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28 avril 2006 5 28 /04 /avril /2006 07:17
Ce fut une journée d’information tout à fait ordinaire. L’une de celle qui, le soir, vous permet de juger de la véracité de ce que vous avez pensé la veille. Ce sentiment précieux constitue un véritable réconfort, un bonheur qui vous rassure sur le défi du parler vrai. En effet, quand on est assailli par le doute on a parfois du mal à se sécuriser, à se rassurer sur la démarche que l’on a choisie. Ainsi en m’exprimant (sans soulever beaucoup de passion) sur le sujet des rapports entre le politique et le médiatique, je ne pensais pas que, hier, j’aurais la possibilité de mesurer sa déliquescence complète.
Les hasards de quelques minutes passées à la maison m’ont permis de découvrir le Journal télévisé de 13 heures sur France 2, et ensuite de regarder celui de 20 heures sur TF1. Deux grands moments de déontologie et d’équité, qui m’ont offert une nouvelle occasion de m’inquiéter de la dérive extraordinaire de la télévision. Elle se " berlusconise " à vue d’œil, sans que personne ne réagisse mais, dans l’ambiance sociale actuelle, chacun a d’autres sujets de préoccupations. Des sujets éminemment essentiels pour le quotidien des gens qui souffrent, ou pour l’avenir des jeunes tentant de récupérer les heures de cours évaporées dans la lutte contre le CPE.
Le P.S. va se pencher sur son projet totalement inutile, mort né, car maintenant il faudrait être idiot pour ne pas comprendre que seuls les sondages en faveur de Ségolène ont une importance politique. Ses pourcentages de popularité ravalent en effet les éléphants au rang de souris. Et ils vont finir au cimetière de la rue de Solférino, où meurent les pachydermes!
L’Ump lave, pendant ce temps, son linge secret sur la place publique, avec un relent de l’époque des avions renifleurs, des diamants de Bokassa ou de la feuille d’impôts de Chaban… Vous savez, ces amabilités que l’on envoie dans une enveloppe blanche anonyme vers une rédaction ou que l’on passe sous la table à un journaliste compréhensif. On perquisitionne les bureaux ministériels, puis on se fait une bouffe, à moins qu’on les distribue dans celui du Premier d'entre eux. On se réconcilie sans être fâché. On se menace pour rien et on se moque, en définitive, de l’image que l’on donne de la politique.
Le point commun, c’est que dans les deux cas, on est entré dans l’ère des crocs en jambe et des pignes sous la mêlée. Alors, pensez donc que, quand se déroulent les petits meurtres entre amis… la tendance est forte de tourner son regard vers ailleurs pour ne pas voir ce spectacle désolant. Hier, je me suis donc tourné vers le petit écran.
UN MENU DE CHEF
A 13 heures, sur une chaîne du service au public (ne riez pas !) la joviale présentatrice a concocté un menu de chef. Elle a ouvert son message au retraité rétif à Jean Pierre Pernaud, par un sujet d’une haute importance : la sécurité (2 000 policiers payés par le contribuable) qui seront dévolus à la surveillance de la finale de la Coupe de France entre le PSG et l’OM… Je suis certain que, dans les chaumières de Domrémy, dans les bergeries de la vallée d’Aspe, dans les T4 de Sarcelles ou les lofts de Neuilly on s’est extasié de constater que celui qui avait remis de l’ordre dans un monde du ballon ne tournant plus rond n’était autre que Nicolas Sarkozy. Résultat, le Roquet triomphant filmé sous toutes les coutures entre les Présidents des deux clubs sur le perron de la Place Beauvau. Le sauveur du supporteur a même réussi à les mettre autour d’une même table. Un exploit exceptionnel qui devrait lui valoir une nomination au Prix Nobel de la Paix 2006 car c’est autrement plus ardu que de rassembler le chef du gouvernement palestinien et le Premier Ministre israélien ! Un coup de brosse à reluire sur les crampons de Sarko qui, n’en doutons pas, sera au stade samedi soir pour se montrer au bon Peuple qu'il aura sauvé du massacre organisé ! Quelle émotion, quel courage, quel tonus…
J’étais à peine remis de cette séquence intense, que notre éminente titulaire d’une carte de presse, lançait le sujet suivant : un déjeuner exceptionnel, dont le plat principal était la tarte aux gnons ! Un convoi de superbes voitures noires, filmé au télé (pas très objectif !) entrant dans Mati…gnon, annonçait l’arrivée du Roquet de Neuilly chez son nouveau grand pote Crin Blanc ! L’info était d’importance :  le duo allait manger gratos en tête à tête pour régler un sujet préoccupant pour l’avenir du Pays : quel salaud (inconnu des deux bien évidemment!) avait bien pu balancer des accusations injustifiées sur le compte de quelques présidentiables ? Vous ne le saurez jamais, car personne n’assistait au repas ! En attendant, on revoit Sarko, souriant, détendu sur les marches d’un palais où il laisse s’éteindre à petit feu Galouzeau de Villepin !
