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27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 07:17

Je vais, exceptionnellement, vous proposer un scénario de « politique… friction ». Je sais, vous n’allez pas y croire, car  tout ce qui donne un caractère irrationnel à l’avenir n’a aucun intérêt, à part distraire quelques instants aux tristes réalités. Vous conviendrez cependant que, quand Jules Vernes parle de voyage sur la Lune, d’exploration 20 000 lieues sous les mers, personne n’est convaincu qu’un jour la réalité dépassera ses rêves. Et pourtant…

La politique est moins enthousiasmante que l’aventure,  et j’aurai beaucoup de chance si vous ne m’abandonnez pas avant la fin du film que je me projette sur l’écran noir de mes nuits blanches. Tenez bon, si vous le pouvez, et cramponnez vous aux repères que je vais vous donner, afin de franchir sans trop de désespoir la ligne d’arrivée.

D’abord vous devez,, comme dans les grandes œuvres du répertoire, admettre l’unité de temps, de lieu et d’action, afin de vérifier que tout relève, dans les « classiques », du théâtre démocratique.

Cette saga des temps modernes se déroule donc durant les prochains douze mois, en France, et pour les élections présidentielles. Tous les éléments sont réunis pour que les actes successifs tiennent les spectatrices et spectateurs potentiels en haleine, sur fond de petits assassinats entre amis…et d’une intrigue savamment ficelée !

ACTE 1 : Jacques Chirac, retrouvant ses esprits, sait ce qu’il doit à Alain Juppé. Il faut absolument redonner sa place sur le devant de la scène à celui qui a expié sa faute en sirotant du sucre d’érable par des températures à ne pas mettre « le meilleur d’entre nous » dehors. C’est donc, depuis plusieurs mois, une priorité pour une cellule spécialisée, depuis que l’inéligibilité de l’ex-maire de Bordeaux a été réduite à un an. Elle a travaillé sur les détails de son retour vers les sommets de l’Etat. Partant du principe qu’il fallait démontrer qu’Alain Juppé, sanctionné par les juges, avait conservé la confiance des « gens d’en bas », les conseillers en communication ont inventé les étapes successives de son « come back », après que l’on ait épluché le code électoral.

Impossible, dans le cadre du calendrier « normal », de préparer cette remontée à la surface, indispensable pour contrer le Roquet de Neuilly, puisque aucune élection partielle n’est « organisable » moins d’un an avant l’échéance normale d’un mandat.

Il devenait donc indispensable, pour un retour au Palais Bourbon, que l’une de deux circonscriptions bordelaises soit libérée et pourvue avant le 18 juin 2006. C’était le plus facile…car on était dans les temps.

C’était en revanche plus compliqué pour revenir au Palais Rohan (Maire) car l’échéance était au… 18 mars 2006 sur les bases d’une durée constante du mandat ! Vous avez suivi ? Oui. Alors écoutez la suite !

ACTE 2  : L’Elysée fait monter au créneau des élus réclamant le report d’un an des municipales pour cause de surplus de scrutins en 2007, alors que Sarkozy s’affirme haut et fort hostile à cette idée… On chosit donc d’aller présenter le nouveau calendrier au Sénat !I

Sarkozy ne peut rien, car les Sénateurs, ne lui devant rien et étant ravis de l’aubaine qui consiste à allonger leur bail avec le Palais du Luxembourg d’un an (2008), se prononcent aisément en faveur de cette idée. Les Députés suivent… Le tour est joué : la date limite pour des municipales partielles est repoussée au… 18 mars 2007. On verra bien après ce que l’on fera !

Dans l’immédiat, le stratagème est en place : la voie royale du retour s’élargit. Alain Juppé pourra désormais revenir sur scène en deux temps pour médiatiser son retour dans le cœur du peuple.  On jouera paisiblement sur ces opportunités pour replacer dans la course l’ancien Premier Ministre : élection législative partielle en juin 2006 et élections municipales intégrales à Bordeaux, après démission collective à l’automne de la même année (octobre ?).

