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12 avril 2006 3 12 /04 /avril /2006 00:07

Dans quelques jours va sortir, sur tous les écrans des multiplexes, un film qui grimpera vite aux sommets du "box office". Il y a en effet fort à parier qu’Astérix et les Vikings va pulvériser les records en matière de fréquentation et redonner le sourire aux exploitants jusque là plutôt moroses. Le dessin animé à la française soutient bien la comparaison avec les grandes productions "automatisées" de Disney.
Des millions de spectateurs ont déjà envahi les salles obscures pour découvrir les œuvres inspirées de la B.D. d’Uderzo et Goscinny qui auraient, selon des calculs très délicats, vendu déjà la bagatelle de plus de 280 millions d'albums. On estime à 95 millions ceux vendus dans les pays francophones, à 88 millions albums en Allemagne, à 20 millions au Royaume-Uni ainsi qu'aux Pays-Bas, à 17 millions en Espagne, à 5 millions en Suède et en Italie, à 4 millions pour la Finlande, la Norvège, le Danemark et la Grèce, à 3 millions au Brésil et à 2 millions au Portugal. On remarquera l'absence des USA, où le héros n'a jamais percé… Normal : il leur est impossible d’envisager qu’un petit bonhomme puisse défier les maîtres du Monde et les vaincre sans coup férir !
Au cinéma, Astérix et Cléopatre a dépassé les 14 550 000 entrées, ce qui constitue encore le septième meilleur score de l’histoire du cinéma en France derrière "La Grande vadrouille" en tête avec 17 250 000 spectateurs mais devant "Ben Hur" et les "Dix commandements" dont on sait qu’ils furent des monuments. L’influence de la potion magique ne se reporte pas que sur le petit Gaulois.
En fait, cette extraordinaire aventure, commencée avec un album en 1961, soit il y a presque un demi-siècle, correspond parfaitement à l’esprit hexagonal, et c’est probablement cette identification qui explique son succès. Elle résume à merveille ce sentiment cocardier d’être encore capable de transformer les situations les plus menaçantes en victoires faciles. Ce n’est pas par le travail, l’abnégation, la patience, la ruse, la négociation qu’Astérix se sort de toutes les fâcheuses postures, mais par un élément extérieur apportant une force décuplée. Il n’y a donc jamais de défaite dans sa vie, mais des résurrections providentielles. Il vous transforme une raclée potentielle en démantèlement complet des cohortes romaines. Il écrabouille les foules ineptes. Il désintègre les bataillons les plus serrés. Il pulvérise les agresseurs les plus féroces.
Il semble qu’avant la sortie d’Astérix et le Vikings, la France se soit dotée d’un nouvel album inédit avec des héros que vous pourrez aisément identifier.

LE DOUBLE DE POTION MAGIQUE

D’abord, et ce n’est pas une tâche insurmontable, vous reconnaîtrez aisément Nicolas Sarkozix, celui qui semble avoir, tous les matins, avalé double dose de potion magique. Courant dans tous les sens, multipliant les déclarations intempestives, se mêlant de tout et de rien, il a entamé ses "douze travaux" pour finir au pinacle du temple présidentiel. Il culbute tout sur son passage, il karchérise les barbares, il manie la Serpe d'or pour étêter ses rivaux, il effectue un Tour de Gaule permanent, il participe sans rechigner au Combat des Chefs, il file chez les Normands, il est copain comme cochon avec Breton, il sème la Zizanie et, au domaine des Dieux, il espère bien récolter les lauriers de César !
Ce Sarkozix-là a la taille, l’agilité, la spontanéité du héros d’Uderzo et Goscinny. Il casse de l’étranger avec une vigueur décuplée, et ne se laisse jamais démoraliser. Dans son village appelé l’Ump il est apparemment soutenu par Bonemine, que l’on connaît aussi sous le saint prénom de Bernadette. Bonemine passe en revanche son temps à collecter des sesterces jaunes, et à critiquer les positions de son époux, le chef de la tribu, qu’elle a toujours pris pour un incapable.
Jacques Abraracourcix, le vieux guerrier, ayant été de tous les complots, ombrageux, paresseux, est pourtant encore respecté par quelques-uns de ses hommes. Craint par ses ennemis pour la soudaineté de ses colères, il ne redoute qu'une chose : c'est que le ciel de la justice lui tombe sur la tête; mais, comme il le dit lui-même : "c'est pas demain la veille !" Il a un goût prononcé pour une cervoise tiède répondant au nom de Corona, et s’est spécialisé depuis peu dans la déclaration alambiquée.
Sarkozix ne fait pas mystère de son envie permanente de lui piquer le bouclier élyséen, afin d’être porté un soir en triomphe par, suprême vengeance, "Jean Louis" Ordralfabétix (il est appelé ainsi car il ne connaît que l'alphabet), qui l’injurie comme un poissonnier depuis son perchoir de l'Assemblée.

