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25 août 2006 5 25 /08 /août /2006 07:17
Existe-t-il un phénomène naturel plus décrié, à certains moments, que la pluie ? Quand on ne sait trop quoi dire à l’autre on lui parle davantage de la pluie que du beau temps… Cette arrivée céleste peut être l’objet d’une fête enthousiaste, comme elle gâche celle que l’on prévoyait sous le soleil. Ce phénomène naturel essentiel pour la vie sur la planète recouvre des réalités fort différentes. L’appréciation que l’on porte sur lui varie d’ailleurs selon le degré de richesse. La pluie ne peut être détestée que par celles et ceux qui n’attendent rien de la terre nourricière. Les autres, ne pouvant pas s’en passer, s’adaptent aisément à ses conséquences.
Dans le monde, il existe en effet des contrées dans lesquelles l’apparition du moindre nuage procure une joie particulière.
Lors d’un déplacement au Burkina Faso, en limite du Sahel, j’ai constaté combien l’attente de cette apparition générait de supputations. Les poulets sacrifiés en portent témoignage. La saison des pluies revêt une importance tellement vitale que toutes les communautés sont prêtes à vendre collectivement leur âme contre une période extrêmement arrosée. Les moindres espaces du village ont été aménagés pour que l’eau puisse s’installer durablement. Creusement de rigoles draînantes, de parterres ensemençables dès la fin des précipitions aussi brèves que violentes, recherche de récipients de tous ordres : on a tellement espéré en cette venue que rien n’est trop beau pour l’accueillir.
La précarité alimentaire constituant quasiment l’unique souci, c’est l’absence de venue de la manne céleste qui prend des allures de drame. Les femmes et les hommes savent ce qu’ils peuvent espérer de la terre humide et ils redoutent ce que leur donnerait une terre sans eau…
Dans les sociétés dites civilisées, il faut bien se rendre à l’évidence, les loisirs, durant certaines périodes, font craindre que les orages ou les averses viennent déranger nos rêves de barbecue dans le jardin ou de sorties familiales. Peu importe le caractère vital de cette arrivée de cumulo-nimbus, elle dérange le bel ordonnancement de la vie idéale faite de soleil permanent. Lui seul est déïfié à l’égyptienne par un système qui minimise toujours bizarrement les conséquences de l’exposition aux rayons solaires, pour au contraire vanter leurs mérites. Même si, lentement, les esprits évoluent, nous sommes encore sous le règne de Râ, dieu tout puissant, seul susceptible d’apporter le bonheur de l’insouciance absolue. En retrouvant votre boulot, faites donc un test et analysez le regard que vous posez sur deux visages : l’un outrancièrement bronzé et l’autre aussi laiteux ou rose que les fesses d’un nouveau né… Soyez honnête et avouez qu’entrer dans un groupe en ne portant pas les stigmates standard d’une exposition soutenue au soleil relève quasiment de la marginalisation sociale. Vous avez le plus grand mal à persuader votre entourage su la qualité de vos vacances ou sur votre moral. Pas sûr que votre patron ou votre chef hiérarchique ne voit pas dans cette " négligence " un signe annonciateur d’un mal-être personnel inquiétant.
DES PLANS ANTI PLUIES
Les retraités font donc de plus en plus des plans anti-pluie. Certains, paraît-il, vont même jusqu’à émigrer au Maroc ou en Tunisie dès que le mauvais temps s’annonce chez nous. Je connais un chef d’entreprise en préretraite qui part 3 semaines vers Rabat, et qui revient régler la marche de ses affaires une semaine par mois. Le reste il le fait de là-bas par inernet ou fax ! Il paraît que des camping-caristes n’hésitent plus à aller se dorer la peau en Afrique du Nord ou dans le sud de l’Espagne une bonne partie de l’année, ajoutant au plaisir de s’éloigner des " ondées passagères " telles que les annonce Météo France, celui d’une vie moins chère. D’autres calculent savamment le lieu de retraite en fonction des statistiques d’ensoleillement.
Ce n’est plus un scoop que de constater que les villes de la Méditerranée deviennent des " réserves " de vieux, et que le phénomène commence à toucher fortement la Gironde, expliquant par exemple le nombre croissant de dossiers d’Aide Personnalisée à l’Autonomie (APA) auquel doit faire face le Conseil général.
Par exemple, connaissez-vous le nombre de jours " gris " (sans apparition totale du soleil) relevé en 2005 ? Il est étonnant avec seulement 20 journées à Ajaccio sur 365, et l’impressionnant bilan de… 78 à Strasbourg. Je suis certain que vous perdrez vos repères, liés aux a priori habituels. Brest ne compte que 58 jours gris ou Bordeaux n’atteint que le nombre de 39… Comme quoi, il faut se méfier des appréciations faisant, dans tous les domaines, des réputations désastreuses. Cherbourg capitale cinématographique du parapluie a eu 68 ciels sans lumière, et Paris 58. Quant au Cap-Ferret, lieu culte, il se satisfait de 38 alors que Saint-Tropez est à 29 ! Et rien ne dit que ces journées aient été entièrement pluvieuses puisque la grisaille ne s’accompagne pas toujours de précipitations. N’empêche que ce sont celles-ci qui resteront comme ayant gâché votre vie.
