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19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 07:17

Bizarre, on n'entend plus du tout le président en exercice de l'union européenne. Il avait pourtant montré ses muscles, quitté sa villégiature, mobilisé les avions idoines, sacrifié ses câlins familiaux, pour régler en deux coups de cuillère à pot le conflit entre les Russes et les Géorgiens. Son nouvel ami Medvedev, qui sert de couverture à Poutine, l'attendait à bras ouverts pour régler avec lui un différend qu'il n'a pas du tout envie de régler. Ensuite, il devait aller à Tbilissi afin de mettre à la raison ceux qui avaient ouvert le feu, et qui ensuite appelaient les pompiers leur ayant promis une assurance tous risques.
Tout le ban et l'arrière ban des journalistes de toutes les rédactions nationales avaient été mis dans les bagages, afin de pouvoir témoigner de ce périple pacificateur, accompli au nom d'une Europe incapable de se mettre d'accord et, même, comme les Polonais, prête à jeter de l'huile sur le feu. Cette virée, ponctuée de cocoricos sur l'efficacité d'un négociateur d'envergure planétaire, ayant libéré les otages bulgares, les otages du Tchad, Ingrid Betancourt, ayant délivré les prisonniers politiques chinois (ou presque), devait obtenir la signature des deux camps. Du cousu main !
Le conflit russo-géorgien a été déclenché par une offensive de Tbilissi, dans la nuit du 7 au 8 août, contre les séparatistes pro-russes d'Ossétie du Sud. Les forces russes ont contre-attaqué, repoussant l'armée géorgienne pour finalement prendre position en Géorgie, et selon certains journalistes, remonter assez près de la capitale géorgienne. L'armée russe a affirmé avoir mis la main sur plus de cent blindés géorgiens, dont 65 chars et cinq véhicules armés de missiles sol-air, dans la zone de conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud. Il y aurait des milliers de morts pour les envahisseurs et moins de 200 pour les attaquants. Nicolas Sarkozy passé par Moscou le 13 août, avait obtenu toutes les garanties des Russes, probablement terrorisés par les risques de sanctions que pourraient prendre une Union Européenne en pleine récession économique. Il avait jugé « normal » que la Russie veuille « défendre les intérêts des russophones » hors de ses frontières, tout en réitérant la nécessité de respecter « l'intégrité » territoriale de la Géorgie.
La Russie avait confirmé, devant l'Union Européenne, l'arrêt de son offensive dans le pays...du moins sur le papier, car sur le terrain, elle n'est pas encore effective. Il est passé par Tbilissi où on ne pouvait pas faire autrement que d'accepter un texte ménageant la chèvre dévoreuse et le chou dévoré. En fait, le document n'a servi qu'à gagner du temps pour une Armée rouge soucieuse de bien nettoyer le terrain, et de s'assurer que les Géorgiens ne pourraient plus revenir leur contester l'annexion de fait de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie. Hier, pas un seul char russe n'avait pris le chemin du retour, rendant le plan de Paix totalement inutile, car la communauté internationale est bel et bien incapable de mettre à la raison n'importe quel envahisseur dans le monde !
LA POLOGNE EN SOLO
Au nom de la solidarité européenne, les Polonais ont effectué un croc en jambe terrible à ce pauvre Président temporaire d'une Union européenne en lambeaux. Ils ont donné un signe fort de confiance dans l'UE à laquelle ils ont adhéré, puisque pour assurer leur sécurité, ils ont conclu un accord sur l'implantation sur leur territoire d'éléments du bouclier antimissile américain, après que les Etats-Unis eurent amélioré les termes de l'accord à la suite de la crise géorgienne. C'était le moment idéal pour conforter la... démarche de Nicolas Sarkozy.
Cet accord repose sur le déploiement des missiles de Patriot en Pologne, et renforce la coopération militaire polonaise-américaine, comme elle avait été proposée à la Géorgie, le moment venu. Le gouvernement polonais veut surtout l'argent et le matériel militaire des États-Unis, afin de moderniser son armée de l'air et obtenir des missiles tout neufs. Les Etats-Unis vont ainsi pouvoir installer, sur le sol polonais, à l'horizon 2012, dix intercepteurs capables de détruire en vol d'éventuels missiles balistiques à longue portée. Ce système est lié à un puissant radar qui sera installé en République tchèque.
Le gouvernement est si heureux de recevoir cette aide militaire des États-Unis, qu'il a même accepté d'augmenter le contingent polonais en Irak. Est-il certain que pour cette démarche, le pays d'accueil de cette dizaine de missiles intercepteurs d'autres missiles, a sollicité l'accord des autres pays de l'UE ? Si c'est le cas il faut avouer une volonté collective de jouer avec le feu . Il semble que personne n'ait en mémoire la crise majeure provoquée par la volonté soviétique d'installer des fusées à Cuba à la même distance des Etats Unis que celles qui seront posées sur le sol polonais, pour Moscou.