LE BARDE DU CPE

Si vous observez encore un peu la vie politique nationale vous aurez retenu aisément le visage saillant, la crinière blanche et le talent poétique de De Villepinix. Le barde du C.P.E. vient de connaître les affres de ce pauvre Assurancetourix. Les opinions, sur son talent, sont très partagées dans le village de l’Ump dont il avait réussi, grâce à son sens de la poésie politique, à dissoudre les plus éminents représentants il y a quelques lunes.
Lui, il trouve qu'il est génial, exceptionnel, inimitable, alors que tous les autres pensent qu'il est innommable. Mais quand il ne dit rien, c'est un gai compagnon, fort apprécié... le tout c’est d’arriver à le faire taire. Son élan artistique est souvent coupé net par le marteau de François Fillon Cétautomatix, copain de Sarkozix.
D’ailleurs, De Villepinix est devenu tellement insupportable en insistant désespérément pour entonner ce qu’il croyait être le fameux air du CPE qu’il s’est, une fois encore, retrouvé ligoté et baillonné lors des banquets du petit village, entre les syndicats et l’infatigable Sarkozix. Il faut dire que son chant à même fait fuir les bêtes féroces des jeux du cirque politiques et a déclenché des orages et des pluies diluviennes de manifestants dans les rues des villes.
Même ficelé à un arbre, baillonné, privé de tout public potentiel, désavoué par Abraracourcix,  il continue à entonner son chant de victoire, persuadé qu’un jour, enfin, on rendra hommage à son opiniâtreté. Il est bien le seul à croire en son étoile !

APPRENDRE LA PEUR

Chez les Vikings, le plus redoutable des opposants que Sarkozix pourrait affronter ne serait autre qu’Olaf Fabius Grosbaf, chef des authentiques Normands venus apprendre, en Gaule, la peur, seule chose que les Normands ignorent. On le présente comme mangeant des spécialités à base de crème et buvant du… calva dans le crâne de ses adversaires vaincus. Grosbaf a pourtant découvert le rôle de plus en plus préoccupant que tient chez les "rouges" une certaine Ségolène Royalf, dont on prétend qu’elle a l’art de séduire les Gaulois et de ne pas leur faire peur.
Jack Cinematograf, Dominique Épitaf, Henri Landaf, Arnaud Cénotaf, Jean Luc Complétemenpaf, Vincent Mataf jouent les seconds rôles avec une vaillance louable, mais totalement inutile dans une période où tous les regards sont braqués sur François Batdaf, le meneur, donnant du poing et arborant la rose. Il prétend pouvoir mettre à mal Sarkozix et écraser De Villepinix mal en point.
Soldat envoyé en forêt de Corrèze pour apprendre à dominer la trouille du combat qui selon lui est sensée donner des ailes nationales, François Batdaf  serait, en fait, plus malin qu’on le pense. Il préparerait selon les prévisions des uns, la carrière de Ségolène Royalf, ou plus perfidement le retour sur le trône de Lionel Jopinaf exilé, depuis longtemps, sur l'ïle de Ré.

La particularité des Normands c’est leur constante préoccupation de se quereller entre eux avant de combattre les autres. Ils ont, selon les analystes, des dieux terribles : Thor, le dieu de la guerre, qui ne se réjouit que dans le feu et le sang, et Odin, qui accueille dans un grand banquet (républicain évidemment), les guerriers morts au combat...et chez les "Rouges" ils sont nombreux.
Il suffit de les écouter quand ils affichent leur motion lors d'une soirée dite de synthèse où, par exemple, vous surprendrez vite un dialogue de ce genre :

"On se tue tous, on se retrouve au banquet d'Odin, et on parle d'autre chose ! lance au bureau national le Chef des Normands
– Attends, Ô Grossebaf ! Ne retiens pas encore la table !" répond illico Batdaf
Savoureux et classique… Mais vous en apprendrez bien d’autres dans la B.D. qui s’ouvre  «Sarkozix et les présidentiables » et qui va sortir courant mai… elle sera adaptée par la télé, diffusée par les radios et publiée en feuilleton. Ne la manquez pas ! Ce sera le grand succès de 2007 !
Mais je déblogue…

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commentaires

G
C’est magnifiquement écrit, mais attention au petit Nicolas Sarkosix qui avec sa potion magique, peut se sortir de nombreux défit comme dans tous les livres d’Astérix. Ségolène Royalf   doit devancer Sarkosix, mais tout ceci sans potion magixe.
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B
Ce Sarkozyx est beaucoup trop enclin à se faire prendre pour un homme providentiel alors qu'il cèle de noirs desseins sous ses airs bravaches. Dans le village de l'ump il est peut-être le chef, par suite de manoeuvres de basse politix. Il n'a point, au contraire d'Astérix, l'intention de défendre les petits, il saura au contraire prendre appui sur les petits le temps de devenir puissant. Et ensuite, gare à nous !
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