ATTEINTE VERITABLE A LA COUR DU ROI SOLEIL
Le soleil est bel et bien le roi de notre société, puisque son influence faste ou néfaste sur notre quotidien " éclipse " le reste. Ne vient-on pas, dans un symposium mondial, de lui consacrer une bonne part du temps de recherche d’éminents savants ? Soixante-seize ans après sa découverte, Pluton vient en effet, événement capital, de perdre son statut de planète. L’assemblée générale de l’Union astronomique internationale a voté hier une définition du terme ‘’planète’’ qui distingue les huit planètes classiques du système solaire – Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune - des planètes dites naines, dont fait partie Pluton. Les résolutions, votées à Prague par 2.500 astronomes, ont été rédigées à l’issue d’une semaine de vifs débats et d’intenses négociations. Pire que pour une résolution de l’ONU sur le Liban ! En fait, il s’agit d’une atteinte véritable à la cour du roi Soleil, dont malheureusement le pékin moyen n’a pas conscience.
Le soleil, beaucoup plus que l’eau a, pour le grand public, des vertus capitales pour le maintien de la dynamique de la terre. Dans quelques années son énergie deviendra, c’est une certitude, encore plus capitale pour le confort des habitants. Impossible d’imaginer que les substitutions des énergies non renouvelables ne reposent pas sur l’astre suprême. Dans les années 50, on parlait dans les écoles de la " houille blanche ", en citant l’extraordinaire potentiel que représentaient pour une nation ses cours d’eau et ses barrages. L’arrivée du nucléaire a fait ranger au rayon des idées dépassées cette utilisation des pluies ou de le neige… Paradoxe d’une histoire qui ne se renouvelle soit-disant jamais mais, et qui voit les hommes sans cesse réinventer ce que leurs prédécesseurs avaient déjà fait sous une autre forme. On oubliera donc l’eau, pour donner un rôle accru au soleil qui fut, en des temps lointains, vénéré pour ses bienfaits, puis oublié.
EAU REPUTEE INEPUISABLE
La société est traversée par des tendances plus ou moins durables. L’eau, durant des siècles, était réputée inépuisable, et pas nécessairement profitable à la vie agricole. On s’adaptait à ses caprices, avant que l’on cherche à la domestiquer et donc à la rendre dépendante du bon vouloir des hommes. Le ciel qui tombait sur la tête n’était pas nécessairement synonyme de malheur annoncé, puisque l’on acceptait avec fatalité les conséquences de ses actes. Il est vrai que la pluie n’était jugée que par son caractère utilitaire, alors que désormais, elle ne gâche souvent que le superflu. Et c’est devenu le plus grave…
En 2001 sur les 6 premiers mois de l’année, en moyenne nationale, la pluviométrie avait été de 828 mm. Cinq ans plus tard elle est tombée à... seulement 510 mm. Une illustration inquiétante des enjeux réels des rapports entre l’homme et la nature. Economiquement, un mois d’août arrosé plombe  l’économie touristique… mais rassure celle de l’agriculture. Un hiver sans neige rassure les gens qui craignent en aval les inondations, mais ravissent les stations de ski.
Nous sommes toujours entre deux choix, entre deux cartes météo dont nous sommes inexorablement enclins à douter. Or en 1999, les prévisions des modèles à 3 jours étaient aussi bonnes que les prévisions à 24 heures en 1983. Depuis 1998, l'échéance des prévisions diffusées au public a été portée à 7 jours d'échéance… et elles sont aussi fiables que celles antérieurement diffusés pour 3 jours. Le malheur, c’est qu’actuellement, personne n’a encore le pouvoir de faire pleuvoir quand il veut et où il veut. Il faut bien laisser un espoir à Nicolas Hulot pour son programme de présidentiable.
Mais je déblogue…
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commentaires

E
Très beau temps pour le spectacle du samedi soir !<br /> Comme quoi, en croisant les doigts comme il faut...
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J
C'est quand même incroyable! Voilà maintenant qu'il fait mauvais temps. C'est même inadmissible ... Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent , au gouvernement? Ils sont nuls ou quoi ?Ce n'est qu'une plaisanterie. J'espère que vous aurez du bon temps.Je sais faire des choses mais je ne sais, hélas! pas faire la pluie et le beau temps.
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E
A moins de deux heures du spectacle, le temps est catastrophique !<br /> Il y en a qui n'ont pas du croiser les doigts comme il faut ! ;-)
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V
Allez, croisons les doigts... il ne devrait pas (beaucoup!) pleuvoir ce week-end sur créon...
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