Emoustillé par la violence de ces images, je me préparais à découvrir le volet social de ce JT dont même feu Peyrefitte n’aurait pas osé rêver du temps de l’ORTF. Objet du reportage : le rachat par Bouygues des parts de l’Etat dans Alsthom et… le retour du Petit Nicolas en images d’archives scellant, tout sourire, le sauvetage de l’entreprise nationale en faillite. Juste histoire de rappeler son rôle sur ce pan de la vie publique comme ce fut le cas lors de la crise du CPE.
Au bout du compte : trois séquences dans le même JT pour la même personne présentée dans trois rôles positifs pour trois publics différents ! Qui fait mieux ?
LE CARNASSIER AUX DENTS LUISANTES
Comme le reste du journal n’offrait pas d’opportunités de causer du Roquet de Neuilly, je suis passé à autre chose. Hier soir, à 20 heures, en ouvrant la télé avant de repartir vers d’autres préoccupations, j’ai eu la chance de tomber sur Nicolas Sarkozy, invité, durant … 22 minutes, en direct, par PPDA ! Costume sombre, teint hâlé, le Roquet venait s’expliquer sur son projet de loi extrêmement urgent pour redresser le pays : l’immigration choisie.
Le " carnassier " au dents luisantes comme les lames du poignard de son ambition, sait que ses proies sont derrière l’œil de la caméra : il faut les conforter dans leurs impressions racistes et xénophobes. Et le bougre, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il assume d’autant plus volontiers qu’il sait que chaque mot porte et que le climat est favorable au développement printanier des ses ambitions. Bien évidemment il est chez lui… Bouygues vient de rafler les actions d’Alsthom et d’acquérir un grand cru classé de Montrose : ça s’arrose avec du Sarko qui, malgré la fin des questions de PPDA, poursuit ses conseils à la France de ses amours sans aucune retenue. Il n'est pas venu pour si peu !
Sur France 2, je n’ai pas pu voir s’ils avaient repris les mêmes images qu'au 13 heures… pour ajouter la cerise sur le gâteau ! Ouf ! en fin de soirée, Arlette Chabot, sur cette chaîne, n’avait pas eu l’idée de le convier à un débat susceptible de faire fuir la moindre citoyen lucide. Elle n’avait cependant pas oublié de réserver un fauteuil à François Fillon, le meilleur ami du Roquet, dont le blog constitue un monument de suffisance personnelle !
2007 : les vrais enjeux " annonçait le bandeau " d’à vous de juger "… Difficile de croire que l’on nous offre la capacité de le faire quand on sème toujours les mêmes graines de l’opinion dominante pour faire germer le chiendent de l’indifférence. En tous cas, la télé s’occupe au moins du sort du Roquet de Neuilly. Ce qui doit vous rassurer sur votre avenir !
Mais je déblogue…
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commentaires

C
<br /> Angélisme<br /> <br /> <br /> C’est, ma foi, la doctrine que les évêques catholiques ont décidé de ressusciter. On croyait l’Église de France guérie de son tropisme gauchiste ; on avait péché par naïveté. Elle fait bloc avec la gauche caviar et tente de nous faire avaler que sa critique des dispositions sarkoziennes sur l’immigration sort tout droit de la lecture des évangiles.<br /> Faire des Évangiles le substrat à la conduite des affaires du pays relève de la manipulation idéologique. L’Église s’est suffisamment fourvoyée en empruntant cette route, copinant ici avec les communistes, là avec le national-socialisme qu’on la croyait vaccinée. Il lui manque une piqûre de rappel.<br /> Ces messieurs de l’épiscopat souhaitent augmenter le flux des migrants, sans doute pour repeupler la fille aînée de l’église. Ca part d’un bon sentiment. Leur aurait-on caché que les nouveaux arrivants ne sont pas tous polonais, qu’il y aurait même des musulmans qui fréquentent rarement les églises, si ce n’est pour en piller les troncs ?<br /> Mais la hiérarchie catholique dont les légions clairsemées peinent à reconnaître leur chef peut être satisfaite : on jubile dans les mosquées. Oussama est aux anges...Les évangélistes ne l'avaient pas prévu !<br />
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M
J'ai 3 réflexions<br /> 1) il serait intéressant de comparer (on doit avoir des chiffres là-dessus) la fréquence d'apparition des ministres à la TV sous le gouvernement Jospin et depuis 2002; j'ai comme l'impression que la droite (Sarko en tête) n'a vraiment plus de retenue<br /> 2) existe-t-il encore des grands professionnels de l'audiovisuel capables de s'opposer au pouvoir et d'assurer une vraie liberté (et équité) d'expression sur les antennes? Y a-t-il un nouveau Desgraupes? Serge Moati, sûrement, mais il est "confiné" sur ARTE et ne présente pas le JT<br /> 3) on est quand même tous coupables! parce que si les téléspectateurs français étaient exigeants et ne se contentaient ni de la soupe tiède des infos ni des émissions de télé-réalité, même Bouygues ou de Carolis seraient bien obligés d'en tenir compte! arrêtons d'avaler n'importe quoi ... si on le veut vraiment....
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A
Les informations télévisées sont absolument affligeantes et le recul dont elles font preuve, absolument consternant! Je me suis convertie à BFM. Je trouve que vous avez un sacré moral pour les regarder 2 fois par jour. Ce doit être de la conscience professionnelle...
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