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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 07:17
Il faut continuer à chercher quels sont les 12 % de Françaises et de Français qui ont voté pour les listes européennes. C'est capital pour envisager l'avenir et comprendre véritablement l'avenir. C'est la quadrature du cercle, car il devient difficile de trouver un groupe social satisfait du gouvernement, à moins de considérer que les adhérent(e)s de l'UMP sont tellement nombreux qu'en se déplaçant avec leur famille ils ont confisqué le résultat du scrutin. Impossible de croire que les agriculteurs, fonds de commerce de la majorité présidentielle, ait mis un bulletin en faveur d'une liste conduite par un ami de Nicolas Sarkozy. En effet, hier, ils ont entamé le blocage de la moitié du réseau d'approvisionnement des grandes surfaces, pour dénoncer les marges de la grande distribution, en dépit d'un premier geste du gouvernement... C'est probablement un signe de confiance dans le futur ex-ministre de l'Agriculture, qui a obtenu pour ses amis un score sans précédent en Ile de France, région où, il est vrai, il avait copieusement arrosé les céréaliers qui menaçaient de faire une liste contre lui !
Le mouvement de protestation, enclenché depuis plusieurs jours dans le Grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère qui a devancé le mot d'ordre de la FNSEA, s'est élargi dans la journée à la région Est, à la Normandie et à l'Oise. Les agriculteurs sont « en train d'être entendus par le gouvernement, comme les sidérurgistes, les marins pêcheurs ou les viticulteurs girondins sinistrés, mais ne vont pas lever dans l'immédiat le blocage des plates-formes logistiques. Le secrétaire de la FNSEA a réagi à une déclaration du ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, assurant que le gouvernement était disposé à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances dans les grandes surfaces qui ne jouent pas "le jeu de la transparence" sur les marges des produits agricoles. « Nous attendons de voir que c'est bien l'ensemble des membres du gouvernement » concernés par ce dossier « qui va se mettre en œuvre », a averti M. Lemétayer... qui ne doit pas savoir que le remaniement se produira la semaine prochaine, et que d'ici là, le Minsitère attend le verdict. Barnier, tout juste élu député européen avec le soutien des agriculteurs, doit en effet quitter le gouvernement dans les prochains jours.
En bloquant les plates-formes d'approvisionnement de la grande distribution, le syndicat agricole veut dénoncer les marges réalisées par les grandes surfaces. Depuis la signature, la semaine dernière, d'un accord sur le prix du lait, jugé très insuffisant par les producteurs laitiers, les éleveurs restent mobilisés sur le terrain, comme s'ils ne savaient pas que, les élections étant passées, leurs manifestations ne préoccuperont pas les gens qui doivent les aider. Trop tard ! Il aurait fallu un autre tour de vote pour que le réveil sonne. Ils ont pourtant été rejoints par d'autres agriculteurs, dont les productions (porc, fruits et légumes...) connaissent aussi des difficultés. La situation est tendue et des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre. Incroyable! ces gens là auraient donc refusé de voter pour l'UMP et se seraient orientés vers un vote utile en faveur de José Bové, ex-leader de la Confédération paysanne.

LES OUBLIES SE REVEILLENT
Plusieurs plates-formes logistiques, assurant l'approvisionnement de la grande distribution (Intermarché, Lidl, Leclerc, Système U, Casino, Carrefour, Géant...), étaient occupées hier, certaines pour la troisième journée consécutive, dans les Côtes d'Armor, le Morbihan, le Finistère ainsi qu'en Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire. Autant de départements qui ont contribué aux 12 % des listes de la majorité présidentielle.
Dans l'Eure et le Calvados, l'heure est aussi au blocage. Dans l'Oise, le blocage a commencé hier en début de soirée. La région Est, est également entrée dans le mouvement. Plusieurs bases (Lidl, Leclerc, système U, Intermarché...) étaient bloquées dans le Bas-Rhin, dans le Haut-Rhin et dans la Meuse. En Franche-Comté, le mouvement devait débuter plus tard. « C'est une erreur majeure des politiques, mais aussi de notre profession, que de ne pas avoir permis à des représentants du monde agricole de siéger au parlement européen » explique le président national des Jeunes agriculteurs. « Nous n'avons pas les clés du camion, elles sont à Bruxelles. Et ce n'est pas José Bové qui demain, lors du vote du budget de la PAC, défendra une agriculture de production. Il n'a pas percé dans l'agriculture, il se dirigera, par opportunisme, vers l'environnement ». Pourquoi?...Il ne compte pas sur Barnier ou Baudis?
Cette inquiétude, le président de la Chambre d'agriculture du Gers, la partage. « Aujourd'hui, les politiques consacrent très peu d'intérêt à l'agriculture, pourtant la seule politique mutualisée de l'Europe. Nous sommes en train de faire une grossière erreur en pensant que le problème agricole est derrière nous. Voyez les États-Unis qui développent une politique agricole conséquente. Si l'Europe considère que l'agriculture n'est plus un enjeu stratégique, c'est une erreur que l'on paiera très cher. » Et que diraient les viticulteurs qui n'ont plus un seul député pour les défendre contre les « intégristes » anglo-saxons du lobby anti-alcool ! Ils peuvent pleurer sur leur triste sort, puisque, par exemple, la région du Bordeaux ne compte plus sur une seule voix à Bruxelles. Dommage : Barnier les « défendra » dans quelques semaines, aussi efficacement qu'il l'a fait à la tête du Ministère face aux grandes surfaces qui, rappelons-le, ne sont que l'émanation du principe porté majoritairement au parlement de la « concurrence libre et non faussée ». Inutile de chercher des voix sarkozystes en Gironde chez ces gens là !

