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30 janvier 2007 2 30 /01 /janvier /2007 07:17
La chronique publiée dans L’AUTRE QUOTIDIEN qui traitait des exonérations inégalitaires d’impôts a soulevé bien des commentaires qui n’ont pas été portés au bas du blog. Voici une nouvelle contribution d’une amie relative à la valeur républicaine des impôts. Une chronique encore révélatrice de la dangerosité de l’opinion dominante qui colporte des idées reçues en matière de fiscalité. Elle me paraît donc utile à la réflexion citoyenne. A vous d’en juger !
 
La politique fiscale est un enjeu crucial pour notre société parce qu’elle touche aussi bien au niveau qu’à la structure des ressources publiques nécessaires pour conduire l’action publique. Autrement dit, il faut savoir prendre équitablement là où il y a de l’argent pour le redistribuer et le dépenser équitablement au profit de tous.
La France n’est pas un pays pauvre. L’argent n’y manque pas. Jamais la classe dominante n’a été aussi riche. Voici quelques repères qui vous en convaincront.
  • 378 000 millionnaires en € (+ 3,5% en 2005 par rapport à 2004)
  • Les entreprises du CAC 40 ont gagné 100 milliards d’€ de bénéfices en 2006 contre 84,3 milliards en 2005, 66,4 en 2004, 57 en 2003 …
  • Les 50 premières fortunes françaises ont gagné 30 milliards d’€ de plus en 2005 par rapport à 2004. Ça représente 3 fois le déficit de la Sécurité Sociale !
Pendant que les puissants font du lard sur le radiateur, la grande majorité s’appauvrit et tire un sacré diable par la queue pour boucler ses fins de mois. Voici d’autres repères :
  • 70% des salariés français gagnent moins de 1700 € par mois
  • 7 millions de personnes vivent avec moins de 749 € par mois
  • 80 000 personnes dorment dans la rue
  • 3 millions de personnes n’ont pas de logement autonome
Nous sommes dans une société dangereusement déséquilibrée. Voilà pourquoi il est indispensable d’expliquer sans faiblir que les impôts doivent progresser et que c’est un bien pour la collectivité et pas un handicap contrairement à une idée reçue que les libéraux qui en profitent le plus diffusent en permanence.
Le Parti Socialiste a raison de dénoncer les baisses d’impôts que la droite pratique depuis 5 ans en faveur des riches. Il est juste de vouloir supprimer les cadeaux fiscaux qui terminent sur les comptes en banque d’une infime minorité sans enrichir la nation pour autant.
Est-ce bien utile pour le pays de flatter les citoyens qui s’exilent en Suisse ou en Belgique pour éviter de payer l’impôt républicain ? D’autant plus que ces citoyens ne renoncent pas à visiter fréquemment leur pays, empruntant autoroutes, aéroports, TGV, bref toutes sortes de services et de biens publics financés, entretenus et modernisés par les contribuables s’acquittant citoyennement de leurs impôts. Il serait plus efficace que la France s’exprime avec conviction sur l’harmonisation fiscale en Europe au lieu de s’adonner aux flatteries comme le fait l’UMP et le gouvernement actuel.
UN PRELEVEMENT EQUITABLE
Augmenter l’impôt républicain n’est pas appauvrir les classes moyennes, ni favoriser les plus pauvres. C’est promouvoir un prélèvement équitable sur les revenus et les sociétés pour une redistribution et une dépense publique mieux contrôlée. Parce que nous participons tous à l’activité économique de notre pays, parce que le revenu ne mesure qu’imparfaitement le bien être (il y a aussi l’accès aux soins, à l’éducation, la culture, etc.), parce que le bien public a besoin d’un financement public, le " partage du gâteau " devient inévitable.
Cette question du partage deviendrait moins conflictuelle et mieux comprise si chacun faisait honnêtement ce qui lui correspond. N’est-ce pas le propre d’une société civilisée ? Quelques exigences urgentes pour commencer l’apprentissage des bonnes manières en société.
Les entreprises doivent réinvestir leurs bénéfices dans la recherche et les projets créateurs d’emplois. Leur impôt sur les sociétés en diminuera d’autant.
Le travail doit être dignement rémunéré pour que les salariés disposent des moyens de leur autonomie. Exit les temps partiels contraints, les emplois déclassés, les contrats poubelle avec les périodes d’essai de 2 ans, etc. Bref, toutes les complications salariales et contractuelles inutilement dévalorisantes.
L’impôt sur le revenu doit être révisé de fond en comble. Les disparités sont trop grandes entre les foyers fiscaux à cause du plafond des tranches, des niches, exceptions et avantages particuliers, bref des remises à la tête du client.
Les profits financiers purement spéculatifs doivent être surtaxés.
La taxe d’habitation doit être réformée. Avec un calcul sur des bases archaïques, plus personne ne s’y retrouve.
Les impôts locaux doivent pouvoir être maîtrisés. L’Etat a transféré aux départements et aux régions des compétences (traduisez en langage populaire par des charges) mais il s’est bien gardé de faire suivre le fourgon blindé des recettes fiscales. L’Etat a un devoir d’exemplarité citoyenne en cessant d’être un mauvais payeur.
La liste des bonnes manières n’est pas exhaustive. Les propositions pour une fiscalité plus juste et plus harmonieuse au bénéfice de tous (l’Hexagone ne compte pas 200 familles mais 63 millions de personnes) ne manquent pas. Il existe aussi de nombreux travaux sur le sujet mais ils restent invariablement coincés dans le tiroir du bas des oubliettes. La campagne pour l’élection du président de la république est une bonne occasion pour placer au cœur des débats les véritables enjeux de la politique fiscale. Parce que l’impôt est au cœur des choix de société il faut soutenir ceux qui portent un regard et osent l’examen responsable de la question citoyenne de l’impôt. Sans faux semblants ni démagogie électorale mais avec lucidité et pédagogie.
 
Voici donc ci-dessus une autre réflexion globale sur un sujet qui n’est jamais véritablement abordé dans des débats où l’on se contente d’affirmer les uns et les autres : " nous payons trop d’impôts ! " sans véritablement se préoccuper de l’équité de cette contribution. On pourrait ajouter, comme mesure nouvelle simple, ce qui se fait dans de nombreux pays nordiques : l’affichage en Mairie du lieu où l’on vote de la liste des contribuables à l’impôt sur le revenu avec le montant de la somme qu’ils acquittent. Une transparence qui empêcherait certains de dormir et qui persuaderait d’autres que les pigeons ne fréquentent pas tous le ciel. Je prends les paris qu’aucun candidat aux présidentielles ne relèvera cette proposition qui ne coûterait rien… aux contribuables mais qui serait terriblement efficace !
Mais je déblogue…
 
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commentaires

D
Merci pour cet article.<br /> Je voulais partager ce simulateur d'impôts Nouvelle génération qui peut aider les citoyens à réduire leurs impôts: <br /> https://docteur.tax<br /> Sa particularité est qu'il est illustré de graphiques simples qui vous projettent sur une période de 25 ans. Vous pourrez anticiper votre avenir fiscal avec précision.<br /> En espérant qu'il rende service à beaucoup de contribuables.
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Y
Pas très enthousiaste non plus à l'idée de cette liste qui ressemble à du flicage financier et dont le but n'est pas très clair (mis à part pour les sociétés voulant vendre des produits financiers ou autres qui sauront à quelle porte directement sonner ).<br /> Pourquoi pas une liste des personnes au chomage puis une liste de ceux qui trient mal leur déchets, puis une liste de ceux qui ont déjà eu des contraventions, puis une liste de ceux dont les enfants ont redoublé, puis une liste ...
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