolument le même. Le Red Bull peut ainsi favoriser l'abus d'alcool, et encourager à prendre le volant, alors que les risques d'accident sont les mêmes. Il ne faut pas oublier que le vrai problème reste l'alcool, dont l'effet toxique est beaucoup plus rapide. Si on devait mettre sur le marché cette substance aujourd'hui, elle ne serait sûrement pas autorisée.
Les rapports entre le Red Bull et le sport sont donc devenus extrêmement proches. L'entreprise qui commercialise « Taureau rouge » est installée à Fuschl am See, un petit village autrichien situé à vingt kilomètres de Salzbourg, et elle réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de trois milliards d'euros. Elle possède deux écuries de F1, une de Nascar, deux clubs de football à Salzbourg et New York et une équipe de moto : Red Bull KTM. L'essentiel de son poids économique naît justement de ces investissements permanents dans les sports les plus populaires pour vanter ses mérites énergisants. Le boycottage décidé par le Ministre des sports est donc particulièrement efficace quand, sur tous les écrans de télévision, le produit est médiatisé en long et en large. Son appel sera totalement inutile, si ce n'est pour augmenter les ventes en une période où les jeunes souhaitent «s'éclater » avec des produits illicites.
On peut même craindre des effets dévastateurs, si des « mix » sont vite inventés avec de l'alcool. Le véritable danger est là, car nul ne peut imaginer les dégâts à terme de pratiques déraisonnables. Tous les signaux officiels en matière de santé sont au rouge, mais une transaction compliquée à permis à la firme aux capitaux thaïlandais et autrichiens de franchir les barrières nationales, avec le soutien de l'union européenne. Tout le monde sait pourtant que les oppositions scientifiques étaient motivées et fortes. Et elles ne datent pas d' hier !
Lors de ses nombreux voyages, un entrepreneur autrichien avait remarqué une boisson tonique thaï. Il s'était rendu rapidement compte qu'elle l'aidait à supporter le décalage horaire, et que de nombreux chauffeurs en consommaient pour rester éveillés. Il décida de la commercialiser en dehors de l'Asie et, dans les faits, de concurrencer, en allant encore plus loin dans les adjuvants dangereux, Coca Cola !
Red Bull fut lancée il y a un peu plus de 20 ans sur le marché autrichien, et supportée par une publicité ponctuée par le célèbre slogan "Red Bull te donne des ailes" (Red Bull give you wings), et un parrainage massif des sports extrêmes. Cette publicité, au pays de naissance de Schwarzeneger, n'empêcha pas la boisson d'être interdite d'importation dans la plupart des pays européens. Elle se vendit alors en fraude et sur Internet ! Tous les tests sont pourtant négatifs.
LES RATS NE SUPPORTENT PAS
Suite aux conclusions de l'AFSSA en 2003, le Red Bull a été interdit de commercialisation en France pour « effets neuro-comportementaux indésirables ». La série d'expériences menées sur des rats a montré un tel état d'excitation qu'ils en arrivent à se ronger les pattes. Soumis à un traitement de choc de taurine, les résultats sont détaillés dans l'avis rendu par l'AFSSA en date du 5 mai 2003 : « Entre 1 h et 2 h après administration, quelques animaux présentent une mastication importante de leurs membres, nécessitant la mise en place de protections individuelles pour éviter les automutilations ». Un peu plus loin dans le rapport, il est fait mention « d'une hyperactivité qui pourrait augmenter avec la dose », ainsi que « d'une grande sensibilité au bruit » et de « comportements bizarres ». Il était donc inutile de lancer le boycott, puisque la réglementation sanitaire française s'opposait à sa vente sur les rayons des grandes surfaces.
Une négociation,comme seul le Ministère de l'économie sait en mener, a permis de contourner l'obstacle : Red Bull a accepté d'enlever la taurine de sa recette, modifiant pour la première fois la recette originale. Elle a été remplacée par de l'arginine qui, au même titre que la taurine, est un acide aminé naturellement présent dans l'organisme, et qui procure les mêmes effets. À la demande du Ministère de l'Économie et des Finances, la mention « À consommer avec modération : maximum deux canettes par jour. Déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes » a fait son apparition sur le produit français pour lui donner un label de produit « dangereux ». Depuis le 15 juillet, Red Bull est désormais discrètement passé à sa version originale.
La sémillante Roselyne Bachelot va se transformer en taureau rouge de colère. Elle n'emmènera pas de Red Bull dans ses valises vers Pékin, or elle en aurait besoin, pour tenir aux cotés du Président de la République durant toute la cérémonie d'ouverture... On murmure même que si Jacques Chirac carburait à la Corona, l'hyperactivité présidentielle s'expliquerait par une autre boisson. Devinez laquelle ?
Mais je déblogue...
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commentaires

D
Et bien, j'espère que les français ne prendrons pas l'habitude de ce produit car ici en Amérique du nord, c'est utiliser énormément et de plus les jeunes en prennent en quantité déraisonnable, et ils se retouvent dans les urgences. Causé par la quantité de sucre ainsi que de sodium. Il y a présentement un produit dit santé, du moins beaucoup moins nocif, qui se nomme Drinkact, il vient d'apparaître (18 mois à peine) et il est incroyable. voir mon site pour vous en savoir d'avantage. C'est un excellent compromis, de plus sa durée est d'environ 4 à 6 heure sans tremblement vs 2h00 à peine pour le red bull ou ses concurrent: http://dcharest.drinkactweb.com/ , nous recherchons justement des gens pour promouvoir le produit chez vous.Denis charestQuébec, Canada.
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A
La politique française est décidément totalement incohérente sur quelque sujet que ce soit....Et nous avons bien là, encore une fois, la démonstration que c'est l'argent qui mène tout....Comment ! Tout démontre que ce Red Bull est un produit toxique, ou pour le moins dangereux pour la santé. Les études scientifiques, les médecins, les neurologues, les psy, tous sont d'accord pour souligner la dangerosité du produit.... auquel les souris ne résistent pas.... La ministre de la santé s'oppose courageusement à sa commercialisation, dans sa composition d'origine, du moins...un peu comme Don Quichotte partait en guerre contre les moulins à vent....Trois mois plus tard, c'est le Ministère des Finances qui, sans aucune considération pour sa toxicité avérée,- et sans aucune compétence en la matière, d'ailleurs, donne une autorisation de vente de ce produit, dans sa composition originelle, c'est à dire la plus dangereuse pour la santé qui soit!! Oui, c'est complètement incohérent, voire irresponsable.... Mais il faut dire que la firme qui commercialise ce poison représente une énorme puissance financière, et sponsorise de nombreuses compétitions sportives.... alors ceci explique sans doute cela ! Et dans le même temps, on interdit - ce dont on ne peut certes que se réjouir - la vente d'alcool aux mineurs. Mais si on veut veiller à l'amélioration de la Santé, limiter les risques d'accidents de la route, contenir les excès de tous ordres qui sont consécutifs à l'absorption de tels produits, il faut commencer par en interdire la vente. Tout le monde sait très bien que le conseil qui consiste à recommander de ne pas dépasser deux canettes, et de ne pas boire d'alcool en même temps... restera lettre morte. Alors, c'est désespérant! Le Tour de France continuera à être pollué par des consommateurs de drogues, les soirées continueront à être arrosées avec des boissons énergisantes, et on continuera à soigner toute une jeunesse qui détruit sa santé, avec pour objectif la sacro sainte performance, celle qui n'enrichit que des industriels soucieux seulement de leurs profits.
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