RIEN N'EST REGLE
Si l'on fouille ailleurs, on peut se dire que ce sont peut-être les étudiants ravis de retrouver le chemin des examens... une sorte de revanche sur ces fichus grévistes qui les ont empêché d'obtenir des diplômes qui leur permettent de passer les concours de la fonction publique, où les places se rétrécissent comme peau de chagrin. Les présidents des universités en ont d'ailleurs conscience. La Conférence des présidents d'université (CPU) a annoncé suspendre sa participation à la commission Marois-Filâtre sur la formation et les concours des enseignants, en raison d'un désaccord avec le ministère de l'Education nationale sur des projets de décrets.
"Prenant acte de ce que le ministère de l'Education nationale refuse de revenir sur les dispositions permanentes des décrets relatifs au recrutement des enseignants, et dans la mesure où ces dispositions permanentes anticipent le résultat des travaux de la commission Marois/Filâtre, le bureau de la CPU et le président Daniel Filâtre ont décidé de "suspendre leur participation à cette commission de concertation et de suivi", selon un communiqué de la CPU. "La CPU, en accord avec les conférences de directeurs d'IUFM, de lettres et de sciences, continuera à travailler, indépendamment, pour élaborer des conclusions, propositions et recommandations dans les semaines à venir", ajoute-t-elle, précisant qu'elle "reste ouverte aux propositions" du ministère de l'Education "qui permettraient de rétablir un dialogue paritaire". Modifiant le statut des enseignants, en lien avec la réforme de la formation ou "mastérisation", les projets de décrets en question doivent passer en conseil de la fonction publique le 12 juin, puis au Conseil d'Etat, avant promulgation possible d'ici fin juin... ou courant juillet quand tout le monde sera en vacances ! Inutile donc d'explorer cette catégorie sociale : ils sont restés à la maison, ou ils ont aux aussi voté pour Bové ou Cohn Bendit qui représentent la révolte ! Impossible que ces jeunes futurs adeptes des chapelles du Pôle emploi aient comme religion le Sarkozysme triomphant. Alors il faut aller voir ailleurs.

DES REFORMES APPRECIEES
On se penche sur les « bénéficiaires » des réformes fondamentales du gouvernement. Tenez, prenez les gens qui ont cru que la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC allait arranger l'avenir des chômeurs : incroyable, si je moindre employé autre que le directeur général a voté UMP ! Nicolas Sarkozy l'avait pourtant promis pendant la campagne présidentielle, la fusion de l'ANPE et des Assedic au sein du Pôle emploi devait être un des outils majeurs de la lutte contre... le chômage, le remède miracle pour passer en-dessous de la barre des 5% de sans emplois à l'horizon 2012. La réalité est toute autre. Officiellement en place depuis le mois de janvier, le Pôle-emploi semble bien mal en point, entre mécontentement des agents et querelles de dirigeants.
Selon Alain Lecanu, président du comité d'évaluation de Pôle emploi, les personnels sont «bousculés» (conjoncture, RSA, perspective d'inscription massive à la rentrée), à cause d'un directeur général qui fonctionne en cercle fermé et met le conseil d'administration devant le fait accompli. «Il nous faut à la tête du service public de l'emploi un vrai patron, qui vienne du privé, car Pôle emploi n'est pas une administration comme l'était l'ANPE, mais une entreprise » continue ce représentant du CFE-CGC, le syndicat des cadres.
Démonstration dans le Languedoc-Roussillon, où les agences du Pôle emploi ont vu le nombre de chômeurs inscrits exploser, passant de 100 000 à 130 000 entre l'automne dernier et le mois d'avril. « Nous sommes saturés et le service rendu aux usagers s'en ressent fortement », se désole le délégué syndical de Sud emploi dans la région. « Alors qu'on avait réussi à réduire le délai d'attente entre l'inscription et le rendez-vous avec un agent à cinq jours avant la fusion, on est repassé sur des délais beaucoup plus longs, presque trois semaines en moyenne. Sans parler de la nouvelle permanence téléphonique. Les gens viennent s'inscrire chez nous, et on leur répond qu'il faut qu'ils appellent un numéro surtaxé (ndlr : le 3949) où il faut attendre des heures. Inutile de préciser que la plupart ne comprennent pas trop ». Le mécontentement augmente, les files d'attente s'allongent et la charge de travail s'accroît considérablement pour les conseillers du Pole emploi. Une réforme purement en trompe l'œil, qui va rendre inutile de Pôle emploi qui ne servira à rein en cette période terrible de destruction des emplois. Au contraire, la situation va empirer !
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait annoncé lors de la fusion, qu'à terme, le portefeuille de chaque conseiller - le nombre de dossiers qu'il est amené à suivre -  n'excéderait pas 60 personnes, voire 30 pour les cas jugés les plus difficiles (maladie grave, détresse psychologique...).Sur le terrain, on est plus proches des 100 ou 150 demandeurs d'emploi par agent. Certains doivent même monter jusqu'à 300 pour gérer le flux de nouveaux inscrits. Les chômeurs, comme celles et ceux qui doivent s'en occuper, n'appartiennent donc pas aux 12 % des partisans de l'UMP... Ou alors, il faut en revenir au jugement de de Gaulle sur les Françaises et les Français. Ainsi, c'est clair, il n'y plus que les rentiers, les protégés du bouclier fiscal, les destinataires des exonérations de charges sociales, les retraités terrorisés par les images terrorisantes de la télé, les amis du Fouquet's, qui ont voté pour les listes sarkozystes. Mais alors là, c'est inquiétant, car ils sont plus nombreux que les 7 millions de pauvres qui, eux, ne sont pas venus voter.
Mais je déblogue...
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