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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 07:17
L’été apporte son lot, de plus en plus considérable, d’animations. Quand la vie sociale s'endormait en juillet et août, elle se déchaine maintenant. Une profonde mutation des habitudes relatives aux vacances nécessite en effet une adaptation des structures, des propositions. Inutile désormais d’espérer attirer sur un territoire des visiteurs, sans que leur soient proposées des activités très diverses. Dans un minimum de temps (pouvoir d’achat oblige) certains souhaitent en effet " goûter " au maximum de distractions, à des prix non prohibitifs. Le touriste dépense de moins en moins : c’est la certitude à laquelle il faudra s’habituer. La chasse aux touristes est devenue européenne et même mondiale. J’ai été frappé, en Aveyron, par l’énergie déployée dans les moindres villages pour répondre à l’attente des visiteurs. Des efforts désespérés !
Parmi les Français partis en vacances en 2004, près de la moitié (46%) ne sont partis qu'une seule fois, 25% deux fois et 29% au moins trois fois. La hausse des taux de départ concerne surtout les vacances d'hiver.
En 2004 toujours, 32% des Français sont partis en hiver (19 millions), soit quatre points de plus qu'en 1999, alors que dans le même temps, la proportion de Français partis en été a baissé de 59% à… 57%. La proportion de vacanciers chanceux partant à la fois l'été et l'hiver est en revanche passée de 23% en 1999 à 27% en 2004. Il faut donc absolument être percutant et original pour attirer les " actifs " désireux de se dépayser car, d’un autre côté, les " retraités " principaux consommateurs de vacances étalent de plus en plus les périodes qu’ils consacrent au dépaysement.
En revanche, "par choix ou par contrainte, 21 millions de personnes (35,4%) ne sont pas parties, en 2004, en vacances (séjour d'au moins quatre jours), parmi lesquelles plus d'un quart de la population (26,4%) "n'est pas parti du tout, ni en court séjour, ni en week-end", note l'enquête statistique. Parmi les raisons de ne pas partir, arrive en premier "le manque d'argent" (37%), puis "le choix délibéré" (20%), "les raisons de santé" (15%) et "les raisons professionnelles ou d'études" (10%). Il y a aussi ceux qui consacrent tous leurs congés à leur maison… pour achever des travaux coûteux ou pour l’entretenir. Si l’on ajoute les fans de la piscine, qu’il devient obligatoire de " rentabiliser " on assiste à un réel tassement de la fréquentation estivale !

ON REAGIT AU COUP DE COEUR
Ensuite, il n’y a plus de certitudes, et de moins en moins d’habitudes immuables. Le choix du lieu et de la durée est effectué à la dernière minute. On ne retient plus des mois à l’avance, mais on réagit sur un coup de cœur ou à la suite d’une opportunité financièrement intéressante. Selon une enquête 33% des vacanciers ont pris une décision "à moins d'un mois du départ", contre 30% l'an dernier. Quand 70% des Français affirment utiliser internet pour faire leurs recherches et se préparer, 35% réservent sur le web (et 10% du volume d'affaires touristiques est payé par ce biais, contre 2% il y a quatre ans), on peut s’inquiéter sur le sort à réserver aux fameux dépliants dont regorgent tous les offices de tourisme.
Enfin, il devient extrêmement dangereux de tabler sur le seul farniente lié au soleil. Les campagnes nationales entamées contre les dangers d’expositions exagérées, et notamment celui du cancer de la peau, mettent en péril le tourisme " statique " qui n’attire plus que les jeunes dont le pouvoir d’achat n’est pas considérable. Les autres générations consomment à contre temps cet élément naturel référencé comme indispensable à une éternelle jeunesse. Le problème c’est qu’elles vont le chercher à bas prix dans des pays " spécialisés ", sans retombées économiques réelles pour la France.
Autre tendance des vacances à la française : on voyage moins. Seul un Français sur deux partira cet été pour un séjour de quatre nuitées et plus, contre 60% il y a cinq ans. Et ce, plus volontiers à la mer ou la campagne qu'à la montagne, qui enregistre un recul de 8% de ses réservations en un an. Seulement 15% iront à l'étranger, principalement dans les pays limitrophes (Espagne, Italie). D'ailleurs, les Français évitent de plus en plus de payer leur hébergement. Plus d'un séjour sur deux se fait en famille, chez des amis, en résidence secondaire ou dans un camping-car prêté, contre 48% de vacances en hébergement marchand (ils représentaient près de 60% il y a cinq ans).