Cet accord ne peut qu'augmenter les tensions entre la Russie et les Etats-Unis, déjà envenimées par le conflit en Géorgie. Le président russe Medvedev n'a pas caché l'irritation de Moscou, et il a affirmé que le moment d'annoncer l'accord sur le bouclier avait été choisi de telle sorte qu'il montrait clairement que ce système antimissile avait pour cible la Fédération de Russie. Les accords obtenus par Nicolas Sarkozy ne pèsent rien après cette décision polonaise, et les Géorgiens n'ont pas fini de voir passer sur leurs routes des colonnes de chars russes.
SAUVES PAR LES RUSSES
Tout va, en effet, être fait par les Russes pour se prémunir contre les difficultés énormes rencontrées en Tchétchènie. Ils vont pourtant reproduire le scénario tant vanté par certains négociateurs occidentaux : le droit d'ingérence ! En Géorgie, les entraves au processus de paix s'accumulent donc chaque jour. Alors que la communauté internationale s'attache, depuis quelques jours, à convaincre la Russie de respecter le cessez-le-feu négocié la semaine dernière et signé samedi, l'Ossétie du Sud se met, elle aussi, à faire de la résistance. L'astuce est habituelle : les Russes n'ont rien demandé, ils sont simplement venus au secours d'un peuple opprimé, et d'ailleurs la population les réclame à cor et à cri. Le président de l'Ossétie du sud a fait savoir qu'il n'accepterait pas la présence d'observateurs internationaux dans sa province. Or, ce point faisait précisément partie du plan de paix négocié sous l'égide de la présidence française de l'Union européenne. Circulez, y a rien à voir dans cette partie du monde : les chars y resteront tranquilles. Il a expliqué ne pas faire « confiance à ces observateurs internationaux, à ces gens qui déforment la vérité. » Il a, par ailleurs, ajouté avoir l'intention de demander à la Russie d'établir une base permanente sur sa province, et envoyé les Etats-Unis balayer devant leur porte. « Nous demanderons aux dirigeants de la Fédération russe qu'il y ait une base militaire russe sur le territoire d'Ossétie du Sud, parce que des citoyens russes vivent ici. (...) Laissons les Américains décider de leurs propres problèmes et le peuple d'Ossétie du Sud décider lui-même de son avenir. Le point de vue de l'Amérique ne m'intéresse absolument pas. L'Ossétie du Sud ne fera jamais partie de la Géorgie». Outre ces déclarations acérées, le président ossète a proclamé l'état d'urgence pour un mois, en réponse aux dégâts causés par le conflit, et limogé son gouvernement. Un véritable pied de nez aux occidentaux, certains de la vérité de leur attitude dans ce conflit. Il faut reprendre l'avion, et aller rencontrer ce brave démocrate pour le persuader du bien fondé du cessez le feu !
LE CHEMIN A CONTROLER
Le monde est devenu une formidable pétaudière, dont personne ne contrôle absolument plus aucun levier. Chacun règle ses comptes dans son coin, persuadé que le temps qu'une éventuelle réaction s'organise, il aura réglé ce qu'il souhaite régler. Qui a montré que l'on pouvait envahir un pays pour des raisons fallacieuses et y demeurer autant que nécessaire ? Qui a prouvé que la dimension économique passait avant toute autre considération ? Qui cherche dans ce conflit à contrôler les axes de circulation du gaz et du pétrole ? Soucieux de voir s'achever la plus importante opération militaire russe à l'étranger depuis l'effondrement de l'URSS, en 1991, Européens et Américains pressent donc maintenant la Russie de se retirer sur le champ de cette région du Caucase, stratégique pour leurs approvisionnements, car dans le fond, le sort des populations ne les émeut guère.
Et il y a fort à parier que très rapidement le sort du Président géorgien sera réglé.
Jugée désastreuse par ses alliés occidentaux, son aventure militaire en Ossétie du Sud s'est soldée finalement par la mort de milliers de ses compatriotes, par l'humiliation de son armée, par la destruction des infrastructures militaires et civiles du pays (les russes les font sauter les unes après les autres, avant de repartir) et sans doute par la perte définitive de ses provinces sécessionnistes ossète et abkhaze. Il ne résistera pas au verdict des urnes, et faites confiance à ses « alliés » pour lui trouver un successeur plus mesuré.
Tout en se refusant à menacer Moscou, Bernard Kouchner a répété que, faute d'amorce de retrait, Paris, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, serait amené dans les jours qui viennent à convoquer, en urgence, une réunion du Conseil européen. Si ça, ce n'est pas une menace, c'est à désespérer de la diplomatie européenne. Enfin il faut le croire.
Mais je déblogue...

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