Plus rien ne s’y opposer légalement d’autant qu’Alain Juppé a le choix du temps, du lieu et de l’action pour écrire triomphalement une nouvelle page de son roman d’amour avec la capitale du Duché d’Aquitaine, à laquelle il avait lancé un « adichats » plein d’espoir ! Il suffit d’utiliser les fenêtres de tir ouvertes par la loi.

ACTE 3 : L’opération est parfaitement montée, car elle tient compte du contexte. En allant sur la circonscription « Le Bouscat Bordeaux Nord » la victoire sera plus aisée que sur celle de « Bordeaux Centre ». Une occasion lui sera en effet offerte de démontrer à la fois son respect pour Hugues Martin qui a gardé la place au chaud à la Mairie (ce dernier restera député) et l’adhésion que suscite son retour. Cette victoire prévisible servira de base au coup de théâtre indispensable : des municipales à Bordeaux en 2006 !

D’une part, en provoquant ce type d’élection un peu plus d’un an avant l’échéance modifiée, Alain Juppé peut  espérer faire mieux que les…50,96 % du 11 mars 2001 (un sondage discret le prouve) qui, dans le fond, n’étaient pas si intéressants que cela pour le nombre de délégués à la Communauté Urbaine de Bordeaux. D’autre part, Gilles Savary, le rival socialiste potentiel a levé le camp… et ses 20 %, qui constituaient, pour un premier tour, une performance honorable, avaient sauvé les meubles de la Gauche  !

S’il arrivait à 60 %, face à une liste hétéroclite et mal préparée, Alain Juppé pourrait redistribuer les sièges communautaires et… placer, quelques mois avant les « vraies » municipales, Alain Rousset dans une situation intenable à la CUB (la perte de Saint Aubin Médoc et de 2 conseillers bordelais de droite supplémentaires le mettraient en minorité !). Ce serait le troisième fleuron du retour au bercail !

ACTE 4 : Pour l’ensemble de son œuvre, Alain Juppé retrouverait alors une cote de popularité conforme au rôle que veut lui voir jouer Chirac face au Roquet de Neuilly. Au sein de l’UMP d’abord, et ensuite dans la campagne présidentielle en préparation. Si, par hasard, Sarkozy prenait le large (on pressent qu’il le fera à la rentrée) pour voguer en solitaire, le Ministère de l’Intérieur irait comme un gant au fidèle des fidèles…dans une période critique.

La suppléante du « re-nouveau » député de Bordeaux (Chantal Bourragué ?) retrouverait alors le Palais Bourbon, perdu de vue quelques semaines…ce qui la consolerait de son sacrifice. Le scénario serait parfait.

Sarko aurait face à lui le « candidat aux deux têtes » : celle de « beau gosse » de De Villepin et celle « énarchqiue » de Juppé ! Le coup du dédoublement deviendrait imparable, et Droopy  pourrait savourer un sens tactique lui ayant permis de tirer un véritable feu d’artifice de fin de règne.

ACTE 5 : Droopy pourrait même s’offrir un ultime pied de nez  : démissionner, pour raison de santé, avant la fin de son mandat pour coincer des Socialistes incapables de désigner leur candidat avant… novembre 2006. Un moment d’habileté suprême car, alors, le seul recours de la bande à Hollande serait d’en appeler, toutes rivalités cessantes, à Yoyo, présenté comme le Sauveur ! J’entends d’ici les arguments en faveur d’un duo de choc : Jospin (Président)-Royal (Première Ministre) susceptible de clouer au sol Lang, Strauss Kahn et… Fabius pris de court par un calendrier désastreux. Une véritable tragédie…de « politique friction » heureusement totalement imaginaire. D'ailleurs cette hypothèse est désormais sans fondement.

Mais, vous le savez bien, vous qui êtes des lectrices ou des lecteurs fidèles, : je déblogue

 

Chronique publiée le 1° février 2006

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