LA MASSE ET L’UNIFORMITE
L’adaptation ne passera plus par la mise en œuvre de " macro-politiques " touristiques reposant sur l’installation de complexes, où la masse ne rencontre que l’uniformité. Les stratégies de " villages vacances " inhumains, de villes " surbookées " vont disparaître au profit d’unités beaucoup plus réduites procurant l’impression d’un traitement personnalisé de l’attente de distraction. La base de toute initiative doit désormais reposer sur deux principes clairs et complémentaires : liberté et diversité.
Le "touriste" ne souhaite rien de particulier mais veut tout. Il aime pouvoir choisir entre un panel complet d’activités pour, au moment où il le veut, pratqiuer ou aler vers celle qui convient à son humeur. Si la randonnée pédestre lui plait, il est maintenant indispensable de proposer plusieurs circuits adaptables aux " humeurs " au " climat " ou aux " ambitions ". Il en va de même pour les distractions culturelles ou sportives.
Impossible de compter sur une réussite automatique de manifestations qui ne sont pas basées sur la passion (festivals de tous genres) ou la détente pure (musique et bouffe sous les étoiles). L’idéal consiste même à conjuguer les deux facettes, afin que les personnes intéressées puissent " entrer " et " sortir " de la manifestation ou de l’activité sans aucune contrainte particulière.
Cette évolution profite actuellement à des départements beaucoup moins figés que la Gironde. Il manque singulièrement de réactivité dans un milieu où durant les trois dernières décennies tout a été bâti sur l’attractivité de la côte atlantique, et dans lequel le milieu viticole a snobé ces touristes de passage qui l’ennuyaient en sollicitant une ouverture réelle et permanente,   jugée non rentable. Il en va autrement dans les territoires qui ont traversé des crises économiques graves et qui ont vu dans la fréquentation touristique une planche de salut.
NOUVELLE DONNE TOURISTIQUE
Le réseau girondin des pistes cyclables (le premier de France par sa longueur : 500 km de pistes en site propre, 435 km de pistes et bandes cyclables en milieu urbain, 2000 km de sentiers de randonnée balisés pour la plupart ouverts aux VTT) constitue le moteur d’une adaptation partielle exemplaire à cette nouvelle donne touristique (Lire Sud Ouest ce matin sur la "Lapébie"). Ce n’est que dans quelques années, à travers l’impact de cette politique de diversification, sur la " génération " suivante de touristes, que l’on jugera de la véracité de ce constat.
En effet le besoin d’itinérance, le " zapping " culturel, la parcellisation des séjours, la nécessité d’avoir une activité physique, l’augmentation du coût des transports vont peser durablement sur les orientations en matière de développement de la fréquentation. L'avenir est probablement à la proximité très épisodique ! Et là,
la nécessité d’innover va devenir urgente car l’accueil en France, contrairement à l’opinion dominante, laisse encore beaucoup à désirer. On rêve de cars de Japonais ou de voyages organisés pour retraités américains. Or, nous devrions travailler sur un environnement social plus proche !
La note à payer sera tôt ou tard présentée par ces " touristes " exigeants que nous devenons, près de chez nous. Et elle risque d’être aussi salée que celle de certains lieux, où il ne fait pas bon passer avec sa carte bleue.
Mais je déblogue…
 
 
 
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commentaires

E
Les prix "pratiqués" par les propriétaires ou les agences sont prohibitifs !<br /> Il faut les "bouder" pour que nous revenions à des prix plus raisonnables !!
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